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La démocratie ? Chiche !

lundi 27 mars 2017, par Robert Paris

Edito

La démocratie ? Chiche !!!

En Europe comme aux USA comme partout, on nous rejoue la comédie des élections dans les systèmes dits démocratiques bourgeois et on prétend, comme à chaque fois, que c’est seulement ainsi que les peuples expriment leurs volontés, leurs orientations, leurs choix… Et le mensonge est toujours plus grand !!! Plus que jamais, les gouvernants n’expriment que les volontés des classes dirigeantes et celles-ci sont violemment hostiles aux intérêts des peuples qu’elles prétendent défendre. Le pire ennemi des peuples, ce sont leurs gouvernants et cet Etat « national » qui prétend être l’émanation de la nation et qui prétend que la nation, ce serait le peuple. Et les classes exploiteuses se cachent derrière cet attirail démocratique et les prétendues oppositions des partis politiques bourgeois, tous aussi dévoués aux intérêts des exploiteurs.

Choisir un des hommes politiques de la bourgeoisie, de droite, de gauche, d’extrême droite ou du centre, ce serait, paraît-il, le nec plus ultra des peuples pour exprimer démocratiquement leurs volontés dans le monde moderne, ben voyons ! C’est du pipeau intégral et on a même honte d’avoir à le dire tant cela crève les yeux…

Dans tous ces pays dits démocratiques, il est en effet évident que les peuples sont favorables à ce que les fonds publics servent… le public et pas les banquiers et les trusts. Eh bien, il n’empêche, quel que soit le résultat des élections, quelle que soit la couleur politique prétendue des vainqueurs, les Etats, démocratiques ou pas, prennent exactement les mêmes décisions : dépenser des milliers de milliards sur les fonds publics pour sauver les banques et les trusts, alors que les peuples, eux, estiment que ce sont les petites gens qu’il faudrait sauver des catastrophes économiques et que les classes dirigeantes devraient payer pour des effondrements qu’elles ont-elles-mêmes causé !

Ce simple petit exemple montre bien que la soi-disant démocratie ne permet nullement que soit appliquée la prétendue « volonté du peuple » et que ce type d’élection ne le permet absolument pas.

Aucun peuple n’est favorable à ce que son Etat organise des guerres dans lesquelles il bombarde les familles, les populations civiles, il torture des innocents pacifiques, il soutient des bandes armées terroristes, il aide des dictateurs, il arrête des opposants politiques, il détruit des peuples révoltés contre des dictatures et pourtant… Pourtant, ces fameuses nations démocratiques se permettent sans cesse d’agir ainsi sans que les fameuses institutions démocratiques ne se mettent nullement en travers, sans que les responsables de ces crimes risquent jamais d’être jugés et condamnés. Les criminels de l’Etat français au moment du génocide rwandais n’ont jamais été inquiétés et leurs crimes sont inconnus du grand public qui croit seulement en avoir entendu parler. Ceux qui ont aidé les bandes armées soit disant intégristes de Tunisie, de Libye, d’Irak et de Syrie sont aussi des gouvernants occidentaux mais personne ne peut le savoir malgré les libertés démocratiques.

Le droit de vote ne suffit pas à permettre aux peuples de décider eux-mêmes de leur avenir. Pourquoi ? Eh bien, tout d’abord parce que le droit de vote ne signifie pas la possibilité réelle de s’exprimer, de s’adresser à la population, de diffuser ses idées, de les discuter, de les faire connaître. C’est seulement ceux qui disposent des fonds qui le peuvent. Ce sont les possesseurs de capitaux qui détiennent les journaux, les radios et les télévisions. Ce sont eux qui achètent les hommes politiques et les membres de l’appareil d’Etat. Et cela n’a pas seulement lieu dans les républiques bananières et dans les dictatures africaines, mais aussi et surtout dans les « démocraties occidentales ». Fillon peut bien clamer qu’il n’est pas le seul et avoir raison sur ce point car tout le personnel politique est acheté de mille manières par la classe capitaliste. On peut être acheté par la Françafrique, par les banques, par Bouygues, par Bolloré ou par bien d’autres. On peut passer de postes de hauts fonctionnaires à des postes à la tête des banques et des entreprises d’Etat ou mixtes.

En tout cas, le haut personnel d’Etat est toujours lié aux intérêts du capital privé. Benoit Hamon peut bien déclarer qu’il y a déjà des partis de l’argent et qu’il y en a plusieurs : son parti, dit « socialiste », est lui-même un parti de l’argent. Mélenchon peut bien affirmer que l’Etat est la monarchie présidentielle, il était le meilleur ami des monarques quand ils s’appelaient Mitterrand et Jospin et qu’il était ministre de cet Etat sous la cinquième république, qu’il affirme aujourd’hui décrier. Il se présente à une élection qui permet justement de devenir ce monarque ! Il n’a jamais reconnu un seul des crimes de son idole Mitterrand, et pourtant celui-ci en a commis de multiples ! Fillon, Le Pen et Macron se dénoncent mutuellement comme étant « candidats de l’argent » et, sur ce seul point, ils disent tous la vérité. Obama et Clinton ont combattu le candidat-milliardaire Trump mais leur combat ne peut être crédible car toute leur politique au pouvoir était au service des milliardaires.

Ce n’est pas au sein du système, avec les outils du système, en respectant les lois et constitutions du système capitaliste que l’on peut combattre le système capitaliste et encore moins dans une phase où il est en train de s’effondrer sur lui-même, de s’autodétruire, de développer ses forces mortifères plus que celles de production et de construction.

Aucun des candidats aux présidentielles diverses n’est favorable à s’attaquer aux fondements de tous les malheurs que subissent les populations, aux fondements de la crise, des guerres, des fascismes, des destructions sociales, c’est-à-dire de défendre la suppression de la propriété privée des moyens de production, et la suppression du pouvoir d’Etat au service du grand capital, à la prise de pouvoir par les travailleurs et les milieux populaires organisés en conseils. Cela fait que tous ces candidats défendent fondamentalement la même société, malgré les couleurs diverses dont ils se parent. Choisir entre eux, ce n’est pas choisir, c’est prétendre que l’un serait « moins pire » que l’autre et on sait que la politique du « moins pire » est justement celle qui a mené les peuples à tomber finalement entre les mains des pires fascismes.

Si les gouvernants sont de plus en plus d’extrême droite, il ne faut pas en chercher la raison dans des votes ou dans une évolution des opinions publiques, qui sont, au contraire, le produit des changements dans les classes dirigeantes, elles-mêmes contraintes de changer du fait du changement objectif et réel de l’état du système d’exploitation.

Cette racine fondamentale du changement mondial n’est soulignée par personne dans le personnel politique, qu’il soit d’extrême droite, de droite, du centre, de gauche ou de l’extrême gauche présidentielle.

Certes, on pourrait se dire que participer à l’élection permettrait éventuellement d’y défendre des points de vue révolutionnaires et communistes. Théoriquement, c’est possible. En fait, aucun groupe, fût-il de la gauche de la gauche ou de l’extrême gauche ne fait nullement avancer la conscience de classe du prolétariat, et en particulier la conscience des travailleurs que c’est la classe capitaliste qui est, objectivement et pour des raisons fondamentales tenant aux racines même du système capitaliste, le dos au mur et sans perspective, pas le prolétariat.

On constate en fait que ceux qui participent au jeu électoral, comme ceux qui participent au jeu syndical, et en font vraiment partie, jouent le jeu, ne le retournent pas contre leurs fondateurs bourgeois, n’en font pas une arme pour les travailleurs. Cela ne signifie pas nécessairement que le syndicalisme révolutionnaire ou que l’utilisation des élections bourgeoises dans un sens prolétarien et révolutionnaire serait impossible. Mais seulement qu’aucun n’a le courage social et politique, ou ne trouve en soi la force et la capacité de le faire.

Il en résulte qu’on n’a aucun choix dans les élections bourgeoises, que celui d’être trompé de mille et mille manières, de soutenir soi-même sa propre oppression et exploitation, de s’opposer à un politicien bourgeois pour en soutenir un autre. Et surtout de contribuer à la croyance que tout provient du chef de l’Etat, qui ferait ce qu’il veut, ce qu’il a en tête de faire. Alors qu’en réalité, si un dirigeant de l’Etat, par une erreur inattendue, était parvenu au pouvoir alors qu’il est hostile à l’exploitation et à l’oppression, l’Etat se retournerait bien sûr contre lui et il serait renversé par la police et par l’armée.

Comme le disait Coluche, si les élections permettaient de changer la société, la classe dirigeante se débrouillerait pour annuler les élections, pour interdire même les élections et elle garderait le pouvoir pour elle, sans le faire créditer électoralement. La démocratie, c’est seulement la cerise sur le gâteau, ce n’est pas de là que la bourgeoisie tire son pouvoir ni qu’elle le fait fonctionner. C’est un luxe qu’elle se permet de poursuivre encore mais pour un temps limité car l’aggravation de la lutte des classes, y compris dans les pays riches, la rend de moins en moins possible.

La véritable démocratie, bien entendu nous sommes pour, nous les communistes révolutionnaires. Elle suppose que tous ceux qui vivent de leur travail décident ce qu’il faut faire des richesses issues de ce travail et que personne n’aie le droit de vivre du travail des autres. Elle suppose la suppression de tout pouvoir d’Etat fondé sur l’exploitation et l’oppression et du désarmement complet de tous les Etats bourgeois, armée, police, justice, administration et tout l’appareil antipopulaire, quel que soit le régime, prétendument démocratique ou pas…

Bien entendu, cela ne signifie pas que nous soyons indifférents à la mise en place de dictatures, de fascismes, de systèmes divers de violence étatiques aggravées, sous prétexte que tout cela n’est rien d’autre que la dictature de la bourgeoisie capitaliste. Nous ne mettons pas un signe égal entre l’interdiction complète de toute liberté syndicale, de toute liberté médiatique, de toute liberté de manifester, de contester ou de faire grève et un régime dans lequel ces libertés sont supprimées. Mais ce type de changement, nous ne savons, ne dépend pas de nos votes pour tel ou tel homme politique, mais des choix des classes dirigeantes.

Guerre, dictature, fascisme, coup d’état, violences policières, tout cela ne provient pas du choix d’un ou de quelques hommes politiques, mais de l’évolution réelle de la société capitaliste, enserrée dans des contradictions inextricables de son système d’exploitation et pas de l’apparition ou pas d’un Hitler ou d’un Mussolini.

Et la réponse à donner à ces changements brutaux et réactionnaires ne proviendra jamais d’un homme politique bourgeois démocrate ou se prétendant tel mais de la capacité des exploités et des opprimés de se soulever brutalement non seulement contre cette évolution dictatoriale mais contre ses véritables commanditaires, la classe capitaliste et de leur ôter tout pouvoir de nuisance, c’est-à-dire tout pouvoir d’Etat.

Prolétariat ou bourgeoisie, telle est le vrai choix. Et la première étape de ce choix n’est pas dans l’élection dans le cadre bourgeois mais dans l’élection de comités de grève, de comités de lutte, de conseils de quartier populaire, de coordinations, de délégués révolutionnaires, de soviets, et dans leur structuration, de leur élaboration d’un programme socialiste de classe, dans leur généralisation et dans leur liaison avec les autres travailleurs du monde en vue de leur prise de pouvoir future.

Ce n’est pas une vue de l’esprit mais le produit de la nécessité de la situation qui, si elle est à la contre-révolution, est nécessairement aussi à la révolution…

Messages

  • un courant se développe dans la population en faveur du rejet de tous les pantins de cette élection et ce n’est pas en soi mauvais s’ils en concluent que, l’élection ne pouvant changer la vie, ils la changeront par eux-mêmes !

  • “ La république démocratique ne supprime pas l’antagonisme entre les deux classes, au contraire : c’est elle qui, la première, fournit le terrain sur lequel leur combat va se décider”, écrivait Friedrich Engels dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat de 1884

    “ La forme d’État la plus élevée, la république démocratique, qui devient de plus en plus une nécessité inéluctable dans nos conditions sociales modernes, est la forme d’État sous laquelle peut seule être livrée jusqu’au bout l’ultime bataille décisive entre prolétariat et bourgeoisie”, martèle Friedrich Engels dans le même ouvrage…

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