samedi 25 février 2017, par
Il faut tout d’abord reconnaître que les média n’accordent qu’une place très minime à la candidate de Lutte ouvrière (LO) aux élections présidentielles françaises et parfois quasi pas de place du tout, ce qui souligne tout ce que cette élection a de faussement démocratique. Il est vrai qu’Arthaud ne peut pas, pour revenir sur le devant de la scène, faire comme les autres candidats : détourner de l’argent public ! Il est vrai aussi qu’elle ne peut pas non plus être reçue comme eux par des chefs d’Etat, par des patrons d’entreprises, par des ministres et autres hommes puissants qui font parler d’eux dans les média. Cependant, reconnaissons également que Lutte ouvrière n’envie nullement les politiciens bourgeois, ni pour leurs détournements de fonds ni pour leur notoriété bidon. Par contre, le crédit d’Arthaud dans les milieux populaires n’a rien à voir avec celui qu’avait autrefois Arlette Laguiller ! La situation politique et sociale y est certainement pour quelque chose, la personnalité aussi sans doute. La politique de LO a changé très nettement et elle ne répond pas davantage à la situation. Mais nous ne reprocherons certainement pas son insuccès à LO, d’abord parce qu’on peut échouer momentanément avec une politique juste et ensuite parce que rien n’est fini.
Par contre, cette fois, en plus de s’intituler « la voix des travailleurs », la candidate de LO s’appelle « la candidate communiste », sous-entendant ainsi montrer que le PCF n’a pas de candidat, Mélenchon n’étant pas communiste.
Arthaud est-elle véritablement une candidate communiste et pas seulement pour concurrencer tactiquement Mélenchon auprès des travailleurs ou des électeurs du parti communiste ?
Qu’est-ce qui distingue un communiste d’un non communiste ?
Est-ce le fait de revendiquer radicalement une répartition plus équitable des richesses ?
Est-ce le fait de dénoncer plus virulemment la dictature du grand capital ?
Est-ce le fait d’être plus radicalement en faveur des luttes sociales ?
Est-ce le fait de se revendiquer de la classe ouvrière et de combattre la classe capitaliste ?
En réalité, au sens où Marx donne au communisme, cela n’est rien de tout cela. Les non communistes peuvent parfaitement être des militants politiques et syndicaux qui combattent la bourgeoisie.
Etre communiste, c’est tout à fait autre chose…
On peut le résumer en quelques points simples :
l’objectif historique de la suppression de la propriété privée des moyens de production et des capitaux qui ne doit jamais être absent des analyses sociales et politiques
le caractère international de la transformation de la société qui nécessite le caractère international de la conscience et de l’organisation prolétarienne
la nécessité de la destruction de l’Etat bourgeois de fond en comble, nécessitant l’absence de tout opportunisme à l’égard de l’Etat existant
le travail permanent de construction du prolétariat comme classe d’avenir, ce qui nécessite l’organisation autonome des travailleurs au cours de leur lutte, le combat pour démasquer le rôle de classe de l’Etat, le développement de la lutte politique du prolétariat
le travail permanent des révolutionnaires en vue de la construction de la compréhension générale du monde car il n’y a pas de transformation communiste sans théorie scientifique et philosophique du monde
le point de départ de l’analyse de la situation du moment doit se fonder non sur les demandes des exploités mais sur les contradictions de la domination des exploiteurs et en particulier sur l’état réel du système économique
les communistes n’ont aucun intérêt d’organisation à défendre : aucun calcul organisationnel ne doit passer avant la défense des buts généraux et fondamentaux des travailleurs
les communistes ne luttent pas pour sauver les seuls travailleurs mais pour que le prolétariat libère l’humanité tout entière. La conscience communiste n’est pas la conscience social-démocrate ou syndicaliste mais la conscience historique du rôle du prolétariat.
l’enjeu de la lutte des classes n’est pas un rapport de forces syndical en vue de revendications matérielles mais un rapport de classes politique en vue que le prolétariat joue un rôle dirigeant, prenne la direction de toutes les couches opprimées, des femmes, des jeunes, des chômeurs, de la petite bourgeoisie frappée ou menacée par la crise, des peuples, religions et nationalités opprimés, etc.
le rôle des communistes est de dévoiler sans cesse la réalité, qu’elle cadre ou pas avec nos calculs, qu’elle cadre ou pas avec les illusions des masses et des militants, qu’elle soit ou pas facilement acceptable pour la grande masse des exploités.
Sur tous ces points, on ne peut pas dire que Lutte ouvrière joue un rôle pour faire avancer la prise de conscience des travailleurs et de tous ceux qui voudraient choisir leur camp.
L’opportunisme de Lutte ouvrière sur le terrain syndical ne lui permet plus de mettre en avant l’auto-organisation des travailleurs, ni sur le terrain des luttes, ni par les idées.
Le refus de la théorie est permanent dans ce groupe. Aucune avancée de sa part pour la compréhension scientifique du monde, pas plus sur la crise mondiale du capitalisme que sur la nouvelle situation de l’impérialisme ou sur aucune question philosophique, domaine pourtant fondamental pour des révolutionnaires marxistes. N’oublions pas que Marx affirmait que « Le Capital » est un ouvrage philosophique ! Marx sans philosophie, c’est le véhicule sans direction !
Le pragmatisme organisationnel a atteint ses limites avec ces groupes prétendument trotskistes et qui n’ont pas grand-chose à voir avec la politique de Trotsky, lequel n’a jamais fait de l’activisme, ni politique ni syndical, le but du travail militant.
Quand Lutte ouvrière ne clarifie nullement le rôle de l’appareil d’Etat bourgeois
Quand LO cultive le syndicalisme réformiste par opportunisme
Quand LO cultive l’illusion électoraliste par objectif purement organisationnel
Quand LO cultive l’apolitisme dans la classe ouvrière
Quand Lutte ouvrière refuse de voir les révolutions actuelles
Quand Lutte ouvrière refuse d’analyser le caractère de la crise actuelle du capitalisme
Quand Lutte ouvrière se donne des buts purement organisationnels
Quand Lutte ouvrière se méfie des intellectuels
Quand Lutte ouvrière choisit l’opportunisme par rapport aux bureaucraties syndicales
Quand Lutte ouvrière cultive les illusions démocratiques bourgeoises au travers de l’électoralisme