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La belle arnaque des "classes moyennes"

vendredi 31 mars 2017, par Robert Paris

La belle arnaque des « classes moyennes »

Vous n’êtes pas des travailleurs, vous n’êtes pas des salariés, vous n’êtes pas des exploités, vous n’êtes pas des prolétaires, disent les sociologues, les média, les gouvernants, les politiciens et les classes dirigeantes aux salariés le mieux payés qui ont conservé suffisamment longtemps un emploi et un salaire, qui ont un logement et une vie à peu près stable pour le moment : « vous êtes des classes moyennes, vous êtes les citoyens, vous êtes le peuple au pouvoir et vous devez être défendus ».

On entend ce discours aux quatre coins du monde et c’est une tromperie de grande première ! Il s’agit de faire croire aux travailleurs qu’ils appartiendraient à la classe qui dirige la société capitaliste et dont cette dernière défendrait les intérêts ! Il s’agit de détruire, en pleine montée des attaques de classe contre les droits sociaux, contre les aides sociales, contre la législation du travail, de démolir toute idée de lutte des classes menée par les travailleurs au moment même où le patronat et ses gouvernants mène la lutte de classes de manière plus violente que cela n’a a été le cas depuis belle lurette. Et cela dans tous les pays.

Tout cela sous prétexte qu’une fraction un peu mieux dotée des travailleurs a pu épargner, a pu acheter son logement, a pu acheter parfois des actions ou un appartement qu’il loue, a pu envoyer ses enfants faire des études et a pu se soigner. Mais cela n’enlève rien au fossé qui sépare ces travailleurs de la classe capitaliste puisque les travailleurs, même bien payés, ne sont pas propriétaires de leurs moyens de production ni des capitaux qui font tourner leurs entreprises, ne vivent pas non plus de l’exploitation d’autrui. Ceux qui détiennent quelques actions peuvent à peine se donner l’illusion du joueur du tiercé.

Et, dès que la chute capitaliste de 2007-2008 frappe, on s’aperçoit que ces prétendues « solidarités entre classes moyennes », « entre employés et employeurs » tombent. Ces classes moyennes se ruinent à toute vitesse, comme on l’a constaté aux USA, en Europe ou ailleurs. Ils perdent leur logement, n’ont plus les moyens d’envoyer leurs enfants à l’université, ne peuvent plus se soigner ni assurer la santé à leur famille.

Il y a effectivement une classe sociale située entre les travailleurs et les capitalistes mais elle ne comprend pas les salariés en CDI, ou ayant un salaire correct et un emploi fixe. C’est la petite bourgeoisie mais elle ne comprend aucune fraction des salariés, même un peu mieux payés. Elle est formée des artisans, des petits commerçants, des professions libérales, des petits pêcheurs, des petits agriculteurs, des petits patrons qui possèdent leurs propres moyens de production et travaillent comme des indépendants. Cela ne correspond nullement à la situation sociale d’aucun groupe de salariés, ni du public ni du privé, quels que soient leurs salaires.

Ce n’est pas le niveau de revenu qui fait la classe sociale. C’est la place relativement au mode de production d’une société fondée sur la propriété privée des capitaux et des entreprises.

Un capitaliste peut se ruiner et un travailleur s’enrichir un peu, cela ne rapproche nullement la classe capitaliste de la classe des prolétaires. Il y a des petits bourgeois très riches et d’autres très pauvres et ils font cependant partie d’une même classe sociale.

Ce n’est pas la petite bourgeoisie qui dirige la société capitaliste, c’est seulement la classe des grands possesseurs de capitaux. La petite entreprise n’est pas au pouvoir, contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, pas plus que « les citoyens » ou « les classes moyennes »….

L’idée d’inventer une « classe moyenne », de prétendre que c’est elle qui détiendrait le pouvoir via la démocratie, qu’elle déciderait des orientations politiques et sociales, au travers de « l’opinion publique » est un mensonge de grande ampleur. Cela consiste à diviser la société en très pauvres, moyens et très riches. Comme si le revenu était le critère numéro un en système capitaliste. Quelles que soient les niveaux de revenus que l’on choisisse pour seuils de ces prétendues « classes » sociologiques, elles ne correspondent pas aux classes sociales, telles qu’elles interviennent dans le monde capitaliste.

Les classes sociales ne sont pas seulement des groupes sociologiques, ce sont des groupes sociaux classés par leur intervention réelle au sein de l’économie, de la production de richesses, de l’investissement des capitaux.

Le développement de la notion de « classe moyenne » a suivi la campagne contre la lutte des classes et contre le communisme comme perspective « de classe » du prolétariat. Faire croire que les Etats bourgeois étaient des organismes de défense des intérêts des classes moyennes faisait partie de cette propagande mensongère.

L’effondrement du capitalisme de 2007-2008 a montré que le système s’est mobilisé massivement et mondialement en faveur des grands capitalistes mais pas des classes petites bourgeoises ni des prétendues « classes moyennes » !!!

Si les Etats et les banques centrales ont disposé de milliers de milliards de dollars sur toute la planète pour « sauver » le système, ce dernier ne signifiait ni les logements liés aux subprimes, ni les salaires des travailleurs licenciés, ni les entreprises des petits bourgeois ruinés mais seulement les banques, les trusts, les grosses assurances, les grands financiers, les bourses.

Cette intervention massive de la puissance publique en faveur des entreprises, mais seulement des plus grandes, indique très clairement la frontière de classe qui définit le grand capital : tous ceux qui ont été massivement aidés en font partie !

C’est la propriété privée des moyens de production qui est déterminante dans la formation des classes et dans la place de chaque classe sociale au sein de la société capitaliste. Propriétaires de la petite et moyenne propriété des moyens de production, propriétaires de la grande propriété des moyens de production, producteurs non-propriétaires des moyens de production, voilà toutes les classes liées à la production capitaliste et il n’y a là nulle place pour une classe moyenne.

Le choix de parler de « classe moyenne » est un choix politique et social visant à tromper la fraction des travailleurs les mieux payés en les opposant aux autres travailleurs, les plus pauvres, les plus précaires et les plus défavorisés. C’est faire croire qu’une fraction de la classe ouvrière aurait objectivement basculé dans le camp des capitalistes ou des petits-bourgeois !

On pourrait se dire qu’effectivement, il serait possible que l’évolution du capitalisme ait finalement produit un tel effet mais ce que l’on constate, malgré l’existence d’une fraction du prolétariat qui avait été capable d’acheter leur propre logement et de posséder une certaine quantité de biens en propre (pas des entreprises ni des moyens de production), c’est que, à l’inverse, avec l’impasse actuelle du capitalisme, toute cette prétendue stabilité et prospérité se révèle plus que fragile et est directement menacée, comme on l’a vu notamment avec l’effondrement des subprimes et la crise des dettes estudiantines aux USA. La fameuse « classe moyenne » s’effondre. Et ce n’est pas accidentel ou conjoncturel. De plus en plus, les travailleurs aux emplois stables disparaissent en faveur d’emplois précaires. La sécurité de l’emploi disparaît et avec elle la possibilité d’épargner. De plus en plus, le système capitaliste envisage de faire main-basse sur les épargnes des milieux moyens afin de combler les trous que les banques centrales et les Etats seront de moins en moins capables de boucher… Les épargnes, les comptes en banque, les actions de la couche soi-disant intermédiaire (salariés plus aisés et petite bourgeoisie) sont menacés.

La classe capitaliste, cette infime minorité de moins de 1% de la population mondiale, ne défend ni une classe moyenne ni une classe petite bourgeoise, qu’elle a toujours été prête à sacrifier lors des crises et l’est encore plus maintenant que le capitalisme a atteint son sommet et en même temps sa limite.

Dans le cadre de la crise historique de la domination capitaliste, cette classe exploiteuse a absolument besoin de développer ses appuis au sein de la population en dressant la petite bourgeoisie contre les travailleurs et la fraction la plus aisée des travailleurs contre l’autre.

Pour cela, le mensonge démagogique faisant croire que les Etats bourgeois défendraient une « classe moyenne » contre les attaques des plus démunis, contre les migrants, contre les chômeurs, contre les banlieues, contre les jeunes précaires mènent au développement de dictatures, de fascismes, de guerres, de massacres, en dressant une fraction de la population travailleuse contre une autre. Il s’agit de faire croire que l’insécurité de la société capitaliste, pour ces salariés plus favorisés, serait due aux « classes dangereuses », à la concurrence ou aux attaques violentes de ces pauvres, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de chaque pays.

Ce n’est pas parce que le prolétariat aurait cessé d’exister que la propagande capitaliste se fonde sur la formation et la défense d’une « classe moyenne » mais, au contraire, parce que, face à l’impasse capitaliste, la lutte des classes est plus d’actualité que jamais !

Devant la crise historique du capitalisme, aucune fraction des travailleurs, fût-elle un peu plus aisée ou ayant un peu plus de stabilité de l’emploi ou de meilleurs salaires, ne peut espérer être défendue par la classe capitaliste. Toute illusion se fondant sur de soi-disant « privilèges » d’une corporation ou d’une profession ou d’une couche sociale ne peut être fondée.

L’intérêt de tous les travailleurs, qu’ils soient en fixe ou précaires, qu’ils soient nationaux ou immigrés, qu’ils aient des professions bien ou mal payées, est le même et il est diamétralement opposé à celui des capitalistes.

C’est dans les luttes à venir que l’unité de combat du prolétariat peut et doit se former et elle doit permettre non seulement d’unir les travailleurs, de les aider à s’organiser en conseils de travailleurs, les liant aux chômeurs, aux femmes et aux jeunes, mais à les amener à développer un programme social et politique, alternatif à la société capitaliste, et par lequel ils s’adressent aux véritables couches moyennes, la petite bourgeoisie, elle aussi menacée par la crise du capitalisme.

Messages

  • Qu ’ Is . . . ! Les gouvernants (ou agissants par Dominance)
    Nous laissent La Liberté, On sait quoi en faire .. . .
    Rassemblons-Nous
    dans un axe social et solidaire ;
    Désobéir à l’argent avec ses codes capitalistes où :
    Rentabilité et Productivité sont des chaînes à nos cous et
    à Nos corps. . . de futurs précaires !
    si On laisse faire .. . .
    Non, réapproprions Nous l’espace publique ;
    Faire Masse (Critique . . .) pour rétablir :
    UN meilleur RAPPORT DE FORCES : )
    ALLEZ RASSEMBLEMENT , ACTION-REACTION/ YA PLUS QU’A . . .
    rejoindre Le Front Social, dans un premier temps ! Allons Copain-es, Camarades
    ça commençait ce lundi 19/06 ,19h, place de la Com à Montpellier ! (2 potos y sont tombés ! (
    p’tains de force de l’ordre ! ((
    RASSEMBLEMENT NÉCESSAIRE et . . . vital . . .
    réunions FS, les samedis apm ( = 18h00) sur LUTTOPIA (42rueProudhon, Montpellier : ) ,
    Espace Alternatif Réquisitionné (EARàTon ECOUTE) à découvrir aussi à travers ses dimanchesapm-concept=
    LE CUL POSE DANS L’HERBE (dès 13h12 ; )
    #collectif luttopia.org

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