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Le monde est-il pris de folie ?

dimanche 9 octobre 2016, par Robert Paris

Edito

Le monde est-il pris de folie ?

Des guerres qui se développent partout, des terrorismes qui augmentent à mesure que des guerres prétendent les combattre, un système économique qui licencie et n’embauche plus, un système social qui exclut et n’intègre plus, un système "démocratique" qui dégoute et n’attire plus, le monde semble atteint de folie violente !

Déboussolés par la situation mondiale, bien des gens nous disent : « je ne comprends plus rien à la situation économique », le système s’est dit plombé en 2007 par les dettes privées et publiques et les banques et organismes financiers nous poussent plus que jamais à nous endetter, et les Etats s’endettent plus que jamais. « Je ne comprends plus rien à la situation politique » : la gauche gouvernementale tient un discours et mène une pratique qui la fait ressembler à la droite la plus dure et même à l’extrême-droite, la réforme tourne à la contre-réforme. « Je ne comprends rien à la guerre contre le terrorisme » : ceux qui la mènent s’accusent entre eux de soutien à d’autres groupes terroristes. Pourquoi les printemps arabes démocratiques se sont-ils transformés en évolutions dictatoriales violentes, menant à des renforcements de dictatures comme en Egypte ou en Turquie, à des guerres civiles, à des guerres internationales et au développement plus grand que jamais du terrorisme à grande échelle ? Les grandes puissances mobilisent des moyens de plus en plus considérables pour faire la « guerre au terrorisme » alors qu’il est patent que celles-ci appuient des groupes terroristes intégristes, que ce soit sous prétexte de lutte contre des dictatures comme celle de Syrie ou de Libye, ou de lutte contre la Russie. Et, à l’intérieur, la « guerre contre le terrorisme » vire à la guerre contre les manifestations sociales ou environnementales et contre les grèves ou contre les syndicats et les travailleurs qui luttent contre des licenciements et des chantages patronaux !

La logique usuelle est prise en défaut par cette situation inédite où les contradictions explosent. Les capitalistes, investis dans la production et qui en tiraient l’essentiel de leurs profits, s’en désinvestissent massivement, supprimant des emplois tout aussi massivement. Les banques, pôles de la finance, deviennent des pôles des trous financiers au point que la défiance entre elles devient la règle. Et ces banques, qu’il avait fallu soutenir à coups de fonds publics lors de la crise des subprimes, dont la stabilité est remise en question par les tests, nous poussent sans cesse à nous endetter et à vivre à crédit ! La Chine, reconnue atelier du monde et qui détenait une grande partie de la production capitaliste, s’effondre en arrivant à ce sommet, au point que l’Etat est contraint d’interdire aux capitaux de se retirer massivement. N’était-ce pas assez renversant que le pays capitaliste le plus dynamique du monde soit cette Chine aux mains d’un parti « communiste » stalinien avec son goulag, son syndicat unique policier et son parti unique. N’est-ce pas renversant que l’Amérique, parvenue à démontrer qu’elle était capable d’élire un président noir, en est arrivée au point de menacer les Noirs de se faire tuer tous les jours par des policiers et de provoquer des réactions telles que la guerre civile interraciale n’est plus invraisemblable. L’Europe se déchire elle aussi, non seulement du fait de la montée des protectionnismes, de la montée aussi des micronationalismes, de la montée des racismes, et pas seulement contre les migrants et contre les musulmans, mais aussi des forces centrifuges exacerbées par la crise mondiale.

La situation internationale doit être appréciée globalement. C’est un ensemble, la situation économique ne doit pas être séparée de la situation sociale ou politique et ce qui se passe localement séparé de l’évolution mondiale. Tout est relié à l’effondrement de 2007-2008 qui marque un tournant. Les printemps arabes, par exemple, y sont reliés. Les crises de l’Europe de l’Est dont celle de l’Ukraine aussi. Les guerres dites antiterroristes également. La chute progressive de l’Europe aussi. Analyser la situation mondiale, c’est déjà ne pas oublier ce lien. Oui l’effondrement de vieilles dictatures du Maghreb, du monde arabe ou d’Afrique est relié à la crise économique mondiale, tout comme la crise du Brésil ou de l’Argentine, ou encore celle des pays d’Europe de l’Est. La « crise des migrants » y est également liée, tout comme la crise de l’Europe qui concerne cette fois les pays les plus riches de l’Europe de l’ouest ou la crise de l’Europe du sud avec la Grèce, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal. Et, bien entendu, aussi la crise du terrorisme et des guerres « contre-terroristes » !

Quelle que soit l’analyse que l’on donne de l’effondrement de 2007-2008, il importe de prendre conscience que ce n’est pas du classique, que les capitalistes se retrouvent dans une situation inédite, emploient des méthodes inédites pour y faire face et sont très inquiets pour l’avenir du système. Cela explique qu’ils jettent le monde dans l’affolement, dans des guerres civiles et peut-être demain dans la guerre mondiale.

Il n’y a pas besoin du rapport alarmiste d’un mathématicien édité par la Nasa pour réaliser que la civilisation capitaliste n’est pas éternelle, que l’empire capitaliste se heurte au mur qui a bloqué les autres empires, la limite de développement propre à chaque système social de domination, en l’occurrence propre à la propriété privée des moyens de production et des capitaux, celle de la rentabilité immédiate. Il suffit que celle-ci énonce que la production n’est plus un secteur suffisamment rentable dans l’immédiat pour que ces capitaux s’en retirent massivement et se jettent sur des secteurs plus rentables comme les profits tirés des dettes privées et publiques. Par contre, cela ne suffit pas pour remplacer la plus-value tirée du travail humain, indispensable à la distribution de profit à l’ensemble des capitalistes. Mais cela, les capitalistes individuels s’en moquent. Et le système est incapable de contraindre ceux-ci de se sacrifier, fût-ce partiellement, dans l’intérêt général, fût-il celui du système capitaliste !

C’est la situation économique du système capitaliste qui est à l’origine des phénomènes les plus renversants de la situation mondiale. En effet, comment comprendre que la réponse à une crise de suraccumulation du capital, où les capitaux se sont tellement accru qu’ils sont beaucoup trop nombreux pour être investis dans la production, où le système produit, du coup, en masse des investissements financiers, qui y suppléent, et de telle manière que les pouvoirs publics soient contraints d’en assurer le profit et la pérennité, comment comprendre donc que la réponse à l’effondrement d’un tel mécanisme destructeur soit… l’accroissement des capitaux mondiaux en masse par l’injonction de capitaux publics d’aides au capitalisme ?

La situation politique n’est pas plus claire. Bien des gens ont le sentiment d’y perdre leur logique, la gauche, la droite et l’extrême droite semblant se rejoindre et les gens ressentant le sentiment d’être menacés par un ennemi inattendu, incompréhensible, par une atteinte mortelle qu’elle ait pour nom islamisme, migrants, Roms, sans papiers, peuples d’Orient, et des personnes qui n’avaient rien de fascistes, ayant perdu leur boussole, se mettent à tenir des discours d’extrême droite, des discours guerriers, des discours haineux.

Oui, la situation mondiale est nouvelle mais pas seulement à cause du terrorisme, à cause d’une invasion des migrants, à cause de l’islamisme ni à cause de Poutine, ni à cause de la concurrence chinoise et on en passe… Elle est nouvelle parce que le système économique mondial est déstabilisé. Or, ce qui caractérise les états critiques d’un système, c’est que le chaos s’intercale de plus en plus dans l’ordre, que les pôles, autrefois apparemment diamétraux, s’inversent brutalement. La démocratie bourgeoise devient un appui de pouvoirs fascistes, comme l’Europe en Ukraine ou les USA en Palestine. La guerre anti-terroriste consiste à développer la terreur contre les populations civiles, comme jamais depuis la deuxième guerre mondiale. La démocratie bourgeoise affirme que le meilleur moyen de défendre la démocratie menacée, paraît-il, par le terrorisme, c’est de la réduire à sa portion congrue pour lutter contre le terrorisme, en s’attaquant au droit de manifester, de critiquer, d’informer, de faire grève et on en passe, en transformant les peuples en armées de guerre et en imposant des « états d’urgence » et des états de guerre partout.

Il ne suffit pas de dire que l’on n’y comprend rien et que c’est un « monde de fous ». Car, un individu peut être un tueur fou, cela n’explique pas le développement massif et mondial des tueries, car le système mondial, lui, n’est pas fou, l’Etat n’est pas fou, la classe dirigeante n’est pas folle : ils défendent des intérêts, leur action a une logique qu’il faut étudier et comprendre. Si elle nous paraît folle, c’est que nous étions trompés sur ses buts, sa nature, son fonctionnement réel. Si des milliers de fous de guerres, de fous de terrorisme, de fous fascistes, de fous de la guerre des races, de fous fanatiques des religions, de fous des oppositions entre nations, entre régions, entre hommes et femmes, apparaissent en même temps aux quatre coins du monde, c’est qu’il y a une logique là-dedans, et qu’il faut la comprendre sans se laisser arrêter par tous ceux qui nous disent qu’ « expliquer, c’est justifier » ou que chercher une rationalité des événements mondiaux, ce serait tomber dans la « théorie du complot ». Ceux-là préfèrent nous savoir désarmés par l’incompréhension des calculs politiques des classes dirigeantes face à la crise historique de la domination mondiale de leur système d’exploitation.

Même dans les pires barbaries du monde capitaliste, même dans le nazisme, même dans le fascisme, même dans les génocides, même dans les guerres, même dans les guerres mondiales, même dans les violences des dictatures, et même surtout dans ces actions radicales et violentes, il y a une logique qui n’est pas celle de la seule volonté d’un Hitler ou d’un Pol Pot, d’un tueur détraqué ou fou, il y a les intérêts des classes dirigeantes.

L’apparente folie de la société n’apparaît qu’au moment où celle-ci atteint ses limites et s’agite en tous sens pour ne pas reconnaître sa fin, pour détourner les classes opprimées et exploitées des tentatives d’en finir avec un système honni.

Un monde qui se disait démocratique ne devient brutalement fasciste, un monde qui se disait pacifique ne devient violemment guerrier, ne provoque de véritables massacres, un monde qui se disait social ne devient brutalement antisocial que si les classes dirigeantes ne sont plus capables de stabiliser leur fondement économique et social qu’en éradiquant par avance la révolution sociale par le bain de sang guerrier, fasciste, interracial, intercommunautaire ou interreligieux.

Même si les prolétaires ne sont pas encore conscients qu’ils ont un rôle politique et social dirigeant à jouer dans les mouvements sociaux qui viennent, comme l’ont bien montré les printemps arabes, notamment en Egypte et en Tunisie où ils étaient à l’initiative de la lutte sans parvenir à la diriger et à en changer le cours, les classes dirigeantes ont parfaitement compris la menace et elles prennent l’initiative pour couper court à tous les risques. Elles ne laissent pas les masses prendre la tête du renversement des dictatures et elles appuient, en face, des bandes armées terroristes puis mènent, soi-disant contre ces terroristes, des guerres de destruction qui empêchent toute action politique des masses, comme en Syrie. Elles durcissent la répression d’Etat comme en Egypte et en Turquie.

Même si les opprimés ne sont pas pleinement conscients du rôle qui va être le leur dans les années qui viennent, cela ne suffit pas à rassurer les classes dirigeantes ni à les calmer et à diminuer leur violence. Ce rôle des prolétaires, ce sont les violences des classes dirigeantes qui le montrent, en négatif.

Si ces exploiteurs ont plus que jamais besoin de la contre-révolution aux quatre coins du monde, c’est bien que le vieux monde est mortellement menacé par la révolution sociale, celle des travailleurs, des femmes, des jeunes et de tous les opprimés.

Si ces oppresseurs jouent plus que jamais sur les haines raciales, régionales, ethniques, religieuses, sur le sexe, sur le genre, sur la couleur de peau, sur les origines, c’est bien qu’ils craignent qu’apparaisse dans les consciences que la société se polarise plus que jamais entre le Capital et le Travail, entre prolétaires et capitalistes.

Plus les classes dirigeantes préparent la prochaine guerre mondiale, plus elles multiplient les conflits aux quatre coins du monde, plus elles suscitent des violences partout, plus elles démontrent qu’elles sont dépassées par l’Histoire et que le moment est venu de les renverser, de leur ôter tout pouvoir et de leur retirer ce qui faisait le fondement du système : la propriété privée des entreprises et des capitaux.

Le véritable ennemi de ces classes dirigeantes, ce ne sont pas les terroristes, pas les fascistes, pas les bandes armées, pas les armées des pays adverses, pas l’Etat islamique ni la Russie ou la Chine, pas le monde musulman, pas le monde arabe, pas les migrants.

Ce sont les prolétaires !

Quand leur système se portait bien, même s’il connaissait des crises régulatrices plus ou moins graves, même s’il connaissait des affrontements entre puissances concurrentes, même s’il connaissait des guerres plus ou moins graves, il était tout à fait capable d’intégrer le prolétariat, de lui offrir des espoirs à peu près crédibles d’une amélioration graduelle de sa situation, capable d’intégrer ses organisations, de les engluer dans une collaboration de classe bien organisée, de noyer les espoirs de changement dans un système d’alternance politique sans évasion possible dans quelque le fondement du système n’était bien sûr jamais remis en cause par des votes… Ils étaient capables d’acheter la paix sociale, de s’offrir des syndicats, des partis d’opposition, tout un tas d’artifices démocratiques. Maintenant, ils ne visent qu’à s’en débarrasser. C’est parce que la perspective à changer. Plus exactement, c’est parce qu’ils entrent dans une situation où toute perspective historique est absente pour la classe capitaliste.

Pas question pour elles de reconnaitre qu’avec la chute mortelle de l’investissement productif privé, la source même de création de richesse est tarie, pas question de reconnaitre que leur justification sociale (offrir un emploi, des revenus, un logement, une vie décente aux prolétaires), que le fondement de la stabilité sociale sont maintenant remis en question sans retour en arrière possible ! Pas question de laisser la place ! Plutôt envoyer les peuples en enfer ! Plutôt les jeter dans les bras des assassins ! Plutôt lancer partout des massacres, des guerres civiles intestines, des génocides même, des fascismes et des dictatures. Plutôt envoyer les peuples s’entretuer dans des guerres et des guerres mondiales que de les laisser construire leur rapport de forces et leur auto-organisation pour préparer un autre avenir, une autre société, une autre civilisation !

Ce ne sont pas les barbares qui menacent la civilisation capitaliste comme ce n’est pas les barbares qui ont fait tomber les civilisations précédentes : c’est la lutte des classes !

D’autres civilisations avaient brillé avant de chuter. C’est leur succès, trop grand pour le cadre étroit de leur système social, a entraîné une rupture dans l’équilibre des classes sociales, entre exploiteurs et exploités. Les guerres n’ont été qu’une conséquence de cette déstabilisation, que ce soit celles des empires hittite, phénicien, égyptien, cananéen, grec, romain, indien, chinois, byzantin, napoléonien, russe, austro-hongrois, maya, aztèque, éthiopien, malien, zimbabwéen, et on en passe…

C’est la civilisation capitaliste qui a signé sont arrêt de mort en 2007-2008, pas la civilisation humaine. La NASA américaine n’est pas la seule à le constater, même si on peut douter des raisons pour lesquelles elle envoie un tel message. Elle se fonde en tout cas sur un point réel : le fossé entre riches et pauvres est devenu une véritable faille et ne demande qu’à se rompre…

Si on divise les richesses mondiales en deux parties égales, la première appartient à 1% de la population du monde et la deuxième à 99% de la population et au sein de cette dernière, la part de la population qui peut être traitée de prolétaires grandit sans cesse en même temps que son niveau de vie diminue sans cesse, y compris dans les pays riches, y compris dans le monde occidental, l’insécurité sociale pour tous les peuples grandit à une vitesse impressionnante.

Bien sûr, tous ceux qui chantent le discours de l’impréparation des prolétaires à leur rôle historique n’ont pas entièrement tort. Les printemps arabes comme bien d’autres soulèvements politiques et sociaux ont bien montré que les prolétaires ne sont pas politiquement, organisationnellement, consciemment, prêts pour jouer le rôle historique qui est le leur et que personne, aucune classe ni couche sociale, ne peut remplacer, celui qui leur donne la capacité de fonder une humanité nouvelle débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme et, pour cela, de la propriété privée des moyens de production et de la mainmise du pouvoir par les capitalistes via les Etats bourgeois et les autres grandes institutions capitalistes.

Mais le fait que les prolétaires vont devoir réaliser un véritables bond, extraordinairement rapide et en un temps très court, ne rend que plus nécessaire que les hommes conscients des enjeux historiques en défendent la perspective.

Aider les opprimés à comprendre la situation mondiale, c’est les préparer à une situation révolutionnaire, celle qui mène inéluctablement, simultanément ou successivement, à des révolutions et à des contre-révolutions ! C’est rejeter à la poubelle de l’Histoire les thèses passéistes selon lesquelles le capitalisme serait l’horizon indépassable de l’Humanité !

Messages

  • Folie ne veut pas dire absurdité…

    Hegel : « Tout ce qui est réel est rationnel » !

    Même le basculement du monde capitaliste dans la folie a sa rationalité. Voir ici celle du capitalisme allemand choisissant le nazisme

  • La « guerre contre le terrorisme » lancée par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 a causé en douze ans la mort d’au moins 1,3 million de personnes dans trois pays – Irak, Afghanistan et Pakistan –, affirment trois organisations scientifico-pacifistes dans un récent rapport.

    Ce rapport de 101 pages, intitulé « Body Count : Casualty Figures after 10 years of the ’War on Terror’ », a été publié par les organisations Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW, prix Nobel de la paix en 1985), Physicians for Social Responsibility et Physicians for Global Survival. Il affirme, en se basant sur diverses sources, y compris gouvernementales, que ce bilan de 1,3 million de morts est « une estimation basse » et ne tient pas compte d’autres pays en conflit (Yémen, Somalie, Libye, Syrie).

  • C’est la situation du capitalisme mondial qui rend fou le monde.

    Les expressions employées lors de la réunion du FMI sur l’économie mondiale le week-end dernier à Washington en disent long :

     « Une économie coincée dans un cycle de croissance, d’investissement, et d’inflation faibles »

     « Une croissance est trop basse depuis trop longtemps et bénéficie à trop peu de monde »

     « Les partisans de la coopération économique sont sur la défensive »

     « Le commerce et l’ouverture, ces principes sont confrontés à leur plus grand défi depuis des décennies »

     « De ma vie, je ne me souviens pas d’avoir rencontré le genre de scepticisme au sujet de ces valeurs fondamentales que nous voyons aujourd’hui »

     « Notre préoccupation omniprésente est que les dirigeants traditionnels perdent leur emprise, et l’économie mondiale entre dans un territoire inexploré et dangereux. »

     « Après sept ans d’un excès d’optimisme économique, il y a une prise de conscience… »

  • Le Fonds monétaire international a indiqué que la dette mondiale – tant publique que privée – a atteint un montant sans précédent. Elle est désormais plus de deux fois supérieure à la richesse économique créée sur le globe : 170.000 milliards de dollars en dehors du secteur financier, soit 260% du produit intérieur mondial exprimé en nominal...

  • La Chine, deuxième économie mondiale, serait en train de se défaire au moment où s’accentuent les craintes sur l’instabilité du système financier dans un contexte de chute du marché immobilier et du placement immobilier et qui avaient en grande part été à l’origine de l’expansion économique après 2008.

    Le fait que l’économie des Etats-Unis, où la croissance économique n’a affiché en tout que 1,0 pour cent au cours de la première moitié de cette année, soit considérée être une « lueur d’espoir » est une indication de la détérioration des perspectives économiques mondiales.

    Ces faits et ces chiffres montrent clairement que l’effondrement financier de septembre-octobre 2008 n’était pas un événement conjoncturel, mais le début de ce qui est devenu un désastre continu.

    L’ampleur de l’effondrement a été révélée dans des preuves présentées le 22 août lors d’une audience aux Etats-Unis. Dans un document soumis au tribunal fédéral américain pour créances pécuniaires (US Court of Federal Claims), Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine avait déclaré au plus fort de la crise : « Septembre et octobre 2008 ont été la pire crise financière de l’histoire mondiale, y compris la Grande dépression. Sur les 13 plus importantes institutions financières des Etats-Unis, 12 couraient le risque d’une faillite qui risquait de se produire en l’espace d’une à deux semaines. »

    Les conséquences considérables de l’effondrement sont visibles dans chacun des aspects de la vie économique, sociale et politique.

    Ne disposant d’aucune solution à la crise du système capitaliste de profit, les élites dirigeantes du monde entier sont en train d’intensifier leurs attaques contre la classe ouvrière, déterminées à briser toute opposition au moyen de l’armée, comme l’ont clairement montré les événements de Ferguson, dans le Missouri.

  • Comment éviter que le monde bascule dans de telles folies communautaristes, de guerres civiles fratricides entre peuples, entre ethnies, entre religions, entre régions du monde, dans des folies fascistes, guerrières et de guerre mondiale ?

  • On ne peut pas éviter que le capitalisme en ressente la nécessité face à son effondrement économique systémique et aux risques sociaux et politiques qui en découleront nécessairement. On ne peut qu’éviter de se lier pieds et poings au système qui coule. On peut se battre au sein de la classe ouvrière et dans ses organisations, au sein de la population, on peut développer nos explications et arguments et éviter déjà à soi-même et à un petit milieu autour de nous d’être piégés, ce qui est inévitable si on n’a pas des perspectives révolutionnaires à défendre en face, et pour cela si on n’a pas d’analyse de la signification de la crise du système. Renoncer à analyser celle-ci sous prétexte que des horreurs plus immédiates nous frappent : misère, chômage, dégradations sociales de toutes sortes, violences de toutes sortes, est une erreur. Il ne faut pas se contenter de combattre les effets mais comprendre les causes et savoir que moins que jamais il ne sera possible d’améliorer les conditions d’existence au sein du système et il sera inévitable d’en sortir. Le fait qu’il s’effondre, que sa dynamique soit morte ne signifie pas, bien entendu, qu’il sera immédiatement plus facile de convaincre les gens du communisme, des perspectives révolutionnaires, ni d’aucune idée véritablement radicale, c’est-à-dire s’attaquant aux fondements même de la vieille société maitenant périmée. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Cela signifie seulement qu’il ne faut pas être trop impatients et travailler doucement et tranquillement nos analyses et nos explications, de même que leur diffusion. N’aurons des succès immédiats de leur groupe que des organisations opportunistes qui développent au contraire des politiques de caution au réformisme du genre : « il y a de l’argent, répartissons-le » ou encore « on peut créer des emplois », ou bien « la crise est un prétexte pour nous voler notre argent et nos emplois ». Ces arguments qui prétendent soi-disant redonner le moral aux travailleurs ne peuvent qu’envoyer les luttes ouvrières dans la même impasse que d’habitude. Nous devons, au contraire de ces politiques, être conscients que, dans cette situation, les luttes syndicales ne pourront mener qu’à des défaites de plus en plus cuisantes, si les travailleurs ne choisissent pas de déborder ce cadre étouffant des stratégies dites intersyndicales des bureaucraties des appareils syndicaux, liés pieds et poings à l’Etat et à la classe capitaliste qui finance des appareils. Le but essentiel des luttes ouvrières doit être la construction de l’autonomie des travailleurs par rapport à l’Etat et à la bourgeoisie et l’auto-organisation des luttes. On fait, dans ces conditions, plus progresser la conscience et l’organisation en aidant des petits groupes de travailleurs à se réunir pour discuter de la situation, des revendications, des méthodes de lutte et tout ce qui préoccupe les travailleurs, de manière indépendante des appareils, de ceux des syndicats, des patrons et de l’Etat.

  • Le Fonds monétaire international a indiqué que la dette mondiale – tant publique que privée – a atteint un montant sans précédent. Elle est désormais plus de deux fois supérieure à la richesse économique créée sur le globe : 170.000 milliards de dollars en dehors du secteur financier, soit 260% du produit intérieur mondial exprimé en nominal...

    Pour s’attaquer au surendettement des Etats, le FMI et la Banque mondiale proposent comme « solution » de les endetter davantage en leur accordant de nouveaux prêts pour payer les créanciers privés imprudents ou spéculateurs… comme en 1982 lors de la première crise de la dette. Comme d’habitude, le FMI et la Banque conditionnent leurs prêts au renforcement de mesures d’austérité appelées dans leur jargon « réforme structurelle ». Le Programme d’action mondiale de la directrice du FMI, Christine Lagarde, est sans équivoque : « il importe d’accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles ». Feu sur le droit du travail : la priorité est à la « réforme du marché du travail ».

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