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Les travailleurs de Renault

jeudi 15 septembre 2016, par Robert Paris


LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Ils jouent avec nos emplois

On se souvient tous du dieselgate et on sait que cette menace, qui a frappé plusieurs trusts automobile à commencer par Volkswagen, reste suspendu comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes malgré les dénégations répétées de Ghosn et du gouvernement français, affirmant que Renault n’a pas faussé les tests mais les aurait seulement mal réussis, polluant ainsi mortellement la respiration des populations mais… sans tricher. C’est cette thèse, gentille pour Mr Ghosn, du gouvernement français que le « Financial Times » a contredite publiquement de manière récente sans être mis en accusation par ce dernier. Le Financial Times, qui s’appuie sur le témoignage de 3 des 17 membres de la commission, met en cause précisément la version diesel du Renault Captur pour accuser le gouvernement français de complicité avec le trust Renault et pourtant ce gouvernement ne porte pas plainte pour accusations mensongères, pas plus que Ghosn lui-même, et se contente d’inviter le Financial Times à assister au prochain point presse sur les tests de la France… l’enquête avait mis en évidence un réglage des véhicules Renault conduisant leur système antipollution à ne plus se déclencher lorsque la voiture roule longtemps. Aucun de ces faits n’apparaît pas dans le rapport final du 29 juillet. Ghosn reste très silencieux sur toute cette affaire et fait le dos rond, espérant que ça passe… Il se contente de profiter de la chute des autres trusts qui sont englués dans le dieselgate pour tenter de rafler la mise ! Pile, il gagne, et face, c’est nous qui perdons : assez joué !

La vague des suppressions d’emplois …

Après les sous-traitants automobiles, après PSA, après la sidérurgie, les trusts pharmaceutiques, le Bâtiment et la Téléphonie, c’est la Métallurgie qui supprime massivement des emplois : Alstom ferme son site historique de Belfort. Les syndicats se disent indignés, comme ils se sont dits indignés des suppressions d’emplois massives à SFR ou des mêmes attaques à Total, Areva ou EDF, et comme dans ces cas, ils en appellent au gouvernement et, sinon, mènent la lutte site par site, au mieux sur le trust. Pas question d’unir ces salariés de l’Alstom à ceux d’Areva, de l’EDF, de Total, de SFR et de bien d’autres entreprises qui suppriment des emplois en un seul mouvement, combattant aussi bien les suppressions d’emplois dans le privé que dans le public : à la SNCF, à l’Hôpital public, dans l’Enseignement et à La Poste. Au contraire, il s’agit de diviser la lutte catégorie par catégorie, secteur par secteur, profession par profession et de diviser la lutte aussi dans le temps, journée d’action par journée d’action. Ce que vaut cette stratégie, pas la peine de poser la question : il suffit de regarder le bilan de toutes ces actions parcellisées, ce ne sont que des défaites ! Il est plus que temps de prendre en mains nous-mêmes nos luttes en nous organisant en comités de luttes et en comités de grève, et en organisant des assemblées interprofessionnelles où nous déciderons nous-mêmes de nos revendications, de nos mots d’ordre, de nos moyens d’action et de nos buts et rendrons publics nous-mêmes ce que nous pensons de la situation et de la manière d’en sortir…

Le vice-compte n’y est pas…

Avant les vacances, lors d’une réunion à l’amphi Gordini, Visconti nous a annoncé triomphalement que, dans sa direction, les embauches annuelles étaient passées de 11 à 14 ! soit 25 sur 2 ans. Non seulement, il n’y a pas de quoi sauter au plafond, mais il a juste oublié de nous dire le nombre de départs annuels !

Contaminator

Dernièrement, un petit CUET s’est fait remarquer par un zèle dangereux pour la santé de son équipe. En effet, se sachant contaminé par la coqueluche, et mis en garde sur le risque de contagion, il est venu quand même répandre ses microbes au boulot. Mais par mail, il annoncé que, malgré sa mise en "quarantaine", il bosserait en télétravail pour assurer les RUET, etc,.... Si ça rassure son égo, de se croire indispensable à l’entreprise, effectivement le télétravail est solution, mais :

1 : il fallait l’appliquer dès qu’il a eu connaissance du risque de contagion.

2 : si son médecin l’a arrêté, il ne doit pas travailler, car, sinon, cela veut dire que c’est nous qui payons (par l’intermédiaire de la sécu) son salaire à Renault !

Partageons les bénéfices, pas les miasmes !

Double peine

Renault attend que la loi scélérate (dite loi travail ou konnerie ou gattaz), soit passée, pour nous empapaoutez un nouvel "accord" compétitivité, qui fera régresser toutes les conditions de travail des salariés pour le profit de Ghosn et sa clique, mais avec la bénédiction de la CFDT, qui est décidément partie prenante de tous
les reculs sociaux. Il ne leur reste plus qu’à militer pour le travail des enfants et le retour au 18°siècle sera complet !

Et si on changeait de manière de lutter…

L’intersyndicale appelle à manifester contre la loi El Khomri le 15 septembre prochain. Et, effectivement, ce n’est pas parce que, formellement, la loi est passée qu’on a nécessairement perdu. Non, c’est parce que nous avons mal organisé nos luttes ! Et, les mêmes qui les ont dirigées vers l’échec, nous proposent de faire comme si on n’avait pas déjà tenté cette même méthode, celle des journées d’action, sans grève générale, pendant des semaines et des mois, sans succès. Appellent-ils à des assemblées générales interprofessionnelles, appellent-ils à se retrouver dans des réunions inter-entreprises, appellent-ils à des formes d’organisation de nature à faire peur au patronat et aux gouvernants à son service comme des comités d’organisation de la lutte, des comités de grève, des conseils unissant actifs et chômeurs, unissant service public et secteur privé, unissant les salariés avec ou sans CDI, unissant les sans papiers et les travailleurs avec papiers, unissant les cheminots et les usagers, unissant toute la classe ouvrière pour discuter du bilan des luttes passées, des causes des échecs et des moyens de faire avancer la lutte, pour discuter de l’effondrement du capitalisme et des perspectives sociales que devrait défendre la classe ouvrière ?

Les anciens organisateurs de la mobilisation contre la loi El Khomri sont les mêmes qui nous disent aujourd’hui d’aller nous cogner contre le même mur avec la même inefficacité, et aussi les mêmes qui ont amené les cheminots, les personnels de l’hôpital public, les salariés d’Areva, d’Air France, de la banque, de France Telecom, de PSA, de Renault et d’ailleurs vers des défaites organisées et annoncées. L’étalement organisé des mouvements c’est : Air France en juillet, les animateurs périscolaires le 5 septembre, SFR le 6 septembre, les bus les 5 et 6 septembre, les collèges le 8 septembre, la loi El Khomri le 15 septembre, les écoles le 19 septembre, et ainsi de suite…

Comme si on pouvait faire reculer patronat et gouvernement, dans une phase offensive de ceux-ci liée à un effondrement annoncé du système, à une véritable agonie du capitalisme ayant perdu toute dynamique des investissements productifs, ayant atteint son sommet d’accumulation de la plus-value extraite du travail humain, comme si dans ces conditions, les classes dirigeantes pouvaient reculer sans être menacées mortellement dans ce qu’elles ont de plus cher : la propriété privée des moyens de production. Comme si les travailleurs pouvaient de lancer progressivement un mouvement d’occupation des entreprises en remettant en question leur propriété patronale, du moment que les patrons cessent méthodiquement d’embaucher et jettent progressivement la classe ouvrière dans le chômage permanent.

Comment croire que l’on peut lutter en spécifiant la loi El Khomri, comme si ce n’était pas lié à la privatisation de tous les services publics, de la SNCF, de l’EDF, d’Areva, de l’hôpital public, de l’enseignement, de Radio France, etc. Comme si ce n’était pas lié à la guerre intérieure et extérieure au nom du combat contre le terrorisme qui est en fait menée pour détruire les droits démocratiques sous prétexte d’Etat d’urgence, à interdire les manifestations, les grèves, les revendications, à casser les syndicats, à mettre en place l’état policier et militaire permanent, à construire la terreur de masse en utilisant le terrorisme sans augmenter pour autant la sécurité des populations, à semer la haine entre musulmans et non-musulmans, à pousser sans cesse à la guerre civile inter-communautaire.

Loin de tirer un bilan sérieux de l’échec les directions syndicales, de celles des associations, de la gauche de la gauche et de l’extrême gauche qui les suit, ils se proposent seulement de recommencer afin de ne pas perdre la direction des opérations et de continuer à tromper le monde du travail en faisant croire que leur stratégie réformiste n’a pas abouti à un échec définitif, qu’ils peuvent encore continuer à jouer le même jeu.

Les économies d’échelle, c’est les emplois !

Le patron de Renault-Nissan annonce : « Renault et Nissan font des économies, mais moins que prévu ! Les économies d’échelle sont en retard sur le plan de marche prévu en 1999, lors de la signature de l’Alliance. » Donc il va falloir faire de nouvelles coupes sombres ! "Grâce à la convergence, l’Alliance devrait réaliser au moins 5,5 milliards d’euros de synergies en 2018”, promet le patron de Renault et Nissan. Sur le dos des salariés bien sûr ! Et il n’est plus interdit d’envisager des fermetures en France !!!

Tout va bien, sauf pour les salariés !

Véhicules vendus, profits records, marges bénéficiaires, rentabilité, tout est dans le vert sauf… les salaires et les emplois. Nos AGS restent bloqués et les embauches sont très loin de servir même à remplacer les partants. Si nos voyants restent en rouge quand les voyants des patrons sont au vert, on peut se douter de ce qui se passera quand les voyants patronaux reviendront au rouge ! N’attendons pas de recevoir des coups pour en rendre !

Un mail personnel suffit à être licencié !

C’est ce que révèle le « jugement » en prud’hommes du salarié du Technocentre, ingénieur d’études était en mission longue au Technocentre Renault de Guyancourt, qui s’était contenté de diffuser l’information concernant le film « Merci patron ! » qui dénonce les patrons. Le patron sous-traitant de Renault, sollicité par la direction, lui indiqué par courrier qu’il "avait fait une grosse bêtise", et que Renault "surveillait les mails de ses syndicats" et qu’"en tant que prestataire extérieur, il ne devait pas s’adresser aux syndicats de Renault". Il a informé la presse de ce courrier. Le salarié rappelle qu’il n’a fait que "dénoncer une infraction pénale : la violation du droit syndical" par le constructeur automobile. Il a été licencié, son patron estimant qu’il y avait « faute grave » et que le salarié avait "violé son obligation de loyauté et de bonne foi" vis-à-vis de son employeur. Vous vous souvenez que vous vivez dans un pays qui est considéré par certains comme un phare de la démocratie, dont le droit syndical fait partie, et le droit de communiquer personnellement par courrier aussi… Eh bien, il paraît que tout cela serait du passé… si on se laisse faire…

Renault embauche… en CDD !

Les fourgons Trafic se vendent tellement bien que Renault est complètement débordé et contraint de faire travailler son usine de Sandouville en 3x8. Une équipe de nuit est mise en place. Vous pourriez croire qu’une équipe de plus et un accroissement massif de production des équipes en place de jour, tout cela nécessiterait des embauches en CDI mais vous ne comprenez pas du tout la logique de la direction de Renault. Celle-ci estime, au contraire, que les embauches en CDI qui avaient déjà été annoncées suffisent pleinement et que le surcroît de production (250 véhicules le matin, 250 l’après-midi et 110 la nuit pour commencer avec projet d’augmenter ces chiffres !) n’a qu’à être épongé par des embauches… en CDD ! Ce n’est pas Renault qui réduira le chômage de masse permanent en France et, même quand il faudra produire plus, ce sera avec moins de salariés, tant pis pour les chômeurs !

Particules = danger !!!

Des nanoparticules de magnétite, un oxyde de fer fortement aimanté présentes dans l’atmosphère, se retrouvent dans les cerveaux humains, risquant de provoquer notamment la maladie d’Alzheimer, et elles se sont formées à très haute température, et donc pas à l’intérieur du corps humain. Elles seraient issues la combustion de carburant, avance l’équipe de recherche américaine, mexicaine et anglaise. On ne pourra pas dire demain qu’on n’a pas été prévenus…

La faille qui s’ouvre entre le Capital et le Travail…

Les statistiques économiques nous apprennent qu’actuellement 52% du produit intérieur brut de la planète est contrôlé par les 500 plus grandes sociétés capitalistes transcontinentales. 58% d’entre elles sont américaines. Ces 500 sociétés contrôlent des richesses supérieures aux avoirs accumulés des 133 pays les plus pauvres, fortunes des capitalistes de ces pays y compris.

Il ne s’agit pas seulement pour nous de dénoncer la concentration des richesses en un petit nombre de mains. Celle-ci n’est pas récente, même si elle s’est encore aggravée ces dernières années. Non, ce que nous voudrions souligner, c’est que le Capital est de plus en plus déconnecté de l’exploitation du travail humain et cela est bien plus nouveau et étonnant. Car les sociétés précédemment citées, et qui possèdent 52% du produit de la planète (ainsi que 100% du pouvoir politique, économique et social), n’emploient que 1,8% de la main d’œuvre mondiale. Vous avez bien lu, moins de 2% !!!!

Les trusts multinationaux sont neuf fois plus nombreux qu’il y a trente ans. Certains sont plus riches et plus puissants que des Etats. On peut dire qu’ils ont fondé de nouvelles sortes d’Etats, avec parfois des armées et des services secrets. Et pourtant la part de la main d’œuvre mondiale qui travaille pour eux décroît sans cesse. Ils suppriment massivement des emplois et ce tout particulièrement depuis l’année 2000. Ils se transforment de plus en plus en établissements financiers qui se refusent à investir dans la sphère productive et se contentent de spéculer.

Eh oui, c’est plus qu’étonnant, c’est même renversant ! En effet, le fondement de l’accroissement du capital, en système capitaliste, est, et a toujours été depuis que ce système d’exploitation existe, fondé sur la plus-value c’est-à-dire l’accroissement de valeur des produits transformés, obtenue en y agglomérant de la valeur-travail impayée, c’est-à-dire de l’accumulation des produits de l’exploitation de l’homme, du prolétaire. Ceci n’est pas du discours marxiste, c’est la réalité profonde de l’ancienne société, même si certains idéologues tentent de le camoufler.

De nombreux travailleurs estiment que le chômage de masse signifie que le rapport de forces de la classe des travailleurs par rapport à celle des capitalistes serait en baisse. Ils ne tiennent pas compte du fait que cela signifie que le capitalisme est en perte de vitesse. De plus en plus de capital n’est plus investi dans la production de richesses. Le taux de marge augmente et le taux d’investissement diminue, telle est la racine du chômage.

Certains se diront : pas étonnant, ce sont des vases communicants, moins ils paient les salariés et plus ils s’enrichissent. Mais ce n’est pas aussi simple ! Les capitalistes, pris individuellement, sont momentanément plus riches s’ils font fonctionner leur entreprise avec moins de main d’œuvre mais la plus-value globale des capitalistes, qu’ils se répartissent entre eux et notamment entre capitaux investis dans la production et ceux qui ne le sont pas, est produite exclusivement par le travail humain et pas par l’échange et le commerce, pas par la spéculation et par les dettes et prêts. Il n’y a pas de plus-value sans extraction de celle-ci du travail des salariés.

Or, si les profits capitalistes continuent d’être distribués, l’accumulation décroît en même temps que les investissements productifs.

Dans le monde, les trusts industriels suppriment sans cesse du travail humain. Par exemple, en France, l’industrie a perdu 1,9 million d’emplois entre 1980 et 2007, soit 36 % de ses effectifs. En France, il y a eu 29400 emplois industriels supprimés en 2012, 40000 en 2013 et ainsi de suite...

Bien entendu, les capitalistes prétendent accuser, en plus de la concurrence, les taxes, les impôts, la législation du travail, les syndicats, le niveau des salaires, les tribunaux, et pour finir les travailleurs eux-mêmes. Sauf que, pendant des années, ces causes existant déjà, l’emploi productif ne cessait de croître et l’investissement productif des trusts de même.

Officiellement, le chômage baisse aux USA mais les statistiques ne prennent pas vraiment en compte les 92,6 millions d’Américains qui ne cherchent pas de travail. Si l’on rajoute les 11 millions de chômeurs « reconnus » aux 91,5 millions de déclassés, on obtient la bagatelle de plus de 102 millions d’Américains en âge de travailler sans emploi, près d’un tiers de la population totale des Etats-Unis. Quant à l’emploi productif privé, il a plongé aux USA comme ailleurs…

La chute massive et mondiale des emplois de la sphère productive privée a une cause clairement établie et qui n’est nullement l’accroissement de la concurrence mondiale mais le désinvestissement massif des capitaux de la sphère de production vers celle de la spéculation et du tout bancaire. C’est la cause de la chute de la production et des emplois productifs en 2000. C’est également la cause de la chute de 2007-2008 qui est due à l’accroissement fou de l’endettement poussé par ces capitaux spéculatifs qui jouent sur les dettes privées et publiques.

Pourquoi, crise ou pas crise, le capital ne s’est jamais massivement détourné de l’investissement productif et pourquoi le fait-il aujourd’hui ? La réponse est dans la masse du capital accumulé qui atteint des sommets. Le résultat est le fait que le grand capital se détourne de l’accumulation productive et se tourne vers le tout bancaire. La racine réelle de la crise n’est pas cette dette des Etats : c’est la crise de l’investissement productif du capital privé, la base même du capitalisme ! C’est l’investissement privé qui n’a pas repris depuis 2008….

La suraccumulation, c’est la rançon du succès du capitalisme qui a réussi au-delà de ses capacités à absorber les plus-values et à les réinvestir… La baisse de l’investissement, pendant près de vingt-cinq ans au plan mondial et plus de trente ans dans le cas des pays capitalistes centraux, ne renvoie pas l’image d’un système en expansion, mais plutôt d’un système dont nous, ou certains d’entre nous, aurions dit autrefois qu’il avait « achevé sa mission historique de développer les forces productives », pour n’être qu’un système marqué dans les mots de Lénine par « le parasitisme et la putréfaction ».

Même confronté à la suraccumulation et à la surproduction, à une situation où la masse de plus-value produite par les entreprises ne peut pas être réalisée, le Capital cherchera à assouvir sa soif illimitée de plus-value.

Mais pensez-vous que les travailleurs puissent supporter durablement d’être retransformés en misérables sans emploi, sans logis, sans nourriture et sans espoir ? Certainement pas et les pouvoirs capitalistes le savent si bien que toutes leurs mesures n’ont fait que retarder cet effondrement social pour préparer des contre révolutions : fascismes, dictatures et terrorismes comme guerres intestines de toutes les sortes, y compris la guerre mondiale.

Quelle est l’issue ? La seule issue, ce sont les prolétaires qui en détiennent la clef, et elle consiste à ses passer des fondements de l’économie capitaliste, historiquement morte, c’est-à-dire de la propriété privée des moyens de production, des matières premières, des entreprises et des capitaux, tous ces éléments dont le vol au prolétariat a donné naissance au capitalisme.

Certes, ce ne sont pas les travailleurs qui auront lancé cette nouvelle révolution mais ce sont les capitalistes qui y auront contraint le prolétariat, en retirant massivement aux prolétaires leurs emplois et tout ce qui va avec : le logement, la nourriture, les vêtements, l’éducation et la santé.

Eh bien, nous pourrons alors clamer haut et fort : le capitalisme est mort, adieu au capitalisme ! Et commencer à écrire l’histoire d’une société fondée sur la propriété collective des moyens de production et sur le bien-être de tous, au lieu de celui d’une infime minorité

Messages

  • Au final, le Maroc s’impose comme une impressionnante base low cost pour Renault. Avec ses faibles coûts salariaux (le salaire minimum mensuel est de 2570 dirhams, soit 238 euros), les nombreuses aides publiques aux zones franches (exonération de droits de douanes, taux réduit d’impôt...) et une logistique en progrès, le pays affiche une compétitivité qui ne cesse de s’améliorer du fait de l’augmentation des volumes. Si les salaires en Roumanie restent parmi les plus bas de l’Union européenne, les ouvriers de Mioveni touchent plus que la moyenne nationale et leur salaire est environ 2,5 fois plus important que celui des salariés de Renault au Maroc. En Roumanie, l’usine Pitesti du groupe au losange fait face depuis plusieurs années à des flambées de salaires qui l’ont obligé à lancer un plan d’automatisation. Quant à l’usine turque de Bursa, elle a connu en 2015 plusieurs mouvements de grève qui ont freiné sa base de coûts. Le Maroc a donc un boulevard devant lui. S’il a encore des défis à surmonter en termes de qualité et de coûts logistique, le pays devient le coeur, avec la Roumanie, des véhicules low cost du groupe - la Sandero représente plus de la moitié des volumes de Tanger, le reste se répartissant entre Dokker et Lodgy. Et le constructeur n’a pas renoncé à y implanter sa voiture à très bas coûts produite en Inde, la Kwid, pour une commercialisation en Europe. Enfin, la constitution d’une filière plus compétitive offre aussi une alternative en termes de sourcing pour les usines espagnoles du groupe, qui achètent de plus en plus de composants directement au Maroc plutôt qu’en Europe. Quant à l’Inde, le coût salarial horaire y est à moins de 10% de celui pratiqué en France ! Du coup, si l’avant-projet de la plate-forme "CMF-A" a été réalisé essentiellement au Technocentre de Renault à Guyancourt en France, le centre local de l’Alliance Renaut-Nissan dans les faubourgs de Chennai (ex-Madras, sud-est de l’Inde) s’est chargé "du développement physique du véhicule pendant trois ans". Coût d’investissement pour l’ensemble du projet : "420 millions d’euros", selon Gérard Detourbet. Soit "deux fois moins qu’un projet normal".

  • Un coup très bas… salaires

    Renault se glorifie d’un nouveau record : celui des « bas coûts » de son usine marocaine, qui dépassent les records établis précédemment en Roumanie, en Inde et dans le reste du monde. On sait cependant qui les paient les records : ce sont les salaires ! Les ouvriers du Maroc sont payés 350 euros mensuels, alors que ceux de Roumanie sont payés 950 euros mensuels à Dacia-Pitesi, et 925 à Bursa en Turquie ! Et 600 euros chez Avtovaz en Russie !!! Si les salaires en Roumanie restent parmi les plus bas de l’Union européenne, les ouvriers de Mioveni touchent plus que la moyenne nationale et leur salaire est environ 2,5 fois plus important que celui des salariés de Renault au Maroc. En Roumanie, l’usine Pitesti du groupe au losange fait face depuis plusieurs années à des grèves qui l’ont obligé à augmenter les salaires et à combattre les augmentations en… automatisant partiellement. Quant à l’usine turque de Bursa, elle a connu en 2015 plusieurs mouvements de grève qui ont freiné sa baisse des coûts. Mais la surexploitation aura, au Maroc comme ailleurs, une limite : la révolte des salariés !

  • Prestataires corvéables

    Les prestataires, Renault les estime bien rentables et pour cause : ils sont payés moins cher et travaillent à toute heure et souvent de 30 à 40% de plus que les salariés Renault. Au Technocentre, certains sont contraints de travailler parfois jusqu’à 20 heures (rentrant chez eux à 22 heures !) et n’ont, dans ce cas, même pas pu manger de toute la journée. Un véritable scandale !

  • Ainsi, Mister Glover était, mercredi 12 octobre, à Paris, sur l’esplanade des Invalides, avec une douzaine de ses compatriotes dans le but d’interpeller, à l’occasion du Mondial de l’automobile, Carlos Ghosn sur « le refus de Nissan de négocier avec ses travailleurs ». Sous un ciel radieux et devant quelques badauds – dont des touristes américains ébahis –, il a dénoncé les pratiques antisyndicales qui frappent les employés de l’usine Nissan de Canton, dans le Mississippi.

    Depuis douze ans, la direction de cet établissement empêche de fait la tenue d’un référendum – préalable, selon les règles du Mississippi –, à la création d’une section syndicale. « Nous réclamons seulement une consultation juste et honnête » plaide Morris Mock, ouvrier depuis quatorze ans à Canton, présent lui aussi à Paris.

    M. Mock décrit des manœuvres d’intimidation : séances vidéo obligatoires, organisées par la direction, expliquant que l’introduction de syndicats dans l’usine conduirait à sa fermeture, mise à l’écart des militants prosyndicat. Ainsi, explique Morris Mock :

    « Je prends de gros risques en venant ici. Je comprends que les gens pensent à leur famille d’abord, mais ce que fait Nissan là-bas est illégal. »

    Au premier rang du modeste cortège, deux femmes reprennent les chants du groupe de gospel qui les accompagne. Ce sont la mère et la sœur de Derrick Whiting. Ce père de trois enfants est mort il y a un peu plus d’un an après un malaise pendant qu’il travaillait sur la chaîne de montage. « Derrick est resté une heure allongé après sa syncope, dit sa sœur. Il n’a pas reçu les secours appropriés. » « Nous voulons savoir s’il est mort dans l’usine faute de soin », ajoute la mère.

    « Nous avons des alliés ici », lance Danny Glover à la cantonnade. Le combat des ouvriers de Nissan-Canton a, en France, le soutien de la CGT, de FO et de la CFDT. « C’est vrai qu’il y a deux discours chez Renault-Nissan, dit un syndicaliste de la firme au losange venu soutenir ses collègues américains. Dès lors qu’il s’agit de travailler aux synergies, nous ne faisons qu’un seul groupe. En revanche, en matière de droits sociaux, Carlos Ghosn prend le soin de séparer Renault et Nissan. »

    Le petit groupe mené par Danny Glover a aussi reçu l’appui de parlementaires venus de l’Assemblée nationale voisine : Sergio Coronado, député (EELV) des Français de l’étranger, et Christian Hutin, élu (chevénementiste) du Nord. « La France est le pays des droits d’association. Or, Renault, c’est la France et, du coup il y a un petit morceau de France dans Nissan, argumente Christian Hutin, qui soutient ce combat depuis plusieurs mois. Ce qui est fait à ces gens est inadmissible. Nous allons, avec l’aide de Danny Glover, faire venir Bernie Sanders à Paris pour continuer à faire pression sur Carlos Ghosn. »

    Le combat pour les droits syndicaux des ouvriers de Nissan devrait aussi obtenir le concours des gouvernements de Barack Obama et François Hollande. Dans les jours qui viennent, une lettre cosignée par les autorités des deux nations sera envoyée au patron de l’alliance Renault-Nissan.

    Pas sûr que cela fasse fléchir Carlos Ghosn. Cette manière de mettre les syndicats à distance constitue un système dans les Etats du sud des Etats-Unis, avec le soutien des gouvernements locaux. « Dans aucune usine d’un constructeur étranger installé au Mississippi, en Alabama ou au Tennessee, les salariés n’ont pas réussi à implanter de section syndicale », explique Jenny Holdcroft, secrétaire générale adjointe d’IndustriALL Global Union, un groupement international de syndicats de l’industrie. Des situations similaires à celles observées à Canton sont ainsi dénoncées dans l’usine de Volkswagen à Chattanooga, dans le Tennessee.

    Dans ces lieux, où les ouvriers sont dans leur immense majorité des Noirs Américains, le combat pour les droits syndicaux rappelle la lutte pour les droits civiques. « Nous ne sommes pas des robots, déclare Morris Mock. Carlos Ghosn doit entendre ce vieux slogan venu des années 1960 : “Nous sommes des hommes.” »

  • Ghosn annonce triomphalement mille embauches en CDI. C’est bien moins que les départs en retraite et en retraite anticipée « volontaire » (en fait imposée à la pression) ! Près de 10 000 personnes auront quitté l’entreprise à fin 2016, soit largement plus que les 8 260 départs inscrits dans l’ « accord » de 2013 ! Rien à voir avec les 9000 intérimaires et les 3600 prestataires dont le nombre augmente sans cesse !

  • PSA et Renault suppriment des dizaines de milliers de postes dans leurs usines ! PSA reconnaît qu’il supprime plus de 2000 emplois dans ses usines en 2017 et Renault n’en fait pas moins, toujours sous couvert de départs en retraite ou de « départs volontaires » aidés (en fait aidés à partir par des pression hiérarchiques et du harcèlement patronal !) même si le trust s’en cache plus, annonçant au contraire des embauches. D’année en année, Renault affirme mensongèrement créer au contraire des milliers d’emplois, évitant d’évoquer le grand nombre des postes qu’elle supprime en les mettant en parallèle avec le petit nombre de postes qu’elle crée et le fait que l’essentiel est précaire (intérimaires et prestataires). Le PDG Ghosn de Renault a besoin de faire semblant d’embaucher dans ses usines de France car la réalité est tout à fait l’inverse : elle se développe à l’international en abandonnant systématiquement sa base Renault et en se tournant à la fois vers la Chine, le Maroc, la Turquie, la Russie et surtout en fondant le nouveau concept chargé de remplacer Nissan-Renault, à savoir Nissan-Mitsubishi. Les prétendus bras de fer entre Macron et Ghosn ne sont que la partie immergée de l’iceberg : la volonté de Ghosn de mettre à l’écart Renault de manière discrète et progressive dans son conglomérat de trusts. Mais au-delà de ces objectifs des trusts automobiles pour se positionner dans la concurrence mondiale, en sacrifiant les emplois, il y a la tendance générale au désinvestissement productif du grand capital et aux suppressions massives d’emplois, tendance qui n’est pas le produit de la baisse des ventes mais de la baisse des investissements privés dans la production et de la hausse massive des investissements financiers et en particulier des investissements dans les dettes mondiales, publiques comme privées, investissements encouragées par le soutien des Etats et des banques centrales.

  • Direction de PSA : du côté des départs, la direction mise sur une hausse des « mobilités externes sécurisées » (projet professionnel vers un autre employeur, congé de reclassement ou de transition professionnelle, etc.), espérant convaincre « au moins 1 025 salariés », contre 650 espérés en 2016. En revanche, elle n’envisage que 983 « congés seniors » l’année prochaine, là où près de 1 600 étaient attendus en 2016. Avec ce dispositif, les salariés peuvent partir plusieurs années avant l’âge légal de retraite (jusqu’à 5 ans à Rennes et Poissy), avec 70 % ou 75 % de leur rémunération brute.

    Des congés « longue durée » sont aussi prévus pour environ 125 salariés. Payés 600 euros brut par mois et assortis d’une prime, ils permettent aux volontaires de quitter l’entreprise pendant deux ans maximum.

  • Renault est en train de négocier un nouvel accord de compétitivité après celui de 2013. Dans ce cadre, un projet de modulation du temps de travail présenté la semaine dernière fait réagir de nombreux salariés.

    Alors que les résultats commerciaux et financiers sont au beau fixe, la direction tente d’accroître lourdement la flexibilité des horaires. Le projet permettrait l’instauration de périodes hautes (jusqu’à 6 mois cumulés sur l’année) avec des horaires pouvant être augmentés de 1h30 maxi tous les jours ou avec des samedis obligatoires. Tout cela sans paiement d’heures supplémentaires puisque ces heures ou jours pourraient être récupérés en repos imposés par la direction dans des périodes basses.

    Aujourd’hui jeudi 27 octobre, sur plusieurs sites de Renault (usines et ingénierie), des débrayages pour protester contre ce plan ont été appelés par la CGT.

    Au centre technique de Lardy (centre de R&D spécialisé dans le développement des organes mécaniques du constructeur et qui compte 1100 salariés Renault et 1000 prestataires environ), plus de 130 salariés ont débrayé pendant 1 heure, à l’appel de la CGT et de SUD, pour marquer leur refus de payer de leur vie personnelle de nouveaux millions d’euros versés aux gros actionnaires et aux hauts dirigeants de l’entreprise.

    Cette première manifestation de la colère qui couve face aux 7000 suppressions d’emplois depuis 2013 dans le groupe Renault, à la dégradation des conditions de travail, à la hausse de la charge de travail et au gel des salaires, appellera d’autres mobilisations pour contrer les mauvais coups préparés par la direction pour son nouvel accord de compétitivité.

  • Confronté aux revendications de ses ouvriers dans son usine Oyak, en Turquie, Renault a choisi la voie de la répression. La firme automobile française a annulé les élections syndicales prévues le 29 février, licencié des dizaines d’ouvriers dont plusieurs délégués syndicaux, et appelé la police à la rescousse pour briser leurs manifestations.

    L’usine Oyak de Renault, qui affiche une capacité de production de 360 000 véhicules par an, est une joint-venture entre Renault et le fonds de pension de l’armée turque. Située dans la ville de Bursa, elle emploie environ 5000 ouvriers.

    Des élections syndicales devaient s’y tenir le 29 février dernier, qui ont été annulées à la dernière minute par la direction de l’usine. Celle-ci a allégué des pressions exercées par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale de Turquie. Selon la Confédération syndicale IndustriALL, Renault a annoncé en même temps la mise à pied de dix ouvriers, dont deux représentants du personnel.

    En réponse, les ouvriers ont fait grève et bloqué l’usine. Choisissant la manière forte, la direction de Renault a appelé la police pour déloger les manifestants, ce qui a donné lieu à des affrontements et des tirs de gaz lacrymogène. Une vingtaine d’ouvriers ont été arrêtés, et plusieurs dizaines d’autres ont été soit licenciés, soit mis à pied. Effet de cette atmosphère de terreur ? Le travail a repris dans l’usine le 2 mars.

    Au printemps 2015, l’usine de Renault à Bursa avait été le point de départ d’un conflit social de deux semaines, qui s’était étendu à d’autres usines automobiles de la région. Au terme de leur mouvement, les ouvriers avaient obtenu des augmentations de salaires, ainsi que le droit de choisir librement leurs représentants.

    À l’arrière-plan de ce conflit social, il y aurait aussi la volonté de Renault et du gouvernement turc de préserver la mainmise du syndicat « officiel » proche du gouvernement AKP, au détriment du syndicat Birlesik Metal-Is, indépendant et affilié à IndustriALL. Les faits survenus à Bursa seraient donc à remettre dans le contexte de la vague de répression qui s’abat actuellement sur la société civile turque.

  • Certains syndicats signent l’accord compétitivité du patron de Renault. Résultat : Renault dégage les meilleures marges de son histoire, vise à poursuivre les efforts engagés. Il introduit une plus grande flexibilité dans les usines. Si le volontariat le samedi ne suffit pas, le texte prévoit la mise en place pour la première fois de l’ « overtime » ou « débordement » déjà en place chez Toyota ou PSA. Le tout afin de pouvoir rallonger la journée de travail d’une heure par jour - payée en heure supplémentaire. Un dispositif obligatoire qui ne pourra être activé qu’avec un délai de quinze jours, avec un maximum de huit séances par mois et cinquante par an.

  • Brahim E. avait été embauché en 2001, l’ingénieur avait connu une solide ascension jusqu’à devenir directeur de l’ingénierie de la marque au losange au Maroc, puis directeur programme adjoint de la région Europe sur les projets transverses. Évaluations au beau fixe, bonne progression de carrière : tout laissait penser que le cadre du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) donnait pleine et entière satisfaction à Renault. Mais, fin septembre, le constructeur automobile réalise qu’une version du Dokker produite dans l’usine de Tanger n’est pas homologable. Dans le but de réaliser des économies, une serrure a été enlevée sur une porte, ce qui rend le véhicule non conforme. Une modification qui aurait été apportée sans être passée par l’étape d’homologation interne au groupe. Un système de baisse de coûts perpétuelle Le bilan économique pour le constructeur est lourd : 43 000 véhicules auraient été rappelés. En tant que directeur de l’ingénierie au Maroc, c’est Brahim E. qui est tenu responsable par Renault. Le 23 novembre, son employeur le convoque à un entretien préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Bouleversé par la procédure qu’il estime « totalement infondée, profondément injuste », explique la CFDT qui l’accompagnait à cet entretien, Brahim E. fait un malaise cardiaque et décède dans la nuit à l’hôpital. Il avait 44 ans et laisse derrière lui une femme et trois enfants. Depuis, Renault verrouille la communication sur cette affaire, que ce soit vis-à-vis de la presse ou de ses salariés. Jointe par téléphone, la direction s’est simplement dit « attristée et choquée » et annonce avoir mis en place « une cellule psychologique dès le lendemain du décès », jugeant en outre que le fait d’établir des liens entre l’organisation du travail et ce décès n’était « pas pertinent ». Pour le reste, Renault se retranche derrière l’enquête de police en cours. En interne, la direction a mis une semaine à communiquer, par le biais d’un mail particulièrement elliptique, dans lequel l’entretien est pudiquement renommé « entretien avec un représentant de l’établissement ». Mais le CHSCT s’étant autosaisi pour enquêter, le constructeur se retrouve néanmoins sommé de rendre des comptes à la commission ad hoc. Car derrière le cas de Brahim E, tout un système de baisse de coûts perpétuelle est en cause. « Un seul homme n’a pas pu faire de telles modifications sur un véhicule et décider d’outrepasser l’homologation. Il y a forcément d’autres personnes qui étaient au courant », souligne Dominique Perrot, délégué syndical CGT sur le site, pour qui Brahim a joué le rôle de « lampiste ». D’autant que la conception du Dokker avec une serrure en moins se serait étalée sur trois ans, avant d’arriver en production.

  • Renault a-t-il, pendant des années, modifié les performances de ses moteurs afin qu’ils respectent les normes antipollution… uniquement pendant les tests d’homologation ? La question se pose, de manière lancinante, à la lecture d’un document accablant le constructeur automobile français. Il s’agit d’un procès-verbal (PV) rédigé par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), que Libération a pu consulter. Le gendarme de Bercy a rédigé ces 39 pages en novembre 2016, après plusieurs semaines d’enquête. Il met en lumière le comportement de Renault en matière d’émissions polluantes et se montre sévère : « Renault SAS a trompé les consommateurs sur les contrôles effectués et notamment le contrôle réglementaire de l’homologation sur les émissions de polluants […]. La société a utilisé une stratégie ayant pour objectif de fausser les résultats des tests antipollution. » Cette pièce est aujourd’hui la clé de voûte de l’enquête judiciaire ouverte par le parquet de Paris le 12 janvier et confiée à trois juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris, spécialisés dans les atteintes à la santé publique.

  • Renault, soupçonné de recours à un logiciel truqueur pour les tests anti-pollution de ses véhicules diesel, s’expose à des répercussions dépassant le cadre judiciaire. Tour d’horizon de l’impact potentiel pour le constructeur automobile français de cette affaire née d’un scandale qui a d’abord éclaboussé le géant allemand Volkswagen.

    Aux termes du code de la consommation, la tromperie est punie d’un emprisonnement de deux ans et/ou d’une amende de 300.000 euros. Mais l’amende peut être portée à 750.000 euros et l’emprisonnement à sept ans en cas de circonstance aggravante.

    Le Code prévoit en outre que le montant de l’amende puisse être porté à 10% du chiffre d’affaire du professionnel, proportionnellement à l’avantage tiré du manquement. La DGCCRF, dans son rapport, à estimé l’amende maximale de Renault à 3,58 milliards d’euros.

    L’enquête va devoir déterminer si les faits de tromperie sont établis, et les éventuelles responsabilités, alors que la DGCCRF a estimé dans son rapport que "l’ensemble de la chaîne de direction" de Renault jusqu’à son PDG Carlos Ghosn était impliquée.

    Mais les plus menacés sont, bien entendu, les travailleurs de Renault puisque les patrons répercutent sur leurs salariés toutes les pertes... Voir ce qui est arrivé aux salariés de Volkswagen !!!

  • ON ROULE POUR GHOSN…

    … OU ON TOMBE EN PANNE ?

    Pour la deuxième année d’affilée, Renault affiche des ventes et des profits record. Avec, à la base, un record des blocages de salaires et de la précarisation des emplois... Des résultats considérés par Ghosn comme sa réussite stratégique, qui fixe maintenant un nouveau cap : passer de 50 à 70 milliards de ventes annuelles. De nouveaux objectifs qui supposent qu’on se crève encore plus au boulot pour gagner des clopinettes !!! Le logiciel truqué qui sert à cacher les vraies performances chez Renault, on le connaît : c’est celui des objectifs ambitieux des plans stratégiques sur notre dos (baisses de salaires, suppressions d’emplois, hausse de l’externalisation et de la précarité, pressions, charges de travail…) ! Avec, au bout, les plans ambitieux du « maestro » uniquement pour ses propres salaires et ceux de quelques hauts cadres ! Pas étonnant que Nissan (dont il reste président du conseil d’administration ainsi que de l’alliance !) en ait eu marre d’un PDG aussi coûteux ! La meilleure blague, c’est le commentaire de la presse : Ghosn quitterait les Nissan pour mieux s’occuper des Renault ! Il y a de quoi se faire du souci…

  • PAS MENTEUR, PAS TRICHEUR.....

    Le problème de pollution des Renault a fait sortir de sa réserve CG, qui a soutenu que Renault ne trichait pas. Effectivement, on sait que l’on peut lui faire confiance. N’avait-il pas été exemplaire de sincérité et de vérité sur l’affaire des espions ? Pour faire taire les rumeurs de triche, qui de toutes façons, ne pourraient être cautionnées, parlant d’un homme d’une telle probité, d’un tel talent, que l’est monsieur Carlos, sachez que les Renault respectent les normes pendant le cycle d’homologation. Et si les clients roulent en dehors des conditions du cycle, cet emploi inapproprié, voir abusif, ne peut pas être de la responsabilité de la direction Renault...

  • Le trust automobile Renault déclare, le cœur sur la main des ses dirigeants, qu’i l n’a pas triché dans les procédures d’homologation antipollution de ses véhicules, qu’il a seulement « optimisé » les résultats, c’est-à-dire considéré ceux-ci de manière optimiste, c’est-à-dire à mené des tests dans les seules conditions où les tests donnaient de bons résultats du « piège à NOX » et de la vanne EGR ». Pas de sa faute si les automobilistes ne peuvent pas, dans une conduite dans des conditions normales, se retrouver dans les mêmes « conditions optimales ». Pas sûr que cette défense soit optimale pour convaincre les juges de l’innocence du trust Renault !!!

  • Brahim E. avait tout du cadre accompli chez Renault. Embauché en 2001, l’ingénieur avait connu une solide ascension jusqu’à devenir directeur de l’ingénierie de la marque au losange au Maroc, puis directeur programme adjoint de la région Europe sur les projets transverses. Évaluations au beau fixe, bonne progression de carrière : tout laissait penser que le cadre du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) donnait pleine et entière satisfaction à Renault. Mais, fin septembre, le constructeur automobile réalise qu’une version du Dokker produite dans l’usine de Tanger n’est pas homologable. Dans le but de réaliser des économies, une serrure a été enlevée sur une porte, ce qui rend le véhicule non conforme. Une modification qui aurait été apportée sans être passée par l’étape d’homologation interne au groupe. Un système de baisse de coûts perpétuelle Le bilan économique pour le constructeur est lourd : 43 000 véhicules auraient été rappelés. En tant que directeur de l’ingénierie au Maroc, c’est Brahim E. qui est tenu responsable par Renault. Le 23 novembre, son employeur le convoque à un entretien préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Bouleversé par la procédure qu’il estime « totalement infondée, profondément injuste », explique la CFDT qui l’accompagnait à cet entretien, Brahim E. fait un malaise cardiaque et décède dans la nuit à l’hôpital. Il avait 44 ans et laisse derrière lui une femme et trois enfants. Depuis, Renault verrouille la communication sur cette aff aire, que ce soit visà-vis de la presse ou de ses salariés. Jointe par téléphone, la direction s’est simplement dit « attristée et choquée » et annonce avoir mis en place « une cellule psychologique dès le lendemain du décès », jugeant en outre que le fait d’établir des liens entre l’organisation du travail et ce décès n’était « pas pertinent ». Pour le reste, Renault se retranche derrière l’enquête de police en cours. En interne, la direction a mis une semaine à communiquer, par le biais d’un mail particulièrement elliptique, dans lequel l’entretien est pudiquement renommé « entretien avec un représentant de l’établissement ». Mais le CHSCT s’étant autosaisi pour enquêter, le constructeur se retrouve néanmoins sommé de rendre des comptes à la commission ad hoc. Car derrière le cas de Brahim E, tout un système de baisse de coûts perpétuelle est en cause. « Un seul homme n’a pas pu faire de telles modifi cations sur un véhicule et décider d’outrepasser l’homologation. Il y a forcément d’autres personnes qui étaient au courant », souligne Dominique Perrot, délégué syndical CGT sur le site, pour qui Brahim a joué le rôle de « lampiste ». D’autant que la conception du Dokker avec une serrure en moins se serait étalée sur trois ans, avant d’arriver en production.

  • La direction méprise aussi les ingénieurs

    On se souvient que la direction prétendait comparer les salaires et les performances des ingénieurs de France à ceux de l’Inde ! On se souvient qu’à l’occasion d’une réunion de négociation du nouvel accord de compétitivité en novembre, le directeur de l’ingénierie, Gaspard Gascon, avait tenu des propos incroyables concernant les ingénieurs et leur management. « Sous-traitance à efficacité médiocre », « management qui manque de rigueur », « techniciens et ingénieurs ringardisés ». « Si demain, un ingénieur passe une étape de réalisation d’outillage sans réunir les conditions, je le vire, je le change de poste ! » On se souvient aussi de la mort de Brahim E., décédé d’une crise cardiaque suite à sa mise en cause dans ratage d’une version du Dokker produite dans l’usine de Tanger et n’était pas homologable. Les ingénieurs sont de moins en moins nombreux pour travailler, sur des objectifs de plus en plus compliqués, avec des délais de plus en plus courts. Au moindre pépin, c’est l’ingénieur qui trinque et pas la direction ! A ceux des ingénieurs qui penseraient que la lutte des classes, c’est seulement pour leurs subalternes, la direction se charge de rappeler la réalité : les salariés sont tous des prolétaires ! A eux d’en avoir conscience !

  • Ghosn voudrait privatiser Renault ?

    « Le jour où l’État français décide de sortir du capital de Renault, tout est ouvert. Et je peux vous dire que ça ne prendra pas beaucoup de temps. » avait déclaré Ghosn lors d’une conférence avec des analystes financiers, en marge de la présentation des excellents résultats de Renault pour 2016. Or l’État français est toujours le principal actionnaire de Renault, dont il détient depuis 2015 19,74 % du capital. Fin janvier, à l’occasion de la publication du rapport de la Cour des comptes sur les participations de l’État, une note envoyée par Renault à la juridiction indépendante, où le constructeur accusait carrément les pouvoirs publics de conflit d’intérêts, avait refait surface. La Cour des comptes, elle, avait profité de son rapport pour critiquer vertement la stratégie de l’État actionnaire à la fois pour son interventionnisme, mais aussi paradoxalement pour n’avoir pas réussi à peser pour limiter la rémunération de Carlos Ghosn, qui était passé outre la décision de l’assemblée générale des actionnaires pour s’augmenter. Pour faire passer sa rémunération 2016 en toute tranquillité, le PDG de Renault a trouvé la parade : il a repoussé l’assemblée générale des actionnaires en juin, après l’élection présidentielle ! Mais, en ce qui concerne la sortie de l’Etat des actionnaires de Renault, il suffira que le gouvernement manque d’argent dans ses caisses, ce qui va certainement arriver ! Compter sur l’Etat pour nous défendre face à Ghosn, c’est s’appuyer sur une planche pourrie, on l’a bien vu dans le bras de fer Macron/Ghosn, quand Macron était ministre. Il n’en sera pas différemment avec Macron président !

  • Et son bilan ?

    Carlos Ghosn, qui vient encore de se faire flasher au dieselgate, caracole en tête des patrons les plus courtisés par la bourgeoisie mondiale mais, nous salariés, ne le voyons pas sous le même jour ! Il a supprimé 23 546 emplois chez Renault, grâce à cela il a reversé plus de 4,5 milliards d’euros aux actionnaires, s’est lui-même récompensé de près de 25 millions de salaire et a augmenté ses directeurs de 10 %. Flashé en excès de vitesse salariale, Carlos l’a déjà été maintes fois mais pas pour les salaires de ses employés maintenus de force en AGS zéro !! Depuis le premier accord de compétitivité de 2013, qui avait avalisé plus de 8.000 suppressions d’emplois dans le groupe, les effectifs de Renault ont fondu dans les usines, mais aussi en ingénierie.

  • Et où est le principe pollueur-payeur ?

    Dans le prolongement du dieselgate, une nouvelle étude publiée par le ministère de l’environnement démontre que la pollution de certains modèles peut être multipliée par 2,5 en fonction de la vitesse et des conditions de conduite. La Renault Clio et la Fiat 500 sont pointées du doigt. Dans le prolongement du rapport publié le 5 mai sur les tests de pollution des voitures diesel, de nouvelles études montrent que sur certains modèles des taux de gaz polluants peuvent être multipliés par 2,5 rien qu’en changeant le rythme ou la vitesse du véhicule. Les écarts enregistrés entre les performances de certains moteurs en laboratoire et leur utilisation en conditions réelles révèlent que le seuil d’émission de dioxyde de carbone (NOX) serait supérieur à la normale de 377 % pour le moteur des modèles Captur et de 305 % sur la Clio IV, d’où les conclusions de la DGCCRF. Mais les trusts automobiles, loin de payer pour les pollutions qu’ils occasionnent, se retournent contre les salariés dès qu’ils sont désignés du doigt. La variable d’ajustement, en cas de pépin, c’est toujours les emplois !!!

  • C’est pas ça un numéro un !

    En mars dernier, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est passée numéro un auto mondial (992.000 véhicules soit +11%) ! Pas pour les embauches ! Pas pour les salaires ! Pas pour les conditions de travail ! Non, seulement pour les ventes de véhicules !

  • Alors que Renault et PSA ont renoué avec les bénéfices, les sous-traitants français ne sortent pas tous leur épingle du jeu. A l’image du creusois GM&S Industry.

    GM&S Industry à La Souterraine, un nouveau drame de la désindustrialisation après Whirlpool. 279 salariés et leurs familles sont suspendus à la probable liquidation de cet équipementier automobile, faute de commandes suffisantes de ses deux principaux clients, Renault et PSA.

  • Renault est très fier de produire au Maroc mais il faut dire que les salaires marocains y sont pour quelque chose !!! L’usine de Tanger est conçue comme complémentaire à celle de Pitesti en Roumanie. Tunç Basegmez, directeur de l’usine marocaine, ne s’en cache pas : « Le salaire mensuel est, ici, 2,5 fois plus avantageux qu’en Roumanie. » Jacques Prost, directeur de Renault Maroc, ne l’affirme pas officiellement, mais il est quasi certain que l’usine de Tanger, lorsqu’elle tournera à pleine puissance et aura surmonté quelques légers ratés au démarrage, sera nettement plus rentable que celle de Roumanie. Et au moins au même niveau de coût que l’usine techniquement sœur de Nissan à Chennai en Inde. Le salaire mensuel d’un ouvrier à Melloussa est d’un peu plus de 3000 dirhams, soit l’équivalent de 280 euros.

  • Le royaume marocain n’a pas lésiné sur les moyens pour séduire Renault. Le tapis rouge a été déroulé sous forme de lourdes dépenses d’infrastructure, de cofinancement du projet qui a nécessité un investissement de 1,1 milliard d’euros, de rabais fiscaux, et de soutien financier à la formation. Le Maroc a construit, à grands frais, pour les besoins de l’usine Dacia, une ligne de chemin de fer à voie unique. Les rails se faufilent jusqu’au port entre les collines bardées de viaducs. Outre l’exemption de TVA, Renault ne paie pas d’impôt sur le bénéfice (23% pour les entreprises autochtones) durant cinq ans, et a obtenu un taux réduit à 8% durant les quinze années suivantes. Les autorités, pour favoriser la formation et l’emploi, ont construit, à leurs frais pour 8 millions d’euros, une école professionnelle installée sur le site de Renault. Dans un premier temps elle est uniquement utilisée pour la formation des employés et cadres marocains embauchés pour la chaîne de production de véhicules à bas prix. Plus de 750 000 heures de formation ont été dispensées. Les autorités marocaines versent au groupe automobile entre 2000 et 6000 euros par personne formée. « Cela couvre très largement les frais de formation, mais on s’engage, en contrepartie, à partager notre savoir-faire et à ouvrir, à terme, le centre à d’autres industriels de l’automobile », explique un cadre de l’usine. « Contrairement à d’autres pays, il n’y a pas de tradition de construction automobile au Maroc, mais le niveau scolaire est bon », confie Tunç Basegmez.

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