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USA - Massacres raciaux ou lutte de classes, c’est le seul choix !

vendredi 15 juillet 2016, par Robert Paris

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Les classes dirigeantes américaines préfèrent la guerre raciale entre noirs et anti-noirs que la lutte des classes entre exploiteurs et exploités !!!

Obama, avec un air consterné, et Bush, avec un air triomphant, ont participé à Dallas à une cérémonie en faveur des policiers tués par un noir, ancien soldat. Mais ils n’ont pas fait une telle cérémonie pour les très nombreux noirs assassinés par des policiers blancs et racistes.

Les classes dirigeantes américaines, comme leurs hommes politiques de tous bords, ne cherchent nullement à empêcher leurs « forces de l’ordre » de cesser d’agir de manière criminelle et raciste impunément (le plus souvent sans le moindre jugement). Non, elles cherchent à détourner vers une guerre de race la situation économique et sociale qui ne manquera pas d’exploser dès que la prochaine crise financière aura fissuré de haut en bas les petites digues des fonds publics de l’Etat et de la FED pour retarder l’effondrement du système capitaliste.

La révolte des noirs a mille raisons d’exploser et la présidence d’Obama n’a rien changé à leur sort… Aujourd’hui, 46 % des enfants noirs de moins de six ans sont élevés dans des familles pauvres, contre 14,5 % des Blancs. Ces pourcentages n’ont pas changé depuis 2008. Un jeune Noir sans diplôme a 37 % de risque d’aller en prison et seulement 26 % d’avoir un emploi rémunéré. La moitié des Noirs âgés de moins de 23 ans sont passés par la case prison. Lorsqu’ils ont, si l’on peut l’écrire, la chance d’y parvenir et ne tombent pas sous les coups d’une police qui est devenue la plus brutale de tous les pays démocratiques. Jamais Obama n’a rien fait pour diminuer la violence des forces de police ni leur racisme pas plus que pour améliorer la situation des noirs. Par contre, l’opposition à Obama a de plus en plus été une opposition raciste comme le montre la candidature de Trump, ouvertement raciste et fasciste.

La montée d’affrontements entre noirs et policiers peut servir aux classes dirigeantes à rendre plus dure la réaction de l’Etat, rendre plus policière encore la société et plus raciste aussi, en poussant les blancs à se sentir menacés par les noirs et inversement. L’objectif serait d’empêcher toute unité entre blancs et noirs dans des luttes sociales ou des révolutions sociales que les classes dirigeantes estiment menaçantes du fait d’une prochain effondrement financier et économique menaçant.

Les États-Unis sont à l’orée de grandes convulsions sociales et politiques. Au cours de l’année écoulée, la radicalisation politique croissante des travailleurs et des jeunes s’est manifestée dans le soutien à un Bernie Sanders qui se présentait comme socialiste et axait sa campagne sur la question de l’inégalité sociale et du pouvoir de la « classe des milliardaires. » Alors que Sanders s’apprête à soutenir Clinton et cherche à convaincre ses partisans de soutenir la candidate de Wall Street et de l’appareil militaire et de renseignement, les médias et le Parti démocrate cherchent à changer de sujet : de l’inégalité sociale on passe à la politique ethnique et identitaire.
La rapidité avec laquelle les médias et l’establishment politique ont cherché à faire des meurtres policiers une simple question d’ethnie reflète la crainte que l’opposition généralisée à la violence policière ne converge avec la radicalisation sociale et politique croissante de la classe ouvrière.

Mais c’est précisément ce qui est nécessaire. La lutte contre la violence policière, comme la défense de tous les droits démocratiques, ne peut avancer que sur la base d’une lutte pour unifier la classe ouvrière, tous groupes ethniques confondus, dans une lutte commune contre le système capitaliste.

Après Orlando

Alors que l’on continuait de réaliser l’ampleur stupéfiante du massacre perpétré dimanche à la discothèque Pulse d’Orlando en Floride, il était impossible d’ignorer le fait que les deux principaux partis capitalistes n’ont pas perdu de temps pour tenter d’exploiter cette tragédie aux fins les plus réactionnaires.
Le sang des victimes a à peine séché et de nombreuses questions subsistent quant à la confluence précise des motifs religieux, droitistes, homophobes et autres qui ont poussé le tireur Omar Mateen, mort dans une pluie de balles tirées par la police, à passer aux actes. Mais cela n’a pas empêché les candidats présidentiels les plus probants de leur course respective, tant démocrate que républicain, de se précipiter pour livrer un discours lundi l’un après l’autre en faveur d’une escalade guerrière à l’étranger et de la répression au pays.
La démocrate Hillary Clinton a déclaré que le massacre de 49 personnes innocentes à la discothèque gaie d’Orlando était un exemple de « la barbarie des djihadistes radicaux à laquelle nous sommes confrontés ». Le républicain Donald Trump a pour sa part déclaré à ses partisans que le massacre était le produit de « l’importation du terrorisme islamique radical en Occident à cause d’un système d’immigration qui a échoué ».
Or les informations révélées à propos de l’homme qui a perpétré le massacre ont peu en commun avec la rhétorique et les conclusions proposées par les deux candidats.
Tout d’abord, il s’agit d’un citoyen américain, né à New York, et non pas d’un immigrant. Ses collègues, les membres de sa famille comme d’autres personnes, l’ont décrit comme nourrissant une haine pathologique, non seulement à l’endroit des homosexuels, mais aussi des Afro-Américains, qu’il qualifiait régulièrement de « nègres » qui devraient tous être tués. Ce genre de racisme est la marque de commerce non pas de l’État islamique ou d’Al-Qaïda, mais plutôt des suprématistes blancs aux États-Unis mêmes, ces mêmes éléments qui sont responsables de nombreuses autres attaques homophobes.
Les collègues de Mateen ont également décrit qu’il présentait des comportements caractéristiques des personnes atteintes de maladies mentales ou émotionnellement instables, un fait qui s’applique également à pratiquement tous ceux qui ont été impliqués dans de telles atrocités. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs compte tenu du caractère profondément anormal, antisocial et aléatoire de ses actes ?
Même le FBI et la police ne prennent pas au sérieux comme une indication de contact réel avec la milice islamiste le fait qu’en plein chaos Mateen ait composé la ligne d’urgence 911 pour déclarer son allégeance à l’État islamique. En outre, selon les rapports qui ont fait surface lundi en fin de journée, Mateen avait lui-même visité régulièrement la boîte de nuit Pulse, y ayant été vu en train de consommer beaucoup d’alcool, et il était actif sur le site de rencontres gai Jack’d.
Ce qui est encore plus tragique est que ce type d’atrocité survient aux États-Unis avec une terrible fréquence. Le pays subit en effet littéralement plus d’une tuerie collective par jour.
Compte tenu de cette réalité, il est impossible de comprendre une tragédie comme le massacre d’Orlando simplement en examinant les motivations de la personne responsable. Quand une société produit un nombre important de personnes souffrant de problèmes mentaux traumatiques les motivant à commettre un assassinat de masse, cela ne peut être que l’expression de quelque chose de profondément malade au sein de la société même.
La fréquence de ces tragédies a augmenté en tandem avec les guerres sans fin que les États-Unis ont menées à l’étranger depuis la première guerre du Golfe en 1991, ainsi qu’avec la croissance sans précédent des inégalités sociales.
Le plus sanglant de ces événements a été l’attentat à la bombe perpétré avec un camion rempli d’explosifs contre l’édifice fédéral d’Oklahoma City par Timothy McVeigh, un ancien combattant de la guerre du Golfe, profondément aliéné, qui était impliqué dans le milieu des milices d’extrême droite en avril 1995. Cette attaque a tué 168 personnes et en a blessé des centaines d’autres.
De nombreux autres massacres perpétrés dans les années qui ont suivi se démarquent en termes de nombre de décès, notamment :
• Le massacre de l’école secondaire Columbine au Colorado en 1999, où deux étudiants ont tué 13 personnes et en ont blessé 24 autres.
• La tuerie de Virginia Tech en 2007, où un étudiant a tué 32 personnes et en a blessé 17 autres avant de s’enlever la vie.
• La fusillade de l’American Civic Association à Binghamton, dans l’État de New York où, en 2009, un immigrant vietnamien âgé de 42 ans a tué 13 personnes et en a blessé quatre autres avant de se suicider.
• La fusillade de Fort Hood, au Texas, également survenue en 2009, au cours de laquelle le major Nidal Malik Hasan, un psychiatre de l’armée, a tué 13 personnes et en a blessé 30 autres.
• Le massacre de l’école élémentaire Sandy Hook à Newtown, dans le Connecticut, où en 2012 Adam Lanza a tué 26 personnes – la plupart des jeunes enfants – avant de se suicider.
• La tuerie dans le quartier de Navy Yard à Washington en 2013, où un ancien réserviste de la Marine a tué 12 personnes avant que la police ne l’abatte.
• Le massacre perpétré dans une église de Charleston, en Caroline du Sud où en juin 2015, un tireur blanc âgé de 21 ans a tué neuf Afro-Américains lors d’une séance de prière, dans l’espoir de déclencher une guerre raciale, comme il l’a déclaré par la suite.
• La tuerie du Centre régional Inland de San Bernardino, en Californie, où, en décembre 2015, Syed Farook, 28 ans, accompagné de Tashfeen Malik, 27 ans, ont tué 14 personnes avant de perdre la vie dans une fusillade avec la police.
Les tueries moins sanglantes où trois, quatre ou cinq personnes sont tuées passent maintenant largement inaperçues.
Pas plus les politiciens que les médias ne prennent le soin d’examiner les racines sociales de ce cycle sans fin de massacres en série.
Les discours cyniques et malhonnêtes de Clinton et Trump lundi ne cherchaient pas à éclairer le public sur la nature réelle de ce problème, mais plutôt à polluer l’environnement politique et à abaisser la conscience de la population américaine. Essentiellement, en dépit de leurs dénonciations réciproques de l’un l’autre, il y a peu de différences entre eux.
Les deux discours avaient pour objectif d’exploiter la tragédie vécue par des personnes innocentes qui ont perdu la vie, ainsi que leurs familles et amis, afin de légitimer un programme réactionnaire déjà en place. Les deux candidats ont appelé en effet à « accentuer » les interventions militaires et les bombardements des États-Unis au Moyen-Orient, comme si les gens de cette région du monde ravagée par la guerre étaient responsables de l’attaque contre une boîte de nuit à Orlando ! L’objectif évident ici est d’exploiter la tragédie d’Orlando pour tenter de saper les sentiments antiguerre du peuple américain, de façon à favoriser non seulement l’escalade guerrière contre des pays comme l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie, mais aussi les menaces de guerre contre la Russie et la Chine.
Clinton a parlé d’agir pour « renforcer nos défenses » aux États-Unis mêmes, entendant par là une intensification des attaques contre les droits démocratiques et l’utilisation des méthodes des États policiers.
Pour sa part, Trump s’est livré à une diatribe fasciste dans laquelle il a réitéré sa proposition d’interdire aux musulmans d’entrer aux États-Unis, et a exposé une fois de plus son chauvinisme anti-immigrant enragé, faisant un rapprochement démagogique entre les immigrés et le terrorisme, mais aussi avec la baisse des salaires et la dégradation des infrastructures américaines. Il a également accusé les musulmans vivant aux États-Unis de « savoir ce qui se passe » dans l’ensemble par rapport aux attaques planifiées et a dit qu’ils devraient soit « coopérer » ou faire face à « de graves conséquences ».
Les deux candidats se sont cyniquement présentés comme le meilleur ami de la communauté gaie dans une tentative évidente de rallier une nouvelle cohorte derrière leurs propos réactionnaires.
C’est Clinton cependant qui a prononcé la ligne la plus révélatrice – et du coup la plus effrayante – en invoquant les attaques terroristes du 11 septembre 2001 et en déclarant en conclusion qu’« il est temps de revenir à l’esprit de ces jours-là, l’esprit du 12 septembre ».
Or c’est justement dans cet « esprit du 12 septembre » que Washington a lancé, sur la base de mensonges, la guerre d’agression illégale contre l’Irak. C’est également dans ce même « esprit » qu’a été adopté le Patriot Act, qu’a été ouvert le camp de prisonniers de Guantanamo, qu’a été mis en place le réseau des centres de torture des « sites noirs » à travers le monde et que le Président s’est arrogé le droit de détenir indéfiniment toute personne sans accusation ou procès, y compris des citoyens américains.
Clinton a soutenu à l’époque toutes ces mesures et veut maintenant récupérer les 49 morts d’Orlando pour justifier rétroactivement ses propres crimes politiques qui ont entrainé des millions de morts, de blessés et de réfugiés.
Dans la mesure où Clinton affirme qu’il y a un lien direct entre le tireur d’Orlando et le « génocide » perpétré par l’État islamique au Moyen-Orient – une affirmation qui est très discutable – il est nécessaire de souligner son rôle dans l’émergence de l’État islamique suite à la dévastation sociale et aux conflits sectaires fomentés par l’impérialisme américain, de même qu’à son soutien actif et enthousiaste pour les interventions militaires en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie.
Les travailleurs et la jeunesse aux États-Unis doivent prendre la réaction bipartisane face aux terribles événements d’Orlando comme un sérieux avertissement de ce qui est en cours de préparation, peu importe le parti qui remportera l’élection en novembre.

Race, classe et meurtres policiers en Amérique

Suite à la fusillade qui a tué cinq policiers à Dallas, Texas, le 7 juillet, les médias et l’establishment politique américains ont cherché à présenter les meurtres par la police de personnes non armées et les nombreuses manifestations contre la violence policière comme les preuves d’une aggravation de divisions raciales devenues insurmontables aux États-Unis.
Selon la présentation faite par les médias, les actes meurtriers de la police dans tout le pays sont en quelque sorte le fait de « Blancs » qui expriment leur haine raciale élémentaire et collective des Afro-Américains.
Le New York Post, par exemple, proclamait sur huit colonnes à la une qu’il y avait « La Guerre Civile », tandis que le New York Times avait dimanche, en tête de sa rubrique opinion, une colonne intitulée « Divisé par l’ethnie, uni par la douleur. »
Cette présentation contredit la réalité de façon grotesque. Ce qui a lieu en Amérique n’est pas une guerre des races, mais bien une protestation publique contre la violence policière dans un pays où plus d’un millier de personnes par an sont exécutées sans procès par des forces de police déchaînées.
Le racisme existe bien sûr et il peut être un facteur dans de nombreux meurtres policiers. Les Noirs sont la cible d’attaques de la police en nombre disproportionné par rapport à l’ensemble de la population. Mais les faits montrent eux-mêmes que le fléau de la violence et de l’assassinat policier ne touche pas seulement les Noirs ou les minorités, mais aussi les travailleurs et les jeunes de toutes races ou ethnies, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables dans la classe ouvrière.
Selon une base de données compilée par The Guardian, jusqu’au 9 juillet, 571 personnes ont été tuées cette année par la police aux États-Unis. Parmi les morts figurent 88 hispaniques et 138 afro-Américains, mais près de la moitié — 281 personnes — étaient des blancs. L’année dernière, 1.146 personnes ont été tuées par la police, dont la majorité, 586, était blanche.
Beaucoup de policiers qui commettent ces meurtres sont eux-mêmes membres de groupes minoritaires. Trois des six officiers mis en examen dans le meurtre de Freddie Gray en avril 2015 à Baltimore, un scandale qui a déclenché des manifestations dans tout le pays, étaient des Afro-américains. Dans cette ville, comme dans beaucoup d’autres où la brutalité policière est endémique, le maire et le chef de la police étaient noirs.
Même le gouvernement semble incapable de freiner la police. Lorsque le maire de New York, Bill de Blasio, a fait des commentaires jugés favorables aux manifestations contre la violence policière après le meurtre par la police d’Eric Garner à Staten Island, il s’est trouvé devant une virtuelle insurrection de la police de New York.
L’assertion faite sans justification dans les faits et sans explication historique que les États-Unis sont soudainement secoués par la haine sectaire, est un mensonge qui ne résiste pas à une analyse sérieuse. Il est promu dans le cadre d’un discours qui sert des intérêts politiques bien précis.
Une telle présentation des faits cache la nature de l’État et détourne l’attention des questions fondamentales de classe sociale qui sont à l’origine de l’incessante brutalité et de l’assassinat policier. La vague de violence d’État a lieu dans des conditions spécifiques : une crise économique et sociale croissante, une immense montée de l’inégalité sociale, des signes croissants d’une résurgence de la lutte des classes et un vaste processus de radicalisation politique dans la classe ouvrière américaine.
Le nombre des jours perdus par des grèves importantes aux États-Unis en 2015 était près de quatre fois supérieur à celui de 2014, et, cette année, avec la longue grève des travailleurs de Verizon, le total risque d’être encore plus élevé. Plus inquiétant encore pour la classe dirigeante sont les signes de plus en plus nombreux, comme la quasi-rébellion l’an dernier des travailleurs de l’automobile, que la bureaucratie syndicale perd son emprise sur la classe ouvrière. Et le soutien de masse parmi les travailleurs et surtout chez les jeunes pour la campagne de Bernie Sanders, qui se décrit comme un socialiste et parle d’une « révolution politique » contre la « classe des milliardaires, » a révélé, au grand effroi de l’élite dirigeante, la croissance généralisée du sentiment anti-capitaliste.
Le but de la campagne consistant à inonder le public d’un discours racial pour traiter la violence policière et les autres aspects de la société américaine, est de détourner l’attention du système capitaliste lui-même et d’éviter le développement de ce que la classe dirigeante craint le plus : un large mouvement populaire unissant la classe ouvrière dans la lutte contre le système économique.
Il faut pour cela dénaturer gravement les attitudes populaires envers les questions raciales. Il y a eu, en effet, de grands changements — généralement d’un caractère sain — depuis l’apogée de la ségrégation appelée « Jim Crow » dans le Sud et la discrimination raciale généralisée dans le Nord. Dans l’Amérique des années 1930 et 1940, le lynchage de Noirs étaient pratiquement une réalité quotidienne. La grande masse des Afro-Américains dans le Sud n’avait pas accès au scrutin, et il n’y avait pratiquement pas de représentants politiques noirs.
Il y a cinquante ans, en 1966, Edward Brooke était élu sénateur du Massachusetts, devenant ainsi le premier Afro-Américain élu au Sénat américain par le vote populaire. Les forces de police dans tout le pays étaient presque exclusivement blanches et les mariages entre Noirs et Blancs étaient pratiquement inconnus.
Ces circonstances ont été radicalement modifiées par une montée de trente ans des luttes de la classe ouvrière entre 1934 et 1964 qui ont cassé le dos de la ségrégation dans le Sud et ont conduit à l’intégration raciale des institutions étatiques, y compris la police et tous les niveaux de gouvernement. Les États-Unis ont, après tout, élu un président afro-américain en 2008 et l’ont réélu en 2012.
Aujourd’hui, 87 pour cent des Américains, y compris 84 pour cent des Blancs, disent qu’ils soutiennent le mariage interracial (4 pour cent en 1958). Quinze pour cent de tous les nouveaux mariages en 2010 étaient interraciaux, plus du double de 1980.
Que s’est-il vraiment passé la semaine dernière ? Les meurtres de deux hommes noirs, Alton B. Sterling et Philando Castile, tous deux pris en vidéo, ont suscité l’indignation et l’opposition aux États-Unis et à l’étranger. Avec moins de publicité, mais non moins effroyablement, les médias locaux ont publié une vidéo montrant le meurtre policier de Dylan Noble, un homme blanc de 19 ans à Fresno en Californie, alors qu’il gisait immobile sur le sol. Des manifestations de masse par des gens de toutes les ethnies à travers le pays ont vu l’arrestation de centaines de manifestants par une police fortement militarisée ressemblant à une force d’occupation et agissant comme telle.
Quant aux actes du tireur de Dallas Micah Johnson, le fait que lui-même ait été tué au moyen d’un robot muni d’une bombe — la première incidence d’une attaque par drone sur le territoire des États-Unis — rend difficile à déterminer ce que furent ses motivations précises.
Bien qu’il semble que ses actions aient été dans une certaine mesure motivées par les meurtres d’Afro-Américains par la police, il était aussi un ancien militaire ayant passé près d’un an en Afghanistan. Ses actions suivent le modèle des dizaines de tueries de masse qui ont lieu aux États-Unis chaque année et dont beaucoup sont commises par des vétérans.
Cette promotion d’un point de vue sectaire est volontairement adoptée par des politiciens et des universitaires qui ont un intérêt particulier et direct dans la politique raciale. Ils n’ont généralement que des éloges pour le président Obama, qui a présidé huit ans à d’interminables guerres, à l’inégalité croissante et à la pauvreté sociale et à l’armement des services de police avec des armes militaires dans tout le pays. Ces pourvoyeurs de politique raciale sont indifférents à la détresse sociale de larges sections de la classe ouvrière et n’ont aucune proposition pour améliorer leur sort.
Nous exhortons tous les travailleurs et les jeunes à rejeter le discours racial et réactionnaire colporté par les médias et l’establishment politique. La lutte contre la violence policière, comme toutes les grandes questions sociales, exige d’unir toutes les sections de la classe ouvrière dans une lutte commune contre le système capitaliste.

Messages

  • Micah Johnson, jeune Noir de 25 ans, avait servi dans l’armée américaine en Afghanistan. Sur son profil Facebook, il avait publié des images avec le slogan « Black Power » des extrémistes afro-américains des années 1960 et 1970. Il avait également ajouté la lettre « X » entre son prénom et son nom, probablement en référence à Malcolm X, leader noir opposé à la non-violence prônée par Martin Luther King. Cela a suffi à le faire présenter par les forces de l’ordre comme un dangereux terroriste !

    Pour neutraliser ce « suspect », la police de Dallas disposait d’un robot Northrop Grumman Andros, conçu pour les équipes de démineurs et l’armée.

    Le jeune noir a été tué par le robot !!!

  • « C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police », a assuré sur Twitter Peter Singer, de la fondation New America, un groupe de réflexion spécialisé notamment dans les questions de sécurité. Ce spécialiste des méthodes modernes de combat a précisé qu’un appareil baptisé Marcbot « a été employé de la même façon par les troupes en Irak ».

  • L’arrivée de robots aux armes létales dans la police suscite de nombreuses interrogations. L’ONG Human Rights Watch et l’organisation International Human Rights Clinic, qui dépend de l’université de Harvard, s’inquiétaient ainsi en 2014 du recours aux robots par les forces de l’ordre. Ces engins « ne sont pas dotés de qualités humaines, telles que le jugement et l’empathie, qui permettent à la police d’éviter de tuer illégalement dans des situations inattendues », écrivaient-elles dans un rapport.

  • Milwaukee aux USA a connu une deuxième nuit de violences après qu’un homme noir armé a été abattu par un policier lors d’une course-poursuite, samedi 13 août. The Washington Post rappelle pourquoi la situation y est explosive.

    “Une fois de plus, une ville américaine se trouve en proie aux émeutes, aux flammes, aux tirs et à la peur. […] Mais cette fois – et ce n’est peut-être pas un hasard – la violence a surgi dans la ville où la ségrégation est la plus forte, Milwaukee, qu’un conseiller municipal qualifie de ‘pire endroit des Etats-Unis où vivre pour un Africain-Américain’”, écrit The Washington Post dans un éditorial daté du 15 août, après la deuxième nuit de violences.

    A Milwaukee, détaille le quotidien de Washington, les Africains-Américains représentent 40 % de la population. Mais les disparités entre Blancs et Noirs y sont parmi les plus fortes du pays, avec des taux de pauvreté et d’exclusion scolaires particulièrement élevés. “Il ne fait pas bon être noir à "Brew City”.

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