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L’esprit bleu blanc rouge n’est pas encore battu !

mardi 12 juillet 2016, par Robert Paris

Dans l’esprit bleu blanc rouge, il y a toujours un petit regret de la Grande Boucherie centenaire de 14-18, ce que les Hollande, Valls, Sarkozy ou Le Pen appellent avec gourmandise « l’esprit des tranchées » !!!

Edito

L’esprit bleu blanc rouge n’est pas encore battu !

L’ambiance populaire de l’Euro est, paraît-il, une victoire de l’esprit de fraternité. Mais cette fraternité est censée opposer chaque peuple à son voisin et présenter la vie comme une opposition entre nations. On nous dit que l’image d’un peuple tout entier derrière son pays serait un gage positif pour l’avenir ce pays et de ce peuple.

Il y a longtemps que l’on n’avait autant vu de drapeaux tricolores en France ni autant de fierté nationale ! Les attentats avaient déjà fait refleurir les drapeaux et le nationalisme, l’idée nationale et les hommes politiques avaient affirmé que c’était un grand progrès pour le peuple, que c’était le moyen de combattre tous les ennemis mortels du peuple français, de la « civilisation française », de la « démocratie française ». Autant de mensonges dans cette affirmation que de mots !

Malgré la défaite de la France à l’Euro de foot, les média et les hommes politiques sont unanimes pour dire que l’équipe française de foot a gagné une bataille : celle pour relancer le nationalisme dans les masses populaires. On a vu des foules enthousiastes y compris parmi des populations qui ne sont pas particulièrement football ni sport. Nombre des tricolores reconnaissaient qu’ils ne se seraient pas intéressés à l’Euro si la France ni figurait pas en bonne place.

L’Euro est fini, le nationalisme non. Le discours selon lequel tous les Français sont du même bord, doivent d’abord s’unir s’ils veulent réussir sur tous les plans, sportif comme économique, social et politique, cette idée a encore de beaux jours devant elle.

Le « tous ensemble » du nationalisme s’oppose directement à l’idée que les travailleurs doivent se battre contre l’exploitation capitaliste. Et ce n’est pas un hasard si les commentateurs ont opposé la France bleu blanc rouge à la France des grèves, des manifestations.

Le nationalisme vise d’abord à unir exploiteurs et exploités, sous le prétexte qu’ils auraient la même nationalité. Comme si une victoire économique d’une entreprise signifiait une victoire pour ses salariés ! Comme si plus l’Etat national était fort, plus le peuple le serait ! Comme si la nation n’était pas au service exclusif des possesseurs de capitaux qui ne sont qu’une infime minorité de la population ! Comme si les intérêts des capitalistes n’étaient pas diamétralement opposés aux intérêts des travailleurs, l’union nationale n’étant qu’une tromperie ! L’appel à l’union nationale n’a jamais servi qu’à tromper les peuples, qu’à les opposer entre eux, qu’à les unir à leurs pires ennemis, qu’à les mener à la boucherie guerrière.

Le nationalisme est un discours qui ne vise pas d’abord des victoires sportives. L’idée que les nations s’opposent entre elles, que chaque peuple doit d’abord soutenir son pays, son Etat, ses intérêts nationaux, son drapeau, ses particularités qui s’opposeraient aux autres, cette idée, que tous les média et tous les hommes politiques répètent en cœur, est présenté comme une vérité historique indiscutable.

Comme si, chaque fois que les gouvernants avaient développé des idées de grandeur nationale et étaient parvenus à en convaincre les peuples, il ne s’était produit que de belles choses, que de grandes choses, que des avancées sur le terrain économique, social, politique !!! C’est tout le contraire de la vérité historique !!! Comme si, à chaque fois que le peuple s’était enthousiasmé pour la nation, pour le nationalisme, il n’y avait eu que de bons effets, que des lendemains qui chantent !

L’Histoire dit tout autre chose. Le drapeau bleu blanc rouge a flotté sur des multiples tromperies, sur des massacres sans nombre, sur des horreurs qui n’ont rien à voir avec la défense de la démocratie, qui ne servent nullement à défendre un prétendu « intérêt national ». La « grandeur de la France » n’empêche pas la croissance de la misère en France, l’augmentation du chômage, du nombre de sans logis, du nombre de suicides, n’empêche pas la baisse du pouvoir d’achat des ménages, n’empêche pas l’accroissement du fossé entre exploiteurs et exploités. C’est juste un discours trompeur car les exploiteurs ne veulent d’un intérêt national que pour pousser les peuples à défendre les intérêts de leurs exploiteurs !

Même lors de la révolution française, l’idée de l’union nationale a été le moyen pour la classe bourgeoise de confisquer une révolution dont les bras nus avaient été le fer de lance. L’Etat qui est sorti de cette révolution était aux mains des propriétaires alors que les non-propriétaires étaient bel et bien l’aile marchante de la révolution sociale ! Toutes les constitutions qui sont sorties de cette révolution n’ont-elles pas affirmé que le droit était celui des propriétaires ?!!! Les pouvoirs issus de la révolution n’ont-ils pas affirmé que les non-propriétaires n’avaient pas le droit de voter et d’être élus, pas plus que les femmes et les domestiques ?

C’est ainsi que la bourgeoisie a tiré les marrons du feu de la révolution française, le leader le plus radical de la révolution bourgeoise, Robespierre, étant aussi celui qui a cassé les organisations des bras nus, les comités de piques et la Commune de Paris qui représentait les masses démunies en révolution. C’est encore sous le drapeau bleu blanc rouge que Napoléon premier a peuplé l’Europe de cimetières et a rétabli l’esclavage dans les colonies. C’est encore sous le drapeau bleu blanc rouge que Thiers, chef de la bourgeoisie française, a massacré les travailleurs parisiens révolutionnaires de la Commune de Paris de 1871 qui arborait, elle, le drapeau révolutionnaire, le drapeau rouge ! C’est encore le drapeau rouge des prolétaires qui a été mitraillé dans toute l’Europe par l’armée française précédée du drapeau bleu blanc rouge lors de la vague révolutionnaire de 1917-1923. Les massacres se sont succédé alors pour empêcher les peuples travailleurs d’Europe de renverser les classes dirigeantes capitalistes qui les avaient jeté dans la boucherie des tranchées de la première guerre mondiale, suite à une crise systémique du capitalisme mondial… déjà…

Et c’est encore sous le drapeau bleu blanc rouge que les armées coloniales françaises ont écrasé les peuples d’Afrique et d’Asie pour faire triompher l’esclavage colonial puis néo-colonial, l’impérialisme français prétendant propager progrès et démocratie à la pointe des armées et propageant ainsi dépendance , dictature et misère.

Bien entendu, ceux qui arborent le drapeau national dans les compétitions sportives n’ont pas tout cela en tête. Mais le nationalisme est toujours un drapeau qui oppose les peuples entre eux.

D’ailleurs, même le nationalisme du football a montré que, dans tous les pays, il n’est pas séparable de violences extrêmes et de bandes nazies. Ainsi, les racistes profitent du match de finale France-Portugal pour semer la haine entre Français et Portugais (ou Français d’origine portugaise) !

Arborer le drapeau national, c’est toujours se solidariser avec un Etat, quelles que soient les crimes que celui-ci commet aux quatre coins du monde, et notamment les guerres qu’il impose à des peuples quelles que soient les justifications qu’il en donne : lutter contre des dictatures, lutter contre des terrorismes, lutter contre des guerres, lutter pour la démocratie.

Ce n’est pas le sport qui a ramené en France la floraison des drapeaux nationaux mais le terrorisme et l’antiterrorisme affiché du pouvoir français. Bien entendu, les gouvernants se sont bien gardés d’expliquer au peuple de France que l’Etat français intervenait déjà en Irak et en Syrie, avant les attentats et que cette intervention y avait amené le soutien de groupes terroristes. Il s’est bien gardé de rappeler qu’il en avait été de même en Tunisie et en Libye ! Il n’a pas expliqué que les populations civiles étaient les premières victimes des bombardements occidentaux. Il n’a pas dit que sous le drapeau français se commettaient également de tels crimes au Centrafrique que les soldats français en étaient eux aussi complètement perturbés psychologiquement.

Oui, toute l’Histoire dmontre que le nationalisme est une idéologiqe qui sert à camoufler les crimes des grandes bourgeoisies derrière de soi-disant intérêts des peuples. Et, en période de crise systémique, le nationalisme exacerbé sert à préparer les fascismes et les guerres mondiales. Les peuples l’ont payé trop cher, par deux guerres mondiales et de multiples fascismes, pour qu’on oublie de telles leçons cuisantes et sanglantes.

La seule manière de sortir de ces tromperies, c’est que les exploités comptent sur leurs propres forces, sur leurs propres capacités de diriger la société, sur leur union internationale. Il faut remarquer que toutes les organisations réformistes cautionnant elles aussi le nationalisme, il ne faudra pas compter sur elles dans les combats de classe qui viennent !

L’esprit bleu blanc rouge n’est pas battu ! Il devra l’être par l’internationalisme prolétarien, le seul capable de nous libérer de la barbarie capitaliste !

« Quand la Commune de Paris prit la direction de la révolution entre ses propres mains ; quand de simples ouvriers, pour la première fois, osèrent toucher au privilège gouvernemental de leurs « supérieurs naturels », les possédants, et, dans des circonstances d’une difficulté sans exemple, accomplirent leur oeuvre modestement, consciencieusement et efficacement ..., le vieux monde se tordit dans des convulsions de rage à la vue du drapeau rouge, symbole de la République du travail, flottant sur l’Hôtel de Ville. Et pourtant, c’était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’initiative sociale, même par la grande masse de la classe moyenne de Paris. »

Karl Marx dans "La guerre civile en France"

La Commune de Paris contre les Versaillais, prolétaires contre capitalistes : drapeau rouge contre drapeau bleu blanc rouge !!!

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