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Il n’y aura pas de sauveur. Sauvons nous nous-mêmes.

mercredi 11 mai 2016, par Robert Paris

Edito – Il n’y aura pas de sauveur. Sauvons nous nous-mêmes.

Les éditorialistes ne cessent de chercher parmi les hommes politiques, parmi les grands patrons, parmi les chefs militaires même ceux qui vont sauver le pays, qui vont sauver l’emploi, qui vont sauver l’économie, qui vont sauver l’Europe, qui vont sauver la liberté et la sécurité des peuples. Même s’ils reconnaissent souvent qu’ils ne trouvent personne, ils continuent cependant à chercher et à pousser les peuples à chercher. Tsipras, ainsi, devait sauver la Grèce, Modi devait sauver l’Inde, Obama devait sauver l’Amérique, Poutine devait sauver la Russie ou encore Cameron l’Angleterre et Merkel l’Allemagne. Mais, en réalité, ils n’ont sauvé aucun peuple, aucune liberté, aucune sécurité, ni l’emploi, ni le logement, ni la santé, ni l’enseignement dans aucun pays, dans aucune région du monde. La société mondiale est au bord du gouffre et aucun gouvernant de la bourgeoisie ne peut empêcher ce monde d’avancer vers sa fin, car il le ferait en agissant à contrario des intérêts de la classe capitaliste, ce qui n’est pas dans sa nature. On nous bassine avec les qualités ou les défauts des futurs présidents, qu’il s’agisse de Clinton ou de Trump, de Hollande ou de Sarkozy ou encore de Le Pen, mais, une fois au pouvoir, tous ces gens-là convergent étrangement… Cela permet surtout de détourner l’attention des peuples du vrai pouvoir : celui des possesseurs de capitaux, des capitalistes, ceux des trusts, des banques, des assurances et des bourses. Celui-là n’est nullement choisi par le vote, n’a aucun compte à rendre au peuple, ne défend aucunement des intérêts d’aucun peuple. Qu’il s’agisse de politiciens élus ou d’oligarques cooptés par leurs pères ou encore de chefs militaires autoproclamés de manière dictatoriale, ils sont tous au service de la même classe dirigeante mondiale et mènent des politiques très semblables. Ce n’est pas le choix électoral des peuples qui décide si un pays va basculer dans un sens ou dans un autre : c’est l’intérêt de sa classe dirigeante. Ce n’est même pas l’élection d’un dirigeant d’extrême droite qui décide que le pays va être gouverné à l’extrême droite. Berlusconi a mené une politique qui ne l’a guère distingué de celle des autres dirigeants européens ni de ses prédécesseurs au pouvoir en Italie ou de ses successeurs. Des dirigeants qui sont de gauche ou de droite peuvent soutenir des dirigeants d’extrême droite dans des pays voisins comme cela vient de se passer pour la France et l’Allemagne en Ukraine. La prétendue opposition entre partis bourgeois classiques et partis d’extrême droite n’en est pas une. Ils sont tous au service de la bourgeoisie et le sont de la même manière. L’épisode du front populaire de 1936 en France, récemment fêté, est là pour le rappeler. Le gouvernement de Léon Blum de 1936 a été suivi de gouvernements de plus en plus à droite, allant jusqu’à l’extrême droite pétainiste, alors que le parlement qui choisissait alors les gouvernement était toujours celui élu en 1936, vu qu’aucune élection n’a séparé le front populaire du régime de Vichy… L’avenir des classes dirigeantes n’est pas remis en cause dans une élection au sein de la société bourgeoise et ne l’a jamais été, ni hier ni aujourd’hui. Or, ce qui détermine qu’une politique bourgeoise soit démocratique ou dictatoriale, fasciste ou pas, n’est pas le résultat d’une élection mais la situation des classes sociales et la nécessité, ou pas, pour les classes dirigeantes de museler les travailleurs parce que la situation déstabilise, ou pas, de manière inévitable l’équilibre des classes et la stabilité de l’édifice social. L’élément déterminant est bien entendu l’équilibre économique, la pérennité du système, les crises et leurs conséquences, les guerres et les fascismes.

On aura beau dire à un peuple que l’essentiel pour son avenir serait son choix électoral entre Macron et Le Pen ou entre Fillon et Hollande, c’est un mensonge complet. Rien de fondamental dans les orientations d’un pays ne se décide au cours d’une élection. Comme nous l’avons signalé plus haut, on est passé de la gauche au pouvoir de 1936 au régime fasciste de Vichy sans aucune élection qui change la majorité dans le pays. Par contre, en 1958, un coup d’Etat militaire a mis au pouvoir un général putschiste et d’opinion d’extrême droite, De Gaulle, sans que le pays devienne ni dictatorial ni fasciste parce que tel n’était nullement l’intérêt de la classe dirigeante, celle-ci entrant dans une de ses périodes les plus fastes au même moment. C’est cela qui a été déterminant alors, et pas les opinions de l’homme qui a été propulsé, ou qui s’est imposé, au pouvoir.

Chacun croit se souvenir que ce seraient les masses allemandes qui auraient élu Hitler au pouvoir mais c’est parce qu’on leur a présenté l’histoire de manière mensongère. Hitler est devenu chancelier alors qu’il avait perdu massivement des voix aux précédentes élections en Allemagne. Il n’a pas été élu mais choisi par le président élu, le maréchal Hindenburg, lequel avait été élu grâce aux voix de la social-démocratie allemande, qui prétendait alors faire ainsi obstacle au fascisme !!

Bien des gens s’étonnent que, dans la situation actuelle, les extrêmes droites aient davantage le vent en poupe que les extrêmes gauches. Mais leur étonnement provient d’abord du fait que c’est une fausse symétrie. Et cela pour une raison de classe : l’extrême droite n’est nullement adversaire de la domination du grand capital alors que c’est le cas de l’extrême gauche révolutionnaire. Il en va de même pour la mainmise des classes dirigeantes sur le pouvoir d’Etat. Les extrêmes droites ne le remettent jamais en question, quelle que soit la variété de leurs idéologies, alors que l’extrême gauche révolutionnaire est nécessairement, quelles que soient ses particularités théoriques ou politiques, favorable à la destruction de l’Etat bourgeois, sans laisser une miette de pouvoir aux classes capitalistes. Cela signifie que la prétendue opposition radicale des populismes d’extrême droite aux financiers, aux corrompus, aux profiteurs est purement démagogiques et les classes dirigeantes le savent bien. Hitler prétendait s’attaquer au capital et il n’en a rien fait, bien au contraire.

Même avec la social-démocratie au pouvoir, comme en France, les classes dirigeantes exploitent la déstabilisation actuelle dans le monde pour propager les opinions d’extrême droite et pousser l’Etat dans le même sens. Les attentats, le terrorisme, les migrants, les Roms, les sans papiers, les violences dans les manifestations, tout est bon pour pousser l’Etat dans le sens d’une plus grande intervention répressive, plus violente, plus agressive vis-à-vis de la population. Cela suit la politique des mêmes classes dirigeantes pour en finir avec les aides sociales, les services publics, la démocratie, la collaboration sociale et syndicale et la paix. Ce sont des gouvernants « de gauche » qui ont lancé le pays dans une spirale ascendante de guerres et de mobilisation armée, comme de transformation policière du régime. Ce sont des gouvernants de gauche qui ont le plus favorisé la montée des sentiments populaires violents à l’égard des migrants, tout en faisant semblant de tenir le discours inverse. Ce sont les Valls et les Cazeneuve qui ont le plus agi pour implanter dans la population l’idée que le terrorisme c’est l’islam, idée d’une grande absurdité si on se rappelle que, dans la plupart de ces pays, le terrorisme est extrêmement récent et n’est apparu que suite à l’intervention violente des armées des pays occidentaux.

Certes, la démocratie est meilleure pour les peuples que le fascisme, le système électoral que la dictature, la paix que la guerre, le plein emploi que le chômage de masse, le bien-être que la misère, le développement économique que son effondrement. Mais c’est une tromperie de nous faire croire que les peuples auraient le choix entre les uns et les autres au travers d’élections. Quand l’intérêt des classes dirigeantes pousse à l’effondrement, à la misère, au chômage de masse, il pousse aussi aux guerres, aux fascismes, aux dictatures, aux démagogies sanglantes, à la haine entre les peuples. C’est inévitable et ce qui l’est aussi alors, c’est que les peuples interviennent alors directement pour dicter le sort qu’ils souhaitent. S’ils veulent le bien-être, la paix, la sécurité, la démocratie, il faut qu’ils cessent d’accepter la loi que leur imposent les classes dirigeantes capitalistes, il faut qu’ils imposent leur propre loi, il faut qu’ils fassent la révolution, c’est-à-dire s’organisent massivement en conseils et comités pour prendre toutes les décisions concernant le pouvoir et enlever tout droit de décision aux banquiers, aux dirigeants des trusts, aux financiers, aux spéculateurs et autres exploiteurs, ainsi qu’aux chefs militaires, politiques, administratifs, policiers et religieux.

Plus les classes dirigeantes menacent les peuples de la guerre, du terrorisme, du fascisme, de l’envahissement des migrants, prennent en otage les populations en les tenant par la peur, peur du chômage comme peur des violences, plus il devient nécessaire que les travailleurs cessent de suivre, de se taire, d’accepter, de marcher dans le système, de croire aux mécanismes électoraux mis en place par les capitalistes à leur propre service. La démocratie n’est en rien le gouvernement du peuple par le peuple. L’Etat démocratique n’est nullement aux mains du peuple. C’est le meilleur camouflage de la dictature des classes capitalistes. On le voit au fait que, quelque soit le gouvernant élu, toutes les lois sont choisies pour favoriser exclusivement les grands patrons et défavoriser les travailleurs, la petite bourgeoisie et tous les milieux populaires.

La principale tromperie des dirigeants de gauche réformistes, qu’ils soient social-démocrates, gauche de la gauche, front de gauche, mélenchonistes, d’ATTAC, des syndicats, des associations anti-libérales et autres leaders de NuitDebout, c’est d’affirmer que la démocratie bourgeoise pourrait parfaitement permettre d’infléchir le pouvoir dans un sens favorable aux intérêts populaires. Cela est parfaitement faux : avec la crise de la domination du capitalisme initiée en 2007-2008, il est plus que jamais inévitable que la société bourgeoise devienne plus dictatoriale, plus violente, plus guerrière et plus destructive que jamais. Il est donc inévitable que les travailleurs aient besoin d’en finir radicalement avec la domination de la bourgeoisie capitaliste non seulement sur l’économie mais sur le pouvoir d’Etat.

Quand il devient évident que la dictature des classes dirigeantes va connaitre un tournant violent et se retourner brutalement contre les peuples, c’est le signal que c’est le moment pour les travailleurs de sortir de leur acceptation du système, de cesser de suivre de manière consensuelle tous les mensonges des institutions, du pouvoir, des média, des politiciens, des chefs religieux, des chefs économiques, des chefs syndicaux, des chefs de toutes sortes.

La seule réponse possible des travailleurs à cette situation est d’affirmer : on nous a retiré tout les pouvoirs de décision, économique, politique, social, militaire, médiatique, prenons les tous ! On nous a ôté toute responsabilité sur les orientations de la société, exerçons les de manière exclusive, on nous a imposé de n’être rien, soyons tout !

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