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Palmares, une révolution des esclaves noirs du Brésil menant pendant plus d’un siècle à la première république noire indépendante

lundi 29 février 2016, par Robert Paris

Zumbi dos Palmares, leader révolutionnaire

Palmares, une révolution des esclaves noirs du Brésil menant pendant plus d’un siècle à la première république noire indépendante

C’est vers la seconde moitié du XVIe siècle, avec l’expansion de la production, hautement profitable, de la canne à sucre dans les grandes plantations seigneuriales du Nord-Est brésilien, que le trafic négrier a commencé l’importation d’esclaves d’Afrique : ils seront plusieurs millions à subir ce sort, au cours des trois siècles suivants. Soumis à des conditions de vie et de travail souvent inhumaines, dont le symbole reste la flagellation par un fouet spécial, le bacalhau, beaucoup d’esclaves ont tenté, et parfois réussi le marronnage, la fuite. Profitant des conflits entre les puissances coloniales, la Hollande, qui tentait dans les années 1632-1644 de s’approprier cette région, et le Portugal, des esclaves fugitifs se sont établis, surtout à partir de 1630, dans la zone des Palmares, entourée de forêts vierges et située au sud de la province du Pernambouc (aujourd’hui Etat de l’Alagôas). Plusieurs villages, fédérés entre eux et rassemblant plusieurs milliers de personnes, se sont constitués, vivant d’une agriculture de subsistance et du pillage ou de l’imposition des colons portugais des environs. Lors d’expéditions de ce type, les Noirs marrons libéraient des esclaves — surtout des femmes ! — et les emmenaient, contraints ou par libre choix, vers leurs réduits.

Le mot quilombo, d’origine africaine — en Angola, un campement militaire — désignait au Brésil ce type de communauté ou confédération de villages d’anciens esclaves. Celui des Palmares est loin d’avoir été le seul : il est l’exemple le plus important, et le plus frappant, d’une série de révoltes d’esclaves et de mouvements de marronnage, qui se sont succédé au cours des trois siècles qu’a duré l’esclavage au Brésil (aboli seulement en 1888 !)

Palmares est un Mocambo, c’est-à-dire un peuplement d’esclaves noirs fugitifs fondé au plus tard vers 1606 dans le Nord Est de la colonie portugaise du Brésil. Il est plus récemment qualifié de Quilombo, un terme à la signification similaire en portugais brésilien contemporain. Mocambo, qui est probablement dérivé du mot ambundu mu-kambo qui signifie ‘cachette’. Quilombo est probablement dérivé du mot ki-lombo qui signifie, dans la même langue, camp d’initiation masculin et par extension, camp militaire. Cette prééminence du vocabulaire de ces langues parlées dans l’actuel Angola est probablement indicatrice de la forte présence d’esclaves originaires de cette région. Beaucoup d’habitants de Palmares pourraient bien avoir été des descendants d’esclaves d’origine imbangala dans l’actuel Angola. Palmarès était elle-même surnommée par ses habitants Angola Janga qui provenait peut-être du kimbundu ‘Angola Iadianga’ qui signifie le ‘premier Angola’. Le nom ‘Palmares’ est un nom portugais simplement donné en référence au grand nombre de palmiers situés dans la localité. Palmares était apparemment dirigé par un monarque élu ce qui a conduit certains observateurs à qualifier cet état de république. Il régnait sur une population essentiellement masculine de culture et de religion luso-africaine. La présence d’une église sur le territoire de l’état était par exemple contrebalancée par l’usage rituel des peaux de panthère.

En 1605, dans la région de Pernambuco au Brésil, une quarantaine d’esclaves se révoltèrent contre leur maître. Ils tuèrent tous les employés blancs et brulèrent les maisons ainsi que la plantation. Ils se réfugièrent dans une zone de montagnes hostiles, appelée Palmares en référence aux nombreux palmiers qui peuplaient cet endroit. Le groupe y fonda un royaume, composé de 11 places fortifiées, qui perdura pendant presque cent ans, auquel se joignirent des esclaves en fuite, arrivés des plantations environnantes, mais aussi des Indiens, des Mulâtres et de nombreux Blancs, déserteurs ou paysans sans terre, portant la population du royaume à environ 20 000 âmes, qui se mélangèrent et créèrent ainsi leurs propres culture et religion, développant même les premières formes d’un nouvel art martial, la capoeira. Ce peuple leva une armée et résista à sept assauts des forces portugaises et une attaque de l’armée hollandaise, qui avait colonisé une partie de cette région auparavant. Dans la jungle, ils inventèrent des techniques de guerre qui impressionnèrent les européens et préfiguraient les techniques de « guérilla » actuelles. Ils refusèrent même une offre de paix du roi du Portugal. Leur plus grand leader fut Zumbi Dos Palmares, qui est encore célébré aujourd’hui au Brésil.

Zumbi dos Palmares représente LE symbole de résistance du peuple noir au brésil et de la culture Afro-brésilienne. Zumbi n’a jamais été esclave (ni capoeiriste !), il est né libre à Palmares en 1655.

Il était chef d’armée du plus grand quilombo, “Le Quilombo dos Palmares“. Les Quilombos de Palmares a été fondé par un groupe de marrons échappés des domaines du Nordeste et qui avaient établi un village indépendant, qui devint par la suite plus qu’un village, mais un ensemble de villes fortifiées, organisée politiquement et socialement. Cet endroit difficile d’accès fût nommé Palmares, et était situé dans la Serra da Barriga de l’actuel Etat d’Alagoas, qui, à cette époque était une capitainerie de l’Etat de Pernambouc. Le quilombo accueillait noirs en fuite, indiens et blancs marginaux. Les quilombolas commerçaient avec les villages blancs des alentours, achetant outils, poudre, armes… Au milieu du XVIIe siècle, le quilombo de Palmares comptait plusieurs villages parmi lesquels :

 Macaco – Dans la Serra da Barriga, 8000 habitants

 Amaro – au Nord-Ouest de Serinhaém, 5000 habitants

 Sucupira – à 80 km. de Macaco

 Zumbi – au Nord-Ouest de Porto Calvo

 Osenga – a 20 Km. de Macaco.

A cette époque, la population totale de Palmares, aurait atteint 20 000 habitants, soit 15 % de la population brésilienne. Dans le Quilombo, la préservation d’une identité africaine constituait avec les coutumes, le ciment communautaire qui incitait au marronnage d’innombrables esclaves des sucreries et plantations environnantes.

Zumbi, est né libre mais fût capturé dans son enfance par des soldats portugais puis confié au Père Antonio Melo, de la paroisse de de Porto Calvo. Il étudia le portugais et le latin, fut enfant de chœur et fût baptisé Francisco. En 1670, il s’enfuit de la paroisse, pour retourner au Quilombo. Courageux, doué d’une bonne capacité d’organisation et de commandement, il devint un grand chef et un mythe pour les noirs ; non un mythe caché mais une révélation. “Zumbi” signifie force de l’esprit.

Pour les Portugais Zombi signifiait le diable. Durant plusieurs dizaines d’années, le gouvernement portugais considérait Zumbi non pas comme une personne, mais comme un titre donné au chef de Quilombo. En effet chaque expédition envoyé détruire Palmares revenait “victorieuse” d’après leur chef, alors quelque quelque temps après on entendait de nouveau parler de “Zumbi “.En 1678, le roi du Quilombo dos Palmarès, Ganga-Zumba signe un traité de paix avec les portugais. Zumbi et ses hommes ne l’acceptent pas. C’est alors que Zumbi devient le grand général en chef du Quilombo de Palmares, en 1679. Lui, ses hommes et tous les quilombolas qui se joignirent à eux étaient très redoutés par les portugais.Zumbi était considéré comme le plus vaillant des guerriers nègres. Il se montra alors, encore plus déterminé à poursuivre la résistance pour défendre son “peuple” et ses terres. Il refusa toute soumission aux portugais. En 1694, désespérés les portugais envoyèrent en plus de leur armée, des troupes de mercenaires (noirs, mulâtres, blanc, indiens…) conduits par le bandeirante Domingos Jorge Velho contre le quilombo. Un de ses fidèles lieutenant Antonuo Soares, le trahit et conduisit les portugais à la cachette de Zumbi qui fut capturé. Macaco, la ville de Zumbi fut détruite par Bernardo Vieira. Les noirs furent soit tués, soit emmenés en esclavages et Zumbi fut emprisonné. Le 20 novembre 1695, Zumbi fut tué par André Furtado, alors qu’il tentait de s’enfuir.
Durant des dizaines d’années, voire des siècles, on racontait que Zumbi s’était suicidé en se jetant du haut d’une falaise, ou des remparts de Macaco. Cette version avait été alimentée par les portugais pour casser le mythe du grand chef de guerre, du personnage courageux et fidèle à son peuple. De cette manière Zumbi fuyait le combat et était montré comme un lâche. Cette même histoire racontée par le peuple noir prit une autre interprétation ; Zumbi préférait mourir que d’être esclave. Aujourd’hui la version de l’assassinat par André Furtado est la plus probable. Cette date du 20 novembre reste importante encore aujourd’hui pour la culture afro-brésilienne, et Zumbi dos Palmares est un grand symbole de résistance. Au Brésil des rues, des établissements, etc, portent son nom. Dans les rondes de Capoeira, nombreux sont les chants louant le chef de guerre, ses exploits et le symbole qu’il représente.

Pendant plus de trente ans, cette région fut gouvernée avec succès par les anciens esclaves et connut une certaine prospérité et sa capitale, Macoco, était fortifiée. Elle fut attaquée de nombreuses fois sans succès. En 1694, après deux ans de combats menés par des mercenaires espagnols, portugais et français recrutés à Sao Paulo, elle fut écrasée. Les révolutionnaires refusèrent de se rendre et se battirent avec acharnement, se jetant du haut de la falaise quand la défaite fut avérée…

Le territoire libéré de Palmares

Les Mocambos exercent eux-mêmes leur propre pouvoir

Benjamin Péret et la commune des noirs marrons de Palmares dans le Brésil colonial

Un Etat noir au XVIIe siècle

Révolution nègre

Zumbi dos Palmares, premier dirigeant noir

D’autres révoltes et révolutions des esclaves

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