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Oya Baydar « Et ne reste que des cendres »

jeudi 5 novembre 2015, par Robert Paris

Ne manquez pas le dernier roman de Oya Baydar « Et ne reste que des cendres » ; « Sıcak Külleri Kaldı » - Editions Phébus

C’est l’histoire, romancée mais tellement vraie, de la Turquie des années 60 à nos jours, des luttes ouvrières, des révoltes et des répressions, de la dictature militaire, du fascisme…

Née à Istanbul en 1940, diplômée en sociologie en 1964, emprisonnée en 1971 pour son opposition au coup d’État militaire, exilée en Allemagne en 1980, revenue en Turquie en 1991, Oya Baydar a publié recueils de nouvelles et romans.

Le récit - Ülkü Öztürk, journaliste française d’origine turque, est sollicitée par la police pour identifier le corps d’un diplomate turque brutalement assassiné. En voyant le corps étendu sur un chariot, à la morgue, Ülkü se replonge dans ses souvenirs…

A travers la vie de cette femme, Oya Baydar met en lumière des événements peu connus de l’histoire turque tels que les tortures et assassinats d’activistes communistes poussant certains à l’exil, les vastes mouvements de grèves ou de protestations contre le pouvoir en place... Il est très souvent fait référence à des dates capitales de l’histoire de la Turquie : le 12 mars 1968 (mouvement étudiant ayant pris une ampleur politique et idéologique pour se transformer en terrorisme sanglant) ou le 12 septembre 1980 (coup d’état militaire suivi d’une forte répression se traduisant par un recul de la démocratie). Ces événements ne sont jamais vraiment explicités et poussent le lecteur à réaliser ses propres recherches pour comprendre à quel point ils ont pu façonner la vie des différents protagonistes.

Au centre de l’intrigue, une héroïne inoubliable, la mystérieuse Ülkü, qui tombe amoureuse très jeune d’un homme qui est tout son contraire. Elle est libre et volontaire, il préfère suivre une voie toute tracée. Elle est communiste, il est l’héritier d’une riche famille et veut occuper de hautes fonctions au ministère des Affaires étrangères. Avec eux, Oya Baydar ne se contente pas de raconter une belle histoire d’amour : son intrigue, universelle, est aussi éminemment politique. Elle narre de manière efficace, sans clichés, les désillusions des militants, les espoirs qui brûlent et partent en fumée, les dangers du pouvoir.

« Notre slogan c’était "ouvrier-jeunesse main dans la main". C’est ce slogan qu’on scandait, c’est ce qu’on écrivait sur les pancartes quand on participait aux grèves et aux actions ouvrières. En réalité, je n’ai jamais crié. Dans les meetings, dans les défilés, je n’étais pas de ceux qui s’époumonent. J’avais beau lever le poing droit en l’air pour faire comme les autres et ne pas me faire remarquer, je n’étais pas très douée. J’avais l’air empruntée. Quand à l’avant-gardisme révolutionnaire des cadres de la bureaucratie civile et militaire, je n’y ai jamais cru, je n’ai jamais dévié de l’avant-garde ouvrière. »

Lire le roman en ligne

Les victimes du coup d’état militaire de 1980

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