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La grande tromperie de l’Etat prétendûment au dessus des classes sociales

mercredi 16 décembre 2015, par Robert Paris

La grande tromperie de l’Etat prétendûment au dessus des classes sociales


Lettre sur la tolérance (1689), John Locke :

« L’État, selon mes idées, est une société d’hommes instituée dans la seule vue de l’établissement, de la conservation et de l’avancement de leurs intérêts civils. J’appelle intérêts civils… la possession des biens extérieurs, tels que sont l’argent, les terres, les maisons, les meubles, et autres choses de cette nature. »

Marat, novembre 1789

« Où est la patrie de ceux qui n’ont aucune propriété, qui ne peuvent prétendre à aucun emploi, qui ne retirent aucun avantage du pacte social ? Partout condamnés à servir, s’ils ne sont pas sous le joug d’un maître, ils sont sous celui de leurs concitoyens (…) Que pourraient-ils devoir à l’Etat qui n’a rien fait que cimenter leur misère et river leurs fers ; ils ne lui doivent que la haine et les malédictions. Ah ! Sauvez-le l’Etat, vous à qui il assure un sort tranquille et heureux ; n’exigez rien de nous, c’est bien assez que le destin cruel nous ait réduit à la cruelle nécessité de vivre parmi vous. »

Voltaire dans son Dictionnaire philosophique :

« Un jeune garçon pâtissier se donnait un jour les airs d’aimer sa patrie. "Qu’entends-tu par ta patrie ?" lui dit un voisin : "Est-ce la rue où demeuraient ton père et ta mère, qui se sont ruinés, et qui t’ont réduit à enfourner des petits pâtés pour vivre ?" »

Auguste Blanqui – Le toast de Londres :

« Traîtres seraient les gouvernements qui, élevés sur les pavois prolétaires, ne feraient pas opérer à l’instant même : 1° - Le désarmement des gardes bourgeoises. 2° - L’armement et l’organisation en milice nationale de tous les ouvriers. »

Lénine dans "De l’Etat" :

« Quelles que soient les formes revêtues par la république, fût-elle la plus démocratique, si c’est une république bourgeoise, si la propriété privée de la terre, des usines et des fabriques y subsiste, et si le capital privé y maintient toute la société dans l’esclavage salarié, autrement dit si l’on n’y réalise pas ce que proclament le programme de notre Parti et la Constitution soviétique, cet Etat est une machine qui permet aux uns d’opprimer les autres. Et cette machine, nous la remettrons aux mains de la classe qui doit renverser le pouvoir du capital. Nous rejetterons tous les vieux préjugés selon lesquels l’Etat, c’est l’égalité générale. Ce n’est qu’un leurre ; tant que l’exploitation subsiste, l’égalité est impossible. Le grand propriétaire foncier ne peut être l’égal de l’ouvrier, ni l’affamé du repu. Cet appareil qu’on appelait l’Etat, qui inspire aux hommes une superstitieuse vénération, ajoutant foi aux vieilles fables d’après lesquelles l’Etat, c’est le pouvoir du peuple entier, - le prolétariat le rejette et dit : c’est un mensonge bourgeois. Cette machine, nous l’avons enlevée aux capitalistes, nous nous en sommes emparés. Avec cette machine, ou avec ce gourdin, nous anéantirons toute exploitation ; et quand il ne restera plus sur la terre aucune possibilité d’exploiter autrui, qu’il ne restera plus ni propriétaires fonciers, ni propriétaires de fabriques, qu’il n’y aura plus de gavés d’un côté et d’affamés de l’autre, quand cela sera devenu impossible, alors seulement nous mettrons cette machine à la ferraille. Alors, il n’y aura plus d’Etat, plus d’exploitation. Tel est le point de vue de notre Parti communiste. »

Léon Trotsky dans « La France à un tournant » (28 mars 1936) :

« Comprendre clairement la nature sociale de la société moderne, de son Etat, de son droit, de son idéologie constitue le fondement théorique de la politique révolutionnaire. La bourgeoisie opère par abstraction (« nation », « patrie », « démocratie ») pour camoufler l’exploitation qui est à la base de sa domination. (…) Le premier acte de la politique révolutionnaire consiste à démasquer les fictions bourgeoises qui intoxiquent les masses populaires. Ces fictions deviennent particulièrement malfaisantes quand elles s’amalgament avec les idées de « socialisme » et de « révolution ». Aujourd’hui plus qu’à n’importe quel moment, ce sont les fabricants de ce genre d’amalgames qui donnent le ton dans les organisations ouvrières françaises. »

L’Etat est une structure contradictoire au sens où il est fondé sur l’opposition dialectique Etat/Révolution et sur celle Capital/Travail. L’Etat n’est pas né du besoin de la population de s’organiser et de se protéger mais du besoin des classes dirigeantes de le faire contre les classes exploitées. Il est intégralement au service de la classe dirigeante et ne reflète en rien les intérêts des milieux populaires et surtout pas de la classe prolétarienne. La principale tromperie consiste à en faire un équilibre entre les classes et à le fonder sur l’opposition Démocratie/Dictature ou Public/Privé. Quand il est démocratique bourgeois, il reste une dictature de l’infime minorité capitaliste. Il est l’organisation publique des intérêts privés. Une autre tromperie importante consiste à en faire un défenseur d’intérêts nationaux qui engloberaient à la fois les intérêts du peuple (présentés comme nationaux) et les intérêts des classes dirigeantes qui y sont diamétralement opposés. L’Etat est né pour défendre ces classes dirigeantes contre les révolutions sociales et pas pour défendre la collectivité contre des attaques extérieures. Le principal ennemi de l’Etat est l’ennemi intérieur : la classe ouvrière et le communisme dont elle est potentiellement porteuse.

Quelle est l’origine de l’Etat ?

La naissance de l’Etat

L’Etat : la plus importante des tromperies politiques et sociales du monde moderne

Qu’est-ce que la République française ?

Qu’est-ce que la démocratie ?

Les élections bourgeoises contre la vraie démocratie

Démocratisme bourgeois et démocratie prolétarienne

L’Etat et la Révolution

La conception marxiste de l’Etat

La société sans Etat

Le socialisme et l’Etat

Quel type d’Etat créé par la révolution d’octobre

La Commune de Paris et la question de l’Etat

Sur la nature de classe de l’Etat russe

L’Etat et les travailleurs

Nature de l’Etat stalinien

Stalinisme et étatisme

Etatisme et socialisme

Le socialisme, c’est les nationalisations ?

Des appareils syndicaux qui ne sont pas indépendants de l’appareil étatique

Lectures sur la dictature du prolétariat

L’Etat bourgeois laïc ?

Ils ne parviennent même plus à le cacher : l’Etat est au service exclusif de la classe capitaliste

L’extrême gauche des syndicats et l’Etat

La question de « l’Etat et la Révolution » dans les révolutions actuelles

L’étatisme algérien n’était pas socialiste

L’Etat de Mao a été créé contre la classe ouvrière

Objectif : détruire la propriété privée des moyens de production et l’Etat au service des propriétaires

Léon Trotsky et les mensonges de la démocratie bourgeoise

Trotsky et la nature de l’URSS

L’intégration des organisations syndicales au pouvoir de l’Etat

Qu’est-ce que l’Etat ouvrier ?

Karl Marx dans « Ludwig Feuerbach » :

« Etant donné que l’Etat est la forme par laquelle les individus d’une classe dominante font valoir leurs intérêts communs, la forme dans laquelle l’ensemble de la société civile d’une époque se résume, il s’ensuit que toutes les institutions communes sont médiatisées par l’Etat, reçoivent une forme politique. D’où l’illusion que la loi repose sur la volonté libre, détachée de sa base réelle. »

Engels, Lettre à August Bebel, 1875 :

« Il conviendrait d’abandonner tout ce bavardage sur l’État, surtout après la Commune, qui n’était plus un État, au sens propre. Les anarchistes nous ont assez jeté à la tête l’État populaire, bien que déjà le livre de Marx contre Proudhon, et puis le Manifeste communiste, disent explicitement qu’avec l’instauration du régime social socialiste, l’État se dissout de lui-même et disparaît. L’État n’étant qu’une institution temporaire dont on est obligé de se servir dans la lutte, dans la révolution, pour réprimer par la force ses adversaires, il est parfaitement absurde de parler d’un État populaire libre : tant que le prolétariat a encore besoin de l’État, ce n’est point pour la liberté, mais pour réprimer ses adversaires. Et le jour où il devient possible de parler de liberté, l’État cesse d’exister comme tel. »

Messages

  • Lénine écrivait en 1918 (la Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky) : « Prenez les lois fondamentales des Etats contemporains, prenez leur administration, prenez la liberté de réunion ou de presse, prenez “l’égalité des citoyens devant la loi”, et vous verrez à chaque pas l’hypocrisie de la démocratie bourgeoise bien connue de tout ouvrier honnête et conscient. Il n’est point d’Etat, même le plus démocratique, qui n’ait dans sa Constitution des biais ou restrictions permettant à la bourgeoisie de lancer la troupe contre les ouvriers, de proclamer la loi martiale, etc., “en cas de violation de l’ordre”, mais, en fait, au cas où la classe exploitée “violait” son état d’asservissement et si elle avait la velléité de ne pas se conduire en esclave. »

  • « "L’Etat, dit Engels en tirant les conclusions de son analyse historique, n’est donc pas un pouvoir imposé du dehors à la société ; il n’est pas d’avantage "la réalité de l’idée morale", "l’image et la réalité de la raison", comme le prétend Hegel. Il est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l’"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger, c’est l’Etat". »

    Lénine, L’Etat et la Révolution

  • Karl Marx sur la Commune de 1871 :

    « Il fallait démasquer la prétention de l’État d’être la force armée pour la protection du bien public, d’être l’incarnation des intérêts généraux de la société, de dominer les intérêts privés en concurrence en les maintenant à leur place respective ; bref, il a fallu mettre à nu le secret du pouvoir d’État, à savoir qu’il est l’instrument du despotisme de classe, pour que les ouvriers, cessant de vouloir la république comme jeu politique de l’ancien système des classes, le saisissent comme moyen révolutionnaire pour mettre en pièces la domination de classe elle-même. »

    Deuxième esquisse de « La Guerre civile en France »

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