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Ils ne parviennent même plus à le cacher : l’Etat est au service exclusif de la classe capitaliste et violemment hostile aux travailleurs et aux milieux populaires

mardi 23 juin 2015, par Robert Paris

Ils ne parviennent même plus à le cacher : l’Etat est au service exclusif de la classe capitaliste et violemment hostile aux travailleurs et aux milieux populaires

Le MEDEF félicite le gouvernement Valls qui plafonne l’indemnité des salariés victimes de licenciements abusifs et donc autorise les patrons à licencier de manière abusive, qui facilite le recours à un CDD (renouvelable) revu et corrigé par le MEDEF, qui supprime plus de postes d’infirmières, de postiers et de cheminots qu’aucun gouvernement de droite, qui fait crédit de leurs impôts aux capitalistes alors qu’il leur verse des soutiens en milliards sans aucune contrepartie en termes d’emplois et qu’il ne cherche nullement à leur interdire de licencier, qu’il verse 4000 euros aux patrons pour la première embauche ce qui est équivalent à diminuer le smic de 15%, qu’il gèle sur trois ans des effets de seuil imposant des droits aux salariés, qu’il limite et retarde les droits des salariés victimes de la pénibilité !!! Le gouvernement veur remettre en question les 35 heures dans les hôpitaux et s’y attaquer partout… Les « accords de maintien dans l’emploi » permettent déjà de « déroger aux 35 heures » dans les entreprises. Le responsable du MEDEF commentant la dernière « aide aux entreprises » a dit qu’ « il ne pensait pas qu’il y en aurait autant » !!!! Et cela ne l’empêchera pas, bien entendu, d’en demander plus ensuite… Notamment supprimer carrément le CDI et refaire le code du travail ! Le Figaro claironne déjà : Valls veut traiter le problème « en réformant le contrat de travail ». À « Challenges », le chef du gouvernement a dit vouloir également s’attaquer au code du travail et l’alléger. « J’ai beaucoup discuté avec des économistes et des juristes de notre Code du travail. Je suis convaincu qu’il faut poursuivre ce chantier ».

Mais, fondamentalement, les mesures du gouvernement, qui n’ont aucun effet sur l’emploi, en ont qui est social et politique : il s’agit de blanchir les capitalistes de la responsabilité des licenciements. Il s’agit de prétendre que s’ils licencient c’est parce que les charges seraient trop élevées, que l’Etat les ponctionnerait trop, que leurs impôts seraient trop importants par rapport à la concurrence, que le coût du travail en France serait trop lourds, que la législation du travail serait trop pesante pour que les patrons puissent prendre le risque d’embaucher avec « le risque » de ne pas pouvoir licencier ensuite aisément !!! Les prud’hommes sont accusés de favoriser trop les salariés. Et par qui ? Par le MEDEF ? Non, par le gouvernement « de gauche » !!!

En même temps, par mécanisme de vases communicants, que le gouvernement verse des milliards aux capitalistes et aux banquiers et les autorise à ne pas payer leurs impôts sous des prétextes divers, il supprime des dotations aux collectivités locales, aux services publics, met en faillite les hôpitaux, la SNCF, Radio France, Areva, Total, il remet en cause des lignes de trains, privatise les autocars, privatise les aéroports, etc…

Alors qu’il est maintenant prouvé que les cadeaux à milliards du pacte de responsabilité aux capitalistes n’ont nullement servi à faire repartir l’emploi, le MEDEF déclare : "Notre message est qu’il ne faut pas toucher au Pacte de responsabilité et que l’emploi va arriver progressivement", C’est déjà près de 6 milliards d’euros qui ont été versés aux patrons sur les 40 milliards de baisse de charge et d’impôts prévus. Quant aux emplois créés grâce à ces milliards, c’est zéro pointé !

Le gouvernement non seulement n’aide pas à créer des emplois et en détruit massivement dans le secteur public où il ne se cache même pas de vouloir supprimer des milliers de postes d’infirmières, de cheminots, de postiers, etc, en ne remplaçant même pas les partants en retraite, mais en plus il ne fait rien pour bloquer les licenciements dans le privé. Il ne lève pas le petit doigt contre les trusts qui font des bénéfices et suppriment des emplois. Il appuie ceux qui ferment des sites. On peut citer tous les Total, Renault Trucks, Radio France, banque HSBC, Air France, Sanofi, La Halle- Vivarte, Intermarché, Galeries Lafayette, BlackBerry, Lafarge, General Electric, Dow Chemical, Otis, et cela après EADS, Natixis, Alstom, La Redoute, Société Générale, Sanofi, Mory Ducros, Laboratoires Fournier, Arkema, Caterpilar, Virgin, Danone, BNP, Crédit Agricole, banque de France, Lafarge, Siemens, SolvAxis, Henry-Jullien, Mondelez (LU), Barclays Bank, Belref, NagraID, ING, Numéricable, Mory-Global, Intermarché, Dim, Gefco, Arjowiggins, Travisol, Delphi, Vallourec, Escem, Maës, Auger, Philips Lighting, qui se rajoutent aux suppressions massives d’emplois à la SNCF, dans l’hôpital public, à Radio France, dans tout le secteur public.

Et pourtant, les centrales syndicales se gardent bien d’unir toutes ces luttes… Même le 25 juin, quand ces luttes explosent par hasard un même jour, elles sont divisées, séparées, manifestant à des heures différentes dans des lieux différents !

Car les seuls à faire comme si c’était mieux d’être en discussion avec un gouvernement « de gauche », ce sont même les syndicats !!! A propos du pacte de responsabilité, par exemple, Valls déclare qu’ « il félicite les syndicats de jouer le jeu ». Dans la grève de Radio France, les syndicats cassent la grève après l’avoir isolée. Dans les hôpitaux, les syndicats sauvent la « réforme de Hirsch » alors que la mobilisation d’agents de l’hôpital public révoltés affirme ne vouloir ni la discuter ni l’amender ! A la SNCF, les syndicats discutent les aménagements de la privatisation alors que les personnels se battaient contre elle !

Le gouvernement a décidé de "gratter" le moindre sou y compris du côté de ceux qui en ont le moins.
Dans son collimateur : les chômeurs et les bénéficiaires, ceux de la CMU complémentaire de la Réunion et des territoires d’outremer notamment… Pôle emploi va mobiliser 200 conseillers pour contrôler les chômeurs dans le but de les empêcher de « de s’enkyster dans le chômage de longue durée ». Tous les demandeurs d’emploi sont concernés, des contrôles aléatoires venant s’ajouter aux contrôles ciblés de certaines catégories, comme les chômeurs de longue durée ou ceux qui ne trouvent pas de travail dans des secteurs qui recrutent. Alors qu’une personne sur deux qui a le droit au RSA ne le demande pas et n’en bénéficie pas, le gouvernement laisse entendre dans les média qu’il y a de faux chômeurs, de faux bénéficiaires des aides sociales et que cela expliquerait une bonne partie des trous…

Par contre, le gouvernement se garde de parler de la vraie fraude, celle des patrons et capitalistes, fraude des banques, fraude aux cotisations sociales, par les entreprises, estimée en 2007 entre 8 et 14 milliards d’euros par le Conseil des prélèvements obligatoires, et qui aurait doublé depuis cette date ou l’évasion fiscale par les capitalistes, qui coûte chaque année à l’État français l’équivalent de ce qui est collecté chaque année par l’impôt sur le revenu ! Il semble plus simple à ce gouvernement de pointer du doigt le « chômeur-assisté-fraudeur ».

Haro sur les chômeurs, sur les fonctionnaires, sur les sans papiers, sur les aides sociales et « redonner la confiance aux entrepreneurs », on voit qu’il s’agit bien d’un gouvernement de classe, de la classe capitaliste.

Les entreprises publiques n’ont plus un centime pour leur propre fonctionnement, plus un centime pour les salaires, plus un centime pour les emplois mais elles mettent leur argent dans les marchés financiers ! Ainsi, les travaux du nouveau « pôle d’excellence » Paris-Saclay n’est pas directement financé par l’Etat mais devra recevoir les dividendes de placements financiers de celui-ci… s’il y en a… Il en va de même de bien des fonds publics, comme ceux pour payer les constructions dans les hôpitaux. S’ils n’ont pas d’argent pour les salariés ni pour le service public, ni même pour remplacer les partants en retraite, les services publics en ont pour distribuer des revenus importants aux cadres dirigeants, chargés de transformer le service public en une entreprise au service des financiers et des banquiers ! L’exemple le plus typique est celui de Macron, un produit direct de la grande banque et il le prouve bien. On trouve aussi l’exemple de Gallet, PDG de Radio France qui distribue des sommes colossales aux hauts cadres, se multiplie en opérations financières et de com, tout en déclarant son entreprise en faillite, en menaçant tous les secteurs de l’activité culturelle, y compris les orchestres, soi-disant pour rétablir les finances qu’il est le premier à plomber… Un autre exemple connu est celui de Martin Hirsch qui a prétendu, pour sauver bien entendu les hôpitaux menacés de faillite, supprimer les 35 heures, supprimer les RTT, imposer la grande équipe, remplacer les lits d’hôpitaux par l’ambulatoire, bloquer les salaires, supprimer les primes, supprimer la prise en compte des pauses repas et des temps d’habillage-déshabillage sur le temps de travail et autres multiples attaques frontales contre les personnels de l’hôpital public. En même temps, ce monsieur l’austérité distribue des sommes importantes aux cadres de l’APHP chargés d’une politique uniquement financière qui ne profite qu’aux trusts pharmaceutiques, aux trusts du Bâtiment et aux marchés financiers.

Même les guerres que mène la France aux quatre coins du monde n’ont d’autre but que de favoriser les intérêts des capitalistes français. Il faut remarquer que cet Etat qui se dit en faillite, à bouts de moyens, en a pour des guerres très coûteuses ! Mais cela rapporte aux trusts : à Areva au Niger, à Bolloré en Côte d’Ivoire, à Total au Tchad, à Bouygues au Mali, etc…

« On a besoin de gens qui ne voient pas les patrons comme les ennemis de classe ou des exploiteurs. » déclare Pierre Gattaz, patron du MEDEF. C’est bien le cas avec Valls, Macron, Hollande qui affirment que c’est l’impôt qui tue l’emploi, que ce sont les droits des salariés qui nuisent à l’économie, que le diktat ne vient pas des patrons mais des syndicats…. Il s’agit de gouvernants qui voient les salariés et les chômeurs comme des ennemis, même s’ils ont prétendu s’être faits élire par les milieux populaires, même s’ils conservent un appui syndical, la CFDT ayant même envoyé deux de ses dirigeants y participer…

On ne peut pas se contenter de se plaindre que la politique du gouvernement qui ne serait pas assez à gauche, comme le font bien gentiment les Montebourg et autres Mélenchon, les Verts ou même l’extrême gauche… Faire croire qu’une politique « de gauche » en pleine période d’effondrement du capitalisme serait possible est le propre de tous les réformistes, politique comme syndicaux. Ils font croire que l’Etat, s’il était normalement dirigé, avec une politique favorable à la majorité de la population, pourrait résoudre les problèmes que pose la crise du capitalisme. Mais il n’en est rien et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’Etat a toujours été au service exclusif de la classe exploiteuse et il ne peut en être autrement tant qu’on n’aura pas renversé cet Etat bourgeois. Ce qui change, c’est seulement qu’en période de crise profonde du capitalisme il n’est plus possible de le cacher, les politiques de gauche, de droite et d’extrême droite convergeant inévitablement et d’autant plus profondément que la crise s’aggrave. On a déjà vu cela par exemple à la fin des années trente… Ensuite, le capitalisme est incapable de s’auto-réformer car sa crise provient de causes profondes que le capitalisme est incapable de changer : de la baisse massive de ses investissements productifs causée non pas par la concurrence mais par la limite de ses investissements rentables. Pas plus que les arbres, le capitalisme ne peut grandir jusqu’au ciel. Sa recherche de profits considérables finit par bloquer les investissements et le système ne parvient plus à perdurer qu’en massant ses investissements dans la finance et dans la spéculation. Les Etats, loin de combattre cette tendance nécrophile du capitalisme, ne peuvent qu’aider les spéculateurs et leur éviter la faillite pour éviter celle de l’ensemble du système.

Ces hommes politiques qui n’ont que le mot réforme à la bouche se gardent bien de reparler de la réforme des banques, de la réformes des circuits financiers, de la réforme du système lui-même et ne veulent mettre à la réforme que nos emplois, nos salaires, le code du travail et les services publics, les allocations chômage, les aides sociales afin d’aider sans cesse plus le grand capital et retarder ainsi un effondrement à terme inévitable.

Les syndicats se refusent à regarder la situation en face car l’aggravation de la lutte des classes mène aussi inévitablement la classe dirigeante à s’attaquer mortellement aux petits privilèges des appareils syndicaux et eux aussi essaient de retarder une échéance fatale.

Ils ne comptent nullement sur les luttes de la classe ouvrière, ni pour faire vraiment reculer les capitalistes et leur Etat ni même pour sauver les droits syndicaux ! Ils ne comptent que sur la négociation, sur la concertation, c’est-à-dire sur la collaboration de classe. Quand le MEDEF lance la lutte des classes, les bureaucraties syndicales prêchent la modération !!!

C’est pour cela que les travailleurs, pour se défendre, pour transformer la défensive en offensive, comme pour transformer la société, ne peuvent compter que sur eux-mêmes et surtout pas sur les dirigeants réformistes politiques et syndicaux.

Les travailleurs ont besoin de s’organiser de manière indépendante de l’Etat et de la bourgeoisie, ce qui n’est le cas d’aucune des organisations syndicales, car toute classe qui n’est pas organisée n’a pas d’expression, n’a pas de force propre, n’a pas de moyen de mesurer sa propre force, n’a pas de moyen d’évaluer sa stratégie et est donc complètement désarmée. Etre désarmé quand la lutte des classes devient aigüe, c’est non seulement céder aux attaques violentes antisociales mais aussi laisser la place à la politique d’écrasement de la classe ouvrière, à la démagogie xénophobe et raciste, au fascisme.

Notre seul choix est de faire confiance entre notre propre force, en tant que travailleurs, notre force de classe, de renouer avec la lutte de classe prolétarienne !

Bien des travailleurs envisagent toujours avec crainte la violence qu’entraînerait la révolution sociale. Mais ils omettent le fait que c’est l’attaque de la classe bourgeoise qui entraîne l’inévitabilité de la violence et que, si les travailleurs y renoncent, la classe bourgeoise, elle, n’y renoncera pas pour autant.

Il faut remarquer que, parmi ceux qui s’opposent radicalement à la perspective offerte par l’assemblée interprofessionnelle, on trouve non seulement les quelques bureaucrates syndicaux ou politiques mais aussi les organisations de l’extrême gauche (NPA, POI, LO, Fraction, Alternative Libertaire et on en passe…). Ils sont trop liés aux appareils syndicaux pour oser offrir à la classe ouvrière une perspective propre…

Eh bien, tant pis, c’est quand même en s’organisant indépendamment que la classe ouvrière peut s’offrir une véritable perspective et elle ne peut s’appuyer que sur ceux des militants ouvriers qui refusent le diktat des bureaucraties syndicales. Celles-ci sont trop liées à l’Etat et à la société bourgeoise pour accepter que les travailleurs développent leur propre avenir…

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