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L’Afrique n’est pas située en dehors de la lutte des classes

vendredi 17 juillet 2015, par Robert Paris

L’Afrique n’est pas située en dehors de la loi de la lutte des classes, pas plus qu’elle n’est en dehors des lois de la physique, de la chimie, de la biologie ou de l’évolution des espèces

Ce n’est pas une idée si courante d’affirmer que l’Afrique est déterminée, socialement et politiquement, par la lutte des classes, comme toutes les autres régions du monde….

On a vite fait de faire croire que l’histoire de l’Afrique se cantonnerait à celle des guerres entre ethnies, entre religions, entre tribus, entre noirs et blancs, entre colonisés et colonisateurs, entre dictateurs et opprimés mais pas à la lutte, moderne, entre prolétaires et capitalistes. Et pourtant….

Pourtant…

Pourtant, si on examine la réalité des luttes en Afrique, elle est déterminée fondamentalement par la lutte des classes.

Eh oui, désolé d’avoir à le redire, l’Afrique fait partie du monde. Quand il s’agit des sciences, l’Afrique obéit à la loi de la relativité d’Einstein, bien que ce dernier soit Allemand, à la loi de l’éctromagnétisme de Maxwell, à la loi de l’électrodynamique quantique de Feynmann, bien que ces auteurs ne soient pas non plus Africains, et à bien d’autres lois de la physique, de la biologie, de l’évolution des espèces, même si leurs auteurs ne sont pas, le plus souvent, africains.

Eh bien, l’Afrique obéit à la loi de la valeur-travail, à la loi de l’accumulation du capital défendue notamment dans l’ouvrage « Le Capital » et à la loi de la lutte des classes défendue notamment dans « Le Manifeste communiste » de Karl Marx, bien que celui-ci soit d’origine allemande. Le marxisme est né en Europe mais ce n’est pas plus un produit européen que le capitalisme qui y est né aussi mais dont personne ne conteste qu’il soit mondial.

Oui, l’Afrique obéit à la loi mondiale du grand capital, comme toute autre région du monde et, du coup, à la loi de la valeur-travail, à celle de l’accumulation du capital, et ce qui en découle : la lutte des classes !!! Tant pis pour les nationalistes, les démocrates africains, les africanistes, les bourgeois, les passéistes, les traditionnalistes, tous ceux qui cultivent une fausse « africanité » !

Les lois de la dynamique des sociétés sont les mêmes que dans le reste du monde, de même que les lois de la dynamique des fluides sont les mêmes en Afrique ou de même que les lois de la dynamique du vivant sont aussi les mêmes !

Même si, dans le partage international du travail, l’Afrique a reçu une part qui est surtout cantonnée à l’exploitation des mines, du pétrole, du gaz, des minéraux, et aussi à l’exploitation des produits agriicoles et des forêts, cela ne signifie pas que l’Afrique ne fasse pas partie du capitalisme.

Même si l’Afrique a une part du pauvre, étant ponctionnée à la fois par les impérialismes, par les classes dirigeantes, par les dictateurs et bandes armées, officielles ou pas, même si elle subit double ou triple exploitation et oppression, toutes ces formes particulières sont intégrées au capitalisme, et actionnées par lui et pas par une société antique, traditionnelle, ancestrale, villageoise, ethnique, tribale, animiste, maraboutique, de notables locaux, de sorciers, de chefferries, de royautés antiques, etc.

Ce qui détermine l’évolution des sociétés africaines, comme partout dans le monde, c’est la propriété privée des moyens de production, c’est l’exploitation du travail salarié, c’est la plus-value, c’est le capital et son accumulation, c’est la recherche effrénée du plus haut taux de profit, etc, toutes sortes de lois capitalistes qui n’ont rien de particulier à l’Afrique.

La division en classes, elle aussi, n’est pas une particularité africaine et n’est pas changée par la survivance, sous le capitalisme, de survivances ancestrales et arriérées, pas plus que l’Arabie saoudite retardataire n’est située en dehors du capitalisme.

Bien sûr, le maintien des idéologies antiques, si elle ne change pas la réalité objective des classes et de leur lutte, a un effet sur la prise de conscience des peuples travailleurs. L’importance des mentalités ethnistes, esclavagistes, clanistes, mystiques, mythologiques, animistes, communautaristes, racistes, etc. , est une nécessité pour les classes dirigeantes, locales comme impérialistes, face à la croissance et à l’importance sociale et économique du prolétariat et ce n’est pas une particularité africaine. L’Inde, par exemple, est parfaitement intégrée au capitalisme tout en ayant conservé toutes ses idéologies antiques et retardataires.

Si l’Afrique est apparue comme un peu située en dehors du grand courant du capitalisme, ce n’est pas à cause d’un développement particulier, autonome et original, mais du fait de la grande division internationale du travail au sein du monde capitaliste et non à cause de particularités locales que seraient le monde patriarcal, féodal, ethnique, clanique, tribal ou villageois.

Ce qui domine l’Afrique, c’est bel et bien le capitalisme le plus moderne, celui des exploitations du gaz et du pétrole, celui des mines modernes, celui des grandes exploitations capitalistes des bois et forêts, celui des trusts mondiaux de l’or, de l’uranium et d’autres minerais.

Les deux classes principales de l’Afrique sont bel et bien la bourgeoisie et le prolétariat.

Ce qui explique les affrontements dans les pays d’Afrique, c’est encore et toujours la lutte des classes, même dans les situations où on voudrait nous faire croire qu’il y a des guerres interethniques, intercommunautaires, interreligieuses, entre milices armées, entre dictatures militaires, ou entre clans opposés de la bourgeoisie se prétendant fondés sur des critères religieux, régionaux ou ethniques.

Comme partout dans le monde, ce qui détruit la conscience de classe du peuple travailleur, ce n’est pas seulement les idéologies philosophiques arriérées propagées par les classes dirigeantes mais c’est l’idéologie réformiste de la collaboration de classe, exactement comme dans les pays riches, occidentaux ou pas.

Comme partout dans le monde, c’est d’abord le réformisme politique et syndical qui détruit la conscience de classe.

C’est d’abord la croyance dans la vertu des élections, de l’alternance politique, des droits démocratiques dans le cadre bourgeois.

C’est d’abord l’idéologie du respect de la propriété privée des moyens de production, et de la prétendue réussite individuelle dans ce cadre étouffant de l’exploitation capitaliste et de l’accumulation de l’essentiel des richesses par l’infime minorité des possesseurs de capitaux.

C’est d’abord l’idéologie réformiste des dirigeants syndicaux qui sont prêts à toutes les négociations bidon avec tous les pouvoirs dictatoriaux, avec les classes dirigeantes aux dents longues, avec tous les capitalistes exploiteurs et pilleurs de toutes les richesses.

C’est d’abord le refus des réformistes de toute révolution sociale prolétarienne, remettant totalement en question le pouvoir bourgeois et le droit bourgeois, renversant à la fois l’Etat bourgeois et la loi bourgeoise de la propriété privée des moyens de production.

Les bureaucraties syndicales et les politiciens bourgeois ne sont pas une particularité occidentale, ni une particularité des pays riches. Eux aussi sont mondialisés !!!

Pourtant, tout cela n’a pas empêché les prolétaires africains de se lancer plusieurs fois « à l’assaut du ciel », de faire des révolutions sociales, de tenter d’en finir avec l’exploitation et l’oppression.

A chaque fois que de telles situations ont explosé, les dirigeants politiques et syndicaux des peuples ont mobilisé tous leurs moyens sociaux et organisationnels pour détourner cette aspiration des prolétaires africains, pour dévitaliser ces luttes, les détourner, leur donner de faux objectifs, de fausses formes d’organisations, et les remettre aux mains de faux amis. Mais, là aussi, ni plus ni moins que dans le reste du monde, pays riches et pays pauvres confondus.

En Afrique comme dans le reste du monde, les dirigeants de la classe prolétarienne sont les réformistes. Ils affirment que le changement viendra des élections, de la démocratie, de l’action responsable et légale et pas de la révolution sociale et socialiste. Ils ne veulent pas du renversement du capitalisme et de la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme qu’ils traitent de « lubie marxiste » et qu’ils discréditent en disant qu’elle n’est pas d’origine africaine. Comme si la démocratie bourgeoise était d’origine africaine, comme si le capitalisme, les banques, la plus-value et le grand capital étaient d’origine africaine !!! Comme si le noirisme, le nationalisme, l’ethnisme, le clanisme, l’intégrisme proposaient une société différente de la société bourgeoise !!! Il n’a jamais existé de capitalisme noir mais il n’y a pas non plus de capitalisme jaune, même si le capitalisme est très dynamique en Asie !!!

Certes les travailleurs africains doivent tirer d’abord des leçons de leurs propres expériences et pas seulement de celles des luttes des autres fractions du peuple travailleur. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne doivent pas tirer des leçons de la Commune de Paris ou de la révolution russe. Car la bourgeoisie mondiale, africaine comme non africaine, a bien tiré des leçons de la révolution française ou de la révolution américaine.

De même, les leçons des luttes du prolétariat d’Afrique ne concernent pas que les Africains mais tous les travailleurs et révolutionnaires du monde.

Mais ce qui leur manque, ce n’est pas seulement la connaissance des luttes passées mais l’analyse de celles-ci, les forces et les faiblesses des prolétaires, ce qui leur a fait défaut et ce qu’ils ont démontré de leurs capacités. Toutes ces leçons sont volontairement brouillées par des adversaires ouverts ou cachés, par des faux amis et de vrais ennemis.

Et c’est ce qui manque aux prolétaires africains comme cela manque aux prolétaires de toutes les autres régions du monde…

Les prolétaires du monde ont besoin de connaître leurs forces comme leurs faiblesses. Ils ont besoin de la vérité et pas de compliments, de mensonges ou de slogans.

Mais, pour analyser ces forces et ces faiblesses, ils ont besoin du programme communiste révolutionnaire de Marx à Trotsky, du marxisme. Car le marxisme n’est pas plus européen que la physique, que la chimie ou que la biologie. Le programme communiste appartient aux prolétaires du monde et les en a volés aussi bien en Afrique qu’ailleurs.

La suite du texte

Quelques exemples :

Lutte des classes en Afrique du sud

Lutte des classes en Côte d’Ivoire

Lutte des classes au Burkina Faso

Lutte des classes au Tchad

Lutte des classes au Gabon

Lutte des classes au Burundi

Lutte des classes au Niger

Luttes de classe en Guinée (Conakry)

Lutte de classe en Guinée équatoriale

Lutte de classes au Togo

Lutte des classes à Madagascar

Lutte des classes au Cameroun

Lutte des classes au Mali

Luttes de classe au Kenya

Lutte des classes au Sénégal

Lutte des classes en Zambie

Les luttes de classe en Afrique sub-saharienne

Les luttes de classe en Afrique du nord

Lire encore sur les luttes de classe en Afrique

Lutte de classes au Congo Brazzaville

Encore sur la lutte des classes au Burkina Faso

Messages

  • Les conditions actuelles en Afrique sont peut-être la plus grande remise en cause du capitalisme moderne. Considérons les points faits dans le dernier rapport de la Banque mondiale : le revenu total de l’ensemble des 48 états africains sub-sahariens est à peu près égal à celui d’un pays aussi petit que la Belgique. En moyenne, chaque état a un revenu avoisinant $2 milliards par an, c’est-à-dire à peu de chose près ce dont dispose une petite ville occidentale de 60.000 habitants. Si l’on fait le calcul, cela revient à moins d’un dollar par jour.

    Le produit intérieur brut de ce vaste continent représente moins d’un pour cent du produit intérieur brut mondial. Les conditions sociales se sont détériorées par rapport aux gains minimes faits après l’indépendance dans les années soixante. Si on exclut l’Afrique du Sud, il y a moins de routes dans toute l’Afrique qu’en Pologne et il n’y a que 5 millions de téléphones. On peut présumer que ces statistiques consternantes ne sont pas exagérées étant donné que la Banque mondiale doit admettre au moins une part de responsabilité pour ce qui est arrivé.

    Dans le domainde de la santé, une plus grande partie de la population meurt maintenant de maladies infectieuses qu’à aucun autre moment depuis le début du vingtième siècle. L’impact du sida en Afrique est absolument dévastateur. Les chiffres des Nations unies estiment à 24,5 millions le nombre de personnes infectées par le virus du sida en Afrique, dont 4 millions rien qu’en 1999. Le sida a tué 2,2 millions de personnes en Afrique l’an dernier, 80 pour cent du total de morts dans le monde. Dans certains pays, comme au Zimbabwe et au Botswana, les écoles et les usines ne peuvent plus fonctionner en raison de l’énorme taux de mortalité parmi les travailleurs. Comme nous l’avons précisé dans nos articles sur le sida, il n’existe pas, à l’heure actuelle, la possibilité de prendre les mesures d’urgence qui s’imposent et de mobiliser les ressources et les médicaments nécessaires pour empêcher ces millions de personnes de mourir, et encore moins de mener une discussion sérieuse au sein des gouvernements occidentaux.

    En cherchant une explication dans les médias de ce qui s’est passé en Afrique, nous sommes immédiatement confrontés à des préjugés réactionnaires qui ont plus ou moins cours. La Banque mondiale et les politiciens occidentaux prétendent que l’Afrique a été socialement dévastée à cause de la corruption de ses dirigeants qui à ce jour n’ont toujours pas appliqué les règles de la « transparence » et de « bon gouvernement ». Ces dirigeants se sont engagés à des « dépenses gouvernementales excessives », etc. Aucune explication n’est cependant avancée quant à savoir pourquoi cette espèce particulière de dirigeants n’est un problème qu’en Afrique. Lorsque des tentatives sont faites en vue d’élucider le problème de régimes corrompus, celles-ci se font généralement en des termes pseudo-sociologiques de la « domination des structures tribales ». Par conséquent, au lieu des valeurs de la classe moyenne urbaine que nous trouvons en Occident, ce sont les coutumes locales qui prédominent. La conclusion essentielle à tirer de ces considérations est que l’Afrique a besoin d’une « mission civilisatrice », ce qui revient essentiellement aux conceptions racistes avancées pendant la période victorienne.

  • C’est, je crois, en examinant ces luttes pour l’indépendance que l’analyse de Trotsky se révèle être la plus perspicace. Sa mise à nu de la trahison de la révolution chinoise dans les années 1920 par les dirigeants staliniens contient une des plus importantes leçons stratégiques de notre mouvement. En opposition totale à l’analyse de Trotsky, Staline avait soutenu que le mouvement nationaliste en Chine, le Guomindang, mènerait une révolution démocratique contre les propriétaires terriens féodaux et la domination impérialiste. Une énorme campagne avait également été menée pour dénigrer les idées de Trotsky et de ses partisans.

    Staline a ordonné au parti communiste chinois d’entrer dans le Guomindang et de se soumettre à sa discipline. Le résultat a été un désastre complet, finissant avec la défaite de la révolution et l’assassinat de milliers de communistes chinois par les nationalistes en 1927.

    Le genre de nationalisme bourgeois qui s’était développé en Chine est devenu l’inspiration politique des futurs dirigeants panafricains qui allaient établir plus tard leurs régimes en Afrique après la Seconde Guerre mondiale. Il y a, en fait, un lien très direct. Si vous lisez l’autobiographie d’Azikiwe, le premier président du Nigeria, vous verrez que durant ses études menées à l’Université de Howard aux Etats-Unis au début des années 1930, soit après le massacre des communistes chinois, il a expliqué combien il a été impressionné par Sun Yatsen et Tchang Kaï-chek, les dirigeants du Guomindang.

    Azikiwe a étudié à Howard où les intellectuels noirs comme Tubman (le futur Président du Liberia), et Kwame Nkrumah (le futur Président du Ghana) ont développé les idées panafricanistes. L’influence de l’Antillais George Padmore est indubitable, il est peut-être l’un des dirigeants intellectuels du panafricanisme le plus connu et qui, après l’indépendance, s’est établi au Ghana comme conseiller de Nkrumah.

    Padmore était un dirigeant international du Parti communiste et un partisan dévoué de Staline. Son travail à Moscou au début des années 1930 était de servir dans un comité spécial qui enquêtait sur le Parti communiste chinois pour trouver des « trotskistes » et opposants à la ligne stalinienne. Ceux qui soutenaient que le parti devrait se baser sur la classe ouvrière en furent chassés. Padmore a entièrement accepté la « théorie des deux étapes », qui est devenue la politique stalinienne officielle dans les pays sous-développés. Selon cette théorie il y aurait, dans ces pays, d’abord une révolution nationale démocratique, ce qui signifiait que les communistes devaient soutenir toute une série de mouvements paysans et nationaux bourgeois, le socialisme ne venant qu’à une date non spécifiée (et d’habitude lointaine). Padmore n’a rompu avec le parti communiste qu’à la fin des années 1930, lorsqu’il est devenu évident que Staline n’avait aucun intérêt véritable dans la croissance des mouvements nationalistes en Afrique ou ailleurs, sauf en tant que pions dans les accords qu’il essayait de conclure avec l’impérialisme. Mais les idées de Padmore sur le nationalisme, qui dérivaient du stalinisme, sont demeurées essentiellement inchangées.

    Padmore a influencé la plupart des futurs dirigeants africains à la fin de la Seconde Guerre mondiale, y compris Nkrumah, Kenyatta et Nyerere qui devaient devenir les dirigeants des anciennes colonies britanniques. Nombre d’entre eux étaient présents à la conférence panafricaine tenue à Manchester en 1945. Des développements analogues ont eu lieu en France où des dirigeants formés par les staliniens, comme Sekou Touré en Guinée, commençaient à être connus.

    L’idée fondamentale de Padmore était que la lutte nationale pour l’indépendance servirait à contenir dans d’étroites limites le mouvement de la classe ouvrière qui se développait rapidement en Afrique au lendemain de la guerre. Une petite élite d’Africains noirs, qui aspirait à devenir une bourgeoisie noire, serait appelée sur cette base à prendre le pouvoir politique. A cette époque, il existait déjà d’énormes agglomérations de travailleurs en Afrique, spécialement dans l’industrie minière, et l’on comptait déjà nombre de grandes grèves. Des milliers de mineurs en Afrique du Sud s’étaient organisés contre les propriétaires des mines britanniques. Au Congo, jusqu’à un million de mineurs travaillaient dans les mines de cuivre et de diamants, et c’est aussi là que l’uranium pour la bombe atomique était extrait. Ce mouvement faisait partie d’une vague révolutionnaire internationale qui a déferlé tout de suite après la guerre et s’est étendue à l’Inde, à la Chine et à des parties entières de l’Europe.
    Comme le disait Padmore : « La seule force capable de retenir le communisme en Asie et en Afrique est le nationalisme dynamique se basant sur un programme socialiste d’industrialisation... » [1]. C’est sur cette base qu’il a appelé les pouvoirs impérialistes à accorder l’indépendance.

    Le socialisme dont il parlait, ainsi que Nkrumah, Nyerere et d’autres, signifiait une espèce d’interventionnisme et d’Etat-providence, idées qui étaient considérées d’un il favorable par les capitalistes dans les conditions de la crise d’après-guerre, et qui ont été reprises, par exemple, par le Parti travailliste en Grande-Bretagne. Cela n’avait rien à voir avec le socialisme, dans la tradition du marxisme pour lequel Trotsky s’était battu. Trotsky avait toujours insisté sur le fait que le socialisme signifiait la construction d’un mouvement ouvrier indépendant et politiquement conscient pour renverser l’impérialisme. Les panafricanistes y étaient opposés et, quand ils sont parvenus au pouvoir dans les années 1960 partout en Afrique, ils ont étouffé les grèves et réprimé l’opposition ouvrière.

  • Deux journalistes, dont un correspondant de l’AFP, ont été interpellés vendredi à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, pendant un rassemblement de l’opposition.
    Les deux journalistes ont été interpellés lors d’un rassemblement du parti d’opposition, Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), et libérés rapidement.
    Lors de ce meeting vendredi, ce parti a annoncé la formation d’une coalition aux prochaines élections sénatoriales, législatives et municipales, au côté d’un autre parti d’opposition, l’Union du centre droit (UCD).

    La Guinée équatoriale est un cas d’école en matière d’impact de la corruption sur les droits humains. Comme le montre le rapport que Human Rights Watch vient de publier, il existe un lien direct entre l’enrichissement personnel des responsables politiques et les indicateurs lamentables du pays en matière de santé publique et d’éducation. Le manque de transparence et de mise en concurrence dans le processus de choix et d’allocation des contrats publics permet aux agents du gouvernement de transformer facilement des projets d’infrastructures en vaches à lait, à leur propre bénéfice. L’argent public est ainsi détourné, pendant que s’effondrent les systèmes de santé et d’éducation

    Ainsi, bien que la Guinée équatoriale soit dotée de richesses considérables, le gouvernement n’investit qu’entre 2 % et 3 % de son PIB dans la santé et l’éducation – bien moins que les autres pays dans la même tranche de revenus. De plus, la majeure partie des dépenses du gouvernement sert à financer des hôpitaux trop chers pour la plupart des habitants et une université réservée à quelques privilégiés. Seule la moitié de la population a accès à l’eau potable, le taux de vaccination a chuté et est maintenant l’un des pires au monde, et la proportion d’enfants qui ne vont pas à l’école, en augmentation depuis le début du boom pétrolier, est la septième plus importante du monde

    Pendant ce temps-là, le gouvernement dépense des sommes faramineuses dans des projets d’infrastructures. Entre 2009 et 2013, environ 80 % des dépenses publiques ont été consacrées à ces projets, et ce malgré l’inquiétude du Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement défend ces dépenses en affirmant que ces infrastructures sont nécessaires au développement du pays et à la diversification de l’économie dans la perspective de l’épuisement des ressources pétrolières.
    Le projet le plus coûteux et inexplicable est celui de nouvelle capitale, Oyala, au beau milieu de la jungle. Il s’agit de la troisième capitale dans ce pays d’un million d’habitants. Après avoir dépensé des milliards dans la construction de bâtiments ministériels à Malabo, l’actuelle capitale insulaire, et à Bata, l’autre capitale sur la partie continentale, le gouvernement a budgété 8 milliards de dollars (plus de 7 milliards d’euros) supplémentaires pour Oyala, selon le FMI, qui estime que cela représente la moitié du budget du pays pour 2016.
    Des éléments troublants laissent penser que cette dépense massive en infrastructures donnera probablement lieu à des opérations à des fins personnelles. Il apparaît par exemple que le président, la première dame et Teodorin détiennent conjointement l’entreprise de construction, avec un monopole sur les importations de ciment. La construction de la nouvelle capitale a aussi attiré des entreprises étrangères, dont françaises, comme le groupe Egis, chargé de sa conception.

    Il est difficile pour les investisseurs étrangers d’éviter les conflits d’intérêts en Guinée équatoriale, car la loi du pays exige que les entreprises étrangères aient un partenaire local détenant une participation d’au moins 35 % dans tout projet développé localement. Deux anciens cadres d’entreprises de construction agissant en Guinée équatoriale affirment en outre que s’associer à des responsables influents peut s’avérer crucial pour accomplir quoi que ce soit dans le pays, particulièrement pour décrocher des contrats publics lucratifs.
    Les mesures prises par la France pour empêcher des responsables de blanchir leurs biens mal acquis sont un bon début. Mais le gouvernement devrait à présent aller plus loin et s’assurer que les entreprises françaises n’aident pas ces individus à aspirer les fonds publics de leur pays. L’accès de la population à la santé et à l’éducation en dépend.

  • " L’histoire de toute société se résume dans le développement des antagonismes de classes, antagonismes qui ont revêtu des formes différentes à de différentes époques."

    Karl Marx, "Le Manifeste du parti communiste"

  • Les activités du groupe pétrolier Total ont été paralysées par deux grèves lancées en Mauritanie et au Congo-Brazzaville. Si la direction congolaise du groupe a annoncé la fin de la grève dans le pays, les négociations en Mauritanie semblent, elles, bloquées.

    Les employés de Total en Mauritanie sont en grève illimitée depuis le mercredi 12 juillet. Ils réclament des augmentations de salaire et le paiement de leurs heures supplémentaires. Les représentants du personnel ont pu rencontrer, lundi 17 juillet, la direction de Total, après cinq jours de grève. Une rencontre qui s’est soldée par un échec.

    « La direction a fait une proposition qui ne correspondait pas à nos attentes », regrettent les délégués du personnel, qui dénoncent le recours par l’entreprise à des employés non-qualifiés pour remplacer les grévistes. Aucune nouvelle rencontre entre les grévistes et la direction n’a, pour l’instant, été prévue. « Nous nous concertons entre nous avant de prendre une décision », expliquent les délégués joints par Jeune Afrique.

    En Mauritanie, les activités de la major pétrolière française concernent la distribution de produits pétroliers, via 38 stations services qui emploient directement plus de 60 personnes. La major pétrolière française devrait bientôt se déployer dans l’exploration des ressources d’hydrocarbures du pays.

    Au Congo-Brazzaville, les employés de Total sont également entrés en grève, ce mercredi 12 juillet dernier. Une centaine de manifestants a brièvement occupé les locaux de la compagnie à Pointe-Noire, avant d’être dispersée par la police. Dans la foulée, les sites d’exploitation de Total ont été bloqués.

    Dans un communiqué diffusé vendredi 14 juillet, le groupe a annoncé la reprise de la production sur ses sites congolais, suite à des discussions avec les syndicalistes et le gouvernement qui ont abouti à un compromis.

  • Dans le cadre de la poursuite judicaire contre les « biens mal acquis », Teodorin Obiang, fils du président équato-guinéen (ancien ministre de l’Agriculture et des Forêts, promu en juin dernier vice-président par son père) est jugé depuis le 19 juin par le tribunal correctionnel de Paris pour « blanchiment d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption ». Une enquête menée depuis 2008 par deux associations internationales, Sherpa et Transparency International, a mis au jour le patrimoine considérable du vice-président équato-guinéen : immeuble luxueux et immense sur l’avenue Foch à Paris, estimé à 107 millions d’euros ; voitures de luxe et de sport (Porsche, Ferrari, Bentley, Bugatti) ; collections d’œuvres d’art, de bijoux et de vêtements de marque. Les deux organisations ont donc déposé plainte. Les juges ont estimé que ce patrimoine ne pouvait avoir été financé par les seuls revenus officiels de Teodorin Obiang, mais était issu « des détournements de fonds publics et de la corruption ». Le 5 juillet dernier, ce fils à papa immensément riche a écopé de trois ans de prison, avec 30 millions d’euros d’amende et la confiscation de biens dépassant largement les 100 millions d’euros, dont l’immeuble de l’avenue Foch. Ce jugement est attendu pour le 27 octobre. Tout le monde sait que tout cet argent provenant principalement des ressources pétrolières, a été détourné des caisses de l’État de la Guinée équatoriale. Les chefs d’État africains, « élus, réélus » ou non, se dépêchent de s’enrichir, d’enrichir leurs familles ou leurs clans au détriment des travailleurs et de la population pauvre. D’habitude les autorités françaises ferment les yeux sur ce genre d’affaires illicites surtout lorsqu’il s’agit de leurs protégés en Afrique. Mais de temps en temps, elles laissent les mains un peu plus libres aux juges lorsque certaines affaires éclatent au grand jour et que la presse en parle. C’est le cas de l’affaire Teodorin Obiang.

  • Les classes possédantes éradiquent et détournent la lutte des classes en favorisant l’ethnisme. Ainsi, au Mali des assassinats ont lieu entre peuls et autres ethnies : 32 morts en une seule journée...

  • Ce n’est pas une idée si courante d’affirmer que l’Afrique est déterminée, socialement et politiquement, par la lutte des classes, comme toutes les autres régions du monde….

    On a vite fait de faire croire que l’histoire de l’Afrique se cantonnerait à celle des guerres entre ethnies, entre religions, entre tribus, entre noirs et blancs, entre colonisés et colonisateurs, entre dictateurs et opprimés mais pas à la lutte, moderne, entre prolétaires et capitalistes. Et pourtant….

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