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Avec les ONG, l’humanitaire est-il une nouvelle manière de faire du capitalisme ?

dimanche 14 juin 2015, par Robert Paris

Avec les ONG, l’humanitaire est-il une nouvelle manière de faire du capitalisme ?

Cela peut paraître curieux d’appeler capitaliste une organisation à but non lucratif mais, méfions-nous, dans le système capitaliste même le « non lucratif » peut devenir… rentable comme les hôpitaux privés "à but non lucratif" !

La Banque mondiale constate non seulement que « les ONG prennent de plus en plus part aux processus de développement économique et social » mais déclare que ce sont des « facteurs d’amélioration et d’élargissement de l’aide au développement. »

La Banque mondiale, non seulement ne néglige pas de telles organisations officiellement à but purement humain mais y voit un grand intérêt économique et propose « une série de recommandations générales aux États en matière juridique, destinées à garantir aux ONG une existence et un fonctionnement sans entrave, indépendamment de l’État et de manière transparente et responsable. »

Depuis les années 2000, de grandes entreprises privées signent des partenariats avec des ONG de façon à acquérir une vision plus globale de l’environnement mondialisé, et afin de disposer de compétences les aidant à mieux percevoir les attentes des consommateurs et des marchés. Ceci est plus perceptible dans le monde britannique et japonais.

Les ONG et « l’humanitaire » seraient un capitalisme ethique (ou un masque ethique du capitalisme) ? Un capitalisme à visage humain (ou une apparence humaine à un système qui ne l’est pas) ? Un capitalisme altruiste ? Un capitalisme écologique ? Un capitalisme associatif ? Un capitalisme crétif ? Un capitalisme socialement responsable ? Un capitalisme démocratique ? Un capitalisme local ? Une responsabilité sociétale des capitalistes ? Un capitalisme a but non lcratif ? Un capitalisme vecteur de progrès social ? Un alter-capitalisme protecteur de l’environnement et des populations ? Un capitalisme réinventé, réformé, renouvelé ? Un capitalisme vert ? Un capitalisme de bénévoles ?

Tels sont les mensonges du capitalisme dit humanitaire qui va du détournement des malheurs des populations en vue de récupérer la manne de la sensibilité des peuples jusqu’aux interventions massives des armées impérialistes au nom du droit d’intervention humanitaire pour la paix, pour la démocratie et contre le terrorisme !!!

Dès que survient une catastrophe, les ONG se précipitent avec leur armada de matériel high-tech et d’équipes de secours … se précipitent pour expliquer aux gens devant caméras et micros comme ils sont bien et efficaces. Ce sont les chouchous de médias, qui, en effet, nous les montrent volontiers en pleine action. Armés de pelles, de pioches, de brancards, de sacs de riz, que sais-je encore, ils paraissent omniprésents. Oui, mais voilà, sur le terrain, les choses sont souvent différentes. Les grandes ONG internationales sont devenues, depuis le tournant néolibéral dans les années 70, la vitrine humanitaire des faucons impérialistes. Pas toutes, certes, mais les plus en vue, probablement. Et en particulier celles qui émargent à l’USAID et reçoivent les importantes subventions de l’Etat US et les dons des sponsors privés. On se souvient des conditions qu’avait imposées G. Walker Bush aux ONG US en Afrique : pas de subventions si elles distribuaient trop de préservatifs ou donnaient des renseignements sur l’avortement. Il fallait préconiser l’abstinence et la fidélité conjugale. Et c’est ce qu’elles faisaient docilement. L’argent est plus impératif que l’aide humanitaire et la santé publique. Et cet argent, il n’entre pas facilement si rien de spectaculaire ne se passe. Les dons n’affluent véritablement qu’avec la compassion soulevée par une catastrophe et le tapage médiatique qui l’accompagne. Alors, un tsunami en Asie du sud-est ou un séisme à Haïti, c’est pain bénit, évidemment.

James Petras, Henry Veltmeyer, dans "La face cachée de la mondialisation, L’impérialisme au XXIème siècle", dénoncent les ONG en les accusant d’être “ au service de l’impérialisme ”. Mais l’affaire est bien plus simple : il s’agit d’organismes du capitalisme.

Les ONG reflètent la “ coopération pour le développement ” de la Banque mondiale et sa stratégie de partenariat, elles révèlent du même coup le visage local de l’impérialisme ”. La “ coopération ” n’est donc que la “ subordination de celui qui reçoit l’aide à son donateur ”. Le rôle principal des ONG serait de “ donner au processus d’ajustement structurel (et de mondialisation) des dimensions sociales et un visage humain ” afin de calmer la colère légitime de la population et d’amener des militants de gauche découragés à s’adapter aux réalités du système néo-libéral tout en cherchant à en réduire les “ abus ”. Les auteurs dénoncent le manque de démocratie dans le fonctionnement des ONG dont les directeurs des plus grosses “ perçoivent un salaire et des avantages équivalents à ceux des PDG des plus grosses firmes privées ” et les “ manipulations qu’elles exercent pour remplacer et détruire les mouvement de gauche organisés et pour récupérer leurs dirigeants et leurs stratèges intellectuels ”.

Le but de la majorité des ONG est de “ mystifier et détourner ce mécontentement, pour l’empêcher de s’attaquer directement aux profits et aux pouvoirs des firmes et des banques et l’orienter vers des microprojets locaux, une auto-exploitation et une “ éducation populaire ” “ apolitique ” qui évitent l’analyse de classes de l’impérialisme et de l’accumulation du profit capitaliste ”.

Au final “ la prolifération des ONG n’a pas contribué à réduire le chômage structurel ni les déplacements massifs de paysans, elle n’a pas non plus fourni des salaires décents à l’armée grandissante des travailleurs informels. L’action des ONG se réduit à l’offrir à une étroite catégorie de professionnels indépendants, des revenus en devises fortes, qui leur permettent d’échapper aux ravages de l’économie néo-libérale sur leur pays et leurs concitoyens, et de s’élever dans les structures de classes existantes ”. Certes les auteurs reconnaissent que les ONG “ critiquent les dictatures et les violations des droits de l’homme ”. Cependant ils estiment que “ le financement occidental des ONG “ critiques ” revenait à souscrire une assurance-risque, au cas où les réactionnaires au pouvoir chancelleraient.

Alors que les ONG “ se concentrent sur “ des stratégies de survie ” plutôt que de lancer des appels à la grève générale ; elles organisent des soupes populaires, plutôt que des manifestations massives contre ceux qui contrôlent les réserves alimentaires, contre les régimes néo-libéraux ou contre l’impérialisme américain ”.

Les grandes ONG internationales sont devenues, depuis le tournant néolibéral dans les années 70, la vitrine humanitaire des faucons impérialistes, l’avant-garde des troupes impérialistes.

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