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Qu’est-ce que la République française ?

mardi 7 avril 2015, par Robert Paris

Qu’est-ce que la République française ?

Toutes les institutions de la société française, les partis politiques, de la droite à la gauche de la gauche ainsi que les syndicats et associations n’ont que le mot république à la bouche, à croire que la révolution française s’était fait sous ce mot d’ordre, ce qui est une contre-vérité.

En théorie, selon les termes, république signifie que le peuple règne et que la royauté est abolie. En faits, la première république est autnant née de l’abolition de la royauté que de la volonté de la bourgeoisie de mettre la main sur l’appareil de l’Etat, qui se heurtait certes d’un côté au désir de la noblesse de revenir au pouvoir mais aussi de l’autre côté aux masses populaires organisées et armées, avec les comités permanents des sections, les organisations sans culottes et de celles des bras nus, les comités de femmes et les compagnies de piques. Sous la première république, la loi n’est nullement revenue au peuple, seuls les propriétaires ayant droit de voter, y compris sous le plus radical des gouvernements, celui de Robespierre. Les domestiques, les ouvriers et les femmes ont été exclus par la force du droit de décider en politique et en particulier du droit de vote. Dès que les institutions de la république en ont été capables, elles ont violemment détruit les comités populaires et supprimé tout droit d’organisation des ouvriers. Un an après la révolution, la république faisait tirer sur le peuple au champ de mars ! L’existence d’un peuple mobilisé n’avait duré que le temps qu’il fallait à la bourgeoisie pour renverser la féodalité. La bourgeoisie a tellement détesté l’époque où le peuple était organisé, tellement eu peur de la révolution, qu’elle est tombée dans les bras du dictateur Bonaparte qui n’est pas devenu roi mais empereur, pour finalement remettre en place une royauté sans revenir sur les nouvelles lois et institutions bourgeoises !

Il a fallu de nouvelles révolutions populaires de 1830 et 1848 pour renverser à nouveau la royauté et mettre en place la deuxième république. Là encore, il s’agissait de républiques aux mains de la grande bourgeoisie. Quelques mois allaient suffire pour voir cette république écraser dans le sang les ouvriers parisiens mobilisés en juin 1848 avant d’écraser aussi les républicains petits-bourgeois. La bourgeoisie, apeurée, s’est à nouveau avisée des dangers révolutionnaires d’agiter les droits du peuple et s’est jetée dans les bras de la royauté.

Il a fallu la révolution ouvrière et populaire de la Commune de Paris de 1871 pour que la bourgeoisie, après avoir massacré consciencieusement et massivement les ouvriers révolutionnaires de Paris, s’avise que la république bourgeoise était le plus stable des régimes et le moins susceptible d’être menacé par des révolutions sociales, en particulier par le prolétariat. Le droit de vote des ouvriers n’est plus apparu comme un véritable danger, du moment que l’appareil d’Etat était bien aux mains des classes dirigeantes et que le développement des affaires de la bourgeoisie pouvait faire espérer aux classes populaires une vraie amélioration de leur sort.

La troisième république a surtout été celle des grandes entreprises coloniales et de l’impérialisme avec deux grandes guerres mondiales. La république n’a jamais été démocratique vis-à-vis des peuples colonisés ni des prolétaires mais a conservé son apparence électorale et antiféodale. La noblesse a été défintivement éradiquée ainsi que la royauté, du moins en France. Bien d’autres pays ont eu exactement le même régime social et politique, avec un simple changement de forme : un roi de pacotille officiellement à la tête de l’Etat. C’est avec les crises économiques du capitalisme que la démocratie bourgeoise est à nouveau apparue ingérable du point de vue des intérêts de la bourgeoisie capitaliste et qu’elle a fait appel au fascisme pour détruire les droits sociaux et politiques des prolétaires ainsi que la démocratie bourgeoise dans toute l’Europe. Elle n’a pas eu besoin de remettre un roi fasciste sur le trône et a maintenu la fiction républicaine parfois comme avec Hitler et le Reich. En France aussi, avec Vichy, le fascisme de Pétain a conservé la forme républicaine tout en détruisant les droits sociaux et politiques des travailleurs. Il y a eu une véritable continuité de l’Etat du front populaire de 1936 au pouvoir de Pétain, mis en place dans les formes de la loi républicaine, et du pouvoir de Pétain à celui de De Gaulle, du moins en ce qui concerne les institutions de l’Etat, la plus grande partie de l’appareil d’Etat n’ayant même pas changé.

C’est avec la guerre d’Algérie et le pronunciamiento des généraux d’Alger contre l’indépendance de la colonie algérienne que la France a changé de république, passant à la quatrième république, une république non plus parlementaire comme la troisième mais présidentielle. Le président a bien plus de pouvoir que les anciens rois. La seule différence est qu’il ne repasse pas le pouvoir à ses enfants. Mais, même dans la royauté, il n’était pas si fréquent que les rois parviennent à se succéder par longues lignées familiales. Quant à la démocratie de la république bourgeoise, elle est purement formelle puisque ce sont les trusts et les banques qui gouvernent en réalité toute la vie politique et sociale et c’est à leur service que l’Etat fonctionne, quelle que soit la couleur politique des partis bourgeois qui gouvernent.

Examinons ainsi la définition de « la république » par wikipedia :

« La République est l’ensemble des biens, des droits, des prérogatives de la puissance publique et des services propres à un État. Elle est accessible également à tous ses citoyens et la propriété collective de tous. Elle s’oppose à la propriété privée, en sorte que tout ce qui n’est pas privé est public, et réciproquement. La chose publique comprend tout ce qui est public dans un pays donné : le domaine public (routes, fleuves, canaux, forêts domaniales, napes phréatiques, ports, domaine maritime, espace aérien, bâtiments publics, patrimoine des établissements publics, des départements et des communes..), les services publics, la fonction publique, les juridictions publiques, les registres (greffes, hypothèques, marques, sociétés, association, ..) et les dépôts publics (archives, musées, haras, conservatoires, bibliothèques, réserves d’or, ..), la langue nationale, la monnaie, les marques, sceaux, mesures et poids publics, les lois et règlements d’administration publique, les servitudes d’intérêt public, le gouvernement, le parlement, les académies, la force publique (gendarmerie, police, armée), l’Assistance publique, etc. La République est propre à un État national donné, elle est aussi ancienne que lui, elle est indépendante du régime politique de gouvernement. République désigne aussi, avec le sens de régime politique démocratique, les États dont le chef et les membres du parlement sont désigné par des élections populaires. »

Cette définition est aussi pleine d’hypocrisie que les lois de cette même république. Parler de « chose publique » n’a de sens que si cette « chose » est mise au service de la collectivité. Ce n’est nullement le cas. L’essentiel des moyens de l’Etat sert à défendre les intérêts du grand capital. On le voit bien en cas de faillite. Areva fait faillite et c’est l’Etat qui le sauve, de même que si PSA fait faillite. Par contre, si le boutiquier ou le salarié ont des trous financier, aucune état, fût-il républicain n’estime de son devoir de le sauver. Et pas davantage s’il risque de perdre son logement, sa santé, son accès à l’éducation, à l’électricité ou au gaz. Là, il n’est plus question de chose publique mais de chose privée et, comme le dit le texte, la chose publique s’arrête là où démarre la chose privée. La république est d’abord et avant tout le défenseur des droits des propriétaires des moyens de production et des possesseurs de capitaux.

Il faut remarquer aussi que l’Angleterre royale a bien des fonctionnements que wikipedia attribue particulièrement à la république, par opposition soi-disant à la royauté !

La forme de la république est juste là pour cacher, très efficacement, que c’est la dictature du grand capital !

Contrairement à tous les chanteurs de cocorico, la forme de la république n’a rien de particulièrement française ni même de particulèrement capitaliste. La Grèce antique a connu nombre de villes gouvernées par des républiques. Platon en a fait la théorie. Et même, lors des révolutions bourgeoises, c’est la Suisse, l’Angleterre, les Pays-Bas et les Etats-Unis qui ont mis en place les premières républiques bourgeoises.

La définition de wikipedia assimile république et démocratie de manière mensongère et contraire à l’histoire. Les républiques fascistes sont là pour le montrer et les massacres coloniaux ou néocoloniaux des républiques en sont également l’illustration. C’est la république française qui a commandité le génocide rwandais, qui plus est sous un président de gauche (Mitterrand) !

Quand la bourgeoisie veut réellement donner des droits démocratiques, elle sait le faire. Les gros actionnaires ont un réel pouvoir sur les dirigeants des entreprises que n’ont nullement les citoyens sur les gouvernants. Elle leur donne le droit de les démissionner immédiatement. Des élus qui seraient ainsi sous le contrôle devraient être révocables à tout moment par leurs mandants. Et ce n’est pas tout. il faudrait que les électeurs aient les moyens de vérifier la réalité de leurs déclarations, avec une transparence des politiques et des finances. Ce n’est jamais le cas dans les élections politiques même dans la plus "démocratique" des républiques bourgeoises...

Pour le peuple travailleur dans la société bourgeoise, il n’existe pas d’élections régulières....

Il n’est nullement question de décisions à la majorité dans les entreprises puisque celles-ci sont des dictatures de leurs "propriétaires". Les armées, elles non plus, ne savent pas ce que démocratie et décision à la majorité veut dire. Sans parler des banques ou des bourses....

Dans les pays dits démocratiques, la dictature des nobles a été supprimée mais il a fallu pour cela bien autre chose que des élections : il a fallu une révolution sociale. Et pas seulement un changement politique.

Ce que la forme dite républicaine ou démocratique tend à cacher, c’est justement le caractère de classe de la société et plus encore de l’Etat…

Les mots « classe », « prolétariat », « front de classe », « exploiteurs », « capitalistes », « ouvrier », « travailleurs », « lutte des classe », « exploitation » ne font plus partie du vocabulaire de la société républicaine… A la place de cela, elle parle de « peuple », de « citoyens », de « nation », de « Français », d’ « opinion », d’ « entrepreneurs », d’ « intérêt général », d’ « unité », de « dialogue ».

Elle parle de « Réforme efficace », de « jurys citoyens », de « démocratie participative », de « constat partagé » ou de « participation citoyenne ».

De nos jours, la république bourgeoise est d’abord l’adversaire de la lutte des classes du prolétariat puisqu’elle n’a plus de noblesse ni de royauté à combattre.

Cette fameuse démocratie est censée nous munir d’une loi égale pour tous où, en réalité, la loi est pesante aux plus démunis et légère aux plus riches et plus puissants. On voit que les banques qui font faillite sont sauvées, les salariés qui sont endettés et les petits paysans, pêcheurs ou artisans qui font de même sont coulés. Quant à la justice, elle cache les crimes des puissants et condamne dur un jeune de cité qui se rebelle.

Alors, décidément, non ! Ce n’est pas de cette élection présidentielle ni de cette démocratie bourgeoise et de cette république des capitalistes que nous avons besoin.

Ce qu’il nous faut, ce sont des comités de salariés dans les entreprises, des comités d’habitants dans les quartiers populaires pour organiser le révolte sociale indispensable dans la crise sociale et politique qui approche et suivra la crise économique due à l’incapacité des classes dirigeantes de se sortir de la crise économique.

Pour la loi du capital qui se cache aussi bien derrière la république que derrière la royauté, sous la démocratie comme sous le fascisme, le travailleur ne compte pas, le chômeur ne compte pas, le retraité ne compte pas, le petit artisan, le petit pêcheur, le petit paysan, le tout petit rentier ne comptent pas non plus. On peut les jeter à la rue. On peut les liquider. On peut fermer leurs comptes en banque. S’ils protestent, on leur envoie les forces de l’ordre. On peut leur enlever le droit de se loger, de loger leur famille, de les nourrir, d’éduquer leurs enfants. On peut les réduire à la mendicité. Et cela à l’échelle de peuples entiers. Ceux qui n’en sont pas encore convaincus vont s’en convaincre très vite. S’ils protestent, ils verront alors que toute protestation est considérée comme une atteinte à la loi. On pourra les frapper, les matraquer, les arrêter, les accuser de tous les crimes. Toute revendication aussi minime soit-elle s’attaque donc inévitablement à la loi du capital.

Quant au capital lui-même, il est religieusement protégé par la loi. Y compris s’il a commis tous les crimes possibles et imaginables, y compris des crimes contre l’Etat bourgeois, contre la monnaie, contre la stabilité systémique, y compris des crimes contre la viabilité et l’avenir même du capitalisme. Nous venons de le voir avec la crise de 2007-2008. Tous les financiers dont les opérations hasardeuses ont mis par terre le système n’ont subi aucune enquête sérieuse et n’ont pas eu à le payer. Non seulement, ils n’ont pas été inquiétés mais ils ont été sauvés des conséquences de leurs actes. Ils ont spéculé de manière folle et ils n’ont pas eu à le payer. Et cela parce qu’une loi a été édictée durant la crise : « tout grand capital ne peut pas chuter ». Au prix de milliers de milliards de dollars, toutes les grandes entreprises, toutes les grandes banques, toutes les grandes assurances ont été sauvées de la faillite et ce sont les Etats et les banques centrales qui ont payé la facture, qui ont couvert les trous, qui ont empêché les faillites, au nom de la sauvegarde du système mondial. Ils ont racheté des entreprises, fourni gratuitement des masses de capitaux, non seulement prêtés mais donnés. Et ils ont fait cela au risque de se ruiner complètement, de désarmer l’Etat bourgeois lui-même. Ils ont également racheté les titres pourris produits par les possesseurs privés de capitaux et ils continuent à les racheter. Et le grand capital continue à en produire à un rythme élevé. Nous ne voulons pas ici nous plaindre d’une dérive de l’Etat, d’un détournement de la loi, de la nation ou de la République mais, au contraire, en souligner le fonctionnement inévitable en régime capitaliste.

Pour le capitalisme, n’est criminel au nom de la loi au pouvoir que le travailleur qui prétend conserver son emploi quand le patron le licencie, qui prétend rester dans son entreprise quand le patron la ferme, qui prétend garder son logement quand il est expulsé, qui prétend garder son compte en banque quand la banque le ferme, qui prétend avoir le droit de se soigner quand il ne peut se le payer, le chômeur qui prétend manger, ne pas coucher à la rue, se soigner, étudier, le retraité qui prétend vivre ou survivre, etc… Nous ne pouvons pas faire appel à la même loi que les capitalistes ! Nous ne pouvons pas faire appel au même Etat que les capitalistes ! Nous ne pouvons pas faire appel à la même justice que les capitalistes ! Nous n’avons pas besoin de la même république que les capitalistes.

Plus question d’admettre qu’un patron déclare que les caisses de l’entreprise sont vides. Il faut prendre sur ses revenus et biens personnels. Plus question d’admettre qu’un patron nous dise qu’il n’y a plus de travail. Du boulot ou pas, c’est une question de choix du grand capital en fonction de la rentabilité. Ce n’est pas notre problème. Nous exigeons, dans tous les cas, d’être payés. Plus question d’allocations chômage impayées. Plus question d’électricité coupée, de téléphone coupé, de crédits coupés, de compte fermé, d’emplois supprimés. Quand un capitaliste, un banquier, une assurance sont en difficulté, la société trouve des milliards pour le sauver. Imposons qu’il en soit de même quand il s’agit des travailleurs. Il faut aussi en finir avec la logique des directions des centrales syndicales qui quémandent des petits accommodements, signent des contre-réformes, divisent les luttes, les lâchent en cours de route et organisent des journées d’action sans lendemain. Il faut unir les travailleurs précaires, les chômeurs et ceux qui ont un emploi, les travailleurs du public et du privé, les travailleurs de l’Automobile et ceux de l’Audiovisuel, ceux de la Recherche et ceux de la Construction, ceux de l’Enseignement et ceux des grands magasins. C’est à nous de défendre notre avenir. Personne ne le fera à notre place ! Il ne s’agit pas de défendre chacun notre entreprise mais de défendre collectivement le sort de la classe ouvrière. Les travailleurs, s’ils ne veulent pas subir de plein fouet le chômage, la misère, et aussi les dictatures et les guerres, conséquences inévitables de la crise, comme le fascisme et la guerre mondiale ont été des conséquences de la crise de 1929, doivent diriger eux-mêmes leurs luttes aujourd’hui et devront diriger demain la société. Tant qu’ils se laissent diriger par les centrales syndicales, ils ne peuvent pas apparaître pour la force sociale capable de supplanter le système capitaliste car les centrales, elles, sont des institutions qui font partie du système même quand les militants de ces centrales n’en ont pas conscience ou ne le souhaitent pas. Bien entendu, nous ne considérons pas les militants syndicalistes comme des ennemis mais comme des travailleurs comme les autres, à convaincre comme les autres, aussi réformistes que les autres travailleurs, aussi marqués par la loi du système que les autres travailleurs. Tant que les travailleurs ne commenceront pas à casser la chaîne morale qui les attache au capitalisme, nous révolutionnaires n’entraînerons pas la majorité des militants syndicalistes. Casser la chaîne du capitalisme nécessite en premier que les travailleurs estiment que la catastrophe imminente implique qu’ils soient prêts à se réunir, à s’assembler pour se parler de la situation, pour échanger librement des avis sur celle-ci, sur les moyens d’y faire face, pour lutter, sur les revendications comme sur les moyens d’action. Les revendications et les moyens d’actions que proposent les révolutionnaires ont vocation d’être proposés d’abord et avant tout dans ces assemblées ouvrières et pas seulement dans les syndicats où tout l’appareil syndical a vocation de les torpiller d’avance, de les empêcher même d’être diffusées et discutées. Même dans les assemblées, l’appareil bureaucratique cherchera à faire taire la voix des militants révolutionnaires mais l’assemblée peut décider qu’elle veut quand même les écouter et peut l’imposer aux bureaucrates. Rien ne garantit que nous parvenions à convaincre la majorité des travailleurs mais il est indispensable de militer pour le programme d’action des communistes révolutionnaires du fait que la spontanéité ne peut pas tout. Elle ne permet pas en particulier de disposer d’une analyse de la situation des classes dirigeantes et des classes moyennes, qui est indispensable aux travailleurs pour définir leur propre politique. Et cela est d’autant plus nécessaire que la situation mondiale qui existe depuis 2007 n’a jamais été vécue par le prolétariat et il ne dispose pas d’une expérience lui permettant d’y faire face. L’occasion est historique mais elle n’est pas du tout évidente à saisir. Les révolutionnaires eux-mêmes ont besoin d’en discuter entre eux pour se convaincre mutuellement des appréciations sur les événements qui s’y produisent. Personne, fût-il le plus éclairé, ne doit exiger d’être suivi comme un messie et les révolutionnaires doivent apprendre à défendre leur point de vue avec opiniâtreté et accepter de ne pas être crus sur parole. Il n’est nullement facile de croire que le capitalisme n’a plus d’avenir. Il n’est nullement agréable de penser que l’on ne peut plus se contenter de s’accrocher à son entreprise, à sa corporation, à son secteur d’activité ou à sa nationalité. Il n’est nullement aisé de changer complètement la boussole qui nous avait guidé jusque là. C’est la routine qui amène les bureaucrates à puiser dans les anciennes formules par lesquelles ils croyaient jusque là mener les luttes. Mais la routine n’est en rien une aide face à un monde qui tremble sur ses bases et ne peut plus fonctionner comme il l’a fait durant des décennies. Il nous faut un nouveau programme qui ne craigne pas d’afficher d’emblée son but : casser la loi du capital, celle pour laquelle il est autorisé de détruire l’économie, la société, les droits sociaux, d’écrabouiller des millions d’êtres humains. Il est indispensable d’annoncer que nous nous battons non seulement pour défendre notre emploi, notre salaire, notre service public, notre santé, notre … mais que nous nous battons pour une nouvelle loi de toute la société.

Une nouvelle loi dans laquelle la propriété privée capitaliste n’est plus taboue mais le bien-être social des millions d’hommes est tabou, intouchable.

Proclamons de nouvelles actions considérées comme criminelles :

criminel de licencier

criminel d’expulser de son logement

criminel de couper l’électricité, le gaz, le compte en banque, les allocations chômage

criminel de réprimer des manifestations ouvrières

criminel de jeter à la rue et de laisser à la rue

criminel de tirer un profit des actions précédentes

criminel d’investir dans la destruction de la société en finançant des titres sur les dettes, sur les logements expulsés, sur la ruine des économies, des monnaies, des fonds publics

Mettons en accusation les capitalistes, dirigeants des trusts, des banques, des assurances, des bourses pour être coupables d’assassiner les peuples.

Plaçons le peuple travailleur en tête de notre action afin que toutes les couches sociales qui vont à l’avenir être des victimes n’aillent pas chercher leur salut auprès des démagogues fascistes.

Affirmons que nos ennemis ne sont pas le peuple travailleur du pays voisin mais les exploiteurs de tous les pays. Unissons notre action à celle de tous les travailleurs du monde. Récusons toutes les thèses selon lesquelles l’Etat bourgeois pourrait nous défendre s’il était plus national, plus fort, plus répressif, plus fasciste en somme…

Contrairement à Mélenchon, nous ne proclamons pas la nouvelle république bourgeoise, la sixième mais la deuxième république des conseils et comités de travailleurs, la deuxième en France après la commune de Paris de 1871.

Vive la république universelle (et non nationale) des comités de travailleurs, de chômeurs, de retraités, de jeunes et de femmes ! A eux d’établir une véritable démocratie à la base !

Lénine dans "De l’Etat" :

« Quelles que soient les formes revêtues par la république, fût-elle la plus démocratique, si c’est une république bourgeoise, si la propriété privée de la terre, des usines et des fabriques y subsiste, et si le capital privé y maintient toute la société dans l’esclavage salarié, autrement dit si l’on n’y réalise pas ce que proclament le programme de notre Parti et la Constitution soviétique, cet Etat est une machine qui permet aux uns d’opprimer les autres. Et cette machine, nous la remettrons aux mains de la classe qui doit renverser le pouvoir du capital. Nous rejetterons tous les vieux préjugés selon lesquels l’Etat, c’est l’égalité générale. Ce n’est qu’un leurre ; tant que l’exploitation subsiste, l’égalité est impossible. Le grand propriétaire foncier ne peut être l’égal de l’ouvrier, ni l’affamé du repu. Cet appareil qu’on appelait l’Etat, qui inspire aux hommes une superstitieuse vénération, ajoutant foi aux vieilles fables d’après lesquelles l’Etat, c’est le pouvoir du peuple entier, - le prolétariat le rejette et dit : c’est un mensonge bourgeois. Cette machine, nous l’avons enlevée aux capitalistes, nous nous en sommes emparés. Avec cette machine, ou avec ce gourdin, nous anéantirons toute exploitation ; et quand il ne restera plus sur la terre aucune possibilité d’exploiter autrui, qu’il ne restera plus ni propriétaires fonciers, ni propriétaires de fabriques, qu’il n’y aura plus de gavés d’un côté et d’affamés de l’autre, quand cela sera devenu impossible, alors seulement nous mettrons cette machine à la ferraille. Alors, il n’y aura plus d’Etat, plus d’exploitation. Tel est le point de vue de notre Parti communiste. »

Lénine dans "L’Etat et la révolution" :

« Traitant de la question de l’Etat, qui nous préoccupe ici, Marx fait le bilan de la révolution de 1848-1851, dans son 18 Brumaire de Louis Bonaparte , en développant le raisonnement suivant :

« Mais la révolution va jusqu’au fond des choses. Elle ne traverse encore que le purgatoire. Elle mène son affaires avec méthode. Jusqu’au 2 décembre 1851 [date du coup d’Etat de Louis Bonaparte], elle n’avait accompli que la moitié de ses préparatifs, et maintenant elle accomplit l’autre moitié. Elle perfectionne d’abord le pouvoir parlementaire, pour le renverser ensuite. Ce but une fois atteint, elle perfectionne le pouvoir exécutif , le réduit à sa plus simple expression, l’isole, dirige contre lui tous les reproches pour pouvoir concentrer sur lui toutes ses forces de destruction [souligné par nous], et, quand elle aura accompli la seconde moitié de son travail de préparation, l’Europe sautera de sa place et jubilera : Bien creusé, vieille taupe ! »
« Ce pouvoir exécutif, avec son immense organisation bureaucratique et militaire, avec sa machine étatique complexe et artificielle, son armée de fonctionnaires d’un demi-million d’hommes et son autre armée d’un demi-million de soldats, effroyable corps parasite qui recouvre comme d’une membrane le corps de la société française et en bouche tous les pores, se constitua à l’époque de la monarchie absolue, au déclin de la féodalité qu’il aida à renverser." La première Révolution française a développé la centralisation, "mais, en même temps aussi, l’étendue, les attributs et l’appareil du pouvoir gouvernemental. Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d’Etat". La monarchie légitime et la monarchie de Juillet "ne firent qu’y ajouter une plus grande division du travail... »

« La République parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental. Tous les bouleversements n’ont fait que perfectionner cette machine au lieu de la briser [souligné par nous]. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’Etat comme la principale proie du vainqueur. » (Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte).

Lénine dans "De l’Etat" :

« Quelles que soient les formes revêtues par la république, fût-elle la plus démocratique, si c’est une république bourgeoise, si la propriété privée de la terre, des usines et des fabriques y subsiste, et si le capital privé y maintient toute la société dans l’esclavage salarié, autrement dit si l’on n’y réalise pas ce que proclament le programme de notre Parti et la Constitution soviétique, cet Etat est une machine qui permet aux uns d’opprimer les autres. Et cette machine, nous la remettrons aux mains de la classe qui doit renverser le pouvoir du capital. Nous rejetterons tous les vieux préjugés selon lesquels l’Etat, c’est l’égalité générale. Ce n’est qu’un leurre ; tant que l’exploitation subsiste, l’égalité est impossible. Le grand propriétaire foncier ne peut être l’égal de l’ouvrier, ni l’affamé du repu. Cet appareil qu’on appelait l’Etat, qui inspire aux hommes une superstitieuse vénération, ajoutant foi aux vieilles fables d’après lesquelles l’Etat, c’est le pouvoir du peuple entier, - le prolétariat le rejette et dit : c’est un mensonge bourgeois. Cette machine, nous l’avons enlevée aux capitalistes, nous nous en sommes emparés. Avec cette machine, ou avec ce gourdin, nous anéantirons toute exploitation ; et quand il ne restera plus sur la terre aucune possibilité d’exploiter autrui, qu’il ne restera plus ni propriétaires fonciers, ni propriétaires de fabriques, qu’il n’y aura plus de gavés d’un côté et d’affamés de l’autre, quand cela sera devenu impossible, alors seulement nous mettrons cette machine à la ferraille. Alors, il n’y aura plus d’Etat, plus d’exploitation. Tel est le point de vue de notre Parti communiste. »

Marx dans « L’adresse à la Ligue des Communistes » :

« Les petits bourgeois républicains dont l’idéal est une république fédérative allemande dans le genre de la Suisse, et qui se donnent aujourd’hui le nom de rouges et de sociaux-démocrates, parce qu’ils se bercent de la douce illusion de supprimer l’oppression du petit capital par le gros capital, du petit bourgeois par le gros bourgeois. Les représentants de cette fraction furent membres des congrès et comités démocratiques, dirigeants des associations démocratiques, rédacteurs des journaux démocratiques.

Maintenant, après leur défaite, toutes ces fractions s’intitulent républicaines ou rouges, tout comme en France les petits bourgeois républicains se donnent aujourd’hui le nom de socialistes. Là où, comme au Wurtemberg, en Bavière, etc., la possibilité s’offre encore à eux de poursuivre leurs buts dans la voie constitutionnelle, ils profitent de l’occasion pour s’en tenir leur ancienne phraséologie et démontrer dans les faits qu’ils n’ont pas le moins du monde changé. Il va de soi d’ailleurs que le changement de nom de ce parti ne modifie nullement son attitude à l’égard des ouvriers, mais prouve simplement qu’il est actuellement obligé de faire front contre la bourgeoisie alliée à l’absolutisme et de prendre appui sur le prolétariat.

Le parti petit-bourgeois démocratique est très puissant en Allemagne, il n’embrasse pas seulement la grande majorité des habitants bourgeois des villes, les petits commerçants industriels et les maîtres-artisans ; il compte parmi ses adhérents les paysans et le prolétariat rural, tant que ce dernier n’a pas encore trouvé d’appui dans le prolétariat autonome des villes.

L’attitude du parti ouvrier révolutionnaire vis-à-vis de la démocratie petite-bourgeoise est la suivante : il marche avec elle contre la fraction dont il poursuit la chute ; il la combat sur tous les points dont elle veut se servir pour s’établir elle-même solidement.

Les petits bourgeois démocratiques, bien loin de vouloir bouleverser toute la société au profit des prolétaires révolutionnaires, tendent à modifier l’ordre social de façon à leur rendre la société existante aussi supportable et aussi commode que possible. Ils réclament donc avant tout que l’on réduise les dépenses publiques en limitant la bureaucratie et en reportant les principales impositions sur les grands propriétaires fonciers et les bourgeois. Ils réclament ensuite que la pression exercée par le grand capital sur le petit soit abolie par la création d’établissements de crédit publics et des lois contre l’usure, ce qui leur permettrait, à eux et aux paysans, d’obtenir, à des conditions favorables des avances de l’Etat, au lieu de les obtenir des capitalistes. Ils réclament enfin que, par la suppression complète du système féodal, le régime de propriété bourgeois soit partout introduit à la campagne. Pour réaliser tout cela, il leur faut un mode de gouvernement démocratique, soit constitutionnel ou républicain, qui leur assure la majorité, à eux-mêmes et à leurs alliés, les paysans, et une autonomie administrative, qui mettrait entre leurs mains le contrôle direct de la propriété communale et une série de fonctions actuellement exercées par les bureaucrates.

Quant à la domination et à l’accroissement rapide du capital, on aura soin de faire obstacle, soit en limitant le droit de succession, soit en remettant à 1’Etat autant de travaux que possible. Pour ce qui est des ouvriers, il est avant tout bien établi qu’ils resteront, comme avant, des salariés ; mais ce que les petits bourgeois démocratiques souhaitent aux ouvriers, c’est un meilleur salaire et une existence plus assurée ; ils espèrent y arriver soit au moyen de l’occupation des ouvriers par l’Etat, soit par des actes de bienfaisance ; bref, ils espèrent corrompre les ouvriers par des aumônes plus ou moins déguisées et briser leur force révolutionnaire en leur rendant leur situation momentanément supportable. Les revendications résumées ici ne sont pas défendues en même temps par toutes les fractions de la démocratie petite-bourgeoise, et rares sont ceux pour qui elles apparaissent, dans leur ensemble, comme des buts bien définis.

Plus des individus ou des fractions vont loin, et plus ils feront leur une grande partie de ces revendications ; et les rares personnes qui voient, dans ce qui précède, leur propre programme, se figureraient avoir ainsi établi le maximum de ce qu’on peut réclamer de la révolution. Ces revendications toutefois ne sauraient en aucune manière suffire au parti du prolétariat. Tandis que les petits bourgeois démocratiques veulent terminer la révolution au plus vite et après avoir tout au plus réalisé les revendications ci-dessus, il est de notre intérêt et de notre devoir de rendre la révolution permanente, jusqu’à ce que toutes les classes plus ou moins possédantes aient été écartées du pouvoir, que le prolétariat ait conquis le pouvoir et que non seulement dans un pays, mais dans tous les pays régnants du monde l’association des prolétaires ait fait assez de progrès pour faire cesser dans ces pays la concurrence des prolétaires et concentrer dans leurs mains au moins les forces productives décisives. Il ne peut s’agir pour nous de transformer la propriété privée, mais Seulement de 1’anéantir ; ni de masquer les antagonismes de classes, mais d’abolir les classes ; ni d’améliorer la société existante, mais d’en fonder une nouvelle. Que la démocratie petite-bourgeoise, au fur et à mesure du développement incessant de la révolution, exerce pour un temps une influence prépondérante en Allemagne, ceci ne laisse subsister aucun doute. »

Lénine dans « Les tâches du prolétariat dans notre révolution » :

« Les Soviets des députés ouvriers, soldats, paysans, etc., restent incompris en ce sens que la plupart ne se font pas une idée nette de la signification de classe, du rôle des Soviets dans la révolution russe. Mais ce qu’on ne comprend pas non plus, c’est qu’ils représentent une nouvelle forme d’Etat, ou plus exactement un nouveau type d’Etat.

Le type d’Etat bourgeois le plus parfait, le plus évolué, c’est la république démocratique parlementaire : le pouvoir y appartient au Parlement ; la machine de l’Etat, l’appareil et l’organe d’administration sont ceux de toujours : armée permanente, police, corps de fonctionnaires pratiquement irrévocables, privilégiés, placés au-dessus du peuple.

Mais depuis la fin du XIX° siècle, les époques révolutionnaires offrent un type supérieur d’Etat démocratique, un Etat qui, selon l’expression d’Engels, cesse déjà, sous certains rapports, d’être un Etat, « n’est plus un Etat au sens propre du terme ». C’est l’Etat du type de la Commune de Paris, qui substitue à l’armée et à la police séparées du peuple l’armement direct et immédiat du peuple lui-même. Telle est l’essence de la Commune, vilipendée et calomniée par les auteurs bourgeois, et à laquelle, entre autres choses, on a attribué à tort l’intention d’ « introduire » d’emblée le socialisme.
C’est précisément un Etat de ce type que la révolution russe a commencé à créer en 1905 et en 1917. Une République des Soviets de députés ouvriers, soldats, paysans, etc., réunis en en Assemblée constituante des représentants du peuple de Russie, ou en Conseil des Soviets, etc., voilà ce qui est en train de naître chez nous à l’heure actuelle, sur l’initiative des masses populaires qui créent spontanément une démocratie à leur manière, sans attendre que MM. les professeurs cadets aient rédigé leurs projets de loi pour une république parlementaire bourgeoise, ni que les pédants et les routiniers de la « social démocratie » petite bourgeoise, tels que M. Plékhanov ou Kautsky, aient renoncé à falsifier la théorie marxiste de l’Etat. »

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