lundi 2 février 2015, par
Par Alex Lantier
Défiant directement les pouvoirs de l’OTAN et leur politique qui consiste à couper l’accès de la Russie au crédit afin de faire diminuer la valeur du rouble et ruiner l’économie russe, la Chine s’engage à procurer de l’aide financière à Moscou.
Le 20 décembre, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a insisté sur la nécessité d’aide mutuelle entre la Chine et la Russie lors de remarques par rapport à la crise du rouble, dont la valeur a chuté radicalement de 45 pour cent contre le dollar cette année. « La Russie a la capacité et la sagesse de surmonter les difficultés présentes dans la situation économique », a dit Wang. « Si la Russie en a besoin, nous allons fournir l’assistance nécessaire autant que nos moyens le permettent. »
Lors de remarques faites le lendemain sur Phoenix TV, chaîne de télévision de Hong Kong, le ministre du Commerce chinois Gao Hucheng a dit que Beijing renforcerait ses liens avec Moscou dans les secteurs manufacturiers et de l’énergie, prédisant que l’échange commercial entre la Chine et la Russie atteindrait la cible de 100 milliards de dollars cette année malgré la crise du rouble. Alors que la valeur du rouble en dollars ou en euros varie énormément, Gao a proposé un éloignement du dollar en finançant l’échange sino-russe avec la monnaie chinoise, le yuan ou renminbi.
Gao a dit que la Chine se concentrerait sur « des facteurs fondamentaux, par exemple la façon dont les deux économies se complémentent », d’après Reuters. « Il se peut que les investisseurs de capitaux soient plus intéressés par les marchés d’actions ou des changes volatiles. Mais en termes de coopération concrète entre les deux nations, nous aurons une mentalité équilibrée et encouragerons ces coopérations », a dit Gao.
Lundi, le China Daily a cité Li Jianmin de l’Académie chinoise des sciences sociales disant que l’aide pour la Russie pourrait passer par des canaux comme la Shanghai Cooperation Organization (SCO) ou le forum BRICS. Un fait significatif est que le SCO (une alliance entre la Chine, la Russie, et des États d’Asie centrale) et les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) excluent tous deux les États-Unis et l’Europe.
Li a noté que lors d’une rencontre au Kazakhstan le mois dernier, les premiers ministres chinois et russe, Li Keqiang et Dmitry Medvedev, avaient déjà signé des accords importants concernant les réseaux de chemin de fer, l’infrastructure et le développement dans les régions orientales de la Russie au nord de la Chine. « Des prêts, la coopération pour des projets majeurs, et la participation à l’investissement en infrastructure domestique en Russie sont des options qui sont envisagées », a-t-il ajouté. Lors de l’une de ces ententes le mois dernier, la Chine a signé un accord de 400 milliards de dollars d’une durée de 30 ans pour acheter du gaz russe.
Ces offres d’assistance vont à l’encontre de la guerre économique lancée par l’impérialisme européen et américain afin de punir Moscou pour son opposition à la restructuration néocoloniale de l’Eurasie.
En guise de représailles pour l’appui russe au président Bashar al-Assad contre les guerres par procuration de l’OTAN en Syrie et l’opposition russe au régime ukrainien appuyé par l’OTAN, les puissances de l’OTAN cherchent à étrangler la Russie financièrement. Tandis que les revenus pétroliers de la Russie chutaient avec la baisse du prix du pétrole mondial et que le rouble s’effondrait, elles ont coupé l’accès au crédit à la Russie et exigé qu’elle se plie au régime de Kiev.
Le mécanisme financier à la base de cette stratégie a été élaboré dans le Financial Times de Londres par Anders Aslund du Petersen Institute for International Economics. « La Russie n’a reçu aucun financement international important – pas même des banques d’État chinoises – parce que tout le monde a peur des contrôles financiers américains », a-t-il écrit. Avec des sorties de capitaux de 125 milliards de dollars, des réserves en devises étrangères liquides de seulement 200 milliards de dollars et un total de dettes étrangères de 600 milliards de dollars, la Russie épuiserait sa réserve de dollars et ferait faillite en aussi peu que deux ans, d’après les calculs d’Aslund.
Mais maintenant, Beijing semble accepter le risque d’une confrontation avec les États-Unis et se prépare publiquement a lancer une bouée de sauvetage financière à la Russie. Les réserves en devise chinoise au montant de 3,89 billions de dollars sont les plus importantes au monde, et, du moins sur papier, permettent à Beijing de payer sans problème les dettes de la Russie.
Il est significatif que les appels de Wang et Gao pour venir en aide à la Russie aient été lancés une journée après un sommet de l’Union européenne (UE) parcouru de divisions au sujet de la Russie tenu plus tôt ce mois-ci. Mais bien que l’UE ait appuyé les sanctions des États-Unis contre la Russie, le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier, le président français François Hollande et le premier ministre italien Matteo Renzi se sont tous opposés publiquement aux propositions de sanctions additionnelles. Des journaux importants européens ont également mis en garde contre le risque d’effondrement de l’État russe.
Alors qu’il évalue sa réponse à la crise du rouble, le régime chinois, qui fait face à un ralentissement économique et à la montée de protestations sociales au sein de la classe ouvrière et des masses paysannes, craint sans doute les conséquences d’une implosion politique et économique de son voisin au nord.
Les conflits économiques qui surgissent entre les grandes puissances autour de la crise du pétrole et la campagne de guerre impérialiste en Eurasie témoignent de l’état avancé de la crise du capitalisme mondial et du risque de guerre mondiale.
L’aide chinoise à la Russie, si elle devait se matérialiser, exacerberait le conflit entre la Chine et les États-Unis. Washington tente de l’encercler militairement à travers son « pivot vers l’Asie », s’alliant avec le Japon, l’Australie et l’Inde. Les plans de guerre contre la Chine, autant militaires qu’économiques, sont sûrement présentement étudiés sur Wall Street et au Pentagone.
Il y a un an, un article intitulé « La Chine ne doit pas reproduire les erreurs du Kaiser », le chroniquer du Financial Times Martin Wolf a averti la Chine contre toute action qui pourrait être interprétée comme une remise en question de l’hégémonie mondiale des États-Unis. Il a indiqué qu’une politique chinoise qui reproduirait le défi que le Kaiser allemand avait posé à l’hégémonie britannique avant l’éclatement de la première guerre mondiale en 1914 entraînerait un résultat similaire : un conflit total.
« Si un conflit ouvert se déclenchait, les États-Unis isoleraient la Chine du commerce mondial. Ils séquestreraient une bonne partie des actifs en devises étrangères liquides de la Chine », écrit Wolf, rappelant que les réserves en devise étrangère de la Chine, équivalant à 40 pour cent de son PIB, sont par définition détenues à l’étranger. » Un tel vol flagrant de billions de dollars que la Chine a acquis à travers le commerce avec les États-Unis et l’Europe soulèverait directement la possibilité d’un effondrement du commerce mondial et la préparation à la guerre entre puissances nucléaires.
Avec ses politiques de plus en plus téméraires et violentes, l’impérialisme américain surestime ses chances, se discréditant à l’intérieur du pays et alimentant l’opposition d’États rivaux. Surtout en poussant la Russie et la Chine à s’allier, Washington défait ce qui avait pendant longtemps été perçu comme une grande réalisation de la diplomatie impérialiste : le rapprochement de 1972 entre le président des États-Unis Richard Nixon et le dirigeant chinois Mao Zedong, qui avait transformé la Chine en allié des États-Unis contre l’ex-URSS.
« Beaucoup de Chinois perçoivent la Russie comme un grand frère, et les deux pays sont stratégiquement importants l’un pour l’autre », a dit le doyen associé de l’université de Renmin Jin Canrong, faisant référence au soutien soviétique à la Chine quand elle combattait les États-Unis dans la guerre de Corée, peu après l’arrivée au pouvoir du Parti communiste chinois (PCC) en 1949. « Au nom des intérêts nationaux, la Chine devrait approfondir sa coopération avec la Russie quand une telle coopération est nécessaire. »
« La Russie est un partenaire irremplaçable sur la scène internationale », a écrit le Global Times associé au PCC dans un éditorial de la semaine dernière. « La Chine doit adopter une attitude proactive pour aider la Russie à sortir de la crise actuelle. »
Par Patrick Kelly
Hier à Pékin, le président américain Barack Obama s’est vanté que les accords qu’il avait signés avec son homologue chinois, Xi Jinping, dans les domaines militaire, commercial, et écologique avaient amené leur « coopération bilatérale, régionale et mondiale à un nouveau niveau. ». En fait, les deux jours de discussions entre Obama et Xi ont souligné les tensions géostratégiques et les risques de guerre engendrés par le « pivot vers l’Asie » de Washington.
Depuis son entrée en fonction, Obama a dirigé un effort pour maintenir la domination impérialiste américaine de la région Asie-Pacifique en encerclant la Chine avec des alliés diplomatiques et militaires des Etats-Unis. Le « pivot », officiellement annoncé en novembre 2011, a aussi vu Washington attiser les contentieux territoriaux entre la Chine et ses voisins, y compris le Japon au sujet des îles Senkaku/Diaoyu et plusieurs Etats d’Asie du Sud-Est au sujet de la Mer de Chine méridionale.
Pendant les 18 mois depuis l’accueil de Xi Jinping en Caroline du Sud par Obama pour leur première rencontre, une série d’incidents ont menacé de déclencher un conflit régional susceptible de dégénérer en une guerre ouverte entre les Etats-Unis et la Chine.
L’impérialisme américain se prépare activement à mener une guerre contre la grande puissance asiatique, en recentrant 60 pour cent de ses ressources aériennes et navales dans la région et en développant sa stratégie « Air-Sea Battle », qui prévoit un bombardement aérien dévastateur ainsi qu’un blocus naval de la Chine.
Cependant, le gouvernement Obama veut pouvoir choisir le moment qu’il lancera la guerre, et aussi le prétexte qu’il citera. C’est pourquoi Washington a exhorté le premier ministre japonais Shinzo Abe, qui a rencontré Xi pour la première fois lundi, d’apaiser les tensions avec Pékin au sujet des petites îles Senkaku/Diaoyu, revendiquées par les deux pays.
Ces calculs sont à la base des nouveaux protocoles entre les armées américaine et chinoise entérinés cette semaine. Ben Rhodes, un conseiller à la sécurité nationale américain, a dit aux journalistes avant le sommet : « Il est extrêmement important que nous évitions une escalade intempestive et une situation où des circonstances accidentelles déboucheraient à nouveau sur quelque chose susceptible de provoquer un conflit. »
Ces remarques constituent une condamnation accablante des provocations irresponsables de la part du gouvernement Obama en Asie de l’Est au cours de ces deux dernières années, qui menacent de déclencher une guerre ouverte entre deux puissances nucléaires.
Le Wall Street Journal a écrit que Pékin s’était « longtemps opposé à un accord sur les conflits militaires avec les Etats-Unis, au motif que ceci impliquait une relation antagoniste comme celle entre les Etats-Unis et l’ancienne Union soviétique. » Le Journal a toutefois précisé que ceci avait « changé depuis l’année dernière, car les deux camps ont reconnu ne pas pouvoir concilier leurs interprétations de la loi internationale sur les questions maritimes, et qu’ils ne pouvaient pas non plus permettre que des affrontements militaires imprévus fassent dérailler leurs relations générales. »
Le nouveau « mécanisme pour développer la confiance » ne résout aucun des problèmes qui sous-tendent les confrontations sino-américaines. L’une des mesures comporte une notification mutuelle d’« activités militaires majeures » ; une autre couvre les « règles de comportement pour la sécurité en cas de rencontres maritimes ou aériennes. » Un communiqué de la Maison Blanche a ajouté que les deux parties s’engageaient à développer davantage de « mécanismes pour développer la confiance, » Washington donnant la priorité à la transmission d’informations relatives aux lancements de missile balistique.
Les accords impliquent une concession significative de la part de Pékin à l’appel incessant de Washington pour « plus de transparence » sur les affaires militaires chinoises. Par cette demande qui gonfle la propagande américaine contre la « menace chinoise, » le Pentagone veut particulièrement obtenir plus de connaissances des capacités de son ennemi potentiel.
A Pékin, Rhodes a réitéré l’insistance de longue date du gouvernement Obama que Pékin se soumette totalement au cadre géostratégique de la domination américaine de l’Asie développé après la Seconde Guerre mondiale, ou du moins ce qui en reste. « Nous serons très clairs lors d’incidents où nous estimerons que les actions de la Chine dépassent les limites de ce que nous pensons être les normes internationales indispensables pour régir les relations entre des nations et la façon avec laquelle nous réglons les conflits, » a-t-il dit.
Lorsd’une conférence de presse avec Xi, Obama a tenté de minimiser les tensions sino-américaines en déclarant qu’ « alors même que nous sommes en concurrence et en désaccord dans certains domaines, je crois que nous pouvons continuer de faire progresser la sécurité et la prospérité de nos peuples et des populations de par le monde. »
Obama a proposé de nouveaux accords sur diverses questions. Un accord commercial supprimera des tarifs évalués à 1 millier de milliards de dollars de ventes annuelles de semi-conducteurs et autres produits technologiques. Selon le Washington Post, l’accord « profiterait aux entreprises américaines en quête d’un accès plus grand vers la Chine ainsi qu’aux usines en Chine destinées à produire pour le marché américain. » Un autre accord élabore de nouveaux visas touristiques et d’affaires pour les ressortissants américains en Chine.
Les nouvelles promesses de réductions d’émission de gaz à effet de serre furent tout particulièrement promues par la Maison Blanche et les médias américains. Obama a annoncé un « accord historique » qui engagerait les Etats-Unis à diminuer leurs émissions de 26 à 28 pour cent pour 2025. La Chine a promis de se donner « jusqu’autour de 2030 » pour atteindre le pic de ses émissions nets et de tirer éventuellement 20 pour cent de l’énergie du pays de source sans émission de CO2.
L’idée que ces nouveaux objectifs atténueront la crise climatique est un mensonge. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, United Nation’s Intergovernmental Panel on Climate Change) avait précédemment conclu que les émissions des économies avancées devaient d’ici 2020 être inférieures de 25 à 40 pour cent par rapport à leurs niveaux de 1999 et de 80 à 95 pour cent d’ici 2050. Ces chiffres ont de plus été contestés par de nombreux scientifiques spécialistes du climat comme étant une sous-estimation de ce qui serait nécessaire pour empêcher des niveaux dangereux et éventuellement irréversibles du réchauffement mondial.
Pékin a égalé la modicité de la promesse tout à fait insuffisante d’Obama de réduire les émissions de 26 à 28 pour cent d’ici 2025 par rapport à leur niveau de 2005. Plusieurs rapports ont montré que les émissions de gaz carbonique de la Chine devaient déjà atteindre leur pic autour de 2030 et l’engagement de Xi ne prévoyait que peu ou pas du tout d’action supplémentaire pour réduire la pollution résultant des émissions de gaz à effet de serre.
Après une série de fiascos lors de sommets internationaux pour élaborer un traité sur le climat prenant suite au protocole de Kyoto, dont le sommet de Copenhague de 2009, une autre série de pourparlers doit se dérouler à Paris l’année prochaine. Loin d’ouvrir la voie lors de ce sommet à un accord efficace, l’accord sur les émissions de gaz carbonique entre Obama et Xi souligne l’impossibilité de résoudre la crise du changement climatique au sein du cadre du système capitaliste d’Etat-nation.
Par Nick Beams
Signe de tensions de plus en plus vives entre les deux premières économies mondiales, les Etats-Unis se sont clairement opposés à l’établissement par la Chine d’une Banque asiatique pour les infrastructures, dotée d’un capital de 50 milliards de dollars.
Selon un rapport publié par l’Australian Financial Review (AFR), le secrétaire d’Etat américain John Kerry a personnellement demandé au premier ministre australien Tony Abbott, lors d’une réunion à Djakarta suite à l’investiture du nouveau président indonésien Joko Widodo, de ne pas s’engager dans cette banque. Le président américain Obama aurait également soulevé la question mercredi lors d’une conversation téléphonique avec Abbott. L’AFR a dit qu’il « n’était pas sûr » que celle-ci ait bien eu lieu.
La Chine et vingt autres pays ont tout récemment signé un protocole d’accord à Pékin dans le but d’établir la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB). En plus de l’Australie, les autres absents notables de la cérémonie de signature furent le Japon, la Corée du Sud et l’Indonésie. Parmi les membres présents, il y avait l’Inde, la Malaisie, la Thaïlande et les Philippines.
La position officielle des Etats-Unis est de ne pas s’opposer en principe à l’idée d’une banque pour le financement de projets d’infrastructure en Asie ; mais ils se disent « préoccupés par la nature de la proposition de l’AIIB dans sa version actuelle. »
On n’accorde pas trop d’importance à ces déclarations officielles. Il est largement admis que la véritable raison des objections des Etats-Unis est que la nouvelle banque pourrait recouper les activités de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement où les Etats-Unis et le Japon exercent un contrôle décisif.
Les Etats-Unis et le Japon craignent que l’AIIB puisse accroître l’influence économique chinoise dans la région. En Chine, cette banque dont le président Xi Jinping est l’instigateur, est considérée comme un contrepoids aux institutions financières existantes et au sein desquelles la Chine a vainement cherché à jouer un plus grand rôle.
Les médias gérés par l’Etat chinois ont accordé une place importante à la cérémonie de signature tout en relevant l’absence de l’Australie et d’autres puissances régionales. La position officielle est que, bien qu’elles n’aient pas signé le document fondateur, ces pays sont libres d’adhérer à une date ultérieure.
Le quotidien China Daily a déclaré à la Une que « l’absence de certaines grandes économies souligne les difficultés rencontrées par la Chine en tant que puissance émergente dans la prise d’initiatives de gouvernance au niveau mondial. »
Le New York Times a rapporté que la Chine considérait la nouvelle banque comme « un moyen d’accroître son influence dans la région au bout d’années de lobbying infructueux pour avoir davantage de poids dans d’autres organisations financières multinationales. »
Les autorités chinoises espèrent que les pays qui souhaitent profiter des opportunités économiques offertes par les projets de l’AIIB réagiront en dépit des objections émises par les Etats-Unis.
Il semble qu’il y ait eu des divergences au sein du gouvernement australien, le ministre du Budget Joe Hockey et le ministre du Commerce Andrew Robb préconisant une participation. La semaine passée, alors qu’il se trouvait à Pékin, Hockey avait dit que l’Australie « devait encore se prononcer » sur cette question.
La ministre des Affaires étrangères Julie Bishop s’est montrée elle, plus proche de la ligne des Etats-Unis, elle a dit qu’il y avait « un certain nombre de principes fondamentaux » à respecter et que la décision définitive serait prise par le premier ministre.
Le gouvernement de la Corée du Sud qui, tout comme l’Australie, est l’un des alliés militaires les plus proches des Etats-Unis dans la région, semble aussi avoir des opinions conflictuelles. Tout d’abord, l’on avait cru qu’il signerait le protocole d’accord mais il a décidé par la suite de ne pas participer au projet.
Selon une source diplomatique de Corée du Sud citée par le JoongAng Daily de Séoul, « si la Corée a été rayée de la liste des membres fondateurs de l’AIIB pour cette fois, elle se trouve encore dans un profond dilemme quant au genre de choix stratégique à faire vu que la Chine défie l’ordre international conduit par les Etats-Unis. »
Ces commentaires montrent clairement que ce qui est en jeu c’est bien plus que les protocoles concernant la contraction de prêts d’investissement et que les Etats-Unis considèrent l’initiative de la Chine comme un défi à leur hégémonie financière. Cette position n’est pas nouvelle. En 1998, suite à la crise financière asiatique, les Etats-Unis avaient sabordé une proposition du Japon de créer, en dehors du cadre du Fonds monétaire International, un fonds de 100 milliards de dollars pour aider les pays à faire face à leurs problèmes financiers. Ces propositions furent considérées comme un défi aux intérêts américains.
L’opposition américaine à une nouvelle banque soutenue par la Chine a subi des critiques de la part de certains milieux. S’exprimant dans AFR, Peter Drysdale, un commentateur économique de longue date de l’Asie et actuellement professeur d’économie à la Crawford School of Public Policy de l’Université nationale australienne, a signalé que les Chinois auraient pu entreprendre le financement d’infrastructures de façon unilatérale mais qu’ils avaient choisi d’« offrir un partenariat multilatéral pour cette initiative. »
Il a rejeté comme « absurde » l’affirmation que la nouvelle banque abaisserait les standards internationaux et dit : « Il ne devrait pas prendre plus d’une nanoseconde pour conclure que des économies comme l’Australie, la Corée, le Japon et les Etats-Unis devraient participer à cette entreprise. »
Un point de vue identique a été exprimé dans un éditorial publié il y a trois jours par le Guardian.
« C’est une exagération que de parler d’un rythme des réformes à la Banque mondiale et au Fonds monétaire International, car il n’y en a pratiquement pas eu en ce qui les concerne, les soi-disant ‘institutions de Washington’ qui, aux côtés du Trésor américain, ont à la fois soutenu et limité l’économie mondiale depuis 1945. L’on a discuté sans fin sur la façon de répercuter le changement dans le rapport de force économique mais cela a été rarement mis en œuvre. »
L’éditorial soulignait que « stratégiquement » les Etats-Unis ne pouvaient pas continuer à consolider un ordre économique obsolète en Asie. Contrairement à certains autres aspects de la politique chinoise, la proposition d’AIIB devait être appréciée dans le contexte d’une « montée pacifique » de la Chine. « Cette affaire relève de l’arrangement et non pas de la confrontation, » concluait-il.
De telles opinions cependant, qui se fondent sur des conceptions de rationalité économique, ignorent les considérations géopolitiques. En vertu de leur « pivot vers l’Asie » dirigé contre la Chine, les Etats-Unis considèrent toute proposition susceptible d’entraîner une expansion de l’influence chinoise comme hostile à leurs objectifs, qui sont axés sur le maintien de leur hégémonie dans la région.
Par Peter Symonds
Dans un discours provocateur et menaçant prononcé samedi à Singapour, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Chuck Hagel, a accusé directement la Chine « d’actes déstabilisateurs et unilatéraux dans ses revendications territoriales dans la mer de Chine méridionale ». Il a affirmé que les États-Unis « ne vont pas fermer les yeux si les principes fondamentaux de l’ordre international sont contestés ».
Le discours de Hagel, prononcé lors du Dialogue Shangri-La, le forum annuel sur la défense en Asie, était un message clair et direct que les États-Unis prévoient maintenir leur domination incontestée de l’Asie en utilisant leur force militaire. Hagel a réitéré l’engagement de Washington dans son « pivot » ou « rééquilibrage » vers l’Asie : une stratégie agressive visant à miner la position de la Chine et à l’encercler militairement. Ce rééquilibrage, a-t-il déclaré, « n’est pas un objectif, une promesse ou une vision – c’est une réalité ».
Durant son discours, Hagel a décrit les mesures qui avaient été prises récemment par l’administration Obama pour renforcer ses alliances militaires dans la région, y compris : de nouveaux partenariats stratégiques avec le Vietnam et la Malaisie, une entente qui fait des Philippines une base d’opérations pour l’armée américaine, le déploiement d’équipement militaire américain au Japon, le développement de systèmes antimissiles en Asie et une plus grande collaboration militaire avec leurs principaux alliés, dont le Japon, la Corée du Sud et l’Australie.
La rapide accélération du déploiement militaire des États-Unis en Asie tourne en ridicule les affirmations de l’administration Obama que son « pivot » ne sert qu’à maintenir la paix et la stabilité et n’est pas dirigé contre la Chine. Comme Hagel l’a répété, 60 pour cent des forces aériennes et navales américaines seront stationnées en Asie-Pacifique d’ici 2020. Le Pentagone prévoit aussi renforcer l’appui à ses alliés et partenaires stratégiques en augmentant l’aide militaire envoyée à l’étranger de 35 pour cent et l’entraînement de forces étrangères de 40 pour cent d’ici 2016.
Hagel a laissé tomber les formules de politesse diplomatique et a attaqué ouvertement la Chine sur ses actions dans la mer de Chine méridionale. Accusant la Chine d’« intimidation et de coercition », il a déclaré : « Elle a limité l’accès au récif Scarborough ; fait pression sur les Philippines quant à leur présence de longue date dans le récif Second Thomas ; fait de nouvelles revendications territoriales à plusieurs endroits ; et a déplacé une plate-forme de forage dans des eaux contestées [par le Vietnam] près des Îles Paracel. »
En fait, les États-Unis ont délibérément attisé ces conflits territoriaux, qui existent depuis longtemps, afin de provoquer des divisions entre la Chine et ses voisins. En 2010, l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait déclaré de manière provocatrice à un forum de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) que les États-Unis avaient un « intérêt national » à garantir la « liberté de navigation » dans la mer de Chine méridionale. Au cours des quatre dernières années, Washington a encouragé les pays de l’ASEAN, particulièrement les Philippines et le Vietnam, à défendre leurs revendications envers la Chine. C’est de cette façon que des conflits territoriaux régionaux d’importance secondaire ont été transformés en de véritables poudrières internationales.
Hagel a essentiellement lancé un ultimatum à Pékin, déclarant que la Chine avait le choix : « s’unir et s’engager à maintenir un ordre régional stable, ou rejeter cet engagement et compromettre la paix et la sécurité dont bénéficient des millions de gens à travers l’Asie-Pacifique ». En avril, lors de sa visite en Asie, le président Obama avait explicitement déclaré qu’il appuierait le Japon et les Philippines dans toute guerre contre la Chine sur la question de territoires.
Le discours de Hagel faisait partie d’une campagne concertée durant le Dialogue Shangri-La pour intimider et provoquer la Chine. Ses remarques ont non seulement été répétées par de hauts représentants des États-Unis comme l’amiral Samuel Locklear, commandant du Commandement du Pacifique, mais aussi par des représentants d’importants alliés asiatiques, dont le premier ministre japonais Shinzo Abe et le ministre de la Défense de l’Australie David Johnston.
Dans un discours prononcé vendredi dernier, Abe a annoncé : « Le Japon prévoit jouer un rôle encore plus important et proactif », dans les questions de sécurité en Asie et mondialement. Il a déclaré que le Japon « va appuyer aussi solidement qu’il le peut les pays membres de l’ASEAN pour maintenir la sécurité en mer et dans les airs et faire respecter rigoureusement la liberté de navigation maritime et aérienne ».
Comme les États-Unis, le Japon intervient directement dans les conflits territoriaux dans la mer de Chine méridionale en fournissant des bateaux patrouilleurs aux Philippines et à l’Indonésie et en tentant de ratifier une entente avec le Vietnam pour que ce pays fasse de même. Visant la Chine dans ses remarques, Abe a déclaré : « Le monde est impatient de voir nos mers et notre ciel gouvernés par des lois et des procédures de résolution de conflit bien établies. »
Ces commentaires d’Abe sont totalement hypocrites. Dans le cas des îles Senkaku/Diaoyu de la mer de Chine orientale, il refuse même d’admettre qu’il existe un conflit avec la Chine, ce qui rend la question d’une « procédure de résolution de conflit » complètement inutile. Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2012, Abe s’est servi de ce conflit territorial pour justifier la remilitarisation du Japon, y compris l’augmentation des budgets militaires et l’éradication des barrières constitutionnelles imposées à l’armée japonaise.
Les discours de Hagel et d’Abe au forum Shangri-La avaient pour but de provoquer les officiels chinois présents. Le lieutenant-général Wang Guanzhong, chef adjoint de l’état-major et chef de la délégation chinoise, a répliqué, disant que le discours de Hagel était « bourré de menaces et de paroles intimidantes », « pas du tout constructif » et « plein d’hégémonie ».
Hagel et Abe semblaient « chanter en duo », a déclaré Wang. « Dans cet espace public où beaucoup critiquent ouvertement la Chine sans raison, le discours de Hagel ne cherche qu’à encourager et inciter l’instabilité en Asie pour susciter des troubles », a-t-il affirmé.
Le fait que les États-Unis et leurs alliés se soient ligués contre la Chine au forum de Singapour constitue une intensification marquée de la campagne militariste de l’administration Obama en Asie. Même si les États-Unis sont en pleine confrontation avec la Russie en Ukraine, le langage belliqueux de Hagel indique qu’ils sont déterminés à augmenter la pression contre la Chine et à renforcer leur déploiement militaire en Asie.
Ce n’est pas un hasard si Hagel s’est concentré sur la question de la mer de Chine méridionale. Un élément central des plans de guerre du Pentagone contre la Chine est le contrôle des voies maritimes qui traversent l’Asie du Sud-Est et sur lesquelles dépend la Chine pour l’importation d’énergie et de matières premières en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient. En collaborant étroitement avec le Japon et l’Australie, les États-Unis veulent être en position d’imposer un blocus à la Chine qui viendrait paralyser son industrie et son économie.
Par Clara Weiss
Le président Vladimir Poutine a signé le 26 décembre une nouvelle doctrine militaire pour les forces armées russes. Le document considère l’expansion de l’OTAN et les efforts entrepris pour déstabiliser la Russie et les pays avoisinants comme les menaces les plus graves pour sa sécurité.
Comme contre-mesures, le document préconise une accélération du développement de l’armée russe, une militarisation accrue de toute la société et le développement de la coopération militaire avec les autres pays du BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud) et d’autres Etats d’Amérique latine.
La nouvelle doctrine militaire est la réponse à l’encerclement délibéré de la Russie par l’OTAN et à la guerre économique que l’UE et les Etats-Unis livrent à ce pays. Depuis le début de la crise en Ukraine, délibérément provoquée par l’Allemagne et les Etats-Unis dans le but d’accroître la pression sur la Russie et d’initier un nouveau partage de type colonial de l’ancienne Union soviétique, les tensions géopolitiques entre la Russie et les puissances de l’OTAN n’ont cessé de s’intensifier.
Le parlement ukrainien a voté, au début de la semaine dernière, en faveur de démarches pour adhérer à l’OTAN, renonçant officiellement au statut de pays non-aligné – une provocation ouverte à l’égard de la Russie. A la suite de quoi, le vice-ministre russe de la Défense, Anatoly Antonov, a averti que si l’Ukraine rejoignait l’OTAN, la Russie pourrait rompre toutes ses relations avec l’alliance militaire.
La nouvelle doctrine militaire a été développée par de hauts gradés et des responsables des services de renseignement sous la conduite de Nikolai Patrushev. Entre 1999 et 2008, Patrushev a été directeur du Service fédéral de sécurité de la Fédération russe (FSB). Depuis 2008, il est secrétaire du Conseil de sécurité national. Le président Poutine a signé le document en qualité de commandant suprême des forces armées russes. D’anciens généraux et officiers ont fait l’éloge de la réévaluation de la sécurité nationale dans les grands organes de presse russes.
Selon le site web du Conseil de sécurité national, la nouvelle stratégie prend en considération « le changement de nature des dangers et des menaces militaires. » Ces menaces ont été démontrées par « la situation en Ukraine » et par « les événements survenus en Afrique du Nord, en Syrie, en Irak et en Afghanistan. »
La direction russe a réagi à la pression grandissante de l’OTAN par un mélange de menaces et d’offres de coopération. Les nouvelles directives militaires ont un ton nettement plus tranchant que la doctrine précédente de 2010, tout en soulignant leur caractère défensif. L’intervention militaire ne devrait être envisagée explicitement qu’après que tous les moyens non militaires aient été mis en œuvre. Le document insiste à plusieurs reprises sur l’importance de l’ONU et souligne la volonté de la Russie de coopérer avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
En même temps, la Russie se réserve le droit d’une frappe nucléaire préemptive en cas de danger imminent – émanant soit de l’arme nucléaire soit d’armes conventionnelles – pour l’existence de l’Etat. La Russie est dotée du deuxième plus grand arsenal nucléaire du monde.
Le Kremlin se réserve le droit d’intervenir militairement, tant dans le cas d’une attaque militaire contre la Russie elle-même que d’une attaque contre un allié militaire. Les principaux alliés militaires de la Russie incluent actuellement la Chine, la Biélorussie et le Kazakhstan.
Le gouvernement russe donne à l’expansion de l’OTAN l’importance d’une menace de premier ordre pour la sécurité nationale. La crise en Ukraine n’est pas nommément désignée mais un certain nombre de points font référence au danger que posent pays « déstabilisés » et membres potentiels de l’OTAN aux frontières russes pour la sécurité de la Russie.
L’expansion de l’OTAN à l’Est était également citée comme menace sécuritaire dans la doctrine militaire de 2000. Elle ne jouait pratiquement plus aucun rôle dix ans plus tard à l’époque du soi-disant « reset » des relations américano-russes, alors que Moscou recherchait résolument un rapprochement politique et militaire avec les Etats-Unis. Au lieu de cela, l’attention se concentrait sur la lutte contre le « terrorisme » en Russie et internationalement – un domaine où Moscou maintient encore ses offres de coopération avec les Etats-Unis et l’EU.
Parmi les « menaces militaires traditionnelles » énumérées dans le document il y a « la détérioration spectaculaire de la situation militaro-politique (relations internationales) et la création de conditions de recours à la violence armée, » l’« obstruction du travail du système de l’administration publique et militaire de la Fédération de Russie, » ainsi que les atteintes aux armes nucléaires du pays, la « construction et la préparation de formations militaires illégales » qui opèrent en Russie et dans les pays avoisinants et « la démonstration de force militaire durant des manœuvres sur le territoire d’Etats voisins de la Fédération de Russie et de ses alliés » – une situation qui s’est produite à maintes reprises avec les nombreux exercices provocateurs menés par l’OTAN en 2014.
Dans une section spéciale sont proposées des mesures préparant la Russie à une économie de guerre.
La doctrine militaire énumère de nombreux domaines relatifs à l’armée russe et devant être modernisés. En Crimée, par exemple, compte tenu de son importance stratégique, tant les troupes au sol que la flotte de la Mer noire doivent être mis à niveau. En Arctique, où la Russie veut extraire des ressources minérales, le potentiel militaire de la Russie sera également développé.
La doctrine souligne aussi que les réformes militaires promues par Poutine en 2013 devraient mises en œuvre. Des détails quant au réarmement militaire seront bientôt annoncés dans le nouveau programme relatif aux années 2016-2025.
Le programme massif d’armement exigé par la doctrine signifie une militarisation encore plus grande de la société russe. Face aux tensions sociales montantes, ce renforcement militaire vise aussi la classe ouvrière russe. L’« éducation patriotique des citoyens russes » par exemple, doit être renforcée et chaque citoyen russe doit être prêt à faire son service militaire. En Russie aussi, comme à l’Ouest, la « lutte contre le terrorisme », également mise en évidence dans la nouvelle doctrine militaire, sert de prétexte à l’accroissement des pouvoirs de l’Etat et à l’extension de l’appareil de surveillance qui est d’ores et déjà très vaste.
Le document recense la coopération militaire accrue avec les pays du BRICS et les pays d’Asie centrale et d’Amérique latine comme l’une des « principales tâches » de la Russie dans l’« atténuation et la prévention de l’impact des conflits armés ». La Russie souhaite également renforcer les relations avec l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, les deux régions dont la scission avait conduit en 2008 à une guerre avec la Géorgie. Le conflit figure toujours parmi l’un des nombreux conflits ethniques et nationaux de l’ère post-soviétique susceptible d’être provoqué à tout moment et portant en lui le potentiel d’une confrontation directe entre l’OTAN et la Russie.
La défense des pays appartenant à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) serait renforcée. Ces Etats comprennent, aux côté de la Russie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et la Biélorussie, ainsi qu’en tant qu’observateurs, l’Afghanistan et la Serbie. La coopération avec l’OTSC et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) serait également étendue.
La Russie veut de cette manière participer à « la création d’un nouveau modèle de sécurité dans la région du Pacifique. » Durant ces dernières années, cette région s’était trouvée au centre du soi-disant « pivot vers l’Asie » des Etats-Unis au moyen duquel la Chine est systématiquement encerclée militairement. Les Etats-Unis sont en train de consolider leur alliance avec le Japon, les Philippines et l’Australie, entre autres.
En réaction, la Russie et la Chine ont à plusieurs reprises effectué des manoeuvres militaires en mer. En réponse à la crise en Ukraine et aux sanctions contre la Russie, Moscou et Beijing se sont rapprochés ces derniers mois, tant militairement qu’économiquement. (Voir : « La Chine défie la guerre économique des États-Unis contre la Russie »)
Conformément à la nouvelle doctrine militaire, le vice-ministre russe de la Défense Anatoly Antonov s’est rendu plusieurs fois ces dernières semaines en Asie du Sud-Est. Le magazine russe en ligne Gazeta.Ru a remarqué à ce sujet : « L’intensité des contacts avec le Vietnam, la Malaisie, la Birmanie et la Chine témoigne d’un début de tournant vers l’Asie. » Un observateur de la politique étrangère a dit au magazine que la Russie réagissait aux initiatives américaines dans la région : « La Russie se rapproche de la Chine et d’autres acteurs, alors que les intérêts des Etats-Unis se concentrent sur la Corée du Sud, les Philippines, le Japon et l’Australie. »
Moscou veut aussi élargir ses relations avec l’Amérique latine. Selon Antonov, le ministre de la Défense Sergeï Shoigu prévoit de se rendre cette année en Amérique latine. Le rétablissement des relations diplomatiques entre Washington et Cuba représente également une initiative pour chasser la Russie de cette région du monde. La Russie avait traditionnellement entretenu d’étroites relations économiques et politiques, mais aussi militaires, avec Cuba.
WSWS