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Le Ku Klux Klan d’Obama

mercredi 10 décembre 2014, par Robert Paris

Le Ku Klux Klan d’Obama

Un jeune Noir désarmé, ne menaçant personne, n’agressant personne, vivant tranquillement sans nuire à ses voisins, sans plainte de personne, et pourtant arrêté par un policier blanc puis assassiné (il n’y a pas d’autre mot) sans aucun motif, ce n’est pas une fois, deux fois ni trois fois que cela est arrivé. C’est tellement « normal » dans l’Amérique d’Obama que ce dernier ne s’est pas encore décidé à demander un jugement fédéral pour ces policiers alors que le jugement local a été refusé, aucun policier blanc n’étant jamais mis en examen aux USA pour de tels crimes. Un policier peut, sans risque arrêter injustement un Noir, l’accuser injustement, le faire enfermer injustement, y compris à vie, y compris le faire condamner à la chaise électrique sans que qui que ce soit parvienne à défendre sa cause.

Eh oui, ce n’est plus l’Amérique de l’esclavage des Noirs, ce n’est plus l’Amérique des pendaisons et des croix enflammées, l’Amérique de l’apartheid, l’Amérique du Ku Klux Klan. Non, c’est l’Amérique d’Obama qui agit ainsi ! Celle qui « a fait un rêve », celui que la venue au pouvoir d’un Noir signifie la fin du cauchemar et du racisme.

Mais ce rêve, tous les Obama, tous les Martin Luther King leur ont demandé de le faire dans l’Amérique qui resterait celle du business, celle du grand capital. Or, c’est justement cette Amérique-là qui a un besoin irrépressible de condamner à la misère l’énorme majorité des travailleurs et qui a aussi un besoin irrépressible d’éviter les luttes de classe qui en découlent en divisant les travailleurs par le racisme. Sur les 6,2 millions de travailleurs de la production aux États-Unis, plus de 600.000 gagnent un salaire horaire de 9,60 $ ou moins, et plus de 1,5 million de 11,91 $ ou moins. Le même grand capital qui condamne la majorité des travailleurs américains à la misère, au manque de logement, de santé, d’éducation, de services publics, qui les condamne au chômage et au travail précaire, se doit aussi de développer toutes les divisions possibles au sein des exploités.

C’est cette Amérique du grand capital qui a toujours fait le choix de diviser la population sur des bases raciales et d’entretenir la haine entre les diverses fractions qu’il a ainsi créées.

Cette Amérique-là est celle de la lutte des classes assumée, celle où la deuxième fortune, Warren Buffett, peut déclarer « La lutte des classes existe et c’est ma classe qui l’a gagnée ». Et si le Capital a, pour le moment, triomphé du Travail aux USA alors que le prolétariat américain est la plus grande force sociale du pays, c’est que les travailleurs sont divisés, c’est que les appareils syndicaux ont fait cause commune avec le capital, pactisé avec les exploiteurs et notamment ont cautionné toutes les guerres impérialistes des USA et cautionné aussi le racisme.

Avec la crise débutée en 2007-2008, dans laquelle le système mondial a révélé qu’il avait atteint ses limites, le grand capital a eu plus besoin que jamais de politiciens diffusant des illusions de changement, comme Obama, mais aussi plus besoin que jamais de continuer à diviser le camp des travailleurs, par le racisme contre les Noirs comme par la haine et la peur des Musulmans.

La venue au pouvoir d’Obama n’a nullement signifié que le racisme a diminué aux USA. Plus que jamais, les classes dirigeantes entretiennent des milliers de milices fascistes et racistes qui défilent en uniforme et en armes. Plus que jamais, les classes dirigeantes emprisonnent les pauvres, et tout particulièrement les Noirs.

Deux millions et demi d’hommes, de femmes et d’enfants sont emprisonnés. Oui, deux millions et demi d’Américains vivent en prison !!! Un jeune Noir a une chance sur dix d’y être enfermé et il n’a nullement besoin d’avoir commis un crime quelconque ou un acte délictueux quelconque. 25 prisonniers sur 29 sont des Noirs soient 850.000 Noirs en prison ! Une grande partie d’entre eux sont d’âge scolaire, soit 650.000, et n’ont commis aucun crime ! Les policiers mènent régulièrement des rafles dans lesquelles ils annoncent que les Noirs doivent déguerpir sous peine d’arrestation puis ils bloquent tous les accès et arrêtent tous ceux pris dans la nasse sous l’accusation de refus d’obtempérer ! On remplit ainsi l’industrie gratuite qui fonctionne dans les prisons sur la vieille base bien connue de l’esclavage.

Non, le grand capital n’est nullement décidé à abandonner le racisme et pas seulement aux USA. Et même moins que jamais ! Le racisme contre les Noirs aux USA n’est pas un reste de l’époque de l’esclavage, un reste de l’époque du Ku Klux Klan, mais un produit moderne du capitalisme du vingt-éunième siècle. Et, dans le monde entier, les classes dirigeantes entretiennent toutes les formes de division violente au sein des masses populaires, entre les travailleurs. Les Russes contre les Caucasiens, les Chinois contre les Ouighours, les Français contre les Roms et les Musulmans, les Ukrainiens de l’Ouest contre ceux de l’Est, les Centrafricains chrétiens contre les musulmans, les Européens contre les immigrés, tout est bon pour opposer les peuples entre eux et les diviser à l’intérieur de chaque pays.

Tant que les travailleurs ne s’en prennent pas directement à leurs vrais ennemis, ceux qui les licencient, qui les condamnent au chômage, qui veulent l’argent de leurs impôts, qui les condamnent à la précarité, à l’insécurité, c’est-à-dire aux classes dirigeantes, on pourra désigner du doigt des boucs émissaires pris parmi les plus démunis et les plus exploités.

Tant que les travailleurs et les milieux populaires s’en prendront à leur frères, des autres pays comme du même pays, leurs frères d’une autre couleur, d’une autre race, d’une autre religion, ils ne risqueront pas de changer leur sort et se condamneront à subir de plus en plus la misère et une exploitation de plus en plus dure.

Ceux tombent dans le piège du racisme seront eux aussi victimes de la violence des classes dirigeantes. Les cimetières allemands sont pleins de cercueils d’Allemands qui ont cru au racisme contre les Juifs et les Tziganes (on appelait ainsi les Roms qui ont eux aussi été génocidés). Les racistes anti-Noirs, anti-Musulmans, anti-immigrés, anti-Roms d’aujourd’hui se préparent au même avenir : devenir la chair à canon de tous les fascismes et toutes les guerres.

On ne peut pas combattre le racisme en conservant le capitalisme car ce système, qui a fait son temps, ne nous apportera plus que des larmes et du sang. Le mouvement qui pourra démolir véritablement le racisme est celui qui s’en prendra au grand capital et qui visera à lui retirer tout le pouvoir, à l’échelle du monde, en supprimant la propriété privée des moyens de production et en offrant à l’humanité un monde débarrassé de l’exploitation par une poignée de capitalistes. Ce n’est pas facile mais cela au moins, ce n’est pas un rêve creux !

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