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Edito - Le prolétariat international n’est ni pro européen ni anti européen !

mardi 20 mai 2014, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Edito - Le prolétariat international n’est ni pro européen ni anti européen !

Tous les partis politiques hexagonaux ont pris parti, soit pro soit anti sur la question de l’Europe, y compris les groupes de l’extrême gauche officielle.

Mais est-ce que le prolétariat, classe internationale qui, selon les termes de Karl Marx « n’a pas de patrie et que ses chaînes à perdre car il ne peut pas perdre ce qu’il ne possède pas », devrait défendre la nation contre l’Europe ou l’Europe contre la nation ?

L’Europe n’est nullement opposée aux nations bourgeoises mais leur émanation. Elle n’a pas du tout supprimé les états nationaux, leurs armées, leurs intérêts particuliers, y compris leurs guerres particulières, leurs entités coloniales particulières et leur concurrence parfois violente.

L’Europe n’est en rien opposée aux autres entités capitalistes auxquelles elle s’est toujours alliée, pour des buts commerciaux, politiques ou militaires.

Quant au prolétariat, il ne peut pas perdre sa nation car les nations n’appartiennent qu’aux classes dirigeantes.

Voilà le discours qui n’est nullement celui de l’extrême gauche et qui serait pourtant dans la logique du communisme, du marxisme et du socialisme, si ces idées étaient défendues par des gens qui se réclament du prolétariat et de la révolution sociale.

Les « révolutionnaires », les gauches et les syndicats anti-européens disent que l’Europe est capitaliste comme si la France était communiste !

Les « révolutionnaires », les gauches et les syndicats pro-européens disent que c’est le capitalisme qui frappe l’Europe et pas l’Europe qui frappe les peuples. Mais d’où viendrait cette dichotomie entre capitalisme et Europe.

Tous nous parlent d’une Europe des travailleurs. Comme s’il suffisait de garder l’Europe et de rajouter les travailleurs. Comme si on parlait d’un capitalisme… des travailleurs !

C’est une manière pour l’opportunisme de l’extrême gauche de cacher son suivisme vis-à-vis du réformisme, que ce soit celui des appareils syndicaux, du PCF ou des écolos, des décroissants et autres « anticapitalistes » qui récusent le renversement du capitalisme par le prolétariat.

Quant aux partis bourgeois, du PG, au PCF, au PS, à l’UMP, aux centristes, et aux partis d’extrême droite, tous disent aux peuples qu’il y a une guerre à mener contre d’autres peuples.

Soit ils y voient une guerre contre la Chine, contre les pays émergents qui « nous prennent nos emplois », soit ils y voient une guerre contre les USA, contre « la dictature financière ».

Comme si la dictature financière avait une seule nationalité, une seule origine.

Comme s’il y avait une région qui était victime du capitalisme et une autre qui était profiteuse du capitalisme. Le monde entier est maintenant mondialisé, c’est-à-dire divisé en prolétaires et en exploiteurs. Il y a des exploiteurs partout dans le monde et partout ils sont les premiers ennemis des travailleurs qui y vivent.

Les travailleurs n’ont aucune alliance à accepter avec les patrons de « leur région », de « leur nation » de leur « regroupement de nations » car ces nations et ces régions ne leur appartiennent en rien, ne les défendent en rien, ni en termes de salaires, ni en termes d’emploi.

Ce qui appartient aux travailleurs du monde, c’est le monde, ses richesses, ses usines, ses moyens de production, ses capacités, ses moyens d’existence. C’est la seule chose à revendiquer. Affirmer que nous voulons seulement « notre » région, « notre » nation, s’est nous préparer à des lendemains terribles, dans lesquels le capitalisme arrivé à son terme nous emploiera contre nos frères des pays voisins en nous opposant dans des affrontements meurtriers, guerres régionales, guerres mondiales et guerres civiles. La manière dont ces pays ont transformé la révolution syrienne en boucherie en donne un avant-goût. Ce qui se passe en Ukraine le montre également.

Ce sont aussi bien les Etats nationaux européens, comme la France, qui poussent à la guerre en Ukraine, aussi bien que l’Europe, les USA ou leurs alliés comme le Japon.

Ce sont aussi bien les Etats nationaux européens, comme la France, qui poussent à la guerre en Syrie, aussi bien que l’Europe, les USA ou leurs alliés comme le Japon.

La démagogie qui oppose la France et l’Europe ou l’un des deux au capitalisme, à la finance, aux trusts est mensongère. Les trusts sont partout. La finance est partout. Le capitalisme est partout. Y compris en Chine et en Russie. Y compris dans des pays comme le Bangladesh ou le Vietnam.

Lutter contre l’Europe et pour la France, ce n’est pas du tout lutter pour les travailleurs et les peuples ! C’est, au contraire, présenter les exploiteurs et les licencieurs des travailleurs de France comme des victimes de la concurrence des patrons étrangers.

Lutter pour l’Europe et contre la Chine, c’est encore présenter les patrons européens comme des victimes.

Lutter pour l’Europe ou la France et contre l’alliance avec les USA (TAFTA), c’est encore blanchir les patrons et présentant les patrons américains comme les responsables des licenciements et des bas salaires.

Le capitalisme se moque des frontières quand cela lui chante et se protège derrière quand cela l’arrange. Mais cela ne veut pas dire que les frontières puissent servir de protection pour les travailleurs. Les Etats n’ont pas été faits pour défendre les peuples, ni les regroupements d’Etats, pas plus que les pactes et autres alliances ne relient et n’unissent autre chose que les classes dirigeantes.

On n’a pas plus à défendre un patron national qu’un patron étranger, d’autant qu’un patron ne défend pas davantage les emplois et les salaires des travailleurs sur son territoire de base qu’à l’étranger.

Tous les capitalistes ne défendent que leurs intérêts de classe même s’ils tiennent un discours mensonger et démagogique qui prétend le contraire.

Quant aux réformistes qui prétendent implanter parmi les travailleurs la défense d’intérêts économiques nationaux des peuples, ils ne réforment absolument rien car le capitalisme ne peut pas être réformé. On ne reviendra pas plus en arrière vers l’ancien capitalisme national que l’on ne reviendra sur le machinisme ou sur les trusts, sur la financiarisation ou sur la mondialisation. C’est une utopie réactionnaire qui vise surtout à remplacer la lutte des classes par la lutte entre les nations, c’est-à-dire à préparer la guerre mondiale pour éviter la révolution sociale.

Toutes ces politiques consistent à opposer les prolétaires à leurs frères d’autres pays ou régions, que ce soient des pays impérialistes, des impérialismes émergents ou des pays pauvres.

Nous, prolétaires, ne devons suivre ni les uns ni les autres.

On nous propose de défendre notre pays, nos regroupements de pays, nos régions du monde. Aujourd’hui par nos votes, nos sacrifices, nos soutiens politiques et demain par notre soutien aux affrontements meurtriers, par notre sang et celui de nos enfants.

Nous n’avons aucune bourgeoisie à défendre : ni celle d’une région, d’un pays, d’un ensemble quelconque du monde. Nous n’avons pas à prendre parti pour ou contre Poutine et la Russie, pour ou contre la Chine, pour ou contre les USA ni pour ou contre l’Europe.

Nous sommes le prolétariat, la seule classe d’avenir justement parce que la seule qui n’est pas attachée par ses intérêts à la vieille société capitaliste qui a fait son temps et ne peut que chuter.

Nous sommes la seule classe qui n’a pas intérêt au maintien des frontières, des états nationaux, du système d’exploitation et de la propriété privée des moyens de production.

Nous sommes la seule classe qui dispose des moyens d’offrir une alternative au vieux monde de l’exploitation de l’homme par l’homme, celui qui a besoin des frontières, des Etats, des armées, des guerres pour la mainmise et le repartage des richesses mondiales.

Nous sommes la seule classe qui est capable de concevoir et de construire une société qui utilise les moyens techniques construits sous le capitalisme mais en les mettant au service de toute la population de la Terre.

Nous sommes la seule classe capable de débarrasser la planète de toutes les sortes d’exploiteurs et de dictateurs.

Il ne nous manque qu’une seule chose : prendre confiance dans nos capacités afin de nous réunir afin de prendre toutes les décisions sur la manière de mettre en œuvre nos buts.

Vive l’avenir qui sera porté par les conseils de travailleurs, de chômeurs, de jeunes et de femmes alliés à tous ceux qui vivent de leur travail au sein des classes moyennes, petits paysans, petits artisans, petits pêcheurs, petits épargnants.

Nous n’avons à perdre que nos chaînes et tous les Etats du monde font partie de ces chaînes !

Depuis 2007-2008, face à l’effondrement capitaliste qui frappe les travailleurs et les peuples, ce n’est pas les frontières nationales ni les frontières de l’Europe qui peuvent défendre nos emplois, nos salaires, nos contrats de travail, nos retraites, nos logements, notre santé, nos comptes en banque, etc… Seule la lutte de classe, qui unit les travailleurs par-delà les frontières, permet de se battre contre les trusts multinationaux.

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