Si les écologistes de gouvernement veulent participer au pouvoir de la bourgeoisie et amender celui-ci dans un sens soi-disant plus vert, ils ne font que cautionner en fait les crimes commis par l’industrie nucléaire et les autres activités capitalistes.
Or, celles-ci sont de plus en plus dangereuses pour l’humanité et c’est tout particulièrement le cas des activités nucléaires anciennes et modernes…
La catastrophe des déchets enfouis dans le sol et dans les océans approche…
Des radiations viennent d’être détectées sur un site de déchets nucléaire américain qui était censé être hermétique pour des centaines d’années… Ces rayonnements ont été détectés dans l’air du site souterrain situé près de Carlsbad dans le Nouveau Mexique.
Les déchets nucléaire actifs dégagent de la chaleur, finissent par flamber et par détruire les parois des dispositifs de confinement prévus pour durer des centaines, voire des milliers d’années… Jean-Pierre Petit, ancien directeur de recherche au CNRS, déclare ainsi :
« Au début des années 2000, on avait commencé à stocker des déchets divers et variés, dont des composants contenant du mercure, dans une mine d’Alsace, ce qui correspondait à un projet nommé Stocamine. En 2002, un incendie s’est déclaré. Un déstockage a été envisagé, mais les conditions dans lesquelles cette opération devrait être effectuée font qu’une grande partie des éléments disposés dans cette mine ne pourra jamais être récupérée. »
Des déchets radioactifs ont été et sont actuellement produits dans différents pays. La gestion de ces différents types de déchets repose sur leurs caractéristiques propres : niveau d’activité et période de décroissance. L’objectif visé est d’isoler les déchets de la biosphère jusqu’à ce que la radioactivité résiduelle soit inoffensive. Des modes de gestion différenciés (stockage en subsurface, entreposage, stockage profond, etc) sont utilisés ou envisagés selon les différents types de déchets.
L’exemple de la mine d’Asse qui a été sujet à des infiltrations entraînant une contamination nucléaire du milieu environnant prouve que le stockage des déchets par enfouissement est une fausse solution. La mine d’Asse est une ancienne mine de sel en Basse-Saxe, qui a été exploitée depuis 1965 comme mine de recherches, et entre 1967 et 1978 comme site d’essais techniques en vraie grandeur, et en utilisation finale pour le stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde. Le 11 juin 2008, le Braunschweiger Zeitung (de) rapporte que de la potasse dans Asse est contaminée avec du césium-137 (137Cs : demi-vie de 30,17 ans). Ce rapport reçoit un fort écho politique parce que le Ministère de l’Environnement de Basse-Saxe ne peut pas répondre aux questions, puisqu’il n’était pas au courant d’une telle contamination. Là-dessus, la chambre du Land et le Ministre fédéral de l’Environnement demandent au Ministre de l’Environnement de Basse-Saxe un rapport d’état, qui est publié le 2 septembre 2008. En avril 2011, le Service fédéral de protection contre les radiations trouve à nouveau de la saumure irradiée non loin de l’espace 12. Dans un trou d’exploration de la mine, on trouve des échantillons contenant 240 000 Bq/l de l’isotope radioactif césium-137. Selon les indications des autorités, il s’agit là de la plus haute concentration en césium-137 mesurée depuis la fin du stockage en 1978. Cela correspond à 24 fois la limite de la concentration négligeable, mais encore significativement en dessous de la limite supérieure autorisée. Dans le trou, il y avait environ 1 l de saumure radioactive, provenant de l’espace des déchets.
Après cinquante ans d’existence, la filière nucléaire doit gérer des volumes croissants de déchets radioactifs. Stockage en profondeur, recyclage de l’uranium, réacteurs du futur... Toutes les pistes sont explorées. Mais l’atome bute encore sur de nombreux verrous technologiques pour avoir le droit de finir sa vie dans l’anonymat. Plongée au coeur d’un défi surhumain...
Un million de mètres cubes de déchets radioactifs répartis sur un millier de sites... Voilà ce que la France a accumulé, en cinquante ans d’exploitation nucléaire. Et la tendance n’est pas prête de s’inverser. D’après l’Andra, l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs, ce volume aura doublé en 2030. Dangereux pour la santé et l’environnement, ces encombrants ont la vie longue. Ils doivent rester confinés pendant des siècles, voire des millions d’années, avant d’être déclarés totalement sans danger. Dans un état énergétique instable, les éléments radioactifs émettent en effet des rayonnements pour se stabiliser. L’irradiation pourrait être faible en tant que telle, mais diffuse dans le temps. Avec à la clé des risques de pathologies cardiaques, rénales ou immunitaires. « Les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki ont montré qu’une exposition externe à la radioactivité provoquait des cancers et des malformations génétiques », alarme Roland Desbordes, le président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité). Mais les scientifiques cherchent encore à évaluer l’étendue réelle des risques.
Pour les déchets les plus radioactifs, comme l’uranium et le plutonium, le stockage est un interminable casse-tête... et un défi technologique coûteux qui impose d’énormes investissements. En quinze ans, un milliard d’euros a été dépensé sur un projet de stockage géologique, à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Financés par EdF, Areva et le CEA, les travaux de recherche mobilisent aujourd’hui la moitié des effectifs de l’Andra, soit 200 personnes, et un budget de 100 millions d’euros par an.
Tout ça pour attendre... Attendre que le taux de radioactivité des déchets baisse. « Tôt ou tard, l’humidité dégradera les fûts. L’enjeu consiste donc à retarder les fuites pour minimiser le risque de remontée à la surface », résume Thierry Charles. Problème : avec les déchets les plus dangereux, les délais d’attente - jusqu’à plusieurs millions d’années - dépassent les capacités humaines de surveillance. D’où l’idée de stocker les déchets à 500 mètres de profondeur.
Le dernier inventaire comptabilise plus d’un million de mètres cubes de déchets radioactifs en France, en 2007. Leurs origines sont multiples. Les déchets sont majoritairement issus de l’industrie électronucléaire (62 %). Viennent ensuite la recherche et la défense (17 % chacun), puis l’industrie non électronucléaire (3 %) et le secteur médical (1 %). Plus de 70 % d’entre eux, en volume, ont déjà rejoint leur lieu de fin de vie, à Montvilliers et Soulaines, dans l’Aube. Ce sont uniquement des déchets à très faible activité ou à vie courte, les moins dangereux. Les déchets hautement radioactifs et/ou à vie longue, dont font partie les combustibles, attendent encore leur destination finale. Ils sont pour l’instant entreposés à La Hague, dans la Manche. S’ils ne représentent que 4 % du volume total, ils concentrent 95 % de la radioactivité. Leur durée de dangerosité peut atteindre des centaines de milliers, voire des millions d’années.
Les accidents ont été nombreux et graves.
En 1972, l’usine de retraitement des combustibles nucléaires à West Valley, New York, ferme après six ans de fonctionnement. Elle laisse derrière elle des réservoirs contenant 2 300 m³ de déchets hautement radioactifs, qui contaminent par la suite le lac Érié et le lac Ontario. Le 16 juillet 1979, près de Church Rock, Nouveau-Mexique. Les parois d’un bassin de déchets radioactifs se brisent, laissant s’échapper une grande quantité de déchets. En 1981, un incendie a lieu dans un silo à l’usine de retraitement de La Hague, en France. L’accident est classé au niveau 3 de l’échelle INES.
Le 30 septembre 1999, Tokaimura, à 160 km de Tokyo au Japon. Accident de niveau 4 sur l’échelle INES. L’introduction dans une cuve de décantation, à la suite d’une erreur de manipulation, d’une quantité anormalement élevée d’uranium (16,6 kg) dépassant très largement la valeur de sécurité (2,3 kg), est à l’origine de la réaction de criticité. Cet accident de criticité a tué deux des ouvriers de la centrale et exposé 439 riverains à des radiations importantes. À 21h, soit 11 heures après le début de l’accident, les autorités décrètent le confinement de 310 000 personnes présentent dans un rayon de 10 km. L’enquête sur l’accident de Tokaimura a montré que les ouvriers de l’usine, gérée par l’entreprise JCO, violaient régulièrement les procédures de sécurité, par exemple en mélangeant l’uranium dans des bassines pour aller plus vite (AFP, 27/04/2000).
Le 18 avril 2005, Sellafield, Angleterre. 83 000 litres de combustible liquéfié fortement radioactif, contenant environ 20 tonnes d’uranium et de l’acide nitrique concentré se sont échappés d’une fissure dans un tuyau et se sont répandus dans une cuve en acier inoxydable contenant 200 kg de plutonium dans l’enceinte de l’usine de retraitement Thorp située à Sellafield. L’enquête a montré que la fuite est restée inconnue pendant neuf mois. Le 8 juillet 2008, France, une fuite de 6,25 m³ de produits radioactifs a été constatée sur le site nucléaire du Tricastin, à la SOCATRI, filiale d’AREVA , avec 12 g d’uranium par litre (soit 75 kg)29. Des arrêtés préfectoraux ont été pris pour interdire l’usage de l’eau, la baignade, les activités nautiques, la pêche et l’irrigation dans le secteur de Bollène.
Au Nouveau Mexique, des radiations ont été détectées en surface de cette installation souterraine de stockage de déchets nucléaires.
Treize ouvriers ont été testés positifs pour l’exposition à la radiation en lien à un rejet accidentel au cours du mois de taux élevés de radiation dans un stockage de déchets nucléaires souterrain au Nouveau Mexique, d’après ce qu’a déclaré le Département américain de l’énergie mercredi.
Aucun ouvrier n’était sous terre dans le Projet Pilote d’Isolation des Déchers dans le sud-ouest du Nouveau Mexique lorsque les capteurs d’air situés sous la surface d’une ancienne formation salée ont sonné l’alarme le 14 Février indiquant des taux excessifs de particules radioactives.
Vrais enquêteurs prélevaient dimanche des échantillons, dans l’Etat américain du Nouveau-Mexique, sur un site de stockage de déchets nucléaires où des radiations ont été détectées vendredi dans l’air, bien que les autorités soulignent qu’aucune contamination n’a été signalée. « Nous continuons de surveiller et nous insistons sur le fait qu’il n’y a pas de danger pour la santé humaine et l’environnement », a indiqué à l’AFP la porte-parole du Waste Isolation Pilot Plant (WIPP), Deb Gill, qui a précisé que le site a été fermé et reste pour l’instant inactif. Premier dispositif de ce type aux Etats-Unis, le WIPP, situé près de Carlsbad au Nouveau-Mexique, permet de confiner des déchets radioactifs, principalement du plutonium, utilisé pour les recherches militaires et la production d’armes nucléaires. Enfouis à 655 mètres de profondeur, les déchets sont disposés dans des salles creusées dans une formation géologique ancienne et stable de sel.
Lorsque des rayonnements ont été détectés dans l’air du site souterrain situé près de Carlsbad vendredi à 23h30 (7h30 samedi en France), la ventilation du WIPP a aussitôt été mise en mode filtrant afin d’éviter tout échange d’air avec l’extérieur, a précisé Deb Gill. Aucun employé n’était alors sous terre et « aucune contamination n’a été constatée sur le matériel, le personnel ou les bâtiments », a-t-elle souligné. Par mesure de précaution, les employés ont été sommés de s’abriter dans un refuge et autorisé à quitter le site dès samedi 17 heures. Le 5 février, un véhicule transportant du sel au sein du site souterrain avait pris feu et avait mené à son évacuation partielle.
Aux Etats-Unis
Le gendarme du nucléaire américain se prépare à autoriser l’exploitation des centrales nucléaires pour une période supérieure à 60 ans. Une première mondiale qui ne sera pas gratuite pour les exploitants.
Les Français ne sont pas en avance. Alors qu’EDF et l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) se crêpent le chignon sur le passage à 40 ans de la durée de vie des réacteurs tricolores, les parties prenantes du nucléaire américain ont une vision à bien plus long terme. Dans un document récemment mis en ligne, la Nuclear Regulatory Commission (NRC, le gendarme du nucléaire US) s’interroge sur les possibilités d’exploiter des centrales plus de 60 années.
73 réacteurs déjà certifiés pour 60 ans
Adoptée en 1954, la législation américaine fixe à 40 ans la durée de vie des centrales nucléaires. Soit le temps nécessaire à leur amortissement. Si les conditions, initiales, de sûreté sont toujours réunies au bout de ce laps de temps, le régulateur peut filer un rab de 20 années supplémentaires. Ce dont il ne s’est pas privé. Sur les 104 tranches en service outre-Atlantique, 73 ont déjà vu leur certification allongée de deux décennies. Et les experts de la NRC planchent sur 18 autres dossiers.
Début des examens : 2017
Détail : la loi américaine autorise le renouvellement de 20 ans autant de fois que possible. Et cela tombe à pic. Car dès la fin de l’année, une vingtaine de réacteurs entreront dans la cinquantaine. Il sera alors temps de s’interroger sur la possibilité technique de les prolonger au-delà des 60 ans. Les premières demandes de renouvellement pourraient d’ailleurs tomber dès 2017, estime la NRC.
Un investissement lourd
Ce passage pourrait toutefois s’avérer plus coûteux que le franchissement des étapes précédentes. D’une part, parce que, cette fois, il faudra probablement changer ou mettre à niveau des équipements lourds, tels les générateurs de vapeur ou le système de contrôle commande. D’autre part, parce que la NRC pourrait imposer aux exploitants des travaux de renforcement de leurs installations, comparables au noyau dur français. Le montant de l’addition (et de l’augmentation du coût de production du kilowattheure) s’annonce élevé.
Recherches en cours
En 2012, le département américain à l’énergie (DOE) avait lancé un programme de recherche sur les conséquences techniques entrainées par un allongement supplémentaire de la durée de vie des réacteurs à eau légère. Ses réponses sont désormais attendues avec impatience, tant par les électriciens que par le régulateur.
40 ans, ce sera cher aussi en France
Dans un rapport commandé par Greenpeace France, Wise estime les coûts du passage à 40 ans du parc électronucléaire français. En prenant plusieurs scénarios, le bureau d’études estime que, selon les niveaux de sûreté qui seront finalement imposés à EDF par l’ASN, le montant des devis devrait osciller entre 0,8 et 4,5 milliards d’euros par réacteur (il y en a 58). On est loin des 400 millions par tranche, calculés par EDF en 2008. Mais on reste très en deçà du coût d’un EPR : 8 Md€ pièce.
« Nous avons tous besoin de dire une prière. » Voilà la réponse donnée le 11 mars 2011 par un responsable de l’autorité de sûreté nucléaire des États-Unis (Nuclear Regulatory Commission, NRC), à l’un de ses collègues en quête d’informations sur la situation à Fukushima. Trois ans après la catastrophe nucléaire, la chaîne d’informations nord-américaine NBC vient de rendre publique des extraits d’emails de la NRC. La chaîne se les est procurés en s’appuyant sur le Freedom of Information Act (Loi pour la liberté d’information) qui oblige les agences fédérales à transmettre leurs documents. Or, « ces emails révèlent clairement une tentative de dissimulation », pointe NBC News.
« Alors que nous en savons plus que ce qui est dit, tenons-nous en à cette histoire pour le moment », écrit ainsi Scott Burnell, un responsable de l’autorité nucléaire en charge des relations publiques et médias, cinq jours après la catastrophe. Comme le montrent les échanges de courriels au sein de l’agence, la NRC a décidé d’adopter un double discours : d’un côté « la réponse publique », de l’autre « l’information technique supplémentaire non publique », censée demeurer interne. Ainsi, à la question, « que se passe t-il s’il y a fusion du cœur du réacteur de l’usine ? », l’agence du gouvernement avait prévu deux réponses, l’une officielle, l’autre officieuse et beaucoup plus inquiétante :
Réponse publique : En résumé, les centrales nucléaires aux États-Unis sont conçues pour être sûres. Pour éviter le rejet de matières radioactives, il existe de multiples barrières entre les matières radioactives et l’environnement, dont le revêtement du combustible, la cuve en acier lourd du réacteur lui-même et son enceinte de confinement, généralement renforcée par une structure armée de béton et d’acier de plusieurs mètres d’épaisseur.
Information supplémentaire, technique, non publique : Le noyau fondu peut fondre à travers le fond de la cuve et s’écouler sur le sol de confinement en béton. Le noyau peut faire fondre le revêtement de confinement et libérer des matières radioactives dans l’environnement.
Nucléaire : pas de risque zéro
Ces échanges sont également empreints d’un certain cynisme. A l’instar de l’ancien Secrétaire américain à l’Energie, Steven Chu, qui intervient sur CNN le 20 mars 2011, mais qui hésite sur une question concernant la capacité de résistance des centrales nucléaires américaines face à un tremblement de terre d’une magnitude de 9 sur l’échelle de Richter. Le porte-parole de la Commission de réglementation nucléaire des Etats-Unis donnera ensuite, en interne, son propre avis sur la manière dont Steven Chu aurait du répondre. « Il devrait juste dire "Oui, elles peuvent résister", écrit-il. Ne pas s’en faire d’être incorrect quand il n’y a pas lieu de l’être. Désolé si j’ai l’air cynique. »
Suite à ces révélations, le directeur de la NRC a assuré que la Commission « s’efforce d’être aussi ouverte et transparente que possible, en fournissant de l’information précise au public dans un contexte approprié. (…) Les emails choisis reflètent davantage l’extrême stress de notre équipe à un moment où il fallait assurer l’exactitude dans un contexte où les informations en provenance du Japon étaient rares, voir inexistantes. » Pour l’écrivain Susan Stranahan, auteure de Fukushima : The Story of a Nuclear Disaster, « trois ans après Fukushima Daiichi, la NRC et l’industrie nucléaire continuent de répéter un mantra familier : la probabilité d’un accident grave est si faible qu’il n’est pas nécessaire de le planifier. C’est ce que les Japonais disaient, eux aussi ».
Des États-Unis à l’Europe : vétusté et dangerosité du parc nucléaire
34 ans, c’est l’âge médian d’un réacteur aux États-Unis. La plus vieille centrale américaine, Ginna, est située près de Rochester (New York) et a été autorisée en 1969. Fait moins connu, cette centrale est possédée à 50 % par le groupe EDF ! Or, les autorités américaines ont accordé à cette centrale une licence de 60 ans, c’est à dire jusqu’en 2029… Mais les Américains ne sont pas les seuls à être entourés de vieux réacteurs. Celle de Fessenheim, en Alsace, vient de souffler sa 36ème chandelle. Greenpeace dénonce la vétusté et la dangerosité d’un parc de 151 réacteurs en fonctionnement en Europe, dont « 66 ont plus de 30 ans et 7 ont été mis en service il y a plus de quarante ans ». L’ONG réclame que les réacteurs dont la durée d’exploitation a dépassé la durée de vie initiale soient immédiatement mis à l’arrêt. Quelques 240 militants de l’ONG environnementale ont mené simultanément, le 5 mars, des actions contre les centrales nucléaires du Bugey et de Gravelines (France), de Thiange (Belgique), de Beznau (Suisse), de Garona (Espagne), de Borssele (Pays-Bas) et d’Oskarshamn (Suède). En fermant « symboliquement » la centrale française du Bugey, l’organisation demande à ce que le texte de la future loi sur la transition énergétique inscrive la limite de quarante ans comme durée de fonctionnement maximale pour l’ensemble des réacteurs.
À la suite du débordement de la rivière Missouri, la centrale nucléaire de Fort Calhoun est inondée. Le cœur avait été déchargé en avril en vue de son remplacement périodique et l’arrêt était prolongé pour des inspections et réparations nécessaires. En plus de l’inondation, un incendie s’était déclaré. Le classement sur l’échelle INES n’est pas défini (il semblerait qu’il soit entre 2 et 4), car les déclarations américaines font référence à leur propre échelle. En mars 2013 cette centrale n’est toujours pas redémarrée.
Fukushima, la catastrophe durera éternellement
L’eau de mer polluée par les rejets des centrales Tepco, au Japon, va bientôt toucher les côtes américaines.
Cette contamination sera comparable à la celle datant de 1960, après une longue série d’essais nucléaires américains et soviétiques. L’article parle de la teneur éléments radioactifs dans l’eau de mer. Cette teneur, notamment en Césium 137, dont la signature est celle du Césium de Fukushima, va augmenter et culminer en quelque sorte sur les côtes californiennes en 2014. Il y avait déjà dans les revues spécialisées des travaux de modélisation sur la distribution du Césium 137 de Fukushima. Ils mettent en évidence une diffusion progressive, qui à partir de 2012-2013 s’étend dans le Pacifique nord, puis en 2014-2015 atteint clairement les eaux de Californie. Ces mêmes projections montrent qu’en plusieurs phases, en 2021, 2026, 2031, ce sera tout l’Océan pacifique qui sera marqué par le Césium 137.
"L’énergie nucléaire est une ressource de base importante", martèle le Premier ministre conservateur Shinzo Abe, pour qui "les réacteurs jugés sûrs devront être remis en exploitation". Arrivé au pouvoir fin 2012, son gouvernement s’est empressé d’enterrer le projet du précédent exécutif de centre-gauche de "zéro nucléaire" d’ici à 2040. Les autorités actuelles martèlent sur tous les tons que le Japon veut certes diminuer la part nucléaire mais ne peut s’en passer s’il veut rester une grande puissance économique indépendante et soucieuse du changement climatique.
L’opinion espère toutefois que les installations nucléaires seront moins employées. Selon une enquête de la chaîne publique NHK, 95% des Japonais se disent encore anxieux au sujet de la situation à la centrale accidentée Fukushima Daiichi, et 80% pensent que le rôle de l’énergie nucléaire doit être réduit autant que possible.
A une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de la centrale de Fukushima, les enfants de Koriyama savent à peine ce que signifie jouer en plein air : la peur de la radioactivité les a consignés dans leur maison depuis leur naissance.
Les conséquences sur leur santé se font sentir : même si les Nations unies ont affirmé en mai dernier ne pas s’attendre à une hausse du taux de cancers après Fukushima (notamment de la tyroïde), ces enfants connaissent des pertes d’énergie, des problèmes de coordination ou d’irascibilité, témoignent des éducateurs. Privés d’activités extérieures, ils grossissent et pèsent davantage que la moyenne nationale.
La fusion de trois réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiichi a contaminé toute un espace agricole réputé autrefois pour son riz, son bœuf ou ses pêches. "J’achète à manger dans des régions éloignées de Fukushima. C’est notre vie normale, maintenant", témoigne Ayumi Kaneta, une mère de trois enfants, âgée de 34 ans. "Certains enfants sont très craintifs. Avant de manger quoi que ce soit, ils me demandent toujours : ’Est-ce qu’il y a de la radioactivité dedans ?’", confirme Mitsuhiro Hiraguri, directeur d’une crèche à Koriyama.
La reconstruction piétine et quelque 270 000 personnes n’ont toujours pas pu regagner leurs maisons, détruites par le raz-de-marée ou rendues inhabitables par la radioactivité. Plus de 100 000, souvent âgées, vivent toujours dans des habitations provisoires préfabriquées où elles souffrent de la promiscuité.
Malgré les promesses répétées du gouvernement, beaucoup risquent de ne pas être relogées avant plusieurs années. Seulement 3,5% des maisons pérennes promises ont été construites dans les provinces d’Iwate et Miyagi. "Je suis déterminé à accélérer la reconstruction", a déclaré le Premier ministre, Shinzo Abe, lundi au Parlement. "La revitalisation du Japon ne se fera pas sans la remise sur pied des régions dévastées", a-t-il poursuivi.
Naoto Matsumara est le dernier homme à vivre près de la centrale de Fukushima-Dati, bravant les ordres d’évacuation. Portrait de cet homme hors du commun.
Cet homme est devenu une icône. Celle du combat pour le retour à la vie. Refusant les ordres d’évacuation, il habite seul dans la zone contaminée par l’explosion de la centrale. Chaque jour, il nourrit les animaux abandonnés. Il était à Paris hier, pour témoigner.
Avant le drame de mars 2011, Naoto cultivait le riz. Un séisme, puis « un accident nucléaire majeur » ont tout balayé. Il vit désormais dans un paradis perdu saturé de radioactivité.
« Le 21 mars, Tepco (la compagnie qui gère les centrales) a donné l’ordre d’évacuer la zone. Avec mon père et ma mère nous ne savions pas trop où aller. » Cap au sud, ils ont frappé à la porte d’une tante et de sa famille. Ils sont restés dehors un bon moment. « Quand ils nous ont laissé entrer, j’ai vu dans leurs yeux la peur panique d’être contaminés. Ils ne souhaitaient qu’une seule chose, que nous partions dans un centre d’évacuation. » Comme des milliers d’autres réfugiés jetés, hagards, dans des baraquements de fortune.
Naoto a vu son honneur et son humanité bafoués. Lui, l’homme de la terre, a senti monter, comme dans des racines, la sève de la colère. Refusant cette condition de pestiféré, il est rentré chez lui à Tomioka. La petite ville de 17 000 habitants, nichée à 12 km du site de Fukushima, n’est plus qu’un désert humain. Un décor apocalyptique de cinéma catastrophe peuplé de carcasses de voitures. « Je me suis retrouvé seul ». Il découvre la puissance du « silence absolu », l’angoisse de la solitude et l’ampleur du drame.
« Avant la catastrophe, je n’étais pas du tout un militant écologiste. Le nucléaire ne me faisait pas peur, j’avais totalement confiance. » La défense des animaux n’était pas non plus sa priorité. « En marchant dans la ville et la campagne avoisinante, j’ai vu les cadavres des chiens, du bétail... Mais aussi tous les animaux qui avaient survécu et qui se retrouvaient complètement abandonnés. » Depuis trois ans, Naoto s’en occupe tous les jours. Dans sa philosophie, leur vie vaut celles des hommes.
6 h 30 tous les matins, le voilà debout. Il enfile sa combinaison bleue et entame sa longue tournée. Elle emplit sa journée. Chats, chiens, sangliers, vaches, poneys, il soigne et nourrit tout le monde. « J’ai même des autruches... » Ironie de l’histoire, elles étaient les mascottes de Tepco. Depuis un an, l’électricité est revenue sur la zone. « Avant, je m’éclairais à la bougie. » Naoto se nourrit de plats cuisinés qu’on lui envoie par colis. « J’ai renoncé à manger mes propres cultures, elles sont trop contaminées. Et moi aussi ! » Il éclate de rire. « Au début, je pissais et je chiais du césium ! » (Un élément radioactif).
Une fois, une seule, il est allé à l’université de Tokyo pour faire un bilan de santé. « Ils m’ont collé dans une espèce de four durant une bonne vingtaine de minutes. Quand je suis sorti de là, le médecin n’arrêtait pas de me fixer. Je lui ai demandé pourquoi, il m’a dit : vous avez le plus haut niveau de radioactivité du Japon ! » La peur du cancer, de la leucémie ont agité ses premières nuits. « Maintenant, je m’en fous. »
Avant l’accident nucléaire, Naoto avait divorcé et ses grands enfants sont loin. Il est devenu l’ermite de Fukushima. Cette infime trace de vie dans un univers de désolation. Il sourit aux animaux mais sa fureur gronde contre Tepco qui les a plongés dans l’enfer, contre le gouvernement qui laisse encore vivre des personnes dans des centres de réfugiés. « Les personnes âgées sont déboussolées, stressées. Beaucoup en meurent. »Avec ses cheveux blancs et sa fine moustache, Naoto est devenu un défenseur acharné de la vie. Accompagné du journaliste Antonio Pagnotta qui fut l’un des premiers à le rencontrer sur place, il voyage pour la première fois en Europe. Soutenu par des associations écologistes, il diffuse un message simple. « Moi, l’accident nucléaire, je n’y croyais pas. Maintenant, je sais... »
Ils essaient de faire croire qu’ils ont tiré les leçons
Le gouvernement japonais a commencé par annoncer qu’il arrêtait le nucléaire mais son successeur a décidé exactement l’inverse.
L’Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA) a indiqué jeudi qu’elle allait s’occuper en priorité du dossier concernant la validation de sûreté de deux réacteurs du sud-ouest du Japon, Sendai 1 et 2, qui pourraient ainsi être les premiers à redémarrer. Actuellement, outre les six réacteurs condamnés de la centrale accidentée Fukushima Daiichi, les 48 autres du pays sont stoppées par précaution. La sûreté des unités jugées exploitables doit en effet être confirmée avant que ne soient allumés les feux verts politiques nécessaires.
Les compagnies régionales ont soumis des dossiers pour 17 d’entre eux à l’autorité de régulation nucléaire qui doit procéder à des examens très pointus pour certifier leur conformité à de nouvelles normes plus sévères face aux risques d’accident grave, de catastrophe naturelle et d’acte terroriste. L’autorité a débuté les examens en juillet dernier, indiquant alors qu’il faudrait peut-être entre six mois et un an par réacteur. Les inspections des unités Sendai 1 et 2 dans la préfecture de Kagoshima, exploitées par la compagnie Kyushu Electric Power, sont les plus avancées. Il s’agit de deux tranches à eau pressurisée (PWR), d’une conception différente de celles de Fukushima Daiichi, d’une puissance unitaire de 890 mégawatts, mises en service en 1984 et 1985.
La catastrophe de Fukushima n’a pas tué le nucléaire partout, loin s’en faut. Dans une étude publiée mercredi 12 mars, trois ans après l’accident dans la centrale japonaise, le cabinet Roland Berger Strategy Consultants estime que la capacité installée dans le monde pourrait augmenter de 26 % d’ici à 2030.