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Salut à l’opposition de gauche internationale ! C’étaient "les nôtres" !

mardi 4 mars 2014, par Robert Paris


L’opposition de gauche (trotskiste) en Russie

L’opposition trotskiste se bat jusque dans les camps du goulag comme le montre le document ci-dessous : une manifestation trotskiste de prisonniers des camps staliniens contre les bureaucrates et les koulaks

Ceux grâce auxquels le communisme n’est pas synonyme de stalinisme, ni les soviets synonymes de bureaucratie, ni le socialisme de caution de gauche de la bourgeoisie, ceux qui n’ont pas pris prétexte de la défaite prolétarienne pour cautionner leurs adversaires bourgeois, et faux amis staliniens, sociaux-démocrates ou bureaucrates syndicaux...

Le tombeau de Trotsky

Léon Trotsky et Natalia Sédova

Avec Léon Sédov

Sur Léon Trotsky

Trotsky explique la situation de l’opposition en 1928-1929

Les quarante-six ou opposition de 1923, anciens dirigeants bolcheviks qui ont dénoncé par écrit le tournant bureaucratique en Russie :

L. Trotsky, E. Préobrajensky, B. Breslav, L. Serebriakov, A. Beloborodov, A. M. Rosengoltz, M. Alsky, Antonov-Ovseïenko, A. Benediktov, I.N. Smirnov, Y. Piatakov, B. Obolensky (Ossinsky), N. T. Mouralov, T. Sapronov, A. Holtzman, V. Maximovsky, D. Sosnovsky, Danichevsky, P Mesyatsev, T. Khorechko, A. Boubnov, A.Voronsky, B. Smirnov, E. Bosch, V. Kossior, F. Lokatskov, Kaganovitch, Drobnis, P. A. Kovalenko, A. E. Minekine, V. Yakovleva, B. Eltsine, M. Levitine, I. Palioudov, O. Chmidel, N. Vaganian, I. Stoukov, A. Lobanov, Rafaïl S. Vassiltchenko, Mikh. Jakov, A. M. Pousakov, N. Nikolaev, Averine, I. Bogouslavsky, F. Soudnik

Nicolaï Mouralov

Alexandre Beloborodov

Ivar Smilga

Timofei Sapronov

Valerian Lobanov Obolensky, dit Nikolaï Ossinski

Avec Lénine, Leonid Serebryakov, Evgeny Preobrazhensky

Serebryakov, Voronsky, Trotsky et Radek au quatrième congrès du parti bolchevik de décembre 1925

Ce qui leur est arrivé

Piatakov à son procès par les staliniens

Karl Radek

L’opposition de gauche de 1927

Trotsky et Christian Rakovsky

Au centre Rakovsky et Krassine

Vatslav Vorovsky

Andréi Bubnov

Trotsky en compagnie d’Erwin Wolf

Victor Serge

Pietro Tresso dit Blasco

Alfred Rosmer

Pierre Monatte

Christian Rakovsky

Eugenio Préobrazhenski

Adolf Abramovitch Ioffé

Chen Duxiu

Léon Sédov

Benjamin Péret

Avec des militants de l’opposition de gauche en 1934

Max Eastman, James P-Cannon et William Haywood

Andreu Nin et Solano

Avec des militants américains

Avec André Breton et Diego Rivera

Avec Natalia Sedova, Frida Kahlo et Shachtman

Mathieu Bucholtz

Barta

Ta Thu Thau

Jean Van Heijnoort

Joseph Hansen

Rudolf Klement

Arne Swabeck

avec André Breton

groupe de militants avec jean van Heijnoort

Grandizo Munis et Natalia Sedova

Lettre au Comité Central du Parti Communiste de l’Union Soviétique de Ignace Reiss (Ludwig)

Sur la Mort de Ignace Reiss

A lire : “Les nôtres” de Elisabeth Poretski

Ignace Reiss (Poretski)

"Les époques réactionnaires comme la nôtre non seulement désagrègent et affaiblissent la classe ouvrière en isolant son avant-garde, mais aussi abaissent le niveau idéologique général du mouvement en rejetant la pensée politique loin en arrière, à des étapes dépassées depuis longtemps. Dans ces conditions, la tâche de l’avant-garde est avant tout de ne pas se laisser entraîner par le reflux général. Il faut aller contre le courant. Si le rapport défavorable des forces ne permet pas de conserver les positions politiques précédemment occupées, il faut se maintenir au moins sur les positions idéologiques, car c’est en elles qu’est concentrée l’expérience chèrement payée du passé. Une telle politique apparaît aux yeux des sots comme du "sectarisme". En réalité elle ne fait que préparer un nouveau bond gigantesque en avant, avec la vague de la prochaine montée historique."

Léon Trotsky dans "Bolchevisme contre stalinisme"

« Comprendre clairement la nature sociale de la société moderne, de son Etat, de son droit, de son idéologie constitue le fondement théorique de la politique révolutionnaire. La bourgeoisie opère par abstraction (« nation », « patrie », « démocratie ») pour camoufler l’exploitation qui est à la base de sa domination. (…) Le premier acte de la politique révolutionnaire consiste à démasquer les fictions bourgeoises qui intoxiquent les masses populaires. Ces fictions deviennent particulièrement malfaisantes quand elles s’amalgament avec les idées de « socialisme » et de « révolution ». Aujourd’hui plus qu’à n’importe quel moment, ce sont les fabricants de ce genre d’amalgames qui donnent le ton dans les organisations ouvrières françaises. »

Léon Trotsky dans « La France à un tournant » (28 mars 1936)

"L’émancipation des ouvriers ne peut être l’oeuvre que des ouvriers eux-mêmes. Il n’y a donc pas de plus grand crime que de tromper les masses, de faire passer des défaites pour des victoires, des amis pour des ennemis, d’acheter des chefs, de fabriquer des légendes, de monter des procès d’imposture, — de faire en un mot ce que font les staliniens. Ces moyens ne peuvent servir qu’à une fin : prolonger la domination d’une coterie déjà condamnée par l’histoire. Ils ne peuvent pas servir à l’émancipation des masses. Voilà pourquoi la IVe Internationale soutient contre le stalinisme une lutte à mort.

Il va sans dire que les masses ne sont pas sans péché. Nous ne sommes pas enclins à les idéaliser. Nous les avons vues en des circonstances variées, à diverses étapes, au milieu des plus grands bouleversements. Nous avons observé leurs faiblesses et leurs qualités. Leurs qualités : la décision, l’abnégation, l’héroïsme trouvaient toujours leur plus haute expression dans les périodes d’essor de la révolution. A ces moments, les bolcheviks furent à la tête des masses. Un autre chapitre de l’histoire s’ouvrit ensuite, quand se révélèrent les faiblesses des opprimés : hétérogénéité, insuffisance de culture, manque d’horizon. Fatiguées, déçues, les masses s’affaissèrent, perdirent la foi en elles-mêmes et cédèrent la place à une nouvelle aristocratie. Dans cette période les bolcheviks (les "trotskistes") se trouvèrent isolés des masses. Nous avons pratiquement parcouru deux cycles semblables : 1897-1905, années de flux ; 1907-1913, années de reflux ; 1917-1923, années marquées par un essor sans précédent dans l’histoire ; puis une nouvelle période de réaction qui n’est pas encore finie. Grâce à ces événements, les "trotskistes" ont appris à connaître le rythme de l’histoire, en d’autres termes la dialectique de la lutte des classes. Ils ont appris et, me semble-t-il, réussi à subordonner à ce rythme objectif leurs desseins subjectifs et leurs programmes. Ils ont appris à ne point désespérer parce que les lois de l’histoire ne dépendent pas de nos goûts individuels ou de nos critériums moraux. Ils ont appris à subordonner leurs goûts individuels à ces lois. Ils ont appris à ne point craindre les ennemis les plus puissants, si la puissance de ces ennemis est en contradiction avec les exigences du développement historique. Ils savent remonter le courant avec la conviction profonde que l’afflux historique d’une puissance nouvelle les portera jusqu’à l’autre rive. Pas tous ; beaucoup se noieront en chemin. Mais participer au mouvement les yeux ouverts, avec une volonté tendue, telle est bien la satisfaction morale par excellence qui puisse être donnée à un être pensant !"

Léon Trotsky dans "Leur morale et la nôtre"

"Lénine expliquait aux amateurs de "problèmes politiques concrets" que notre politique n’est pas de caractère conjoncturel mais principiel ; que la tactique est subordonnée à la stratégie ; que, pour nous, le sens fondamental de chaque campagne politique est de mener les travailleurs des questions particulières aux problèmes généraux, c’est-à-dire de les amener à la compréhension de la société moderne et du caractère de ses forces fondamentales."

Léon Trotsky dans "Défense du marxisme" dans le paragraphe "contre le pseudo "réalisme" politique"

"Nous ne nous repentons de rien et nous ne renonçons à rien. Nous vivons des idées et de l’état d’esprit qui nous animaient durant les journées d’Octobre 1917. A travers des difficultés temporaires, nous pouvons voir devant nous. Si marqués que soient les méandres du fleuve, le fleuve coule vers l’océan."

L. Trotsky - Constantinople 17 octobre 1929

"J’ai participé aux révolutions de 1905 et de 1917 ; j’ai été président du soviet des députés de Pétersbourg en 1905, puis en 1917. J’ai pris une part active à la révolution d’Octobre et j’ai été membre du gouvernement soviétique. En qualité de commissaire du peuple aux Affaires étrangères, j’ai mené les pourparlers de paix à Brest-Litovsk, avec les délégations allemande, austro-hongroise, turque et bulgare. En qualité de commissaire du peuple à la Guerre et à la Marine, j’ai consacré environ cinq années à l’organisation de l’armée rouge et à la reconstitution de la flotte rouge. Pendant l’année 1920, j’ai joint à ce travail la direction du réseau ferroviaire qui était en désarroi.

Les années de guerre civile mises à part, l’essentiel de mon existence a été constitué par une activité de militant du parti et d’écrivain. Les Éditions d’Etat ont entrepris, en 1923, la publication de mes oeuvres complètes. Elles ont réussi à en faire paraître treize volumes, sans compter les cinq tomes d’ouvrages militaires qui avaient été publiés précédemment. La publication fut interrompue en 1927 lorsque les persécutions exercées contre le "trotskysme" devinrent particulièrement acharnées.

En janvier 1928, j’ai été déporté par le gouvernement soviétique actuel et j’ai passé un an sur la frontière de la Chine ; j’ai été expulsé en Turquie, en février 1929 ; j’écris ces lignes à Constantinople.

Même présentée dans son raccourci, ma vie ne pourrait être dite monotone. Bien au contraire, si l’on en considère tous les tournants, l’imprévu, les conflits aigus, les relèvements et les descentes, on peut affirmer que cette existence a été plutôt surabondante en "aventures". Pourtant, je me permettrai de dire que, par mes penchants, je n’ai rien de commun avec les chercheurs d’aventures."

Léon Trotsky dans "Ma Vie"

Les nôtres :

L’assassinat de Lénine

L’assassinat de Trotsky

L’assassinat d’Erwin Wolf

Pour l’anniversaire de la mort de Reiss

La disparition de Rudolf Klement

L’enquête sur la mort de Léon Sédov

Le cadavre de Harte

L’assassinat de Léon Trotsky

L’assassinat de Mathieu Bucholz

Le stalinisme a détruit Boukharine

Quatre militants trotskystes assassinés par les staliniens dans le maquis Wodli en Haute-Loire : Pietro Tresso, Abraham Sadek, Maurice Sieglmann et Jean Reboul

L’assassinat des trotskistes vietnamiens

Quand Staline lançait sa campagne de dénonciation publique et d’extermination massive des anciens révolutionnaires bolcheviks

Les procès de Moscou

En 1936, comment Staline assassine les militants révolutionnaires

La contre-révolution assassine les opposants communistes

Communistes contre Stalinisme

L’assassinat de Rudolf Klement, secrétaire de Trotsky, par les staliniens

Comment et pourquoi Staline a fait torturer et assassiner Andrès Nin

Liste non exhaustive d’assassinats par les staliniens des dirigeants trotskystes mondiaux

Portfolio

Messages

  • La lettre que je vous écris aujourd’hui j’aurais dû vous l’écrire depuis longtemps déjà, le jour où les « Seize » [1] furent massacrés dans les caves de la Loubianka, sur l’ordre du « Père des Peuples ».

    Je me suis tu alors. Je n’ai pas élevé la voix non plus pour protester lors des assassinats qui ont suivi, et ce silence fait peser sur moi une lourde responsabilité. Ma faute est grande, mais je m’efforcerai de la réparer, et de la réparer vite afin d’alléger ma conscience.

    Jusqu’alors j’ai marché avec vous. Je ne ferai pas un pas de plus à vos côtés. Nos chemins divergent ! Celui qui se tait aujourd’hui se fait complice de Staline et trahit la cause de la classe ouvrière et du socialisme !

    Je me bats pour le socialisme depuis l’âge de vingt ans. Sur le seuil de la quarantaine, je ne veux pas vivre des faveurs d’un Ejov.

    J’ai derrière moi seize années de travail clandestin. C’est quelque chose, mais il me reste assez de forces pour tout recommencer. Car il s’agit bien de « tout recommencer », de sauver le socialisme. La lutte s´est engagée il y a longtemps déjà. Je veux y reprendre ma place.

    Le tapage organisé autour des aviateurs qui survolent le Pôle vise à étouffer les cris et les gémissements des victimes torturées à la Loubianka, à la Svobodnaia, à Minsk, à Kiev, à Leningrad, à Tiflis. Ces efforts sont vains. La parole, la parole de la vérité, est plus forte que le vacarme des moteurs les plus puissants.

    Les recordmen de l’aviation, il est vrai, toucheront les cœurs des ladies américaines et de la jeunesse des deux continents intoxiqués par le sport, plus facilement que nous arriverons à conquérir l’opinion internationale et à émouvoir la conscience du monde ! Que l’on ne s’y trompe pourtant pas : la vérité se fraiera son chemin, le jour de la vérité est plus proche, bien plus proche que ne le pensent les seigneurs du Kremlin. Le jour est proche où le socialisme international jugera les crimes commis au cours des dix dernières années. Rien ne sera oublié, rien ne sera pardonné. L’histoire est sévère : « le chef génial, le père des peuples, le soleil du socialisme », rendra compte de ses actes : la défaite de la révolution chinoise, le plébiscite rouge [2] , l’écrasement du prolétariat allemand, le social-fascisme et le Front populaire, les confidences à Howard [3] , le flirt attendri avec Laval : toutes choses plus géniales les unes que les autres ?

    Ce procès-là sera public, avec des témoins, une multitude de témoins, morts ou vivants ; ils parleront tous une fois encore, mais cette fois pour dire la vérité, toute la vérité. Ils comparaîtront tous, ces innocents massacrés et calomniés, et le mouvement ouvrier international les réhabilitera tous, ces Kamenev et ces Mratchkovski, ces Smirnov et ces Mouralov, ces Drobnis et ces Serebriakov, ces Mdivani et ces Okoudjava, ces Rakovski et ces Andrès Nin, tous ces « espions et ces provocateurs, tous ces agents de la Gestapo et ces saboteurs ».

    Pour que l’Union soviétique et le mouvement ouvrier international tout entier ne succombent pas définitivement sous les coups de la contre-révolution ouverte et du fascisme, le mouvement ouvrier doit se débarrasser de ses Staline et de son stalinisme. Ce mélange du pire des opportunismes - un opportunisme sans principes - de sang et de mensonges menace d’empoisonner le monde entier et d’anéantir les restes du mouvement ouvrier.

    Lutte sans merci contre le stalinisme !

    Non au front populaire, oui à la lutte des classes ! Non aux comités, oui à l’intervention du prolétariat sauver la révolution espagnole : telles sont les tâches à l’ordre du jour !

    A bas le mensonge du « socialisme dans un seul pays » ! Retour à l’internationalisme de Lénine !

    Ni la IIème ni la IIIème Internationale ne sont capables d’accomplir cette mission historique : désagrégées et corrompues, elles ne peuvent empêcher la classe ouvrière de combattre ; elles ne servent que d’auxiliaires aux forces de police de la bourgeoisie. Ironie de l’Histoire : jadis la bourgeoisie puisait dans ses rangs les Cavaignac et Gallifet, les Trepov et les Wrangel. Aujourd’hui c’est sous la « glorieuse » direction des deux Internationales que les prolétaires remplissent eux-mêmes le rôle de bourreaux de leurs propres camarades. La bourgeoisie peut vaquer tranquillement à ses affaires ; partout règnent « l’ordre et la tranquillité » : il y a encore des Noske et des Ejov, des Negrin et des Diaz. Staline est leur chef et Feuchtwanger leur Homère !

    Non, je n’en peux plus. Je reprends ma liberté. Je reviens à Lénine, à son enseignement et à son action.

    J’entends consacrer mes modestes forces à la cause de Lénine : je veux combattre, car seule notre victoire – la victoire de la révolution prolétarienne – libérera l’humanité du capitalisme et l’Union soviétique du stalinisme !

    En avant vers de nouveaux combats pour le socialisme et la révolution prolétarienne ! Pour la construction de la IVème Internationale !

    Ludwig (Ignace Reiss)
    Le 17 juillet 1937

    P.S. : En 1928 j’ai été décoré à l’Ordre du « Drapeau Rouge », pour services rendus à la révolution prolétarienne. Je vous renvoie cette décoration ci jointe. Il serait contraire à ma dignité de la porter en même temps que les bourreaux des meilleurs représentants de la classe ouvrière russe. Les Izvestia ont publiés au cours des deux dernières semaines des listes de nouveaux décorés dont les fonctions sont passées pudiquement sous silence : ce sont les exécutants des peines de mort.

    Notes

    [1] Inculpés du premier procès de Moscou.

    [2] Plébiscite réclamé en Saxe par les nationaux-socialistes contre le gouvernement social-démocrate et soutenu par les communistes.

    [3] Staline avait déclaré, en mai 1935, au journaliste américain Roy Howard que l’idée que l’U.RS.S. pouvait encourager une révolution socialiste mondiale relevait de la " tragi-comédie ".

  • Des centaines et des milliers de bolchéviks-léninistes languissent dans les prisons staliniennes, Hier encore, j’étais avec eux, et ensemble nous partagions toutes sortes de tourments que nous infligeaient les gardes-chiourmes staliniens. Aujourd’hui je me trouve dans un pays semi-capitaliste, en "liberté". Hélas, il me semble que pour un révolutionnaire, il n’y a pas de place libre sur notre planète. En tout cas, aujourd’hui j’ai la possibilité de prononcer publiquement une parole de protestation contre les usurpateurs staliniens. Le devoir révolutionnaire m’oblige à faire appel au prolétariat mondial, en lui demandant son aide pour libérer des prisons staliniennes les révolutionnaires dévoués, les martyrs - les bolchéviks-léninistes. Que le prolétariat mondial sache que le pays des Soviets, comme tel, est en train de périr imperceptiblement, car le pouvoir soviétique sans communistes actifs et indépendants est impossible. C’est pourquoi la lutte pour un véritable parti communiste, la lutte contre les usurpateurs et contre le régime plébiscitaire, est la lutte pour la libération du système soviétique de sa dégénérescence tragique.

    Pour faire connaître au prolétariat la situation des bolchéviks-léninistes en U.R.S.S. sous le régime stalinien, j’écrirai purement et simplement quelques mots de ma propre expérience. Le 30 juin 1934, je me suis enfui de ma déportation en Andijan, en me fixant comme tâche d’aller à Moscou, et de me présenter personnellement au C.C. pour parler de mon cas avec les gens qualifiés. Encore en mars 1934 j’ai fait connaître par télé­gramme au C.C. qu’étant oppositionnel, partisan de Trotsky, je cessais mon travail idéologique et organisationnel contre la direction du parti, et que j’étais prêt à remplir avec dévouement toutes les tâches du parti dans sa lutte pour la défense des conquêtes d’Octobre et la construction socia­liste, en soulignant en même temps la nécessité de l’action commune de tous les communistes contre l’offensive de la réaction fasciste. Ayant envoyé cette dépêche au C.C. j’attendis une réponse annulant l’application à mon cas du paragraphe 58 [1] et me restituant mes droits de membre du parti. Juridiquement, évidemment, aucun juge ne m’a condamné selon ce paragraphe. Mais en fait j’ai été condamné à la prison et à la déportation perpétuelles. J’ai été quatre ans en prison et trois ans en déportation. Pendant tout ce temps je n’ai vu personne sauf le juge d’instruction du G.P.Ou. et le garde-chiourme. D’habitude le juge d’instruction m’interrogeait pour la forme et le garde-chiourme ouvrait et fermait la porte de ma cellule, quand c’était nécessaire. J’étais condamné à ce sévère isolement sans qu’il y ait une preuve matérielle quelconque contre moi. Trois fois on a perquisitionné chez moi, on n’a trouvé absolument rien. Mais on m’a arrêté quand-même et emprisonné. Si tu es trotskyste, tu dois être en prison ou en déportation… Si tu renonces à l’opposition, tu reçois le "minus" [2]. Ça sera jusqu’à un certain point une peine moins grave. Par exemple on peut te transporter de la Sibérie du Nord dans la Sibérie du Sud… Les simples oppositionnels, on les torture sans pitié, en leur proposant de renoncer à leurs opinions. Après l’interrogatoire, le juge d’instruction, avant de lire le verdict, te propose de renoncer à tes opinions et s’il reçoit comme réponse un refus catégorique, tu entends dans le verdict les paroles les plus effrayantes : "pour un travail anti-soviétique, anti-communiste, contre-révolutionnaire," etc... Ma dernière condamnation - trois ans d’incarcération dans les pri­sons centrales du G.P.Ou.-, je l’ai terminée le 22 janvier 1934 ; mais quand même je n’ai été "libéré" qu’après 14 jours de grève de la faim, c’est-à-dire que j’ai été déporté...

    Les oppositionnels emprisonnés dans l’isolateur de Verchne-Ouralsk, au nombre de 150 (nous y étions 485, mais on transporta beaucoup d’entre nous dans les autres prisons après quoi nous sommes restés 150) ont déclaré la grève de la faim contre la prolongation des peines, car avant la grève, en été 1932, une commission quelconque avec une certaine Andréïéva en tête, était arrivée de Moscou à Verchne-Ouralsk pour adoucir "la situation matérielle" des communistes emprisonnés. Elle prolongea leur peine à tous ceux qui l’avaient terminée dans l’isolation. 103 camarades reçurent de nouvelles peines de deux ans. C’est la seule chose que fît cette commission pour adoucir "la situation matérielle" des bolchéviks-léninistes emprisonnés dans l’isolateur de Verchne-Ouralsk. Jusqu’alors aucune commission n’était jamais venue. Cette commission, nous l’avions exigée nous-mêmes contre le traitement bestial de l’administration de la prison. On nous frappait souvent, on nous guettait, la garde tirait dans les fenêtres, à la suite de quoi un de nos camarades, Iesaïan, fut blessé à la poitrine. Nous demandâmes la commission, mais selon l’habitude on nous la refusa. Alors 485 communistes emprisonnés déclarèrent la grève de la faim qui dura 18 jours. La commission arriva, dispersa les "emprisonnés actifs" dans les autres isolateurs, et le blessé Iésaïan fut envoyé en Sibérie. C’est ainsi qu’elle "adoucit" notre situation. Et voilà que l’année suivante une nouvelle commission arrive et prolonge nos peines. C’est pourquoi en 1933 nous fûmes obligés de déclarer la grève de la faim de tous les communistes emprisonnés dans l’isolateur de Verchne-Ouralsk contre cette injustice inouïe. Nous commençâmes la grève le 11 décembre 1933. Le 20 décembre on transporta sur les bras les grévistes d’une cellule dans l’autre. Cela, pour perquisitionner dans les cellules. Puis on commença à nous alimenter par la force. Ce fut un spectacle inoubliable ; des vraies batailles eurent lieu entre les grévistes et les gardes-chiourmes. Naturellement les premiers furent battus. Épuisés, nous fûmes alimentés par la gorge avec des pompes appropriée. Les tourments furent inouïs, on nous introduisit dans la gorge de gros tuyaux en caoutchouc, on traîna les grévistes comme les chiens crevés dans la "cellule d’alimentation", personne ne capitula séparément. Le 15° jour de la grève notre comité de grève décida de la terminer à midi car beaucoup de grévistes avaient essayé de se suicider. Un des collaborateurs du G.P.Ou. vint chez nous dans l’isolateur du district d’Ouralsk et commença à menacer les grévistes de les envoyer dans les "solovki". Nos camarades le chassèrent naturellement de leurs cellules. La décision du comité de grève fut acceptée par tous les grévistes à l’unanimité. le représentant du G.P.Ou. dût verbalement (il ne voulait pas pour des raisons inconnues le faire par écrit) promettre de libérer ceux qui avaient terminé leur peine. C’est ainsi que le 22 janvier 1934, ma peine se terminant, on me transporta dans la cellule des "libérables".

    Tarov


    Tarov a été arrêté en tant que membre de l’Opposition de gauche. Il a passé trois ans en déportation, quatre en prison dans d’atroces conditions d’isole­ment, puis, de nouveau, plusieurs mois en exil.

  • Charles Plisnier dans “Faux passeports” :

    « Que signifie ce nouveau procès ?

    Veut-on faire croire au monde que tous ces chefs bolchévistes, échappés aux prisons du tzar et à ses potences, qui, autour de Lénine, faisant face à la guerre civile, à la guerre étrangère, ont construit l’U.R.S.S., se sont assemblés pour la trahir ? Veut-on faire croire au monde que ces Partisans qui, pour leur Parti, ont souffert la prison, la déportation, la faim et la calomnie, se sont assemblés pour le vendre et le détruire ? Veut-on faire croire au monde que ces stratégies et ces tacticiens de la révolution ont résolu de faire assassiner Staline, au moment précis où leur pouvoir devient si fort et leur étoile si proche, qu’il faut, pour les réduire, arrêter dans toutes les Républiques, leurs compagnons de lutte, par milliers et dizaines de milliers ?

    Non. Non. J’ai connu ces Zinoviev, ces Smirnov : c’est par la réforme du Parti qu’ils veulent sauver la Russie et la Révolution….

    Le procès de Moscou envahit les journaux.

    Comment l’opinion du monde ne se soulève-t-elle pas ? Qu’est devenu cette conscience ouvrière, qui laisse déshonorer par des fonctionnaires les survivants de sa première révolution ? (…) Au milieu de ces journaux que j’ai lus, froissés, repris, il me semble qu’un effluve malsain, une folie basse, m’enveloppe et m’avilit.

    Ces hommes, l’un après l’autre, renoncent à se défendre contre les accusations les plus outrageantes, celles de trahison et d’assassinat. L’un après l’autre, celui-ci qui fut le Chef-du-premier-soviet-de-la-première-révolution, celui-là qui fut l’organisateur-de-la-victoire-d’Asie, ceux-là, tous, reconnaissent leurs crimes.

    « -Accusé, cette déposition apporte la preuve que vous avez commis un grand crime. Vous avouez-vous coupable ?

    « - Oui.

    « - Alors, vous tous, vous avez assassiné Stavrov ?

    « - Oui.

    « - Alors, vous tous, vous avez organisé l’assassinat ?

    « - Oui.

    « - Comment apprécier les articles et les déclarations que vous écrivîtes en 1933, et dans lesquels vous exprimez votre dévouement eu Parti ? Un mensonge ?

    « - Pis.

    « - Une perfidie ?

    « - Pis.

    « - Pis que le mensonge. Pis que la perfidie. Dites le mot vous-mêmes : une trahison ?

    « - Vous l’avez trouvé.

    « - Trahison, perfidie, duplicité !

    « - Oui. »

    Je vis dans un cauchemar.

  • Léon Trotsky

    LES LETTRES DU CAMARADE SOSNOVSKY

    septembre 1929

    Nous reproduisons quatre lettres du camarade L.Sosnovsky, écrites à Barnaoul, c’est-à-dire l’endroit où i1 a été déporté en 1928. Ces lettres traitent de sujets sociaux, quotidiens, et politiques.

    Trois d’entre elles sont adressées au camarade Trotsky. Elles parlent des événements dans les villages de Sibérie et des troubles dans le parti et dans tout le pays. Comme tous les travaux de Sosnovsky, publiciste et commentateur social incomparable, ces lettres sont pénétrées du souffle de la vie. La grande qualité de Sosnovsky , sans laquelle on ne peut concevoir un publiciste de grande envergure, est la fraîcheur de sa vision. Les formules toutes faites, les diagrammes des bureaux sont sans effet sur Lev Semionovitch. Derrière les formules et les chiffres, il cherche et il trouve les êtres vivants et les saisit toujours sur le double plan personnel et de classe. C’est précisément la fraîcheur de sa vision et sa capacité à voir ce qui se passe dans le pays qui ont fait du camarade Sosnovsky un des dirigeants de l’Opposition bolchevik-léniniste.

    La quatrième lettre est adressée à Vardine, un des capitulards de la deuxième vague. Cette lettre très courte est un modèle excellent pour un publiciste révolutionnaire. Il faudra la reproduire un jour dans une anthologie révolutionnaire.

    Ces quatre lettres datent de plus d’un an. La dernière a été écrite le 22 août 1928. Bien qu’elles aient été écrites dans le feu des événements et reposent sur des faits de l’actualité d´alors, elles ne sont nullement dépassées. Elles sont contemporaines des premiers pas du "cours à gauche" stalinien qui s’est ouvert officiellement le 15 février 1928. Sosnovsky avec une maîtrise consommée, observe les contradictions du "cours de gauche" qui pillait lâchement le programme de l’Opposition et en même temps écrasait son organisation. L’attitude du camarade Sosnovsky vis-à-vis des capitulards est indissolublement liée avec son appréciation du cours à gauche, ses contradictions et ses perspectives. La lettre à Vardine semble avoir été écrite hier, d’autant que les capitulards de la troisième vague (Radek, Préobrajenski, Smilga) n’ont pas ajouté un seul mot à ce qu’avaient dit et fait leurs lamentables prédécesseurs.

    Les lettres publiées ci-dessous expliquent assez pourquoi leur auteur a été arrêté pendant qu’il était à Barnaoul, son lieu d’exil, et emprisonné à l’isolateur de Celjabinsk où il se trouve actuellement.

    Le comité de rédaction du Biulleten adresse à L.S. Sosnovsky et à travers lui à tous les bolcheviks-léninistes emprisonnés et exilés les chaleureuses salutations de l’Opposition.

  • Extraits d’une lettre à Kroupskaia du 17 mai 1927 :

    « Nous, l’aile révolutionnaire du parti, subissons des défaites. Oui, indiscutablement. Mais nous essuyons des défaites du même genre que celles qu’a connues le bolchevisme entre 1907 et 1912. La défaite de la révolution allemande en 1923, les défaites en Bulgarie, en Estonie, l’échec de la grève générale en Angleterre et la défaite de la révolution chinoise en avril ont considérablement affaibli le communisme international. Ce processus s’exprime de deux manières : d’une part, le nombre de membres des Partis communistes et le nombre de voix qu’ils ont recueillies ont considérablement diminué ces dernières années ; d’autre part, les courants opportunistes se sont considérablement renforcés à l’intérieur des Partis communistes. Pouvons-nous nous couper de ce processus mondial ? Les très lourdes défaites de la révolution mondiale et la lenteur de notre essor frappent aussi notre prolétariat, cela va de soi. C’est ce que ne comprennent pas les cancres de la bureaucratie, qui croient que l’état d’esprit du prolétariat dépend des antisèches de l’agit-prop, et non des processus sociaux et politiques mondiaux.

    L’affaiblissement des dispositions révolutionnaires internationalistes de notre prolétariat est un fait que renforcent le régime du parti et le faux travail d’éducation ("le socialisme dans un seul pays", etc.). Est-il extraordinaire que, dans ces conditions, il faille que l’aile gauche, révolutionnaire et léniniste nage à contre-courant ? On nous écrase avec d’autant plus d’acharnement que les faits confirment nos prévisions. Cela se fait en toute légalité, et de manière inéluctable du point de vue authentiquement marxiste, dans une phase du cycle révolutionnaire marquée par un affaiblissement, certes temporaire, mais profond. Mais nous, et nous seuls, conservons l’héritage idéologique du marxisme révolutionnaire, nous avons appris et nous enseignons - sans Lénine - la mise en oeuvre de la méthode d’analyse léniniste selon laquelle se réa-lisent même les signes précurseurs de ce qui se prépare. N’avons-nous pas averti le parti de l’écrasement inévitable du prolétariat désarmé par Tchang Kai-chek que nous avions armé ? N’avons-nous pas prédit il y a près d’un an la honteuse capitulation berlinoise face aux principes que Vladimir Ilitch a consacré presque toute sa vie à combattre ? Et avons-nous tort d’attirer l’attention sur le fait que le cours erroné de la politique intérieure peut prendre des formes terribles pour nous en cas de guerre ? Et ne devons-nous pas le clamer aujourd’hui avec une énergie centuplée, tant qu’il n’est pas encore trop tard ? Est-ce que c’est du "raffut" ? Est-il possible que ce soit du "raffut" ?

    Maintenant, Staline a décidé de changer la "lutte jusqu’à épuisement" conduite contre l’opposition au cours du dernier semestre en une "lutte d’extermination". Pourquoi ? Parce que Staline s’est affaibli ; sa banqueroute sur la question chinoise et anglo-russe est manifeste, de même que les lourdes conséquences de cette banqueroute sur notre position internationale. L’aile gauche exerce une pression croissante sur Staline : pourquoi s’est-il lancé dans la grève générale même en Chine ? Pourquoi exciter [4] Chamberlain et provoquer les dangers d’une intervention ? - Nous allons construire le socialisme dans un seul pays. Voilà la tendance fondamentale, basique, radicale de la situation donnée, qui "triomphe" de nous actuellement. C’est précisément pour la raison que Staline s’est infiniment affaibli - sous les coups d’une sourde critique de droite et de notre critique, à moitié cordiale, de gauche - qu’il est contraint de changer sa lutte jusqu’à épuisement en une lutte d’extermination. La question ne porte pas sur des bagatelles ni sur des ajustements mineurs, mais sur la ligne fondamentale du bolchevisme quant aux questions de base. Celui qui nous parle de "raffut" nous propose d’aller dans une direction, qui, dans ces conditions, va à contre-courant du bolchevisme.

    Non, Nadejda Konstantinovna, nous ne suivrons pas cette voie. Nous allons nager à contre-courant... »

  • « Les époques réactionnaires comme la nôtre non seulement désagrègent et affaiblissent la classe ouvrière en isolant son avant-garde, mais aussi abaissent le niveau idéologique général du mouvement en rejetant la pensée politique loin en arrière, à des étapes dépassées depuis longtemps. Dans ces conditions, la tâche de l’avant-garde est avant tout de ne pas se laisser entraîner par le reflux général. Il faut aller contre le courant. Si le rapport défavorable des forces ne permet pas de conserver les positions politiques précédemment occupées, il faut se maintenir au moins sur les positions idéologiques, car c’est en elles qu’est concentrée l’expérience chèrement payée du passé. Une telle politique apparaît aux yeux des sots comme du "sectarisme". En réalité elle ne fait que préparer un nouveau bond gigantesque en avant, avec la vague de la prochaine montée historique. »

    Bolchevisme ou stalinisme

    Léon Trotsky

  • Les révolutionnaires communistes et les staliniens, c’est "nous et eux".

    Trotsky écrit en novembre 1930 :

    « Je ne veux plus intituler mon livre Lenine dans un miroir déformant, mais plus simplement Nous et eux et, dans ce cadre, je compte opposer le type révolutionnaire au type de l’homme d’Etat actuellement dominant. Ainsi je ne parlerai pas seulement de Lenine, mais aussi de Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg et, pour ce qui est des Russes, de Vorovsky et aussi de Krassine. »

  • WSWS publie des entretiens avec des descendants de membres de l’Opposition de gauche
    Entrevue avec Tatiana Smilga-Poluyan :

    Lire ici

  • Bonjour, Le CERMTRI vous invite à une Conférence - débat le Samedi 27 septembre 2014 à 14h dans les locaux du CERMTRI 28, rue des Petites-Écuries, 75 010 Paris (Métros : Château d’Eau – Bonne nouvelle) « La portée du combat des trotskystes en Union soviétique »

  • It is with profound respect that the World Socialist Web Site bids farewell to Tatiana Ivarovna Smilga-Poluyan, the daughter of the revolutionist and Left Oppositionist Ivar Smilga, who died in Moscow on September 27, 2014, aged 95.

    Tatiana Smilga dedicated her entire life to restoring historical truth about all those who had been murdered and whose names had been besmirched by Stalinist reaction.

    Read here

  • « Chers amis ! Vos compagnons dans tous les pays du monde connaissent les conditions inhumaines dans lesquelles la bureaucratie stalinienne vous a placés. Ils ont d’autant plus de respect pour la fermeté dont la majorité d’entre vous a fait preuve devant de nouvelles répressions, de nouvelles calomnies et de nouvelles trahisons. Non, vous n’avez à capituler devant rien. Au contraire, vous avez devant vous une grande mission révolutionnaire à accomplir. Vous avez le devoir de poser, par tous les moyens possibles, devant l’avant-garde ouvrière de l’U.R.S.S., les problèmes de la révolution internationale qui sont aujourd’hui le monopole des Manouilsky, des Kuusinen, des Piatnitsky, des Lozovsky et autres fonctionnaires irresponsables de troisième et de cinquième catégories.

    Bolcheviks-léninistes ! Le développement de l’Europe et du monde entier est maintenant entré dans une phase critique où le sort de l’U.R.S.S. et de la révolution internationale doit être tranché pour toute une période historique. Les leçons révolutionnaires qui nous ont été enseignées par l’expérience de dix années de lutte contre le centrisme bureaucratique ou stalinisme, nous les apportons maintenant aux masses. Nous nous frayerons la voie jusqu’à elles, coûte que coûte. »

    Léon Trotsky, Aux Bolcheviks-Leninistes de l’U.R.S.S.

    17 août 1934

  • Appel des 22 aux membres de la conférence de l’Internationale Communiste

    26 février 1922

    Chers camarades !

    Nous avons appris dans nos journaux que le comité exécutif de l’Internationale communiste discute du « front unique ouvrier » ; aussi considérons-nous de notre devoir de communistes de vous informer que dans notre pays le « front unique » est en mauvais état, non seulement au sens large, mais aussi dans son application au sein de notre parti.

    Alors que les forces de la bourgeoisie nous pressent de tous côtés, alors même qu’elles infiltrent notre parti, favorisées en cela par sa composition sociale (40 % d’ouvriers et 60 % de non-prolétaires), nos centres dirigeants luttent implacablement contre tous ceux, et tout particulièrement les prolétaires, qui se permettent d’avoir leur opinion, appliquant toutes sortes de mesures répressives contre l’expression de ces opinions dans le Parti.

    La tentative d’amener les masses prolétariennes plus près de l’Etat est qualifiée d’ « anarcho-syndicalisme », et ses partisans sont poursuivis et discrédités.

    Dans le mouvement syndical, même tableau : suppression de l’initiative et de la spontanéité ouvrières, lutte recourant à tous les moyens contre l’hétérodoxie. Les forces unifiées de la bureaucratie du Parti et des syndicats, tirant profit de leur position et de leur pouvoir, ignorent nos mandats de congrès visant à bâtir les bases de la démocratie ouvrière. Nos fractions dans les syndicats, même nos fractions dans des congrès entiers sont privées du droit de manifester leur volonté dans l’élection de leurs directions. La tutelle et la pression de la bureaucratie en sont arrivées à ce point qu’il est exigé sous peine d’exclusion et d’autres mesures répressives que les membres du parti élisent non ceux que veulent les communistes eux-mêmes, mais ceux que les ignorants haut placés veulent. De telles méthodes de travail mènent au carriérisme, aux intrigues, et à la servilité, auxquelles les ouvriers répondent en quittant le Parti.

    Partisans de l’idée du front unique des travailleurs tel qu’il est interprété dans le point 23 des thèses, nous faisons appel à vous, avec le souhait sincère d’en finir avec toutes ces anomalies, qui entravent l’unité de ce front, avant tout au sein de notre parti communiste russe.

    La situation dans notre parti est si difficile qu’elle nous pousse à vous demander de l’aide pour écarter la menace imminente d’une scission en son sein.

    Salutations communistes,

    Membres du PCR :

    M. Lobanov, membre du Parti depuis 1904

    N. Kouznetsov, membre du Parti depuis 1904

    A. Polosatov, membre du Parti depuis 1912

    A. Medvedev, membre du Parti depuis 1912

    G. Miasnikov, membre du Parti depuis 1906

    V. Pliechkov, membre du Parti depuis 1918

    G. Chokhanov, membre du Parti depuis 1912

    S. Medvedev, membre du Parti depuis 1900

    G. Brouno, membre du Parti depuis 1906

    A. Pravdine, membre du Parti depuis 1899

    I. Ivanov, membre du Parti depuis 1899

    F. Mitine, membre du Parti depuis 1902

    P. Borisov, membre du Parti depuis 1913

    M. Kopylov, membre du Parti depuis 1912

    Jiline, membre du Parti depuis 1915

    Tchelychev, membre du Parti depuis 1910

    Tolokontsev, membre du Parti depuis 1914

    A. Chliapnikov, membre du Parti depuis 1901

    M. Borouline, membre du Parti depuis 1917

    V. Bekrenev, membre du Parti depuis 1917

    A. Pavlov, membre du Parti depuis 1917

    A. Tachkine, membre du Parti depuis 1917

    Je soutiens [ cet appel ] : A. Kollontaï, membre du parti depuis 1898 ; et Zoïa Chadourskaïa.

  • Le 1er juin 1942, Blasco est arrêté par une brigade spéciale de Vichy. Avec plusieurs de ses camarades, il est condamné aux travaux forcés et est incarcéré successivement dans plusieurs prisons. Dans la nuit du 1er octobre 1943, il fait partie du groupe de 79 prisonniers qui s’évadent de celle du Puy-en-Velay, pour rejoindre le maquis FTP Wodli, dans les forêts du pays d’Yssingeaux. Il est assassiné par les staliniens avec trois camarades trotskistes (Abram Sadek, Maurice Sieglmann alias « Pierre Salini » et Jean Reboul) le 27 octobre 1943.

  • En 1936, les procès de Moscou ont commencé. Il s’agit pour la clique bureaucratique de Staline d’exterminer la direction militante révolutionnaire de Russie avant que le prolétariat russe sorte de sa torpeur et de son découragement dû à l’isolement de la Russie révolutionnaire et à la misère. Les procès bidons se concluent par l’exécution d’anciens leaders bolcheviks (Kamenev, Zinoviev, Boukharine), l’élimination d’écrivains (Babel, Tretiakov"), d’artistes (Meyerhold) et de milliers de communistes. Ces procès s’accompagnent d’éliminations massives, parfois à la mitrailleuse, de trotskistes soviétiques enfermés dans les camps.

    A l’extérieur de l’URSS, les meurtres politiques se multiplient. En mai 1937, en pleine guerre d’Espagne, Andres Nin, ancien leader trotskiste espagnol, qui a rompu avec « le Vieux » pour fonder le POUM mais reste antistalinien, est enlevé, torturé puis assassiné par la Guépéou. Ignacy Poretski, dit Reiss, ex-responsable des services secrets soviétiques, est abattu en Suisse juste après avoir dénoncé la répression en URSS et proclamé son ralliement aux thèses trotskistes. A Paris, en 1938, Léon Sedov, le fils de Trotski, meurt, sans doute empoisonné. Et Rudolf Klement, jeune trotskiste allemand, secrétaire de Trotski, est enlevé et découpé en morceaux à la veille de la création de la IVe Internationale.

    En août 1940, à Mexico, c’est Trotski lui-même qui sera massacré au pic à glace. Cette disparition n’arrête pas la furie stalinienne. Elle s’exerce encore en France dans les années 40 contre Paolo Tresso, dit Blasco, assassiné près du Puy par le maquis communiste. Avec la même violence, en Chine, au Viêt-nam et en Yougoslavie, des trotskistes seront éliminés par les PC, qui ne vont pas tarder à prendre le pouvoir.

  • Victor Serge écrit :

    "Je n’exagère rien, je pèse mes mots je puis étayer chacun d’eux de preuves tragiques et de noms...
    "Parmi cette masse de victimes et d’objecteurs, silencieux pour la plupart, une héroïque minorité m’est proche entre toutes, précieuse par son énergie, sa clairvoyance, son stoïcisme, son attachement au bolchevisme de la grande époque. Ils sont quelques milliers, communistes de la première heure, compagnons de Lénine et de Trotsky, bâtisseurs des républiques soviétiques quand existaient les soviets, à invoquer contre la déchéance intérieure du régime les principes du socialisme, à défendre comme ils peuvent (et ils ne peuvent plus que consentir à tous les sacrifices) les droits de la classe ouvrière...
    "Les enfermés de là-bas tiendront tant qu’il faudra, jusqu’au bout, dussent-ils ne pas voir se lever sur la révolution une nouvelle aurore. Les révolutionnaires d’Occident peuvent compter sur eux : la flamme sera maintenue, ne serait-ce que dans les prisons. Ils comptent aussi sur vous. Vous devez, nous devons les défendre, pour défendre la démocratie ouvrière dans le monde, restituer à la dictature du prolétariat son visage de libératrice, rendre un jour à l’U.R.S.S. sa grandeur morale et la confiance des travailleurs..."

  • Liste non exhaustive d’assassinats par les staliniens des dirigeants trotskystes mondiaux :

    Jacob Blumkine, Ivan Nikitch Smirnov, Grigori Iakovine, N.I. Sermouks, I.M. Poznansky, Karl Melnaïs, Man Nevelson, V.V. Kossior, Vladimir Ivanov, C. Rakovsky, Belodorov, L. Sosnovski., B. Breslav, L. Serebriakov, A. Beloborodov, M. V. Frounze, A. M. Rosengoltz, M. Alsky, V. Antonov-Ovseïenko, A. Benediktov, I.N. Smirnov, Y. Piatakov, B. Obolensky (Ossinsky), N. T. Mouralov, T. Sapronov, A. Holtzman, V. Maximovsky, D. Sosnovsky, Danichevsky, P Mesyatsev, T. Khorechko, A.Voronsky, B. Smirnov, E. Bosch, V. Kossior, F. Lokatskov, Drobnis, P. A. Kovalenko, A. E. Minekine, V. Yakovleva, B. Eltsine, M. Levitine, I. Palioudov, O. Chmidel, N. Vaganian, I. Stoukov, A. Lobanov, Rafaïl S. Vassiltchenko, Mikh. Jakov, A. M. Pousakov, N. Nikolaev, Averine, I. Bogouslavsky, F. Soudnik, Eleazar Solntsev, Dingelstedt F., Kariakin M., Papirmeister P., Shinberg B., Novikov P., Abramskii A., Portnoi M., Bodrov, Feldman, Nevelson M., Kessel, Borzenko, Blokh, Kugelev, Kozhevnikov N.., Zaraikin, Papirmeister S., Eltsin V. B., Danilovich L., Khugaev K., Brontman, Vashakidze, Gogelashvili, Topuriia, Efremov, Shiptalnik, Sasorov, Kholmenkin, Shvyrov, Erwin Wolf, Rudolf Klement, Léon Sedov, Hans Freud, Kurt Landau, Ta Thu Thâu, Tran Van Tach, Phan Van Hum, Nguyen Van So, Trân Van Chanh, Phan Van Hum, Stavros Verouchis, P. Anastasiou, M. Kapetanakis, L. Kapetanakis, M. Xanthopoulos, M. Zisimopoulos, K. Ladas, Themelis, Karoyeridis, Pagonis, Sandalio Junco, Rodolfo Coutinho, Pietro Tresso, Ignace Reiss, Walter Held, Léon Trotsky, Zivojin Pavlovic, Mathieu Bucholtz, Marcel Brocard, Abraham Sadek, Maurice Sieglmann et Jean Reboul.

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