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Quand l’Allemagne nazie a ouvert les camps de concentration et pourquoi ?

mercredi 28 janvier 2015, par Robert Paris

Voici les origines du camp d’Auschwitz : à l’entrée on lit « Arbeit Mach Frei » (le travail rend libre !). Les camps d’extermination étaient d’abord des camps de redressement du prolétariat !!!

Quand l’Allemagne nazie a ouvert les camps de concentration et pourquoi ?

Bien des gens s’imaginent que les camps de concentration sont nés de la nuit de cristal et contre les seuls Juifs ou après le début de la guerre mondiale et donc qu’il était impossible de savoir qu’on y éliminait les gens. Le monde n’a connu leur existence qu’après la deuxième guerre mondiale. Pourtant, ils ont été ouverts en 1933, dès la mainmise des nazis sur le pouvoir. A la suite de la nomination de Hitler comme chancelier du Reich en janvier 1933 et de la mise hors la loi du parti communiste en février 1933 suivi de l’arrestation de 4000 militants communistes, les nazis ouvrent des camps en octobre 1933. Il y en a d’abord quatre : Pepnburg, Sonnenburg, Lichtenburg et Brandenburg. Des camps régionaux sont également ouverts comme Oranienburg et Dachau. Des milliers de militants ouvriers sont ainsi internés, torturés, assassinés systématiquement. Les militants communistes ont été suivis par les militants socialistes et syndicalistes. Les suivront des militants étrangers puis des Juifs, les homosexuels et les tziganes. Oranienbourg, l’un des premiers camps de 1933 est intitulé « Camp de Concentration de la 208ème Standarte ». Agrandi progressivement, il va devenir le « camp d’Oranienburg-Sachsenhausen » dans lequel plus de 100.000 hommes, femmes et enfants laissèrent la vie. Dès l’ouverture du camp, travaux forcés, tortures systématiques et conditions de vie intenables (froid, absence de vêtements et de nourriture) devaient mener les gens à une mort rapide. Le passage des SA aux SS ne devaient nullement améliorer les conditions d’existence et les arrivées de plus en plus nombreuses de prisonniers supposaient des éliminations elles aussi de plus en plus nombreuses.

Il est bon de noter qu’aucune démocratie occidentale, ni gouvernant ni parti ni classes dirigeantes, n’a protesté contre les camps de concentration et qu’elles n’ont au contraire fait que se féliciter de la fin du risque communiste en Allemagne.

Le 20 mars 1933, soit seulement sept semaines après l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir, le commissaire nazi à la police de Munich, Heinrich Himmler, crée dans les locaux d’une ancienne usine de poudre à Dachau un camp de concentration destiné aux prisonniers politiques.

Immédiatement après l’incendie du Reichstag, le 28 février 1933, près de 4 000 membres du Parti communiste d’Allemagne sont internés dans les camps. Son président, Ernst Thälmann est interné, passe de prison en prison pour aboutir à Buchenwald où il est assassiné en août 1944. La mise création du Deutsche Arbeitsfront le 10 mai 1933, qui supprime les syndicats, puis l’instauration du NSDAP comme parti unique, le 14 juillet 1933 permettent d’arrêter à leur tour les membres des partis interdits, au premier rang desquels ceux du Parti socialiste et les militants syndicaux.

Ces militants de gauche sont rejoints par tous les opposants politiques au nazisme, membres d’un parti politique interdit ou sans appartenance précise. La catégorie des politiques reprend également des membres du parti nazi ayant commis des délits au sein de celui-ci, des soldats de la Wehrmacht condamnés pour vol, désobéissance grave ou désertion, mais aussi des allemands qui ont enfreint la législation sur les devises ou écouté des radios étrangères, ou des personnes dénoncées à la Gestapo pour de motifs de vengeance personnelle sans aucun rapport avec une quelconque opposition politique.

Presque tous les étrangers internés après le déclenchement de la seconde guerre mondiale sont également versés dans la catégorie des détenus politiques, de même que 4 000 à 5 000 pasteurs protestants et prêtres catholiques.

Par exemple, il y avait un camp à Oranienburg, au nord de Berlin ; à Esterwegen, près de Hambourg ; à Dachau, au nord-est de Munich ; et à Lichtenburg, en Saxe. Le bâtiment Columbia Haus, à Berlin, servait à détenir certains prisonniers aux sujets desquels la Gestapo (la police d’Etat secrète allemande) faisait une enquête, et fonctionna jusqu’en 1936. Progressivement, les Nazis abandonnèrent la plupart des premiers camps et les remplacèrent par des camps de concentration organisés centralement sous la juridiction unique de la SS (Schutzstaffel ; la garde d’élite de l’Etat nazi).

Dachau, le seul camp de concentration créé en 1933 qui resta en opération jusqu’en 1945, servit de modèle pour le système de camps de concentration nazis qui remplaça les premiers camps improvisés. La routine quotidienne de Dachau, les punitions et les mauvais traitements par les gardes SS, devinrent la norme dans tous les camps de concentration allemands. Les camps de concentration suivants ont été ouverts :

1933

 Oranienburg (près de Berlin )

 Dachau (près de Munich )

1934

 Sauchsenhausen (près d’Oranienburg )

1937

 Buchenwald (près de Weimar, Autriche )

1938

 Mauthausen (près de Linz, Autriche )

 Flossenbürg ( près de Nuremberg )

En 1939, six grands camps de concentration avait été créés. Outre Dachau, il y avait Sachsenhausen (1936), Buchenwald (1937), Flossenbürg (1938), Mauthausen (1938) et Ravensbrück (1939). Après 1939, avec les nouvelles conquêtes territoriales et l’augmentation importante du nombre de prisonniers potentiels, le système des camps de concentration s’étendit rapidement vers l’Est. Il y eut un seul camp de concetration créé sur le territoire français, en Alsace annexée, le Struthof-Natzwiller. Avec le début de la guerre, les camps de concentration devinrent de plus en plus des sites où les ennemis réels ou supposés de l’Allemagne nazie étaient directement exterminés ou contraints de faire un travail épuisant. Ceux qui étaient forcés de travailler étaient délibérément sous-alimentés et maltraités, le but étant de les "annihiler par le travail".

Les premiers camps de concentration sont créés par la SA, comme Oranienburg en mars 1933. Dès cette époque, on dénombre une quarantaine de camps de toutes tailles en Allemagne, comme ceux de Bredow, près de Stettin, créé par le chef SA Karpfenstein, ancien Gauleiter de Poméranie, de Breslau, dirigé par Edmund Heines, de Wuppertal2, de Kemna ou Benninghausen. La torture y est courante et fait l’objet de plaintes transmises à Adolf Hitler par le Ministre de la Justice, Franz Gürtner : « Les prisonniers n’ont pas seulement été frappés à coup de fouet et d’outils jusqu’à en perdre connaissance, et sans aucune raison, comme dans le camp d’internement de sécurité de Bredow près de Stettin, mais ils ont aussi été torturés d’autre façon ».

À Berlin, la SA ouvre une cinquantaine de « microcamps de concentration », installés dans des caves ou des dépôts où leurs victimes sont battues à mort, torturées ou égorgées. Le premier chef de la Gestapo, Rudolf Diels, déclare après la guerre, à propos des prisons berlinoises de la SA : « Les interrogatoires avaient commencé et fini par un passage à tabac. À quelques heures d’intervalle, une douzaine de gars avaient frappé leurs victimes avec des barres de fer, des matraques en caoutchouc et des fouets. Dents brisées et os cassés témoignaient des tortures. À notre entrée, ces squelettes vivants couverts de plaies suppurantes étaient allongés les uns à côté des autres sur leur paillasse putréfiée ».

Le camp de Kislau est créé le 21 avril 1933 et géré par le Ministère de l’Intérieur du Land de Bade, celui de Lichtenburg par la police du Land de Saxe-Anhalt, Bad Sulza est financé par le Ministère de l’Intérieur et dirigé par la police du Land de Thuringe et gardé par des SA. La Columbia Haus à Berlin est tout d’abord une prison illégale de la Gestapo avant de devenir un camp géré par la SS.

Ces « camps sauvages », selon l’expression d’Olga Wormser-Migot, sont gérés par des amateurs : il s’agit de « camps éphémères, de camps en rodage », qui n’ont généralement qu’une brève existence, à l’exception notable de Dachau, dont la création est annoncée par le préfet de Munich début mars 1933 et dont la garde est transférée de la SA à la SS le 11 avril 1933. Les « camps sauvages » sont pour la plupart dissous lors l’organisation du système concentrationnaire par Theodor Eicke.

En juin 1933, Theodor Eicke est nommé par Himmler commandant du camp de concentration de Dachau, où sont alors détenus 2 000 prisonniers. Il y met immédiatement en place les bases du système concentrationnaire nazi, notamment en ce qui concerne l’obéissance aveugle des gardiens aux ordres, et le système de surveillance, de discipline et de châtiment des détenus, dont « le but est de briser psychologiquement, moralement et physiquement les prisonniers ». Avec Papa Eicke, surnom qui lui est donné par les gardiens de camp, on passe de la brutalité indisciplinée de la SA à la terreur planifiée de la SS. Ses résultats font forte impression sur Himmler qui le promeut SS-Brigadeführer le 30 janvier 1934, puis SS-Gruppenführer, ce qui le place au second rang de la hiérarchie SS.

À partir du 4 juillet 1934, Eicke est nommé inspecteur des camps de concentration et commandant des unités Totenkopf (Inspekteur des Konzentrationslager und Führer des SS Totenkopfverbände). En tant qu’inspecteur des camps, il dépend du RSHA dirigé par Reinhard Heydrich, et plus particulièrement de la Gestapo ; comme commandant des Totenkopfverbände, il relève du bureau central de la SS, le SS-Hauptamt, et prend ses ordres directement auprès de Himmler. Dès 1936, Eicke plaide pour l’agrandissement des camps existants et la construction de nouveaux centres de détention et envisage de les utiliser comme réservoir de main-d’œuvre servile.

Eicke lance une profonde réorganisation du système concentrationnaire achevée en 1939. Il ferme peu à peu les premiers camps pour regrouper, pendant l’été 1937, les détenus dans quatre camps principaux : Dachau, Sachsenhausen, Buchenwald et Lichtenberg, pour les femmes. Après cette diminution du nombre des camps, on assiste à une augmentation, avec la création en 1938 de Flossenbürg, en préparation au démembrement de la Tchécoslovaquie et de Mauthausen, immédiatement après l’Anschluss, puis par le camp de femmes de Ravensbrück en 1939. Durant l’invasion de la Pologne, la SS ouvre à Dantzig le camp du Stutthof ainsi que sept autres camps prévus pour y interner des Polonais suspects. Cinq mois après l’invasion de la Pologne, la création d’Auschwitz est décidée.

Eicke met également en place le règlement interne de Dachau, promulgué le 1er octobre 1933 et rapidement généralisé à l’ensemble des camps. Selon la formule d’Olga Wormser-Migot, il peut être résumé par la phrase : « Tolérance signifie faiblesse. ». Dans tous les camps se mettent en place une violence, une cruauté contrôlées et disciplinées, un véritable système de terreur bien codifié qui se poursuit après le départ de Eicke. Il est notamment appliqué par des commandants de camp créés par Eicke, comme Rudolf Höß à Auschwitz, Franz Ziereis à Mauthausen et Karl Otto Koch à Sachsenhausen et Buchenwald.

Les premières victimes du système concentrationnaire sont des allemands opposants politiques au nazisme, au premier rang desquels les marxistes : les militants du Parti communiste d’Allemagne (KPD), du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), du Parti communiste d’Allemagne - opposition (KPO), et du Parti socialiste ouvrier d’Allemagne (SAP). Ils y sont rapidement rejoints par des militants syndicalistes, par des membres de partis centristes ou de droite qui n’adhèrent pas aux thèses nazies et plus généralement par des personnes suspectées par la SS ou la Gestapo.

Dès 1936, Theodor Eicke impulse l’arrestation et l’internement dans les camps de nouvelles catégories de détenus qui n’ont aucun rapport avec les opposants au régime, « mendiants, criminels, récidivistes de la petite délinquance, ivrognes, chômeurs professionnels, clochards, Tziganes et zélateurs de sectes religieuses ». En 1938, après l’Anschluss, des Autrichiens, devenus citoyens du Reich sont internés dans les camps.

Au fur et à mesure des annexions ou des conquêtes militaires, l’origine des détenus s’élargit pour atteindre 22 nationalités différentes, y compris des républicains espagnols réfugiés en France après la victoire de Franco.

À l’exception des Tziganes, et au contraire de l’extermination des Juifs, les déportés ne sont pas internés en raison de leur prétendue race ou de leur nationalité, mais pour leur dangerosité réelle ou supposée pour la société allemande ou le régime nazi. Selon Olga Wormser-Migot, au total, entre 2 000 000 et 2 500 000 auront été internées pour un temps plus ou moins long dans les camps.

Les déportations de juifs débutèrent en 1941 et faisaient suite aux persécutions dans les ghettos et à des exécutions par fusillades.

A lire notamment le témoignage de Gerhart Seger : « Oranienburg – 1933 »

Les premiers camps ont été crées par les Anglais lors de la Guerre des Boers en 1900-1902, en Afrique du Sud. Les Boers étaient des colons d’origine néerlandaise que les Britanniques voulaient chasser. Pour se débarrasser de la résistance de ces Boers, le général anglais Kitchener utilisa une invention récente, le fil de fer barbelé, pour créer des camps où il enfermait, sans jugement, les Boers. 200.000 seront ainsi internés. On estime qu’il y eut 30.000 morts dans ces camps. Voir ici

L’U.R.S.S. de Staline a, dans les années 1930, multiplié les camps de concentration sous la direction d’un organisme central : le Goulag.

Il y eut des camps de concentration en France, en particulier lorsque, à la fin de la guerre d’Espagne (1939), des républicains espagnols se réfugièrent en France ; c’est le cas du camp de Gurs, par exemple, créé en mars-avril 1939.

Les premiers camps nazis furent créés dès 1933, l’année de l’arrivée de Hitler au pouvoir, pour enfermer les militants ouvriers : communistes, sociaux-démocrates, syndicalistes... Les premiers furent Dachau et Oranienburg.

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