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Comment pouvez-vous en rire….

samedi 9 novembre 2013, par Robert Paris

Comment pouvez-vous en rire….

La France a perdu son triple A

Ne vous inquiétez pas : cela ne suffit pas à fâcher les calmes Ayrault et Hollande. Les marchés financiers peuvent mettre les économies sous pression de leurs « notations », faire payer de plus en plus cher leurs prêts, cela n’empêchera pas les Etats de servir toujours de valets au capital financier, aux bourses, aux prêteurs. Ils n’ont pas d’alternative. Mais l’humanité en a une, pour peu que les travailleurs jouent leur propre rôle et ne restent pas attachés à cette économie en chute libre.

Cette fois, ce n’est pas Snowden qui l’a révélé

Un document ultra secret est sorti du gouvernement Ayrault, plus exactement du ministère du Logement, celui de l’écolo Cécile Duflot. Ce texte marqué strictement confidentiel est destiné aux préfets, aux directeurs régionaux et départementaux de l’environnement. Il autorise, « afin de réduire les délais de réalisation », à ne pas tenir compte des normes environnementales concernant les risques naturels, miniers, inondations, souterrains, etc… Egalement à ne pas se soucier des normes écologiques, de la protection de la nature, des sites historiques. Un véritable feu vert général pour tous les bétonneurs…. L’écologie de gouvernement, c’est vraiment de quoi mettre les profits des trusts du bâtiment au vert !

La Libye est sauvée, mais de quoi ?

Les démocraties se sont unies et ont mis les grands moyens financiers et militaires pour sauver la démocratie en Libye et elles ont gagné. Ne croyez pas cependant que cela suffit à faire venir la démocratie dans le pays. C’est un processus très long et qui n’est pas garanti. Cela peut même ne rien donner. L’essentiel, c’est d’en avoir eu l’intention. La réalité actuelle n’a certes rien à voir avec la démocratie mais ce n’est pas pour cela que des pays comme la France regrettent leur intervention. Ils ont financé et armé des groupes de tueurs qui ont maintenant le pouvoir et se le partagent à coups d’armes lourdes. Mais, au moins, ils ont pu intervenir directement alors qu’ils n’arrivent en Syrie qu’à mettre indirectement le pays à feu et à sang, le dictateur local ne faisant que la moitié du travail de massacre. La démocratie (bourgeoise), quel parcours du combattant !

La BCE annonce l’aggravation de la crise…

Tous les observateurs économiques (y compris ceux qui interviennent sur les marchés financiers) se sont dits surpris de la décision de la banque centrale européenne de baisser ses taux, nouvelle accueillie dans un grand enthousiasme par les marchés car cela va considérablement les enrichir. Pour ces commentateurs, personne ne devrait y perdre ! Pourtant, depuis très longtemps, il y avait des pressions en ce sens de la BCE qui y résistait systématiquement. On se demande bien pourquoi quand on lit les commentaires enthousiastes ! C’est en fait à la pression américaine que les européens ont cédé. La FED, banque centrale américaine, en a assez de se sentir seule à soutenir les marchés mondiaux par ses mises de fonds de centaines de milliards de dollars mensuels. Elle est certes soutenue par des interventions massives comme celles des banques centrales japonaise et chinoise, plus fortes que jamais. Tout cela non pour enrayer la chute fatale mais au mois pour la retarder quitte à augmenter l’ampleur de la masse des capitaux disponibles pour spéculer contre l’économie réelle, contre les Etats, contre les monnaies, quitte donc à aggraver l’ampleur de la crise. Cette mesure, comme celles des autres banques centrales, est une réponse à la question : comment va le système capitaliste. La réponse est qu’il est devant sa tombe et prêt pour le grand saut….

Hollande, ou comment ne pas en faire un fromage

D’accord, le changement, ce n’est pour maintenant et le Hollande a plus de trous que du gruyère. Les promesses de s’en prendre au capital financier, aux paradis fiscaux, aux capitalistes qui ne paient pas d’impôts, de redresser la courbe de l’emploi, etc, etc, tout cela était du vent. De là à considérer que la cause de tous les malheurs est Hollande… Cela rappelle que ceux qui font cela ont précédemment affirmé que tous les malheurs venaient de Sarkozy. Et pire encore, c’est pour continuer à chercher un « sauveur suprême » en la personne d’un autre futur président, que ce soit Le Pen ou quelqu’autre… C’est fou comme la maladie du bulletin de vote est, comme le jeu du loto, une addiction grave : plus on perd, plus on veut rejouer. Pourtant, ce n’est certainement pas ainsi qu’on remplace la loi du capital par celle du travail….

14-18 : évocation ou avant-goût

Ceux qui fêtent avec beaucoup de flonflons le centenaire de la première guerre mondiale ne sont certes pas en train de nous dire que des millions d’êtres humains y sont morts pour les intérêts des banquiers comme disait Anatole France, et pas « pour la patrie ». Ils sont encore moins en train de nous dire de faire attention de ne pas aller vers un affrontement mondial 2014-2018. Pourtant, avec la crise mondiale, il y a bien des raisons de penser que les mêmes causes pourraient bien reproduire les mêmes effets. Ils sont très loin de nous dire qu’on a beaucoup plus de capacités de tout détruire, au point que de petites guerres locales ont parfois fait autant de victimes que 14-18 comme la guerre Iran-Irak ou la guerre Ethiopie-Erythrée ou la guerre de Yougoslavie, sans parler de la guerre des impérialismes occidentaux en Irak ou en Afghanistan. Alors, devinez la belle ouvrage d’une guerre mondiale contre la Chine, la Russie et l’Iran… De quoi revenir à l’homme des cavernes à l’échelle mondiale….

Plus difficile de devenir chômeur ?

Il est de plus en plus facile de devenir sans emploi avec les plans sociaux qui se multiplient, les services publics qui suppriment des emplois, l’accroissement de la précarité et l’inemploi des jeunes. Cela ne veut pas dire qu’il soit facile d’être reconnu comme chômeur en vue d’être indemnisé. Et cela parce que les responsables de Pôle Emploi considèrent que leur première tâche est de radier le maximum de bénéficiaires des allocations chômage comme le leurs demandent les services du gouvernement Hollande. Un bon responsable de Pôle Emploi est celui qui invente des manières nouvelles d’en radier le maximum. Tous les moyens sont bons : considérer qu’un rendez-vous manqué est une rupture menant à la radiation. Il faudrait un justificatif pour un simple loupé. L’agence se met même en contact avec la banque du chômeur pour surveiller toute rentrée intempestive d’argent. Dans ce cas, le chômeur est rayé des listes. Les directeurs de Pôle Emploi nous montrent ce que veut dire ne pas chômer !

L’école est sanctuarisée affirme le premier ministre mais elle est lacrymogénée démontre Valls

Trois lycéens de Saint-Ouen ont subi les violences policières des forces « de l’ordre » devant leur lycée Auguste Blanqui qu’ils bloquaient par solidarité avec les lycéens sans papiers. Pourtant le gouvernement de gauche avait prétendu que la grève et la manifestation n’étaient pas illégales et que la revendication avait été accordée par circulaire gouvernementale. Alors pourquoi cette violence policière ? Le premier ministre avait même prétendu sanctuariser l’école mais son ministre de l’Intérieur, lui, tenait à affirmer que c’est la répression violente qui est retenue par ce gouvernement contre quiconque des milieux populaires se met nen travers de son chemin. Qu’on se le dise !

Dans la ville historique du massacre des Protestants

Montauban, vous connaissez ? Eh bien, cette ville a obtenu de l’UNICEF le label de « ville amie des enfants ». Le maire UMP de cette ville a pourtant « refusé d’inscrire à l’école des enfants dont les parents sont sans papiers. » Il faut dire que c’est le même qui prétendait que le mariage homo était « identique à une union entre animaux ». Il ne lui reste plus qu’à prétendre que les sans papiers ne sont pas des êtres humains. C’est ce genre de sales bêtes racistes qui sont en train de rendre les enfants conscients des combats à mener dans cette société…

Le chantage paie

Sanofi, laboratoire pharmaceutique, ne fabrique pas que des médicaments : il fabrique des profits ! En échange d’un retard dans l’annonce de ses licenciements que lui demandait le gouvernement pour éviter une convergence des luttes, Sanofi a négocié ses impôts et obtenu une réduction des deux tiers des impôts de deux cent millions qu’il devait. Résultat : ce trust du CAC40 qui, en période de chute des profits, engrange quand même 1,2 milliards d’euros de bénéfices, va obtenir de payer ses impôts au taux de 8% alors que les PME les paient au taux de 33% !!! Cela n’empêchera pas le trust d’annoncer 2000 suppressions d’emplois. Les labos connaissent le médicament pour se soigner contre l’impôt !

Un Titan de l’arnaque capitaliste !

Maurice Taylor, PDG de Titan, veut bien racheter l’usine Goodyear d’Amiens à quelques minimes conditions : que les salariés en démissionnent volontairement sans que cela coûte en indemnités, que l’Etat l’aide au rachat, qu’il embauche qui il veut après, ait le droit de casser les syndicats de l’entreprise, n’embauche que 333 salariés en licenciant 1173 et quelques autre menues bricoles. On comprend pourquoi « my Taylor is rich » !

Rafale de plans sociaux mais pas convergence des luttes

La liste des plans sociaux s’allonge : FagoBrandt, Tilly-Sabco, Sanofi, Société Générale, Doux, Goodyear, PSA, La Redoute, Alcatel-Lucent, etc, etc… C’est tout simplement mille plans sociaux en un an qui frappent les travailleurs rien qu’en France… Or, au même moment l’Etat bourgeois, pour mettre tous ses moyens au service des patrons qui licencient, ne remplacent pas les fonctionnaires partants en retraite et suppriment ainsi massivement des emplois d’infirmières, de cheminots, d’aides soignantes, d’enseignants ou de postiers… Mais pas une seule fois, les syndicats n’appellent à une lutte convergente pour défendre les emplois. C’est chacun dans « sa boite », pour défendre sa boite, pour les emplois de son secteur, de sa corporation. C’est la riposte éparpillée à une attaque d’ensemble. Les petits patrons, eux, ont su unifier leur lutte à Quimper. Les centrales syndicales ne savent que s’assembler peureusement pour blablater avec le gouvernement de gauche qui n’est nullement solidaire des salariés mais est l’ami des patrons. Alors, c’est de manière autonome que la classe ouvrière peut mettre en œuvre sa propre force et s’organiser dans ce but en comités de salariés.

Mali : la sale guerre française est relancée

L’assassinat, lâche et sordide, des deux journalistes français de radio RFI à Kidal ne frappait pas l’impérialisme français, celui qui a bombardé le nord-Mali, celui qui s’est moqué de la vie des civils, qu’ils soient ou pas touarègues. Il a frappé bien entendu des innocents. Tous les terrorismes, d’Etat ou pas, frappent sans distinction les civils. Mais la situation que cela a créé a été saluée par le journal bourgeois Le Figaro qui a affirmé fièrement que, grâce à cet assassinat, l’armée française allait occuper le Mali pour longtemps ! L’Etat-Major militaire français dont ce journal se faisait l’expression n’attendait que cette occasion d’affirmer qu’il ne comptait nullement, avant même cet attentat terroriste, se retirer de ce nouveau terrain d’intervention. Il ne leur suffit pas d’intervenir en permanence au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Centrafrique, au Niger, au Kosovo ou en Afghanistan. Le Mali leur plait car c’est de l’action directe et les armées ça doit faire la guerre, ça doit tuer sinon ça s’encroûte…

De quoi faire un bond, au pays des kangourous

La Grande Barrière de corail est sévèrement protégée. C’est du moins ce que l’on croyait. Un bureau officiel était spécialement chargé de la défense écologique des coraux. Car le récif corallien est menacé par de nombreuses activités industrielles, minières, portuaires de l’Australie toute proche. Seulement, la télé australienne vient de révéler comment était composé le fameux bureau de protection de la Barrière : un cadre de l’industrie du gaz qui milite pour l’extension de port gazier de Gladstone juste en face de la Barrière, un autre travaillant dans une entreprise minière proche du récif corallien et un dans une entreprise du premier port d’exportation de charbon du monde, juste à côté… Le lobby des intérêts capitalistes ne se laissera pas arrêter par aucune barrière naturelle au monde !!

Numéro deux : un siège éjectable

La place du mort, comme on dit, c’est la deuxième. Après avoir viré le numéro deux de Renault, Ghosn vient de se débarrasser aussi du numéro deux de Nissan. Pour les prochains numéros deux, on pouvait penser qu’il s’agirait simplement de contrats d’intérim mais le samouraï a préféré faire hara-kiri à la fonction de numéro deux. En voilà un à qui sa propre ombre fait de… l’ombre ! Ghosn a déclaré que "Le fait que nous n’ayons plus besoin d’un numéro deux montre que nous sommes plus matures en terme de management, cela s’applique pour Renault comme pour Nissan". On est plus mûrs parce qu’on se passe du numéro deux et, on sera vraiment mûrs quand on se passera du… numéro un !

Grève passée sous silence

Les sages-femmes sont en grève illimitée depuis le 16 octobre pour réclamer une réforme de leur statut, une meilleure reconnaissance de leurs années d’études et des augmentations de salaires. Alors que ce mouvement est très suivi (environ 70% et parfois 100%), les média en parlent le moins possible. Bien entendu, dans les professions de santé, l’effet d’une grève n’est pas direct car les réquisitions sont monnaie courante, non seulement par souci de la sécurité des patients, mais parce que la direction se fonde là-dessus pour casser les grèves. Au point qu’on se retrouve parfois plus nombreux à travailler en période de grève qu’en temps normal !! Moins nombreux en grève et dans la rue, de force, voilà sur quoi compte la direction pour supprimer les mouvements. Jusqu’au jour où la colère sera telle que l’hôpital public, toutes professions confondues sera en ébullition et où ses petites manœuvres seront inutiles…

Fluidifier les profits

Les nouveaux anticoagulants oraux (Pradaxa, Xarelto) sont prescrits pour empêcher la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins. Or ces médicaments sont bien plus coûteux que les précédents (jusqu’à 22 fois plus chers) et n’ont même pas une efficacité supérieure. Certains montrent même du doigt un risque hémorragique certes plus faible mais, en cas d’hémorragie, plus dangereux par absence d’antidote et de soin au long cours de ces traitements. La seule raison des autorités de maintenir ce choix est la pression des labos pharmaceutiques pour lesquels cela représente une bien plus grande rentabilité. Et les autorités n’ont rien à refuser dès qu’il s’agit de faire plus de profits…

L’APHP passe à l’acte… de violation du secret

Dans des dizaines d’hôpitaux, des boites privées ont accès aux dossiers des patients alors que le secret médical devrait les protéger. Le motif, c’est la tarification à l’acte. Puisque les hôpitaux sont payés à la tâche et remboursés sur cette base par la Sécu, le travail consistant à coder les actes médicaux avec les codes qui vont avec et l’évolution des règles de la Sécu est devenu une spécialité… médicale que l’hôpital est incité à externaliser auprès de sociétés privées. Ces dernières accèdent donc à des dossiers parfois complètement sous secret du fait des maladies ou des thérapies bien spécifiques. C’est la violation du secret médical !

Salauds de machos…

Une poignée d’hommes dont certains très médiatisés ont prétendu singer la lutte des femmes pour le droit à l’avortement en signant un texte des « 343 salauds pour le droit à la prostitution ». Ils revendiquent le droit de disposer du corps des femmes pour de l’argent, quitte à fonder leur prétendu plaisir sur l’asservissement des femmes dont chacun sait qu’il est lui-même le produit de la misère, de la précarité, de la domination des hommes et de la violence qui mènent tous à la prostitution et sans lesquels elle n’existerait pas.

Rappelons que l’espérance de vie des prostituées dépasse rarement plus de quarante ans !

Quant à l’Etat auxquels ces salauds de machistes reprochent de limiter leur droit masculin à soumettre des femmes esclaves sexuelles, il est tout aussi salaud, lui qui récupère l’argent des prostituées par leurs amendes tout en les réprimant et en rendant encore plus précaire la vie de celles-ci.

La SNCF contre l’impôt ?

"En avez-vous assez de payer trop d’impôts en France ?" La question est écrite rouge sur blanc dans une publicité du magazine "Metropolitan", diffusé dans l’Eurostar à plus de 200.000 exemplaires, révèle le site internet du "Huffington Post". Le texte, publié dans le numéro d’octobre, vante les services d’un expert-comptable français basé à Londres, qui souhaite aider ses compatriotes à "s’implanter" au Royaume-Uni et qui leur "déroule le tapis rouge", en référence aux propos de David Cameron, en juin 2012. Les futurs exilés échapperont ainsi à l’impôt sur la fortune, à la CSG, et bénéficieront d’un doux climat fiscal, assure la publicité. La SNCF n’a-t-elle pas aussi des conseils à donner aux cheminots pour ne pas payer d’impôts ?

Messages

  • Le journal La Tribune écrit : Bientôt le 11 novembre 2013. L’occasion de penser, déjà, au centenaire de la guerre de 1914-1918, qui fera l’objet de nombreuses célébrations et manifestations en 2014. Notre contributeur, l’historien Harold James, y ajoute un regard particulier, celui du lien entre la crise financière de 1907 et la Première Guerre mondiale. Alors que cinq ans après la crise des subprimes aux États-Unis, le monde est à nouveau tenté par le nationalisme face au pouvoir sans limite de la finance, le parallèle est évidemment tentant.

    L’ approche du 100e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale en 1914 fait réagir les dirigeants politiques et les commentateurs inquiets de la situation politique et économique de la planète. Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a même déclaré récemment que la polarisation croissante entre le nord et le sud de l’Europe a fait reculer le continent d’un siècle.

    Les leçons de 1914 ne portent pas seulement sur le danger des animosités nationales. La Grande Guerre est un précédent fascinant quant à la manière dont la mondialisation financière peut devenir l’équivalent d’une course aux armements qui menace l’ordre international. En 1907, une crise financière majeure née aux États-Unis a affecté le reste du monde et démontré la fragilité du système financier international. La réponse à la crise actuelle reproduit une dynamique similaire.

    Dans Lombard Street, un livre de 1873 devenu un classique, Walter Bagehot, rédacteur en chef de l’hebdomadaire The Economist, décrivait la City de Londres comme « la plus grande combinaison de puissance et de doigté économique que le monde ait jamais vue ».

    Selon une idée popularisée en 1910 par l’écrivain et parlementaire travailliste Norman Angell, futur Prix Nobel de la paix, l’interdépendance et la complexité des grandes économies mondiales rendaient la guerre impossible. Mais on pourrait défendre l’idée inverse : étant donné la fragilité de l’économie mondiale, sa manipulation habile peut faciliter la victoire militaire d’une grande puissance économique.

    Les suites du crash de 1907 ont poussé la puissance hégémonique de l’époque, la Grande-Bretagne, à réfléchir à la façon de mettre sa puissance financière au service de sa capacité stratégique sur la scène internationale. Telle est la conclusion d’un livre important sorti récemment, Planning Armageddon, de Nicholas Lambert, qui étudie la relation entre l’économie britannique et la Première Guerre mondiale. Il y montre comment, dans le cadre d’un jeu stratégique de grande ampleur, la Grande-Bretagne a combiné sur la scène internationale sa prédominance militaire, notamment sur les mers, avec son leadership financier.

    Entre 1905 et 1908, l’amirauté britannique avait esquissé le plan d’une guérilla financière et économique contre la puissance montante en Europe, l’Allemagne. La guérilla économique, si elle avait été menée à fond, aurait coulé le système financier de l’Allemagne et l’aurait empêché de s’engager dans un conflit militaire, quel qu’il soit. Quand les visionnaires de l’amirauté britannique ont été confrontés à un rival sous la forme de l’Allemagne du Kaiser, ils ont compris comment le pouvoir pouvait prospérer sur la fragilité financière.

    La Grande-Bretagne d’avant 1914 avait anticipé le partenariat public-privé qui lie aujourd’hui les géants de la technologie comme Google, Apple ou Verizon aux services de renseignement américains. Les banques londoniennes garantissaient alors la plus grande partie du commerce mondial. Ces réseaux financiers fournissaient les informations qui ont permis au gouvernement britannique de découvrir les vulnérabilités stratégiques cachées de l’alliance à laquelle il faisait face.

    Pour les rivaux de la Grande-Bretagne, la panique financière de 1907 montrait la nécessité de mobiliser les puissances financières elles-mêmes. Les États-Unis, de leur côté, reconnaissaient qu’il leur fallait une banque centrale analogue à la Banque d’Angleterre. Les financiers américains étaient persuadés que New York devait développer son propre système d’échanges commerciaux pour traiter les lettres de change de la même manière que le marché de Londres, et assurer leur monétisation (ou acceptation).

    Un personnage central a joué un rôle essentiel pour parvenir au développement d’un marché américain des acceptations bancaires. Il s’agit d’un immigré, Paul Warburg, frère cadet de Max Warburg, un banquier renommé de Hambourg qui était le conseiller personnel du Kaiser Guillaume II d’Allemagne.

    Les frères Warburg, Max et Paul, constituaient un tandem transatlantique qui poussait énergiquement à la création d’institutions germano-américaines comme alternative au monopole industriel et financier de la Grande-Bretagne. Ils étaient convaincus que l’Allemagne et les États-Unis étaient des puissances montantes, tandis que la Grande-Bretagne était sur le déclin.
    Et maintenant, la crise ou la guerre ?

    On voit réapparaître aujourd’hui certaines caractéristiques de la situation financière d’avant 1914. Après la crise financière de 2008, les institutions financières semblaient être à la fois des armes de destruction massive sur le plan économique et les instruments potentiels de la mise en oeuvre de la puissance nationale.

    Dans la gestion de la crise de 2008, la dépendance des banques étrangères à l’égard du dollar était une faiblesse majeure qui a nécessité d’importantes « swap lines » de la Réserve fédérale. Y remédier nécessite la renationalisation des banques et la séparation des activités des grandes institutions financières.

    Pour les banquiers européens et pour quelques gouvernements, le réexamen par les États-Unis du fonctionnement des filiales des banques étrangères chez eux souligne cet impératif. Ils considèrent qu’il s’agit d’un nouveau type de protectionnisme et menacent d’exercer des représailles.

    La géopolitique intervient également ailleurs dans les pratiques bancaires. Les banques russes essayent d’acquérir des actifs en Europe centrale et en Europe de l’Est. Les banques européennes jouent un rôle bien moins important dans le financement du commerce international asiatique. Les banques chinoises sont poussées à étendre leur activité au commerce international. De nombreux pays envisagent de recourir au protectionnisme financier pour accroître leur influence politique.

    Dans cette logique, l’étape suivante consiste à envisager la manière de mettre la puissance financière au service de l’intérêt national en cas de conflit diplomatique. On recourt entre autres à des sanctions (pas très efficaces) pour faire pression sur des États voyous, comme l’Iran ou la Corée du Nord. Mais la pression financière peut être beaucoup plus forte si elle s’applique à des pays très impliqués dans l’économie mondiale.

    En 1907, après une crise financière marquante qui a failli entraîner un effondrement complet du système, plusieurs pays ont commencé à penser la finance avant tout comme un instrument du pouvoir brut qui peut et doit être mis au service de l’intérêt national. Ce genre d’idée a conduit à la guerre de 1914. Un siècle plus tard, en 2007-2008, le monde a subi un choc financier encore plus important qui a enflammé les passions nationalistes. Les stratégies destructrices ne sont peut-être pas loin derrière.

  • Les espions meurent plus facilement

    On l’a retrouvé mort dans un sac mais il est mort de manière naturelle dit l’enquête...

    Alors qu’une précédente enquête évoquait plutôt la thèse de l’assassinat, la police a conclu à un accident dans la mort de cet agent du contre-espionnage britannique.

    Un espion britannique dont le corps décomposé a été découvert à Londres en 2010 dans un sac cadenassé a été victime d’un « accident », a affirmé mercredi Scotland Yard, contredisant les conclusions d’une précédente enquête sans cependant apporter de preuve décisive.

    Le corps de Gareth Williams, un agent de 31 ans employé par l’agence de surveillance britannique (GCHQ) mais détaché au moment des faits aux services de renseignements extérieurs britanniques (MI6), avait été trouvé enfermé dans un sac de sport posé dans sa baignoire, en août 2010. « Mon opinion personnelle, à l’issue de l’enquête, est que ce qui s’est passé était un accident », a déclaré Martin Hewitt, un haut responsable de la police britannique, à l’issue d’une nouvelle enquête sur ce décès mystérieux.

    « Je crois que nous avons affaire à une mort tragique inexpliquée », a-t-il ajouté. « Je suis convaincu que la mort de Gareth n’est en aucune manière liée à son travail », a-t-il également dit. Ces conclusions contredisent celles de l’enquête publique qui avait été menée au printemps 2012. En mai 2012, Fiona Wilcox, le coroner (nom du fonctionnaire chargé de l’enquête publique), avait déclaré, « après avoir évalué toutes les probabilités », être « convaincue que Gareth a été tué ».

    C’est donc une mort qui restera inexpliquée puisque tel est le bon vouloir des autorités...

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