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Edito - L’apocalypse capitaliste : la chute du système enseignée par l’exemple Peugeot-Citroën

dimanche 27 octobre 2013, par Robert Paris

L’apocalypse capitaliste : la chute du système enseignée par l’exemple Peugeot-Citroën

Autrefois fleuron de l’industrie automobile en France, l’entreprise Peugeot-Citroën multipliait les usines et les profits. Aujourd’hui, au contraire, chaque désinvestissement en prépare d’autres, chaque suppression d’emploi en annonce d’autres, chaque sacrifice des salariés, consenti ou pas, ne fait qu’ouvrir la voie à d’autres reculs sociaux massifs sur les salaires, sur la charge de travail, sur les sites de travail et, à nouveau, sur les emplois. Chaque fermeture de site ne fait que menacer les autres sites. Rien ne vient enrayer la spirale descendante comme rien ne semblait autrefois devoir enrayer la spirale montante.

Le capital industriel de PSA semble fuir comme d’un gros tuyau percé. Suite à la crise de 2007-2008, il a fallu que l’Etat le renfloue en totalité comme celui de Renault sans que l’on nous dise où était passé l’argent. Les ventes d’automobiles n’avaient pas encore baissé à l’époque… PSA avait déjà comme politique de diminuer les emplois par les départs volontaires, d’augmenter les distributions de profits aux actionnaires mais sans augmenter la production de profit par l’investissement industriel. Le trust suivait exactement la courbe du système tout entier : détruire du capital industriel pour construire du capital financier…

La banque PSA prenait en effet son essor, les patrons comptant plus sur les jeux financiers que sur la production d’automobiles pour asseoir les bénéfices de la famille actionnaire. Selon l’Etat qui a versé des milliards pour « sauver l’Automobile », l’argent de nos impôts était indispensable non seulement pour PSA ou l’Automobile mais pour sauver tous les trusts industriels, toutes les assurances, toutes les banques. C’est là que se trouve la source de tous les trous actuels des caisses d’Etat et absolument pas dans des dépenses excessives des caisses sociales ou des services publics. Et cela n’a nullement sauvé les emplois à PSA qui fuient exactement en proportion de la fuite des capitaux de PSA se retirant de la production… Ce n’est pas la vente des voitures qui produit les licenciements mais le désinvestissement du capital industriel qui est la principale cause de la baisse des ventes. Notamment en détruisant les acheteurs puisque cela augmente sans cesse le nombre des chômeurs.

On pourrait se dire que ce n’est qu’un mauvais moment à passer et que quelques licenciements permettent de sauver les autres emplois, discours patronal et gouvernemental qui n’est en rien confirmé par les faits, car rien n’existe qui va arrêter un tel mouvement d’autodestruction du capital industriel. S’il est profitable pour les possesseurs de capitaux de se retirer de la production, rien ne pourra les en empêcher et, même si les Etats s’investissent à leur place, cela ne pourra se substituer à l’ancien fonctionnement rentable du capital. Certes, l’Etat américain a racheté des trusts automobiles avec l’aide des fonds du syndicat des salariés et a prétendu sauver ainsi les emplois. Il n’a fait ainsi que fournir des fonds d’Etat aux capitalistes pour spéculer contre le système industriel et rendre plus rentable… la spéculation. Il est incapable, par contre, de convaincre les capitalistes de se réinvestir dans la production et la reprise annoncée ne vient pas….

Ce mouvement d’autodestruction du capital industriel n’est pas particulier à Aulnay, ni à PSA, ni à la France, ni à l’Automobile.

Bien sûr, on nous serine aux informations que les ventes de voitures baissent mais qui peut prétendre que les ventes de médicaments baissent et pourtant le trust pharmaceutique Sanofi licencie comme les autres labos fabricant des médicaments au point que le nombre de médicaments qui ne sont plus fabriqués s’accroît sans cesse. L’Etat a beau financer en pure perte les labos, ceux-ci désinvestissent.

Qui peut prétendre que les voyages par avion diminuent en France ? Et pourtant Air France licencie massivement…

Ce n’est pas par la consommation en baisse qu’est venue la crise du système, contrairement à ce que l’on nous raconte. Il ne suffirait même pas des aides aux salariés les plus démunis que propose la gauche de la gauche pour sauver le système. Cela ne ferait qu’enfourner du carburant dans un tuyau percé, exactement comme les aides massives d’Etat, comme les plans « impôts-compétitivité-emplois » venant rajouter des centaines de milliards d’aides aux capitalistes aux milliers de milliards précédents…

Par exemple, l’Etat qui avait fourni des milliards à PSA en 2008 en a à nouveau fourni ou garanti des milliards au-delà même de la valorisation boursière du trust. Eh bien, PSA estime manquer à nouveau de capital puisqu’il prétend en chercher aux USA (son associé refuse) ou en Chine afin de pousser à nouveau l’Etat à mettre la main au coffre-fort de l’argent de nos impôts. Le trust explique cela par des pertes record mais les comptes n’y sont pas. Ce n’est pas les comptes d’exploitation de la production automobile qui expliquent désormais les chiffres de PSA…

PSA, comme tous les trusts industriel, est devenu essentiellement un trust financier même si aucun média, aucun homme politique, aucun dirigeant syndical ne veut souligner cette évolution irrémédiable. Et l’ensemble du capital financier, dans la phase actuelle, joue à la baisse, à la chute, investit dans les dettes, dans les actions pourries, dans les effondrements de pays, de monnaies, etc…

Ce n’est ni dans un pays, ni dans un secteur, mais partout à l’échelle mondiale que le capitalisme est entré dans une phase nécrophile ou il se nourrit de ses propres enfants, où il détruit lui-même tout ce qu’il a construit.

Pourtant, sur le fond, la capital n’a pas changé : il se lance dans tout ce qui est rentable, le plus rentable possible. Mais, ayant atteint ses limites d’investissements productifs rentables à l’échelle planétaire grâce aux succès de la mondialisation, il ne peut maintenant que trouver intérêt à se retirer massivement… Aucune des aides massives d’Etat, celles de la France comme celle des USA ou des autres, n’a enrayé ce processus ni ne peut le faire. Tous ceux qui prédisaient le caractère éternel du système se trompaient : il a augmenté ses succès mais a alors atteint ses propres limites de capitalisation du profit engendré par le travail humain. Pour l’essentiel, le capital privé se nourrit actuellement des destructions qu’il engendre plus que de l’augmentation des productions qu’il permet. Sa phase nécrophile s’engendre elle-même comme sa phase de croissance auparavant.

Ce que doit nous enseigner l’exemple PSA, ce n’est pas la fatalité des sacrifices comme le prétendent les syndicats qui ont signé un accord en ce sens avec le patron, c’est l’inutilité des sacrifices…

Les syndicats se divisent en deux : ceux qui prônent les sacrifices et signent tous les accords et ceux qui les refusent et proposent au contraire des aides sociales à la croissance mais, les uns comme les autres, prétendent que cela relancera la machine capitaliste, redonnera emplois et salaires, sécurité sociale et retraites, services publics et profits privés. Ils se mentent ou ils nous mentent, qu’ils prétendent améliorer la compétitivité de la France ou accroître la demande en améliorant le niveau de vie. La crise n’est ni française et due à une concurrence accrue ni encore due à une sous-consommation.

Aucun de ces syndicats, qui refusent de nous dire la vérité sur la crise du système, ne s’est révélé capable de contrer l’offensive patronale et gouvernementale.
Ainsi à PSA-Aulnay, aucun n’a même maintenu sa plainte en justice contre la fermeture du site… C’est dire ! Et aucun n’a proposé de réagir au niveau de l’offensive patronale et même pas de lutter contre l’ensemble du plan de licenciements qui était loin de ne concerner qu’Aulnay… Aucun ne propose de relier les attaques du public et du privé, des retraites et des emplois, l’ANI qui casse le code du travail, les emplois précaires « d’avenir » des jeunes et les plans de « sauvegarde des emplois » qui cassent le CDI… Ils sont trop liés au système, trop liés aux gouvernants, trop liés à la société capitaliste.

Quant aux partis politiques, eux aussi connaissent la même division entre partis bourgeois de l’extrême droite au PS, favorables aux sacrifices et gauche de la gauche qui prétend relancer l’économie par l’aide d’Etat à la consommation… Les uns comme les autres prétendent que notre intervention politique passerait par les institutions de l’ancienne société alors que celles-ci sont tout aussi périmées et corrompues que le système qui les a produit.

Pour nous battre face à la situation totalement nouvelle que connaît la société humaine, à la charnière de deux époques de deux mondes, il nous faut nous organiser d’une manière nouvelle, en comités de salariés qui discutent sans limite des questions qui se posent à nous, qui admettent et fassent respecter la démocratie des travailleurs, la seule qui nous permette de discuter et de comprendre ce qui nous menace et comment nous battre. Mais surtout la seule qui offre un nouvel avenir, alternatif de ce système complètement périmé.

En allant à l’extrême des limites du continent capitaliste, nous avons, que cela nous plaise ou pas, atteint la zone des tempêtes et nous ne pourrons pas, sans la traverser, atteindre un nouveau monde… Le capitalisme est foutu mais les classes dirigeantes ne laisseront pas la place pour autant. Inutile de chercher à éviter les luttes et les révolutions car elles seules peuvent nous offrir un autre avenir que les naufrages économiques et sociaux, les guerres entre civils et les enfers répressifs, fascistes et dictatoriaux que nous préparent les classes dirigeantes.

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