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L’Etat français est-il devenu un vaste subprime ? Ou comment faire croire à une reprise en mettant en place une vaste cavalerie financière qui remet l’Etat, les services publics et les collectivités territoriales aux mains des spéculateurs

mardi 17 septembre 2013, par Robert Paris

Subprimes : la deuxième vague arrive...

L’Etat français est-il devenu un vaste subprime ? Ou comment faire croire à une reprise en mettant en place une vaste cavalerie financière qui remet l’Etat, les services publics et les collectivités territoriales aux mains des spéculateurs ?

On se souvient que la crise de 2007-2008 s’est déclenchée à l’occasion de la chute des subprimes, ces titres de bourse construits sur la base des dettes immobilières. Il semble bien que la solution qu’a trouvé l’Etat pour faire face à ses dettes consiste aussi à les titriser !!! C’est sans doute que les gouvernants appellent « avoir titré les leçons de la crise » ?

Avez-vous jamais rêvé de titiriser vos dettes, en les jouant à la spéculation des marchés ? De telles procédures sur les dettes immobilières aux USA ont mené à la crise de 2007. Eh bien, les services publics endettés ont choisi d’en faire autant. Ainsi, la SNCF titrise pour un milliard d’euros de sa dette auprès des marchés ce qui revient à cacher ses dettes qui reviendront, beaucoup plus importantes mais plus tard ! EDF se lance sur la même voie… sans issue et les hôpitaux devraient en faire autant. Ainsi, les marchés financiers ont leur propre manière de privatiser les services publics de manière discrète et sans le dire à personne. La direction se garde de communiquer sur ce thème et les syndicats font la sourde oreille. Les marchés financiers frétillent d’avoir de telles propositions alléchantes et les effets sur le service publics étant à long terme, personne ne s’en émeut. Quelle erreur !

La SNCF s’est donc lancée la première. On était déjà prévenus en décembre 2012 :

Dans « Boursorama » du 30 décembre 2012

Article intitulé : La SNCF pourrait titriser les subventions du Stif pour réduire sa dette

« La SNCF aurait pour projet, afin de réduire sa dette, de mettre sur le marché les subventions que doit lui verser le syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif) au titre de la cogestion des trains, affirment les Echos dans leur édition à paraître lundi. Cette opération, qui devrait être dévoilée lors des résultats annuels de la société en février, pourrait permettre à la SNCF "de faire disparaître de son bilan plusieurs centaines de millions d’euros d’endettement", indique le quotidien. Le mécanisme passerait par une titrisation de créances correspondant aux subventions d’investissement que le Stif est tenu de verser au cours des huit ans à venir à la SNCF, afin de co-financer les trains circulant en Ile-de-France. Au lieu de toucher directement le montant de ces subventions, la SNCF pourrait choisir de les titriser et de les placer sur le marché, expliquent les Echos. Cela pourrait lui permettre d’encaisser "plus de 770 millions d’euros", estime le journal. »

Cela n’a pas fait couler beaucoup d’encre car ni l’Etat ni la banques ni les patrons ne souhaitent de publicité à une opération qui met toute l’économie sous la coupe des spéculateurs et va complètement à l’encontre des prétentions réformatrices de l’économie et des marchés boursiers suite à l’effondrement de 2007.

Ainsi la SNCF a titrisé ses dettes comme le rapporte un article des Echos du 31 décembre 2012 : source
Nous le citons :

« Pour les fins connaisseurs de la géographie bretonne, Cézembre est le nom d’une île côtière en baie de Saint-Malo. Mais pour la direction de la SNCF, c’est aussi le nom de code d’une opération financière qui va lui permettre, en cette fin d’année 2012, de faire disparaître de son bilan plusieurs centaines de millions d’endettement. Cette opération est liée à une particularité de l’Ile-de-France en matière de transports : la SNCF y est en effet codétentrice des trains régionaux, quand, dans le reste du pays, l’achat des TER est supporté intégralement par les régions. Cela contribue à alourdir la dette de la branche SNCF proximités, et par voie de conséquence celle du groupe. La dernière convention entre la compagnie ferroviaire et le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), signée en avril dernier, précise que la contribution régionale sur ce sujet sera versée à la SNCF sous la forme d’une subvention d’investissement durant les huit prochaines années, pour un montant, de source syndicale, de 1,026 milliard. L’opération Cézembre a donc consisté à émettre des titres sur ces créances détenues par l’établissement public et à les placer sur le marché. Ces titres ayant trouvé preneur auprès des investisseurs, Cézembre permet à la SNCF d’encaisser en une seule fois des rentrées d’argent qui auraient dû s’étaler sur les huit prochaines années. Selon nos informations, la compagnie ferroviaire devrait percevoir cette année 772 millions d’euros. Sur le plan comptable, cette somme autorise une baisse de plusieurs centaines millions de l’endettement du groupe, qui était fin 2011 de 8,3 milliards et n’aura guère bougé à fin 2012. La SNCF, qui n’a pas souhaité faire de commentaires, devrait l’annoncer lors de la publication de ses résultats annuels, mi-février. Cela ne devrait sans doute pas déplaire aux agences de notation. Standard & Poor’s a notamment placé, début novembre, la note du groupe sous surveillance. De surcroît, le gouvernement vient de lancer une réforme ambitionnant de ramener le système ferroviaire à l’équilibre financier. La SNCF, qui prétend à un rôle central dans le futur système, va pouvoir opportunément afficher un recul sensible de ses créances. Elle le paiera toutefois par une dégradation de sa marge opérationnelle dans les prochaines années, faute de percevoir la subvention du STIF. Pour maintenir cette marge, la direction a lancé un plan de réduction des coûts qui vise à économiser 150 millions dès 2013. Côté syndicats, Sud-rail a critiqué les frais financiers de l’opération, pointant « 60 millions donnés aux banques » dans la gestion de l’opération, ainsi que 6 millions pour les honoraires des experts et des avocats. »
Le syndicat SUD Rail écrit :

« L’opération « Cezembre » consiste à monétiser des créances détenues par la SNCF sur le STIF (Autorité Organisatrice des transports » en Ile-de-France). Contrairement à ce qui se passe ailleurs (les Régions financent directement le matériel roulant), en Ile-de-France, STIF et SNCF participent chacun à 50%. Dans le cadre de la convention signée au printemps 2012, le STIF doit verser à la SNCF des subventions d’investissement durant 8 ans. La monétisation (titrisation) de ces subventions permet de prendre en compte immédiatement l’encaissement de flux futurs, améliorant ainsi la « dette nette » de Transilien, le bilan de SNCF Proximités, la présentation des comptes SNCF. C’est une opération d’ordre comptable, en « argent réel » rien ne change, ni pour la SNCF, ni pour le STIF. Mais, dans le monde merveilleux des financiers tout a un coût : la somme en jeu est de 1 026 millions … mais les financiers ne verseront que 960 millions à la SNCF. Ils prennent au passage 60 millions pour gérer ce qui n’est qu’un échange entre deux entités publiques ! Accessoirement, quelques experts et avocats empochent 6 millions. »

L’EDF fait de même et titrise ses dettes.

Voici un article rapportant cette opération :

« EDF sera bientôt débarrassé du boulet du déficit de la Contribution au service public de l’électricité (CSPE), la taxe destinée à financer les charges de service public du groupe dont, surtout, le développement des énergies renouvelables. Le groupe et l’Etat ont trouvé un accord visant à combler ce déficit d’ici au 31 décembre 2018. Celui-ci est estimé à 4,3 milliards d’euros à fin 2012, auxquels s’ajoutent 0,6 milliard d’euros de coûts de portage. La créance sera soldée grâce à une augmentation du montant de la CSPE. Selon des estimations d’analystes, cela nécessiterait au moins trois hausses de 2 euros par MWh de la taxe, en plus de celle de 3 euros décidée début 2013. Mais cet accord n’est qu’une première étape. A ce stade, le déficit de la CSPE est toujours considéré comme une dette par EDF, ce qui plombe un peu plus son endettement au moment où ses performances financières se détériorent. Selon les analystes de la Société Générale, la dette nette pourrait actuellement représenter environ 3 fois son Ebitda, assez nettement au-dessus du niveau cible de 2,5 fois. EDF et son premier actionnaire cherchent donc le moyen de retirer le montant du déficit de son endettement.
La direction d’EDF ne fait aucun commentaire sur le moyen qui sera employé. Mais selon des sources de marché contactées par L’Agefi, une titrisation paraît la voie la plus probable. Le groupe vendrait la créance à un syndicat d’investisseurs institutionnels. Ces derniers percevraient le coût du portage payé par l’Etat et EDF empocherait plus de 4 milliards d’euros de cash. Autre voie possible : le rachat de la créance par une structure publique qui se refinancerait ensuite sur le marché. Cette solution a été employée par l’Espagne avec la Fade pour régler le déficit du secteur électrique du pays. »

Dans les deux cas, beaucoup d’opacité et très peu de transparence. Rien de très public. Tout se passe par en dessous !!!!

Ce n’est pas une particularité française et « Les Echos » du 3 juillet 2013 relève le soutien de la BCE à de multiples opérations de titrisation des dettes :
« La BCE défend une titrisation « simple et transparente ». Cela existe ? Il y a la bonne et la mauvaise titrisation. La mauvaise a produit la crise des crédits « subprime » en 2007. La bonne, c’est celle que l’Europe, avec l’appui de la Banque centrale européenne, veut développer, afin de favoriser le financement des entreprises de taille moyenne sur les marchés. La titrisation consistant a reporter le risque sur les particuliers sans limite ni temps et de montants, pourquoi ne pas redemander aux banques qu’elles fassent leur métier de prêter dans un cadre de gestion des risques strictes ? « On a vu par le passé que le système n’avait pas été capable de maîtriser les risques », a confessé Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, lors de son intervention aux Assises européennes des PME, le 24 juin. D’où la nécessité de se fixer quelques grands principes : « Les produits doivent rester très simples et il faut une grande transparence sur les sous-jacents », a précisé le Français. Ah l’intelligence... La BCE a déjà ouvert ce chantier. Depuis janvier, elle recueille au sein d’une base de données les informations relatives à chacun des prêts utilisés dans des produits de titrisation (ABS). Cette base servira à déterminer les bons ABS, c’est-à-dire ceux que les établissements bancaires pourront déposer au guichet de la banque centrale pour emprunter de l’argent. Depuis 2012, la BCE, ou plutôt un groupe de banques centrales nationales, ont en partie ouvert les opérations de refinancement aux titres adossés à des prêts aux PME : ils comptent désormais pour 50 milliards d’euros (avant décote) dans le bilan de l’Eurosytème. L’idée est d’aller bien au-delà, pour dynamiser le marché des prêts aux PME, qui est estimé à environ 1.500 milliards d’euros, selon Nomura. Rebelotte ! Seule la sauce de l’explication et de la justification de l’injustifiable change. »

Un article de la presse spécialisée relève :

« Vouée aux gémonies depuis le début de la crise financière en 2007, la titrisation apparaît à présent comme une voie de recours pour les banquiers. Les acteurs du marché de la titrisation espèrent que la régulation bancaire va favoriser les obligations adossées, par exemple, à des titres hypothécaires résidentiels (RMBS) voire d’autres crédits. Une proposition du Conseil des ministres datée du 1er mars 2012 suggère que le règlement qui traduit Bâle 3 dans le droit européen, puisse notamment les inclure dans les titres considérés comme liquides comment expliquer qu’un conseil des ministres "suggère" une telle ineptie ? par les régulateurs. C’est une première avancée selon le lobby financier européen, AFME, qui plaide pour que les titrisations de bonne qualité - et pas seulement les RMBS - soient ainsi reconnues. Une banque comme BNP Paribas réfléchit à la titrisation de ses financements de matières premières, qui comprennent les lignes de crédit accordées aux gros courtiers comme Glencore ou Trafigura, installés en Suisse. Ils vont titriser la mort qu’ils ont semée via la spéculation sur matières premières, qui est acheteur ? En fait, ce n’est pas important puisque personne ne verra qu’il est investisseur. Pourquoi cette volonté de la part de BNP Paribas ? Depuis le grippage du marché interbancaire provoqué par la crise, la recherche de sources alternatives de financement est devenue un enjeu crucial, ce qu’offre la titrisation (transformation de créances en titres de marché). Les banques françaises et la Banque de France planchent ainsi depuis plusieurs semaines sur le lancement d’une plate-forme commune de titrisation des créances, sous l’égide de la BCE. Banquiers, assureurs et autres fonds d’investissement auraient ainsi la possibilité de souscrire à ces titres émis par les établissements financiers, et destinés au financement des PME. Un rapport définitif doit être remis au Haut Comité de place au mois de septembre pour une entrée en application dès l’année prochaine. Les gestionnaires d’actifs figurent aujourd’hui parmi les premiers investisseurs en titrisation, mais ils pourraient bientôt se désengager. C’est le constat que dressent les analystes de Bank of America Merrill Lynch après avoir analysé la base d’investisseurs des transactions récentes, toutes classes d’actifs confondues. « Les gestionnaires d’actifs dominent aujourd’hui l’univers d’investissement mais de plus en plus, ils devront sortir les titrisations ABS des fonds qu’ils gèrent pour les assureurs ou les fonds de pensions », expliquent-ils. De fait, la directive Solvabilité 2 qui va encadrer à partir du mois de janvier 2014 les compagnies d’assurance européennes devrait les décourager d’investir dans ce segment. Et s’ils les fourguaient aux particuliers ? Enfin sur le plan réglementaire, l’organisation internationale de commission de valeurs (Iosco) qui regroupe les différentes autorités de régulation des marchés s’inquiète que les textes en vigueur en Europe et ceux sur le point d’être appliqués aux Etats-Unis traitent différemment les titrisations. « Les émetteurs européens pourraient souffrir d’un désavantage concurrentiel par rapport aux émetteurs américains qui bénéficient d’exemptions particulières », en matière de rétention du risque au bilan, écrit Iosco dans un rapport publié début juin. Un comble, alors que la crise financière a démarré aux Etats-Unis avec la titrisation des crédits subprimes. Mi-novembre, Iosco a publié ses recommandations. L’organisation internationale encourage les autorités à se coordonner en matière d’obligations de rétention du risque et à favoriser la standardisation. Elle souhaiterait aussi que les émetteurs soient contraints de divulguer davantage d’informations sur leurs opérations. »

Les banques refinancent aussi leurs dettes ainsi :
Laura Berny dans « Les Echos » du 23 janvier 2013

Article intitulé : La place de Paris va lancer un véhicule de refinancement des banques

« Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a annoncé qu’un groupe de place développait « actuellement des mécanismes de titrisation innovants et sûrs qui devraient -permettre aux banques de mieux exploiter le gisement de créances privées qui figurent à leur bilan et de renforcer leurs capacités de financement ». L’objectif est de mettre en place un véhicule de refinancement composé de différents compartiments dédiés à chaque établissement. Les banques viendront lui apporter leurs créances « corporate » à la condition que celles-ci soient éligibles au refinancement par l’Eurosystème. En échange, l’organisme de titrisation émettra des titres plus liquides que les banques pourront utiliser comme garantie (collatéral) pour se refinancer soit sur le marché via des opérations dites de repo (pension de titres) bilatéral ou tripartite ; soit en bloc auprès de l’Eurosystème et non plus créance par créance comme aujourd’hui. Les titres émis pourraient être notés par la Banque de France, afin d’éviter le coût d’un rating par les agences de notation. »
Anne Drif écrit dans « Les Echos » du 26 janvier 2012

Article intitulé : Très contestée, la titrisation redevient incontournable

« Les régulateurs voulaient l’éradiquer après la crise des produits « toxiques » immobiliers américains. Mais la titrisation, ou ce que les spécialistes sont désormais contraints d’évoquer sous le terme plus politiquement correct de « monétisation », est redevenue indispensable au financement de l’économie. Indispensable d’abord pour les banques, qui doivent trouver de la liquidité au jour le jour et peuvent utiliser cet outil comme garantie pour emprunter auprès de la BCE. « Obtenir du financement reste assez compliqué pour les banques. Le marché du financement en blanc est quasi fermé à cause des taux prohibitifs, expliquait Didier Harnois, responsable de la gestion des collatéraux à la Société Générale, aux Rencontres des Marchés de la dette et du change, la semaine dernière. La seule solution est de proposer un risque qui ne soit pas seulement lié à un nom bancaire, mais mélangé à celui d’un portefeuille de prêts. » Le refinancement sur les marchés via des obligations garanties par des prêts immobiliers (« covered bonds ») étant limité, la titrisation s’est révélée comme un mode d’accès à la liquidité essentielle pour les banques. C’est elle qui les a sauvé d’une nouvelle crise de liquidité, en leur donnant accès au refinancement de la BCE.La titrisation est devenue si incontournable que la présidence danoise de l’Union européenne compte élargir les réserves de liquidité, à d’autres produits titrisés (crédits immobiliers, etc.). Les contraintes de Bâle poussent aussi les banques à offrir de la titrisation aux entreprises plutôt que du crédit. Rexel a ainsi conclu un nouveau programme de titrisation de 500 millions d’euros en décembre dernier. « Apporter des lignes de liquidité par le biais de ces montages coûte moins cher aux banques que de prêter directement aux entreprises car les lignes ne sont pas tirées et pèsent donc plus faiblement sur le capital réglementaire de la banque, relève Frédérick Lacroix. En effet, selon l’approche standard, alors qu’un crédit classique à une société notée entre BBB et B va être pondéré de 100 % à 150 %, ces lignes de liquidité ne sont prises en compte dans le calcul du ratio de fonds propres que pour 50 %. » Les entreprises ont aussi plus besoin de la titrisation aujourd’hui que par le passé. « Nous employons la titrisation pour alléger les bilans. Face aux difficultés de financement, les entreprises l’utilisent pour diversifier leurs ressources », a corroboré Philippe Messager, le directeur des financements d’EDF et président de l’AFTE à ces rencontres. »
Les USA se sont eux aussi lancés à nouveau dans ce type d’opérations :
Julien Beauvieux dans « La Tribune » du 17 mars 2010 :

Article intitulé : Redémarrage partiel de la titrisation immobilière commerciale américaine.

« Le marché secondaire américain des obligations titrisées adossées à des prêts immobiliers commerciaux (les « Commercial mortage backed securities », ou CMBS) poursuit son redressement. La prime de risque exigée par les investisseurs pour acquérir ces titres, dérivés de prêts octroyés pour financer des immeubles de bureaux ou des centres commerciaux, a baissé la semaine dernière à son plus bas niveau depuis août 2008, selon des données de Morgan Stanley. En offrant des liquidités bon marché aux acheteurs, la Fed avait pour objectif de doper le retour sur investissement de ces produits via un effet de levier. »
Comme le rapportent Les Echos du 3 septembre, la Chine est lancée dans une vaste opération de titrisation des dettes de ses banques :

« La Chine souhaite soulager ses banques à un moment où la conjoncture complique leur activité. Face à la complexité de l’équation financière chinoise, les plus hautes autorités du pays viennent d’annoncer qu’elles allaient accélérer un programme de titrisation des crédits bancaires amorcé en juin dernier. Alors qu’une première expérience de titrisation avait été menée en 2005 dans le pays, celle-ci avait tourné court en 2008 : devant la déflagration de la crise des « subprimes », conséquence d’un excès de titrisation, Pékin avait retiré son projet. Mais aujourd’hui, le besoin de diversifier les modes de financement de l’économie se fait ressentir durement. L’ensemble des prêts (pas seulement bancaires) débloqués en juillet était en effet au plus bas sur près de deux ans, et en chute de 23 % sur un an. Sous pression après plusieurs années de crédit généreux, les banques resserrent la vis. En leur permettant de convertir une petite partie de leurs crédits en obligations, Pékin espère donc soulager ses établissements bancaires. »

En fait, c’est dès 2010 que cette opération se profilait aussi en Europe alors qu’on était en plein discours sur la réforme des marchés financiers…

A. DR. dans « Les Echos » du 9 mars 2010 :

Article intitulé : Les régulateurs veulent relancer la titrisation.

« Marche arrière. Quelques mois après avoir pointé du doigt le milieu de la titrisation, accusé d’avoir diffusé le risque des crédits immobiliers à risque américain et de propager la crise, le président du Conseil de stabilité financière (FSB), Mario Draghi, a appelé de ses veux une relance de ces transferts de crédits. En titrisant leurs prêts, les banques se libèrent de la capacité financière pour octroyer de nouveaux crédits. Les titres cédés seraient, désormais, plus transparents et moins complexes. Depuis l’été dernier, les régulateurs ont pourtant tenu un discours inverses. Ils ont multiplié les réglementations pour durcir l’exercice de ces transferts. A ce niveau d’émission (319 milliards d’euros en 2009), le marché a retrouvé ses capacités des années 20006 et 2007. De même aux Etats-Unis, plus de 1.000 milliards d’euros ont été émis de janvier à septembre 2009, plus qu’en 20008. »

En France, on a cité la SNCF et les banques, il faut y rajouter EDF et Areva qui sont fortement endettés.

On trouve aussi la titrisation des dettes des collectivités territoriales française : voir ici

Conclusions

Bien sûr, avec la titrisation des dettes, aucun bilan n’est plus crédible, personne n’aura bientôt plus confiance en personne, et on revient à la case 2007… Cela signifie aussi que, loin de baisser, les dettes augmentent. Chacun sait qu’emprunter aux marchés coûte de l’argent. Pour faire durer, le système n’a pas trouvé d’autre palliatif que de faire payer les banques centrales dans un premier temps. Il cherche maintenant une suite avec les nouveaux subprimes…

Difficile de croire à la pérennité d’un système qui va d’opérations type Madoff en opérations type Madoff à plus grande échelle !!!

Qu’est-ce que la titrisation des dettes ?

La titrisation (securitization en anglais) est une technique financière qui consiste classiquement à transférer à des investisseurs des actifs financiers tels que des créances (par exemple des factures émises non soldées, ou des prêts en cours), en transformant ces créances, par le passage à travers une société ad hoc, en titres financiers émis sur le marché des capitaux.

Une telle titrisation s’opère en regroupant un portefeuille (c’est-à-dire un lot) de créances de nature similaire (prêts immobiliers, prêts à la consommation, factures mono-thématique, ...) que l’on cède alors à une structure ad hoc (société, fonds ou trust) qui en finance le prix d’achat en plaçant des titres auprès d’investisseurs. Les titres (obligations, billets de trésorerie, ...) représentent chacun une fraction du portefeuille de créances titrisées et donnent le droit aux investisseurs de recevoir les paiements des créances (par exemple quand les factures sont payées, ou quand les prêts immobiliers versent des mensualités) sous forme d’intérêts et de remboursement de principal.

La titrisation peut également viser à ne transférer aux investisseurs que le risque financier lié aux actifs concernés, auquel cas les actifs ne sont pas vendus, mais le risque ou partie du risque transféré grâce à une titrisation synthétique.

Née aux États-Unis dans les années 1960, la titrisation a connu une expansion importante également en Europe à partir de 2000, tandis que les produits et les structures devenaient de plus en plus complexes. En France, la titrisation a été introduite par la loi du 23 décembre 1988. Sous l’impulsion de Pierre Bérégovoy, l’idée était de faciliter le développement du crédit immobilier en permettant aux banques de sortir les créances de leurs bilans et d’améliorer leur ratio « Cooke ». La crise des subprimes survenue en 2007 a provoqué un ralentissement du marché, tandis que les autorités de marché considèrent la question de savoir si la titrisation devrait être mieux encadrée.

Messages

  • Afin d’en sortir, et de faire face à la pénurie de crédits créée par l’arbitrage des banques en défense de leur rendement, il est tenté de relancer la titrisation, cette technique financière qui permet de transformer des crédits en actifs après les avoir packagés. Le but est de les proposer ensuite sur le marché, avec pour effet notable de transférer le risque initial tout en alimentant la machine à fabriquer de la dette, au prétexte d’assurer le financement de l’économie que les banques n’assurent pas par ailleurs. On se souviendra du rôle joué par la titrisation dans ce que l’on a appelé la crise des subprimes. Bien entendu, toutes les précautions sont désormais prises, est-il affirmé, pour que la même cause ne reproduise pas les mêmes effets.

    Le marché de la titrisation reprend des couleurs aux États-Unis, et il est espéré qu’il va en être de même en Europe. Or les choses ont-elles changé ? Le risque que ces titres représentent peut-il être mesuré correctement, si l’on se souvient de la notation des agences, qui ont à l’époque distribué sans y regarder de trop près les prix d’excellence ? Leurs notations abusives relevaient-elles seulement d’un conflit d’intérêt (toujours pas réglé), ou tout autant d’une incapacité à mesurer le risque ? Ce qui a été constaté à propos du calcul de la valeur nette des actifs bancaires, qui utilise des modèles propriétaires ou standards afin de déterminer le niveau réglementaire des fonds propres des banques.

    En ouvrant à nouveau la salle de jeu de la titrisation, les opérateurs financiers recréent ce risque que les régulateurs tentent de maitriser par ailleurs. Certes, ces derniers s’efforcent de diriger le maximum des transactions de ces nouveaux titres vers des structures ayant comme objectif de garantir les investisseurs du risque de contrepartie. Mais ils ne font que déplacer le problème, car ces structures concentrent le risque, et leurs appels de marge, destinés à faire face aux coups durs, ne peuvent être trop importants, sauf à diminuer trop fortement la rentabilité des transactions qu’elles sont censées protéger…

  • La titrisation des dettes des hôpitaux bat son plein. On peut lire en effet :

    « Face aux difficultés de financement des Établissements publics de santé (EPS) et collectivités locales, le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE) annonce dans un communiqué mettre à leur disposition "des solutions de financement innovantes à hauteur d’un milliard d’euros". Ainsi, dès ce dernier trimestre 2012, le secteur public peut y recourir via le marché obligataire, la Société de crédit foncier (SCF) ou un Fonds commun de titrisation (FCT) censé offrir aux hôpitaux et collectivités des financements auprès de grands investisseurs institutionnels. "Cette opération vient en complément des engagements initiaux de financement du secteur public de 4 milliards d’euros pour 2012", précise la banque. »

  • « Pékin lance un programme afin de convertir les crédits bancaires en produits obligataires.
    Lors d’une réunion présidée par le Premier ministre Li Keqiang, les autorités chinoises ont annoncé qu’elles allaient étendre un programme visant à autoriser la vente de produits de dette titrisée. Ce programme consistera donc à convertir des crédits bancaires en produits obligataires, qui pourront ensuite s’acheter et se vendre sur le marché. Le but : soulager les banques d’une partie de leurs crédits et améliorer ainsi la liquidité. En 2005, Pékin avait déjà lancé un programme de titrisation des dettes, mais la crise américaine des subprimes, conséquence d’une titrisation incontrôlée, avait gelé ces tentatives. Aujourd’hui, le régime chinois veut donc mettre toutes les chances de son côté pour éviter une catastrophe comparable à celle qu’ont connus les Etats-Unis en 2008, et promet que les produits de dette titrisés ne seront issus que d’actifs bancaires « de haute qualité ». Promesse de Gascon ou on prend les mêmes et on recommence ? »

    Les Echos, 04/09/2013

  • D’après les derniers chiffres du G20, plus de 5.300 milliards de dollars sont échangés chaque jour contre 4.000 il y a 3 ans. 2008 a vu le recours à l’ assouplissement quantitatif, politique exceptionnelle permettant aux banques centrales d’absorber les actifs nationaux à risque. Mais ce soutien aux économies développées a en réalité profité aux BRICs, vers qui la révolution numérique a orienté les achats de produits manufacturés du monde entier. Ainsi la relance massive aux États-Unis a-t-elle alimenté une bulle spéculative dans les émergents plutôt que stimulé l’emploi local. Car à nouvelle mesure, nouvel effet pervers : au lieu d’apprendre des erreurs de l’Occident, ils les ont répétées. La Chine, en freinant l’appréciation de sa devise face à l’insistance de ses partenaires, a recyclé l’essentiel de son inflation (augmentation de sa masse monétaire de 19 % par an depuis 2008) dans son marché immobilier, au risque de sa surévaluation (du double au triple, selon les estimations).

    Si les BRICs semblaient ainsi maintenir leur croissance dans un premier temps et le soulagement général, les fonds n’avaient en fait qu’été redistribués d’une bulle à l’autre au gré des investisseurs opportunistes. Car dans ce contexte de réactivité globale et immédiate, les nations se comportent comme des entreprises en recherche systématique de performance face à un arbitrage financier constant. La croissance à court terme est primordiale et comme la monnaie est l’instrument le moins coûteux pour cela, prêts à taux d’intérêt quasi-nul et assouplissement quantitatif sont de mise, favorisant la spéculation, bénéficiant à ceux qui empruntent.

    La monnaie, originellement variable d’ajustement macroéconomique, devient vecteur de crise au même titre que la finance, dès lors que ces deux veines de l’économie sont infectées par la spéculation.

    La récurrence de crises est donc une caractéristique indissociable de l’économie globulaire. Car cette dernière, toujours endettée et exposée aux bulles immobilières et boursières, croit moitié moins vite que par le passé : le taux d’inflation mondial actuel est d’environ 50% plus élevé que le taux de croissance du PIB réel. Et à présent que cette stagflation s’étend aux BRICs, la Réserve fédérale américaine commence à resserrer sa politique de soutien, comme cela a été évoqué à plusieurs reprises au sommet du G20 à St Saint-Pétersbourg la semaine dernière. En réponse, les capitaux se retirent des marchés émergents dans la méfiance générale.

    Les monnaies du Brésil et de l’Inde se déprécient. La Chine, dont le yuan est arrimé au dollar, souffre encore plus, d’autant que sa population active commence déjà à diminuer sous l’effet de la politique de l’enfant unique (naturellement, ce phénomène se manifeste lorsque le pays atteint un revenu par tête plus élevé que 7000 dollars). La flambée immobilière chinoise absorberait déjà deux fois plus d’argent que son économie réelle : d’après les estimations, pour 3 yuans de croissance monétaire, 1 est réinjecté dans l’économie réelle, 2 le sont dans la bulle immobilière. Or, sa masse monétaire totale s’élève à 17000 milliards de dollars, soit 6 fois ses réserves de change. La dette des ménages est d’un tiers du PIB - contre près de 100% lorsque la bulle a éclaté en 2008 aux États-Unis et en 1992 au Japon - et nous n’en sommes pas encore au déséquilibre que connaissait l’Indonésie au début de la crise asiatique de 1997 car les taux d’intérêt mondiaux, proches de zéro, ralentissent l’éclatement de la bulle en question, mais le constat est là : c’est la fin du modèle quantitatif de croissance continue des BRICs tel que nous l’avons connu jusqu’ici au profit de la nouvelle dynamique macroéconomique globale.

    Les politiques monétaires divergent pour la première fois depuis 2008 : Europe et Japon maintiennent l’assouplissement tandis qu’États-Unis et émergents rationalisent. Dans un contexte de croissance mitigée et de troubles au Proche-Orient, cette contradiction désoriente les marchés. L’or, notamment, bien que souffrant de la hausse du dollar, devient une valeur refuge pour la Chine et l’Inde, qui représentent les deux tiers de sa demande. Au point que Shanghai devrait bientôt éclipser New York comme sa première place d’échange. Alors que les capitaux financiers, eux, circulent dans l’autre sens, là encore de par l’appréciation du dollar, qui rappelle le dollar : les fonds spéculatifs réinvestissent l’économie américaine, où la richesse nette des ménages a bondi de 45% à 70 Milliards (contre 48 milliards de dollars en 2009, et 63 milliards de dollars au moment de l’éclatement de la crise).

  • A la fin du premier trimestre, la zone euro affichait en moyenne une dette publique de 92 % environ du PIB, avec des pics à plus de 160 % (Grèce) ou 130 % (Italie). L’Allemagne, souvent utilisée comme référence dans le débat public français, se tenait à un taux d’un peu plus de 81 % de sa richesse.

    En valeur absolue la dette française atteindra 1.950 milliards d’euros à la fin 2014, soit 30.000 euros par habitant. Ce chiffre continuera à grimper tant que la France devra emprunter chaque année pour boucler son budget. Pour que le montant baisse, il faudrait que l’État commence à rembourser. C’est peu probable. Généralement, lorsque des pays voient un crédit arriver à échéance, ils le remboursent en contractant un autre emprunt, sauf cas de grave crise, comme en Grèce.

    La France semble loin aujourd’hui d’une telle situation. Elle s’endette à des taux historiquement bas, environ 2,5 % à 10 ans contre près de 4 % en juin 2011. Du coup le paiement des intérêts, la « charge de la dette », diminue : – 5,2 % sur un an au dernier pointage de Bercy, fin juillet 2013. « Nous avons une des dettes les plus sûres du monde », se réjouit Pierre Moscovici.

    Pas étonnant : elles baissent en étant vendues sur les marchés !

    Un jeu de dupes...

  • Le marché de la titrisation connaît une légère reprise, après une traversée du désert liée à sa mise en cause dans le déclenchement de la crise financière de 2008. Il faut dire que la titrisation constitue une alternative intéressante au financement bancaire, appelé à se raréfier.

    Le tabou de la titrisation semble se lever. "Cela faisait longtemps qu’on ne parlait plus de financements structurés", a reconnu jeudi Nicolas Malaterre, directeur des financements structurés Europe chez Standard & Poor’s (S&P), lors d’une conférence de presse. Et pour cause : la titrisation - cette technique de financement qui consiste, pour une entreprise, à transférer à des investisseurs des actifs financiers tels que des créances, en les transformant en titres émis sur les marchés - est accusée d’avoir provoqué en 2007 la crise des subprimes (crédits hypothécaires américains à risque), prélude à crise financière de 2008.

    La banque française a titrisé un portefeuille de prêts accordés à des groupes de négoces de matières premières. Depuis la crise financière, cette technique est pourtant très peu utilisée par les établissements financiers français.

    La banque française BNP Paribas a cédé un portefeuille de prêts accordés à des groupes de négoces de matières premières, renouant avec une technique, la titrisation, qui avait perdu de son lustre depuis la crise. La banque envisage de procéder à l’avenir à de nouvelles opérations de ce type, indique le Financial Times.

    "C’est une des manières de respecter les diverses contraintes auxquelles nous devons faire face en matière de régulation et de fonds propres, tout en continuant à développer nos activités avec les négociants en matière premières", a expliqué Gabriel Vaduva, responsable adjoint des activités de services énergie et matières premières de BNP Paribas, cité vendredi par le quotidien économique anglais.

    La titrisation, technique qui consiste à transformer des créances en titres émis sur les marchés obligataires, n’a pas totalement retrouvé un fonctionnement normal un an après le cataclysme Lehman.

    Le marché de l’ABCP américain, ces titres adossés à des créances commerciales d’entreprises américaines, s’était embrasé en septembre 2008. Grâce à l’action des autorités, « les primes de risque (les spreads) se sont graduellement normalisées sur ce marché », explique Jean-David Cirotteau, analyste chez Société Générale.

    En revanche, sur le marché de la titrisation long terme, le programme américain Talf a permis « de rouvrir graduellement le marché et de réduire considérablement les spreads », mais « on est encore loin d’avoir retrouvé les niveaux d’avant Lehman ». Plus globalement, « le marché américain refonctionne grâce aux programmes en place » et « le marché européen donne des signes clairs de rétablissement », estime l’analyste. « Se pose néanmoins le problème des CMBS, ces titrisations adossées à des prêts hypothécaires sur de l’immobilier commercial. [...] Les futures performances de ce segment pourraient perturber la convalescence des autres secteurs de la titrisation », avertit-il.

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