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L’indignation morale ne s’attaque pas aux fondements de la tromperie sociale

mardi 9 avril 2013, par Robert Paris

L’indignation morale ne s’attaque pas aux fondements de la tromperie sociale

Comment un ministre du budget peut-il répondre à la télévision que « les yeux dans les yeux », il jure ne jamais avoir eu de compte en Suisse pour, quelques jours plus tard et quelques révélations plus loin, reconnaître avoir placé 600.000 euros en Suisse puis à Singapour pour qu’on apprenne ensuite qu’il y a eu au moins quinze millions en Suisse puis dans d’autres paradis fiscaux ? Les braves gens sont indignés et répètent qu’on ne peut pas mentir comme cela « les yeux dans les yeux ». Ils en concluent que les hommes politiques sont de menteurs et des corrompus. On pourrait leur donner raison s’ils ne passaient pas ainsi à côté de l’essentiel. En suivant ainsi tous ceux qui surfent sur cette critique morale, d’un côté Mélenchon et de l’autre Le Pen et la droite, tous ces hypocrites, emboitent le pas, dénonçant la corruption des politiciens.
Même le journal bourgeois « Le Figaro » titre « la rupture s’amplifie entre les Français et les leurs élus ». Pourquoi seulement les élus ? Pour ne sutout pas parler de la classe bourgeoise !

Pourquoi parler de corruption sans expliquer qui sont les corrupteurs ? Pourquoi faire comme si le but de Cahuzac en sortant ses sommes dans des « paradis fiscaux » était seulement de ne pas payer le fisc. Parce que cela s’attaquerait bien plus qu’aux politiciens : aux trusts capitalistes !

Car les sommes en question ont été gagnées de manière occulte au service des trusts pharmaceutiques et Cahuzac ne pouvait pas les détenir légalement en France car cela aurait supposé déclarer les avoir reçu et devoir en justifier pourquoi ces trusts les lui avaient données ce qui n’était pas légal. Donc le vrai problème, média et hommes politiques se gardent bien de le soulever : ce sont les trusts qui corrompent les hommes politiques.

Les lobbys des trusts du Bâtiment, du Nucléaire, des labos pharmaceutiques ou de l’Automobile sont au pouvoir dans un pays démocratique comme la France et y font la loi, quelque soit les vote des électeurs.

Cette vérité, tous les politiciens soi-disant indignés se gardent bien de la dévoiler.

En se contentant de dénoncer la corruption de quelques politiciens, les démagogues se gardent bien de dénoncer le fondement de la société de classe, la domination de quelques grands capitalistes qui ont plein pouvoir sur la prétendue démocratie française autant que sur les républiques bananières ou les dictatures africaines.

Se contenter de souligner la corruption des politiciens, de tous les Cahuzac, c’est s’en tenir à la surface des choses et surtout ne pas soulever le problème du fonctionnement du système lui-même.

Bien sûr, les peuples sont indignés des mensonges et vols des gens qui les gouvernent et ils le sont de bonne foi. Mais ils se trompent car, en s’indignant, ils contribuent à faire croire qu’il y aurait une morale que, dans le cadre du système, on devrait respecter de manière démocratique et ceux qui contribuent à leur faire croire cela, les prétendus moralistes, sont des politiciens tout aussi hypocrites et tout aussi favorables au système d’exploitation. Au Maghreb et dans le monde arabe, il n’a pas manqué de politiciens démocrates ou islamistes pour surfer sur l’indignation populaire contre les gouvernants en se gardant de désigner les vrais responsables de la classe bourgeoise. Ici, ce sont des politiciens de droite ou d’extrême droite et de la gauche de la gauche qui surfent sur les mêmes prétendus scandales.

Même en termes de détournements de l’argent des impôts, le vrai scandale ne consiste pas en un ou plusieurs ministres qui ont des comptes en Suisse ou dans on ne sait quel paradis fiscal. Car il y a bien plus de milliards d’euros de l’argent de nos impôts qui sont détournés officiellement que clandestinement, officiellement sous prétexte d’aide à l’économie, d’aide à l’emploi, d’aide à la recherche, d’aide à l’écologie, etc… Il y a encore bien plus de milliards qui sont offerts en cadeaux aux capitalistes sous prétexte de risques systémiques. Or les moralistes qui s’indignent d’un Cahuzac ne protestent pas nécessairement contre les « crédits d’impôts » sous prétexte de défense de l’emploi et de l’économie.

Moraliser le capitalisme, réguler le capitalisme, réformer le capitalisme, contrôler le capitalisme, on n’a entendu que ces discours depuis la crise de 2007 mais personne n’a vu le début d’un changement quelconque parce que celui-ci n’a pas de réalité. Le capitalisme n’a pas de contenu moral. Il n’a jamais cherché à servir ni l’emploi, ni le développement, ni le bien-être, ni le progrès, ni les intérêts des peuples. Ce n’est pas au moment où son effondrement nécessite de couper la gorge des peuples que le système va susciter sa propre réforme et devenir un instrument du bien-être des peuples !!! Faire croire qu’un bon chef d’Etat ferait changer le sens du capitalisme, c’est se moquer du monde, ce que font tranquillement tous les Mélenchon et autre politiciens de la gauche de la gauche comme ceux des autres courants réformistes, sans parler des autres courants de droite ou d’extrême droite. Il ne suffit d’un vote à gauche pour que la classe dirigeante tombe ! Cela ne suffit pas pour que l’Etat cesse d’être au service des exploiteurs. Que Mélenchon se réclame de la prise de la Bastille et de la révolution française marque seulement qu’il cache que cette révolution a été la mise en place d’une dictature de classe de la bourgeoisie et non la mise en place d’une démocratie. Il y a eu en France cinq républiques bourgeoises. La sixième république, que Mélenchon et le PCF appellent de leurs vœux, serait encore une république bourgeoise. On remarquera qu’ils ne proposent pas de deuxième Commune de Paris, c’est-à-dire un nouveau pouvoir aux travailleurs comme en 1871, mais une sixième république bourgeoise comme en 1789 !

Mélenchon, comme le PCF, ont prétendu faire de Cahuzac ’’un cas personnel’’ pour justifier qu’ils continuent à faire partie de la majorité gouvernementale. Ils voudraient même faire oublier, sous les accents indignés de Mélenchon, que jusqu’à trois jours des aveux de Cahuzac, ils écrivaient que l’affaire se dégonflait...

Mais l’essentiel n’est pas là. Les Mélenchon et autre réformistes cultivent l’hypocrisie essentielle : faire croire qu’un homme politique de gauche honnête à la tête de l’Etat bourgeois pourrait servir autre chose que la bourgeoisie.

Ce n’est pas les politiciens corrompus qu’il faut virer, ce sont les corrupteurs, les licencieurs, les exploiteurs, les trusts et capitalistes financiers auxquels il faut retirer le pouvoir de nuire, le pouvoir d’Etat et le pouvoir sur l’économie.

Pour faire face aux corruptions, aux licenciements, à la misère qui monte, plus que jamais les réformes n’ont aucun sens et les réformateurs sont des menteurs. Se mobiliser pour « faire comprendre » aux politiciens, manifester, faire grève et voter pour se faire entendre d’eux, c’est plus que jamais être trompé. Ils entendront toujours plus quelques grands capitalistes que des millions de travailleurs et de gens des milieux populaires indignés.

Il ne faut pas se faire entendre, il faut s’organiser pour décider nous-mêmes sans plus passer par les institutions des classes exploiteuses. Il faut exercer nous-mêmes le pouvoir de manière directe, au travers de nos comités de salariés, de chômeurs et des milieux populaires.

Ce n’est pas les seuls Cahuzac qu’il faut virer du pouvoir, ce sont tous les intérêts capitalistes et pour cela, c’est aux salariés de prendre vraiment le pouvoir, en détruisant le pouvoir bourgeois et son Etat.
« Une seule solution, la révolution » est bel et bien la réponse à la fois à la crise économique, sociale et politique de la domination de la bourgeoisie.

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