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Et si on sacrifiait nos salaires, nos impôts et nos emplois pour aider le capitalisme à se sauver ?

mercredi 21 novembre 2012, par Robert Paris

Et si on sacrifiait nos salaires, nos impôts et nos emplois pour aider le capitalisme à se sauver ?

Voilà le projet que nous proposent les patrons, les principaux partis de gauche, de droite et d’extrême droite, le gouvernement et certains syndicats. Ils affirment que « la France est désindustrialisée », « la France manque de compétitivité », « la France fait payer trop de taxes à ses patrons », « la France vit au dessus de ses moyens ». Certains ont cru qu’Hollande-Ayraut-Montebourg allaient défendre un point de vue inverse. Ils se trompaient. Ils sont pour l’austérité pour la population et les aides aux capitalistes.

L’idée de fond est : accepter des sacrifices maintenant pour faire repartir la machine. En somme, il faudrait que les choses aillent plus mal maintenant pour qu’elles aillent mieux après. Mais on nous propose qu’elles aillent plus mal pour nous pour qu’elles aillent mieux pour les plus riches ! Et rien ne garantit qu’enrichir ceux qui sont déjà très riches veuille dire qu’ils vont investir dans la production et le commerce plutôt que dans la spéculation, comme ils l’ont déjà fait avec profit…

La fable des efforts pour s’en sortir, on a vu où elle a mené le peuple grec, de sacrifice en sacrifice pour préparer d’autres sacrifices mais sans rien sauver du tout : ni l’économie, ni l’emploi, ni les services publics, ni les salaires, ni les retraites… En Grèce, ils n’ont sauvé que les capitalistes, grecs ou pas, qui y avaient spéculé, mais ni l’économie, ni les finances publiques, ni les services publics, ni l’emploi, ni les salaires, ni les retraites. Et la faillite continue d’approcher à grands pas malgré les sacrifices !

Faut-il accepter de payer plus d’impôts pour découvrir que l’argent de nos impôts sert à sauver la banque de PSA mais pas ses salariés, la banque CIF mais pas ses salariés, la banque DEXIA mais pas les communes qui y avaient mis leurs économies, le trust Renault mais pas ses salariés puisqu’on leur demande de perdre 30% de leur salaires et de devenir flexibles, etc ?

Faut-il accepter de payer des taxes à la place des capitalistes, de payer des impôts alors que les trusts comme Total n’en paient pas, de réduire nos revenus alors que les capitalistes ne le font pas, de nous sacrifier alors que le grand capital ne sacrifie rien ? Faut-il réduire nos salaires, augmenter nos charges de travail, réduire les emplois publics en dégradant le service public, alors que les « bénéfices » de ces efforts seront donnés en cadeau aux capitalistes sans aucun engagement de leur part ?

Faut-il accepter de détruire les contrats de travail CDI, faciliter en somme les licenciements, sous le prétexte de créer plus d’emplois qui seront en fait précaires ? Dans la réalité, le gouvernement de gauche vient d’en donner l’exemple pour les jeunes en payant à la place des patrons des salariés précaires et mal payés sous prétexte d’aider l’emploi des jeunes !

Le gouvernement de gauche estime qu’il est mieux placé que l’était la droite pour faire passer « en douceur » des sacrifices très durs que réclament les patrons. Pour cela, ils détiennent une méthode qui leur semble imparable : la négociation. Les syndicats, selon eux, ne peuvent pas refuser de négocier : ce serait se renier puisque ces organes tampons entre salariés, Etat et patronat tiennent à participer à ces mascarades autour du tapis vert.

Faut-il continuer de laisser ces organisations, qui prétendent représenter les travailleurs, discréditer le camp des travailleurs par de telles discussions sur notre dos pour faire croire que nous aurons été consultés quand les prix à payer tomberont ?

Faut-il accepter que nous soyons trimbalés d’une élection présidentielle à une élection législative et, à chaque fois, pour exprimer notre colère en ne changeant rien du tout de l’ordre social de plus en plus injuste et insupportable ?

Non ! Non ! Et non !

Il n’y a aucune fatalité à accepter tout cela.

Pour en sortir, il faut que les travailleurs interviennent sur le terrain politique en dehors des élections bourgeoises, il faut qu’ils s’organisent sur la base des lieux de travail et d’habitation. Il faut qu’ils ne craignent pas de définir leurs orientations en discutant entre eux sur des bases de classe. Les patrons n’ont pas peur de le faire au travers de leur syndicat, le Medef et ce dernier défend ouvertement des objectifs de classe, celle des patrons. Par contre, ceux qui se disent « nos syndicats » défendent autre chose : l’économie, le développement, le pays, l’industrie, c’est-à-dire en définitive le capitalisme !

Est-ce un hasard si le dernier secrétaire général de la CGT qui vient d’être nommé est justement le responsable de ce syndicat qui s’est permis d’apparaitre ouvert à la privatisation de la SNCF ?
Alors que l’ensemble de la classe capitaliste est entrée en guerre en France de manière ouverte à partir de l’annonce des licenciements à PSA, que le gouvernement a clairement pris parti pour eux, les syndicats font comme s’ils étaient conviés à de véritables négociations dans lesquelles la négociation allait pouvoir se dérouler, comme s’il allait suffire de quelques journées d’action pour changer le rapport de forces face à des patrons décidés à en découdre…

Alors que le chômage atteint de records, alors que les capitalistes se désinvestissent massivement, alors que l’ensemble du patronat exerce un chantage à grande échelle en exigeant des réductions du coût global de travail, nous avons des syndicats de salariés qui font comme s’il s’agissait de quelques discussions appuyées sur quelques promenades dans les rues pour éclaircir l’atmosphère en mettant en place une nième réforme !

Réformer les services publics ? Mais il s’agit en fait de les détruire ! Réformer les contrats de travail ? Mais il s’agit de les supprimer pour mieux licencier !

Loin de lutter contre le chômage de masse, ce gouvernement est train de mettre en place son augmentation en supprimant massivement des emplois publics et en aidant les capitalistes à faire passer le coût de ces suppressions d’emplois…

Et tous ces sacrifices qu’on se prépare à nous imposer ne serviront nullement à redresser quoique ce soit. L’Angleterre qui les a subis n’est pas plus ferme face à sa désindustrialisation que la France. L’Allemagne qui était mieux placée est justement en train de chuter au moment même où on la présente en exemple. Et ne parlons pas des USA ou du Japon où le chômage est loin de se réduire. Même des pays émergents où la main d’œuvre est beaucoup moins chère voient leur économie reculer comme la Russie, l’Afrique du sud, l’Inde et même la Chine dont l’activité serait en recul massif sans les investissements d’Etat…

Ce n’est pas la France qui se porte mal, pas l’Europe, pas l’euro. C’est le capitalisme et tous les sacrifices du monde ne le sauveront pas. Ils ne feront que nous couler.

Plus tôt nous prendrons conscience que c’est à une lutte de classe sévère que nous devons nous préparer, plus vite nous nous organiserons dans ce but, plus il sera possible de faire reculer les capitalistes aujourd’hui à l’offensive. Plus nous semblons prêts à faire des sacrifices, plus ils vont nous en imposer. Plus nous semblons prêts à en découdre avec le système capitaliste, à le frapper même, plus nous pouvons imposer nos emplois, nos revenus, nos vies comme intouchables. S’ils prétendent défendre le système d’exploitation par des sacrifices, qu’ils se sacrifient eux-mêmes !

S’ils veulent par contre sacrifier nos emplois, nos salaires, nos retraites, nos services publics, nos familles, nos logements, montrons leur que nous sommes prêts à sacrifier leurs banques, leurs coffre-forts, leurs trusts, leurs bourses, leurs capitaux…

Ce n’est pas le chemin que prennent la gauche, les syndicats et toutes les organisations réformistes. Eh bien tant pis, nous n’avons pas besoin de ces « sauveurs ». Travailleurs, organisons-nous nous-mêmes !

Messages

  • Dans la plupart des journaux on nous bassine sur le fait que la moitié des familles seraient exonérées d’impôts sur le revenu.

    Dans la réalité...

    Tous prélèvements confondus, les classes populaires, c’est-à-dire celles qui gagnent jusqu’à 2.200 euros bruts par mois, sont confrontées à un taux d’imposition de 41% à 48%, comme le démontrent les économistes Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez, auteurs de l’ouvrage Pour une révolution fiscale (Le Seuil/République des idées). Autrement dit, ces foyers reversent entre 41% et 48% de leurs revenus à l’Etat.

    Les classes moyennes, qui gagnent de 2.300 à 5.100 euros bruts, paient entre 48% et 50% d’impôts. Les classes aisées, qui ont plus de 5.200 euros de revenus, paient aussi près de 50% d’impôts… Jusqu’à un revenu de 6.900 euros. A partir de là, le taux d’imposition commence à diminuer, jusqu’à atteindre 33% pour ceux qui gagnent plus de 14.000 euros par mois.

    Proportionnellement, les pauvres paient donc bien plus d’impôts que les riches en France. C’est ce que l’on appelle un impôt régressif.

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