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La sécurité en Corse viendra-t-elle du déploiement accru des forces de répression ?

samedi 17 novembre 2012, par Robert Paris

La sécurité en Corse viendra-t-elle du déploiement accru des forces de répression ?

Ministre de l’Intérieur et ministre de la Justice ont prétendu démontrer par leur présence et leurs discours leur volonté de se s’impliquer dans la situation de l’île, frappée par une recrudescence des crimes. Dernier en date, Jacques Nacer est la 17e personne tuée par balles dans l’île depuis le début de l’année. Encore un ancien du courant nationaliste et encore un proche de Orsoni. Et toujours des crimes inexpliqués et des criminels curieusement introuvables ! Les ministres ainsi que le premier ministre ont fait de grandes déclarations prouvant, selon eux, que l’Etat français ne va pas baisser les bras et va régler la question des meurtres restés sans arrestation et même sans soupçons précis. Le ministre de l’Intérieur en est à demander à celui dont le clan est visé, Orsoni, de dire qui sont les coupables. C’est dire l’état de l’enquête !

En dépit de forces de police (les plus nombreuses de tous les territoires), le taux d’élucidation des crimes de sang est insignifiant. Les médias locaux se bornent à commenter les faits sans opérer d’investigations. On ne saurait les montrer du doigt alors que les politiques, élus et formations, soit en appellent au renforcement de l’appareil d’État, soit se bornent à déplorer la situation.

Ils ont tous une explication de cette incapacité de forces de l’ordre de trouver les criminels : la mafia fait respecter la loi du silence. Mais qu’est-ce qui prouve que la police locale elle-même ne respecte pas la loi du silence pour une raison très précise : parce que certains de ses membres pourraient (notez le conditionnel !) être directement impliqués dans ces assassinats ? Bien sûr, nous ne faisons que poser la question et elle mérite d’être posée car on a connu en Corse une époque des barbouzes et personne ne souhaiterait que ces bandes issues des forces policières recommencent à tuer en Corse. N’est-ce pas ? Mais comment vont-ils trouver les responsables et soigner le mal s’il est déjà à l’intérieur des forces de répression et des classes dirigeantes que ce gouvernement défend ? Ce n’est là encore qu’une question et pas du tout une accusation, notez-le bien ! Mais on va voir dans la suite que la question peut valablement être posée.

Le mal, nos ministres prétendent en tout cas l’avoir identifié : mafia et affairistes de la drogue et du tourisme se feraient la guerre pour un fromage plus croustillant que jamais avec le développement du tourisme et de l’immobilier sur la côte corse…

L’explication donnée par les forces de l’ordre est la même que celle qui est donnée à Marseille : une guerre des gangs due à l’exacerbation de la concurrence entre ces groupes et au rajeunissement des équipes.

Guerre des entre bandes rivales en Corse ? Peut-être. Mais comment expliquer alors que les personnes tuées soient toutes des anciens de l’équipe Orsoni, d’anciens nationalistes devenus affairistes et ayant mis la main sur un certain nombre de profits juteux ? Un conflit entre bandes rivales du type vendetta corse devrait donner des morts dans différents camps et pas toujours dans le même, non ?

Par contre, si on cherche au début de la série des gens d’autres clans qui auraient été tués, on ne trouve que le clan des anciens barbouzes de la France en Corse. Qu’en conclure ?

Il faut remarquer également que le leitmotiv de ces deux ministres consiste à dire que l’Etat va sauver le peuple corse de l’insécurité et qu’il suffira d’affirmer que l’Etat français ne les abandonnera pas. Mais est-ce vrai ? Valls affirme que la Corse fait partie de la France comme si c’était vrai seulement depuis qu’il est en fonction !

Qu’est-ce qui démontre même que l’action de l’Etat français en Corse n’est pas une grande partie du problème ? N’y a-t-il pas dans ces meurtres une action de certaines forces policières, de polices parallèles ou de groupes paramilitaires liés à des cadres de la police en Corse ? La population corse parle, elle, de barbouzes.

Qu’est-ce qui prouve qu’il s’agit juste d’une mafia et d’un banditisme et pas d’une orientation de la bourgeoisie corse elle-même et de la bourgeoisie française et italienne en Corse ? Dans ce cas, les déclarations des ministres risquent d’être aussi éphémères, velléitaires et inefficaces que les autres déclarations péremptoires du gouvernement à chaque fois que cela touchait de véritables intérêts de la bourgeoisie, qu’il s’agisse de licenciements, de fermetures d’entreprises, de non paiement des impôts ou de taxes.

Taubira et Valls se gardent bien de discuter précisément des intérêts financiers, immobiliers et spéculatifs en Corse et se contentent de déclarations de bonnes intentions, choses que les Corses ont déjà maintes fois entendues et qui les laissent sceptiques maintenant. Il y a même de très bonnes raisons de penser que les beaux discours de ces deux ministres sont de la poudre aux yeux pour cacher des responsabilités au niveau de l’Etat dans les crimes en Corse !

Quelles raisons aurait-on de penser que l’Etat français n’est pas blanc dans toutes les affaires corses vaseuses ? Oh la la ! Tout plein de raisons ! On va avoir du mal à vous résumer tous les épisodes précédents des sales affaires corses dans lesquelles l’Etat central et ses flics sont directement impliqués et pas seulement pour pourchasser le crime organisé mais plutôt pour y participer… Et depuis longtemps.

Bien des gens ne se souviennent même pas que des malfrats corses ont été systématiquement recrutés dans les services spéciaux du gaullisme (RPF, SAC) puis dans les services secrets de l’Etat et jusqu’à la DCRI. Vous connaissez Pasqua, Sarkozy, Squarcini… Tous ces gens-là ont en commun d’avoir activé au sein du Service d’Action Civique et d’avoir des liens avec certains clans corses qui sont hostiles aux nationalistes corses. Or ces clans là se sont organisés parfois militairement et ont commis de vagues d’assassinats. On retrouvait souvent chez eux le terme « Francia » pour exprimer qu’ils défendaient l’appartenance de la Corse à la France en s’opposant aux nationalistes. Beaucoup de gens se rappellent plus volontiers du terrorisme nationaliste corse que de celui des nationalistes… français.

D’autant que cette lutte est très loin d’être idéologique et théorique mais financière. La lutte est âpre entre les tenants des terres agricoles et ceux de la spéculation immobilière.

Les ministres se sont bien gardés d’évoquer cette mouvance du type de « Francia » alors qu’il est évident que la mouvance nationaliste corse d’Orsoni et du MPA est particulièrement visée. Or ce type de mouvance-là est liée aux forces de l’ordre de Corse. Donc comment demander à la police d’enquêter sur elle-même ? Et on a pu remarquer que les quelques velléités de certains commissaires d’enquêter se sont heurtées au niveau central et national à l’opposition de responsables comme Squarcini…

En 1983, Bernard Squarcini est adjoint au directeur régional des Renseignements généraux (RG) en Corse. En 1989, il est chef de la division « enquêtes et recherches » à la Direction centrale des Renseignements généraux (DCRG). En 1993, il devient sous-directeur des recherches à la DCRG tout en étant parallèlement, à partir de 1994, directeur central adjoint des RG sous la direction d’Yves Bertrand. Pour ce dernier, interviewé par Mediapart en janvier 2012, Bernard Squarcini est devenu « l’homme du président, l’espion du président » et « s’est entiché de M. Sarkozy comme n’importe quel fonctionnaire l’aurait fait dans un système autoritaire » tout en estimant que son ancien adjoint « a fait des coups tordus chaque fois qu’il y en avait à faire ». Bernard Squarcini fut notamment l’un des artisans de l’arrestation en 2003 d’Yvan Colonna, l’assassin présumé du préfet Claude Érignac, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur. En février 2004, Bernard Squarcini a été nommé préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il succéda à ce poste à Roger Marion, nommé préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais. En janvier 2004, d’après certaines sources, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, aurait souhaité nommer Bernard Squarcini au poste de Directeur central des Renseignements généraux, mais Jacques Chirac préféra finalement nommer le préfet Pascal Mailhos. Bernard Squarcini est considéré comme un proche de Nicolas Sarkozy, compte tenu notamment de son rôle dans les affaires Colonna, Bettencourt, Merah et Clearstream. Le 17 octobre 2011, alors qu’il est toujours directeur de la DCRI, Bernard Squarcini est mis en examen par la juge Sylvia Zimmermann pour « atteinte au secret des correspondances », « collecte illicite de données » et « recel du secret professionnel », dans le cadre de l’"affaire des fadettes".

La gauche a certes démissionné Squarcini parce qu’il était trop proche de Sarkozy mais elle l’a couvert pour l’affaire Merah et le fera aussi dans bien d’autre. Valls ne mouillera jamais l’ensemble des services policiers. Il limite la casse comme il l’a fait à Marseille en n’impliquant que quelques « brebis galeuses » et en ne révélant pas la totalité du pot aux roses car il se garde d’expliquer ce qui motivait les bandits pour donner de grosses sommes aux policiers de la BAC de Marseille.

Du moment que Valls va trouver des gros bonnets de la police sur son chemin, il s’arrêtera dans ses investigations sur les crimes en Corse. Cela n’a rien d’étonnant. C’est un homme politique qui place plus haut que tout la défense de l’Etat. Or, c’est l’Etat français qui a joué sur les clans corses pour maintenir sa domination sur l’île, entre les clans qu’il a favorisés et qui se sont dits pour la domination de la république en Corse et ceux qu’il a combattu et qui se sont dits nationalistes. Aujourd’hui, l’Etat dénonce l’affairisme lié à l’exploitation du littoral et du tourisme par des bandes qui se battent pour les terres et les implantations immobilières et touristiques, mais c’est les gouvernements successifs qui se sont débrouillés pour que les groupes qui leur étaient liés mettent la main sur ces richesses fabuleuses.

La politique du tout tourisme voulu par le PS sous Jospin puis par l’UMP et, par la même occasion, le démantèlement des lois de protection des espaces naturels et en particulier la loi dite « Littoral » sans aucun contrôle de la population ni d’aucun organisme. Dans ces brèches désormais ouvertes se sont engouffrés des capitaux en mal de recyclage. Les appétits se sont aiguisés et la spéculation immobilière n’a jamais été aussi forte. Deuxième élément, l’émergence de nouvelles bandes et les fractures apparues entre celles du milieu plus ancien.

Par exemple la petite commune de Pietrosella, au sud d’Ajaccio, très connue pour sa petite presqu’île, l’Isolella, assez densément peuplée. Celui qui essaie de faire le tour de la presqu’île par la côte tombera vite sur un os, en béton. Ports privés, terrasses juchées sur les rochers et autres constructions illégales : ce n’est pas une exception de Pietrosella. Sur la commune voisine de Coti, 5 établissements se trouvent en toute illégalité sur les plages et grèves.

Depuis la loi n°86-2 du 3 janvier 1986, communément appelée Loi Littoral, « les constructions ou installations sont interdites sur une bande littorale de cent mètres à compter de la limite haute du rivage ». Les communes sont tenues, à peine de voir leur plan d’occupation des sols annulé par le préfet, de déclarer inconstructible cet espace, hors zones déjà urbanisées.

Mais nos constructeurs français en Corse font encore mieux. Ils construisent sur le littoral, c’est déjà interdit, mais surtout ils bâtissent sur le domaine public maritime – imprescriptible et inaliénable depuis l’Edit de Moulins (1566), c’est encore mieux ! Le DPM englobe quant à lui « tout ce que la mer couvre et découvre pendant les nouvelles et pleines lunes, et jusqu’où le grand flot de mars se peut étendre sur les grèves », hors perturbations exceptionnelles.

Pour construire sur le DPM, il faut une autorisation préfectorale. Ces constructions sont donc illégales, et à ce titre peuvent être soumises à destruction forcée, juste par le fait qu’elles sont sur le DPM. Que fait l’Etat ? « Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Un Corse qui construit une pauvre paillotte sur une plage la verra brûlée en l’absence de tout cadre légal En revanche, si vous vous appelez Jean-Bernard Lafonta, que vous êtes l’ancien président du directoire de Wendel Investissement, que vous êtes français et millionnaire, l’Etat généreux fermera les yeux sur votre maison qui s’assit sur la loi Littoral et sa terrasse bâtie sur le DPM… la preuve par l’image !

Mieux encore. Puisque l’Etat colonial ne voulait à l’évidence pas appliquer sa loi, les résistants Corses l’ont fait à leur façon en plastiquant la villa fin août 2010. La villa a été reconstruite… dans l’état d’origine, donc illégal. Étonnamment, personne n’a tiqué, ni à la mairie en accordant le permis de construire, ni à la préfecture. Permis qui n’aurait jamais du être accordé puisqu’il visait la reconstruction d’une bâtisse illégale, dont le seul moyen de régularisation est… la démolition.

Un gouvernement qui avait prétendu en faire un instrument pour détourner le nationalisme corse de l’activisme politique hostile à la France,c’était justement le gouvernement Jospin qui avait levé en Corse les interdits de la loi littoral qui s’applique sur le continent et pas dans l’île.

Une unanimité d’autant plus étonnante qu’entre les clans de l’île, de droite, de gauche et les divers partis nationalistes, ce n’était pas seulement la discorde mais parfois les meurtres entre militants. Le plan de Jospin n’était pas une solution politique mais économique et sociale : acheter les classes dirigeantes locales ! Cela convenait aussi bien aux nationalistes comme à la majorité des élus RPR, centristes, socialistes, et en particulier au président de l’assemblée régionale, le « démocrate libéral » et ami de Madelin José Rossi ? Bizarre ? Non, il suffisait d’examiner le plan dans son volet... pécuniaire. En résumé, pour les riches corses, plus trop question d’avoir des impôts à payer. Il suffisait, pour échapper aux taxes, d’invoquer un quelconque effort d’investissement local. Les cadeaux précédents étaient confirmés, comme les avantages type « zone franche ». D’autres, qui avaient été abolis sont rétablis comme « les arrêtés Miot ». De nouvelles enveloppes étaient prévues pour les aides directes ou indirectes aux « investisseurs », en particulier pour les grands propriétaires fonciers. Un pactole était offert aux spéculateurs par la réforme de l’aménagement du territoire. Les zones protégées jusque-là de la coulée de béton et des spéculateurs immobiliers par la « loi littorale » ne l’étaient plus, car ce n’est plus l’Etat mais les nantis locaux qui allaient décider eux-mêmes de cet « aménagement ». Et cela au nom de la décentralisation des compétences et des décisions. Bien entendu tout cela venait s’ajouter aux distributions des fonds européens d’aide qui, comme depuis des décennies, iraient bien sûr à ceux qui n’en avaient aucun besoin. Il était en tout cas bien significatif que personne, ni dans le personnel de l’Etat, ni à gauche, ni à droite, ni chez les nationalistes, n’ait même parlé alors de consulter la population vivant dans l’île ! Car la population corse, elle, avait été tenue complètement à l’écart des tractations entre les notables de tous poils et le gouvernement. Voilà qui ne laissait guère de doute : elle serait de même tenue à l’écart des avantages financiers. Et c’est bien entendu ce qui s’est produit.

Sarkozy a pleinement suivi cette ligne favorisant le tout-touristique dans le développement de la Corse. Toute la côte s’est couverte d’implantations immobilières, tous les ports sont devenus des rendez-vous des yachts et de la jet-set. L’île qui, contrairement à la Côte d’Azur, avait conservé son caractère sauvage est devenue un haut lieu des investissements immobiliers et du fric. Résultat : pendant un temps, tout ce que l’île compte d’affairistes se sont jetés sur cette manne qui a fini d’être distribuée et maintenant ils se la redisputent armes à la main… Certains voudraient reprendre, armes à la main, ce qui avait été concédé aux nationalistes.

Les hommes politiques peuvent bien accuser l’affairisme en Corse mais les chefs d’Etat successifs l’ont bien favorisé cet affairisme et se sont servis au passage, ont trouvé ainsi à favoriser leur clientèle locale.

N’oublions pas que, dans la montée du petit personnage Sarkozy, l’entrée dans un clan corse a été un passage obligé, après mariage, vers la montée dans l’appareil du SAC, du RPR, vers les postes politiques et la mairie de Neuilly.

Bien des gens ignorent cette corsitude de Sarkozy qui n’a jamais été éliminée du parcours même après le passage à l’Elysée. N’a-t-il pas envoyé son fils faire un stage comme berger en Corse… à Cargèse ! Berger de Cargèse, cela ne vous dit rien ? C’est le métier de celui qui a été accusé d’avoir éliminé le préfet Erignac, le jeune Yvan Colonna. Eh oui, le clan de Sarkozy est opposé clan de Colonna, clan de gauche contre clan de droite : Clan Culioli-Péretti contre clan Colonna. Pas étonnant que celui qui a mis la main sur le jeune berger s’appelait Squarcini, vous savez le Corse le plus haut placé dans les services de police nationale et le plus proche de Sarkozy et responsable des services secrets en Corse puis sur le continent, celui est mêlé à toutes les affaires scabreuses de Merah à Bettencourt en passant des affaires immobilières douteuses et par la lutte pour le contrôle du cercle de jeux Wagram…

Nicolas Sarkozy prend l’habitude de se rendre dans la région d’origine de sa belle-famille, près de Sagone, village de la côte ouest de la Corse. On l’introduit auprès des notables du cru. « Nicolas Sarkozy a fait des efforts pour s’approcher au plus près de la culture corse, explique Jean-Marc Philibert, auteur d’une biographie de Jean Sarkozy, Le fils doré. Le président a eu une enfance un peu particulière, avec un père absent, peu de liens familiaux. Je le crois fasciné par le côté clanique de la société insulaire. »

Pour Antoine Albertini, journaliste spécialiste de l’île, Sarkozy « retrouve en Corse une manière d’être qui lui convient parfaitement : l’exaltation des vertus viriles, de la volonté, et un certain déterminisme. La Corse est à la lisière de plusieurs mondes : la jet-set, les flics musclés, les politiques ambitieux et retors ».

A quelques kilomètres de Sagone, dans le village de Cargèse, est établie une autre famille : les Colonna. Presque des voisins, d’autant que la sœur d’Yvan est l’épouse d’André Géronimi, glacier-pâtissier à Sagone et ami de la famille Culioli. Nicolas Sarkozy l’accompagne à l’occasion lors de sa tournée. Y eut-il un jour un face-à-face entre le futur ministre de l’Intérieur et le futur ennemi public n°1 ? L’hypothèse est tout à fait imaginable.

Leurs fils respectifs, en tout cas, se sont rencontrés. Selon Jean-Marc Philibert, qui a recueilli des témoignages sur place, « Jean Sarkozy jouait au foot sur la plage avec le fils d’Yvan Colonna ». Considéré comme un enfant du pays, l’adolescent a, comme son frère, effectué un stage de deux semaines chez un berger de la région. Jean-Marc Philibert raconte :

Si Taubira et Valls prétendent que la Corse n’est pas un territoire à part, ils se gardent de le dire pour la loi Littoral, pour le procès Colonna, pour les diverses enquêtes pour crime ou pour détournements de fonds.

La presse a rapporté le nombre de morts en France que représente la statistique des crimes en Corse. Mais il faudrait y rajouter quelques épisodes significatifs :

 350 personnes interpellées en 10 mois, de février à décembre 1998 ; rapporté à la population française, ce chiffre reviendrait à placer en garde à vue arbitrairement plusieurs dizaines de milliers de personnes : si cela c’était passé dans l’hexagone, qui, dans la classe politique française, aurait accepté pareil scandale sans dire un mot ?

 l’incarcération infondée, pendant de très longs mois, de quatre mois à dix huit mois, de quarante-deux personnes : certaines d’entre elles – notamment Roger Simoni et Marcel Lorenzoni – sont mortes sans avoir été réhabilitées, d’autres sont ruinées familialement, économiquement, moralement. 13 ans après, ces innocents attendent toujours le non-lieu qui leur est dû : si cela c’était passé dans l’Hexagone, qui, dans la classe politique française, aurait accepté pareil scandale sans dire un mot ?

 les manipulations policières qui sont désormais connus de nous tous : le faux procès-verbal du Commissaire Frizon, les détournements de commission rogatoire du Commandant LEBBOS, les mensonges du même débouchant sur la condamnation en première instance d’Andriuzzi et Castela à 30 années de réclusion criminelle, la déposition d’un témoin accusant devant la Cour d’Assises MARION et BATTESTI (chef des RG dans l’île) d’avoir fait déposer des explosifs chez Matteu FILIDORI : si cela s’était passé dans l’Hexagone, qui, dans la classe politique française, aurait accepté pareil scandale sans dire un mot ?

Tout dans le procès Colonna prête à étonnement et à méfiance à commencer par la condamnation publique du présumé innocent et sa proximité personnelle et familiale du détenu…. Et sans parler de l’absence totale de preuve contre Colonna…

 Chevènement en août 1999 dans le journal « Le Monde », stigmatisant l’ « acte odieux d’ Yvan Colonna » ;

 Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, annonçant fièrement l’arrestation d’ « Yvan COLONNA, l’assassin du Préfet Erignac », et affirmant publiquement, à Santa Lucia di Tallà, en 2007, à la veille du premier procès, sa conviction de la culpabilité d’Yvan ;

 Guéant, Secrétaire Général de l’Elysée, recevant nuitamment et clandestinement le témoin Marion quelques jours avant l’ouverture des débats ;

 Mme Alliot-Marie, Garde des Sceaux en exercice qui, fait inouï et sans précédent, s’exprima par communiqué officiel dans les heures suivant l’arrêt de la Cour de Cassation, pour adresser ses premières pensées à la partie civile ;

Donc l’Etat français, à son plus haut sommet, est impliqué dans toutes les affaires douteuses de Corse et sa prétendue objectivité fait totalement défaut. Et ce n’est visiblement pas Valls qui va parvenir à changer cela malgré ses rodomontades !

Loin de démontrer que l’Etat va sauver la Corse, Valls est en train de montrer une région où, comme à Marseille, l’Etat et les classes dirigeantes sont au nœud du problème et sont loin d’en offrir la solution…

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