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Le véritable « choc compétitivité », ce serait de payer pour travailler !

mercredi 7 novembre 2012, par Robert Paris

Le véritable « choc compétitivité », ce serait de payer pour travailler !

Si les entreprises licencient, disent les patrons, c’est parce que les travailleurs sont trop payés, que les patrons sont trop taxés, que les conditions de travail ne sont pas assez flexibles et les patrons disent qu’en défendant ainsi leurs intérêts ils défendent l’économie française qui serait pénalisée… Ben voyons ! Les patrons des autres pays disent exactement la même chose, jusqu’aux patrons américains qui affirment sérieusement que l’on doit « élargir l’assiette » des impositions de riches. Plus grosse assiette pour plus gros mangeurs en somme….

Si on travaillait plus, payés moins et si les patrons ne payaient pas d’impôts, il y aurait, disent les patrons, un choc ! Eh oui, ce serait un choc pour tous les salariés et un choc aussi car les services publics, déjà dégradés, seraient détruits...

Les patrons en prennent à leur aise et pourquoi se gêner : le gouvernement a beau maugréer, il finit par ne rien leur refuser. Il « sauve » la banque CIF. Il « sauve » la banque de PSA. Il accepte que les médecins dépassent quatre fois et plus le plafond de la sécu. Il est prêt à leur faire une dispense d’impôts. Il va les détaxer. Il aide l’ « innovation » en matière de déductions d’impôts. Il prend moins d’argent au titre de l’impôt sur la fortune que Sarkozy. Et pourtant les patrons sont quasiment prêts à se considérer comme des pigeons et vont bientôt faire la grève des œufs et occuper le poulailler !

Alléger les charges des entreprises en alourdissant celles des ménages, voilà revenue la « TVA sociale » de Sarkozy qui revient avec Hollande ! Et de deux : un crédit d’impôts pour les patrons !! Et le gouvernement reconnaît que le coût du travail pèse trop sur les patrons et baisse les charges sociales patronales !!!

Et tout ça pour quoi ? Pour que l’emploi soit sauvegardé nous disent-ils ! Mais les emplois ne sont pas sauvegardés malgré les treize milliards donnés par le gouvernement à PSA. Mais les emplois des salariés des banques ne sont pas sauvegardés par les milliards que l’Etat leur a donnés. Mais les emplois ne sont pas sauvegardés pour l’ensemble des salariés de l’Automobile ne sont pas sauvegardés par les milliards donnés à Renault et Peugeot. Et les emplois continuent de chuter d’autant plus que l’Etat qui a distribué ces milliards déclare vouloir supprimer encore plus d’emplois de postiers, d’infirmières et de cheminots que les gouvernements précédents.

Les patrons n’auront donc plus à payer d’impôts, plus de taxes, n’auront même pas à investir dans les entreprises. C’est l’Etat qui, grâce à nos impôts à nous salariés qui continuerons de payer, va faire tout à la place des patrons. Ça on peut dire que ce sera un choc.

Quant à la compétitivité, où est-elle ? La logique de la compétitivité, c’est que les autres pays en fassent autant et même pire. Et alors ? Eh bien, on les suivra ! Il n’y a plus qu’à travailler avec le même taux de profit que les employés des prisons américaines et du goulag chinois !

On n’aura jamais fini de courir après les sacrifices pour être plus compétitifs que les autres. Et cela ne suffira nullement à sauver nos emplois. Les salariés des entreprises où les syndicats avaient signé des accords en ce sens avec les patrons l’ont pleinement démontré. Les Continental en ont fait les frais autrefois comme aujourd’hui les 10.000 salariés de Ford à Genk en Belgique qui sont jetés dehors après que leurs syndicats aient accepté tous les sacrifices que leur demandait le patron. Et les syndicats viennent encore de céder au chantage de PSA à Sevelnord…

Le simple fait que les centrales syndicales acceptent de s’asseoir à la table des négociations alors qu’il est clair qu’ils y vont pour que les travailleurs se fassent plumer, est très significatif. Ils pourront toujours descendre ensuite dans la rue et dire qu’on les a trompés mais c’est faux. Patronat et gouvernement ont annoncé la couleur.

Le sens dans lequel agissent les centrales syndicales est limpide à PSA : avec des milliers de licenciements dans tous les sites et la fermeture d’Aulnay, jamais démentis, ils n’ont jamais proposé aux salariés de véritablement riposter, et pas même de faire grève avec occupation et encore moins de s’unir aux autres salariés licenciés pour construire une vague de riposte allant d’entreprise en entreprise avec des AG communes et un mouvement menaçant pour le patronat.

Quand on s’allonge ainsi, il n’y a pas à s’étonner de se retrouver à ramper. Les militants syndicaux locaux sont certainement honnêtes mais ils refusent eux aussi de prendre en compte que les patrons ont sorti les couteaux et nous ont déclaré la guerre. Ils en restent à revendiquer de négocier alors qu’en face on frappe déjà !

Il n’y aura pas d’autre limite aux sacrifices que celle que nous mettrons nous-mêmes en nous organisant en comités de salariés en colère, en comités de grève, en comités de lutte, en comités au niveau de l’entreprise ou du quartier. C’est à nous de décider que la coupe est pleine et que nous ne voulons pas subir le sort des travailleurs grecs, espagnols, islandais, américains ou chinois qui tous subissent des attaques s’aggravant de jour en jour.

Les gouvernements de gauche comme de droite ne feront rien d’autre que nous tromper. Ce n’est pas l’Etat de la bourgeoisie qui va sauver les travailleurs car tel n’est pas son rôle. Quant aux patrons, ils préfèrent retirer leur argent de la production et la réserver pour spéculer. Ils transforment toutes les entreprises en banques et veulent du cash, rien que du cash pour retourner jouer au casino de la bourse des valeurs financières qui rapporte tant en si peu de temps. Aucun gouvernement ne parle même de les en empêcher car aucun n’en a le pouvoir.

Nous seuls, travailleurs, avons ce pouvoir de réquisitionner les entreprises et les capitaux, d’enlever aux patrons le pouvoir de nous nuire, de détruire nos vies. Toute la question est la suivante : ont-ils réussi à nous mener à un stade où nous nous méfions plus des travailleurs d’autres pays que des patrons, plus des travailleurs immigrés que des patrons licencieurs, plus des Roms que des Peugeot, plus de nos frères de classe que de nos ennemis ! Si c’était le cas, nous n’aurions fait que préparer la société au nazisme. Car les crises systémiques mènent toujours aux mêmes résultats : fascisme et guerre.

Non ! Nous ne sommes pas condamnés à attendre passivement le couteau du boucher ! Nous n’avons pas à accepter que les patrons nous retirent notre gagne-pain ! Nous n’avons pas à nous soumettre aux « nécessités de la compétitivité » qui nous mènent à l’abîme !

Il faut répliquer œil pour œil, dent pour dent, sans craindre de frapper ceux qui nous frappent : les classes dirigeantes et les Etats à leur service.

Non, on ne paiera pas, on ne rampera pas, on ne s’agenouillera pas pour obtenir des patrons d’être exploités pendant que nos frères d’à côté auront perdu leur emploi !

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