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En quoi et pourquoi la construction de l’organisation Lutte Ouvrière est un échec du point de vue de la tâche de la construction du parti communiste révolutionnaire ?

samedi 31 décembre 2011, par Max

Construire l’organisation et la politique des révolutionnaires est un combat sans cesse recommencé

"Avant tout, qu’est‑ce qui caractérise un parti prolétarien ? Personne n’est obligé de militer dans un parti révolutionnaire, mais, s’il le fait, il prend son parti au sérieux. Quand on ose appeler le peuple à un changement révolutionnaire de société, on porte une énorme responsabilité qu’il faut prendre très au sérieux. Et qu’est-ce que notre théorie, sinon, simplement l’outil de notre action ? Cet outil, c’est la théorie marxiste, parce que, jusqu’à présent, nous n’en avons pas trouvé de meilleur. Un ouvrier ne se livre à aucune fantaisie avec ses outils : si ce sont les meilleurs outils qu’il puisse avoir, il en prend grand soin ; il ne les abandonne pas et n’exige pas des outils fantaisistes, qui n’existent pas."

Trotsky dans "Réponse à des questions concernant les Etats Unis" (1940)

« Comprendre clairement la nature sociale de la société moderne, de son Etat, de son droit, de son idéologie constitue le fondement théorique de la politique révolutionnaire. La bourgeoisie opère par abstraction (« nation », « patrie », « démocratie ») pour camoufler l’exploitation qui est à la base de sa domination. (…) Le premier acte de la politique révolutionnaire consiste à démasquer les fictions bourgeoises qui intoxiquent les masses populaires. Ces fictions deviennent particulièrement malfaisantes quand elles s’amalgament avec les idées de « socialisme » et de « révolution ». Aujourd’hui plus qu’à n’importe quel moment, ce sont les fabricants de ce genre d’amalgames qui donnent le ton dans les organisations ouvrières françaises. »

Léon Trotsky dans « La France à un tournant » (28 mars 1936)

"La question de l’attitude de l’Etat envers la révolution sociale et de la révolution sociale envers l’Etat a très peu préoccupé les théoriciens et les publicistes les plus en vue de la IIe Internationale (1889-1914), comme du reste le problème de la révolution en général. Mais le plus caractéristique dans le développement graduel de l’opportunisme, qui a abouti à la faillite de la IIe Internationale en 1914, c’est que même quand ce problème se posait de front, on s’appliquait à le tourner ou on l’ignorait totalement.

D’une façon générale, on peut dire que la tendance à éluder la question de l’attitude de la révolution prolétarienne envers l’Etat, tendance avantageuse pour l’opportunisme qu’elle alimentait, a conduit à la déformation du marxisme et à son total avilissement."

Lénine dans "L’Etat et la révolution"


En quoi et pourquoi la construction de l’organisation Lutte Ouvrière est un échec du point de vue de la tâche de construction du parti communiste révolutionnaire ?

Dans les textes qui suivent et qui définissent Lutte Ouvrière, on trouve de nombreuses proclamations de communisme révolutionnaire et d’internationalisme. Pourtant, la politique de Lutte Ouvrière est centrée sur la France et sur les élections, sur le syndicalisme plus que sur la lutte politique de classe. Il suffit pour le constater de lire son compte-rendu public de congrès annuel de cette organisation par sa porte-parole qui ne parle quasiment que de la France et que des élections : voir ici

Ces textes sont reproduits intégralement à la fin afin qu’on ne puisse pas penser que sortis du contexte, ils aient été mal interprétés.

D’où vient et où va Lutte Ouvrière ?

Lutte Ouvrière d’hier et d’aujourd’hui...

Les éditoriaux de Lutte Ouvrière face à la crise… et leurs limites

Quelques brèves remarques sur la politique de l’extrême gauche en France face à la crise

Débat avec l’extrême gauche sur la révolution au Maghreb et dans le monde arabe

Débat avec l’extrême gauche sur la Tunisie

Le nucléaire : une polémique avec Lutte Ouvrière (France)

L’organisation Lutte Ouvrière ... d’il y a plus de trente ans ...

Quelle politique face aux licenciements et contre les mensonges sur les délocalisations

Sur la question d’Haïti

Nos divergences avec Lutte Ouvrière se sont manifestées sur des sujets conjoncturels cités plus haut (Haïti, révolution arabe, grève Peugeot, nucléaire, etc…), mais elles sont loin d’être simplement des divergences de détail ou de conjoncture. La conception du rôle autonome du prolétariat, de la construction du parti et de la défense d’une vision claire de la rupture avec l’Etat bourgeois sont nos sujets principaux de désaccord. Mais, bien entendu, le terme désaccord doit être pris comme le « désaccord » avec des réformistes ou des révolutionnaires opportunistes, c’est-à-dire une opposition claire et nette…

Il ne s’agit pas de vaines polémiques sur des détails.

Divergences sur la clarté par rapport à l’Etat bourgeois

Un exemple des textes très développés de LO dans lesquels il n’y a pas un mot sur l’Etat et les révolutionnaires

Quelle est la question fondamentale en politique pour des communistes révolutionnaires marxistes ? C’est la question de l’Etat. Ils ont sur cette question un point de vue que les prolétaires n’ont nullement spontanément et qui les distingue de tous les autres courants du mouvement ouvrier, non seulement les courants réformistes, mais aussi tous les autres courants révolutionnaires.

Eh bien, Lutte Ouvrière actuelle ne défend plus du tout publiquement la conception de l’Etat qu’elle défendait, plus ou moins bien, autrefois… Et nous le démontrons : Lutte Ouvrière a estimé nécessaire de modifier le paragraphe qui expose ce thème dans sa définition : « Qui sommes nous ? ». C’est un changement très fondamental et qui est passé en douce, la direction de Lutte Ouvrière s’étant bien gardée d’en discuter avec ses militants. Nous le savons d’autant mieux que nous étions alors membres de l’organisation. C’est nous-mêmes qui, dans une assemblée générale de congrès, avons critiqué la nouvelle version de définition publique de LO. Les motifs de ce changement sont restés occultes.

C’est Lutte Ouvrière qui, dans le temps, enseignait qu’une organisation qui retirait de son programme l’expression claire de la nécessité de détruire de fond en comble l’Etat bourgeois, sa police, son armée, mais aussi ses parlements, ses tribunaux, sa justice, son administration, était une organisation qui était en train de trahir. Celui quia écrit cela est celui-là même qui dirige aujourd’hui Lutte Ouvrière. Donc il sait parfaitement ce qu’il fait…

La définition de Lutte Ouvrière dans l’hebdomadaire est assez significative. Alors qu’elle est restée la même de 1975 à 2002, elle change alors et de manière importante. En particulier, voici ce que disait l’ancienne version :

"Les travailleurs devront détruire l’appareil d’Etat de la bourgeoisie, c’est-à-dire son gouvernement mais aussi son Parlement, ses tribunaux, sa police, son armée et exercer eux-mêmes, directement, pouvoir, car le bulletin de vote ne peut changer la vie."

La nouvelle version :

"Nous sommes convaincus que les travailleurs peuvent remplacer le capitalisme par une société libre, fraternelle et humaine car ils constituent la majorité de la population et n’ont aucun intérêt personnel au maintien de l’actuelle société. Pour cela, ils devront remplacer l’Etat de la bourgeoisie pour créer un régime où les masses populaires exerceront elles-mêmes le pouvoir en assurant un contrôle démocratique sur tous les rouages du pouvoir économique et politique."

La destruction de l’Etat a disparu entre les deux versions. Pourtant Lutte Ouvrière jugeait très durement autrefois tout courant révolutionnaire qui aurait fait disparaitre cette mention :

« Oui, le premier acte de salut public de la classe ouvrière (…) ce devra être de détruire cette armée, pas de l’épurer en faisant le tri entre les bons et les mauvais officiers (…) Non, il faudra détruire, briser définitivement le pouvoir du corps des officiers. (…) Et tous ceux qui n’inscriraient pas la mise hors d’état de nuire de l’armée et de la police dans leur programme, qui ne fixent pas ouvertement cet objectif à la classe ouvrière, qui ne disent pas aujourd’hui, clairement, que dès que le rapport de forces mettra le soulèvement populaire à l’ordre du jour, ce sera là la première tâche des travailleurs, ceux-là ne défendent pas les travailleurs, mais préparent de nouvelles désillusions, ou de nouveaux massacres. Et les travailleurs doivent s’en méfier, quelles que soient leurs phrases révolutionnaires, ou peut-être d’autant plus que leurs phrases sont révolutionnaires. Et, camarades, cette leçon tragique du Chili est certainement valable pour bien d’autres pays, y compris pour nous ici en Europe. » (conclusion du Cercle Léon Trotsky de LO sur le Chili).

Pour voir à quel point la différence est d’importance, on trouve des textes de LO par lesquels cette organisation réclame des flics de proximité. Les révolutionnaires nous avaient habitué à ne pas vouloir avoir des forces de répression de la bourgeoisie trop à proximité !!!

Quelles positions nous semblent essentielles sur la question de l’Etat, celui actuel et celui d’avenir ?

1°) Nous n’appelons pas l’Etat bourgeois à défendre « l’intérêt général », l’ensemble de la population et encore moins les travailleurs. Notre propagande ne s’exprime nullement sous la forme « L’Etat devrait faire ceci » ni « l’Etat pourrait faire cela » ni même, « si l’Etat était vraiment au service de l’ensemble de la population, il ferait ceci ou cela ». L’Etat devrait embaucher. L’Etat devrait garantir les emplois. L’Etat devrait assurer la santé des gens. Bien sûr, la population emploie de tels propos sans dire des bêtises. Mais, quand il s’agit de révolutionnaires, de tels propos sont une compromission opportuniste car un révolutionnaire doit savoir que le point essentiel de son discours est : ne comptez pas sur l’Etat pour faire quelque chose à votre place et dans votre intérêt. Et l’Etat ouvrier, c’est justement quand les travailleurs, organisés, se donneront les moyens de ne pas attendre d’un appareil qui leur est extérieur les décisions et les actes qui leur sont nécessaires...

Bien des propos de LO ne sont pas clairs sur la place de l’Etat bourgeois :

Arthaud à Chalons : « Il y a urgence à sortir de la gestion du nucléaire par ces grands groupes capitalistes, dont la seule logique est le profit. Il faudrait que l’état contrôle cette filière. »

Voici quelques-unes des propositions de Lutte Ouvrière :

"Augmentation immédiate des salaires. Interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiaires. Remplacer les emplois précaires par des emplois stables. Contrôle des entreprises par les travailleurs. Réhausser l’impôt sur les Sociétés à 50 % minimum. Augmentation des impôts pour les hauts salaires. Embauche massive dans les services publics : Hôpitaux, enseignement, etc. Expropriation des banquiers. Alignement de l’ensemble des régimes de retraites sur le plus favorable de tous. Retour aux 37,5 annuités de cotisations et aux 60 ans pour l’âge légal de départ."

Organiser les prolétaires en comités détenant la totalité du pouvoir, y compris les armes. Retirer le privilège des armes aux forces armées de la bourgeoisie, interdire les guerres qu’elles font au quatre coins de la planète, désarmer la police et la gendarmerie, supprimer la justice, l’administration, les prisons… Voilà ce qu’il conviendrait de rajouter à ce programme…. Même si ce n’est pas très électoraliste !

2°) Nous sommes clairs sur le fait que ce sont les opprimés organisés en comités qui représentent l’embryon de « nouvel Etat » qui sera mis en place par la révolution prolétarienne. Et nous sommes clairs sur le fait qu’un Etat ouvrier n’est pas tout à fait un Etat car c’est la base même des opprimés qui le dirige.

3°) Nous devons être clairs aussi (et publiquement) sur le fait que nous ne nous contentons pas de changer le personnel politique qui gouverne, ni de changer la politique de ce gouvernement. Il ne suffit pas non plus de prétendre, comme le fait LO en faisant comme si elle se démarque ainsi du réformisme politicien, qu’il faudra « contester la direction de l’économie par la bourgeoisie ». Car c’est une lubie réformiste de contester la direction économique sans détruire la domination politique et tout particulièrement l’Etat bourgeois. Le prolétariat devra d’abord détruire l’Etat bourgeois. C’est très différent. Parler de communisme sans parler de destruction de l’Etat est une arnaque. Parler de mesures transitoires comme le contrôle ouvrier sans parler de destruction de l’Etat est une arnaque. Lénine précisait que le contrôle ouvrier, sans que les ouvriers aient bâti leur propre Etat après avoir détruit celui de la bourgeoisie, est une tromperie réformiste.

Prenons l’exemple d’un des slogans favoris de Lutte Ouvrière : le contrôle ouvrier. L’usage en est variable. Parfois, il ne s’agit même pas du contrôle par des organes des masses comme des comités révolutionnaires ouvriers mais simplement du contrôle par les syndicats, ou pire par les Comités d’établissement, organismes de collaboration de classe par excellence, selon ce qu’en disant dans le temps LO...

Le 1er octobre 1917, dans sa Publication de “Les bolcheviks garderont-ils le pouvoir ?” Lénine écrit :

“Quand nous disons : “contrôle ouvrier”, ce mot d’ordre étant toujours accompagné de celui de la dictature du prolétariat, le suivant toujours, nous expliquons par là de quel État il s’agit."

On peut se dire que LO n’en parle pas parce que ce n’est pas d’actualité, vu le niveau de la lutte des classes en France. Et pour l’Egypte alors ?

Eh bien, LO écrit alors : "Le mécontentement éclate maintenant, en prenant directement pour cible cette armée qui s’était plus ou moins prétendue garante d’un changement, même s’il est difficile de savoir quelle est l’ampleur et quelles sont les forces réelles de l’opposition qui s’exprime ces jours-ci, dans quelle mesure les masses populaires se reconnaissent dans les manifestants de la place Tahrir. Il s’y rencontre aussi bien des partis intégristes mécontents de certaines déclarations gouvernementales — comme un certain « document Selmi » qui évoquait l’évolution éventuelle vers un État non confessionnel — que des jeunes s’affirmant révolutionnaires.

Il est certain que l’état-major est loin d’avoir réussi à asseoir un nouveau pouvoir qui permettrait de faire taire les divers mécontentements. Mais il est également clair que, face à ce pouvoir, l’opposition populaire elle-même n’a pas réussi à se donner des objectifs autres que celui de « Tantaoui dégage » qui semble faire l’unanimité comme a pu le faire précédemment celui de « Moubarak dégage ».

Or face à l’armée au pouvoir, à cet appareil d’État qui cherche à maintenir les prérogatives des classes possédantes, les travailleurs, les paysans et toutes les masses pauvres d’Égypte ne pourront imposer leurs exigences vitales qu’en établissant un pouvoir qui représente vraiment les opprimés, qui leur permette d’exercer un véritable contrôle sur les richesses du pays et sur l’ensemble de l’économie.

C’est peut-être au travers des luttes actuelles, au sein de la classe ouvrière en particulier, que cette perspective peut s’ouvrir."

Oui, mais quelle perspective ? LO ne dit pas qu’il faut détruire l’armée avant de pouvoir "établir un pouvoir qui représente vraiment...". LO saute l’épisode révolutionnaire où, les armes à la main, les prolétaires s’attaquent violemment à l’appareil d’Etat de la bourgeoisie. Ne serait-il pas temps en Egypte d’instruire les prolétaires de cette nécessité ?

4°) Il faut que des révolutionnaires soient clairs également que l’Etat ouvrier n’est pas un organe de direction par le parti révolutionnaire ou les partis révolutionnaires, car nous n’avons besoin d’aucune théorie selon laquelle un seul parti révolutionnaire serait possible, devraient diriger l’Etat. Il est indispensable que le prolétariat organisé de manière révolutionnaire et sur des bases politiques en masse ait décidé et engagé les actions pour détruire l’Etat bourgeois et construire un Etat de type nouveau : un Etat en voie de destruction. Car le but, le communisme, c’est la société sans classe et sans Etat !

"Tant que le prolétariat a encore besoin de l’État, ce n’est point pour la liberté, mais pour réprimer ses adversaires. Et le jour où il devient possible de parler de liberté, l’État cesse d’exister comme tel."

Engels, Lettre à August Bebel, 1875.

Quiconque cherche à camoufler l’un de ces points ne peut prétendre qu’il défend la perspective de Karl Marx, Lénine et Trotsky !

Divergences sur ce qui fonde le parti révolutionnaire

Le parti communiste révolutionnaire suppose une analyse historique de la situation des classes sociales à l’échelle mondiale, puis des grandes régions du monde, puis nationale, puis spécifique à telle zone du pays ou partie de la population. Pas seulement des deux grandes classes historiques, bourgeoisie impérialiste et prolétariat, mais aussi des bourgeoisies nationales, locales, des autres classes et couches dirigeantes, de la moyenne et de la petite bourgeoisie, des autres couches travailleuses ou chômeuses, des autres groupes sociaux opprimés. Cette analyse mène à une vision des conditions objectives de la révolution, telles qu’elles sont vues par la direction politique. Leur expression doit être diffusée le plus largement possible

C’est seulement à partir des conditions objectives que l’on peut en déduire les tâches nécessaires du prolétariat et les perspectives des révolutionnaires.

On ne prend pas le problème en décrétant de manière abstraite qu’on est contre la société bourgeoise, puis qu’on est pour le communisme, puis qu’il faut tenir compte de l’état de l’opinion ouvrière et tenter de la faire progresser au travers des discussions, de la propagande et des événements et luttes. Cette dernière manière de procéder est celle de Lutte Ouvrière. Cette organisation en déduit que quiconque prépare d’avance les prolétaires aux tâches à venir est « gauchiste », prend ses désirs pour des réalités, se moque de l’état réel des préoccupations ouvrières et, du coup, ne jouera jamais aucun rôle de direction de la seule classe révolutionnaire. Quiconque a discuté avec Lutte Ouvrière a entendu ce discours qui sert à justifier l’alignement sur les directions syndicales et l’alignement sur le niveau prétendu de l’opinion ouvrière.

Dans la conception de la propagande publique qui est celle de Lutte Ouvrière, par exemple dans les éditoriaux des bulletins d’entreprise ou dans les campagnes électorales, LO part de la dénonciation de la domination bourgeoise, de la dénonciation des politiciens et des gouvernants, pour en tirer que l’intérêt des travailleurs est ailleurs. Pour finalement sauter à l’époque heureuse où le prolétariat aura un niveau de combativité (plus que de conscience) qui lui permettra de dépasser tout ce foutoir (celui de la société bourgeoise, celui des luttes partielles, celui des tromperies politiciennes). Personne n’a vu comment on passe de l’un à l’autre car il n’y a pas de rapport entre les aspirations actuelles (économiques ou politiques) et les perspectives que des révolutionnaires offriraient en fonction de leur programme communiste !

La révolution prolétarienne, loin d’être comprise comme le développement scientifique des conditions politiques et sociales de la domination de la bourgeoisie à l’échelle mondiale, de ses contradictions irréductibles explosant dans des conditions à préciser, elle devient un horizon qui reste sans cesse … au loin !

Le refus de développer une analyse marxiste du monde actuel peut ne pas apparaitre au militant de LO ou au travailleur sans formation politique. On le comprend quand on constate que le discours de LO sur les perspectives peut, sans changer, être transposé d’une année sur l’autre. Au point que LO estime que son programme est le même que celui de Trotsky dans « Le programme de transition » écrit en 1938. Depuis il y a eu le début et la fin de la deuxième guerre mondiale, la fin du fascisme allemand, l’échec de la vague révolutionnaire de l’après deuxième guerre mondiale, et on en passe… Cela ne change rien ? Tout cela pour en retirer des petits bouts du style du « contrôle ouvrier » ou de « l’expropriation des banques ». Sans se demander si les banques représentent exactement la même chose aujourd’hui et en 2000. Exactement la même chose en 2000 et en 2011 !!!!

Divergences sur la révolution russe

On pourrait penser que les courants se revendiquant entièrement de la politique des bolcheviks en Russie ne sont pas si nombreux et que c’est quand même une convergence fondamentale. Mais se revendiquer ne signifie pas y attribuer la même signification. Par exemple, Lutte Ouvrière a raison de dire que les bolcheviks militaient pour l’extension internationale de la révolution prolétarienne, seule perspective socialiste de cette révolution. Mais ils en profitent pour omettre que la raison fondamentale de ce choix politique et social provenait d’une analyse selon laquelle la révolution prolétarienne devait nécessairement prendre tournure à l’échelle européenne. Voilà bien le type d’analyse objective des conditions de la révolution à une époque donnée qui n’appartient nullement à la tradition de LO.

Citons le Cercle Léon Trotsky de LO intitulé "Le prolétariat international, la seule classe capable de mettre fin au capitalisme et à l’exploitation !" :

"La révolution russe a été le point culminant de l’ascension du mouvement ouvrier commencée en 1848. Elle a renforcé l’idée selon laquelle le prolétariat était la classe révolutionnaire de l’avenir. La révolution russe n’a ressemblé à rien de ce qui s’était fait auparavant, et à rien de ce qui s’est fait après, jusqu’à maintenant tout au moins. Car cette révolution ne s’est pas contentée de renverser un tyran : elle a aussi renversé les républicains bourgeois qui ont succédé au tyran, ce que juin 48 n’avait pas réussi. Elle a placé à la tête d’un pays les ouvriers armés, et entrepris sous leur direction de remodeler totalement la société, sur une autre base que la propriété privée des moyens de production.

Elle s’est donnée, dès le premier jour, l’objectif de gagner à elle les travailleurs du monde entier, de devenir une révolution mondiale, d’extirper le capitalisme de tous les recoins de la planète."

Le texte ne dit pas que le prolétariat a détruit l’Etat bourgeois et pas seulement l’Etat tsariste et construit un Etat d’un type nouveau, celui des soviets, l’Etat en voie de dépérissement....

Lénine déclarait : "La révolution russe n’est qu’un détachement de l’armée socialiste mondiale, et le succès et le triomphe de la révolution que nous avons accomplie dépendent de l’action de cette armée. C’est un fait que personne parmi nous n’oublie (...). Le prolétariat russe a conscience de son isolement révolutionnaire, et il voit clairement que sa victoire a pour condition indispensable et prémisse fondamentale, l’intervention unie des ouvriers du monde entier." ("Rapport à la Conférence des comités d’usines de la province de Moscou", 23 juillet 1918).

Il dit que les bolcheviks se sont donné l’objectif d’étendre la révolution. Pas que la révolution était objectivement internationale et socialiste parce qu’européenne. Et c’est pourquoi les bolcheviks militaient dans cette perspective. lire ici

Lénine se contentait d’autant moins de dire aux autres révolutions en Europe de suivre ce qui s’était passé en Russie qu’il ne considérait pas la révolution russe comme un modèle, mais seulement comme la première des séries de révolutions en Europe arrivée dans la partie la plus faible de l’impérialisme car la plus arriérée. Dans sa dernière intervention, au 4e Congrès de l’Internationale communiste, Lénine avait mis en garde les communistes de tous les pays contre une imitation mécanique et servile des méthodes russes. Il est intervenu plusieurs fois à l’Internationale communiste pour dire que les révolutions en Europe ne devaient pas imiter la Russie et a écrit au moins une fois au nouveau pouvoir soviétique hongrois dans le même sens… C’est le stalinisme qui développera l’idée du modèle de parti et du modèle de révolution...

Dans "la maladie infantile", Lénien écrivait : "On aurait également tort de perdre de vue qu’après la victoire de la révolution prolétarienne, si même elle n’a lieu que dans un seul des pays avancés, il se produira, selon toute probabilité, un brusque changement, à savoir : la Russie redeviendra, bientôt après, un pays, non plus exemplaire, mais retardataire (au point de vue "soviétique" et socialiste)."

Divergences sur la démarcation vis-à-vis des centrales syndicales et sur la nécessité de l’auto-organisation

L’exemple du dernier mouvement des retraites est suffisamment parlant. Jamais LO n’a dénoncé la stratégie de l’intersyndicale visant à refuser la généralisation réelle de la grève. Un éditorial de Lutte Ouvrière affirme qu’"Il est du devoir des confédérations syndicales de faire en sorte que la mobilisation ne s’arrête pas le 23 septembre et qu’elle puisse continuer et s’amplifier."

Le même éditorial n’émet aucune autre réserve - si tant est que l’on puisse considérer cette phrase comme une réserve - sur les buts, les méthodes et les revendications des centrales syndicales.

Voir ici notre point de vue sur le rôle des centrales dans la défaite des retraites

On se souvient que LO n’avait trouvé à redire à la politique de la CGT dans le dernier conflit des cheminots que pour dire "on ne comprend pas la politique de la CGT"

Rien non plus pour dénoncer clairement la suppression du mot d’ordre de grève générale chez Total et dans les raffineries qu’un éditorial de LO avait pourtant soutenu sans réserve.

Sans parler des centrales syndicales du secteur hospitalier qui avaient décommandé l’occupation du siège de l’APHP en mars dernier prétendant que la direction avait reculé pour finalement prétendre qu’ils avaient été trahi car le "plan stratégique" n’était nullement suspendu comme ils le prétendaient...

Que dire de cette stratégie d’un groupe qui se dit révolutionnaire et refuse de dire la vérité aux travailleurs sous prétexte que cela les démobiliserait ?

L’attitude vis-à-vis des appareils bureaucratiques des syndicats

Autrefois (en 1987) LO écrivait : (ce qui est souligné en gras l’est par nous pour relever ce qui nous semble avoir changé ou être à remarquer)

“Un des problèmes majeurs qui se posent aux travail­leurs conscients et, par voie de conséquence, aux révolutionnaires est que, dans les pays les plus indus­trialisés, les syndicats sont devenus des organismes officiels de plus en plus intégrés à la société bour­geoise. Interlocuteurs institutionnalisés de l’Etat et des patrons, ils siègent dans maints comités, conseils, commissions, et autres appendices des Etats, ils sont gestionnaires directs ou associés d’organismes sociaux. Tout ceci leur procure des postes, des moyens, un poids social et des possibilités matérielles qui les rendent de plus en plus indépendants des tra­vailleurs et de plus en plus dépendants de la bourgeoi­sie et de son Etat.

Quels que soient le nombre de leurs syndiqués, la façon dont sont recueillies les cotisations, les modali­tés même du fonctionnement syndical, il y a dans tous les pays, où existe un syndicalisme légal, une constante : les syndicats fonctionnent comme des appareils bureaucratiques ayant leurs propres intérêts, de plus en plus coupés de la base ouvrière, à laquelle les rattachent, seuls, les délégués d’atelier ou d’usine.

Ils sont donc en voie de conséquence devenus les agents de l’Etat bourgeois dans le monde du travail. Cela apparaît de façon claire en période de crise éco­nomique : non seulement les syndicats sont incapa­bles d’impulser les combats nécessaires à la défense des travailleurs, mais ils acceptent de fait l’austérité quand il n’en sont pas les propagandistes et les acteurs comme on le voit dans le cas des Etats-Unis où ils ont accepté de signer des accords comportant des baisses de salaires.

Le problème pour les militants révolutionnaires – et ce n’est pas un problème nouveau – est donc de savoir s’il est juste dans ces conditions de militer dans les syndicats, comment et dans quelles perspectives.

Le mouvement trotskyste a répondu à cette ques­tion, dès sa création et les réponses font partie de son programme de fondation.

Oui, les militants ouvriers révolutionnaires doivent militer dans les syndicats existants quel que soit leur degré de bureaucratisme et leur politique de collabora­tion de classe, afin d’y combattre les vieilles directions conservatrices, qu’elles soient staliniennes, réfor­mistes ou chrétiennes. Ils ne doivent pas tourner le dos à la réalité pour se lancer dans la constitution de syn­dicats prétendument “révolutionnaires”, condamnés à n’être que des sectes inefficaces et vides. Pour gagner de l’influence sur la classe ouvrière, il faut militer dans les organisations qui ont de l’influence sur elle, préci­sément pour tenter d’arracher la classe ouvrière à cette influence conservatrice, démobilisatrice.

Oui, le programme des trotskystes affirme cette nécessité mais il affirme aussi, et c’est complémen­taire, la nécessité, pour les révolutionnaires, de créer dans les moments de luttes, où de larges masses de travailleurs sont en mouvement, des organisations autonomes comme les Comités de grève, ou d’usine, capables de représenter, dans le mouvement, la tota­lité des travailleurs en lutte. Nécessité d’autant plus impérative, que les vieux appareils syndicaux conser­vateurs s’opposeront à un moment ou à un autre aux travailleurs en lutte, et qu’il sera vital alors pour l’avenir du mouvement engagé que les travailleurs aient leur propre organe de décision et de direction.

C’est sur ce problème que nous nous séparons des autres organisations trotskystes ou plutôt que les autres organisations trotskystes se séparent de leur programme. Car si nous sommes tous d’accord sur la première partie de la réponse – il faut militer dans les syndicats existants – il n’y a guère que notre tendance à militer systématiquement pour que, à chaque fois que des travailleurs entrent sérieusement en lutte, ils se donnent les moyens de participer le plus largement et le plus directement possible à l’organisation et à la direction de leur propre combat, au travers d’Assem­blées générales et d’organismes comme les Comités de grève.

La plupart des organisations trotskystes privilégient le travail syndical, au point d’en faire leur seule forme d’intervention en entreprise. Ils admettent que dans une phase, toujours ultérieure des luttes, les directions syndicales puissent être débordées mais cette phase ne se présente jamais selon eux.

C’est une question de fond. Les révolutionnaires trotskystes ne peuvent pas assimiler la classe ouvrière aux syndicats. Les syndicats sont une formation sociale issue de l’histoire de la société capitaliste, liée à son évolution. La classe ouvrière, elle, demeure pour nous, marxistes, la classe socialement révolutionnaire, celle qui est porteuse d’une autre société. La révolu­tion, la transformation sociale de la société, ne se fera pas sans elle, sans sa participation active, consciente, massive, à la gestion de la société, et, dans sa phase transitoire, à la direction de son Etat.

Pour nous, révolutionnaires marxistes, la classe ouvrière est notre classe. La classe ouvrière, aussi diverse, aussi mélangée soit-elle, touchant par ses couches supérieures à la petite bourgeoisie, par ses couches inférieures au lumpenprolétariat, la classe ouvrière, toujours renouvelée, qui rassemble dans les pays impérialistes les émigrés de tous les pays, la classe ouvrière est la seule classe d’avenir. Elle est aujourd’hui trop souvent résignée, victime de préjugés, de l’inculture, mais c’est elle pourtant qui fera la révo­lution, elle qui trouve dans ses combats, un courage, un enthousiasme, une générosité, une puissance d’imagination, de décision, de créativité qui bouscule tous les élitismes, toutes les hiérarchies, toutes les valeurs établies de la société bourgeoise.

Ce ne sont pas les syndicats qui feront la révolution. Certes, on peut imaginer que sous l’impact d’un formi­dable mouvement de masse, leur appareil et leur direc­tion ayant volé en éclats, les militants syndicalistes retrouvent la confiance dans leur classe et participent consciemment à la révolution. Mais cela ne viendra pas des appareils, pas même du travail des révolutionnaires dans les syndicats. Cela viendra du mouvement de masse à condition que les révolutionnaires aient travaillé à ce mouvement.

Tout cela est dans le programme trotskyste, tout cela est dans le programme bolchevique, dans la révo­lution russe, la seule révolution ouvrière du monde moderne. (NDLR : nous soulignons parce que c’est faux)

Et c’est pour cela que les militants de notre ten­dance, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis, ou aux Antilles ont comme orientation de militer non seule­ment dans les syndicats, mais aussi, et en priorité, dans la classe ouvrière tout entière.

Concrètement, notre tendance est à peu près la seule à faire, systématiquement, avec persévérance, un travail de propagande et d’organisation en direction de toute la classe ouvrière et pas seulement en direc­tion de la pseudo élite syndicale. Cela passe, aujour­d’hui, par l’édition d’une presse politique d’entreprise qui, pour son élaboration, son financement, sa diffu­sion, implique la participation de travailleurs prêts à dénoncer l’exploitation, l’arbitraire patronal, la politi­que de classe de l’Etat et les compromissions syndicales. (NDLR : ce n’est plus du tout la pratique réelle)

Évidemment, pour les militants qui vont mener de front les deux activités, syndicale et politique, cela demande une certaine prudence voire une discrétion certaine. Bien sûr, le travail politique peut parfois gêner ou entraver l’activité syndicale en prêtant le flanc à la répression des bureaucrates. Mais le renon­cement est pire quant à ses conséquences que les quelques inconvénients – réels – que notre choix peut avoir. Mais c’est justement ce choix que nous faisons, que l’immense majorité des autres tendances qui se disent trotskystes ne font pas. Et nous sommes conscients d’être en cela les plus fidèles au pro­gramme de fondation de la Quatrième Internationale.

Ce choix, cette fidélité passent aussi par une pratique qui privilégie, dans les moments de lutte, la forma­tion d’organes autonomes de travailleurs en lutte, les Comités de grève.

Notre solidarité fondamentale est celle qui nous unit à la classe ouvrière, elle va bien au-delà des accords, des alliances, et des compromis que tout militant est amené à conclure dans le milieu syndical et dont, mal­heureusement, beaucoup de militants trotskystes ne savent pas s’échapper, même lorsqu’ils ont le choix entre la solidarité avec les intérêts des travailleurs et la solidarité avec des militants syndicalistes qui soutien­nent la politique des bureaucrates”.

Et aujourd’hui ....

Texte du congrès de décembre 2007 à propos des journées d’action bidon, éparpillées et sans lendemain des directions syndicales :

"Des journées d’action se succédant et se renforçant dans un temps relativement court peuvent préparer et conduire à une grève générale. C’est pourquoi d’ailleurs nos camarades, dans les entreprises, participent à la vie syndicale et y prennent leurs responsabilités. Pas pour y recruter des militants politiques mais pour amener les syndicats à jouer leur rôle. "

Un exemple tout récent, la grève des aéroports : LO présente cela comme une victoire. C’est faux et c’est une manière de créditer la politique des centrales dans la grève.

« Ces grévistes ont montré que, face à des patrons sourds à leurs demandes, il existe un moyen pour se faire entendre : la grève, seule arme dont ils disposent.

Quelles que soient les suites de ce mouvement, les grévistes des aéroports ont déjà remporté une victoire. Victoire morale tout d’abord, en ayant su surmonter toutes les pressions, et elles étaient nombreuses, qui les incitaient à la résignation. Mais pas seulement morale, car ils ont obtenu de leurs patrons, qui campaient sur un refus de toute concession, qu’ils reculent et leur promettent le doublement d’une prime qui aboutit presque à un 13e mois. »

Editorial de LO du 30 décembre 2011-12-30

Voir notre commentaire sur la grève : Les leçons de la grève des aéroports

Divergences sur l’appréciation de la crise du capitalisme et sur ses conséquences stratégiques pour les révolutionnaires

Lutte ouvrière explique ainsi la situation actuelle : « Partout en Europe, la classe capitaliste essaie de préserver, voire d’augmenter le profit de ses entreprises en bloquant les salaires, en faisant faire plus de travail par moins de travailleurs, en aggravant l’exploitation. »

La crise serait donc un prétexte pour nous faire payer puisque les riches ont de l’argent, nous disent-ils. C’est faux : même riche et plus riche que jamais, le capitalisme est dans une nouvelle phase, nécrophile dans laquelle il s’autodétruit et cela change tout pour la lutte des travailleurs qui ne peut en rester à la défense économique sous peine d’aller à la catastrophe.

Lutte Ouvrière écrit dans son éditorial, comme si rien n’était changé et qu’il n’y avait rien de neuf depuis 2008, « c’est bien cela, le mécanisme de l’économie capitaliste. Aux deux bouts de la chaîne, ce sont ceux qui travaillent, produisent et font vivre la société qui sont sacrifiés pour enrichir des parasites. (…) Le but est de prélever sur les classes exploitées ce qui est transféré à la classe capitaliste. »

C’est faux : depuis l’effondrement du capitalisme de 2008, les capitalistes mènent une lutte politique pour faire ravaler aux travailleurs leurs perspectives de classe. Faire croire que la situation actuelle, ce sont seulement des riches qui veulent nous faire payer la crise, que c’est seulement une lutte économique entre riches et pauvres, c’est nous faire renoncer à la lutte politique du prolétariat pour donner une nouvelle direction à toute la société.

Nous ne développons pas. Nos analyses sur la crise et ses conséquences pour la politique des révolutionnaires sont sur le site.

Divergences sur la relation entre le parti et ses militants

Pour nous, les travailleurs, les militants du parti et même les sympathisants sont les bâtisseurs non seulement d’une organisation mais de son orientation politique. Ils doivent la bâtir en tirant des leçons des luttes de classes auxquelles ils participent ou auxquelles ils ne participent pas mais qu’ils étudient. Ce ne sont pas des simples diffuseurs de la presse. Ce sont des militants qui apprennent à diriger la politique et à écrire celle-ci. Et avec esprit critique…

Ensuite, le parti se bâti par la polémique avec les autres courants. Une véritable discussion honnête et constructive pour avancer dans la compréhension des questions et pas une simple destruction interne unilatérale d’un courant.

Le 8 décembre 1923, Trotsky déclare dans une lettre ouverte aux assemblées du Parti bolcheviks :

“ Plus d’obéissance passive, plus de nivellement mécanique de la part des autorités, plus d’écrasement de la personnalité, plus de servilité ni de carriérisme. Un bolchevik n’est pas seulement un homme discipliné : c’est un homme qui, dans chaque cas et sur chaque problème, se forge lui-même sa propre opinion, la défend courageusement et en toute indépendance, non seulement contre ses ennemis, mais aussi à l’intérieur de son propre Parti. ”

Cela nécessite que l’on ne présente pas l’homogénéité du groupe comme un objectif en soi, le refus des « divisions politiques » comme un objectif en soi, l’accord sur la ligne générale comme une condition d’intégration, la soumission du militant comme une qualité de modestie… On ne doit jamais entendre de la part de la direction des arguments du style « qui est tu pour mettre en cause des orientations politiques fondamentales », « quel est ton bilan, quelle est ton expérience pour oser ainsi discuter de manière critique le bilan du mouvement ouvrier ». On ne doit jamais entendre dire « nous ne prétendons pas modifier la théorie », « nous ne prétendons pas avoir nous-mêmes une théorie », « nous ne prétendons pas être Lénine, Marx ou Trotsky » ou encore « ceux qui l’ont prétendu ont fait du n’importe quoi ». Quiconque connait LO sait de quoi nous parlons ici…

Le rôle des militants révolutionnaires, auquel l’activité politique actuelle est censé les préparer, consiste à se poser des questions nouvelles demain, dans une phase révolutionnaire où la situation sera totalement nouvelle et changera rapidement, quand les années seront des décennies, quand les jours seront des mois, quand les minutes seront des heures… Dans ces conditions, il faudra bien autre chose que de l’obéissance organisationnelle. Préparer le parti révolutionnaire, ce n’est pas recruter des sympathisants qui diffusent, qui collectent, qui collent des affiches, qui en recrutent encore d’autres. C’est permettre à un petit nombre d’hommes et de femmes de raisonner au niveau des nécessités historiques, ce qui est très différent…

Cela nécessite que toute la politique actuelle soit clairement sur des bases communistes (aucune illusion sur la nature de l’Etat, aucune bribe de nationalisme, aucune forme de réformisme, aucun type de campagne politicienne même d’extrême gauche, aucun accompagnement des trahisons des centrales syndicales, aucun silence sur les crimes de l’impérialisme et leurs causes….). Je sais que, tout à fait honnêtement, les militants de LO pensent correspondre à tout cela et, même, il est possible que les membres de la direction le croient. Mais il ne suffit pas de se penser révolutionnaire pour l’être…

Il faut que l’organisation provoque un débat entre révolutionnaires et au sein de la classe ouvrière au lieu de prétendre être une direction autoproclamée et indiscutable.

Le parti, ce n’est pas d’abord un appareil de militants ni une masse d’adhérents, ce n’est pas d’abord des structures organisationnelles. Ce n’est pas seulement une direction mais surtout une orientation, des analyses, des perspectives et une politique. Ces dernières ne doivent pas avoir comme critère la sauvegarde du groupe, mais d’abord les intérêts de classe. Les communistes n’ont pas d’intérêts particuliers de leur groupe à défendre, disait Marx dans « Le Manifeste Communiste ». Etre communiste, ce n’est s’isoler du reste du mouvement ouvrier mais ce n’est pas non plus mettre son drapeau dans sa poche dès qu’il y a des affrontements entre perspectives opposées. La perspective communiste est celle qui n’oublie jamais la perspective du renversement total, mondial et définitif du capitalisme, même dans une période où ce changement pourrait sembler très éloigné, même si les travailleurs eux-mêmes semblent loin d’être sensibles à cette perspective. Les communistes révolutionnaires ne se servent pas de leur particularité pour se détourner du mouvement ouvrier réel et se mettre en retrait. Mais ils ne pratiquent pas non plus l’opportunisme consistant à s’adapter pour avoir plus de succès. En somme, ni sectarisme, ni opportunisme : le chemin est étroit. La confiance en l’avenir communiste ne résulte pas de la confiance dans des leaders suprêmes mais dans les capacités que les prolétaires ont déjà montré dans l’Histoire et dans la connaissance des lois de la lutte des classes. Dans le passé, ce sont les groupes et partis révolutionnaires qui se sont souvent fait bien plus de mal que la bourgeoisie ne leur en a fait. Ce n’est pas dans les prisons, dans les tortures, face aux pelotons d’exécutions que des groupes révolutionnaires ont théorisé leurs reculs, leurs capitulations, leurs dérives ou leurs renoncements. Au contraire, c’est au plus haut sommet de leurs succès qu’ils ont cédé à la pression de la réussite. Même le parti bolchevique. C’est lorsqu’ils étaient en situation de jouer un rôle important et même décisif que les groupes communistes révolutionnaires (en tout cas qui se revendiquaient de cette perspective) ont reculé politiquement. Il ne suffit pas de dénoncer ces renonciations. Il faut aussi les analyser. Elles ne concernent pas que leurs auteurs mais tous les militants révolutionnaires. Sur ce terrain aussi, qui ne tire pas des leçons du passé sera rattrapé par lui. La première des leçons est que le sectarisme et l’opportunisme sont des frères jumeaux. La deuxième est que ceux qui placent l’organisation (ou sa direction) au dessus des perspectives, ceux qui renoncent à l’analyse théorique, se préparent des lendemains difficiles. Il ne suffit pas de prétendre faire d’un groupe un corps homogène, prétendument imperméable aux influences extérieures (surtout celle des autres groupes révolutionnaires) pour bâtir une cohésion politique. Il faut étudier, d’abord étudier et encore étudier… Etudier les luttes passées, les conditions des révolutions, les modes de fonctionnement de la société et de la nature. Celui qui continue à apprendre du monde en changement permanent n’est pas sujet à la maladie de l’auto-centrage. Le monde ne tourne pas autour de notre nombril. Le fixer avec admiration ou avec fascination ne peut pas être une politique. Se gargariser du mot de construction du parti n’est en rien une recette pour le construire. S’approprier la conscience des fonctionnements du monde y rapproche bien plus et permet bien plus aussi de rejoindre un jour un autre mouvement de la conscience : celui d’un prolétariat qui tirera les leçons de ses propres expériences. Les autres raccourcis ou prétendus tels mènent dans le mur…


Quelques textes programmatiques de Lutte Ouvrière

Vous y chercherez en vain une clarification sur l’Etat qui est pourtant considérée par tous les révolutionnaires comme la pierre de touche des révolutionnaires....

Ce texte ressemble peut-être à un texte communiste révolutionnaire et est écrit pour le faire penser et pourtant...

Ce qui suit jusqu’à la fin a été écrit par Lutte Ouvrière et se trouve sur son site :

Lutte Ouvrière et les élections

L’élection au suffrage universel a été acquise par des luttes. Lutte Ouvrière tient compte de ces acquis et présente des candidats aux élections. Mais si les élections permettent aux différents partis politiques de s’exprimer, elles n’ont jamais transformé la société ; par conséquent nous combattons les illusions électoralistes.

Même si Lutte Ouvrière remportait un grand nombre de suffrages populaires, son programme ne pourrait pas être appliqué uniquement au travers des mandats électifs. Car fondamentalement, derrière la façade du régime parlementaire se dresse la dictature des grandes entreprises capitalistes et de leurs nombreux serviteurs - hauts fonctionnaires non-élus, armée, police, prisons - qui constituent l’ossature de l’appareil d’État de la bourgeoisie.

Par ailleurs, même dans les pays développés où la richesse de la bourgeoisie lui a permis d’acheter la paix sociale en ne recourant que partiellement aux formes les plus brutales de la domination, les lois électorales déforment le suffrage universel et écartent habituellement des postes élus les petites formations qui contestent l’ordre social.
Les mandats électifs devraient être courts (renouvelés chaque année par exemple) et ne donner lieu à aucun privilège (pas d’indemnisation supérieure au salaire d’un travailleur qualifié). Les élus devraient être révocables à tout moment par les électeurs.

Le programme de transformation sociale ne peut pas être mis en application dans le cadre des institutions d’une société dominée par la grande bourgeoisie et son État. Il ne pourra commencer à s’appliquer que lorsque les classes laborieuses mises en mouvement en arriveront à la volonté de contester la direction de l’économie à la bourgeoisie. C’est-à-dire quand la lutte quittera le terrain du parlementarisme, que la classe ouvrière s’organisera démocratiquement en créant ses propres organes de représentation et que la révolution ouvrière commencera.

Qui sommes-nous ?

Lutte Ouvrière est une organisation communiste.

Pour nous, le communisme n’a évidemment rien à voir avec les caricatures sanglantes qu’ont été les régimes de Staline, de Mao, ou de la Corée du Nord. Être communiste aujourd’hui signifie défendre l’idée d’un renversement révolutionnaire de la société capitaliste par le prolétariat, pour bâtir un monde dirigé par la population elle-même.
Les maux dont souffre la société humaine - exploitation, oppression, chômage, crises économiques, famine, guerres, racisme, épuisement des ressources... - ne sont dus ni à la fatalité, ni à une impossibilité technique de les résoudre, mais à une organisation économique fondée sur la recherche du profit.

Pour ceux qui dirigent aujourd’hui la planète, les taux de profit sont plus importants que la vie et la mort des millions d’êtres humains. La faim peut frapper des continents entiers ; la guerre peut décimer des populations ; les génocides peuvent faire disparaître des pans entiers de l’humanité ; l’épuisement des ressources peut menacer la survie même de la planète et de ses habitants... qu’importe aux capitalistes, pourvu que d’une année sur l’autre, augmentent leurs profits !
L’état catastrophique dans lequel se trouve la société humaine n’est pas dû à une mauvaise gestion du capitalisme, ou au fait que le capitalisme serait mal contrôlé. Il est dû à l’existence du capitalisme lui-même. Le capitalisme est une société inégalitaire, qui se nourrit de l’exploitation. Même son fonctionnement « normal » représente un gâchis permanent de ressources et surtout de travail humain (le chômage). Et ce gâchis devient catastrophique avec les crises et les guerres.

Comment y mettre fin ? En arrachant le pouvoir économique à ceux qui le possèdent aujourd’hui. Toute autre solution est vouée à l’échec - notamment celles qui passent par la volonté de « convaincre » les maîtres du monde, par de lentes réformes, de se transformer en philanthropes.

Seule une révolution pourra guérir notre société des maux qui la rongent : une révolution, avec ce qu’elle recèle d’élan, d’énergie, d’enthousiasme, de générosité, sera capable de briser la propriété privée des moyens de production ; c’est-à-dire d’arracher des mains des capitalistes la gestion des usines, des banques, des mines, des terres, de l’énergie et des transports. Et de faire en sorte qu’ils appartiennent à la collectivité et soient gérés par elle.

Alors, seulement, il deviendra possible de commencer à réfléchir collectivement à la meilleure manière de gérer l’économie - non plus en fonction des profits et du marché, mais uniquement en fonction des besoins de l’humanité.

Nous ne sommes ni utopistes ni irréalistes : nous ne pensons pas que la révolution va se produire du jour ou lendemain ni éclater comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mais nous estimons qu’il faut, dès aujourd’hui, réfléchir à la possibilité que se produisent demain de tels événements - pour être non de simples spectateurs de la misère du monde, mais des acteurs conscients de sa transformation.

Lutte Ouvrière est une libre association de femmes et d’hommes, jeunes ou anciens, travailleurs manuels ou intellectuels, qui ne se résignent pas à l’idée que le capitalisme serait le seul avenir possible pour l’humanité. Qui n’acceptent pas les idées reçues selon lesquelles l’individualisme serait le seul comportement responsable, et la loi de la jungle, le chacun pour soi, la règle normale de fonctionnement de l’humanité. Qui ne se résignent pas à l’idée qu’il serait impossible de mettre les fantastiques possibilités offertes par la science et la technique au service de toute l’humanité. Qui ne se résignent pas, en somme, à l’idée que la société inhumaine et barbare dans laquelle nous vivons serait le fin mot de centaines de milliers d’années d’évolution de l’humanité.

Nous voulons changer le monde. Nous restons profondément convaincus que le communisme est l’avenir du genre humain.

Renverser le capitalisme

Nous militons pour le renversement du capitalisme.

Le capitalisme est un régime économique dans lequel les capitaux (usines, banques, exploitations agricoles ou pétrolières, grands moyens de transport et de communication...) appartiennent à des personnes privées, constituant la bourgeoisie. Les artisans, les petits patrons, les commerçants, les petits actionnaires, l’ensemble de la petite bourgeoisie, n’a ni poids ni influence réelle dans le système capitaliste. La grande bourgeoisie, ce sont ceux qui possèdent les capitaux des grandes entreprises et de leurs filiales, ce sont quelques dizaines ou centaines de milliers de familles dans le monde. En France par exemple, quelques grands bourgeois - Arnault, Bettencourt, Bolloré, Dassault, Lagardère, Pinault, Peugeot, etc. - possèdent des fortunes de plusieurs milliards d’euros.

Ces grands bourgeois ont le droit d’ouvrir et de fermer leurs entreprises à leur guise. Ils en contrôlent le fonctionnement et la production, décident s’ils doivent produire du lait ou des missiles, des vaccins ou des chars d’assaut. Les capitalistes sont libres - libres d’exploiter des ouvriers et de les jeter à la rue quand cela les arrange, de ruiner des régions entières, de ne pas répondre aux besoins de l’humanité, d’investir dans les secteurs les plus nuisibles, de polluer et de détruire...

Ils disent que le capitalisme, « c’est la liberté ». Oui... mais pour eux, et pour eux seuls. Ils accusent les communistes d’être des ennemis de la liberté. De leur liberté d’entreprendre et d’exploiter ? Oui ! Parce que celle-ci ne s’exerce jamais en fonction des intérêts de l’humanité mais en fonction du seul profit. C’est pourquoi nous pensons qu’il serait tout à fait légitime de restreindre la « liberté d’entreprendre » en retirant aux capitalistes les moyens de nuire.

C’est pour cela que Lutte Ouvrière ne se bat pas seulement pour une amélioration des conditions de vie des travailleurs - ce qui est une nécessité - mais milite surtout pour mettre fin au capitalisme et au salariat.

Capitalistes et politiciens à leur service répètent sans fin que c’est impossible. Empêcher les usines de fermer ? « Impossible ! » Empêcher les crises, les délocalisations, la baisse du pouvoir d’achat, l’aggravation de l’exploitation ? « Impossible ! » Empêcher des millions d’hommes, de femmes, d’enfants, de mourir de faim alors que le monde croule sous les richesses ? « Impossible ! », encore !
Eh bien ! puisqu’il est « impossible » que ce système génère autre chose que de la misère, qu’il passe la main ! Les exploités, aux commandes de la société, feront bien mieux. Comme l’écrivait Trotsky : « Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications qui surgissent des maux qu’il a lui-même engendrés, qu’il périsse ! »

Qu’est-ce que l’internationalisme ?

Lutte Ouvrière se revendique de l’internationalisme. Le capitalisme s’est développé à l’échelle internationale, étendant le marché et la division internationale du travail au niveau mondial. De ce fait, la classe ouvrière sur laquelle repose l’exploitation capitaliste est une classe internationale.

Les frontières sont indispensables à la bourgeoisie parce que les États nationaux qu’elles délimitent lui servent d’instruments politiques pour défendre ses intérêts. La patrie qu’elle voudrait nous voir vénérer résulte, dans bien des cas, de marchandages sanglants, de spoliations éhontées, faits sur le dos des peuples.

La classe ouvrière a les mêmes intérêts, à l’échelle du monde, opposés à ceux de la bourgeoisie de son propre pays. « Les prolétaires n’ont pas de patrie », constatait déjà le Manifeste du Parti Communiste écrit par Marx et Engels à la veille de la révolution de 1848. L’internationalisme prolétarien repose sur l’idée fondamentale que le prolétariat ne peut s’émanciper, renverser définitivement le pouvoir de la bourgeoisie et réorganiser l’économie qu’à l’échelle internationale.

C’est d’autant plus vrai aujourd’hui. A l’heure où le capitalisme domine le monde entier, il est nécessaire de construire une société supérieure, égalitaire, sur d’autres bases que celles du marché et de la course au profit. Une telle société socialiste ne peut exister qu’à l’échelle de la planète.

Sous le règne du capital, la mondialisation signifie la domination sur la planète des grandes puissances et de leurs capitaux, c’est-à-dire l’impérialisme. Celui-ci impose à tous les pays pauvres une véritable dictature économique et la plupart du temps des régimes corrompus et dictatoriaux. Les courants nationalistes des pays pauvres veulent, au mieux desserrer l’étau des grandes puissances. Mais les peuples opprimés ne peuvent s’émanciper de l’emprise politique directe de l’impérialisme, et de son emprise économique que par la destruction du système impérialiste dans son ensemble, c’est-à-dire par le renversement de l’organisation de l’économie capitaliste à l’échelle de la planète : la révolution mondiale.

Pourquoi faut-il un parti révolutionnaire ?

La société capitaliste peut être renversée pour laisser place à une organisation nouvelle et supérieure de la société, le communisme. Cette transformation profonde ne pourra se faire qu’au travers d’une révolution de l’ampleur de la révolution russe. La bourgeoisie elle-même, en France, a eu besoin d’une révolution qui dura plusieurs années pour asseoir son pouvoir face à celui de l’ancien régime.
Pour arracher durablement les moyens de production aux capitalistes, les réorganiser et les développer pour satisfaire les besoins de l’humanité, la classe ouvrière aura besoin du pouvoir politique. Les révolutions ouvrières du passé ont toutes été combattues avec acharnement par la bourgeoise qui utilisait à la fois tous les moyens de l’appareil d’État pour exercer une répression d’une extrême violence, et aussi toutes les forces politiques à son service pour tromper et désarmer les travailleurs mobilisés.

Pour surmonter ces obstacles et vaincre, les exploités auront besoin d’un parti qui se fixe cet objectif et dont l’ensemble de la politique tende vers la préparation de ces périodes d’affrontement contre la bourgeoisie. Il devra regrouper des militants dévoués aux intérêts des travailleurs et ayant tiré les leçons des échecs et des succès du mouvement ouvrier. Le parti révolutionnaire devra avoir de profondes ramifications dans la classe ouvrière et dans l’ensemble des couches exploitées de la société pour pouvoir en exprimer les intérêts communs, les aider à s’organiser pour détruire l’État de la bourgeoisie et prendre le pouvoir.

S’il est certain qu’un parti révolutionnaire ne peut prendre de l’ampleur que pendant les périodes révolutionnaires, le passé a montré qu’un tel parti ne pouvait surgir de rien. Il faut qu’il y ait déjà un noyau de militants révolutionnaires s’étant fixé comme objectif la construction d’un tel parti pour que celui-ci puisse réellement émerger et jouer un rôle décisif. C’est le but que nous nous fixons.

Le communisme

Nous sommes communistes. Pour débarrasser la planète de la misère grandissante, des crises économiques à répétition et des guerres, il n’y a pas d’autre solution que d’en finir avec les causes profondes de ces maux : le système capitaliste.

Aujourd’hui, l’économie est aux mains d’une petite minorité de possédants. Pour la mettre au service de la population, il faut leur arracher les moyens de production et les collectiviser pour les faire fonctionner sous le contrôle de la population. Le communisme, c’est un système économique débarrassé de la propriété privée, de la concurrence, de la recherche du profit individuel. Un système économique où la population peut décider collectivement de ce qu’il faut produire et comment il faut le produire pour préserver aussi bien la planète que les êtres humains.

Cela impliquera donc de parvenir au meilleur équilibre possible entre les ressources humaines et naturelles dont nous disposons, et les besoins essentiels de l’humanité : alimentation, logement, santé, éducation, etc. Et, à la différence de la répartition à laquelle procède le capitalisme, de façon profondément inégale, anarchique, aveugle, une société communiste planifiera tant la distribution des biens de consommation que la production et l’exploitation des ressources.
Cette planification permettra d’en terminer avec les crises qui secouent périodiquement l’économie mondiale. Elle ne signifiera pas, tant s’en faut, la fin du progrès technique et scientifique, mais permettra que celui-ci profite effectivement à tous, et non à une petite minorité.

La suppression de la propriété privée des moyens de production entraînera à plus ou moins long terme aussi la disparition des différentes classes sociales (bourgeoisie, prolétariat…). Une société communiste sera donc fondée sur d’autres rapports entre les êtres humains, non seulement sans que certains peuples en dominent d’autres, mais elle sera également débarrassée du racisme, du sexisme et de toutes les formes d’oppression qui caractérisent la société capitaliste.

Le communisme sera mondial ou ne sera pas. Il s’appuiera en effet sur les ressources techniques et naturelles de toute la planète, sur ce que chaque région du monde a de plus avancé. Les États-nations, avec leurs rivalités économiques, leurs rapports de domination, voire leurs guerres, n’auront plus lieu d’être. Comme le disait Karl Marx pour expliquer ce changement, « le gouvernement des hommes cèdera la place à l’administration des choses ».

Être communiste, c’est donc rester confiants dans l’avenir de l’humanité. « La vie est belle. Que les générations futures la nettoient de tout mal, de toute oppression et de toute violence, et en jouissent pleinement » (Léon Trotsky, 1940).

Rejoindre Lutte Ouvrière

et son combat politique

A l’inverse de tant d’autres partis politiques, Lutte Ouvrière n’a pas pour but d’être une simple machine électorale servant uniquement à assurer une carrière à des notables ou à des politiciens professionnels.

Nous militons pour que se reconstitue au sein du mouvement ouvrier un véritable parti communiste révolutionnaire, ayant pour perspective le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et la transformation de la société dans le sens communiste.

On ne changera pas la société sans regrouper des militants de la cause communiste ; des gens qui ont compris que le capitalisme doit être remplacé par une organisation sociale à la fois plus rationnelle, plus humaine et plus juste, et qui ont aussi compris le rôle irremplaçable de la classe ouvrière dans ce combat. Un parti révolutionnaire n’existera pas sans un tel réseau de militants et de sympathisants profondément implanté au sein même du monde du travail. C’est ce réseau que nous essayons de construire.

Chacun peut, au niveau qu’il souhaite, nous aider dans notre combat. Découvrir les idées communistes et révolutionnaires, les luttes passées du prolétariat, l’histoire des révolutions, peut faire naître des vocations et donner à chacun l’envie de transformer sa révolte individuelle en combat collectif, c’est-à-dire devenir militant.
Nous avons besoin de camarades qui aient envie de nous aider à diffuser notre presse, nos tracts, de participer à nos activités ou de nous soutenir financièrement – car avoir une présence politique coûte cher. Et, naturellement, tous ceux qui souhaitent nous offrir une telle aide, même ponctuelle, sont les bienvenus !

Nous voulons aussi offrir à celles et ceux qui souhaitent nous rejoindre la possibilité de pouvoir mieux connaître les idées communistes et de se donner les moyens d’en convaincre d’autres, de confronter nos idées, les discuter, chercher à connaître l’histoire des idées communistes, des luttes de la classe ouvrière et les leçons qu’elles ont permis de tirer.


Barta rapporte ce qu’il pense de l’organisation Lutte Ouvrière :

"Il n’y pas de dirigeants socialistes sans conscience socialiste et sans culture véritable."

Quant à l’internationalisme de Lutte Ouvrière, c’est encore une autre question qui méritera certainement un article à lui tout seul. Ici encore on a le goût, l’odeur, l’apparence d’une politique révolutionnaire, mais pas la réalité. Et, dès que l’on étudie les textes, on s’en aperçoit...

Là aussi, il serait bon de relire Barta qui déclarait, à propos du POI, autre groupe trotskyste seulement formellement révolutionnaire : "L’abstrait internationalisme qu’elles évoquaient par-ci par-là ne faisait qu’aggraver les conclusions pro-"démocratiques". "

On a remarqué que le second porte-parole de Lutte Ouvrier, Mercier, représentant central de la CGT de Peugeot-Citroën-PSA a affirmé que les travailleurs d’Aulnay ne voulaient pas que leur travail soit pris par des travailleurs brésiliens et chnois... Honte sur lui et sur son organisation !!!

Ce n’est pas la première dérive des militants syndicalistes "de gauche" de Lutte ouvrière à Citroën Aulnay. Ils avaient soutenu l’expulsion des travailleurs sans papiers qui occupaient la bourse du travail de Paris. Lors de la première annonce d’un projet de suppressions d’emplois à Aulnay, ils avaient développé des propositions alternatives, ce qui est du pur réformisme.

Face aux fermetures et licenciements, réclamer du travail pour « sa boite » ? « Les travailleurs de PSA-Citroën Aulnay réclament qu’on produise la nouvelle voiture chez eux, ce qui leur donnerait du travail jusqu’en 2016 … » selon la CGT tenue par le groupe d’extrême gauche Lutte Ouvrière. Cette organisation écrit : « Peugeot-Citroën est un des trusts les plus riches du pays. Il n’est pas en difficulté. » Comme si la politique des trusts était seulement une question de « difficultés » économiques. S’attaquer aux travailleurs d’une entreprise importante qui a mené des luttes, c’est un objectif politique de classe pour le patronat et il faut le dire…Lutte ouvrière écrit : « Sa fermeture serait un drame pour les travailleurs qui seront mis dehors. Mais cela sera aussi une catastrophe pour tous les jeunes de ce département sinistré. » au lieu de développer une argumentation montrant que les travailleurs pourraient être une force prenant la tête des chômeurs de la région et des boites moyennes et petites qui y licencient.

Un exemple du manque de clarté de la propagande de LO sur les délocalisations : la déclaration de la candidate Arthaud :

"Que proposez-vous pour réindustrialiser le pays ? « Nous n’avons rien contre le fait d’investir à l’étranger. Mais il faut que les groupes assurent le travail et le salaire des travailleurs en France. "
voir ici


Revenons sur l’exemple des licenciements à PSA

Pourquoi choisir alors de souligner les délocalisations comme le fait Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière, quand elle déclare : " je veux me faire connaître, partager mes idées dans la lutte contre les licenciements, contre les délocalisations, faire partager aux travailleurs les richesses du pays."

On partage au sein du pays ? Et si "le pays" vole les richesses du monde, parce que c’est un pays impérialiste ?

« S’ils veulent investir à l’étranger, qu’ils piochent dans leur caisse, cela ne doit pas se faire au détriment de l’emploi en France », s’est indigné Jean-Pierre Mercier, de la CGT. Sous-entendu : c’est pour délocaliser que le patron supprime des emplois : pour investir "à l’étranger". Et c’est faux. Les patrons suppriment des emplois parce qu’ils ne veulent pas investir dans la production et qu’ils ne veulent plus que spéculer. Le capitalisme est en phase de destruction...

Or Jean-Pierre Mercier est de Lutte Ouvrière, une organisation d’extrême gauche....

Et il rajouté :

"Aujourd’hui nous sommes compétitifs en France et nous allons nous battre pour garder nos emplois".

"Nous" sommes donc en compétition avec les "travailleurs étrangers" !!!

"Nous" sommes des Français et pas des prolétaires du monde !!!

Jean-Pierre Mercier a assuré que le groupe avait d’"autres solutions que de supprimer des emplois pour faire face à des possibles baisses de ventes".

Comme si c’était les baisses des ventes qui nécessitaient des suppressions d’emplois...

L’extrême gauche a des solutions pour les patrons...

Comme si c’était une bonne idée d’entrer dans la logique des "solutions" qui est celle des syndicalistes réformistes !

La CGT PSA se donne des objectifs industriels : " Des garanties sur Aulnay :

C’est-à-dire l’application de la motion signée par 2200 salariés d’Aulnay en juin demandant un engagement par écrit de la Direction dans un accord tripartite (Syndicats, PSA , gouvernement) pour le maintien de la fabrication de la C3 à Aulnay jusqu’à son terme (au minimum décembre 2016) en deux équipes, avec un plan de charge permettant de garantir tous les emplois existant actuellement sur l’usine, intérimaire compris ; et l’attribution à Aulnay d’un futur modèle après la C3." (tract CGT du 8 novembre 2011 - la CGT PSA est tenue par Lutte Ouvrière)

Mais peut-on mener une lutte qui s’élargisse au delà de PSA Aulnay sur de tels objectifs ? Non !

On a pu entendre des militants syndicalistes d’extrême gauche déclarer au rassemblement des salariés de PSA contre les suppressions d’emplois : "Nous n’avons rien contre le fait que PSA embauche des travailleurs chinois ou brésiliens. Ils ont besoin comme nous de travailler et ce sont des frères de classe, mais cela ne doit pas se faire en supprimant des emplois de travailleurs en France." C’est une manière hypocrite de sous-entendre que ce sont les emplois en Chine ou au Brésil qui cassent les emplois en France. C’est faux ! Les emplois baissent partout dans le monde en ce moment, y compris en Chine : la mondialisation n’en est pas la cause, pas plus que les délocalisations. Si le patron veut le faire croire, ce n’est pas un hasard...

Le patronat n’est plus en train de mondialiser l’économie, il est en train de mondialiser la chute irrévocable de son système....

Le raisonnement précédent sous-entend qu’il s’agit simplement de délocalisations en vue d’augmenter les profits et que la racine de cette politique n’a rien à voir avec la crise que connait le système mondial. C’est faux.

Cette manière de raisonner laisse entendre que les suppressions d’emplois ne sont pas liées aux désordres financiers, boursiers, monétaires et économiques du système mondial. Et c’est faux.

C’est une manière de dire que le patron de PSA mène une politique particulière qui est particulièrement hostile aux travailleurs et qu’il suffirait que les travailleurs de PSA se mobilisent contre ce plan pour le faire reculer. Et c’est faux.

C’est faux parce que l’offensive contre les travailleurs n’est nullement cantonnée à PSA. La première des choses à faire pour élever le niveau de conscience et le rapport des forces serait de montrer aux travailleurs de PSA qui veulent se mobiliser que la lutte doit être générale et qu’il est vital de se mobiliser à des niveaux plus important qu’un site comme Citroën Aulnay et même qu’un groupe comme PSA. Il va falloir entraîner toute l’Automobile et même toute la classe ouvrière.

Les licenciements à PSA sont un ballon d’essai qui suit les licenciements et fermetures d’usines chez les sous-traitants de l’Automobile.

Les suppressions d’emplois à PSA ont le même motif que celles à la BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole, Philips, Areva et Air France, notamment... Au lieu de particulariser PSA, des travailleurs conscients devraient lier les luttes des travailleurs entre elles, dans l’Automobile et au delà.

Les luttes des travailleurs des sous-traitants de Peugeot et Renault ayant été isolées et battues, il devient possible de s’attaquer à PSA d’abord puis, un peu plus tard, à Renault.

Est-ce que ces syndicalistes mènent une propagande active permettant aux salariés du reste de l’Automobile de comprendre et combattre cette manœuvre de division ? Nullement !

Les syndicalistes expliquent au contraire la situation site par site (défendre Aulnay), entreprise par entreprise, pays par pays.

Pour quelle raison, les travailleurs de PSA seraient-ils suivis par ceux de Renault sur l’objectif unique de "sauver l’emploi à PSA" ?

Le réformisme découle bien plus d’une pratique réelle réformiste que d’une théorisation volontaire et assumée de la trahison des idéaux de la révolution. La social-démocratie et les syndicats allemands de 1914-1918 nous l’ont suffisamment démontré...

Rappelons que LO croit ou prétend employer ainsi la méthode de Trotsky dans le Programme de transition alors que ce texte écrivait :

"Toute grève avec occupation pose dans la pratique la question de savoir qui est le maître dans l’usine : le capitalisme ou les ouvriers. Si la grève avec occupation soulève cette question épisodiquement, le COMITÉ D’USINE donne à cette même question une expression organisée. Élu par tous les ouvriers et employés de l’entreprise, le Comité d’usine crée d’un coup un contrepoids à la volonté de l’administration. A la critique que les réformistes font des patrons de l’ancien type, ceux qu’on appelle les "patrons de droit divin", du genre de Ford, en face des "bons" exploiteurs "démocratiques", nous opposons le mot d’ordre des comités d’usine comme centres de lutte contre les uns et les autres. Les bureaucrates des syndicats s’opposeront, en règle générale, à la création de comités d’usine, de même qu’ils s’opposeront à tout pas hardi dans la voie de la mobilisation des masses. Il sera, cependant, d’autant plus facile de briser leur opposition que le mouvement aura plus d’ampleur. Là où les ouvriers de l’entreprise, dans les périodes "calmes", appartiennent déjà tous aux syndicats (closed shop), le comité coïncidera formellement avec l’organe du syndicat, mais il en renouvellera la composition et en élargira les fonctions. Cependant, la principale signification des comités est de devenir des états-majors de combat pour les couches ouvrières que le syndicat n’est, en général, pas capable d’atteindre. C’est d’ailleurs précisément de ces couches les plus exploitées que sortiront les détachements les plus dévoués à la révolution. Dès que le comité fait son apparition, il s’établit en fait une DUALITÉ DE POUVOIR dans l’usine.

Par son essence même, cette dualité de pouvoir est quelque chose de transitoire, car elle renferme en elle-même deux régimes inconciliables : le régime capitaliste et le régime prolétarien. L’importance principale des comités d’usine consiste précisément en ce qu’ils ouvrent, sinon une période directement révolutionnaire, du moins une période pré-révolutionnaire, entre le régime bourgeois et le régime prolétarien. Que la propagande pour les comités d’usine ne soit ni prématurée ni artificielle, c’est ce que démontrent amplement les vagues d’occupations d’usines qui ont déferlé sur un certain nombre de pays. De nouvelles vagues de ce genre sont inévitables dans un prochain avenir. Il est nécessaire d’ouvrir à temps une campagne en faveur des comités d’usine pour ne pas se trouver pris à l’improviste.
 Le "secret commercial" et le contrôle ouvrier sur l’industrie Le capitalisme libéral, fondé sur la concurrence et la liberté du commerce, a disparu bien loin dans le passé. Le capitalisme monopoliste, qui l’a remplacé sur la scène, non seulement n’a pas réduit l’anarchie du marché, mais lui a donné, au contraire, un caractère particulièrement convulsif.

La nécessité d’un "contrôle" sur l’économie, d’une "direction" étatique, d’une "planification" est maintenant reconnue - au moins en paroles - par presque tous les courants de la pensée bourgeoise et petite-bourgeoise, du fascisme à la social-démocratie. Pour les fascistes, il s’agit surtout d’un pillage "planifié" du peuple à des fins militaires. Les sociaux-démocrates cherchent à vider l’océan de l’anarchie avec la cuillère d’une "planification" bureaucratique. Les ingénieurs et les professeurs écrivent des articles sur la "technocratie". Les gouvernements démocratiques se heurtent, dans leurs tentatives poltronnes de "réglementation", au sabotage insurmontable du grand capital. Le véritable rapport entre exploiteurs et "contrôleurs" démocratiques est caractérisé de la meilleure façon par le fait que messieurs les "réformateurs", saisis d’une sainte émotion, s’arrêtent au seuil des trusts, avec leurs "secrets" industriels et commerciaux. Ici règne le principe de la "non-intervention". Les comptes entre le capitaliste isolé et la société constitue un secret du capitaliste : la société n’a rien à y voir. Le "secret" commercial est toujours justifié, comme à l’époque du capitalisme libéral, par les exigences de la "concurrence". En fait, les trusts n’ont pas de secrets l’un pour l’autre. Le secret commercial, à l’époque actuelle, est un complot constant du capital monopoliste contre la société.

Les projets de limitation de l’absolutisme de "patrons de droit divin" restent de lamentables farces tant que les propriétaires privés de moyens sociaux de production peuvent cacher aux producteurs et aux consommateurs les machinations de l’exploitation, du pillage, de la tromperie. L’abolition du "secret commercial" est le premier pas vers un véritable contrôle de l’industrie. Les ouvriers n’ont pas moins de droits que les capitalistes à connaître les "secrets" de l’entreprise, du trust, de la branche d’industrie, de l’économie nationale toute entière. Les banques, l’industrie lourde et les transports centralisés doivent être placés les premiers sous la cloche d’observation. Les premières tâches du contrôle ouvrier consistent à éclairer quels sont les revenus et les dépenses de la société, à commencer par l’entreprise isolée ; à déterminer la véritable part du capitaliste individuel et de l’ensemble des exploiteurs dans le revenu national ; à dévoiler les combinaisons de coulisses et les escroqueries des banques et des trusts ; à révéler enfin, devant toute la société, le gaspillage effroyable de travail humain qui est le résultat de l’anarchie capitaliste et de la pure chasse au profit. Aucun fonctionnaire de l’État bourgeois ne peut mener à bien ce travail, quels que soient les pouvoirs dont on veuille l’investir. Le monde entier a observé l’impuissance du président Roosevelt et du président du conseil Léon Blum en face du complot des "60" ou des "200 familles". Pour briser la résistance des exploiteurs, il faut la pression du prolétariat. Les comités d’usine, et seulement eux, peuvent assurer un véritable contrôle sur la production, en faisant appel - en tant que conseillers et non comme "technocrates" - aux spécialistes honnêtes et dévoués au peuple : comptables, statisticiens, ingénieurs, savants, etc. En particulier, la lutte contre le chômage est inconcevable sans une organisation large et hardie de GRANDS TRAVAUX PUBLICS.

Mais les grands travaux ne peuvent avoir une importance durable et progressiste, tant pour la société que pour les chômeurs eux-mêmes, que s’ils font partie d’un plan général, conçu pour un certain nombre d’années. Dans le cadre d’un tel plan, les ouvriers revendiqueront la reprise du travail, au compte de la société, dans les entreprises privées fermées par suite de la crise. Le contrôle ouvrier fera place, dans ces cas, à une administration directe par les ouvriers. L’élaboration d’un plan économique, même le plus élémentaire - du point de vue des intérêts des travailleurs, et non de ceux des exploiteurs - est inconcevable sans contrôle ouvrier, sans que les ouvriers plongent leurs regards dans tous les ressorts apparents et cachés de l’économie capitaliste. Les comités des diverses entreprises doivent élire, à des conférences correspondantes, des comités de trusts, de branches d’industrie, de régions économiques, enfin de toute l’industrie nationale dans son ensemble. Ainsi, le contrôle ouvrier deviendra l’ "ECOLE DE L’ÉCONOMIE PLANIFIÉE".

Quand l’heure aura sonné, le prolétariat par l’expérience du contrôle se préparera à diriger directement l’industrie nationalisée."

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