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Editorial de Voix des travailleurs - Maghreb, monde arabe, USA, Islande, Espagne : la révolution est internationale car elle marque la nécessité de la fin d’un ordre social

mardi 24 mai 2011, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Maghreb, monde arabe, USA, Islande, Espagne : la révolution est internationale car elle marque la nécessité de la fin d’un ordre social

Après le Maghreb, le monde arabe, la révolte gagne l’Europe. Elle avait marqué la Grèce et l’Islande. Aujourd’hui l’Espagne et demain peut-être la France. Les classes dirigeantes du monde capitaliste sont inquiètes du courant de révolte qui parcourt le monde. Il fait suite, et ce n’est pas un hasard, à la crise mondiale de 2008. La bourgeoisie et ses Etats ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter qu’à la suite de 2008 le monde entier s’embrase contre le système mondial d’exploitation et de domination. Ils ont pour cela jeté des dizaines de milliers de milliards, dont ils ne possédaient pas l’équivalent en valeurs réelles, pour l’éviter. Cela n’a pas suffi : la révolte sociale a commencé, partant des maillons les plus faibles de la chaîne impérialiste, du monde arabe. Ces pays, gouvernés de longue date par des dictatures plus ou moins sous la coupe ou sous la pression impérialiste, n’ont tenu qu’avec le développement économique. Leur crédit auprès des peuples était de longue date archi-usé... La cause palestinienne n’y est pas pour rien. Il a suffi que les perspectives économiques s’affaiblissent pour qu’ils chutent lamentablement.

L’impérialisme a alors, après un temps d’attente et de réflexion, présenté les révoltes du Maghreb et du monde arabe comme des particularités locales et s’est donné une mine réjouie et a fait mine d’accompagner les révolutions et de condamner les répressions et il est toujours dans cette posture. La Libye lui a même offert une occasion d’apparaitre comme intervenant aux côtés des peuples, posture qui n’est que mensonges car l’intérêt du peuple libyen n’est en rien leur souci. Cela montre seulement l’hétérogénéité des "oppositions politiques" aux dictatures.

Mais le mouvement débuté en Tunisie et en Algérie n’a pas fait que parcourir le Maghreb et le monde arabe. Il s’est étendu en partie an Afrique noire. C’est encore au nom de ce mouvement que quatre Etats des USA se sont révoltés contre des mesures anti-sociales menées à l’encontre des employés de ces Etats. C’est toujours en faisant le parallèle avec la révolution arabe que la jeunesse, les travailleurs et les milieux populaires se révoltent en Espagne.

Il ne s’agit plus seulement de renversement de quelques dictatures vermoulues. Il s’agit bel et bien d’une révolte sociale. Et cela a été le cas dès le début, en Algérie comme en Tunisie et en Egypte, et c’est toujours le cas dans ces trois pays car la révolution n’y a pas dit son dernier mot. Les travailleurs ont joué un rôle déterminant dans le développement du mouvement et dans le lâchage par les classes dirigeantes des Moubarak et Ben Ali. On assiste dans ces deux pays aux premières réponses, trompeuses bien entendu, des classes dirigeantes pour canaliser le mouvement et défendre leurs intérêts en s’adaptant à la nouvelle situation, mais pas à la dernière réponse des opprimés...

Le dernier mouvement en Espagne montre bien que le crédit des classes dirigeantes est tout aussi usé dans un pays dit démocratique que dans ces vieilles dictatures, en Europe que dans le monde arabe, dans un pays dit riche (même si le peuple ne l’est pas) que dans des pays dits pauvres (même si la classe dirigeante est très riche). C’est la crise qui a, en un temps très court, mis à mal toutes les illusions des travailleurs, des jeunes et des peuples, balayé tous les carcans intellectuels passés et libéré ainsi les peuples des barrières qui les empêchaient d’entrer en lutte. En Espagne, les illusions électorales, les illusions sur la démocratie bourgeoise, celles sur le développement dans le cadre du capitalisme sont mises à mal. Elles le sont tout particulièrement dans une jeunesse qui n’a connu que le chômage et l’exclusion. Ceux qui occupent les places des grandes villes d’Espagne ont parfaitement conscience d’appartenir à un mouvement d’ensemble parti du Maghreb, parfaitement conscience de faire partie des exclus qui n’ont d’autre moyen d’agir que des e battre, de se révolter.

Et ce que craignent maintenant les bourgeoisies européennes engluées dans les crises de la dette, c’est que le mouvement en Espagne fasse tâche d’huile. Car les conditions sont générales : Etats endettés, ruinés à force d’avoir donné aux financiers, aux banquiers, aux assureurs plus d’argent qu’elles n’en possédaient, chômage en hausse, suppressions des services publics et des acquis sociaux, attaques contre les retraites, l’éducation, la santé...

La lutte d’ensemble débutée au Maghreb et dans le monde arabe n’a pas dit son dernier mot. Nul ne peut encore dire quelle extension géographique ni surtout quelle profondeur elle atteindra. D’une part parce qu’elle ne fait que de commencer. D’autre part parce que les causes de la crise sont profondes et ne risquent pas d’être solutionnées par une petite réforme politique, sociale ou économique. les causes touchent à la racine même du système de domination mondiale.

Une fois de plus quand la révolution sociale entre dans l’Histoire, elle a un caractère international. Chacun a en tête la révolution sociale qui a renversé la féodalité et dont la révolution française s’est fait le porte drapeau. on se souvient moins souvent que cette révolution a débuté en Angleterre et aux Pays Bas et dans une colonie, les USA avant de parcourir l’Europe continentale, de la Suisse à la Belgique, aux Pays Bas et à la France, puis à l’Italie. Cette vague révolutionnaire s’est parachevée avec la vague en Europe de 1848.

Quand on mesure l’importance du mouvement actuel aux "résultats" en Tunisie ou en Egypte, on oublie qu’en Europe aussi les premiers résultats de la vague révolutionnaire de cette époque là avaient été peu probants : des dictatures, de la misère, des catastrophes économiques, et pas plus de libertés. Mais, fondamentalement, l’ordre ancien était mort.

Et c’est loin d’être la seule vague révolutionnaire des opprimés qu’aît connu le monde... Une autre contagion de la lutte au delà des frontière vient bien entendu à l’esprit : celle débutée en Russie et en Finlande, se propageant à l’ensemble de l’empire russe (presque un continent), à l’Allemagne, à l’Autriche, à l’Italie, à la Pologne, puis s’étendant à l’Asie (Chine, Vietnam, Inde,... ) et au Moyen-Orient (Turquie, Syrie,...). C’est la crise du monde capitaliste qui en était la source comme la crise du monde féodal était celle des révolutions des années 1700.

Ce n’est pas des exceptions. Les mondes esclavagistes avaient connu eux aussi des crises révolutionnaires se propageant d’un pays à l’autre. Car le fond de cette propagation n’est pas le moyen technique qui leur permettait de s’étendre : le train en Russie ou l’internet en Egypte. le fond est la limite atteinte par un système social qui n’est plus vécu que comme une oppression.

Ce n’est même pas la première fois que l’Egypte est en tête des révolutions sociales qui vont ensuite parcourir le monde. C’est à l’époque des pharaons que le peuple d’Egypte a, pour la première fois, été le premier à partir à l’assaut des dictatures. En 2260 avant notre ère, les pauvres des villes et des campagnes ont renversé leur roi et la dynastie n’est pas revenu au pouvoir. Il a fallu 150 ans aux classes dirigeantes pour s’en remettre. Et cette révolution a fait des petits dans toute la Méditerranée, jusqu’en Grèce, jusqu’en Iran ! Les classes dirigeantes ont été contraintes de changer considérablement leur mode de domination, ouvrant la justice et la religion aux exploités qui avaient dorénavant le droit de mourir dignement et d’aller en justice contre leur seigneur. Il s’agissait bel et bien d’une révolution sociale profonde. Sa tradition est restée marquée dans les textes puisqu’on en retrouve allusion dans la Bible qui prétend que Dieu aurait frappé Pharaon alors que c’est la révolte du peuple d’Egypte qui l’avait fait chuter, avait brûlé son palais et donné au peuple toutes les richesses monopolisée par une classe dirigeante corrompue.

Les classes dirigeantes d’aujourd’hui ont-elles en tête le sort des Pharaons ? En tout cas, tel est leur avenir car le monde capitaliste est incapable de se réformer, de soigner sa crise et c’est seulement la révolution mondiale qui peut bâtir un autre avenir...

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