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Maghreb et monde arabe : pourquoi la révolution est permanente !!!

lundi 11 avril 2011, par Robert Paris

"J’ignore la nature des armes qu’on utilisera pour la prochaine guerre mondiale. Mais pour la quatrième (la révolution), on se battra à coup de pierres. "

Albert Einstein

Syrie, Yémen, Algérie, Maroc, Bahreïn, Arabie saoudite mais aussi Tunisie et Egypte : rien n’est fini, tout commence !!

Personne ne sait la suite. Personne ne peut deviner la révolution. Mais les classes dirigeantes l’étudient. Nous aussi...

Les chefs d’Etat tombent mais c’est tout l’édifice qui est attaqué et menacé...

tout le système politique et social.

EGYPTE : A BAS TANTAOUI, A BAS LE POUVOIR MILITAIRE ET TOUS LES EXPLOITEURS !

Plus d’un millier de manifestants occupait toujours dimanche la place Tahrir au Caire au lendemain d’affrontements qui ont fait un mort, mettant en évidence les tensions autour de l’armée accusée de freiner les réformes deux mois après la chute du président Moubarak.
Les manifestants, qui ont passé la nuit sur la place dont les accès étaient bloqués par des barbelés et des poutrelles, continuaient de lancer des slogans hostiles au maréchal Hussein Tantaoui, chef de l’institution militaire au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak le 11 février.

"Le peuple demande le renversement du maréchal", qui fut pendant 20 ans ministre de la Défense de M. Moubarak, lancent notamment les manifestants, dont le nombre s’est renforcé en début d’après-midi.
Les épaves de plusieurs véhicules calcinés étaient toujours présentes sur la place et aux abords, et le sol était jonché de pierres. Certains manifestants avaient dressé des tentes improvisées sur le rond-point central.
L’intervention de la police militaire, appuyée par la police anti-émeutes, contre les manifestants dans la nuit de vendredi à samedi avait fait un mort et 71 blessés selon un bilan officiel. Des sources médicales avaient auparavant fait état de deux morts.
Amnesty International a dénoncé dans un communiqué "l’usage excessif de la force par l’armée égyptienne", citant sur la foi de témoignages l’usage de matraques électriques et l’envoi de véhicules blindés qui ont fait de nombreux blessés en entrant dans la foule.
L’armée pour sa part a nié avoir agi avec brutalité et démenti des accusations selon lesquelles elle aurait ouvert le feu sur des manifestants. Elle les a qualifiés de "hors-la-loi" en laissant entendre qu’ils pourraient agir à l’instigation de partisans de M. Moubarak.
Des dizaines de milliers de manifestants avaient réclamé vendredi sur cette place emblématique du soulèvement populaire égyptien, le jugement de M. Moubarak et d’autres hauts responsables de son régime, sur fond de critiques contre l’armée.
La présence de sept officiers en uniforme parmi les manifestants avait laissé poindre des divisions au sein d’une institution militaire traditionnellement hermétique sur ses débats internes.
Ces événements témoignent d’une récente montée des tensions autour du rôle de l’armée, après une période de large consensus sur son action pour stabiliser le pays et organiser le retour à un pouvoir civil élu promis pour la fin de l’année.
Un influent mouvement issu de la révolte anti-Moubarak, la Coalition de jeunes de la révolution, a déclaré par la voix d’un de ses dirigeants, Chadi Ghazali Harb, avoir "suspendu ses contacts avec l’armée" après les incidents de Tahrir, en attendant une enquête et la libération de la quarantaine de personnes arrêtées.
L’armée a été au cours des derniers jours mise en cause pour la traduction en justice du blogueur qui l’avait critiquée, pour des violences contre des manifestants lors du renversement de M. Moubarak, ainsi que pour la pratique de "tests de virginité" sur des manifestantes arrêtées à l’époque.
Mais la popularité dont l’institution militaire continue de bénéficier dans une vaste partie de l’opinion a amené plusieurs responsables et organisations à rester prudentes face à ces critiques.
L’opposant et ancien haut fonctionnaire international Mohamed ElBaradei a, dans un message diffusé sur le site Twitter, estimé que "le maintien de la confiance entre l’armée et le peuple est vital".
Le puissant mouvement des Frères musulmans a, dans un communiqué, "condamné toute tentative d’affaiblir la relation entre l’armée et le peuple et de les monter l’un contre l’autre", même si "de nombreuses demandes du peuple doivent encore être satisfaites".
En somme, ils se positionnent en soutien de l’armée contre le peuple travailleur...

Des manifestants ont mis le feu à un bus militaire et à un camion civil sur la place Tahrir au Caire, où quelques 200 personnes étaient encore réunies samedi matin pour réclamer le départ du chef de l’armée, le maréchal Hussein Tantaoui, selon un journaliste de l’AFP.

La police militaire a déployé des barbelés aux abords du rassemblement, alors le sol était couverts de pierres.

Certains manifestants étaient armés de gourdins, et des traces de sang étaient visibles par endroits. Un camion de l’armée à moitié brûlé se trouvait également à proximité de la place.

Ces affrontements témoignent d’une récente montée des tensions et des controverses autour du rôle de l’armée, en charge du pays depuis le départ de M. Moubarak il y a deux mois, après une période de large consensus.

Des manifestants ont affirmé vouloir rester place Tahrir jusqu’au départ du maréchal Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA), dépositaire du pouvoir depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février.

Le maréchal Tantaoui, 75 ans, a été pendant 20 ans ministre de la Défense du président déchu.

"Je suis venu place Tahrir parce que nous assistons à une contre-révolution", a affirmé un étudiant venu manifester, Malik Asam.

"J’attendais de voir l’autre visage de l’armée. Si elle continue comme cela, elle va voir l’autre visage du peuple", a déclaré un autre étudiant, Anas Mohamed.

Selon des témoins, la police militaire égyptienne a tiré en l’air à l’arme automatique samedi à l’aube pour disperser ces manifestants qui se trouvaient encore place Tahrir, au lendemain d’un rassemblement de dizaines de milliers de personnes réclamant le jugement de M. Moubarak et d’autres ancien responsables.

Vendredi, bravant des consignes de leurs supérieurs de ne pas manifester en uniforme, sept lieutenants avaient également pris la parole sur une tribune pour réclamer "le jugement des corrompus" et une épuration de l’armée.

Les jours précédents, plusieurs vidéos étaient apparues sur le site internet Youtube, dans lesquelles des personnes se présentant comme d’anciens officiers accusaient le CSFA de trahir les idéaux de la révolte populaire.

L’armée était considérée comme populaire en Egypte, en raison en particulier de la retenue dont elle a fait preuve face à la foule pendant la révolte qui a provoqué la chute de M. Moubarak. Mais son image a été ternie ces dernières semaines par des accusations de violences et de tortures, et par les incertitudes et les désaccords qui persistent sur les modalités du retour à un pouvoir civil.

SYRIE : DES DIZAINES DE MORTS CHAQUE JOUR

es militants syriens appellent à une nouvelle vague de manifestations cette semaine pour rendre hommage aux quelque 80 personnes tuées dans la répression des précédents mouvements antigouvernementaux, lancés il y a près de trois semaines.

La page Facebook "The Syrian Revolution 2011" appelle à des manifestations dans tout le pays mercredi, jeudi et vendredi, parlant de "Semaine des Martyrs". Mardi, la page avait plus de 105.500 fans.

La contestation a débuté le 18 mars dans le sud du pays et s’est étendue rapidement à d’autres régions. Le mouvement est le plus fort qu’ait affronté le régime syrien, l’un des plus répressifs de la région, en 40 ans de règne de la famille Assad.

Le président Bachar el-Assad a tenté de mettre fin à la crise, notamment en limogeant son gouvernement et en promettant la création de commissions destinées à plancher sur des réformes. Mais il n’a présenté aucune réforme d’ampleur susceptible d’apaiser la situation.

Mardi, la Syrie a suspendu toutes les rencontres de football pour tenter d’éviter les rassemblements qui pourraient tourner à la contestation du régime. En mars 2004, des heurts avaient éclaté entre des Kurdes syriens et les forces de sécurité dans la ville de Qamishli, dans le nord-est du pays. C’est une querelle entre équipes de football rivales qui avaient déclenché la crise. Celle-ci s’était étendue à la région et au moins 25 personnes avaient été tuées.

Un avocat syrien Khalil Matouk, défenseur des droits de l’Homme, a par ailleurs annoncé mardi que sept personnes avaient été libérées le mois dernier en Syrie. Parmi elles figurent deux Kurdes arrêtés le 12 mars et deux militants qui faisaient partie des 32 personnes interpellées lors d’un sit-in le 16 mars devant le ministère de l’Intérieur. Selon les organisations de défense des droits de l’Homme et des témoins, des centaines de personnes ont été arrêtées depuis le 18 mars.

Abandonnant la perspective de la révolution, du socialisme et du pouvoir ouvrier, toute une partie de la gauche et même de l’extrême-gauche, au nom du tiers-mondisme ou du nationalisme, avait aussi abandonné, pour le sud de la Méditerranée du moins, les principes de la lutte des classes, c’est-à-dire de la lutte des travailleurs et travailleuses contre le patronat, des exploité(e)s contre les exploiteurs, pour une lutte de tel ou tel peuple, derrière un parti ou un Etat bourgeois tant qu’il était considéré comme « anti-impérialiste ».

Pour cette gauche anti-impérialiste, le temps n’était plus, en tout cas au Maghreb et au Moyen-Orient, à la lutte de la classe ouvrière contre la bourgeoisie et ses différentes fractions, mais à celle d’une fraction de la bourgeoisie considérée comme « progressiste » au nom de son opposition aux Etats-Unis et à ses alliés. Il fallait donc affirmer son soutien à l’OLP, puis au Hamas et au Hezbollah, au nom de la lutte contre le colonialisme d’Israël. Pour d’autres il fallait soutenir les partis nationalistes kurdes. Et certains allaient jusqu’à soutenir des régimes anti-ouvriers et dictatoriaux comme la Libye ou l’Iran au nom de la « lutte anti-impérialiste ».

Pas plus que l’ouvrier de Peugeot ne se demande lorsqu’il fait grève s’il va faire le jeu de Renault, les exploité(e)s et opprimé(e)s qui se soulèvent au Maghreb et au Moyen-Orient n’ont que faire de ces jeux diplomatiques entre Etats et fractions de la bourgeoisie. La même révolte et la même colère explose tant contre les régimes « pro-occidentaux », comme en Egypte, en Tunisie ou au Yémen, que dans les pays « anti-occidentaux » comme en Libye ou en Iran. Il importe peu, en effet, à l’ouvrier qui ne parvient plus à joindre les deux bouts quels sont les liens du gouvernement qui décide de la hausse des prix avec les Etats-Unis. Le chômeur d’Egypte et le chômeur d’Iran partagent la même misère, la même souffrance et la même colère. Pour le manifestant réprimé, battu, blessé et parfois même assassiné par les forces de répression, cela ne fait pas une grande si grande différence que les flics soient financés par les Etats-Unis comme en Egypte, entrainés par la France comme au Bahreïn ou par l’Iran comme les milices du Hamas en Palestine. Pour la femme condamnée à la réclusion à perpétuité, à l’humiliation et aux discriminations quotidiennes, elle est condamnée à la même souffrance que l’apartheid sexiste soit instauré par une monarchie pro-occidentale comme celle des Saoud ou par un régime « anti-occidental » comme la République Islamique d’Iran. La vague révolutionnaire commencée dans la région pauvre de Sidi Bouzid en Tunisie touche maintenant tout le monde arabe et le Moyen-Orient, des manifestations insurrectionnelles ont lieu, après la Tunisie et l’Egypte, au Yémen, en Libye, au Bahreïn, en Iran, etc. Qu’ils vivent au sud ou au nord de la Méditerranée, les chômeurs revendiquent des emplois, les ouvriers veulent du pain, le droit de grève et d’organisation, les femmes luttent l’égalité, la population aspire au bien-être et à la liberté, et tous se battent pour voir aboutir leurs revendications.

Et, quelque soit leur place sur l’échiquier politique et diplomatique international, tous les régimes, dictateurs et partis au pouvoir de la région, réagissent, effrayés, devant la montée des protestations. Certains, en parole, affirment leur soutien aux protestations dans tel ou tel pays, mais pour réprimer de la même façon celles qui se lèvent chez eux. C’est le cas de la République Islamique d’Iran qui avait, pour sa propagande internationale, affirmé son soutien à la révolution en Egypte allant jusqu’à raconter que les peuples de Tunisie et d’Egypte voulaient subir la Charria comme en Iran. Rappelons qu’en Iran, en 1979, il n’y a jamaiss eu de « révolution islamique ». Il y a eu une révolution contre la monarchie du Shah, pour la liberté et l’égalité, la création de Shorras dans les usines (conseils… ou si on veut utiliser le mot russe soviets), puis soutenue par la bourgeoisie du bazar, le clergé, les puissances occidentales comme lors de la conférence de Guadeloupe, une contre-révolution islamique, avec d’abord la terreur des bandes du Hezbollah puis l’instauration du régime islamique contre les ouvriers qui voulaient maintenir leurs conseils, les femmes qui aspiraient à l’égalité, les militant(e)s ouvriers, communistes, démocrates… exécuté(e)s par dizaines de milliers au début des années 1980, bref la mise en place d’un régime pour briser et réprimer la révolution de 1978-1979. D’ailleurs, le 14 février 2011, la population de Téhéran, de Chiraz, de Kermanshah et d’autres villes du pays a montré sa solidarité avec les révolutions en Tunisie et en Egypte, en criant « Moubarak, Ben Ali, et maintenant au tour de Said Ali » (Khamenei) ou « Au Caire et à Téhéran, à bas les tyrans ! », et en avançant vers sa propre révolution.

En Palestine, les deux factions rivales de la bourgeoisie palestinienne, le Hamas qui contrôle la Bande de Gaza, et le Fatah au pouvoir au Cisjordanie, ont toutes deux soutenu en parole la révolution en Egypte ou en Tunisie, l’une au nom de l’islamisme et l’autre au nom du nationalisme arabe. Pourtant, à Gaza Ville, les miliciens du Hamas ont réprimé peu après le départ de Moubarak une manifestation de soutien à la révolution égyptienne. Six femmes et dix hommes ont été arbitrairement arrêté(e)s. En Cisjordanie, le Fatah et l’OLP ont interdit toute manifestation de solidarité avec la révolution en Egypte et en Tunisie. Le 5 février, malgré l’interdiction, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans les rues de Ramallah et ont été agressé par des agents de l’Autorité Palestinienne quand les manifestant(e)s ont scandé « De Ramallah à la Place Tahrir, le peuple veut le changement ».

Le 17 février, c’est à Soulemaniye, au Kurdistan d’Irak, que des milliers de manifestants, protestants contre la misère, la corruption et l’absence de liberté ainsi que leur solidarité avec les révolutions en Tunisie et en Egypte, ont dû faire face aux tirs des brutes du PDK, un des deux principaux partis nationalistes kurdes au pouvoir, faisant plusieurs morts et plus de cinquante blessés.

Si, dans ces révoltes et révolutions, la population et la classe ouvrière font, comme dans toutes les périodes de rupture, preuve d’une formidable intelligence et créativité pour affronter les forces de répression, s’organiser en comités de quartier pour se défendre face aux voyous du régime, constituer de nouvelles confédérations syndicales comme en Egypte, etc. force est de constater que les gouvernements, eux, semblent reproduire partout le même jeu. En Egypte, Moubarak avait cru pouvoir éteindre la contestation en faisant agresser les manifestant(e)s par des brutes à son service, aujourd’hui c’est en Libye et en Iran que l’on voit des mises en scènes de manifestations favorables aux dictateurs en place. Comme en Egypte, cette stratégie ne parviendra pas à empêcher le départ des Kadhafi et des Khamenei qui, bientôt, iront rejoindre Ben Ali et Moubarak.

Bien entendu, la bourgeoisie locale comme internationale tente, par tous les moyens, d’éteindre l’incendie, quitte à sacrifier ses anciens serviteurs. En Egypte, la junte militaire au pouvoir tente de mettre fin aux grèves ouvrières, et les Etats-Unis ont cherché toutes les possibilités de nouveau gouvernement pour remplacer Moubarak, allant jusqu’à discuter avec les Frères Musulmans qui ont oublié leur rhétorique anti-impérialiste pour répondre présents.

Le même espoir d’en finir avec les régimes despotiques et corrompus brûle dans les coeurs des populations de tout le Maghreb et de tout le Moyen-Orient, un même vent de liberté et d’égalité souffle pour envoyer dans les mêmes poubelles de l’histoire à la fois les Moubarak, Ben Ali, Khamenei, Kadhafi, Bouteflika, Mohammed VI, etc, etc. Et cette flamme pourrait bien embraser bien plus que la zone sud de la Méditerranée, tant les prolétaires d’Europe et d’Amérique du Nord aussi ont bien des exploiteurs à faire dégager, et n’ont plus rien à perdre. Quelques soient leurs discours, on voit bien que tous les dirigeants, locaux ou internationaux, et toutes les fractions et partis de la bourgeoisie, qu’ils s’affirment démocrates, monarchistes, nationalistes, islamistes ou autres, ne visent qu’à une chose, éteindre ce formidable mouvement révolutionnaire, craignant qu’il ne les entraîne tous à la place qui est la leur : les poubelles de l’histoire.

Camille Boudjak, 19 février 2011

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