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Editorial 24-03-2011 - 2011 : la fin d’un monde...

vendredi 25 mars 2011, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


2011 : la fin d’un monde...

Il suffit d’écouter les informations des actualités pour se convaincre que le monde de demain ne sera pas le monde d’hier. Du monde arabe au Japon et à l’Europe ou aux USA, tout indique l’effondrement d’un fonctionnement ancien qui atteint ses limites. L’information selon laquelle le coût de l’énergie pourrait augmenter de 30% dans les prochaines années ne fait que rajouter une couche, entraînant également les autres prix dans une course folle, l’inflation étant déjà lancée par les prix des matières premières et des matières agricoles... Quant au chômage, il a pris durablement son envol, y compris aux USA. Et ce n’est pas la crise du Japon, crise nucléaire et catastrophe humanitaire mais aussi nouvelle crise économique qui risque d’aider à renverser la vapeur. Il est clair que le monde est très loin d’être sorti de la crise de 2008 comme le montrent non seulement le Portugal mais aussi les banques anglaises.

Cela ne veut pas dire que l’ancien monde ait été remplacé par un monde nouveau, loin de là. Il est même difficile d’imaginer la suite... Comment les peuples seront-ils capables de remplacer le système, nul ne peut encore l’entrevoir. mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas possible. Les peuples ont maintes fois montré qu’ils sont capables de changements étonnants. Qui aurait cru, par exemple, que l’ensemble des peuples du Maghreb et du monde arabe allaient se mobiliser, de la Tunisie à l’Egypte et de la Syrie aux monarchies pétrolières, sans que ces mobilisations soient du tout conduites par le courant islamiste ? Qui aurait cru que, dans cette partie de la planète, ce sont les jeunes, les femmes et les travailleurs qui allaient mener la danse dans ces mobilisations ? Qui aurait pu prédire que les peuples allaient être capables de renverser de vieilles dictatures bien accrochées, liées aux classes dirigeantes et soutenues par l’impérialisme. Qui aurait cru que, des mois après, la révolte allait encore continuer comme elle le fait au Yémen, au Bahreïn, au Maroc ou en Algérie, contraignant les classes dirigeantes à plus de concessions en quelques semaines qu’en des années ? Et montrant du même coup la force des opprimés. Qui aurait cru que les travailleurs des USA seraient capables de se révolter en faisant explicitement référence à la révolte du monde arabe, comparant le gouverneur prétendant casser leurs salaires et emplois à Moubarak mais comparant même leur lutte à celle des travailleurs égyptiens ?!!!

Oui, le peuple travailleur du monde est capable de nous surprendre autant au moins que l’effondrement du système mondial...

Certains diront que c’est là un plaidoyer pour la fin du capitalisme plus qu’un constat objectif de fin du système capitaliste. Ils trouveront même dans ce texte des accents catastrophistes du type du film "2012, la fin du monde". Ils affirmeront que le capitalisme est certes malade mais que ce n’est pas nouveau et qu’il est pourtant toujours là, même après les crises économiques les plus graves....

Ils rajouteront que le monde arabe est en révolte contre des dictatures pour la démocratie, pas contre le capitalisme ni pour le socialisme et le pouvoir aux travailleurs.

Ils remarqueront que le Japon est certes gravement frappé par l’irresponsabilité de ses dirigeants mais que cela ne signifie pas que le capitalisme japonais soit rayé de la carte. Et que le capitalisme ne doit pas, selon eux, être accusé des choix des dirigeants japonais ou des trust du nucléaire...

Eh bien, nous ne sommes pas du tout d’accord avec leurs affirmations et nous affirmons que les événements paraissent pour ce qu’ils sont : la fin d’un monde, le monde capitaliste. Et ce n’est pas là un plaidoyer contre le capitalisme mais seulement une analyse des faits objectifs.

Et tout d’abord des faits économiques. Le capitalisme n’est plus du tout dans son fonctionnement "normal", pas même celui d’une période de crise. "Normalement", le capitalisme est fondé sur l’investissement privé des quantités de fois supérieur à l’investissement public. Il en reste plus que ce dernier qui investit à perte dans l’immobilier, dans la bourse, dans les banques... Normalement, les banques centrales prêtent à intérêt. Là, elles prêtent aux banques et aux institutions financières... sans intérêt. Normalement, les banques prêtent aux investissements des particuliers. plus maintenant... Normalement, les Etats s’endettent mais pas pour des dizaines de générations à venir et là c’est le cas.Le système fait semblant de fonctionner grâce à ces injections sans limite d’argent bidon émis par les banques centrales. cela ne peut pas durer bien longtemps et ils le savent... Normalement, l’Etat américain ne dépense pas 182 milliards de dollars pour éviter la faillite d’une assurance comme AIG.

Ensuite, la crise nucléaire japonaise n’a rien d’un incident nucléaire de type courant, pas même comme Tchernobyl. En effet, c’est la capitale du troisième pays capitaliste au monde qui est directement menacée de radiations ou de fuite massive de sa population. Et c’est bel et bien les choix des capitalistes et gouvernants japonais qui sont en cause. Ce sont ces choix qui ont mené à construire des centrales en bord de mer au pays des tsunamis. Ce sont eux qui mènent aujourd’hui à minimiser les risques pour obliger les populations à continuer à travailler dans des zones contaminées. Ce sont les trusts automobiles qui poussent à la reprise du travail des les entreprises sous-traitantes de l’automobile et travaillant dans la région de la centrale de Fushima. C’est le trust de l’énergie TEPCO déjà responsable des dysfonctionnements qui ont causé la catastrophe qui impose à ses salariés de travailler dans une zone contaminée sans matériel suffisant de protection...

Non, ce que nous rapportons ici n’est pas un scénario de film catastrophe imaginaire mais la réalité de ce que nous prépare le capitalisme ayant atteint ses limites.

Certes, il maintient une société qui détient encore des richesses colossales dont le Japon est un exemple mais cette société est fondée sur des masses colossales de dettes (endettement du Japon : 220% du PIB !!!).

Certes le système peut sembler au premier abord être encore en fonction mais il ne donne cette impression qu’en déversant des tonnes de milliards issues des banques centrales et des Etats.

Oui, il est plus que temps que les prolétaires, qui viennent de montrer du monde arabe aux USA leur capacité à se mobiliser, montrent aussi qu’ils ont un monde nouveau à bâtir sans exploitation et sans oppression.

Car sans cela, les classes dirigeantes vont nous entraîner dans des abîmes dont nous ignorons encore la profondeur et dont les guerres civiles aux quatre coins de la planète donnent seulement une petite idée....

Du Japon au Moyen-orient, tous les événements dramatiques remettent en question la domination capitaliste sur le monde même si les travailleurs n’en ont pas encore conscience.... Les classes dirigeantes elle le savent et cela explique leurs réactions....

Japon comme Moyen-orient remettent en question la mainmise du capital sur les moyens énergétiques. Au même moment le pétrole, le gaz et le nucléaire sont remis en cause.

Si les monarchies pétrolières sont gagnées par la révolte, et tout particulièrement l’Arabie saoudite, c’est tout l’édifice énergétique du monde capitaliste qui est à terre....

Si les spéculateurs commencent à jouer de nouveau l’euro à la chute, par exemple suite à la faillite du Portugal, s’ils jouent en baisse le Japon, c’est tout le système qui ne sera plus en état de payer les spéculateurs et devra laisser chuter l’euro ou la livre anglaise, si ce sont els banques anglaises qui chutent en premier. les scénarios sont inimaginables comme dans le cas de la crise nucléaire au Japon mais le pire est possible...

Dès maintenant, le capital est devenu mortifère pour le système lui-même et il n’y a aucune raison qu’il revienne en arrière sur cette évolution.

Ceux qui refusent de dire que le capitalisme n’a aucun avenir sont les réformistes qui nous enferment ainsi dans le piège, qu’il s’agisse des réformistes syndicalistes de France, des réformistes démocrates du Moyen-orient ou des réformistes sociaux-démocrates du monde.

Le capital lui ne se réformera pas : ou les travailleurs l’enterreront ou il les enterrera....

Messages

  • Comme les Romains ou les Mayas avant nous, notre civilisation moderne et industrielle pourrait bien être condamnée à disparaître. C’est ce qu’assure une étude du Centre de vols spatiaux Goddard de la Nasa, rapportée par The Guardian.

    Ce n’est pas la première fois que l’on prédit la fin du monde. Mais cette fois-ci, ce sont des scientifiques qui avancent l’effondrement de la « civilisation industrialisée ». La Radio Télévision Belge (RTBF) appuie en outre la « crédibilité » de cette étude sur le fait qu’elle a été publiée par le « très sérieux Elsevier Journal Ecological Economics ».

    Emmenés par le mathématicien Safa Motesharri, ces chercheurs basent leurs recherches sur un modèle appelé « HANDY », pour Human and And Natural DYnamical.

    Cette « dynamique nature-humanité » leur a permis d’identifier les facteurs qui ont conduit à la chute d’anciennes civilisations : « la population, le climat, l’eau, l’agriculture, et l’énergie ».

    Comment ces éléments peuvent-ils conduire à l’effondrement d’une civilisation ? Lorsqu’ils « convergent pour générer deux fonctions sociales cruciales », explique le Guardian, traduit par la RTBF.

    « La rareté des ressources provoquée par la pression exercée sur l’écologie et la stratification économique entre riches et pauvres ont toujours joué un rôle central dans le processus d’effondrement. Du moins au cours des cinq mille dernières années »

    Ainsi, une surexploitation des ressources naturelles combinée à une trop forte disparité entre riches et pauvres, ou entre « élites » et « roturiers », comme ils sont nommés dans l’étude, ont déjà conduit à l’effondrement de civilisations. Dans son essai L’Effondrement, présenté dans Le Monde, Jared Diamond expliquait par exemple comment les Mayas ont couru à leur propre fin. La déforestation et la culture intensive du maïs ont été les premiers pas vers l’écroulement de cette civilisation.

    Mais les auteurs se gardent d’y voir une fin de la civilisation capitaliste et le début d’une civilisation socialiste...

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