Accueil > 08- Livre Huit : ACTUALITE DE LA LUTTE DES CLASSES > Révolte internationale : le prolétariat est la deuxième puissance du (...)

Révolte internationale : le prolétariat est la deuxième puissance du monde. A lui d’en prendre conscience et d’éliminer le système d’exploitation...

jeudi 3 mars 2011, par Robert Paris

Quand l’Histoire se remet en marche, elle bouleverse toutes les philosophies de l’immobilisme qui dominaient tranquillement. Philosophies selon lesquelles le monde ne peut pas changer radicalement, selon lesquelles il n’y a pas de discontinuité possible dans la société humaine et selon lesquelles, du coup, le capitalisme est le seul monde possible.

Maghreb et monde arabe viennent de rappeler au monde sa discontinuité profonde...

Mais ils n’ont pas fait que cela. Ils rappellent aussi au monde qu’il est engagé dans un bras de fer, seulement limité mais jamais arrêté, entre bourgeoisie et prolétariat.

La crise mondiale qui, loin d’être réglée, est en train de s’approfondir, mène inévitablement la civilisation capitaliste à sa fin. La seule question n’est pas sur les délais, imprédicitbles par essence, mais celle de la construction d’un nouveau monde.

Les premiers tremblements de terre sociaux sont des révélateurs de conscience pour tous les prolétaires du monde : il n’y aura d’autre avenir que celui que nous construirons en nous organisant dans ce but...

La révolution va cheminer sur plusieurs plans, économique, politique, social et, du côté des prolétaires, en termes de luttes, conscience et d’organisation. le chemin nous paraît long et incertain mais, comme on vient de le constater, il y a des accélérations....

Le travail des classes dirigeantes pour faire face à la situation sera notamment d’éviter que les prolétaires prennent conscience de la situation nouvelle et de sa signification profonde.

Voilà qui dicte la tâche numéro un des révolutionnaires...

Il ne s’agit ni de se féliciter des succès ni de se lamenter des manques et des insuffisances des révolutions en cours. Il s’agit d’œuvrer dans le sens de la conscience du sens de l’Histoire, même si ce terme hérisse le poil de tous ceux qui ne veulent surtout pas que ce sens nous sépare définitivement de la veille société...

Et d’abord on assiste à un combat d’interprétations sur les luttes en cours au Maghreb et dans le monde arabe.

Pour ceux qui souhaitent ramener l’ordre dans la région - l’ordre impérialiste bien sûr -, il s’agit de dire que le monde s’unifie vers plus de démocratie et, en vue de ce retour à l’ordre, ils sont même prêts à reconnaitre qu’ils ont un peu trop soutenu les dictatures, dans un but pieux bien sûr, celui d’éviter les terrorismes. Ben voyons !!!

Et la "démocratie" impérialiste serait le grand vainqueur de toutes ces épreuves...

Ce n’est que mensonges. tel n’est pas le sens de la révolte qui a un caractère non seulement politique mais social.

Ouvriers du canal de Suez en révolte....

Le prolétariat, ouvriers, chômeurs, jeunes, milieux populaires, pauvres, joue un rôle central dans toutes les mobilisations...

En ce qui concerne les racines de la crise sociale, il faut dire également qu’elles ne sont pas seulement à chercher localement.

C’est tout le système mondial qui a cautionné les Moubarak, les Ben Ali, les Mohamed VI ou autres roi de Jordanie ou du Bahrein.... Ce sont des corrompus, des assassins mais ce sont leurs corrompus et leurs assassins. Ce n’est pas des accidents, des dérives, des cas particuliers. C’est la manière de gouverner du capitalisme mondial dans cette région, ce qui est très différent...

L’impérialisme fait mine de chercher comment aider la révolte à aller vers la démocratie. mais son seul effort est comment éviter que cela se transforme en révolution consciente et claire des prolétaires...

Leur effort a d’abord consisté aussi à présenter cette révolte comme celle des "classes moyennes" et de leur jeunesse.

Mais, par exemple en Egypte, ces fameuses "classes moyennes" sont réduites à leur plus simple expression dans l’un des pays les plus prolétarisés du monde !!!

En Egypte comme en Tunisie, les régimes ne seraient jamais tombés face à la seule jeunesse estudiantine ! Ce sont les prolétaires entrant dans la danse qui ont convaincu les classes dirigeantes de faire sauter le fusible Moubarak...

Il faut, pour les classes dirigeantes, effacer tout caractère de lutte de classe des événements.

Même les altermondialistes servent en ce sens les classes dirigeantes en déclarant comme "Altermonde sans frontières" : "Les jeunesses tunisienne et égyptienne sont éprises de la citoyenneté-monde."
En somme, les jeunes prolétaires n’auraient comme but que le monde capitaliste, d’être aussi citoyens qu’un Français ! Mensonge de classe ! Ce n’est pas une révolte citoyenne mais une révolte des opprimés. Ceux qui se sont immolés l’ont fait à cause de la misère et de la honte de l’oppression ... Ceux qui ont risqué leur vie à l’assaut du pouvoir sont motivés par les mêmes raisons que toutes les révolutions sociales... comme la révolution de 1789 par exemple amis aussi comme celle de 1917 en Europe...

Les classes dirigeantes nous montrent en tout cas que le tout n’est pas de lutter : le combat pour la conscience est fondamental.

Une nouvelle conscience internationale des opprimés peut naître des événements et c’est déterminant pour l’avenir.

La révolte des fonctionnaires du Wisconsin

En ce sens, l’exemple des salariés américains qui déclarent : "nous sommes tous des Égyptiens" est saisissante...

Une conscience prolétarienne internationale est peut-être en train de naitre...

Il n’est pas concevable que les exploités et les exploiteurs élaborent des "solutions" communes à la crise actuelle. Tous ceux qui prétendent en chercher, ou en négocier, ne sont que des adversaires déguisés.

Cela signifie que la lutte entre le Capital et le Travail devient impitoyable.

Tous les moyens vont être bons pour détourner les travailleurs de la défense de leurs intérêts et de ceux de l’humanité. Les vernis "démocratiques" des sociétés capitalistes tombent. Avec eux, se dévoilent tous les mensonges du développement et du bien être en système capitaliste.

La première conséquence de la crise du capitalisme est : le droit de vivre en travaillant et de faire vivre une famille va devoir être placé au dessus du droit de détenir un capital et de l’exploiter.

La deuxième conséquence est : il n’est plus possible de laisser les classes dirigeantes et leurs hommes politiques gouverner la planète. C’est, pour les exploités, une question de vie ou de mort de les déposséder du pouvoir.

Plus tôt, les travailleurs auront conscience de cette tâche inévitable, moins l’humanité paiera de souffrances ce changement incontournable.


NOUS COMMUNIQUONS CI-DESSOUS LE TEXTE DE CCI :

Luttes dans le monde : la bourgeoisie craint la contagion des révoltes

Après le départ de Ben Ali et de Moubarak, après l’éclatement des affrontements sanglants en Libye, un vent de révolte parcourt le monde, contre les régimes de terreur et contre l’enfoncement dans la misère. Partout la bourgeoisie s’inquiète de la propagation de cette onde de choc qui révèle la faillite générale du système capitaliste.
Dans la péninsule arabique

Au Yémen, les manifestants ont baptisé le 25 février “vendredi du début de la fin du régime”. Des dizaines de milliers de Yéménites ont participé à des prières collectives dans plusieurs villes du pays (Sanaa, Aden, Taez) pour demander la chute du régime du président Ali Abdallah Saleh. “Pars, pars   !”, a scandé à son intention la foule réunie dans la capitale. Une foule d’au moins 50 000 personnes, selon le décompte du Guardian, s’est rassemblée sur une place située devant l’université où campent depuis plusieurs jours des manifestants.

Depuis le début de la contestation le 27 janvier, douze personnes ont été tuées à Aden, outre les deux morts de Sanaa et celui de Taez.

A Bahreïn, les manifestants étaient des dizaines de milliers, le 25 février, dans le centre de la capitale Manama, pour la prière du vendredi. Cette prière a eu lieu sur la place de la Perle, qui est devenue l’épicentre de la contestation entrée dans sa douzième journée. “Nous voulons que les Al-Khalifa quittent Bahreïn”, lancent certains, en référence à la dynastie sunnite qui règne sur l’île du Golfe, dont la majorité de la population est chiite.

L’amiral Mike Mullen, chef d’état-major interarmées, en tournée dans le Golfe depuis le 20 février, a marqué une étape à Bahreïn, quartier général de la 5e Flotte américaine, pour y rencontrer jeudi soir le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa et le prince héritier. Il a salué “la manière très modérée” avec laquelle les autorités ont répondu à la crise. Après des violences initiales qui ont fait sept tués parmi les manifestants, les forces de sécurité se sont retirées sur ordre du prince héritier, chargé par son père de conduire un “dialogue nationale avec l’opposition”. Le régime a aussi procédé à des libérations de prisonniers politiques.
En Afrique du Nord

En Algérie, l’état d’urgence a été levé le 24 février. La décision a été publiée au Journal officiel du pays. Pourquoi maintenant   ? Quelles en sont les conséquences   ?

Selon le correspondant de France 24 en Algérie, l’état d’urgence, mis en place le 9 février 1992 pour contrer la menace islamiste, sortie victorieuse aux élections législatives de 1991, reposait sur trois dispositions. Tout d’abord, aucun rassemblement – manifestations, ou réunion d’ampleur dans une salle – n’était autorisé sans l’aval du pouvoir. Ensuite, l’état d’urgence justifiait tout internement administratif  : “On pouvait mettre en détention provisoire n’importe qui sans décision de justice. Et c’est ce qui s’est passé dans les camps du Sud où de nombreux islamistes ont été internés. Enfin, le pouvoir algérien d’avant 2011 avait accepté la réquisition des forces militaires par les autorités civiles  : “C’était en gros l’armée dans la rue”.” Il a fallu 19 ans au pouvoir assassin pour lever l’état d’urgence qui lui permet d’arrêter n’importe qui, de le détenir, de le torturer puis de le faire disparaître au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais, curieusement, le pouvoir reconnaît que la question du terrorisme n’est pas réglée et avoue qu’il fait cela face à la contestation sociale. En quoi la situation va-t-elle changer   ? Fondamentalement… en rien. Les militaires garderont le pouvoir que leur conférait l’ancienne disposition d’état d’urgence, afin de poursuivre la lutte anti-terroriste, en vertu d’une nouvelle loi prochainement annoncée (toujours sous le prétexte d’endiguer une possible menace d’Al Qaïda). Pour beaucoup, cette nouvelle mesure, de même que l’annonce le 3 février de plans pour contrer le chômage et la crise du logement, fléaux majeurs qui ont largement conduit aux manifestations de janvier dernier, pour l’emploi et le logement, n’est qu’un effet d’annonce et une manœuvre.

Il est fort à parier que la manifestation prévue à Alger pour s’opposer au régime de Bouteflika le samedi 26 février, se termine par le même flot d’arrestations que les précédentes des 12 et 19 février qui avaient mobilisé de 30 à 40 000 policiers pour 2 à 3000 manifestants.

Cette contestation sociale, malgré la répression et surtout malgré le poids énorme de vingt ans de guerre civile qui aura fait 200 000 morts, n’a pas cessé comme en témoignent les grèves qui tendent à se poursuivre au cours de ces dernières semaines.

• 300 salariés d’une société de sous traitance ont multiplié des actions de protestation, fin février, devant la direction générale de Fertial (entreprise algéro espagnole de production d’engrais phosphatés), à Annaba, pour revendiquer leur intégration au sein de l’entreprise, des hausses de salaires et une protection sociale. Ce mouvement pourrait rebondir et s’élargir à Annaba en cas d’échec des négociations.

• Une grève des employés paramédicaux déclenchée mardi 1er février, a été suivie à plus de 87  %, à l’échelle nationale et à près de 100  % dans la capitale (selon le syndicat de ce secteur, le SAP). “Pour un statut de dignité. Les paramédicaux en grève” pouvait on lire sur les pancartes.

• Une grève des travailleurs a affecté, mardi 1er février, le secteur de l’éducation de la wilaya de Bejaïa. Un mouvement de grève de deux jours initié conjointement par les deux syndicats autonomes de l’éducation, le CNAPEST et l’UNPEF. Cette grève a été précédée, lundi, par celle du syndicat rival le SETE, affilié à l’UGTA. Les syndicats revendiquent “la régularisation immédiate de toutes les situations des travailleurs du secteur de l’éducation”. D’après certaines informations, la grève aurait été suivie par plus de 92 % des travailleurs.

Selon les organisateurs, se disant indépendants de toute formation politique, près de 15000 étudiants (moins de 5000, selon les services de sécurité) ont pris part sous une pluie battante à la marche “du changement” à laquelle avait appelé pour le 1er février la coordination locale des étudiants de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Les manifestants ont scandé, en plus de revendications d’ordre pédagogique, des slogans contre le système et les responsables de l’université mais surtout en faveur des libertés démocratiques en Algérie.

En Tunisie, 100 000 personnes ont défilé dans l’après-midi du 25 février pour réclamer le départ du gouvernement de transition, et en particulier du premier ministre Mohammed Ganouchi qui était déjà celui de l’ex-président. Dans la rue, les Tunisiens maintiennent la pression et continuent à subir la répression. Des incidents ont conclu dans la soirée la plus importante manifestation en Tunisie depuis la chute de Ben Ali. Des manifestants ont jeté des pierres sur le ministère de l’Intérieur et des soldats ont tiré en l’air pour tenter de les disperser. Le gouvernement a de son côté annoncé des élections au plus tard pour la mi-juillet.

Au Maroc, les protestations n’ont pas cessé. Particularité  : les opposants ne demandent pas la démission de leur dirigeant, Mohamed VI. “On n’a rien contre le roi, mais on veut plus de justice et du travail”, ont expliqué deux participants aux manifestations cités dans le Courrier international. Le souverain avait d’ailleurs pris les observateurs à contre-pied en n’interdisant pas ces rassemblements.

A ce jour, le bilan s’élève tout de même à six morts. Tous ont été tués lors des troubles qui ont entaché les défilés largement pacifiques.
Au Proche et Moyen Orient

En Jordanie, à Amman, le 25 février, une nouvelle “journée de la colère” avait été décrétée par l’opposition islamiste et une vingtaine de groupes issus de la société civile. Des milliers de personnes ont manifesté pour réclamer des “réformes constitutionnelles” et, cette fois, tout semble s’être déroulé dans le calme, contrairement au vendredi précédent. Des partisans du régime avaient alors attaqué une manifestation de jeunes et huit personnes avaient été blessées.

Les manifestations ont commencé en janvier pour protester contre l’augmentation du coût de la vie. Elles avaient pris une plus grande ampleur après la chute de Ben Ali en Tunisie, le 14 janvier, ce qui avait contraint le roi Abdallah II à limoger son Premier ministre et à former un nouveau gouvernement chargé de proposer des réformes, au terme d’un dialogue avec l’opposition. Des concessions encore jugées trop faibles par cette dernière.

En Syrie, la rue est restée calme mais la population n’est pourtant pas insensible à ce qui se passe dans les autres pays arabes. Le pays est placé en état d’urgence depuis 1963 et tout rassemblement public non autorisé est interdit. Une manifestation pacifique de 200 personnes à Damas devant l’ambassade de Libye mercredi a été violemment dispersée par les forces de l’ordre. Le Guardian rapporte que 14 personnes ont été arrêtées et les autres participants de ce sit-in pacifique de soutien aux révoltés libyens dispersés à coups de bâtons. La Syrie est en apparence le pays le moins vulnérable à un vent de contestation populaire. Le système policier de Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 11 ans, contrôle étroitement la population. Les moyens de communication et de mobilisation (Internet et téléphone) sont surveillés comme jamais. Ceux qui ne sont pas arrêtés sont convoqués par les autorités et menacés de poursuite. Les services secrets, terriblement efficaces, étouffent dans l’oeuf le moindre frémissement protestataire de ce régime présidentiel avec un parti unique. L’actuel président a cependant décidé en janvier de créer un fonds d’aide de 250 millions de dollars aux plus démunis, suivie en février de mesures pour faire baisser les prix de produits alimentaires de base.

En Irak, le 25 février a aussi été proclamé “Journée de la colère”. De Kirkouk, à Mossoul dans le Nord, comme à Bassorah, dans le Sud, des milliers d’Irakiens sont descendus dans les rues pour dénoncer la corruption et l’état déplorable des services de base. Au moins cinq personnes ont été tuées et 49 blessées. Huit ans après l’invasion américaine qui a renversé Saddam Hussein, on enregistre des pénuries de vivres, d’eau et d’électricité et les emplois sont rares. Enfin, les frustrations sont grandes dans un pays qui dispose d’importantes réserves de pétrole et pourrait être un gros producteur. “Où est ma part des profits du pétrole   ?”, se demandait un manifestant sur une banderole.

En Iran, les chefs de l’opposition réformatrice sont mis à l’isolement. La justice iranienne a averti mardi qu’elle considèrerait désormais comme des “contre-révolutionnaires” tous les partisans de Karoubi et Moussavi, accusés de s’être mis au ban du régime issu de la révolution islamique de 1979. L’accusation de “contre-révolutionnaire” peut entraîner des condamnations judiciaires sévères, notamment pour des participants à des manifestations interdites.
En Asie

En Inde, au moins 100 000 personnes ont manifesté le 23 février dans les rues de New Delhi pour protester contre la hausse des prix alimentaires et le chômage. Le défilé était organisé et encadré par le Comité des syndicats indiens (CITU, affilié au Parti communiste) et auquel se sont associés d’autres syndicats, y compris certains adhérents d’une centrale liée au parti du Congrès au pouvoir. Les manifestants, en majorité issus de la classe ouvrière, scandaient des slogans contre l’inflation et la corruption. Il s’agit de la plus grande manifestation dans la capitale depuis des années. Il faut dire que l’inquiétude est grande face à l’inflation sur les denrées alimentaires qui a atteint 18  % en décembre en rythme annuel. Les centaines de millions de miséreux de ce pays de plus d’un milliard d’habitants sont les plus durement touchés. “On gagne 100 à 125 roupies par jour (deux à trois dollars). Comment allons-nous survivre avec ça si les prix augmentent autant   ?”, s’interrogeait un manifestant. “Les prix vont finir par tuer l’homme de la rue”, lisait-on sur une banderole.
En Chine, la crainte d’une contagion des révoltes arabes est perceptible dans toute la bourgeoisie et son appareil d’Etat. Le site américain LinkedIn, réseau social professionnel sur Internet, a annoncé vendredi être bloqué en Chine, après avoir été le vecteur d’une campagne pro-démocratie en ligne inspirée par la “révolution du jasmin”. Le gouvernement chinois n’est pas tranquille. De nombreux médias étrangers à Pékin ont reçu ce vendredi des convocations ou des coups de téléphone des autorités chinoises leur enjoignant de “respecter les règlements”, à la veille d’un week-end où les Chinois ont été appelés sur Internet à participer à des “rassemblements du jasmin”. Les autorités sont visiblement nerveuses de voir des rassemblements se produire, potentiellement dans 13 villes du pays. A Pékin, l’une des 13 villes concernées par cet appel, le McDonald’s devant lequel la population a été appelée à se retrouver sur le site basé à l’étranger boxun.com a vu sa façade entourée de palmiers et de barrières de chantier qui en ont bloqué l’accès. “Nous invitons chaque participant à se promener, à observer, voire à prétendre qu’il ne fait que passer. Pour peu que vous soyez présents, le gouvernement autoritaire va trembler de peur”, ont assuré les initiateurs des rassemblements.

En Europe

En Albanie, au moins trois personnes ont été tuées par balles vendredi 25 février à Tirana au cours d’une manifestation de l’opposition émaillée de violents accrochages avec les forces de l’ordre devant le siège du gouvernement. Selon les services d’urgence, au moins 55 personnes ont également été blessées dont 20 policiers et 30 civils.

En Croatie, se sont produits des affrontements entre police et manifestants anti-gouvernementaux. La police a utilisé des gaz lacrymogènes jeudi 24 février au soir à Zagreb pour disperser un millier de manifestants qui tentaient de s’approcher du siège du gouvernement en réclamant la démission du Premier ministre Jadranka Kosor. Les manifestants scandaient  : “Voleurs   ! Voleurs   !”, et  : “Jadranka, va-t-en   !”. Une dizaine de personnes ont été arrêtées, selon la télévision nationale. La manifestation avait été organisée sur Facebook. Une autre, similaire, avait rassemblé la veille quelque 300 personnes. Les organisateurs ont réclamé la démission de Mme Kosor. Ils ont accusé le gouvernement de “rendre tous les jours la vie des citoyens plus difficile et de mener le pays vers un chaos économique”. L’économie locale s’est contractée de 1,9% en 2010, selon les prévisions de la Banque centrale, après un recul du PIB de 5,8% en 2009.

En Russie, interrogé sur les répercussions potentielles des révolutions arabes, notamment dans le Caucase du Nord, Poutine s’est dit “préoccupé” tout en affirmant que la situation dans ces deux régions n’avait rien de comparable   !

En Grèce, les grèves générales contre la cure d’austérité imposée par le gouvernement socialiste pour répondre aux exigences de l’Union européenne, de la BCE et du FMI, se multiplient depuis deux ans. La dernière en date, le 23 février a donné lieu à des heurts particulièrement violents avec la police. Face à une misère grandissante et à des syndicats complices du pouvoir, la colère des exploités ne peut que s’amplifier. Le PIB a reculé de 1,4% au quatrième trimestre 2010 par rapport au troisième trimestre, le chômage affiche un taux record de 15%, le coût de la vie est en hausse constante, du fait de la baisse des salaires et de l’augmentation des taxes impôts, l’inflation grimpe à 5  %, et la consommation s’effondre. Un Grec sur quatre vit désormais sous le seuil de pauvreté (on commence à voir à Athènes des “cartoneros”, phénomène caractéristique de la misère urbaine sud-américaine) et une majorité des jeunes (le plus fort taux de diplômés d’Europe) ne songe qu’à s’expatrier. Face à cette réalité sans fard, les réponses des institutions politiques et sociales tournent en rond. Celles du gouvernement socialiste ont pour principal leitmotiv “ou nous vaincrons ou nous coulerons”. Il propose comme unique solution une privatisation à outrance des services publics. Quant aux syndicats, leur rhétorique est usée jusqu’à la corde. Ce mécontentement de la population, face à la cure d’austérité imposée par un gouvernement ne réussit finalement qu’à exprimer de la rage et de l’impuissance. Il peine à trouver une portée efficace. Tous les signes d’une mobilisation étaient là pourtant lors de la grève générale du 23 février  : participation plus massive que les derniers mois, salariés du public et du privé ensemble dans les rues de plusieurs villes du pays. De nombreux secteurs ont été touchés par la paralysie. Aucun transport urbain, sauf le métro. Les médias ont observé une grève de 24 heures. Pharmacies, banques, cabinets d’avocats fermés. Nombre de vols ont été annulés du fait, notamment, de la grève des contrôleurs aériens. Les ferries sont restés à quai. Dans les hôpitaux, seules les urgences assuraient un service de garde tandis que les écoles n’ont accueilli aucun enfant. Répondant à l’appel de leur Union professionnelle, les commerçants ont gardé porte close, indiquant  : “Nous fermons aujourd’hui pour ne pas fermer pour toujours.” Et ce, dans un contexte très tendu de grèves quasi-quotidiennes ces derniers mois.

CCI (26 février)

Il est intéressant et amusant de lire le point de vue impérialiste dans "Le Monde" :

"C’est un fait : la révolte arabe de ce début d’année a pris tous les commentateurs par surprise. L’opinion et les gouvernements sont en droit de s’étonner que les experts, les services de renseignement et les diplomates n’aient pas pu "prévoir" un tel événement. Ne leur jetons pas la pierre trop vite. Ils étaient nombreux à signaler, depuis plusieurs années, les blocages politiques au sein de pays arabes dont les sociétés ont connu de profondes mutations. Nous ne manquons pas de bons analystes, au sein ou en dehors des gouvernements, mais ils ne sont pas toujours écoutés.

Leurs productions ne parviennent pas toujours aux décideurs. Et lorsqu’elles atteignent leurs bureaux, elles sont souvent classées dans la case "non prioritaire". Dans les pays modernes, la gestion des affaires à court terme prend toujours le pas sur le long terme ; ce que Gilles Finchelstein a appelé la "dictature de l’urgence" est une réalité en diplomatie comme ailleurs.

Institutions et dirigeants développent des "filtres cognitifs" qui les rendent sourds aux évaluations qui bousculent leurs certitudes. (L’Histoire abonde en exemples dans lesquels d’excellents analystes ont cherché à tirer la sonnette d’alarme, mais n’ont pas pu se faire entendre. Ce fut le cas dans les années 1980 pour ceux qui soulignaient la fragilité du bloc communiste, ou en juillet 1990 pour ceux qui avertissaient que Saddam Hussein allait envahir le Koweït.) En outre, des générations de responsables occidentaux ont érigé la notion de "stabilité" en idéal de la politique internationale, ce qui les a souvent rendus aveugles aux aspirations populaires.

Le problème devient très aigu lorsque les élites entretiennent des relations de consanguinité politico-financière avec celles des pays concernés - comme c’est trop souvent le cas pour la France avec certains pays du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne.

Soyons justes : les analystes ont leur part de responsabilité. Les universitaires, par exemple, s’expriment parfois en des termes qui les rendent peu audibles par les décideurs, et ne sont pas toujours en mesure de proposer des options politiques réalistes. Mais il nous faut surtout admettre que les révolutions font partie des événements dont le moment et le déroulement ne peuvent être prévus par personne. Même lorsque les paramètres d’une situation politique donnée sont connus avec précision, le fonctionnement du cerveau humain et le mouvement des sociétés ne peuvent être "modélisés". Il est possible de construire des évaluations quantitatives permettant de savoir quels sont les pays les plus susceptibles de connaître des bouleversements majeurs.

"Lancer de chaussures"

C’est ce que fait depuis quelques années la revue Foreign Policy avec son "indice des Etats faillis", et c’est ce qu’a fait l’hebdomadaire The Economist pour le Moyen-Orient avec son amusant "indice du lancer de chaussures". Toutefois, il en est de la géopolitique comme des marchés financiers : on peut prévoir qu’il y aura une crise majeure, mais on ne peut en prévoir ni le moment ni les modalités.

Et lorsque la crise intervient, ses ramifications et ses conséquences ultimes ne sont guère plus prévisibles : personne ne pouvait prédire que l’immolation de Mohamed Bouazizi serait le déclencheur de la révolte des peuples arabes - pas plus qu’il n’était prévisible que l’attentat de Sarajevo conduirait à la plus grande boucherie que le monde ait connue à l’époque. La tentation de l’historicisme (au sens où Karl Popper entendait ce mot) doit être rejetée : rien n’est écrit à l’avance dans la séquence des grandes crises.

Il nous faut accepter que les "ruptures stratégiques" telles que celle que nous sommes en train de vivre ne peuvent être prévues. La prospective doit faire preuve d’humilité. En revanche, de telles ruptures peuvent être anticipées pour être mieux gérées lorsqu’elles se produisent.

Bruno Tertrais, expert à la Fondation pour la recherche stratégique (Paris)"

Portfolio

Messages

  • Révolte internationale : le prolétariat est la deuxième puissance du monde. A lui d’en prendre conscience et d’éliminer le système d’exploitation...

    Quand l’Histoire se remet en marche, elle bouleverse toutes les philosophies de l’immobilisme qui dominaient tranquillement. Philosophies selon lesquelles le monde ne peut pas changer radicalement, selon lesquelles il n’y a pas de discontinuité possibles dans la société humaine et selon lesquelles, du coup, le capitalisme est le seul monde possible.

  • Les classes dirigeantes nous montrent en tout cas que le tout n’est pas de lutter : le combat pour la conscience est fondamental.

    Une nouvelle conscience internationale des opprimés peut naître des événements et c’est déterminant pour l’avenir.

    En ce sens, l’exemple des salariés américains qui déclarent : nous sommes tous des Égyptiens est saisissante..

  • Voici un témoignage d’Egypte :

    Depuis hier, et en réalité bien avant, les militants de la classe moyenne exhortent les Égyptiens à suspendre les manifestations et à retourner au travail, au nom du patriotisme, leur chantonnant quelques-unes des berceuses les plus ridicules du genre « Construisons une nouvelle Égypte », « Travaillons encore plus dur qu’avant », etc. Au cas où vous ne sauriez pas qu’en réalité, les Égyptiens sont déjà parmi les peuples qui travaillent le plus dur dans le monde.

    Ces militants veulent que nous fassions confiance aux généraux de Moubarak pour une transition vers la démocratie - la même junte qui lui a fourni l’ossature de sa dictature toutes ces trente dernières années. Et si je crois qu’effectivement le Conseil suprême des Forces armées, qui tous les ans reçoit des USA 1,3 milliard de dollars, va finir par manigancer une transition vers un gouvernement « civil », je suis sûr aussi que ce sera un gouvernement qui assurera la continuité d’un système qui ne touchera jamais aux privilèges de l’armée, qui maintiendra les forces armées comme l’institution qui aura le dernier mot en politique (comme par exemple, en Turquie), qui garantira que l’Égypte continue d’appliquer la politique étrangère états-unienne qu’il s’agisse d’une paix non désirée avec l’État d’apartheid d’Israël, d’un passage assuré à l’US Navy dans le Canal de Suez, de la continuation du siège de Gaza ou de l’exportation du gaz naturel en Israël à des taux subventionnés. Un gouvernement civil, ce n’est pas un gouvernement constitué de membres qui ne portent pas d’uniformes militaires. Un gouvernement civil, cela veut dire un gouvernement qui représente pleinement les exigences et les désirs du peuple égyptien sans aucune intervention des galonnés. Et je vois cela comme quelque chose de très difficilement admis, et encore moins mis en oeuvre par la junte.

    L’armée est l’institution régnante dans ce pays depuis 1952. Ses chefs font partie de l’establishment. Et si de jeunes officiers et soldats sont bien nos alliés, nous ne pouvons pas, ne serait-ce qu’une seconde, accorder notre confiance aux généraux. De plus, il faut que ces chefs militaires fassent l’objet d’enquêtes. Je veux en en savoir plus sur leur implication dans le secteur des affaires.

    Toutes les classes en Égypte ont pris part au soulèvement. Place Tahrir, vous trouvez des fils et des filles de l’élite égyptienne, ensemble avec les ouvriers, les citoyens de la classe moyenne, et les pauvres des villes. Moubarak a réussi à s’aliéner toutes les classes sociales de la société, y compris le vaste secteur de la bourgeoisie. Mais n’oubliez pas que c’est seulement quand les grèves massives ont débuté, il y a trois jours, que le régime a commencé de s’effriter et que l’armée a dû forcer Moubarak à démissionner parce que le système était sur le point de s’effondrer.

    Certains ont été surpris quand les travailleurs ont lancé leurs grèves. Je ne sais vraiment pas quoi leur dire. C’est complètement idiot. La vague des grèves les plus longues et les plus soutenues que les travailleurs ont organisées dans l’histoire de l’Égypte depuis 1946 a été déclenchée par la grève de Mahalla, et c’était en décembre 2006. Ce n’est pas la faute des travailleurs si vous ne faites pas attention à ce qui se passe chez eux. Chaque jour au cours des trois dernières années, il y a eu une grève dans telle ou telle usine, soit au Caire, soit en province. Ces grèves n’étaient pas juste économiques, elles étaient aussi de nature politique.

    (JPG) Depuis le premier jour du soulèvement, la classe ouvrière participe aux manifestations. Qui pensez-vous qu’ils étaient ces manifestants de Mahallah, Suez, et à Kafr el-Dawwar, par exemple ? Toutefois, ces travailleurs y prenaient part en tant que « manifestants » et pas nécessairement en tant que « travailleurs » - au sens où ils ne manifestaient pas de façon autonome. C’est le gouvernement, pas les manifestants, qui a conduit à l’arrêt de l’économie, par ses couvre-feux, par ses fermetures des banques et des entreprises. Le gouvernement a fait une grève capitaliste, cherchant à terroriser le peuple égyptien. Ce n’est que lorsque le gouvernement a tenté de ramener le pays à la « normale », dimanche, que les travailleurs sont retournés dans leurs usines, ils ont débattu de la situation présente et ils ont commencé à s’organiser en masse, en bougeant comme un bloc.

    Les grèves engagées par les travailleurs cette semaine sont à la fois économiques et politiques, les deux ensembles. Dans certains endroits, les travailleurs ne mettent pas la chute du régime dans leurs exigences, mais ils scandent les mêmes slogans que ceux qui manifestent à Tahrir, et dans de nombreux cas - au moins ceux sur lesquels j’ai pu m’informer, et je suis sûr qu’il y en a d’autres -, les travailleurs mettent en avant une liste d’exigences politiques solidairement avec la révolution.

    Ces travailleurs ne sont pas rentrés chez eux de sitôt. Ils sont stimulés par le renversement de Moubarak. Ils ont commencé les grèves parce qu’ils n’arrivent plus à nourrir leurs familles. Ils ne peuvent pas retourner vers leurs enfants et leur dire que l’armée a promis de leur donner de la nourriture et leurs droits dans je ne sais combien de mois. La plupart des grévistes ont déjà commencé à rajouter des exigences nouvelles et ils ont créé des syndicats libres, distincts des syndicats de la Fédération égyptienne, corrompus et soutenus par l’État.

    Aujourd’hui, je commence déjà à recevoir des informations selon lesquelles des milliers de travailleurs des transports publics organisent des manifestations à el-Gabal el-Ahmar. Les travailleurs intérimaires d’Helwan Steel Mills manifestent aussi. Les techniciens des chemins de fer maintiennent toujours les trains à l’arrêt. Ils sont des milliers à la raffinerie de sucre d’el-Hawamdiya à manifester, et ceux de l’industrie pétrolière entament une grève demain, sur des exigences économiques, et aussi pour s’en prendre au ministre Sameh Fahmy et faire cesser les exportations de gaz en Israël. Et de nouvelles informations arrivent régulièrement d’autres centres industriels.

    A ce stade, l’occupation de la Place Tahrir est susceptible d’être suspendue. Mais nous devons faire Tahrir dans nos entreprises maintenant. Alors que la révolution se poursuit, une polarisation de classe inévitable se profile. Nous devons être vigilants. Nous ne devons pas en rester là. Nous détenons les clés de la libération de la région tout entière, pas seulement de l’Égypte. Aller jusqu’à une révolution permanente qui donnera le pouvoir au peuple de ce pays par une démocratie directe venant du bas...

  • Des milliers d’Américains ont entrepris, devant le parlement du Wisconsin, d’imiter les pratiques tunisiennes et égyptiennes pour faire chuter le gouverneur républicain Scott Walker.

    Depuis une dizaine de jours, une foule ayant rassemblé jusqu’à 70000 personnes, assiège le capitole de Madison afin de faire valoir ses revendications.

    C’est une loi en discussion au Parlement, qui réduirait de manière drastique les salaires et les droits des fonctionnaires de l’État qui a mis le feu aux poudres.

    Rappelons tout d’abord que les USA sont un État fédéral. Aussii les salariés du privé sont-ils protégés par des lois fédérales, et ont donc les mêmes droits sur l’ensemble du territoire national. Les fonctionnaires en revanche, (à l’exception de ceux des agences fédérales) dépendent du bon vouloir des États, dont un certain nombre sont au bord de la faillite.

    Aux élections de mi-mandat -midterms- de novembre dernier, ce sont les représentants du Parti républicain, qui ont obtenu la majorité dans le Wisconsin.

    En janvier, ces nouveaux élus ont voté une première loi afin de supprimer la quasi-totalité des impôts touchant les grandes entreprises, en particulier les multinationales, installées dans l’État. Il en a résulté un manque a gagner pour les finances publiques de 170 millions de dollars et, alors que le budget annuel du Wisconsin était depuis de nombreuses années en équilibre (celui de 2010 avait même été clos avec un léger excédent), des prévisions budgétaire en net déficit.

    Le gouverneur Scott Walkerl a décidé qu’il suffisait de faire baisser les dépenses de l’État en réduisant le coût de ses fonctionnaires pour revenir à l’équilibre. Cela non pas en baissant officiellement les salaires mai en transférant à leur charge la majeure partie des cotisations retraite et protection sociale sociale que payait jusqu’alors l’administration.

    Une baisse du pouvoir d’achat tellement massive que nombre de fonctionnaires de toutes catégories ne seront plus en mesure de boucler leurs fins de mois et vont devoir envisager de trouver un second « job », sur le modèle du prolétariat londonien.

    Pour couronner le tout, Scott Walker a de plus annoncé qu’il avait placé la Garde nationale sur un pied d’alerte pour faire face à la résistance populaire. Or, la dernière fois que la Garde nationale avait été déployée au Wisconsin dans le cadre d’un conflit social date du … 1er mai 1886, lors du mouvement pour la journée de huit heures. Elle avait alors ouvert le feu sur des métallurgistes en grève faisant sept morts !

    Une situation qui pourrait bien se produire en France, où les derniers conflits sociaux (retraites) ont montré des organisations syndicales dépassées par leurs bases, et alliées de fait au pouvoir sarkoziste par le refus d’un appel à la grève générale.

    Face au ras le bol lié à la régression sociale, au chômage, à l’insécurité, à l’absence de démocratie réelle, une contagion en France n’est pas exclue. la stratégie du pouvoir pour éviter une révolte populaire, électorale ou non, est simple : diaboliser l’islam afin de faire de lui le responsable de tous nos maux. Bref s’appuyer sur l’extrême droite, toujours prête à venir à la rescousse du capital.

  • Quelques réflexions sur les soulèvements populaires dans le maghreb et l’Egypte :

    Il faut dissocier, pour pouvoir aboutir à une représentation cohérente de la signification des évènements en cours, les déterminations sociales et économiques qui ont poussé les masses déshéritées, les prolétaires et couches moyennes à se rebeller contre les gouvernements et régimes en place, et le processus d’intégration nécessaire des couches moyennes notamment à la communauté matérielle du capital en l’absence de crise profonde du capital et de soulèvement du prolétariat en occident à travers la reconstitution du Parti communiste :

    Quels sont les facteurs qui retardent la réalisation de la démocratie sociale, l’intégration à la communauté matérielle du capital des couches moyennes et de l’Etat :

     L’Impérialisme et la tendance à l’exportation des problèmes de la zone Euro Nord américaine sur les zones émergentes ou encore en sous développement capitaliste chronique ; en l’occurence les Etats Unis exportent leur problèmes en éméttant sur le marché des centaines de milliards de dollars, provocant de l’inflation dans les pays de la périphérie du capital, poussant à la spéculation sur les matières premières et les denrées alimentaire et faisant subir aux masses pauvres, ouvrières et couches moyennes une baisse de leur pouvoir d’achat ;

     La division du travail international (prolétaires en Afrique du Nord et consommateurs improductifs dans l aire euro nord américaine) tend à ralentir la création d’un marche interieur conséquent ;

     il faut dissocier les motivations des classes prolétariennes et populations paupérisées a affronter l Etat et la forme que cela prend : en l’absence d’un proletariat révolutionnaire dans l aire nord américaine et d’une crise économique suffisamment puissante dans l’aire Nord euro américaine, tout conflit social et politique a de fortes probabilités de rester cantonné à un cadre démocratique du capital, favorisant la restructuration et la rationalisation du capital avec des équipes plus jeunes de cadres correspondant mieux aux standards du management moderne du capital. Le capital doit se révolutionner sans cesse et doit permettre à l’Etat de jouer son role de régulation à travers la démocratie sociale pour pour pouvoir intégrer au maximum toutes les couches sociales au process de valorisation du capital ;

     La plupart des Etats d’Afrique du Nord, fonctionnant sur le mode clanique ou même ethnique pour certains pays d’Afrique noire, est un obstacle au développement capitaliste ; ces pays souffrent d’un manque de développement capitaliste et en même temps du développement capitaliste, de la domination impériatliste et de la division internationale du travail.

     Il est certain qu’avec la disparition du Parti mondial de la révolution après 1926, puis l’adhésion du prolétariat aux idéaux démocratiques et nationaux à travers la deuxième guerre mondiale, puis plus de cinquante ans de croissance économique quasiment inintérompue depuis cette période qui ont vu faire disparaitre la lutte de classe au sens marxiste, c’est à dire la tendance à se consituer en "classe et donc en parti communiste indépendant" nécessitera un bouleversement économique, sociale et politique dans l’aire euro nord américaine pour faire sortir les prolétariats des zones périphériques d’une ligne nationale, populaire et démocratique. Malheureusement les mouvements actuels ne sauraient être un maillon intermédiaire vers la révolution communiste mais plutôt une moyen de renforcement de la conservation sociale et de renouvellement d’illusions néfastes pour la classe ouvrière en l’absence de reprise révolutionnaire dans le coeur du capitalisme.

    Xavier - cci

    • Salut Xavier, alors tu écris :

      "La plupart des Etats d’Afrique du Nord, fonctionnant sur le mode clanique ou même ethnique pour certains pays d’Afrique noire, est un obstacle au développement capitaliste ; ces pays souffrent d’un manque de développement capitaliste et en même temps du développement capitaliste, de la domination impériatliste et de la division internationale du travail."

      J’aurai tendance à penser que le développement des uns induits le sous-développement des autres. Rien n’est un frein pour le développement du capitalisme qui existe aujourd’hui partout sur la planète. Même si certaines zones reculées semblent correspondre aux anciens régimes féodaux, il n’en demeure pas moins que le sort de ces populations dépend entièrement du fonctionnement du capitalisme. D’ailleurs celui-ci détruit une à une les restes de tribus primitives et les condamne à disparaître. Ces pays ne souffrent pas d’un manque de développement, ils souffrent d’une division internationale du travail qui les cantonne à l’unique exploitation des sous sols souvent très riches seules choses qui intéressent les capitalistes mondiaux.

      "Il est certain qu’avec la disparition du Parti mondial de la révolution après 1926, puis l’adhésion du prolétariat aux idéaux démocratiques et nationaux à travers la deuxième guerre mondiale, puis plus de cinquante ans de croissance économique quasiment inintérompue depuis cette période qui ont vu faire disparaitre la lutte de classe au sens marxiste, c’est à dire la tendance à se consituer en "classe et donc en parti communiste indépendant" nécessitera un bouleversement économique, sociale et politique dans l’aire euro nord américaine pour faire sortir les prolétariats des zones périphériques d’une ligne nationale, populaire et démocratique. Malheureusement les mouvements actuels ne sauraient être un maillon intermédiaire vers la révolution communiste mais plutôt une moyen de renforcement de la conservation sociale et de renouvellement d’illusions néfastes pour la classe ouvrière en l’absence de reprise révolutionnaire dans le coeur du capitalisme."

      Pour moi, il n’y a pas de "croissance ininterrompue depuis 50 ans". Il y a eu tout au plus 20 ans de croissance après la seconde guerre mondiales que l’on nomme de manière erronée "les 30 glorieuses" et qui se sont soldées par un choc pétrolier de grande envergure d’ailleurs. De même, la lutte des classes même au sens marxiste du terme n’a pas disparu. Elle a, c’est vrai, subit un revers très puissant du fait de la défaite de la révolution russe et allemande et a pu être enrôlée dans la plus grande boucherie de l’humanité mais elle a connu depuis des rebonds très importants notamment dans les années 70, puis 90 et enfin depuis 2003. Ce n’est pas parce qu’elle n’a pas encore été capable de s’organiser de manière autonome qu’il n’y a plus de lutte des classes.

      Sinon j’ai trouvé ton intervention très intéressante et serait ravi de savoir ce que tu penses des points que je viens de soulever.

  • Dernières nouvelles : si la répression, les meurtres de la police, se poursuivent au Yémen, en Irak, au Bahreïn (place stratégique forte pour la bourgeoisie US, donc avec la complicité de la CIA pour l’heure), le mouvement d’insubordination sociale et politique est en train de franchir le rubicon du croissant arabe, en Afrique au Soudan, à l’est de l’Europe en Arménie.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.