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Quand la Chine devient ... arabe.... L’odeur du jasmin parvient en Chine ... !!!

jeudi 3 mars 2011, par Robert Paris

On savait que le gouvernement chinois avait interdit les mots Tunisie et Egypte sur le net...

On savait aussi l’existence de sentiments de révolte contre la dictature féroce qui, sous le mot menteur de communisme, règne dans le pays malgré une prospérité croissante et pour faire mentir ceux qui croient que prospérité et démocratie sont synonymes...

La police a été déployée en masse, ce dimanche, dans des villes chinoises et a procédé à plusieurs arrestations pour empêcher des manifestations auxquelles les Chinois avaient été appelés sur internet dans 13 villes, dans le sillage des soulèvements du monde arabe.

La « révolution de jasmin » a fait des émules jusqu’en Chine ! Samedi, des Chinois ont appelé sur internet, depuis des sites étrangers, à des manifestations. Ces messages, qui se sont multipliés sur la Toile malgré la censure, appelaient à des manifestations dimanche à Pékin, Shanghai, Canton et dix autres grandes villes du pays.
L’appel s’est propagé sur le Web comme un feu de broussaille. Un mystérieux « mouvement chinois du jasmin », lancé on ne sait par qui, a été repris par d’innombrables blogs, forums et fils de discussion, et surtout sur Twitter. Il appelait les internautes à se réunir hier dimanche 20 février, à 14 heures, dans des lieux désignés de 13 villes chinoises, pour réclamer « du pain, du travail, des logements et de la justice ».

On ne connaît pas exactement l’ampleur de la réponse. A Pékin, plusieurs centaines de personnes, dont beaucoup de policiers et de journalistes, se sont assemblées devant le McDo de la rue Wangfujing. D’après les témoignages publiés sur Twitter, les 13 lieux de rendez-vous dans les 13 villes étaient littéralement noyés par d’abondantes forces de police, en costume ou en civil. L’armée elle-même avait été mise sur un pied d’alerte. Des manifestants pacifiques ont été embarqués manu-militari, sous l’oeil des caméras étrangères.

La répression avait en fait commencé dès le lancement du mot d’ordre : samedi, déjà, plusieurs dizaines de personnalités connues de la société civile ont été emmenées par des policiers - une pratique courante en Chine quand on veut empêcher quelqu’un de parler à la presse ou de participer à un événement public. Vingt-quatre heures après les manifs, la plupart ne sont pas encore rentrés chez eux.

Tous les observateurs reconnaissent que la situation en Chine est très différente de celle des pays arabes, et la mobilisation incomparablement plus faible. Les maîtres de Pékin n’ont pas vraiment de raison de s’inquiéter. Pourquoi alors tant de crispation ? Pourquoi un tel recours à la répression ?

Une des réponses tient bien sûr à l’angoisse permanente du gouvernement chinois, qui découle elle-même de son fort sentiment d’illégitimité. Hantées par le spectre du soulèvement de Tiananmen en juin 1989, les autorités sont la proie d’une véritable phobie vis-à-vis de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un défi à leur pouvoir. Comme toutes les phobies, cette hantise de l’insubordination est comme une alarme déréglée qui se déclencherait à tout propos et hors de propos, dès qu’un « signal », même infime, se pointe à l’horizon.

D’autres observateurs mettent l’accent sur le niveau réellement préoccupant de l’agitation sociale. Nul mieux que le pouvoir ne mesure à quel point sa « base sociale » est exiguë, à quel point la confiance dans les autorités est sapée par la gloutonnerie des nantis et la monopolisation des richesses nationales au profit précisément des profiteurs. Beaucoup de militants des droits civiques m’expliquent que le pouvoir n’a plus aucune légitimité, que le dialogue est rompu entre la caste dirigeante et le peuple « dirigé ». Dans ces conditions, le scénario à la tunisienne ou à l’égyptienne n’est pas aussi insolite qu’on le pense.

Du coup, une « bonne répression préventive » peut apparaître comme la seule tactique disponible, quand l’embrasement est considéré comme inévitable, et un soulèvement appelé à se produire tôt ou tard. C’est ainsi que des avocats des droits civiques expliquent l’aggravation depuis environ un an et demi de la situation des droits de l’homme en Chine. « Tuer la révolte dans l’œuf » serait devenu la réponse réflexe d’un pouvoir sur le qui-vive. Une logique destructrice, et suicidaire à terme. A quel terme ? C’est toute la question.

De fait, Pékin montre de moins en moins de tolérance vis-à-vis de ses opposants. Rappelons la condamnation de Liu Xiaobo à 11 ans de prison pour avoir mis par écrit un projet de réforme constitutionnelle. Rappelons la rage chinoise quand le prix Nobel de la Paix lui a décerné. Rappelons que sa femme, Liu Xia, est en résidence surveillée depuis cette date, et qu’aucun journaliste n’a le droit de lui parler.

Un message diffusé sur le net encourageait « les travailleurs sans emploi et les victimes des expulsions forcées à participer à des manifestations, crier des slogans et réclamer la liberté, la démocratie et des réformes politiques pour mettre fin au parti unique ». Les manifestants étaient appelés à crier des slogans tels « nous voulons de la nourriture », « nous voulons du travail », « nous voulons des logements », mais aussi « vive la liberté », etc. Largement de quoi écoper d’un long séjour en prison en Chine.

Sauf que, d’après plusieurs forums, seuls quelques manifestants ont répondu à l’appel et de très forts contingents de policiers étaient déployés à Shanghai, Harbin, Canton et Chengdu. Dans la capitale, au moins 300 policiers ont pris place dans le quartier très commerçant de Wangfujing, lieu de ralliement annoncé par les messages internet, mais aucun rassemblement n’a eu lieu. La police a embarqué deux personnes : l’une avait insulté les autorités et l’autre réclamait « de quoi manger ».

Le mot « jasmin » censuré sur la toile

Selon le Centre d’Information pour les droits de l’Homme et la démocratie, jusqu’à 100 militants ont été arrêtés, assignés en résidence ou ont disparu à Pékin et Shanghai et dans les provinces du Zhejiang, Guizhou, Sichuan et Hunan.

« Cela est lié aux appels pour la révolution du jasmin », a estimé l’association basée à Hong Kong.

« Je ne pense pas que l’appel à manifester était à prendre au pied de la lettre. Personne n’avait vraiment l’intention de manifester car il y a trop de policiers », a déclaré l’avocat Li Jinsong, très actif dans la défense des droits de l’Homme.

Mais « en prenant cela au sérieux, la police montre combien elle craint que la révolution du jasmin puisse influencer la stabilité sociale en Chine », a ajouté Li.

Ces appels sur la toile ont apparemment poussé Pékin à censurer le mot « jasmin ». Depuis le début des troubles en Tunisie, Pékin a largement censuré les informations en provenance du monde arabe sur les soulèvements populaires contre le chômage, la hausse des prix, la corruption et l’absence de démocratie.

"Ces personnes sont comme les mendiants dans les rues, ils ne disparaissent jamais, tandis que le reste du pays avance", a poursuivi le journal, affirmant aussi que les manifestants se limitaient à "quelques agités".
"Quelques personnes criant des slogans ou jetant des jasmins dans la rue ne vont pas ralentir l’élan pris par le pays", a estimé le Global Times, selon qui "le gouvernement chinois bénéficie du soutien de la majorité de la société".
Le Quotidien du peuple, voix officielle du parti communiste chinois, a appelé les citoyens à la "maturité" et à la "cohésion sociale".
Des intellectuels "pensent que leur mission est de critiquer. Cette vision est partiale et sert même d’excuse à des éléments irresponsables", a regretté le journal.
"La Chine est vouée à progresser en tant que nation imparfaite, avec ses nombreux problèmes. Pas un seul d’entre eux ne doit toutefois servir d’argument pour remettre en cause la façon dont est gouvernée la société", a écrit le Quotidien du peuple.
La police a été déployée en masse dimanche dans des villes chinoises et a procédé à plusieurs arrestations pour empêcher des manifestations auxquelles les Chinois avaient été appelés sur l’internet dans 13 villes, ont annoncé des militants.
Par ailleurs, on était sans nouvelles d’une centaine de défenseurs des droits de l’Homme.
Ce déploiement policier et ces mesures de fermeté "s’appuient à la fois sur la loi et l’opinion publique", a assuré le Global Times.
D’après plusieurs forums, seuls quelques manifestants ont répondu à l’appel, se trouvant face à de très gros contingents de policiers.
La Libye était lundi au bord de la guerre civile, alors que l’onde de choc née en Tunisie, puis en Egypte, a continué dimanche à se propager d’Afrique du Nord au Moyen-Orient.

Tout est parti d’Internet. Sur les réseaux sociaux chinois, l’appel, vraisemblablement lancé par des sites chinois basés à l’étranger, a été relayé, avant que le couperet de la censure ne tombe, dimanche. D’après l’AFP, certains de ces messages enjoignaient "les travailleurs sans emploi et les victimes des expulsions forcées à participer à des manifestations, crier des slogans et réclamer la liberté, la démocratie et des réformes politiques pour mettre fin au parti unique".

A la suite des régimes tunisiens et égyptiens, certains souhaiteraient voir tomber le régime communiste, dans une révolution de jasmin à la chinoise. Le mot “jasmin” a d’ailleurs été bloqué sur plusieurs sites Internet chinois, comme le service de “microblogging” Sina Weibo, le moteur de recherche Baidu ou l’équivalent de Facebook, Renren. Selon PCWorld, ce dernier site indiquait comme seule réponse à cette requête : "Veuillez ne pas diffuser de contenus politiquement sensibles, à caractère sexuel, publicitaires ou tout autre type de contenu inapproprié." En outre, une centaine d’activistes avait été arrêtée samedi, sans doute en prévision de ce mouvement.
Des policiers sillonnent la foule

Outre la censure d’Internet, les autorités chinoises ont également déployé d’importantes forces policières dans dix grandes villes du pays, dont Shanghaï et Pékin, où étaient prévues les manifestations. A Shanghaï, des policiers et des hommes en civil ont tenté d’empêcher les quelques participants de filmer ou de prendre des photographies. Le correspondant du quotidien Libération a été notamment le témoin de l’arrestation d’un jeune étudiant. Sur plusieurs images prises par des manifestants, on peut voir les forces de police sillonner la foule, sous l’oeil de nombreuses caméras. Sur Twitter, rassemblés sous la balise #cn220, plusieurs internautes publient des images du rassemblement de Pékin, dans le quartier commerçant de Wangfujing.

Que se passe-t-il en Chine ?

Le vent de contestation qui agite les pays d’Afrique du nord et du Moyen-Orient souffle vers l’Orient. Signe d’inquiétude et de nervosité des autorités, le mot "jasmin" ainsi que ceux faisant référence aux révolutions en cours au Moyen-Orient et au Maghreb sont censurés sur les blogs et les forums. La diffusion de chaînes de télévision étrangères comme la BBC ou CNN est brouillée. Et à titre préventif, plusieurs activistes ont été arrêtés par la police, et interdiction a été faite aux étudiants de sortir hors de leurs campus universitaires. Le gouvernement a également renforcé son effectif policier dans les grandes villes.

La puissance de feu d’un demi-milliard d’internautes

Mais pour le moment rien de plus. C’est en effet sur la toile - il y a plus d’un demi-milliard d’internautes dans le pays -, en particulier via Twitter, que l’agitation se manifeste. Un appel à manifester chaque dimanche à 14 heures dans les treize principales villes du pays - Pékin, Shangaï, Canton... - a été lancé avec comme mots d’ordre : "nous voulons manger", "nous voulons travailler", "nous voulons un logement", "nous voulons la justice", ainsi que des appels à la démocratie et à la liberté... Le blogger qui anime chinageeks était présent dimanche à Pékin sur le lieu de rendez-vous, devant le restaurant MacDonald’s d’une des rues les plus commerçantes de la ville, Wangfujing. Il a constaté, outre une présence importante de policiers, un grand nombre de... journalistes, et aucun acte de violence n’a eu lieu.

Le nombre de diplômés a été multiplié par sept depuis 1999

Pourtant, tous les ingrédients qui ont conduit aux "révolutions de jasmin" ces dernières semaines sur les rives de la Méditerranée sont présents en Chine : mécontentement social alimenté par une inflation croissante, une corruption endémique, des inégalités qui ne cessent de se creuser, des salaires trop faibles et des logements trop chers. Dans une opinion publiée par le Project Syndicate, et intitulée "Pourquoi l’Egypte devrait inquiéter la Chine", l’économiste Barry Eichengreen, professeur à l’université de Californie, à Berkeley, souligne en particulier le rôle joué par les jeunes diplômés au chômage dans les manifestations en Egypte qui, comme la Chine, connaît une forte croissance économique : "depuis 1999, époque à laquelle le gouvernement chinois a commencé à oeuvrer pour améliorer la formation universitaire, le nombre de diplômés a été multiplié par sept, mais le nombre d’emplois hautement qualifiés et fortement rémunérateurs n’a pas suivi au même rythme", indique Barry Eichegreen. Une situation qui multiplie le nombre de laissés pour compte alors que la richesse créée est inégalement répartie.

Des conflits sociaux de plus en plus nombreux

"Partout dans le pays, on entend parler de jeunes diplômés désespérés, dans l’impossibilité de se trouver des emplois productifs. Les journaux et les blogs parlent de la "tribu des fourmis" des jeunes diplômés vivant dans les caves exiguës des grandes villes du pays à la recherche d’un travail", explique l’économiste. Si donc le potentiel de révolte est bien présent, il ne s’est pas encore traduit dans la réalité, si ce n’est de façon sporadique et dispersée, car le nombre de conflits sociaux est en forte hausse en Chine.

Surtout, le parti communiste au pouvoir tient à ce qu’aucun désordre ne vienne entacher ce moment fort qu’est la tenue de l’Assemblée populaire nationale. Elle se tiendra au début du mois de mars, le 4 mars, un moment fort de la mise en scène du pouvoir en Chine. Le week-end dernir, le président Hu Jintao a exprimé le vœu que les travaux soient placés sous le signe d’une "société harmonieuse, stable et pleine de vitalité". Des mots qui sonnent étrangement au regard d’une situation potentiellement plus explosive qu’il y a presque vingt-trois ans, lors des manifestations de la place Tien’anmen.

Messages

  • Pour cette année, le gouvernement chinois "continuera à appliquer une politique de relance", selon M. Wen, mais en diminuant le déficit budgétaire qui sera contenu à "environ 2% du PIB".
    Les dépenses prioritaires seront consacrées au "développement du monde rural", "à améliorer le niveau de la population et à développer les secteurs sociaux", d’après ce discours qui arrête les grandes orientations officielles du pays pour l’année en cours.
    "Les ressources pédagogiques et médicales de qualité manquent et leur répartition demeure inégale", selon le Premier ministre.
    "Les contradictions sociales suscitées par la réquisition illégale de terrains et la démolition irrégulière de maisons se sont multipliées", et "la sécurité alimentaire laisse à désirer" tandis que "certains secteurs sont vulnérables à la corruption", a encore reconnu Wen Jiabao, relevant au passage "une augmentation excessive dans certaines villes" des prix de l’immobilier.
    Malgré tous ces problèmes, le Premier ministre a insisté sur "la marche en avant à la fois irrésistible et ferme" du peuple chinois qui "a de bonnes raisons d’être orgueilleux de ses réalisations".
    Sur le plan international, la Chine se dit "confrontée à une situation extrêmement problématique", liée à la "politique monétaire laxiste" des pays développés et à l’afflux de capitaux spéculatifs vers les marchés émergents, qui alimente l’inflation.

  • La Chine juste avant la révolution : un monde qui n’en peut plus. Le capitalisme tue et la dictature du PCC craque partout.

    En Chine, une femme s’est fait exploser ce jeudi 10 mai dans la matinée alors qu’elle tentait d’obtenir des compensations suite à la démolition de sa maison. L’explosion est survenue dans des locaux de l’administration de Qiaojia dans la province du Yunnan (dans le sud de la Chine). Elle a fait trois morts et 14 blessés. Un geste désespéré qui reste rare mais qui a tendance à se multiplier devant la boulimie des pelleteuses.

    Les démolitions tuent en Chine. Il était 9 heures ce matin, selon le Fazibao, journal de la loi, lorsqu’une explosion est survenue dans le bureau des démolitions du district de Qiaojia. Quelques minutes plus tôt, une femme était arrivée pour négocier une prime d’expropriation avec les officiels, racontent des témoins cités par le quotidien. « 
    En pleines négociations, la kamikaze a fait détoner des explosifs attachés à son corps .

    Devant l’inflation des dettes locales, l’argent des reconstructions constitue un apport important pour les collectivités.

    En septembre 2011, le Conseil d’Etat chinois annonçait que dans les six premiers mois de l’année, 11 personnes avaient trouvé la mort dans des affaires de démolitions. Il n’y a pas eu de nouveau bilan depuis, mais les actes désespérés se sont multipliés avec des immolations.

    En septembre 2010 dans la province du Jianxi, trois personnes se sont mis le feu dont Yen Zhongcheng, décédé huit jours plus tard. Deux responsables du parti du district de Yihuang ont été sanctionnés. En novembre 2011, Zengzhou s’est elle aussi transformée en torche vivante dans le Henan. Elle avait 80 ans. Plus récemment, en avril, il y a un mois, Wang Jiazheng, 58 ans, grimpe sur le toit de sa maison avant de s’asperger d’essence puis de craquer une allumette alors qu’on menaçait de détruire son habitation dans l’île de Zhuzhou, province du Hunan.

    Avec aussi des attentats à l’explosif comme aujourd’hui : en mai 2011, Qian Mingqi, un chômeur de 52 ans se disant victime d’une injustice, a perpétré un triple attentat à proximité de bâtiments publics de la ville de Fuzhou, dans la province du Jiangxi, faisant quatre morts, dont lui-même. Deux semaines auparavant, un ancien employé de banque lançait un engin incendiaire dans une succursale du Gansu pour se venger de son licenciement, blessant plus de 40 de ses anciens collègues

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