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Débat avec l’extrême gauche sur la Tunisie

mardi 25 janvier 2011, par Robert Paris

Nous citons de nombreux groupes. Nous divergeons avec ces camarades et nos commentaires sont à venir...

Nos points de vue sur la Tunisie sont sur le site...

Disons brièvement que nous estimons que le rôle des révolutionnaires n’est pas essentiellement de féliciter ou de dénoncer mais d’indiquer une orientation en se démarquant de ce qui nous semble une fausse orientation.

Nous recherchons un point de vue sur les tâches du mouvement, ses pièges possibles, ses fausses orientations, ses amis et ses ennemis, etc...

Ce que l’on attend des prises de positions des groupes d’extrême gauche, c’est de proposer une voie qui ouvre une perspective et pas seulement de s’enthousiasmer, s’indigner ou de féliciter.... Il ne suffit pas de soutenir.

La démocratie bourgeoise en Tunisie est un piège. La bourgeoisie tunisienne est incapable d’imposer son système social sans dictature et moins que jamais avec la crise mondiale...

Quelle perspective pour cette révolution qui commence ?

La voie essentielle est la mise en place des organisations de masse des opprimés sans laquelle tout le reste ne serait que du démocratisme bourgeois.

Pour que ça change, il faut une dualité de pouvoir... avec une floraison de comités de prolétaires, de jeunes et de soldats.

Les groupes cités ci-dessous sont-ils d’accord là-dessus : au lecteur de nous le dire...

Pour notre part, nous y avons vu une caution de l’UGTT sous prétexte qu’elle a une base ouvrière.

Nous n’avons pas vu de claire démarcation par rapport aux mensonges sur l’armée.

Nous avons encore moins vu un appel à profiter de la déstabilisation de l’armée pour y implanter des comités de soldats ni d’ailleurs un appel à généraliser partout les formes d’auto-organisation.

Et pas démarcation vis-à-vis du futur gouvernement qui serait expurgé des ministres RCD.

Les seules propositions sont une assemblée constituante. Mais, comme pour l’essentiel les travailleurs restent inorganisés (à part syndicalement), cela revient à remettre toute la politique aux mains d’institutions bourgeoises. Si c’est pour cela qu’il faudrait compter sur l’extrême gauche, merci bien...

Quant à l’impérialisme français, la manière dont est menée sa dénonciation mène à croire que le gouvernement français aurait dû soutenir la révolution... Ce qui est, au mieux, d’une naïveté sans bornes.

Faire croire que MAM est sortie des clous alors que la France ne se gène pas pour intervenir dans de nombreux pays (comme la Côte d’Ivoire) contre des révoltes sociales, il faut être Besancenot.

Elle doit démissionner dit-il sans doute parce que ça fait bien médiatiquement.

Pourquoi ? Tous les autres ministres y compris la gauche quand elle gouvernait ne devrait pas démissionner ?

etc, etc...

Voilà ce qu’écrit par exemple le NPA sur l’UGTT :

"Le rôle du syndicat UGTT (qui compte 500.000 affilié-e-s, dans un pays dont la population est, à près de 70%, urbaine), dont les militant-e-s sont très présent-e-s dans les manifestations, apparaît de plus en plus comme un élément central dans le processus, à la faveur de sa reprise en main par la base et son aile gauche. Les dirigeants bureaucrates liés au régime ont été mis de côté et, après avoir forcé le retrait des ministres UGTT du gouvernement provisoire, la base syndicale a poussé la direction a prendre formellement position en faveur de la démission du gouvernement actuel, à appeler à des grèves tournantes pour appuyer cette exigence et à constituer un « gouvernement révolutionnaire » avec les forces politiques de l’opposition. (...) Dans ce cadre, l’UGTT est la seule organisation ouvrière de masse jouissant aujourd’hui de la confiance de la population. Elle pourrait jouer, si elle se débarasse définitivement des bureaucrates qui ont été complices ou complaisants envers le régime, un rôle décisif, avec l’appui actif des militant-e-s révolutionnaires, de la gauche radicale tunisienne et avec le soutien de la solidarité internationaliste. La mise en avant du mot d’ordre d’un gouvernement des travailleurs de l’UGTT appuyé sur les comités populaires, pourrait prendre rapidement toute son importance. L’invitation que vient de lancer la direction de l’UGTT à constituer avec elle un « gouvernement révolutionnaire » va dans ce sens, mais elle s’adresse à toutes les forces politiques d’opposition, y compris à son aile bourgeoise. De nouvelles décantations seront donc nécessaires."

Comme si c’était une nouveauté ! Mais l’UGTT a toujours, en Tunisie, épousé les mouvements de révolte ouvrière... pour finir par rejoindre le pouvoir bourgeois !!!

Quant au POI, il parle admirativement de "la centrale historique UGTT" ! Son Entente internationale écrit qu’"elle adresse son soutien aux travailleurs, à la jeunesse et au peuple de Tunisie et à leurs organisations, particulièrement l’UGTT, qui encadre la mobilisation."

Oui mais n’oublions pas l’histoire ...

Le groupe d’extrême gauche qui a été le plus médiatisé du fait de l’arrestation de son dirigeant notamment peu avant la chute de Ben Ali ne dresse pas davantage une perspective claire !

Notre point de vue sur le PCOT

Déclaration d’Olivier Besancenot du NPA (France) :

"Mme.Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, a tenu, le 12 janvier, des propos scandaleux et inadmissibles. En proposant au dictateur Ben Ali le savoir-faire de la police française « pour régler les situations sécuritaires », elle s’est clairement rangée du côté de la répression qui a fait près de 70 morts depuis la mi-décembre.

Mme. Alliot-Marie doit s’excuser ou démissionner et le gouvernement français cesser de soutenir le dictateur en place.

Le dernier discours de Ben Ali est une tentative désespérée pour sauver son pouvoir.

Qui peut croire encore à de telles promesses de la part d’un président qui a accaparé, pillé les richesses du pays, étouffé toutes les libertés, muselé l’opposition, fait arrêter encore il y a quelques jours Hamma Hammami, dirigeant du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), fait tirer sur les manifestants ?

Ben Ali doit partir et laisser le mouvement social tunisien, les organisations politiques d’opposition bâtir une nouvelle société débarrassée de toutes les tares du régime Ben Ali."

Le 14 janvier 2011.

Déclaration d’Arlette Laguiller (LO) :

"Ceux qui se révoltent là-bas, en Tunisie, en Algérie, sont des travailleurs, des chômeurs, des classes pauvres, nos soeurs, nos frères, une partie de nous-mêmes. Et, pas seulement parce qu’une partie de la classe ouvrière ici, en France, est composée de travailleurs originaires de là-bas, de première ou deuxième génération, de ce Maghreb si longtemps colonisé par notre impérialisme, lequel continue toujours à tirer profit de l’exploitation des travailleurs de ces pays.

Mais les causes profondes de la révolte là-bas rejoignent ce qui nous amènera nous, les travailleurs d’ici, à réagir si nous voulons préserver nos conditions d’existence. La crise économique, la crise du capitalisme, qui pousse les classes laborieuses vers la pauvreté, enrichit en même temps une petite minorité. Que cette minorité accapare cette richesse par la malversation, la corruption, par l’appropriation des caisses de l’État, comme cela se fait en Tunisie ou en Algérie, et dans bien des pays pauvres, ou par l’exploitation légale ou par la spéculation, le résultat va dans le même sens. Le capitalisme en crise aggrave encore les inégalités. Ben Ali en Tunisie ou ses homologues en Algérie s’enrichissent d’une autre manière que les Arnault, Pinault, Bettencourt, Servier ou les Peugeot et Dassault. Ces derniers n’ont même pas besoin d’occuper des fonctions dans l’État pour détenir la puissance sociale. Mais les uns comme les autres s’enrichissent de l’exploitation des travailleurs. Ils sont complices, ils s’appuient les uns sur les autres et s’entraident.

Alors, notre solidarité de travailleurs va vers les révoltés de Tunisie et d’Algérie. Et bien au-delà de la simple solidarité, la classe ouvrière a, de part et d’autre de la Méditerranée, le même intérêt à se débarrasser d’un système économique où l’argent est roi et ceux qui le possèdent sont maîtres de la société.

Mais où, cependant, ceux qui créent les richesses permettant à tant de parasites de prospérer, ceux qui font marcher toute l’économie, sont en permanence poussés vers la pauvreté. Et la police comme l’armée sont là pour faire taire ceux qui protestent.

La classe ouvrière qui est massivement présente des deux côtés de la Méditerranée représente une force internationale et ses intérêts fondamentaux sont les mêmes. Et lorsqu’elle en aura pris conscience, c’est unie qu’elle aura la force de mettre fin à l’organisation sociale actuelle basée sur l’exploitation et de créer une société fraternelle où il n’y aura plus de place pour les parasites du travail humain."

Le 15 janvier, LO déclare :

"Lutte Ouvrière appelle aux manifestations de solidarité avec le peuple tunisien

Lutte Ouvrière exprime sa solidarité avec tous ceux qui depuis un mois se sont soulevés en Tunisie et continuent à exprimer leur colère face à la situation sociale catastrophique que subit la majorité de la population. Elle salue leur détermination face à la répression, malgré les dizaines de morts faits par les tirs de la police sur des manifestants désarmés. Elle dénonce le régime de dictature de Ben Ali qui aujourd’hui tente d’apaiser la colère par quelques promesses tout en poursuivant les arrestations. Elle condamne l’attitude odieuse des gouvernements français qui, depuis 23 ans, n’ont cessé de soutenir ce régime, et en particulier l’actuel gouvernement qui, par la bouche de Michèle Alliot-Marie promet encore d’aider la police tunisienne à agir contre les manifestants."

Lutte Ouvrière déclarait : "Le départ de Ben Ali est une victoire pour tous les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les classes populaires de Tunisie qui depuis un mois se sont mobilisés et ont manifesté en affrontant la répression. C’est leur détermination, malgré les balles de la police, malgré les morts, qui n’a plus laissé au pouvoir d’autre alternative que de se débarrasser du dictateur.

Cette victoire ne doit pas être confisquée par de nouveaux dirigeants et par des possédants qui, jusqu’à hier, soutenaient encore Ben Ali, profitaient sur le dos de la population et voudraient pouvoir continuer à le faire tranquillement. Les travailleurs, les classes populaires de Tunisie auront certainement encore à lutter pour imposer leurs droits élémentaires et pour faire que le départ du dictateur débouche sur un véritable changement social."

Déclaration du POI :

"« Par millions, travailleurs, jeunes, paysans, intellectuels, avec la centrale syndicale historique UGTT, se sont levés, aux cris de « Du pain, de l’eau, pas de Ben Ali ! ». Ils ont chassé le dictateur corrompu. Le peuple, la jeunesse, les travailleurs se sont dressés contre la dictature, contre la corruption, pour la démocratie. Ils se sont dressés contre le chômage et la misère. Ils se sont dressés pour en finir avec les plans du FMI, dont le directeur général, Dominique Strauss-Kahn, déclarait en novembre 2008 « La politique économique adoptée ici est une politique saine et constitue le meilleur modèle à suivre pour de nombreux pays émergents ». Contre l’accord d’association avec l’Union européenne, signé en 1995, qui a abouti à la privatisation-pillage des entreprises publiques. Contre la dette qui écrase les peuples. La levée en masse du peuple tunisien contre la famine provoquée par la hausse des prix et contre la répression a chassé le dictateur Ben Ali. Après la gigantesque manifestation de Dublin, en Irlande, et les grèves générales de Grèce, du Portugal et d’Espagne contre les plans dictés par le FMI et l’Union européenne, après le puissant mouvement de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites en France, la réplique des peuples s’intensifie. Elle répond à la véritable guerre engagée par le capital financier pour préserver ses profits » (Déclaration du Conseil fédéral national du POI). "

5-16 janvier 2011

Déclaration de GSI-LITCI :

"Au terme d’un soulèvement de près d’un mois qui aurait
vu 79 tunisiens tomber sous les balles de la police et
de l’armée, le dictateur Ben Ali a quitté le pouvoir.
Les tunisiens ne voulaient plus être gouvernés, opprimés, par
un clan notoirement corrompu au service de l’impérialisme.
Le gouvernement Ben Ali ne pouvait plus maintenir l’ordre
ancien du fait de l’impact de la phase actuelle de la crise du
système capitaliste dans cette semi-colonie. Le peuple tunisien
est entré en scène et de quelle façon !
Jusqu’au bout, l’impérialisme français a soutenu Ben Ali.
Alors même que l’impérialisme étasunien avait pris la mesure
des évènements et avait convoqué l’ambassadeur de Tunisie à
Washington, le Gouvernement Sarkozy-Fillon-Alliot-Marie,
entraînant derrière lui l’Union Européenne, est resté un appui
indéfectible du dictateur.
L’impérialisme français vient donc de subir une défaite politique
qui aura des conséquences dans l’ensemble de sa « sphère
d’influence » dans ses colonies et semi-colonies. Au delà, la
révolution tunisienne va avoir un impact sur l’ensemble des
régimes de la région, « républicains » ou monarchiques, de la
Mauritanie à l’Iran, en commençant par l’Algérie, la Lybie,
l’Egypte, la Jordanie et... la Palestine ! Le mouvement ouvrier
international ne peut que s’en réjouir. (...) Le GSI n’a pas vocation à dicter sa conduite à la classe ouvrière
tunisienne ou à lui donner des leçons. Cependant, il est
de notre devoir de lui donner notre avis motivé par les nécessités
de la lutte des classes, qui est internationale dans son
contenu, et parce que le combat contre notre propre impérialiste
est une tâche centrale. (...) Les travailleurs tunisiens, les opprimés, ne peuvent avoir
confiance qu’en eux-mêmes. Il serait mortel pour la révolution
tunisienne de s’en remettre à un secteur ou un autre de l’armée
 ; il serait mortel pour la révolution tunisienne de s’en
remettre à un secteur ou un autre de l’appareil d’Etat sur lequel
s’est appuyé Ben Ali, en relation avec les puissances impérialistes
au premier rang desquelles l’impérialisme français.
La confiscation des biens du clan Ben Ali-Trabelzi serait une
simple mesure de justice, l’expropriation des intérêts étrangers
en Tunisie sous contrôle ouvrier serait une mesure de salut
public. Les responsables de la répression doivent être châtiés,
où qu’ils se cachent.
L’UGTT, la centrale syndicale liée au régime, a été contrainte
d’accompagner l’insurrection, toutefois ses dirigeants ont soutenu
pendant des décennies le pouvoir en place et le patronat
lié aux impérialistes. Les travailleurs tunisiens devraient se
fixer comme première tâche de chasser les bureaucrates de
l’UGTT et d’élire librement leurs représentants dans les usines,
dans les bureaux, dans les administrations et à l’échelle
de tout le pays.
Les livres de comptes doivent être ouverts, le peuple tunisien,
la classe ouvrière tunisienne ont le droit de savoir ce que le
dictateur à prétendu faire en son nom.
Il appartient désormais au peuple tunisien de décider de son
avenir : la convocation d’une assemblée constituante souveraine
assumant l’ensemble des pouvoirs devrait être son objectif
politique prioritaire. Un homme, une femme, une voix !
Seule l’organisation indépendante de la classe ouvrière peut
garantir la victoire de la révolution tunisienne."

Déclaration du PG de Mélenchon :

"La crise économique frappe les peuples de plein fouet mais peut être aussi un accélérateur de l’histoire. C’est le cas en Tunisie où le prétendu "miracle économique tunisien" - mélange de libre échange forcené, de corruption et d’accaparement des richesses par la famille de Ben Ali - a explosé sous l’effet de la crise.

La révolte sociale déclénchée par la mort d’un jeune étudiant immolé par le feu est devenu une véritable révolution politique pour chasser Ben Ali et son régime. Sa fuite aujourd’hui constitue sans nul doute une étape importante et nécessaire au changement. A des degrés divers, les peuples du Maghreb et du Machrek étouffent sous des régimes corrompus, népotiques, et anti démocratiques, qui n’offrent à leurs peuples, et notamment à la jeunesse, aucun espoir d’une amélioration réelle. Et une étincelle peut mettre le feu aux poudres. C’est ce qui est arrivé en Tunisie, quand est venu le moment où "trop c’est trop".

Le Parti-de-Gauche soutient la révolution citoyenne du peuple tunisien en cours. Elle porte à la fois l’exigence d’une transformation démocratique profonde et de partage des richesses. Sous des formes évidemment propres à un pays qui subit une dictature, le "qu’il s’en aille tous" se rapproche..."

LUTTE OUVRIERE écrit :

"Malgré les balles de la police et les nombreux morts et blessés, la détermination des manifestants n’a pas faibli. Le mouvement, parti d’une petite ville, s’est étendu à tout le pays et n’a plus laissé à Ben Ali d’autre alternative que la fuite. Le dictateur réputé inamovible, au pouvoir depuis 23 ans, appuyé sur un énorme appareil policier, bénéficiant du soutien des grandes puissances, et en particulier de la France, a dû s’avouer vaincu. On a vu qu’un mouvement des classes populaires, quand elles se mobilisent et sont décidées à ne plus supporter ce qui est insupportable, peut ainsi faire tout basculer !

Cependant, ce qui se passe depuis le 14 janvier, jour du départ de Ben Ali, montre que tout n’est pas gagné, et de loin. Des groupes armés de partisans de l’ancien dictateur séviraient encore. L’armée se présente comme une protection contre ces groupes mais c’est aussi elle qui contrôle directement les villes, voudrait exercer une grande partie du pouvoir et empêcher la population de régler ses comptes avec les protégés de la dictature qui ont mis le pays à sac depuis des années. Enfin, même cautionné par quelques personnalités de l’opposition, le gouvernement reste entre les mains d’hommes qui, il y a quelques jours encore, étaient les fidèles serviteurs de Ben Ali.

Visiblement, si tous ceux-là ont estimé qu’il fallait se débarrasser de ce dictateur devenu trop impopulaire, c’est pour tenter de sauvegarder l’essentiel de leur pouvoir et la domination des classes privilégiées.

Mais, justement, les travailleurs, les chômeurs, les jeunes ne doivent pas s’être sacrifiés, avoir versé leur sang, simplement pour changer la façade du pouvoir. Ils se sont levés contre celui-ci avec des aspirations claires : en finir avec le manque de libertés, et surtout avec le chômage, la pauvreté, les inégalités, l’injustice, l’exploitation et la corruption. Aujourd’hui on les voit tenter de s’organiser et de s’armer par eux-mêmes pour faire face aux partisans de l’ancien dictateur. Et, en effet, pour la satisfaction de leurs aspirations, ils ne peuvent s’en remettre à des hommes qui gouvernaient hier encore avec Ben Ali, même si ceux-ci font des promesses de démocratie. Ils ne peuvent faire confiance qu’à leurs propres forces, à la capacité des travailleurs et de la population à s’organiser et à imposer leurs droits.

On a déjà vu des dictatures comme celle de Ben Ali s’écrouler pour être remplacées par des régimes qui ne valaient guère mieux. Pour que la chute du dictateur débouche sur un véritable changement social, les travailleurs, les classes populaires de Tunisie auront encore à lutter pour l’imposer. Et elles viennent justement de démontrer, dans la lutte contre Ben Ali, qu’elles peuvent en avoir la force.

Leur lutte doit être aussi la nôtre. La classe ouvrière de France et celle de Tunisie sont liées par une histoire commune, par la présence de nombreux travailleurs tunisiens qui ont dû venir gagner leur vie ici. Mais elles sont liées aussi parce que les patrons qui nous exploitent ici en France sont souvent les mêmes qui règnent en Tunisie et qui ont prospéré sous la dictature de Ben Ali. Travailleurs français et tunisiens -mais aussi algériens, marocains, africains...-, nous sommes frères dans la lutte contre les mêmes exploiteurs. Et le chômage, la misère, qui s’étendent là-bas comme ici, découlent de la même crise du système capitaliste, dont on voudrait faire payer les frais aux classes les plus pauvres.

Nos frères de Tunisie viennent de nous montrer comment on peut faire tomber un dictateur. La leçon doit nous servir car nous subissons en commun une autre dictature, plus cachée mais tout aussi inadmissible : celle des riches et des spéculateurs, des grands capitalistes et des banquiers."

Le NPA déclare le mercredi 12 janvier 2011

"Ben Ali, président en exercice depuis 23 ans, souffle le froid et le chaud. D’un côté, il fait annoncer la libération des manifestants arrêtés et de l’autre, sa police politique arrête Hamma Hammami, porte-parole du parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), ainsi que plusieurs militants et syndicalistes et l’armée se déploie à Tunis soumise au couvre-feu.
Le mouvement de révolte contre le pouvoir en place se poursuit et s’étend à de nouvelles villes, avec malheureusement de nouvelles victimes.
La jeunesse et la population en ont assez d’un pouvoir corrompu, de la misère, du chômage.
Il faut arrêter la spirale de la répression en Tunisie.
Le NPA renouvelle sa solidarité avec la jeunesse, la population, les partis, syndicats et associations qui se sont levés contre le pouvoir de Ben Ali.
Le NPA exige la libération immédiate d’Hamma Hammami et de tous les manifestants et militants arrêtés.
Le gouvernement français doit sortir de son silence complice et exiger du gouvernement tunisien l’arrêt de la répression et le respect de toutes les libertés démocratiques en Tunisie."

Communiqué de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples (liée au POI) :

"L’Entente internationale des travailleurs et des peuples condamne la répression contre la jeunesse, les travailleurs et le peuple tunisien qui se soulèvent contre l’oppression, la cherté de la vie et la corruption.

Elle appelle les organisations du mouvement ouvrier dans le monde entier à exprimer leur solidarité avec les travailleurs, la jeunesse et le peuple tunisien, et à exiger l’arrêt de la répression brutale.

Le régime corrompu et sanglant du dictateur Ben Ali, soutenu par l’Union Européenne et le FMI, a appliqué à la lettre leurs plans et injonctions dans le cadre de l’association avec l’Union européenne, devant aboutir en 2011 à faire de la Tunisie une zone franche.

Plongée dans la misère, sans aucune perspective, la jeunesse et la classe ouvrière de Tunisie, se réappropriant leurs syndicats se soulèvent dans tout le pays pour défendre leur droit d’exister.

Depuis plusieurs jours, des militants syndicalistes locaux de l’UGTT sont morts sous les balles de la répression policière. Hommes et femmes unis, travailleurs, jeunes, avocats, artistes, universitaires : des centaines sont blessés, ont été tabassés, jetés en prison.

Spontanément, dans des dizaines de villes, la population s’est rendue au siège local de l’UGTT pour exprimer son opposition à Ben Ali. Pour la première fois depuis 25 ans, on entend en Tunisie dans les manifestations : « dehors Ben Ali ! ».

La répression policière fait rage. A Kasserine, à Thala, on compte les morts par dizaines. Des snipers de la police sèment la panique dans les manifestations.

A Tunis, des syndicalistes ont tente mardi de sortir en manifestation en partant du local central de l’UGTT. Ils ont été refoulés aussitôt par des jets de bombes lacrymogènes.

Dimanche 9 janvier, l’union locale de l’UGTT à Sfax à lancé un mot d’ordre de grève générale régionale, qui a l’exception des hôpitaux, ou les blessés sont nombreux et des boulangeries, été suivie à 100%. A Sfax, 30.000 travailleurs et jeunes ont manifesté. A Jendouba mercredi, ils étaient 12 000 en manifestation dans une ville de 30 000 habitants.

La mobilisation est présente dans tout le pays jusque dans la banlieue de Tunis. Dans plusieurs villes les forces de l’ordre ont été obligées de se replier ou de se retirer, face à l’acharnement de la population. Le couvre-feu instauré dans le grand Tunis a été ridiculisé par les émeutes.

Dans le sud du pays, notamment à Kasserine, par centaines ce mercredi, des manifestants se sont appropriés des cars de la société régionale pour se rendre à Thala afin de casser le couvre feu qui dure 22/24heures. Là encore, la police s’est retirée.

La chaîne de télévision nationale, porte parole de la propagande du général Ben Ali a filmé des scènes de pillage, mise en scène policière, pour légitimer la répression.

Ces groupes infiltrés se sont dissous dans les manifestants pour s’attaquer aux biens. Toujours à Thala et à Kasserine comme à sidi Bouzid, les jeunes se sont constitués en Comités de quartiers pour se défendre et expulser les provocateurs.

La semaine dernière, à plusieurs reprises des éléments de l’armée ont brandi leurs armes face aux Brigades d’Ordre Public après que des citoyens se soient refugiés derrière eux. Mouvement qui vient de provoquer le limogeage de l’état major de l’armée de terre.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, des affrontements très violents opposent la police et l’armée à des dizaines de milliers de manifestants à Nabeul, Tunis, Sfax…

L’Entente internationale des travailleurs et des peuples en appelle aux organisations ouvrières de tous les pays, afin d’exprimer leur solidarité avec les travailleurs de Tunisie et avec l’UGTT.

Arrêt immédiat de la répression contre les travailleurs, le peuple et la jeunesse de Tunisie ;

Respect des libertés démocratiques en Tunisie ; Satisfaction des revendications sociales et politiques ; Levée immédiate du blocus du local central de l’UGTT à Tunis !’

Alger – Paris, le 13 janvier 2011, 16h10.

Louisa HANOUNE, secrétaire générale du Parti des travailleurs d’Algérie
Daniel GLUCKSTEIN, secrétaire national du Parti ouvrier indépendant (POI) Coordinateurs de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples.

Déclaration de CCI :

"Que veut le prolétariat, la jeunesse, que veulent les masses tunisiennes :
Sans en dresser une liste exhaustive, on peut citer :

 Le démantèlement complet de l’Etat et du système Ben Ali / Trabelsi
 L’arrestation et le jugement en Tunisie des tortionnaires, suppôts du régime, corrompus et profiteurs de la dictature
 La dissolution complète de la police et de tous les organes répressifs de la dictature
 La libération, l’amnistie et les réparations pour tous les détenus politiques de la dictature
 Toutes les libertés politiques, syndicales et individuelles
 L’expropriation des fortunes construites sur les prébendes de la dictature, l’expropriation des entreprises accaparées grâce aux privatisations par les clans mafieux du régime, le rapatriement de leurs avoirs à l’étranger
 Des salaires décents pour tous, la réintégration des travailleurs licenciés
 La remise sur pied de l’activité économique avec l’objectif de donner du travail à tous et selon les qualifications, le contrôle des prix etc. ce qui ne pourra se faire sans une réorganisation totale de la production en fonction des besoins de la société toute entière et non plus du profit de quelques uns.

Comment y parvenir ?

A l’évidence, la satisfaction de ces revendications politiques et économiques implique une rupture totale avec le système de la dictature qui a mis le pays en coupe réglée. Ce n’est certainement pas le chemin que va prendre le gouvernement d’union nationale constitué pour confisquer la victoire aux masses et conserver tout le pouvoir aux mains de la bourgeoisie. Le prolétariat, la jeunesse, les masses tunisiennes ne peuvent donc compter que sur leurs propres forces, en écartant du chemin tous ceux qui prétendent parler en leurs noms, mais collaborent avec les plus fidèles partisans de Ben Ali. La force du prolétariat, de la jeunesse et des masses tunisiennes est considérable, ultra-majoritaire dans la société, pour peu qu’elle soit organisée. Mais dans quelle direction aller ?

 D’abord, fédérer les comités de vigilance qui se sont spontanément constitués pour protéger les quartiers des exactions des milices du régime,
 constituer des comités de villes avec des délégués de chaque comité,
 constituer des comités d’usines, d’universités etc. sur le même modèle,
 appeler à la constitution de comités de soldats indépendants de la hiérarchie militaire,
 rassembler toutes ces forces au plan national dans un conseil central des délégués de tous les comités sur le programme des revendications définies par les masses tunisiennes elles-mêmes.
 La constitution d’un gouvernement des travailleurs formé à partir de ces comités et appuyé sur eux pour appliquer résolument le programme voulu par les masses devient alors un objectif immédiat.

Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire en Tunisie, pour l’Internationale ouvrière révolutionnaire

Pour surmonter les obstacles, déjouer les manœuvres organisées par la bourgeoisie avec la complicité de ses alliés dans le mouvement ouvrier, le prolétariat et la jeunesse ont besoin de construire un Parti Ouvrier Révolutionnaire qui se fixe clairement l’objectif du renverser la bourgeoisie, de constituer un gouvernement des travailleurs s’attaquant résolument au capitalisme, responsable de la misère, moteur des dictatures en Tunisie comme dans beaucoup d’autres pays. Tous ceux qui sont d’accord avec ces objectifs doivent se regrouper et s’organiser pour constituer la force indispensable à la victoire de la révolution tunisienne.

En France, de nombreux travailleurs, en particulier d’origine maghrébine, ont manifesté leur soutien à cette révolution, lors des journées organisées par certains partis et syndicats ouvriers Mais il est de la responsabilité des organisations ouvrières françaises, pour montrer véritablement leur soutien à cette mobilisation, de rompre avec le gouvernement Sarkozy, principal appui de la dictature Ben Ali. Elles doivent soutenir cette révolution en appelant le peuple tunisien à prendre le pouvoir et dénoncer tout gouvernement d’union nationale en Tunisie.

VIVE LA LUTTE REVOLUTIONNAIRE DU PROLETARIAT, DE LA JEUNESSE ET DES MASSES TUNISIENNES
"

Partisan - OCML a écrit :

"NECESSITE D’UNE PERSPECTIVE REVOLUTIONNAIRE

Les experts de la politique bourgeoise se consolent avec l’idée que l’exemple tunisien ne va peut être pas se répandre et démettre les gouvernements autocratiques de Rabat à Ryad car les mouvements d’opposition sont faibles et démoralisés. Mais ceci passe à côté de l’essentiel.

Le soulèvement en Tunisie n’a pas été organisé par l’opposition qui est aussi faible et démoralisée. Il a été spontané de la part des masses, et s’est avéré impossible à arrêter précisément parce qu’il n’y avait aucune organisation réformiste capable de le mener dans une direction officielle. La faiblesse et l’absence d’organisations réformistes de masse n’est pas le reflet de la force du régime autocratique, mais bien de sa faiblesse. Une fois que les masses se sont mises en mouvement, ce sera comme une voiture descendant la pente sans freins.

Ainsi que nous l’avons avancé à propos de l’Iran, le caractère spontané du mouvement constitue à la fois sa force et sa faiblesse. En Tunisie, les masses ont été assez fortes pour se débarrasser d’un régime corrompu et haï, mais que va-t-il se passer maintenant ?

« Notre problème essentiel est le manque de perspectives, » a déclaré Nizar Amami, l’un des leaders de la branche de l’UGTT- PTT à Médiapart, lundi soir à Tunis. « aucun parti n’ a véritablement émergé ; le PDP (opposition légale) est trop faible. L’UGTT a pris place dans l’opposition en lançant des slogans, des actions de solidarité et d’autres initiatives, mais en ce qui concerne une alternative politique… Maintenant, le régime a été réellement déstabilisé, et ceci est sans précédent ».

Emma Murphy, professeur à l’Ecole du gouvernement et des affaires internationales à Durban et experte des affaires tunisiennes, a déclaré à la BBC : « l’opposition légale en Tunisie peut-elle apporter des propositions substantielles au peuple ? probablement non. Mais si la démocratie se met en place, le conseil des dirigeants devra très rapidement donner des indications de mise en place de substantielles réformes du système politique, des élections, la liberté d’association, les droits civiques, et la liberté des médias bien avant les élections elles mêmes. »

« La fin rapide de l’état d’urgence et des indications claires concernant la mise en œuvre des mesures contre la corruption applicable aux activités de Ben Ali et du clan Trabelsi seraient un pas important pour convaincre les tunisiens que, cette fois-ci, les promesses d’application de règles constitutionnelles seront respectées, que l’heure est venue de la réconciliation nationale, que cela signifie juste que l’armée, responsable de la défense de la sécurité, ne va pas une fois de plus succomber à la défense d’un régime autoritaire. »

Nous pouvons déjà prédire de manière confidentielle que dans les semaines et mois à venir, toute une armée « d’amis de la démocratie » va débarquer à Tunis. Les représentants des syndicats avec des valises pleines de dollars, des hommes d’affaires US et d’ UE , des ONG par douzaines, les « Socialistes » internationaux, les membres de la fondation Friedrich Ebert, et d’autres représentants respectables de la CIA, tous anxieux de prodiguer des conseils et pour ceux qui voudraient bien les suivre, de conséquentes ressources matérielles.
L’unique projet de tous ces gens peut ainsi se résumer « restauration de l’ordre ».

L’ordre peut être restauré de diverses manières. Une contre révolution peut être apportée de l’extérieur aussi bien qu’une forme dictatoriale. Tout ce que Ben Ali n’a pas pu réaliser à coup de tir de balles, matraques, ses successeurs et leurs assistants impérialistes espèrent le réaliser avec des sourires et de bons mots, des dollars et des euros. De toute façon, l’objectif demeure le même : amener le peuple à quitter la rue, à retourner au travail et à l’usine pour les ouvriers, la ferme pour les paysans, les études pour les étudiants. Ils désirent tous un rapide retour à la normalité, c’est-à-dire un rapide retour à l’esclavage sous un autre nom.

Il ne faut avoir aucune confiance en tous ces « démocrates » hypocrites. Ces mêmes gouvernements ont soutenu la dictature de Ben Ali et n’avaient rien à reprocher aux bas salaires pour autant que ceux-ci étaient la base de leurs profits. Tous ces messieurs-dames ont conservé un silence poli pendant des décennies à propos du régime corrompu et répressif en Tunisie parce que ce dernier préservait leurs profits. Maintenant que ce régime a été mis à bas, ils trouvent soudain leur voix pour appeler au calme.

Les évènements avancent à une vitesse fulgurante. Au moment même où j’écris ces lignes, M. Ghannouchi a déjà été remplacé au Parlement par Foued Mbazza qui constitue un gouvernement d’union nationale afin de préparer des élections dans 60 jours. Tout ceci montre que le gouvernement est faible et ne tient que par un fil.

Travailleurs et jeunesse de Tunisie, soyez vigilants ! ce que vous avez conquis est le résultat de votre lutte héroïque et de vos sacrifices. Ne vous laissez pas dérober ce qui a été gagné au prix du sang ! aucune confiance dans les beaux discours et belles promesses ! n’ayez confiance qu’en votre propre force, votre organisation indépendante et votre détermination !

L’idée d’un gouvernement d’union nationale incluant des représentants de toute l’opposition légale et peut-être un ou deux membres issus de l’armée ne constituent pas une menace pour la stabilité du pays dans ses relations d’amitié avec des alliés aussi importants que les USA et L’ UE ; C’est une autre forme de piège. L’opposition légale est un rassemblement d’opportunistes compromis par des années de collusion avec Ben Ali, ou, encore, de compromis.

Le peuple tunisien n’est ni fou ni puéril pour se laisser bercer par des mots hypocrites. Les travailleurs ne doivent pas se démobiliser, mais au contraire augmenter la mobilisation et donner une envergure nationale à cette organisation. Les représentants de l’ancien régime ne doivent connaître aucun répit. Ces gangsters ne doivent pas être autorisés à ré-organiser une nouvelle version de l’ancien régime. Fini le temps de discuter et de mener des intrigues ! A bas ce gouvernement ! fin immédiate de l’ état d’urgence ! entière liberté d’organisation, de rassemblement, d’expression ! pour une assemblée constituante révolutionnaire ! pour la dissolution immédiate des corps d’état répressifs et procès public des responsables des crimes et de la torture !

Afin de mettre en place tout ceci, il faut organiser une grève générale nationale. La classe ouvrière est la seule force qui a la force nécessaire pour se débarrasser de l’ancien régime et reconstruire la société de bas en haut.

Le prolétariat doit se placer lui-même à la tête de la société, ceci est le seul moyen d’avancer. L’appel à la grève générale a déjà trouvé un écho dans l’UGTT ; selon des reportages, la grève générale a démarré dans plusieurs régions la semaine dernière : Kasserine, Sfax, Gabès, Kairouan et Jendouba.

Afin de développer la grève générale, il faut constituer des comités d’action à tous les niveaux : local, régional, national. En Tunisie, c’est la question du pouvoir qui est posée. Il est nécessaire d’organiser le peuple pour remporter de façon décisive la victoire dans le renversement de l’ancien régime.

Des reportages ont montré des scènes de pillage la nuit dernière. Ceci a été organisé par la police et des provocateurs restés fidèles à Ben Ali. Ils veulent créer une situation de chaos qui pourrait permettre de faire dérailler la révolution et de revenir en arrière. On voit aussi des comités de voisinage et d’auto-défense.

Les travailleurs doivent fraterniser avec les soldats qui sont de leur côté. Il devrait y avoir un appel à constituer des comités de soldats en lien avec le peuple. Les ouvriers et paysans doivent obtenir des armes pour leur auto-défense et monter des milices dans toutes les entreprises, districts et villages, afin de se défendre contre les bandits et contre-révolutionnaires. Ceci est crucial pour le succès de la Révolution."


Voici pour l’extrême gauche et ne parlons pas de la gauche !!

La veille du jour où Ben Ali quitta la Tunisie sous les cris de haine de tout un peuple –, l’Internationale socialiste publia la déclaration suivante :

« Les développements en Tunisie, où des manifestations publiques continues sont violemment réprimées causant de nombreux morts, sont un sujet de grande préoccupation pour l’Internationale Socialiste. La crise qui a pris son début dans la ville de Sidi-Bouzid, où Mohamed Bouazizi s’est immolé après la confiscation de son stand de légumes, s’est propagée à travers le pays, s’appuyant sur les frustrations d’une large partie de la population souffrant du chômage, des prix alimentaires élevés, d’un sentiment d’impuissance et d’un écart croissant entre les riches et les pauvres dans le cadre d’une marginalisation sociale et politique et d’exclusion. (…)

L’IS fait appel au gouvernement tunisien d’agir immédiatement pour répondre de manière constructive et positive aux exigences du peuple dans les rues pour les libertés, les opportunités et d’être maître de leur destin, ainsi que de saisir ce moment pour établir les bases d’une société plus inclusive et juste pour tous les Tunisiens. L’Internationale Socialiste se tient prête à collaborer avec toutes les forces politiques et sociales en Tunisie dans cet effort. »

Le RCD fait partie de l’IS ... avec Ben Ali mais aussi Gbagbo ou Bouteflika sans parler des "socialistes" israéliens...

COMMENTAIRE :

La veille de la chute du dictateur, l’IS n’a pas un mot de critique contre lui et en appelle encore à son gouvernement pour résoudre la crise. Et c’est logique : le Rassemblement constitutionnel démocratique du désormais ex-président Ben Ali est « membre de plein droit » de l’Internationale socialiste -socialiste de nom seulement bien entendu.

Quatre jours après la déclaration précédente, l’Internationale socialiste s’est fendu d’une nouvelle déclaration :

« Une décision a été prise par le président en accord avec le secrétaire général, conformément aux statuts de l’Internationale Socialiste, de faire cesser l’adhésion du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) de Tunisie. Cette décision, dans des circonstances exceptionnelles, est conforme aux valeurs et principes qui définissent notre mouvement et à la position de l’Internationale sur les développements dans ce pays. »

Messages

  • Front populaire en Tunisie ? Le NPA encourage la révolution ou sa défaite.

    Communiqué du NPA. Olivier Besancenot en Tunisie les 25 et 26 janvier.
    lundi 24 janvier 2011

    Une petite délégation du NPA avec Olivier Besancenot, porte-parole, se rendra en Tunisie mardi 25 et mercredi 26 janvier pour soutenir le processus révolutionnaire en cours.

    Elles sera reçue par les organisations de la plate-forme du 14 janvier, regroupement unitaire de la gauche, récemment constitué.

    Des rencontres sont prévues avec Hamma Hammami, dirigeant du PCOT, des dirigeants de la Ligue de gauche travailliste, des syndicalistes des postes et télécommunications, des associations des droits de l’homme.

    Le 24 janvier 2011

  • Débat avec l’extrême gauche sur la Tunisie

    Nous citons de nombreux groupes. Nous divergeons avec ces camarades.

    Pour notre part, nous y avons vu une caution de l’UGTT sous prétexte qu’elle a une base ouvrière.

    Nous n’avons pas vu de claire démarcation par rapport aux mensonges sur l’armée.

    Nous avons encore moins vu un appel à profiter de la déstabilisation de l’armée pour y implanter des comités de soldats ni d’ailleurs un appel à généraliser partout les formes d’auto-organisation.

    Et pas démarcation vis-à-vis du futur gouvernement qui serait expurgé des ministres RCD.

    Les seules propositions sont une assemblée constituante. Mais, comme pour l’essentiel les travailleurs restent inorganisés (à part syndicalement), cela revient à remettre toute la politique aux mains d’institutions bourgeoises. Si c’est pour cela qu’il faudrait compter sur l’extrême gauche, merci bien...

    Quant à l’impérialisme français, la manière dont est menée sa dénonciation mène à croire que le gouvernement français aurait dû soutenir la révolution... Ce qui est, au mieux, d’une naïveté sans bornes.

    Faire croire que MAM est sortie des clous alors que la France ne se gène pas pour intervenir dans de nombreux pays (comme la Côte d’Ivoire) contre des révoltes sociales, il faut être Besancenot.

    Elle doit démissionner dit-il sans doute parce que ça fait bien médiatiquement.

    Pourquoi ? Tous les autres ministres y compris la gauche quand elle gouvernait ne devrait pas démissionner ?

    etc, etc...

  • La réaction du NPA face à l’agitation politique et sociale en Tunisie était en concordance avec la réaction des principales puissances impérialistes, les Etats-Unis, la France et d’autres pays de l’Union européenne. Ils ont tous encouragé un accord entre les partis officiels d’ « opposition, » la bureaucratie de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et les membres restants du régime de Ben Ali. Leur objectif, présenté comme « démocratie » voire même « révolution démocratique, » est la formation d’un gouvernement d’unité nationale fondé sur l’ancienne dictature de Ben Ali.

    Reprenant l’appel du président américain Barack Obama à des « élections libres et justes dans un avenir proche, » le palais présidentiel de l’Elysée en France a appelé à « une solution démocratique et durable à la crise actuelle. »

    Ces positions cyniques ont aussi été avancées par la « gauche » bourgeoise. La dirigeante du Parti socialiste (PS) Martine Aubry a cyniquement lancé un appel au ministère français des Affaires étrangères, partisan des plus fidèles du régime de Ben Ali, à « s’engager sans ambiguïté en faveur de la démocratie en Tunisie. »

    En droite ligne avec l’élite dirigeante, le NPA a cherché à présenter les développements en Tunisie non pas comme une lutte de classes révolutionnaire contre la dictature et l’impérialisme, mais comme une lutte syndicale « démocratique. »

    Sa déclaration du 5 janvier décrivait la lutte tunisienne comme une « Intifada, » évoquant la lutte nationale du peuple palestinien pour les droits démocratiques au sein de l’Etat d’Israël. Mais tel n’est pas le caractère du récent soulèvement en Tunisie. Il s’agit d’un soulèvement de la classe ouvrière contre le chômage et la dictature, et cherchant à renverser le régime de Ben Ali.

    Après le déclenchement des manifestations, le NPA a soutenu le syndicat tunisien Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), partisan de longue date du régime Ben Ali, qui avait participé à l’application de sa politique de réforme d’économie libérale. Sa déclaration du 5 janvier dit : « La seule force qui maille le pays, faute d’opposition en capacité de le faire, c’est l’UGTT, la centrale syndique unique. »

    Cette déclaration félicite des membres de l’UGTT qui se sont personnellement déclarés en solidarité avec les manifestations. Elle dit : « Nombre d’unions locales et régionales soutiennent la population, mais ne l’organisent pas. »

    C’est un mensonge. Non seulement l’UGTT n’a « pas organisé » les manifestations, mais elle n’a appelé à aucune grève de soutien. Ils n’ont pas « soutenu » la population, mais bien plutôt le régime de Ben Ali.

    Tandis qu’il ment et sème la confusion quant au rôle des syndicats, le NPA est tout à fait conscient du rôle pro-gouvernemental de l’UGTT. En effet, il reconnaît en passant que le bureau national de l’UGTT a initialement publié une déclaration dénonçant les manifestations : « Reste à déplorer l’attitude de la direction confédérale de l’UGTT qui s’est désolidarisée officiellement de mobilisations organisées par certaines de ses structures et des slogans hostiles au régime qui y étaient scandés. »

    En fait, bien que le NPA ne le reconnaisse pas, l’UGTT a été un élément du régime de Ben Ali. Elle a publiquement soutenu Ben Ali lors des deux dernières élections présidentielles et soutenu ses coupes sociales. Dans une interview accordée au journal tunisien Achourouk avant la chute de Ben Ali puis affichée à nouveau sur le site de l’UGTT, le secrétaire de l’UGTT Abdessalem Jerad déclarait : « Le mouvement réformateur conduit par le Président Zine El Abidine Ben Ali constitue une mutation qualitative dans le processus d’édification de la Tunisie moderne. »

    En soutenant le programme de réforme de Ben Ali, l’UGTT a soutenu les diktats de l’élite financière et du FMI qui ont institué « des programmes d’ajustement structurels » en privatisant la plus grande part de l’économie et en autorisant un niveau sans précédent de « libre échange. » Ces mesures ont empêché des milliers de jeunes Tunisiens comme Bouazizi de trouver du travail, tandis que les élites haut placées de Tunisie s’enrichissaient.

    Jerad s’est félicité des relations du président avec l’UGTT et dit qu’il était impatient de travailler avec le gouvernement et a rampé devant Ben Ali : « Notre fierté était encore plus grande que nos programmes rejoignaient les objectifs définis par le Président Ben Ali. Nous n’avons pas hésité alors à l’appuyer parce qu’à l’UGTT nous ne prêtons pas allégeance aux personnes, ni cherchons à leur plaire. Nous soutenons, plutôt, les programmes et les réformes. »

    En promouvant l’UGTT comme une force d’opposition en Tunisie, le NPA démontre son profond désintérêt et son hostilité envers les revendications sociales de la classe ouvrière. De plus ce n’est pas un accident mais cela reflète organiquement les positions du NPA. En France et de par l’Europe, le NPA insiste pour dire que l’opposition de la classe ouvrière à la politique d’austérité sociale devrait être subordonnée aux syndicats droitiers déterminés à négocier les coupes sociales avec les gouvernements bourgeois. Ceci a conduit à la déclaration tristement célèbre de membres du NPA disant qu’il ne devrait y avoir qu’une opposition « symbolique » aux actions policières pour briser la grève dans les raffineries françaises.

  • Reprenant l’appel du président américain Barack Obama à des « élections libres et justes dans un avenir proche, » le palais présidentiel de l’Elysée en France a appelé à « une solution démocratique et durable à la crise actuelle. »

    Ces positions cyniques ont aussi été avancées par la « gauche » bourgeoise. La dirigeante du Parti socialiste (PS) Martine Aubry a cyniquement lancé un appel au ministère français des Affaires étrangères, partisan des plus fidèles du régime de Ben Ali, à « s’engager sans ambiguïté en faveur de la démocratie en Tunisie. »

    L’élite dirigeante de Tunisie travaille avec les puissances impérialistes pour former un gouvernement qui appliquerait la politique dictée par le Pentagone, le Quai d’Orsay et le Fonds monétaire international : des coupes sociales, le soutien à la « guerre contre le terrorisme » des Etats-Unis et de l’OTAN l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak et l’oppression incessante du peuple palestinien par l’Etat d’Israël.

    Le jour même de la fuite de Ben Ali, le NPA signait un communiqué commun avec les partis officiels de la « gauche » bourgeoise française, dont le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF), et les Verts. Le communiqué dit : « Nous exigeons que le gouvernement français et l’Union européenne cessent leur soutien explicite ou implicite au régime tunisien et soutiennent une véritable transition démocratique. »

    En publiant ce communiqué, le PS et le PC poursuivaient leur longue et sordide bilan d’architectes des crimes de l’impérialisme français. Parmi ces crimes on compte le soutien du PC à la poursuite de la guerre contre l’indépendance de l’Algérie en 1965 du premier ministre socialiste Guy Mollet ; La participation du président socialiste François Mitterrand à la Guerre du Golfe de 1991 conduite par les Etats-Unis contre l’Irak ; et la participation du gouvernement de coalition PS-PC-Verts à l’invasion de l’Afghanistan en 2001.

    Marie-George Buffet, ancienne secrétaire du PCF, a expliqué ce qui a motivé ce communiqué commun dans une interview accordée au quotidien stalinien L’Humanité. Elle a fait remarquer le soutien de longue date accordé par le gouvernement français au régime de Ben Ali mais a dit, après que des protestations de masse ont profondément ébranlé le régime de Ben Ali, que le moment était venu pour un changement de cap.

    Faisant remarquer le levier commercial que les gouvernements français et européens ont sur la Tunisie, elle a dit : « On a les moyens de faire pression sur le pouvoir tunisien. Il existe un accord privilégié entre l’UE et la Tunisie, soumis à des conditions. »

    Ce levier a, il ne fait aucun doute, été activement utilisé pour essayer de donner à la dictature tunisienne un nouveau souffle en remaniant vaguement le personnel à sa direction. Le NPA n’a rien fait d’autre que de contribuer à donner une coloration un peu plus de « gauche » à ces machinations impérialistes anti-ouvrières.

  • "Le général Ammar affirmait au nom de à la Constitution du pays » (qui est, il faut le noter, celle imposée par Ben Ali) et son engagement à ne pas « sortir de ce cadre ». Mais la population tunisienne doit rester méfiante vis-à-vis de tous ces gens-là et se donner les moyens de garder en main les leviers d’un changement politique payé de son sang."

    Extrait du journal LO lire ici

    Que veut dire "rester méfiante" ?

    et "gader en main les leviers du changement" ?

    Ce langage est troublant...

    • "Nous ignorons la profondeur et l’énergie du mouvement en Tunisie."

      Extrait de la déclaration au CLT du 28/01/11 de Lutte ouvrière.

      Mais alors de quels "leviers du changement" parle donc LO dans son journal en désignant "la population" ? (dans l’édition du 28/01/11)

      LO SAIT DES CHOSES OU NE SAIT RIEN ?

      ET EN POLITIQUE TOUT CE QUI N EST PAS CLAIR SERT A EMBROUILLER LES CONSCIENCES, UNE SPECIALITE ET UN HERITAGE DES REFORMISTES ET DU COURANT STALINIEN !

    • Voici effectivement l’un des derniers messages de l’organisation Lutte Ouvrière (France) :

      "De jour en jour, la situation évolue en Tunisie, mettant en évidence les antagonismes plus ou moins clairement formulés entre les différentes forces en présence. Et depuis trois semaines, pas seulement en Tunisie, mais au-delà. L’Algérie, où une manifestation a contraint le gouvernement à mobiliser massivement ses forces de répression. Jusqu’à l’Albanie ! Et maintenant, en Égypte.

      On peut doctement discuter pour savoir si cela traduit une contagion, ou s’il s’agit de simples coïncidences. Mais on doit faire le constat, qu’au-delà des particularités de chacun de ces pays, il y a partout la pauvreté d’une majorité de la population, lourdement aggravée par la crise ; partout des dictatures qui bâillonnent les peuples ; partout un ras-le-bol général.

      Si cela n’est pas la contagion, ça y ressemble diablement. On ne peut pas prévoir ni son élargissement ni l’évolution de ces mouvements qui s’alimentent mutuellement. D’autant qu’en face du développement des mouvements de masse et de leur radicalisation, il y a partout des adversaires aguerris, expérimentés, prêts à utiliser tous les moyens des forces de répression et prêts aussi à récupérer les mots d’une révolte ou d’une révolution pour les vider totalement de leur contenu."

      Donc...

      Il faut faire quoi à part se méfier...

  • "Camarades tunisiens, ne vous arrêtez pas en si bon chemin.
    Ghannouchi est une pourriture du même acabit. Il faudra purger cette mafia."

    Peut on lire sur le forum des amis de LO...

    Que veut dire purger une mafia ?

    Qui va la "purger" et comment ?

    Motus et bouche cousue...

  • LO ne sait rien mais par contre à tous ceux qui essayent de savoir et de donner une analyse, elle affiche un mépris qui a pour but de décourager la discussion et le débat : si j’étais sympathisant de LO en ce moment, il serait simplement impossible de débattre après une déclaration de LO qui affirme "on ne sait rien", mais lo fait semblant de ne rien vouloir savoir car sinon elle ne ferait pas plusieurs éditos et échos parlant du Maghreb dans ces bulletins d’entreprises.On imagine mal un scientifique dire "on ne sait rien du mouvement intime des molécules" sans expliquer que le niveau des connaissances, ou que le niveau d’agraindissement, permet de supposer ceci ou cela.

    Par exemple les paléonthologues, Jean Clottes, Breuil, Leroi Gouran ont tous des théories différentes sur l’interprétation possible des peintures rupestres de nos ancêtres il y a 40000ans ! Pourtant ce ne sont pas les homos sapiens qui vont nous raconter ce qu’ils avaient réellement dans la tête en peignant sur les parois rocheuses : d’ailleurs est ce que l’homme qui dessinait, avait les mêmes idées que le reste du groupe humain ?

    Il n’empêche que ces préhistoriens et que tous les êtres humains en 2011 discutent et débattent des idées humaines datant de plusieurs milliers d’années : comment vivaient ils, y avait il des chefs, un Etat, une culture, des conflits et surtout quels ont été les ruptures dans l’organisation des sociétés qui ont permis une "r" évolution jusqu’à la société capitaliste.

  • Intervenant sur Forum LO mardi 18 janvier 2011 : "La rue reprend la main."

    Réponse d’un militant LO :"voeux pieux
    ou alors on cite nombre de manifestants, slogans, pancartes, discussions..."

    mais surtout, ne pas faire semblant de savoir "

    même militant LO réintervient : "Au fait, comme je suis loin de Paris...

    Il me souvient que lors de la "révolution des oeillets" portugaise, les cafés portuguais étaient impressionnants. Les gars lisaient des dizaines de journaux, se les passaient de tables en tables, les discussions étaient incessantes et animées...

    Je suppose que c’est la même chose en ce moment dans les cafés tunisiens ? "

    Après la leçon d’arithmétique, c’est la démonstration que rien ne peut vraiment bouger si les travailleurs immigrés n’en parlent pas ?
    En fait non car c’est surtout pour dire à tous les autres intervenants que leurs débats ne servent à rien . En effet lui ne donne jamais son avis sur des évènements au Maghreb.
    Alors que la poignée de militants de LO ne sait à peine plus de choses quand dans une grève en France il y a 1 militant syndicaliste qui les informe dans une entreprise de plus de 10000 ouvriers !
    Mais dans ce cas LO se sent le devoir de donner un avis tranché et sans la moindre retenue ! voir un exemple d’article.
    Pour jeter un coup d’oeil sur ce forum cliquez ici

    La meilleure preuve que LO utilise des procédés frauduleux pour couper le débat et imposer ses idées sans discussions, c’est la différence entre le langage tenu vendredi 28 aux militants et sympathisants réunis et l’édito de hier matin le 31 janvier : lire ici.

    Devant le public travailleur LO dit maintenant : "Il est difficile de savoir si les masses soulevées ont suffisamment d’énergie pour pousser plus loin et s’en prendre à ceux qui tirent les ficelles."

    Ce n’est plus "on ne sait rien".
    Pourquoi ce double langage ?

    Et bien LO ne peut pas se permettre de mépriser publiquement la classe ouvrière et les prendre pour des "cons".
    Car quand un travailleur dit qu’il ne sait rien, alors il ne parle pas , il n’écrit pas ! Mais c’est aussi parce qu’il reconnait honnêtement que cela ne l’intéresse pas ;
    C’est simple mais pourtant LO fait l’inverse avec ses sympathisants !

    Ce qui se passe au Maghreb intéresse profondémment LO, mais cette organisation cache ses positions politiques sous couvert "de ne rien savoir" ou "de ne pas savoir assez" !

    Elle cache un changement profond car cette organisation n’avait absolument pas les mêmes analyses sur le rôle des Etats et de ses appareils de répression dans les années 70, par exemple au Chili en 73.
    Voir cette brochure : "Chili : un massacre et un avertissement"

  • J’imagine les sympathisants allant chercher des infos dans "les cafés tunisiens en France" !
    Ce militant de LO en vient dans son ironie, à renvoyer les travailleurs dans un communautarisme réactionnaire.

    Et oui un conseil allons plutôt discuter dans les entreprises, les écoles, les cafés "américains" ou "du commerce" avec nos collègues et nous serons "surpris" d’y trouver des travailleurs qui regardent collectivement Al Jazeera en direct sur les Iphones, et en discutent sur leur temps de travail.
    Ce que des travailleurs peuvent faire lors d’une coupe du monde de foot, ils sont en train de le faire en ce moment pour l’Egypte, l’Algérie, Haiti, le Yémen etc...
    Un collègue ouvrier m’a dit hier "je donne pas plus de 48H00 à Moubarak pour dégager".

    Le chef est arrivé, nous étions 6 travailleurs attroupés autour du téléphone portable et personne n’est retourné à son poste de travail.

    Parmi les 6 il y avait un Tunisien, un algérien, 2 antillais et 2 français, dans un atelier d’une multinationale et pas dans un café tunisien.

    Le chef s’est senti obligé de dire que "les gens labàs avait raison "

  • C’est le même débat sur l’Algérie ou l’Egypte !!!

    On ne vit sûrement pas dans la même réalité, mes bons amis d’extrême gauche.

    La question du pouvoir, les masses l’ont posée en chassant Ben Ali, elles la posent en continuant de vouloir chasser le gouvernement Ghannouchi.

    Et effectivement, en créant leurs propres organes.

    Ca c’est la réalité dans laquelle cette extrême gauche ne vis pas.

    Dans sa "réalité", la révolution permanente est bonne à jeter aux orties, et le fait que la classe ouvrière soit le moteur d’un combat où les revendications démocratiques sont au centre te dépasse. Il est sans doute plus simple d’adhérer aux thèses défendues jadis par les staliniens : celles de la "révolution par étapes".

    Et ravaler contre toute évidence la mobilisation du prolétariat à des suppliques de mendiants.

    Ce n’est pas la réalité, cela - c’est la réalité de ce qu’est l’extrême gauche. Ainsi LO, organisation qui à force de répéter jour et nuit qu’il faut patiemment attendre le "grand soir" en évangélisant les masses bouton de veste par bouton de veste, en vient à nier la réalité de la lutte des classes en dehors d’elle, et à occulter méthodiquement la question du pouvoir.

  • Alors que l’UGTT soutient Ghanouchi, on peut lire :

    POI : Manifestation Paris 15 janvier 2011 – Solidarité avec les travailleurs de Tunisie et avec l’UGTT

  • Ce que LO écrit sur l’Egypte est aussi plat que sur la Tunisie ou l’Algérie :

    "Il est difficile de savoir si les masses soulevées ont suffisamment d’énergie pour pousser plus loin et s’en prendre à ceux qui tirent les ficelles.

    La classe ouvrière de ces deux pays a, bien sûr, intérêt à participer le plus massivement possible à ce mouvement pour les libertés et les droits démocratiques. Mais elle a intérêt à y participer avec ses propres objectifs, en n’hésitant pas à mettre en avant ses revendications de classe. Même pour imposer les droits démocratiques, les libertés publiques, il est indispensable que les exploités restent mobilisés, se méfient de tous les postulants au pouvoir, et pas seulement de ceux qui étaient trop liés au dictateur déchu, les surveillent, les contrôlent. Les mots « liberté » et « démocratie » n’ont pas la même signification pour les masses opprimées et pour Obama, Sarkozy et leurs semblables. Ces derniers se satisferont d’un régime parlementaire en haut et d’oppression des pauvres en bas. Ils laisseront les classes pauvres croupir dans la misère alors que la classe privilégiée s’enrichit de cette misère.

    Les exploités mis en mouvement ont intérêt à se méfier de l’armée qui, en Égypte, se pose en arbitre de la situation. Oh, les manifestants ont mille fois raison de fraterniser avec les soldats du rang qui sont issus du peuple ! Mais, pour les attirer de leur côté, il faut les opposer aux généraux, à la hiérarchie militaire, liés corps et âme à la bourgeoisie et qui ont été les piliers du pouvoir de Moubarak. Si l’état-major de l’armée choisit aujourd’hui de ne pas faire tirer sur les manifestants, c’est pour préserver son rôle d’arbitre, afin de pouvoir tirer demain.

    Alors, il est indispensable pour les exploités de Tunisie et d’Égypte que le prolétariat industriel, qui est au cœur de la production capitaliste là-bas comme ici, se mette en mouvement, s’organise pour en devenir la force principale. Quand bien même l’énergie des masses se révélerait puissante, il faudra que les classes exploitées prennent conscience de leurs propres intérêts et se méfient des faux amis qui, en brandissant les mots « unité nationale », voire « démocratie », voudraient les faire taire. C’est la seule voie pour les classes exploitées d’imposer leur droit à la vie.

    Arlette LAGUILLER

    Éditorial des bulletins d’entreprise du 31 janvier"

    L’énergie et la conscience... révolutionnaires, LO les a-t-elle ?....

  • L’extrème gauche a une telle crainte et défiance des travailleurs, que ces militants ne veulent même pas entendre certaines discussions de travailleurs.
    Par exemple ceux parmi les salariés en France, qui font la comparaison entre "l’énergie des opprimés au Maghreb" qui se battent seuls ou contre leurs syndicats et partis réformistes, et le "mouvement et l’unité" syndical sur les retraites qui a promené les travailleurs et les jeunes, jusqu’à la défaite complète !

    Evidemment les conclusions qu’en tirent ces travaileurs vont à l’encontre profonde des théories d’extrème gauche sur le rôle "positifs" des centrales syndicales, alors que même en Tunisie on a vu comment le pouvoir a essayé de s’en servir pour sauver le régime et ce n’est surement pas fini.

    Contrairement à ce que déclare la CGT en France, il existe une méfiance accrue des syndicats de la part des travailleurs et cela se sent tous les jours sur les lieux de travail.
    Les rares coins ou le syndicat recrute, et encore sur le très court terme, c’est là ou les militants d’extrème gauche font croire que ces syndicats peuvent jouer un rôle dans la mobilisation de la classe ouvrière.
    Mais la réalité de la collaboration entre patronat, Etat et syndicat rattrappe très vite les prêches de ces militants : leurs illusions réformistes auxquelles ils croient dur comme fer se fraccassent contre les murs du capitalisme en crise.

    On le voit au maghreb, les gouvernements promettent monts et merveilles, mais c’est uniquement pour stopper les mouvements insurectionnels.
    La période des crises mondiales ouvre une série de possibilités révolutionnaires pour les peuples et la classe ouvrière, mais le réformisme ne peut pas sauver un système qui est mort !

    L’extrème gauche préfère tout miser sur le renouveau syndical, car elle ne croit absolument pas à la force propre des travailleurs qui s’organisent par eux même : et pourtant chaque mouvement sérieux dans la période actuelle, ne peut qu’en être le fruit.

    Le syndicat dresse un mur entre les opprimés et l’Etat qu’il faut abattre.
    A nous, travailleurs conscients de ce danger, de savoir le contourner avant qu’il nous tombe dessus (en montrant à tous les travailleurs les fissures de haut en bas) et garder notre énergie pour nous organiser indépendamment d’eux.

    L’heure n’est plus à regretter les faiblesses de telle organisation ouvrière car elles ont toutes prouvé leur capacité de nuisance.
    Le réformisme est mort depuis la fin des années 1970 avec le renouveau des cycles de crises jusqu’à celle fatale de tout le système capitaliste d’aujourd hui.
    Vive les révolutions des prolétaires du monde, la perspective de renversement du capitalisme en même temps que tomberont les dictatures par la force de l’organisation des travailleurs en classe dirigeante !

  • Crise révolutionnaire ouverte en Tunisie et en Égypte :
    la crise du capitalisme rend inéluctables
    les plus grands affrontements de classes

    La révolution tunisienne a commencé avec la chute de la dictature,
    ouvrant la voie à la mobilisation révolutionnaire des masses en Egypte...

    Suite lire ici

    Passage que je mets en discussion tout de suite :

    "C’est d’ailleurs un trait commun à tous les pays : c’est, protégés par les directions syndicales, que les gouvernements peuvent ainsi frapper sans relâche.

    Italie : pour briser les conventions collectives,
    le PDG de la Fiat montre la voie à tous les capitalistes en Europe .....

    ....La fédération de la métallurgie dans la CGIL, la FIOM, menacée dans son existence même, a été contrainte de se prononcer contre, tout en ne cessant de faire appel à l’ouverture de négociations dont elle indique clairement le contenu : il s’agit d’accepter les nouvelles conditions de travail si on ne touche pas à la représentativité .....

    ...Malgré cela, et parce qu’elle a été la seule organisation syndicale à ne pas signer le nouveau contrat, elle apparaît aux travailleurs comme un point d’appui pour résister à la dégradation sans précédent de leurs conditions de travail. La grève du 28 janvier a été suivie. Les manifestations ont été importantes, ce qui montre, après le succès très limité du référendum :(54% de Oui mais le Non est majoritaire chez les ouvriers à qui s’appliqueront les nouvelles règles de travail) que la classe ouvrière conserve une disponibilité pour le combat......

    ....Pour l’instant, la classe ouvrière et la jeunesse, encore sous le coup de la défaite sur les retraites, n’ont pas trouvé les ressources pour battre en brèche la politique des appareils dirigeants des syndicats, du PS et du PCF. Il n’est pourtant pas dit que cette situation perdure indéfiniment. L’ébranlement politique profond de l’ordre impérialiste en Tunisie puis en Egypte, avec ses prolongements prévisibles dans tout le Maghreb et le Moyen Orient, les premières manifestations du surgissement de la jeunesse dans plusieurs pays d’Europe : tout cela finira tôt ou tard par avoir son prolongement en France.

    A ce moment-là, en France aussi, le mouvement cherchera à s’ordonner dans le combat pour en finir avec le gouvernement Sarkozy-Fillon, pour lui substituer un gouvernement des organisations ouvrières auquel les travailleurs chercheront à imposer la satisfaction de leurs revendications. Contribuer aujourd’hui à un tel mouvement, c’est agir tout de suite parmi les travailleurs, au sein des syndicats, pour la rupture de la concertation et du dialogue social avec le gouvernement, pour la constitution d’un Front Uni des organisations pour faire échec à l’avalanche des contre-réformes programmées."

    Max

  • LE "trait commun" à mon avis ce n’est pas uniquement le problème des directions, mais celui de ce que deviennent les syndicats dans la période actuelle et ce sous le regard complaisant des délégués.
    Le "petit" délégué de base est soi d’accord avec la direction, ou bien il est mis à l’écart et finalement arrête le "syndicalisme".

    Et d’ailleurs qu’est ce que le syndicalisme ?
    Aujourd hui la plupart des délégués l’ont appris de la bouche du patron qui leur a dit : nous vous autorisons à être les avocats de vos collègues.

    Il n’y a plus de référence à la lutte de classe, aux grèves, à l’action et à la réflexion des travailleurs syndiqués qui se réuniraient ensemble.

    Les syndicats sont tous simplement devenues une institutions comme une autre et surtout peu de trvaialleurs font appel à eux car ils n’ont même pas confiance dans cette institution pour les défendre : s’il le font c’est tout simplement par pression des délégués qui en font leur commerce.

    Le point d’appui pour les luttes ?
    Mais concrètement qu’est ce que cela veut dire ?
    Profiter des délégués pour faire le boulot à la place des travailleurs ?

    Rappellons nous si ce n’est pas en 1848 qu’à eu lieu la 1er révolution ouvrière avec laquelle la classe ouvrière a appris que le réformisme était un piège mortel.
    La bourgoisie a appris aussi mais plus sur les dangers révolutionnaires de cette classe de plus en plus nombreuse et politisé.
    Elle préfèra céder sur les syndicats et certaines libertés pour les opprimés que de risquer de tout perdre.
    Le réformisme était né mais le danger de la révolution existait toujours.
    La révlution russe en était l’exemple vivant et les soviets se révèlèrent l’instrument de la révolution et les syndicats restèrent eux à leur niveau dans l’entreprise.

    La crise actuelle fait des syndicats un moyen pour le pouvoir de maintenir la classe ouvrière muselée ; ils permettent de lacher la vapeur sur de nombreuses attaques mais le vrai problème est l’idée qu’il diffuse que la classe ouvrière aurait à se battre pour elle même et finalement représente une corporation comme une autre.

    Et il me semble qu’aujourd hui aucun syndicat et groupe d’extrème gauche ne défend une autre perspective dans la classe ouvrière.
    Car la seule perspective est de subordonner l’action de la classe ouvrière à celle de syndicats qui serait purgé de leur dirigeant.

    Tout ceci n’a vraiment rien à voir avec une perspective d’intervention communistes et révolutionnaires vers la classe ouvrière, à travers les syndicats ou autres comités d’usines qui pourraient être encouragés dans les pays ou les travailleurs sont en lutte "pour un changement complet de régime".

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