C’est la première fois historiquement que l’ensemble du Maghreb et du monde arabe est touché en même temps par un mouvement de révolte sociale. L’exemple de la Tunisie démontre déjà que la révolte peut devenir nationale et aller jusqu’au renversement du dictateur, exemple qui est déjà très attirant dans toutes les dictatures de la région. L’aspiration à la démocratie synonyme de bien-être est énorme.
Mais est-il exact que cette région est en train de connaitre une démocratisation d’en haut provenant d’une prise de conscience liée aux événements ? C’est ce qu’affirment les réformistes qui prétendent éviter une véritable révolution prolétarienne....
Les habituels illusionnistes du réformisme ont commencé à délivrer leur "message d’espoir".
Et si les classes dirigeantes avaient enfin compris ...
Et si elles organisaient des élections libres, laissaient au peuple le droit de s’exprimer et d’abord de voter pour les candidats de leur choix...
Que ce soit en Tunisie ou en Algérie, en Jordanie ou en Egypte, ces classes dirigeantes devraient comprendre que le peuple est las. les événements de Tunisie, d’Algérie, de Jordanie montrent la montée de l’exaspération populaire face à la misère, au chômage, aux profiteurs, à la dictature.
Ils vont enfin comprendre nous disent les réformistes.
Mais ce n’est pas vrai !!!
Les classes dirigeantes ont toujours su.
Elles n’ont pas à découvrir aujourd’hui qu’elles ont gouverné en écrasant les peuples pour le plus grand profit de l’ordre impérialiste. Elles l’ont toujours fait consciemment en sachant que le risque de la révolution était permanent.
La Tunisie de Ben Ali n’est plus nous disent-ils.
Ce n’est pas vrai.
Le clan est parti mais les profiteurs sont toujours là.
L’armée est toujours là.
L’impérialisme est toujours là.
La misère et la dictature sont toujours là.
Le chômage est toujours là.
La surexploitation est toujours là.
La révolte aussi.
La révolution ne consiste pas seulement à faire partir le clan Ben Ali.
Il faut que la révolution aille chercher la dictature et la déracine.
Le peuple n’a pas fini son travail contrairement à ce que prèchent les réformistes qui nous disent qu’il faut un gouvernement d’union nationale et des "bonnes" élections.
Les élections qu’il nous faut, ce n’est pas celles qu’organisera le régime mais celles au sein du peuple, dans des comités populaires, dans chaque quartier, dans chaque entreprise, dans chaque vile, dans chaque caserne.
Car l’essentiel est de soustraire les soldats à leur hiérarchie, celle qui a donné ordre de tirer sur le peuple !
Aujourd’hui, l’armée est le seul rempart des classes dirigeantes mais les soldats sont démoralisés, ils n’ont plus confiance dans le pouvoir.
On essaie de nous faire croire que l’armée ne voulait pas de la répression. Mais c’est faux. Et l’armée continue de réprimer le mouvement populaire. C’est la hiérarchie militaire de l’époque Ben Ali qui est toujours à la tête des forces de l’ordre... Et la seule manière d’obtenir un changement, c’est de démettre toute la hiérarchie et, déjà, que les soldats n’obéissent plus à leurs chefs.

Plus que jamais le pays est quadrillé par l’armée.
Ce retournement des petits soldats s’est manifesté jusqu’à la chute de Ben Ali. C’est pour l’éviter qu’on a renvoyé Ben Ali.
La dictature a été contrainte de les remplacer par des forces spéciales pour réprimer.
Ce n’est pas suffisant : il faut que le soldat puisse définitivement prendre parti pour le peuple.
Il faut que le soldat n’obéisse plus à ses chefs.
Il faut que plus jamais il ne puisse retourner ses armes contre le peuple.
Cela nécessite l’organisation à la base des soldats comme l’organisation à la base des travailleurs et des jeunes.
Seuls des comités populaires élisant leurs délégués pour se fédérer à l’échelle nationale peuvent mettre en place la véritable démocratie dont le peuple a besoin.
Seule la fédération des comités populaires peut décider des mesures d’urgence qui ne craignent pas de s’attaquer aux profits des enrichis pour que le peuple puisse vivre !
Ce n’est pas vrai seulement en Tunisie. C’est tout aussi vrai en Egypte, en Jordanie ou en Algérie...
La révolution sociale a commencé. Elle s’étend et doit s’approfondir sous peine de reculer et d’être écrasée.
Un point essentiel doit toujours être rappelé : il n’y aura pas de démocratie tant que le peuple ne pourra pas être assuré de manger, de se loger, de travailler, de soigner ses enfants et de les envoyer à l’école, de vivre en somme.
Il n’y aura pas de démocratie tant que l’essentiel des richesses sera monopolisé par une infime minorité d’exploiteurs.
Il n’y aura pas de démocratie tant que les militaires seront au services des capitalistes nationaux comme impérialistes.
Il n’y aura pas de démocratie tant que le peuple ne sera pas organisé dans des comités populaires dans lequel il puisse choisir en son propre sein ses dirigeants, choisir lui-même les orientations et urgences.
La bourgeoisie ne nous offrira jamais la démocratie que nous voulons. Il faut l’arracher et la construire nous-mêmes. Et pour cela il faut éradiquer jusqu’à la racine la dictature sociale et politique !!!