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Editorial 8 janvier 2011 - Vive la révolte sociale en Algérie et en Tunisie ! A bas la dictature de l’oligarchie des profiteurs !

samedi 8 janvier 2011, par Robert Paris

Manifestation à Rabat

Oui, le Maroc aussi....

En Algérie...

répression à Belcourt (Alger)

Malgré la répression, la révolte s’étend en Algérie ...

et en Tunisie, la révolte s’étend ...

...malgré la même répression et le même pouvoir dictatorial

Le Maghreb s’enflamme. De l’Algérie à la Tunisie, de Sidi Bouzid à Bab el Oued. Et, face à cela la seule réponse des pouvoirs de Bouteflia et Ben Ali est la répression qui fait des morts et des blessés. Même des manifestations pacifiques ne reçoivent pas d’autre réponse que des balles réelles et des grenades qui tuent. Les deux peuples n’ont pas d’autre alternative que de s’en prendre au pouvoir et de le démolir, pas d’autre perspective que la révolution sociale....

Tout est parti de Tunisie, une dictature soutenue par l’Europe, une dictature où syndicalistes et journalistes sont emprisonnés et éliminés physiquement, sans que nos gouvernements n’y trouvent à redire : un jeune homme, Mohammed Bouaziz, à vingt-six ans, s’est suicidé par le feu en pleine rue, le 18 décembre dernier, épuisé par la misère et la tyrannie du président Ben Ali, le grand ami des gouvernants et classes dirigeantes de l’Occident. C’est à la fois la misère et la répression qui ont fait exploser la bombe sociale, quand la police a saisi les biens d’un petit vendeur à la sauvette qui, pour protester, s’est immolé par le feu...

Sans tarder, une manifestation sans précédent a envahi les rues de la petite ville de Sidi Bouzid. Et la colère s’est répandue ; la révolte a fait tache d’huile et s’est métamorphosée en révolution. Travailleurs pauvres, ouvriers, puis ingénieurs, médecins, avocats, fonctionnaires et étudiants, tout un peuple lassé de la dictature et de la misère a emboîté le pas à cette révolte qui s’est muée en révolution.

La police tunisienne a été envoyée contre la population ; elle a ouvert le feu, à balles réelles, mais n’a pas pu arrêter le mouvement.

Après la Tunisie, la révolte sociale a gagné l’Algérie. D’Oran et Tipaza puis à Alger, à la Kabylie et à de nombreuses villes de tout le pays, la jeunesse s’enflamme. Depuis plusieurs jours, Alger est en proie à un soulèvement populaire sans précédent depuis la guerre d’indépendance et la révolte gagne de proche en proche tout le pays. Les masses populaires, mais aussi la classe moyenne, ruinées par la crise économique et la hausse spectaculaire du prix des produits de première nécessité, ont envahi les rues de la capitale et de nombreuses villes.

En Algérie comme en Tunisie, ce n’est pas seulement les hausses invraisemblables et brutales des prix des produits de première nécessité (30 à 40% d’augmentation) qui ont mis le feu aux poudres. C’est d’abord le chômage et la misère qui sont en cause. Cela fait déjà quelques mois que l’on sentait le Maghreb à la frontière de la révolte, qu’il s’agisse des ouvriers, des chômeurs, des femmes, des jeunes. Les milieux populaires, durement frappés par la misère, constatent l’apparition au grand jour d’une nouvelle oligarchie qui roule crosse, étale son fric et accumule des fortunes, même si elles sont surtout réinvesties en Europe ou dans la finance. Les inégalités entre le peuple travailleur et les classes dirigeantes ont grandi dans des proportions inconnues depuis les indépendances.

Oui, cela fait des mois que la révolte couvait. Des mois que les entreprises d’Algérie se mettaient en grève les unes après les autres. Des mois que des villes de province se soulevaient. Les révoltés de Gafsa, emprisonnés et licenciés, sont en sit-in permanent pour dénoncer la répression contre eux et contre la jeunesse de Tunisie.

"Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts" criaient les jeunes révoltés d’Algérie en 2001 et on leur répondait à balles réelles. Ils clament la même chose aujourd’hui en Tunisie et, à nouveau, en Algérie. L’avenir est complètement bouché pour cette jeunesse pauvre tant que la classe dirigeante gouvernera et profitera sur le dos des milieux populaires. Il faut rappeler que les sociétés algérienne et tunisienne ne sont pas pauvres, ce sont les citoyens qui le sont mais il y a des classes dirigeantes très prospères. Il y a également, dans ces deux pays, des travailleurs qui ont une force sociale considérable. C’est aux travailleurs de prendre la tête de cette révolution car seule la révolution peut changer l’ordre des choses. Il leur manque des organisations politiques capables de s’attaquer au système social et politique.

Quant aux travailleurs de France, ils sont directement concernés, non seulement parce que leurs frères de l’autre côté de la Méditerranée se révoltent mais parce qu’ils se battent contre les mêmes adversaires que les nôtres. Il y a belle lurette que les classes dirigeantes du Maghreb ont fait cause commune avec les capitalistes français. Leurs investissements, ils les réservent aux bourses européennes, aux trusts, aux banques françaises. Le combat du peuple travailleur du Maghreb est le nôtre.

A nous de manifester de toutes les manières possibles que nous sommes directement concernés par cette révolte sociale qui annonce aussi celle que nous allons connaître certainement, nous aussi, quand les travailleurs et la jeunesse travailleuse, las du chômage, de la précarité et de la misère, exploseront de colère dans la grève et dans la rue....

Messages

  • Après 48 heures d’émeute, Alger avait renoué avec un calme fébrile, hier matin. Mais après la prière du vendredi, les troubles ont repris dans plusieurs quartiers de la capitale du pays, notamment à Bab el Oued, Belcourt et el Harrach, indiquait hier après-midi le journal El Watan en ligne. Le quotidien francophone rapportait aussi de rugueux affrontements à Tizi Ouzou (Kabylie), où les jeunes sont sortis spontanément dans la rue, en se servant de bacs à ordure, de blocs de béton et de barres de fer pour dresser des barricades. Plus à l’est, à Annaba, pour la première fois, des manifestants se sont également violemment opposés aux forces de l’ordre.

    Depuis trois semaines, la Tunisie est en proie elle aussi à une révolte sociale inédite. Et selon les analystes, il y a des points communs entre les deux pays, ainsi qu’avec le Maroc voisin. Leurs économies ne parviennent pas à offrir des perspectives aux jeunes, souvent diplômés, qui arrivent sur le marché du travail.

  • Le gouvernement algérien a décidé, samedi 8 janvier, de supprimer temporairement certaines taxes sur le sucre et l’huile alimentaire, dans l’espoir d’enrayer la hausse des prix et les manifestations dans plusieurs villes d’Algérie.

  • Quatre personnes au moins ont été tuées et six autres grièvement blessées par balles, samedi 8 janvier, lors de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre en Tunisie, avec une révolte sans précédent contre le chômage.

    A Tunis, lors d’un rassemblement public samedi, la centrale syndicale unique, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), a proclamé son appui aux revendications "légitimes" du mouvement. Les victimes ont été tuées lorsque les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur des manifestants dans le centre de Tala, une localité proche de Kasserine, dans le centre-ouest du pays, a indiqué Belgacem Sayhi, un instituteur syndicaliste.

    Parmi les blessés, six personnes ont été très grièvement atteintes par balles et transférés dans un hôpital de Kasserine, chef-lieu de la région. Selon Des affrontements sanglants ont été également signalés dans la nuit de samedi à dimanche. Un enfant de 12 ans aurait été tué d’une balle à la tête dans la cité Ennour, a affirmé un témoin ayant requis l’anonymat.

    Les autorités sollicitées n’ont ni confirmé ni infirmé ces affrontements, encore moins leur bilan. S’il se confirmait, ce bilan porterait à au moins six morts le nombre de tués par balles depuis que Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’est immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid (265 km au sud de Tunis) pour protester contre la saisie de son étal de primeurs. Il est devenu depuis le symbole d’une révolte contre la précarité sociale et le chômage, notamment celui des jeunes diplômés.L’UGTT "soutient les revendications légitimes"

    A Tunis, devant quelques centaines de personnes strictement encadrées par des centaines de policiers en civil et des unités anti-émeutes, le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Abid Brigui, a proclamé son appui aux revendications "légitimes". "Nous soutenons les revendications de la population de Sidi Bouzid et des régions intérieures", a-t-il déclaré à la foule depuis les locaux de la centrale, sur la place Mohamed Ali. "Il est contre nature de condamner ce mouvement, il n’est pas normal d’y répondre par des balles", a-t-il lancé sous les applaudissements, appelant plutôt au "dialogue avec les jeunes".

    La foule a observé une minute de silence à "la mémoire des martyrs" du mouvement social, entre hymne national et chansons engagées diffusés par haut-parleurs. La veille, Tala a été le théâtre d’affrontements violents durant lesquels les manifestants ont saccagé des biens et mis le feu à une banque et à des bâtiments officiels, selon un dirigeant syndical local.

    Vendredi 7 janvier, cinq manifestants et un agent de sécurité ont été blessés lors d’un affrontement violent à Saïda, une localité proche de Sidi Bouzid. Ce qui devait être une marche pacifique de lycéens, rejoints en cours de route par des habitants du village, a dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité, qui ont fait usage de lacrymogènes, puis de leurs armes à feu, selon des témoins.

  • Editorial 8 janvier 2011 - Vive la révolte sociale en Algérie et en Tunisie ! A bas la dictature de l’oligarchie des profiteurs !

  • Les émeutes qui secouent l’Algérie depuis le 5 janvier ont fait 5 morts, plus de 800 blessés et un millier d’arrestations, selon un bilan du ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, cité dimanche dans la presse. Les troubles s’amplifient en Tunisie, où le gouvernement a reconnu dans un communiqué, dimanche 9 janvier, la mort de huit civils tués par balles lors d’affrontements avec la police, cinq dans la ville de Thala et trois autres dans la ville de Kessarine.

  • Ali Benhadj, qui s’est aventuré à « aller offrir ses bons services aux émeutiers de Bab El-Oued, a failli être lynché » : « les années 90, c’est fini ! », lui ont lancé les jeunes, et « il n’a dû son salut qu’à l’intervention des forces de sécurité » !...

  • Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont repris aujourd’hui dans le centre-ouest du pays, alors qu’un homme blessé dimanche par balles a succombé lors de son hospitalisation, a-t-on appris de sources concordantes.

    Trois localités - Kasserine, Thala et Regueb - étaient en proie à des violences aujourd’hui, signe de la poursuite des émeutes contre le chômage qui secouent la Tunisie depuis la mi-décembre. Ces violences ont fait au moins 14 morts selon le gouvernement, et plus de 20 selon des sources de l’opposition.

    A Kasserine, un homme atteint de plusieurs balles et admis à l’hôpital hier, Abdelbasset Kasmi, a succombé à sa blessure ce matin, selon Sadok Mahmoudi, membre du bureau exécutif de l’union régionale des travailleurs tunisiens (UGTT, centrale syndicale).

    Mahmoudi a également fait état d’"grand nombre" de personnes blessées qui se trouvaient en réanimation à l’hôpital de Kasserine, placé sous contrôle de l’armée. Selon des sources médicales et syndicales, l’établissement manquait lundi de sang pour traiter les blessés.

  • Les scènes d’émeute sont devenues ordinaires à Tizi Ouzou depuis le déclenchement des événements au chef-lieu de wilaya.

    L’étincelle est partie du quartier les Genêts, dans la soirée du 6 janvier. Les escarmouches se sont poursuivies jusqu’à une heure tardive. Les affrontements avec les forces antiémeute se sont propagés, vendredi, à d’autres quartiers, notamment ceux situés au centre-ville comme les Eucalyptus, les cités du 5 Juillet, CNEP et des Fonctionnaires, mitoyenne du siège de la wilaya, où un important dispositif sécuritaire a été mis en place pour parer à toute éventualité.

    Hier, après une matinée calme, la ville a renoué avec le climat de troubles en début d’après-midi. Armés de pierres, des dizaines de jeunes se sont amassés sur le boulevard Abane Ramdane avant de s’en prendre, de nouveau, aux vitres de la CNEP. Postées non loin de la 1re sûreté urbaine, les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule en furie qui barricadait la rue avec des panneaux métalliques, des pierres et des bennes à ordures.

    D’autres foyers de moindre intensité ont été signalés à la cité du 5 Juillet, sur la route menant à la gare routière, au boulevard Stiti et près de l’ancienne salle de cinéma le Mondial, à quelques mètres du siège de la daïra de Tizi Ouzou. Forgés par de longues années de révolte du printemps noir de Kabylie, les émeutiers, très mobiles et rompus au « combat » de rues, ouvraient des brèches dans le camp adverse qu’ils bombardaient de pierres et d’objets hétéroclites. Ni slogan ni banderole. La mobilisation est spontanée et autonome de toute chapelle politique. En dehors de la cherté de la vie, des observateurs peinent à décrypter le sens « exact » de ces émeutes. C’est un soulèvement populaire contre la mal-vie.

  • La contestation en Algérie qui agite le pays depuis mercredi continue de se propager, détruisant tout sur son passage. Avec un bilan de 800 blessés et plus de 1 100 arrestations, le ministre de l’Intérieur a déploré, samedi, la mort de trois personnes. A Bou Ismaïl (50 km à l’ouest d’Alger), Abdelfetah Akriche, 32 ans, a été tué par une grenade lacrymogène qui l’a touché au visage. À M’Sila (300 km au sud d’Alger), le jeune Azeddine Lebza, 18 ans, a succombé aux balles d’un policier. À Tidjelabine (45 km à l’est d’Alger), on a retrouvé, sous les décombres d’un hôtel incendié, le corps calciné d’un homme non identifié. Une quatrième victime a été signalée, samedi soir, par des témoins à Ighzer Amokrane, près de Béjaïa en Kabylie ; il s’agit d’un émigré subsaharien de 38 ans, Ibérakène Moussa, tué d’un coup de poignard par des inconnus. Dimanche, à Tiaret, un jeune a été tué par balle, dans des circonstances non élucidées.

    Malgré le risque d’une évolution plus radicale, les autorités s’efforcent de minimiser la portée politique des émeutes, en évoquant des « lobbies mafieux ». Pour juguler la hausse des prix des produits de base, un Conseil interministériel a annoncé samedi la suspension des droits de douane et des taxes jusqu’en août 2011, pour le sucre, l’huile et les céréales. Dès cette semaine, les prix devraient donc baisser d’au moins 40 %. Est-ce suffisant pour désamorcer la crise ? Si Alger a connu, dimanche, une relative accalmie, la fureur a redoublé en province. Dans plusieurs villes, les émeutiers ont encore ciblé des symboles de l’État.

  • La ville de Casablanca est déchirée par ses contradictions. D’un côté, des quartiers populaires où se côtoient débauche, vols, crimes et autres fléaux, de l’autre, des quartiers riches qui poussent comme des champignons, à l’ombre d’une monarchie autoritaire.

    Dans cette ville, les autorités ont confié presque tous les services à des entreprises étrangères. "On fait appel à des étrangers pour gérer les affaires de la collectivité, comme si nous étions incapables de le faire nous-mêmes", regrette un cadre marocain. Le service de propreté de la ville est dirigé depuis 2004 par trois entreprises espagnoles. Si les Espagnols occupent des postes clés dans ces entreprises, les Marocains assurent, quant à eux, la tâche d’éboueurs. Par ailleurs, tout comme à Alger, c’est une société française – la Lyonnaise des eaux – qui gère l’eau et l’électricité de la ville de Casablanca. "C’est vraiment malheureux de voir notre pays confier la gestion de son eau, donc de sa vie, à un pays qui nous a colonisés !" nous confie un journaliste marocain. "A Casablanca, même les autobus sont gérés par une société française", poursuit-il.

    Casablanca n’arrive pas à cacher la misère de sa population. La pauvreté atteint des proportions alarmantes. A chaque coin de rue, nous rencontrons des enfants, des jeunes filles, des femmes âgées, des pères de famille qui tendent la main pour demander quelques pièces.
    A la tombée de la nuit, la ville se métamorphose. En dehors de quelques bars ouverts jusqu’à une heure tardive, on ne rencontre dans les rues que des SDF et autres marginaux. Les artères sont envahies par des prostitués, hommes et femmes. Une simple virée à la Corniche, une zone connue pour son animation et ses restaurants prisés, vous renseigne sur l’ampleur de la prostitution.

    Autre visage de la ville : Anfa. C’est aujourd’hui le quartier le plus cher de Casablanca. Y louer un appartement coûte pas moins de 15 000 DH par mois [1 330 euros]. C’est d’ailleurs ce boulevard qu’a choisi Saadi Kadhafi, l’un des fils du dirigeant libyen, pour y construire deux immeubles : un hôtel et un centre commercial.

    Le lieu le plus fréquenté par la jeunesse de Casa est Maarif. Ce quartier commerçant est apprécié pour ses tours jumelles baptisées Twin Center et ses grands magasins européens. Il est essentiellement peuplé de classes moyennes. Ici, pas d’école publique. "Les gens envoient leurs enfants dans des écoles privées. Elles sont de plus en plus nombreuses et les autorités ont finalement détruit les établissements publics puisque plus personne ne s’y inscrivait", nous explique Mohamed, un architecte de Maarif. Pour acquérir un bien immobilier ici, il faut un budget exorbitant. "Pour permettre l’achat des terrains, l’Etat a décidé d’accorder des crédits sans intérêt, remboursables sur vingt-cinq ans", souligne notre interlocuteur.

    Les grosses légumes, les riches, les hommes d’affaires résident quant à eux sur le boulevard Panoramique. "Alors que des Marocains crèvent de faim, les gens du régime ont amassé des sommes colossales et érigé de luxueuses villas. Ce quartier est habité par des notables qui font la pluie et le beau temps. Ce sont eux qui détiennent le monopole des affaires et du business aujourd’hui chez nous", déclare un journaliste.

    Nous avons quitté ces quartiers huppés pour nous rendre à Derb Sultan, où habitent des milliers de familles pauvres et marginalisées. En dépit des promesses faites par les autorités d’améliorer les conditions de vie des habitants, la situation n’a pas évolué. Elles ne semblent pas retenir les leçons de l’Histoire. En effet, c’est dans cette zone que se sont déroulées les émeutes urbaines de 1981. Les habitants s’étaient alors révoltés suite à l’appel du parti d’opposition, l’USFP [Union socialiste des forces populaires]. Les autorités avaient réprimé la manifestation dans le sang. Aujourd’hui, l’USFP participe à la gestion des affaires publiques, mais rien n’a changé à Derb Sultan.

  • Des « actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés. » Le président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, a ainsi dénoncé ce lundi les violences sanglantes qui secouent la Tunisie depuis plus de trois semaines.
    Il s’agit de sa deuxième intervention télévisée en moins de trois semaines, alors que les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont repris lundi dans le centre-ouest du pays.

    Les émeutes contre le chomâge ont fait au moins 14 morts selon le gouvernement, et plus de 20 selon des sources de l’opposition. Dans son discours, Ben Ali a formulé ses « regrets pour les décès et les dégâts », ainsi que sa « compassion à l’adresse des familles » endeuillées. Mais n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier « ceux qui veulent porter atteinte aux intérêts du pays, ou manipuler notre jeunesse ». Il a accusé des « manipulateurs » « n’hésitant pas impliquer nos enfants dans des actes de vandalisme et de destruction en diffusant des slogans et des informations mensongères ».

    Pour tenter de mettre fin aux affrontements meurtriers, le président a annoncé la création de 300 000 emplois d’ici à 2012, outre les 50 000 postes promis récemment par le patronat pour les régions. Ceci permettra « l’embauche du plus grand nombre de chômeurs, autres que les diplômés du supérieur et parmi les sans-emploi de toutes les catégories et de toutes les régions », a-t-il assuré. Il a convoqué une « conférence nationale » sur l’emploi pour février et invité « les représentants du peuple, les membres de la Chambre des conseillers et les instances centrales des partis politiques à accroître leur présence dans leurs régions » et à être à l’écoute des citoyens.

  • Depuis trois semaines en Tunisie, une semaine en Algérie, les jeunes sont dans la rue pour protester contre l’absence totale de perspective à laquelle leur sort les condamne. Pas d’emploi. Pas de logement. Pas d’argent. Pas de liberté d’expression. Pas de visas pour l’Europe. Pas d’alternance politique, même lointaine, à espérer. Ces deux pays, pourtant si différents par leur histoire, leur économie et même leur tempérament (si les pays en ont un), réservent à leur jeunesse une potion dont elle ne veut plus : la stagnation.

    En Tunisie, la colère est partie d’un geste désespéré. Celui de Mohamed Bouazizi, un vendeur abusif de fruits et de légumes de la ville de Sidi Bouzid. Il s’est immolé, le 18 décembre, parce que la police venait de lui saisir sa marchandise. Cet homme de 26 ans, diplômé, n’était pas en règle, mais nourrissait dignement sa famille dans un contexte de corruption généralisée. Son geste a fait office d’étincelle. Des comités de soutien sont nés. Des manifestations se sont multipliées. Des émeutes ont éclaté dans plusieurs villes, réprimées très violemment par le pouvoir.

    La Tunisie de Ben Ali, chérie par des millions de touristes, n’est pas aussi douce qu’il n’y paraît. Censure, surveillance policière, torture. L’ordre apparent, imposé depuis vingt-trois ans par le successeur d’Habib Bourguiba, est, au fil du temps, devenu un trompe-l’oeil. La justification d’un état policier par la nécessité de constituer un rempart contre l’islamisme a pu rassurer à l’étranger ; elle a été synonyme de répression des libertés et a asséché les forces vives du pays.

    En Algérie, le contexte est différent. Plus que la police, c’est l’armée qui est centrale dans le dispositif de l’État. Les terribles années 1990, lorsqu’une frontière de sang entre légalistes et islamistes a divisé le pays jusque dans les familles, sont encore dans toutes les mémoires. Ce qui a pu servir, un temps, le président Bouteflika. De plus, l’économie repose, pour une bonne part, sur la richesse considérable des hydrocarbures, même si ses bénéfices échappent, pour l’essentiel, à la population.

    Mais, à Alger comme à Tunis, les jeunes sont désoeuvrés et les pouvoirs autocratiques usés. Les bonnes performances de ces deux économies n’ont pas permis d’éviter la montée du chômage. La crise pèse sur une population très majoritairement jeune. La flambée des prix de certains produits de base (sucre, huile) a alimenté la propagation de la révolte à Oran et à Alger. Une révolte qui n’est pas inédite, mais qui restait, jusqu’ici, isolée à telle ou telle localité. Cette fois, la génération Internet défie ouvertement le pouvoir et la censure.

  • Le site médiapart parle d’un début de sédition dans l’armée qui aurait refusé de tirer sur la population ...
    En tout cas la dictature vient de faire des promesses aux étudiants et c’est bien un signe, une rupture dans un régime aussi répressif.

  • Un dernier bilan, mardi 11 janvier 2011, fait état d’au moins 35 victimes suite aux émeutes du week-end dernier en Tunisie.

  • La vie chère, le chômage et le manque de logement qui touchent les jeunes en Tunisie et en Algérie ont déclenché plusieurs vagues de révoltes sociales au Maghreb ces trois dernières années.

    TUNISIE

     janv-juin 2008 : Des manifestations sporadiques ont lieu pendant cinq mois dans la région minière de Gafsa (sud-ouest). Le 6 juin, un manifestant est tué par balle et plusieurs blessés au cours d’affrontements avec la police.

     15 août 2010 : De violents affrontements entre jeunes et forces de l’ordre font des blessés dans la région de Ben Guerdane (sud-est) près de la frontière libyenne, après la fermeture du point de passage entre les deux pays, privant la population de ressources.

     17 déc : Mohamed Bouazizi, 26 ans, diplômé de l’université, marchand de fruits et légumes à Sidi Bouzid (centre-ouest), s’immole par le feu après s’être fait confisquer sa marchandise par la police faute de permis. Il devient le symbole de la révolte des jeunes diplômés contre la précarité sociale. Cinq jours plus tard, un autre jeune met fin à sa vie en s’électrocutant.

     19 déc au 7 janv 2011 : La jeunesse de Sidi Bouzid descend dans la rue. Le mouvement s’étend à d’autres régions du centre et du sud-ouest. Les 24 et 26 décembre, de violents affrontements font deux morts, des blessés et des dégâts matériels importants.

    Le 6 janvier, des milliers d’avocats se mettent en grève dans tous les tribunaux tunisiens pour dénoncer la répression. Trois activistes bloggeurs solidaires du mouvement de protestation sont arrêtés à la suite de cyber-attaques sur des sites gouvernementaux.

    Le 7 janvier, un ouvrier du bâtiment de 52 ans, père de deux diplômés de l’université sans emploi, est retrouvé pendu, à Chebba, sur le littoral-est.

    ALGERIE

     27-28 avril 2008 : Violentes manifestations à Chlef (ouest) contre le retard mis par les autorités à compenser les dommages subis par les sinistrés du séisme d’octobre 1980, qui avait fait près de 5.000 morts. Plusieurs personnes sont blessées et une soixantaine de manifestants arrêtés.

     20-21 oct 2009 : Des incidents éclatent dans un quartier populaire d’Alger (El Madania). Des jeunes, protestant contre le chômage, l’exclusion et leurs mauvaises conditions de logement, lancent des projectiles sur des policiers. Des troubles sont également signalés à Annaba (est), Tizi Ouzou (Kabylie) et à Boumerdès à l’est de la capitale.

     Fin décembre 2010, des incidents dans plusieurs quartiers périphériques d’Alger opposent durant trois jours les forces de l’ordre à des manifestants réclamant de meilleurs logements.

     5 janv 2011 : des émeutes éclatent dans le quartier populaire de Bab El Oued à Alger où des dizaines de jeunes manifestent contre la flambée des prix à coups de pierres contre les forces de l’ordre.

     6 janv : De nombreux quartiers du centre et de la périphérie d’Alger sont également touchés par des émeutes. En Kabylie, à Bejaïa et à Boumerdès, des manifestants coupent les routes. Le tribunal d’Akbou, près de Bejaia est incendié. La contestation gagne aussi plusieurs quartiers populaires de Constantine.

    MAROC

     Juin 2008 : des affrontements entre forces de l’ordre et jeunes chômeurs à Sidi Ifni (sud-ouest) font 44 blessés dont 27 parmi les policiers.

     Le 8 novembre 2010, les forces marocaines ont démantelé par la force un camp de toile, au sud de Lâayoune, chef-lieu du territoire du Sahara occidental, où jusqu’à 15.000 Sahraouis s’étaient installés depuis la mi-octobre pour protester contre leurs conditions de vie.

    Le bilan officiel marocain a fait état de douze morts. Mais le Front Polisario accuse Rabat d’avoir fait des "dizaines" de morts et plus de 4.500 blessés au cours des violences qui ont suivi le démantèlement du camp.

  • Les dockers du port d’Alger sont en grève depuis deux jours. Ils comptent poursuivre leur mouvement de protestation jusqu’à la pleine satisfaction de leurs revendications.

    « Nous sommes en grève depuis mardi et nous poursuivrons notre action jusqu’au bout », fulmine Samir Hedjadji, un gréviste qui dit se soulever contre les nouvelles mesures de compensation et d’organisation qualifiées d’« injustes ». « Vous savez, derrière ces mesures se cache une réelle volonté de nous mettre dehors. Déjà, ils ont commencé par réduire le nombre de dockers par bateau. Avant, nous étions 12 à travailler sur un bateau. Maintenant, nous ne sommes que 10… », dénonce-t-il.
    La grève a paralysé une bonne partie du port. Le trafic de marchandises a connu, hier, une forte perturbation. L’activité au niveau des môles 3, 4, 5 et 7 était totalement à l’arrêt. En revanche, au niveau des quais 1 et 2, le service est assuré normalement.

    Selon les grévistes, quelque 900 dockers ont observé la grève. Du côté du syndicat, on parle d’une centaine de grévistes.
    Il faut préciser que le syndicat d’entreprise n’adhère nullement à la démarche des grévistes, qu’il qualifie d’acte isolé et inattendu et qu’il refuse d’approuver. Pour lui, il est en effet impensable de revenir sur un accord passé entre le syndicat et la direction de l’EPAL. Mais les grévistes ne veulent rien entendre.

    Pour eux, cet accord est nul et non avenu du moment qu’il a été passé à leur insu. Face à la détermination des grévistes, le secrétaire général du syndicat d’entreprise, Halim Boukezoula, a décidé d’agir pour désamorcer la situation en s’employant à trouver un arrangement entre la direction et les grévistes. Le directeur général adjoint de l’EPAL, Abdelaziz Ghettas, a indiqué à l’APS que, dans la matinée d’hier, 4 navires étaient en opération. Il a souligné que la direction générale de l’entreprise s’était réunie mardi après-midi avec le conseil syndical pour examiner la situation, précisant que le syndicat est « en contact permanent » avec les grévistes pour mettre fin à ce mouvement. Le débrayage risque de se poursuivre durant les prochains jours si la direction de l’EPAL continue à ignorer les revendications des dockers. Parmi les mesures contestées, il y a l’organisation en shifts. Autrement dit, le réaménagement effectué dans le travail en équipe qui ne semble pas arranger les dockers. Par exemple, les heures supplémentaires travaillées les vendredis et les jours fériés seront plutôt compensées par une journée de repos.

    Aussi, il y a le problème des contrats de travail. Parmi les grévistes, il y a 360 manutentionnaires journaliers et 160 qui ont un contrat de travail d’une année renouvelable. Les grévistes dénoncent également un plan de réduction des effectifs décidé par la direction en 2010. Ce plan vise à réduire essentiellement les équipes de manutention afin d’améliorer le rendement des travailleurs.
    En janvier 2010, quelque 620 ouvriers manutentionnaires journaliers avaient observé une grève de plusieurs jours pour protester contre leur situation précaire. D’autres débrayages ont été observés durant la même année sans que les autorités concernées daignent répondre favorablement aux revendications des dockers, qui continuent à sombrer dans leur misère quotidienne.

  • Gênées par les troubles qui agitent le voisin maghrébin, les autorités marocaines ont interdit, ce lundi à Rabat, une réunion de soutien aux manifestants tunisiens.

    Ce week-end, les manifestations en Tunisie contre le chômage se sont amplifiées, faisant au moins 35 morts. Et se sont déplacées, du centre du pays vers les villes touristiques de la Tunisie, situées sur la côte. En réponse, le président Ben Ali s’est exprimé lundi soir, qualifiant les manifestations "d’actes terroristes".

    Ce mouvement gêne le Maroc. Ce lundi, un rassemblement de soutien aux manifestants tunisiens devait avoir lieu vers 17h, devant l’ambassade de Tunisie à Rabat. Organisée par un collectif d’associations, dont l’AMDH (Association Marocaine des Droits Humains), cette mobilisation a finalement été interdite par les autorités marocaines, a appris l’envoyée spéciale de L’Express sur place. Le régime marocain aurait motivé son refus par "l’impossiblité pour un pays voisin de la Tunisie d’autoriser sur son territoire une manifestation hostile au régime de Zine El Abidine Ben Ali" et qui aurait pu envenimer les relations bilatérales.

    Ce mardi, une journée d’information sur les cadres préférentiels des échanges commerciaux devait se tenir à Tunis, au profit des intermédiaires en douane et des opérateurs économiques des deux pays, a-t-on appris sur le Infomaroc.net. Un contexte économique qui semble donc bannir toute tentative de déstabilisation.

    Lundi soir, les associations qui ont appelé à ce rassemblement se sont réunies afin de définir les suites à donner à ce mouvement. Elles devraient de nouveau organiser un rassemblement jeudi 13 janvier vers 17h.

  • Les affrontements meurtriers se multiplient chaque jour, dans plusieurs villes, notamment Kasserine, Thala et Regueb. Ils ont mardi 11 janvier gagné Tunis. Le bilan ne cesse de s’alourdir. D’après l’antenne régionale de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), l’unique syndicat tunisien, et la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), plus de cinquante morts seraient à déplorer rien qu’à Kasserine entre samedi 8 et lundi 10 janvier.

    « La police a fait usage des armes dans un acte de légitime défense, lorsque les assaillants ont multiplié les attaques », a justifié mardi 11 janvier le ministère de l’intérieur.

  • « La Bourse de Tunis est en chute libre aujourd’hui, la situation est encore plus grave qu’hier », nous a déclaré un analyste financier. En effet, la Bourse de Tunis continue, au terme de la séance du 11 janvier 2011, sa régression. L’indice de la place, Tunindex, perd 3,66% à 4893,46 points dans un volume de 625.285 titres échangés pour 10,368 millions de dinars de capitaux.

    La balance des variations a été, elle aussi, négative avec 48 valeurs dans le rouge contre 2 valeurs haussières seulement.

  • De violents affrontemements ont opposé les forces de sécurité à des jeunes dans la banlieue de Tunis dans la nuit de mercredi à jeudi malgré le couvre-feu imposé dans la capitale tunisienne et ses environs, ont indiqué à l’AFP des témoins.

    Ces témoins ont fait état de dégâts importants notamment dans des bâtiments publics qui ont été partiellement incendiés.

    Aucun bilan éventuel de ces violences n’était immédiatement disponible, et les forces de sécurité avaient quitté cette zone jeudi matin.

    Les affrontements se sont produits dans les cités d’Ettadhamen et Intilaka, où vivent quelque 30.000 habitants, à environ 15 km du centre de Tunis.

    "Toute la nuit, on a entendu des tirs, des cris et des bruits de casse", a déclaré à l’AFP une infirmière.

    Elle a expliqué que "les incidents ont démarré hier après-midi pendant un rassemblement qui a ensuité dégénéré en affrontements violents entre forces de sécurité et des jeunes".

    Des colonnes de fumée s’échappaient encore jeudi matin de deux bâtiments et les pompiers étaient à l’oeuvre pour éteindre l’incendie.

    Plusieurs bâtiments municipaux ont été partiellement endommagés et deux voitures ont été incendiées devant les locaux de la sous-préfécture.

    Des commerces et une pharmacie de nuit ont également été endommagées et les rues étaient jonchées de débris, a constaté l’AFP.

    Des habitants se sont déclarés "ahuris" par l’ampleur des dégâts dans cette banlieue de Tunis où des panneaux ont été arrachés, des abris de bus détruits, un bus incendié et où des pneus encore fumants traînaient sur la chaussée.

    Les autorités tunisiennes ont imposé un couvre-feu nocturne pour une durée illimitée, la première mesure de ce genre depuis l’arrivée au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali en 1987.

    Les forces de l’ordre ont quadrillé la capitale tunisienne, dont les rues sont restées vide de mercredi 20H00 (19H00 GMT) à jeudi 05H30 (04H30 GMT).

    Mercredi, des manifestants et des forces de l’ordre s’étaient violemment affrontés pour la première fois dans le centre de Tunis et trois civils ont été tués en province dans un contexte de contestation du régime qui a déjà fait des dizaines de morts depuis un mois en Tunisie.

    A Douz, dans le sud du pays, deux civils ont été tués par des tirs de la police

  • HOGRA ET INJUSTICE
    Regarder cette vidéo et surtout les commentaires de citoyens Algérien lésée de leur droit élémentaire par des procureurs ripoux. Faites suivre SVP.
    Force vive de l’Algérie

    http://www.youtube.com/watch?v=tcPRt2qMvro

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