Accueil > 06- Livre Six : POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE > 7- La question de l’Etat > Une image réaliste de l’Etat : l’horreur de ses prisons...

Une image réaliste de l’Etat : l’horreur de ses prisons...

mercredi 1er décembre 2010, par Robert Paris

Albert Camus a dit qu’ "une société se juge à l’état de ses prisons"

Victor Hugo aurait dit que « Ouvrir une école, c’est fermer une prison » mais c’est un idéal et pas du tout un fait dans la société bourgeoise !

Dans la grande prison

Dans la grande prison
pleine de tout et de riens
aux parois de doux molleton
qui glissent entre les mains

toute la littérature
toutes les postures
toutes les ruptures
tous les cris immatures
rebondissent sur les murs
pour estourbir les têtes

ici rien ne porte
rien ne s’ouvre
les actions déjà mortes
ne font pas de fissures
et le linceul nous couvre
avant de brûler la moindre mèche

ici pas de remise de peine
rien ne se libère
juste la sale haine
et une saine colère

seuls l’amour qui s’entête
la rage de l’insurgé
un rayon de l’autre côté
percent quelques brèches
dans la grande prison…

Isolés du monde,
Bannis par les hommes,
Oubliés du Temps,
Abandonnés par l’Espoir :

 Prisonniers du monde, écoutez-moi !
Un jour viendra
Un jour fait de beauté et de lumière
Dans un mois, un an, un siècle, qu’importe !
Il viendra le jour...

Les "braves gens" disent que "l’Etat, c’est nous".

Les politiciens affirment que l’Etat, c’est le peuple.

Les bavards prétendent que l’Etat, c’est la République.

Mais la réalité, c’est que l’Etat, c’est la barbarie.

Et la barbarie est là parce que la société est divisée en classes.

Yves Duteil

LE MUR DE LA PRISON D’EN FACE

En regardant le mur
De la prison d’en face,
J’entends tous les ragots
Et les bruits des autos,
Boulevard Arago,
Qui passent,
Sur les toits des maisons
Qui servent d’horizon,
Un bout de la tour Mont-
Parnasse.

L’hiver on voit les gens
Dans les maisons d’en face,
L’été les marronniers
Les cachent aux prisonniers
Et les bruits du quartier
S’effacent,
Quand l’école a fermé
Combien ont dû penser
Au jour de la rentrée
Des classes.

En regardant le mur,
J’imagine à sa place
Les grillages ouvragés
D’un parc abandonné
Explosant de rosiers,
D’espace,
Les grillages ouvragés
D’un parc abandonné
Où les arbres emmêlés
S’enlacent.

En regardant le mur
De la prison d’en face,
Le coeur un peu serré
D’être du bon côté,
Du côté des autos,
Je passe
Et du toit des maisons
Qui ferment l’horizon,
Un morceau de la Tour
Dépasse.

Sur la porte d’entrée est écrit "liberté, égalité, fraternité" mais on ne le voit que de l’extérieur...

Sur Le Tasse en prison

Le poète au cachot, débraillé, maladif,
Roulant un manuscrit sous son pied convulsif,
Mesure d’un regard que la terreur enflamme
L’escalier de vertige où s’abîme son âme.

Les rires enivrants dont s’emplit la prison
Vers l’étrange et l’absurde invitent sa raison ;
Le Doute l’environne, et la Peur ridicule,
Hideuse et multiforme, autour de lui circule.

Ce génie enfermé dans un taudis malsain,
Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l’essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,

Ce rêveur que l’horreur de son logis réveille,
Voilà bien ton emblème, Ame aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs !

Charles Baudelaire

Dans la prison blanche fermée
Je ne veux plus habiter
De la prison blanche fermée
Je veux retrouver la clé

Prisons françaises : des records

Suicide en prion : Etat Condamné

6 juillet 09 : Le tribunal administratif de Strasbourg condamne l’Etat à verser 15.000,00€ à chaque parent d’un ancien détenu retrouvé pendu dans sa cellule en 2004, et 5.000,00€ à chacun de ses frères et sœurs. Les raisons de cette condamnation, l’ancien détenu était sous l’emprise d’alcool et de stupéfiants au moment de son geste. Le tribunal a donc considéré que « la carence de l’administration pénitentiaire à éviter la circulation de substances stupéfiantes illicites au sein de la maison d’arrêt constitue une faute de nature à engager la responsabilité de l’Etat ».

Prisons Indignes : Etat Condamné

8 juillet 09 : Le Tribunal administratif de Nantes condamne l’Etat à verser de 5.000,00 à 6.000,00€ à trois anciens détenus de la maison d’arrêt de Nantes. Motif de la décision administrative, l’indignité des conditions de détention ayant entrainé des préjudices sérieux pour les détenus. La petite histoire retiendra qu’ils pouvaient être jusqu’à sept dans une cellule de 15m²… et parfois 23 heures sur 24 !

Prisons inhumaines : Etat Condamné

9 juillet 09 : La Cour Européenne des Droits de l’Homme condamne (une nouvelle fois) la France pour « traitement inhumain et dégradant » et pour le « dommage moral » qui en a découlé pour un détenu. Celui-ci, considéré comme DPS (Détenu Particulièrement Signalé), avait sans cesse été transféré et mis à l’isolement 14 fois depuis août 2008… L’Etat doit aujourd’hui lui verser, au titre de ce préjudice, 12.000€ en réparation !

Viol en prison : Etat Condamné

20 juillet 09 : Le Tribunal administratif de Bordeaux condamne l’Etat à verser 8.000,00€ à un détenu violé en détention en 2005. Le tribunal a considéré que « l’administration [avait] commis une faute dans l’organisation et le fonctionnement du service de surveillance des détenus de nature à engager sa responsabilité ». La prison dont il était question ici, la maison d’arrêt de Gradignan, avait en juin de cette année 2005 un taux d’occupation de 166% !

Nazim Kikmet a écrit :

Je regarde la nuit à travers les barreaux

et malgré tous ces murs qui pèsent sur ma poitrine,

Mon cœur bats avec l’étoile la plus lointaine.

"Bakkal Karabet’in ışıkları yanmış

Affetmedi bu Ermeni vatandaş

Kürt dağlaranda babasının kesilmesini.

Fakat seviyor seni,

çünkü sen de affetmedin

Bu karayı sürenleri Türk halkının alnına."

Les lampes de l’épicier Karabet sont allumées,

Le citoyen arménien n’a jamais pardonné

Que l’on ait égorgé son père

Sur la montagne kurde

Mais il t’aime,

Parce que toi non plus tu n’as pas pardonné

A ceux qui ont marqué de cette tache noire

Le front du peuple turc.

L’Egyptien Mounir Said Hanna Marzouk a été envoyé en prison par le dictateur Hosni Moubarak sur la simple accusation d’avoir écrit ce poème :

Shine, shine whom you shine on all of us

Shine, shine whom you shine wherever you go

No one can shine like you shine

You made people feel confused and lost

You made people feel happy and lost

Brille, brille toi qui brille sur nous tous

Brille, brille, toi qui brille partout où tu vas

Personne ne peut briller comme tu brilles

Tu rends les gens perdus et confus

Tu rends les gens heureux et perdu

C’est le tribunal de Maghagha, dans le gouvernorat de Minya (Haute-Egypte), qui a condamné le poète, le 31 mai 2009, à trois ans de prison, la peine maximale prévue pour le délit d’offense au chef de l’Etat, en application de l’article 179 du Code pénal égyptien.

Lire aussi

Portfolio

Messages

  • Un jour viendra
    Un jour fait de beauté et de lumière
    Dans un mois, un an, un siècle, qu’importe !
    Il viendra le jour...

  • Les "braves gens" disent que "l’Etat, c’est nous".
    Les politiciens affirment que l’Etat, c’est le peuple.

    Les bavards prétendent que l’Etat, c’est la République.

    Mais la réalité, c’est que l’Etat, c’est la barbarie.

    Et la barbarie est là parce que la société est divisée en classes.

  • Sur la prison de la Roquette :

    A LA ROQUETTE
    En t’écrivant ces mots j’frémis
    Par tout mon être,
    Quand tu les liras j’aurais mis
    L’nez à la f’nêtre
    J’suis réveillé, depuis minuit,
    Ma pauv’ Toinette,
    J’entends comme une espèce de bruit,
    A la Roquette.

    L’Président n’aura pas voulu
    Signer ma grâce,
    Sans dout’ que ça y aura déplu
    Que j’me la casse
    Si l’on graciait à chaque coup
    Ca s’rait trop chouette,
    D’temps en temps faut qu’on coupe un cou,
    A la Roquette.

    Là-haut, l’soleil blanchit les cieux,
    La nuit s’achève,
    I’s vont arriver, ces messieurs,
    V’là l’jour qui s’lève.
    Maint’nant j’entends, distinctement,
    L’peuple en goguette,
    Qui chante su’ l’air de "L’enterr’ment",
    A la Roquette.

    Tout ça, vois-tu, ça n’me fait rien,
    C’qui m’paralyse
    C’est qu’i faut qu’on coupe, avant l’mien,
    L’col de ma ch’mise
    En pensant au froid des ciseaux,
    A la toilette,
    J’ai peur d’avoir froid dans les os,
    A la Roquette.

    Aussi j’vas raidir pour marcher,
    Sans qu’ ça m’émeuve,
    C’est pas moi que j’voulais flancher
    Devant la veuve
    J’veux pas qu’on dise que j’ai eu l’trac
    De la lunette,
    Avant d’éternuer dans l’sac
    A la Roquette.

  • La prison est une occasion de former le prisonnier.... La prison en France est l’école du crime…. Le jeune délinquant en sort criminel….

  • Surpopulation en prison : 68 859 détenus au 1er avril, nouveau record !!!

  • Sur les toits : un film/ documentaire sur la lutte de classe des prisonniers en France, exploités, torturés, et révoltés. A voir la bande annonceici.

  • GIP : La révolte de Toul (1971-1972)

    Le 5 décembre 1971 éclate à la Centrale Ney de Toul une mutinerie.

    Depuis quelques jours en effet, la tension s’est accrue dans cet établissement.

    La suppression des colis de Noël par circulaire du ministre de la Justice René Pleven, sous la pression des principaux syndicats pénitentiaires à la suite de plusieurs tentatives d’évasion avec prise d’otages (dont l’épisode de Clairvaux), mais aussi la gestion arbitraire de l’établissement par Georges Galiana (ancien directeur de la prison d’Alger pendant la guerre d’Indépendance, puis directeur de la centrale de Nîmes lors de la révolte de 1966 où sa brutalité est alors soulignée) ont mis le feu aux poudres. La révolte est quasi inévitable. Et la prison explose à la suite du refus par la direction d’entendre un ensemble de revendications rédigées par les détenus en colère.

    On connaît la suite : l’agitation à la centrale Ney se poursuit, les mutins prenant les toits et mettant en partie à sac la prison, puis s’achève par l’assaut des forces de l’ordre et le transfert d’un grand nombre de détenus. Si la révolte de Toul prend fin, d’autres mutineries éclatent dans l’ensemble de la France (Nancy, Nîmes, etc.). En outre, les événements de Toul et leur forte médiatisation obligent la Chancellerie à créer une commission d’enquête, la commission Schmelk, pour en établir les responsabilités.

    À Toul, un Comité Vérité Toul (CVT) est créé par un groupe de maoïstes dont Robert Linhart, tandis que de son côté le Groupe d’Information sur les Prisons avec Michel Foucault propose une commission d’enquête indépendante et rassemble des témoignages. Ainsi, la psychiatre de l’établissement, le docteur Édith Rose, rend-elle publique une lettre au Président de la République, Georges Pompidou, où elle dénonce une série de violences sur des détenus. Foucault, comme pour les revendications des mutins, joue alors un rôle de relais et d’amplificateur de « cette critique personnalisée ». Le philosophe lit ainsi le rapport de cette psychiatre lors d’une conférence de presse en décembre à Toul, puis achète avec Simone Signoret une page du quotidien Le Monde pour le publier.
    La suite sur un site d’archive Michel Foucault.

  • Pour lutter contre la surpopulation carcérale, une prison parisienne a eu une bien drôle d’idée. La maison d’arrêt de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, a en effet fait signer, pendant un mois, à des détenus un document leur demandant d’"accepter" de dormir par terre sur des matelas, a-t-on appris samedi de sources concordantes. C’est Le Canard Enchaîné qui a en révélé l’existence : "J’ai été informé de la surpopulation pénale" et "accepte de dormir sur un matelas par terre pour mon affectation en bâtiment A/B". Pour l’hebdomadaire satirique, l’administration pénitentiaire cherchait de cette façon à "éviter les recours" contre "des conditions de détention inhumaines et dégradantes".

  • En 1837, Eugène-François Vidocq, bagnard évadé devenu chef de la sûreté en France, écrivait dans « Les voleurs » :

    « Une plainte est rendue contre une personne, ou bien l’organe de la société l’accuse ; il est possible pourtant que cet individu ne soit pas coupable ; cependant, à moins que son innocence ne soit démontrée d’une manière qui ne permette pas le doute, il faut que la justice, à la fois sévère et prévoyante, s’assure préalablement de sa personne.

    Or, comme cet individu n’est pas en état de punition, comme il n’est encore que soupçonné, et qu’il peut très-bien arriver qu’il se trouve innocent, il est sans doute permis de s’étonner qu’il y ait aussi peu de différence entre le régime des maisons de dépôt et celui des maisons d’exécution ; l’individu, quoique soupçonné, doit être cependant considéré comme innocent jusqu’à la preuve du contraire. Eh bien, l’on ne donne à cet homme, que l’on a arraché peut-être mal à propos à sa famille, à ses occupations, que de la paille pour coucher, un bouillon maigre, et une livre et demie de pain noir pour nourriture ; on ne lui permet, et c’est là une des plus grandes rigueurs dont on puisse user, on ne lui permet, dis-je, de communiquer avec ses parents et ses amis qu’à travers les barreaux d’une double grille.

    Si du moins l’instruction des affaires était moins longue, ou pourrait jusqu’à un certain point concevoir les rigueurs que l’on déploie, mais il en est qui durent une année, et quelquefois même plus. ( L’instruction de l’affaire dite des quarante voleurs, jugée il n’y a pas long-temps par la Cour d’Assises de la Seine, avait duré deux ans, et cependant des individus qui avaient subi cette longue captivité préventive furent acquittés. Un ancien négociant, détenu à Sainte-Pélagie sous la prévention de banqueroute frauduleuse, fut, après une captivité préventive de dix-huit mois, condamné seulement à six jours de prison.) On comprend combien cette attente doit sembler dure à celui qui est innocent, sans que l’on vienne encore ajouter à ce qu’elle a de cruel en lui imposant des privations qu’il serait si facile de faire cesser en consacrant à l’amélioration du sort des détenus préventifs, le produit des diverses amendes imposées aux condamnés.

    Un artisan qui a perdu son travail, l’employé qui a perdu son emploi, le commerçant dont les opérations se sont trouvées suspendues, et dont le crédit a été ruiné par suite d’une détention préventive, et qui sont à la fin reconnus innocents, ne devraient-ils pas recevoir une indemnité pécuniaire capable au moins de les indemniser du préjudice matériel qu’ils auraient éprouvé ? J’ai l’intime conviction que personne n’osera répondre non à cette question, qui est adressée à tous les hommes de bonne foi.

    C’est parce que s’il est déclaré coupable il devra à la société une dette que, suivant la loi, personne ne peut se dispenser de payer, que tel individu a été arrêté et mis en lieu de sûreté comme prévenu d’un crime, ou seulement d’un délit plus ou moins grave ; mais, si contre toute attente, il est démontré que cet individu n’a point commis le crime dont on l’accuse, la société qui s’est montrée si prévoyante pour s’assurer le paiement d’une dette éventuelle, ne devra-t-elle rien à son tour ? Je ne crois pas que l’on puisse répondre à cette question autrement que par l’affirmative.

    Un abus contre lequel on ne saurait trop s’élever, est celui qui résulte du mélange de tous les prévenus ; si, rigoureusement parlant, tous les prévenus doivent être regardés, jusqu’à la preuve du contraire, comme innocens du crime dont on les accuse, et traités comme tels, les antécédents de chacun d’eux et la nature des crimes ou des délits sous la prévention desquels ils seraient détenus, devraient, il me semble, établir une différence qui pût servir à la classification des hommes. N’est-il pas révoltant de voir jeter au milieu des forçats relaps et des voleurs incorrigibles, un jeune homme prévenu, par exemple, d’avoir dansé au bal Musard un cancan un peu trop leste ? (Un jeune homme appartenant à une famille honorable, prévenu d’avoir insulté un commissaire de police dans l’exercice de ses fonctions, était détenu à la Force il y a quelques mois, et pendant sa captivité préventive, qui fut très-longue, il eut successivement pour commensaux de la chambre qu’il occupait, Lacenaire, Lhuissier, Blard et Verninhac de Saint-Maur.)

    Une prison spéciale devrait donc être destinée aux prévenus, et ils devraient y être aussi traités avec tous les égards compatibles avec l’intérêt et la sécurité de la société. »

  • L’Envolée a lire sur leur site et à ecouter sur FPP : radio fréquence paris pluriel 106.3 FM
    L’Envolée est un journal qui parait quatre fois par an. Il publie les lettres de prisonniers que nous recevons, des compte rendus de procès auxquels nous assistons, et des analyses sur la société et ses lois.

    Le journal est réalisé par des ex-prisonniers ou des proches de prisonniers qui pensent qu’il est primordial de publier des textes venus des prisons et des textes contre les prisons. Les prisonniers décrivent leur quotidien, dénoncent leurs conditions de détention, se battent contre l’enfermement. Ils le feront toujours mieux que tous ceux qui veulent parler à leur place (journalistes, sociologues, experts, militants).

    Une parole de prisonnier qui sort et attaque l’administration pénitentiaire ou la justice, qui plus est quand cette parole est collective, constitue un acte politique qui dérange l’ordre des choses. L’Envolée se veut porte voix des prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait ; mais nous ne sommes ni les porte parole, ni un syndicat de prisonniers. Cela ne nous empêche pas, bien sur, de soutenir et d’aider des prisonniers qui sont proches de nous ou qui nous demandent d’être solidaires.

    L’Envolée est une émission destinée en premier lieu aux prisonniers et à leurs familles et proches. Elle a pour ambition non pas d’être un porte parole mais bien plutôt un porte voix au service des muets sociaux.

    elle a pour but principal de permettre à ceux qui en sont privés de prendre la parole, de pouvoir témoigner directement des luttes, des mouvements, des réflexions de ceux qui se battent à l’intérieur aussi bien contre les causes même de l’existence des prisons que contre les conditions de détention toujours en vigueur : arbitraire de l’administration pénitentiaire, isolement systématisé, mitard et prétoire pour tous ceux qui bougent une oreille, les peines de plus en plus longues, des aménagements de peines distribuées au compte goutte et sur des critères de bonne conduite ...

    L’envolée est en relation avec d’autres émissions du même type un peu partout en France (Toulouse, Bordeaux, Marseille, Lille, Chalon, Dijon, Rennes ...) et ceci afin de constituer un réseau capable de soutenir et d’aider concrètement des prisonniers qui sont transférés ou isolés sous prétexte des aussi futiles que mensongers. La radio reste un outil de choix pour développer des mouvements généralisés, servir de coordination entre différentes prisons et assurer la diffusion d’informations non passées au crible des médias officiels.

    L’envolée est aussi un journal bimestriel qui mêle des articles, des témoignages, des analyses envoyés de l’intérieur et des textes rédigés par d’autres (soi-disant libres) proches des questions carcérales par affinité aussi bien familiale, sentimentale, que politique. Le journal a plus de 300 abonnés à l’intérieur des murs et est diffusé à l’intérieur à 2000 exemplaires.

    L’envolée se bat contre toutes les formes d’enfermement, aussi bien strictement carcérales que sous des traits de contrôle social de plus en plus présent : la prison est l’outil ultime de l’Etat et des riches pour enfermer ceux qui n’acceptent pas de se soumettre aux lois de la marchandise et du profit et qui permet peur sinon de soumettre ceux qui seraient tentés de déroger aux règles coercitives du système dominant.
    Voir dans la grille,direct rediffusion

  • Prisons, centres de rétention, hôpitaux psychiatriques, locaux de garde à vue... En 2016, les équipes du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) ont effectué 146 visites dans ces endroits clos et reçu quelque 4 000 courriers. A l’heure de son rapport annuel, Adeline Hazan, à la tête de cette autorité indépendante créée il y a dix ans, dénonce avec force un inquiétant « recul des droits fondamentaux ».

    Face à l’« escalade » de « lois de plus en plus restrictives » dans le contexte des attentats terroristes, elle s’interroge : « Faudrait-il, pour se mettre au diapason de la tragédie, prendre le risque de renoncer aux valeurs et libertés fondamentales ? Je ne le pense pas », affirme-t-elle, en critiquant « une logique dangereuse ».

    Ce recul des droits « dans les textes » s’observe aussi dans la vie quotidienne des lieux d’enfermement, déplore Adeline Hazan, et notamment dans les prisons. Les 26 visites du CGLPL dans les établissements pénitentiaires en 2016 ont confirmé les constats des années passées : « une surpopulation généralisée dans les maisons d’arrêt, une insuffisance de personnel, la vétusté d’un grand nombre de bâtiments, un manque d’activités... ». Et pour la première fois en 2016, « le seuil symbolique » des 20 000 détenus provisoires (donc présumés innocents) a été dépassé.

    « La question de la surpopulation carcérale (...) reste bien évidemment la première difficulté de l’administration pénitentiaire », souligne le rapport du CGLPL. Sa « conséquence la plus visible » : le non-respect de l’encellulement individuel. Au 1er août 2016, seules 26 829 des 68 819 personnes détenues bénéficiaient d’une cellule individuelle (39%). Au 1er décembre 2016, le taux de densité carcérale global était de 118%, celui des maisons d’arrêt de 140% et jusqu’à 200% dans des établissements de la région parisienne.

    Le phénomène de la surpopulation carcérale, qui rend le manque de surveillants d’autant plus critique, s’enracine dans « un durcissement des lois pénales » et « une sévérité accrue de la justice », rappelle le CGLPL. Face à cela, l’accroissement du nombre de places de prison, annoncé par l’actuel gouvernement, « ne constitue pas une réponse satisfaisante », souligne-t-il. « Depuis vint-cinq ans, près de 30 000 nouvelles places de prison ont été créées et pourtant la surpopulation carcérale n’a jamais été aussi importante », insiste Adeline Hazan. Ces chiffres le démontrent : depuis 1998, le nombre de places dans les prisons a augmenté de 20%. Dans le même temps, le taux d’occupation est passé de 112 à 118%.

    > A LIRE AUSSI. Surpopulation carcérale : plus de 69 370 détenus, un record

    Au-delà des projets immobiliers, il faut « une nécessaire réforme de la politique pénale », estime le CGLPL, qui suggère deux pistes. Il prône, d’abord, « une politique plus dynamique d’aménagements de peine et d’alternatives à l’incarcération ». Lors des visites, les contrôleurs ont ainsi constaté que « le sentiment d’un durcissement des conditions d’aménagement de peine » est ressenti comme « un motif de désespérance » par les détenus. Et les directions d’établissements y voient « une cause de durcissement des relations en détention, voire de violence ».

    La seconde piste suggérée est celle d’« une interrogation sur le sens de certaines peines ». Ainsi des très courtes peines, pour qui le temps de détention ne permet pas de mettre en place des mesures de réinsertion efficace. Ainsi également de personnes détenues très âgées ou dont l’état de santé ne permet plus le maintien en détention. « Certaines d’entre elles ne quittent jamais leur cellule, voire leur lit ». Leur présence « pèse sur la surpopulation » et l’insuffisance de leur prise en charge « ne peut qu’accélérer la détérioration de leur état de santé. »

  • Avec 69 430 personnes incarcérées, le nombre de détenus dans les prisons a atteint au 1er mars un nouveau record, a-t-on appris ce mercredi sur le site du ministère de la Justice. Le précédent record remontait au 1er juillet 2016 quand 69 375 détenus avaient été comptabilisés.

    Le nouveau chiffre se traduit également par une augmentation de la surpopulation pénale puisqu’au 1er mars, la capacité des établissements pénitentiaires pour accueillir ces détenus n’était que de 58 664 places opérationnelles. Parmi les détenus, 1822 étaient installés directement sur des matelas posés au sol.

    Ce nouveau record est la conséquence directe, selon l’Observatoire international des prisons (OIP), de la "frénésie" sécuritaire depuis les attentats djihadistes de 2015 en France. Une semaine après le rapport annuel du contrôleur des prisons, qui dénonçait un recul des droits fondamentaux et une "escalade" répressive en milieu carcéral, l’OIP dresse un sombre bilan du mandat de François Hollande, dans un document intitulé "Cinq ans de renoncement", à paraître début avril.

  • Il n’aura pas tenu un an. Le directeur de l’administration pénitentiaire, Philippe Galli, nommé le 18 septembre dernier, a claqué la porte. Il a désapprouvé la politique carcérale de son ministre !

  • Puces, infections, violences, fouilles à nu, plus de 20 prisonniers enfermés dans d’anciens boxs à chevaux... C’est l’ordinaire de la prison de Fresnes...

  • « Une prison digne d’une dictature » : un rapport épingle l’enfer des Baumettes à Marseille
    La promiscuité et les conditions sanitaires déplorables y entraînent violence, suicides, maladies, dégradation de la santé mentale des détenus et grèves de la faim.

  • Onzième suicide en huit mois à la prison de Fleury-Mérogis !!!

    Une société se juge à l’état de ses prisons a dit Albert Camus…

  • Venu dans cette maison d’arrêt de Grenoble-Varces pour exercer son droit de visite, le sénateur divers gauche écologiste Guillaume Gontard, accompagné de journalistes, a constaté une vétusté emblématique des établissements pénitentiaires français.

    « Les plus gros problèmes, ici, c’est la chaleur, les odeurs et les déchets », lâche un des deux jeunes détenus du premier étage de la maison d’arrêt de Grenoble-Varces (Isère). Sa cellule, aux murs recouverts de maillots de grands clubs de foot, est propre mais exiguë, étouffante et délabrée comme beaucoup d’autres dans cette prison mise en service en 1972. Toilettes à la cuvette jaunie par l’âge et mal isolées par une demi-cloison de 1,5 m de haut, miroir du lavabo brisé, sol usé, fenêtres aux huisseries cassées… Le pire, ce sont « les odeurs qui remontent », soupire le taulard. Les ordures jonchent le toit-terrasse qui borde toutes les cellules du premier. Les détenus des étages supérieurs balancent emballages, pain et restes de repas à travers les grillages presque toujours découpés des fenêtres, formant un tapis de déchets où pullulent les rats, dont les urines sont nauséabondes.

  • Surpopulation, matelas au sol, crasse, bruit incessant : une trentaine de détenus avaient porté plainte pour dénoncer leurs conditions de détention. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) leur a donné raison, jeudi 30 janvier, en condamnant la France.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.