Accueil > 16- EDITORIAUX DE LA VOIX DES TRAVAILLEURS > Editorial - Quand l’unité sert d’argument contre... le front des (...)

Editorial - Quand l’unité sert d’argument contre... le front des travailleurs, leur organisation sur des objectifs de classe et l’extension du mouvement

jeudi 11 novembre 2010, par Robert Paris

Les trois pièges de l’unité

Dans le dernier mouvement des retraites en France, bien des travailleurs ont pensé que la force du mouvement résidait dans l’unité : l’unité contre Sarkozy, l’unité syndicale et l’unité des Français encore appelée la "bataille de l’opinion". Ils se trompent ou plutôt on les trompe. Loin d’être une force, ce sont trois pièges qui ont été déterminants pour battre les travailleurs et permettre au gouvernement de casser la retraite à 60 ans, tout en sauvegardant le crédit des centrales syndicales et du PS, pourtant nullement décidés à mener véritablement le combat...

L’unité syndicale

Commençons par l’unité syndicale puisque la lutte a été menée (jusqu’à la défaite) par l’Intersyndicale, unissant de manière inattendue des centrales qui roulent pour des intérêts de boutique concurrents, qui n’ont aucune vision commune et encore moins d’accord sur la question des retraites... Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans jamais s’épuiser elles-mêmes (sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme) ni épuiser les classes dirigeantes ou le gouvernement, bien entendu. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", "se faire entendre", "toucher l’opinion", mais pas à engager la lutte contre nos vrais adversaires du patronat et du gouvernement. La direction des centrales risquait d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité par les classes dirigeantes et l’Etat qu’eux-mêmes percevaient très bien que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...

Si ces directions, qui n’ont jamais été choisies démocratiquement ni par le mouvement ni par les travailleurs ni par les syndiqués, se sont intronisées direction du mouvement et lui ont imposé leurs limites, elles n’étaient cependant d’accord ni sur les revendications, ni sur les objectifs ni sur les moyens de lutte. Mais, au nom de l’unité, elles ont imposé au mouvement de ne pas discuter les objectifs et les perspectives et même pas les revendications. Et elles se sont contentées de cacher ces divergences au cours du mouvement. Et elles ont maintenant intérêt à les faire ressortir alors que le danger social est passé...

Les premières fissures de l’unité syndicale nous ont permis, en effet, d’apprendre que les dirigeants de ces centrales savaient depuis le début que la méthode des journées d’action ne pouvait pas permettre au mouvement de prendre son ampleur et encore moins de faire reculer le gouvernement. Rappelons qu’en 1995, au contraire, le succès était provenu d’une grève s’étendant et menaçant de devenir générale... Et encore faut-il remarquer que cela avait été possible parce que les classes dirigeantes n’étaient pas, comme actuellement, engagées dans la plus grave crise systémique de l’Histoire...

Alors, cette fois, c’est l’Intersyndicale qui n’a cessé de tirer contre son camp, contre la menace de généralisation de la grève au privé, en affirmant qu’il ne fallait pas que le mouvement soit trop couteux pour les salariés, que les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien que les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore qu’il suffisait de manifester les samedis sans faire grève. Sans oublier que ... la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou que le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans que l’on fasse jamais appel à l’ensemble de la classe ouvrière...

Mais ce n’était pas aussi simple : il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation sans la pratiquer réellement...

« Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, vendredi 10 septembre, dans « Le Monde ».

Le 5 octobre, Bernard Thibaut déclare à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ».

Bernard Thibaut le 7 octobre sur RTL : "Cela ( NDLR :la grève générale, précisons que cet amnésique pourrait se pencher sur l’histoire de la CGT du début du 20ème siècle pour s’apercevoir de l’énorme contre-vérité qu’il profère…) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces."

Car, malgré cette unité prétendue, jamais les centrales n’ont appelé toute la classe ouvrière ensemble véritablement. Dans la plupart des entreprises, il n’y a jamais eu une assemblée générale pour en discuter. Dans la plupart des entreprises en particulier dans le secteur privé, certains syndicats, faisant partie pourtant de l’Intersyndicale, n’ont jamais appelé même à une journée d’action.

Et rien n’a été fait par les centrales pour élargir des mouvements locaux comme ceux des entreprises qui licencient, des éboueurs, des raffineries ou de l’hôpital Tenon...

Ces directions qui n’étaient d’accord sur rien concernant les retraites (revendications, enjeux, objectifs) n’ont montré qu’une unité de façade puisque la plupart des syndicats locaux CGC ou CFTC et parfois CFDT n’appelaient à rien du tout (ni grève, ni manifestation) dans de nombreux secteurs notamment du privé, comme dans l’Automobile. Certains syndicats de l’Intersyndicale sont carrément pour des retraites privées de capitalisation, pour l’augmentation de la durée des années de travail, pour l’augmentation du nombre de trimestres cotisés et on en passe...

Le mieux est de les citer :

CFDT : « La CFDT et l’intersyndicale n’ont jamais prôné de grève reconductible. (…) Le risque d’embrasement est réel sans que les organisations syndicales ne maîtrisent le système. (…) L’absence de dialogue risque de former un jour des positions jusqu’auboutistes. »

Pas étonnant, la CFDT, qui s’était distinguée bien des fois par son amitié pour le MEDEF et le gouvernement y compris sur les retraites, est une jusqu’auboutiste du soutien du capitalisme. Elle s’est d’ailleurs empressée d’aller se jeter dans de nouvelles négociations avec ses petits copains du MEDEF. Mais elle a dit une vérité : l’unité syndicale n’a fait qu’empêcher les travailleurs de mener eux-mêmes la lutte de manière plus radicale... Tout cela avec une grande aide : celle de la CGT !

CGT :

Bernard Thibault l’a dit : "la CGT va continuer à conjuguer mobilisation, proposition, contestation lorsqu’il le faut, et négociation."

Mais négocier quoi ? Avec qui ? Dans quel but ? Il ne le dit pas !

La CFDT déclare le 6 novembre : « Il nous importe de rester populaires et de conserver notre image de syndicalistes responsables »

Les centrale syndicales étaient unies par une chose : le souci que le mouvement de colère des travailleurs ne déborde pas.

On apprend ainsi que l’objectif numéro de l’Intersyndicale, tout en restant populaires, était de cantonner le mouvement de colère dans des limites "raisonnables".

 l’unité affichée ne servait qu’à contraindre les salariés à ne pas débattre des perspectives, des buts, des moyens au nom du refus des divisions

 en réalité, ces centrales n’étaient d’accord que pour refuser "la radicalisation", c’est-à-dire la perspective d’une grève générale organisée par des comités de travailleurs et fédérée nationalement par eux.

 ainsi, le discrédit de l’échec ne retombera pas du coup sur les centrales mais serait un discrédit du prolétariat à ses propres yeux et à ceux de la classe moyenne, qui ainsi ne trouvera qu’à se jeter dans les bras de l’extrême droite.

La seule unité intersyndicale, c’est celle contre tout débordement des travailleurs qui s’auto-organiseraient pour mener la lutte de manière interprofessionnelle, inter-entreprises et inter-sites et, surtout, de classe, c’est-à-dire internationale...

Négociations, concertation, constat partagé, cogestion du capitalisme, dirigeants syndicaux et de gauche sont unanimes : il faut réformer.

Et ils ont plein de "solutions" pour les retraites comme pour lre reste, pour servir le système...

C’est faux : rien n’est réformable.

Quant au parti socialiste, au delà de Strauss-Kahn favorable à la loi de Sarkozy, la première secrétaire du PS, Martine Aubry veut maintenir l’age légal de la retraite à 60 ans, comme un "droit de partir" à cet âge, mais assure que les socialistes n’ont "jamais demandé la retraite à taux plein à 60 ans" pour tous, notant que "depuis des années", il était fixé à 65 ans en France."

L’unité contre Sarkozy

Tout d’abord, n’oublions pas que c’est Sarkozy qui a voulu jouer le rôle d’épouvantail à moineaux dans lequel il excelle, afin de dédouaner les classes dirigeantes et de permettre aisément aux syndicats et partis de gauche de donner comme cible sa personne et non la grande bourgeoisie qui est pourtant la grande bénéficiaire de ses attaques anti-sociales.

C’est une tromperie à visées multiples :

 politicienne (la gauche) : elle sous-entend que c’est tant pis si on perd la lutte puisqu’on votera bien

 mais surtout sociale : Sarko sert d’épouvantail (rôle qu’il s’est lui-même donné) pour détourner sur lui la colère sociale qui montait contre la grande bourgeoisie. Le MEDEF lui-mêmes apparaît alors comme le "bon" négociateur (version CFDT)

 du coup, la lutte n’a pas lieu contre les vrais adversaires et elle ne peut pas faire reculer le gouvernement puisqu’elle ne frappe pas les patrons...

L’unité des Français contre ... l’unité de classe des travailleurs

Il s’agit d’une tromperie pour éviter le développement d’une conscience de classe et pour détourner le rôle dirigeant du prolétariat dans la lutte face au Capital en crise, dirigeant y compris des couches petites bourgeoises menacées.

Selon cette méthode des réformistes, politiques et syndicaux, il n’y a pas de travailleurs, pas de capitalistes, mais une "opinion", des "citoyens", un accord social, une concorde, un dialogue, etc, etc,

La CGC déclare ainsi : "Le syndicalisme, pourquoi faire ? (...) Il n’y a pas, d’un côté, les patrons employeurs et, de l’autre les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concerne l’intérêt général."

Dans la Déclaration de principes du parti socialiste, on peut lire : " Le Parti socialiste est donc favorable à une société d’économie mixte qui, sans méconnaître les règles du marché"

Le mot Capitalisme était trop connoté par les guerres et les massacres du siècle passé. Nous l’avons remplacé par "Économie de marché". Il était difficile de trouver une formule plus vide de sens, et c’est pourquoi nous l’avons adoptée. disait déjà John Kenneth Galbraith.

Laurent Fabius déclarait-il au Monde le 21 mai 2006 à propos du débat entre réformisme et radicalité : « Ce débat a été tranché depuis longtemps : nous sommes réformistes. »

Et Delanoé : "Nous ne sommes plus au temps du marxisme qui raisonne sur des classes sociales et qui finit par broyer les hommes"

Les mots « classe », « prolétariat », « front de classe », « exploiteurs », « capitalistes », « ouvrier », « travailleurs », « lutte des classe », « exploitation » ne font plus partie du vocabulaire… A la place de cela, il parle de « peuple », de « citoyens », de « nation », de « Français », d’ « opinion », d’ « entrepreneurs », d’ « intérêt général », d’ « unité »

N’en déplaise aux réformistes, en période de crise systémique, le problème se pose ainsi : prolétariat ou grande bourgeoisie et socialisme ou barbarie. Plus le prolétariat s’exprime avec force de manière indépendante, de classe, plus il peut entraîner dans le camp du socialisme la petite bourgeoisie, elle-même frappée par la crise c’est-à-dire par la grande bourgeoisie.

La véritable unité des travailleurs

Elle se fera si nous combattons pour :

 l’indépendance vis-à-vis des appareils syndicaux

 l’organisation des travailleurs en comités de lutte se fédérant par delà les sites, les professions, les localités, en unissant salariés et chômeurs, jeunes et vieux, avec ou sans papiers, français ou immigrés...

 combattre toutes les illusions sur les élections et sur la gauche

 unir la lutte des retraites à celle des salariés licenciés, des services publics, de la santé, des chômeurs, des sans papiers et des salaires...

 une lutte de classe sans compromission ni négociation qui s’attaque à nos adversaires réels de la grande bourgeoisie

 une perspective d’avenir : bâtir une société débarrassée de l’exploitation

L’unité du front prolétarien nécessite que les travailleurs eux-mêmes soient organisés au sein de comités de lutte, de comités d’action, de conseils d’usine, d’entreprise, de quartier et que ces comités soient reliés et décident ensemble de l’avenir de la lutte et ensuite de l’avenir de la société.

Messages

  • A M THIBAULT Bernard - Secrétaire général de la CGT

    Camarade,

    Nous t’écrivons pour la seconde fois concernant la position de la CGT face aux attaques dont les salariés sont victimes.

    La CGT en intersyndicale à décidé d’appeler à une nouvelle journée d’action pour la défense des retraites à 60 ans le 24 juin 2010.

    La CGT Goodyear demande à ce que le mouvement soit à la hauteur de l’enjeu et de l’attaque du MEDEF et du gouvernement, ras le bol des rassemblements tous les mois pour des marches dans les principales villes de France, une en Mars, une en Mai et une en Juin, en attendant le gouvernement lui avance à grands pas et ce ne sont pas des mouvements pour la forme qui le feront reculer !!!

    Nous demandons que le 24 juin soit une vraie journée d’action, nous proposons le blocage de toutes les zones industrielles de France avec un mouvement reconductible jusqu’au retrait du projet de loi, nous devons faire fort face au mépris de ceux qui détruisent des millions d’emplois et qui veulent mettre à contribution ceux qui sont victimes de ce génocide salarial.

    Il y a une crise montée de toutes pièces par ceux qui veulent nous donner des leçons, jamais les patrons et les actionnaires n’ont eu autant de fric, les salariés souffrent comme jamais, les plans anti-sociaux se multiplient des centaines d’entreprises ferment et délocalisent utilisant comme prétexte une crise qui sert ceux qui l’ont mise en place.

    La CGT est un syndicat qui se dit au plus près des préoccupations des salariés, depuis des années les formes de luttes deviennent de plus en plus souples voir adaptées à la demande du gouvernement, penses tu camarade que se sont des manifestations main dans la main dans les centres villes qui feront reculer la politique de la casse sociale ???

    La CGT doit être le syndicat qui s’oppose vraiment et non qui fait semblant, ras le bol de perdre des journées de 8.00 heures pour faire des promenades de santé, l’attaque que nous subissons est violente nous devons réagir vite et fort !!!!

    Nous avons une impression de mouvements obligatoires pour laisser croire que nous faisons quelque chose, un par mois jusque juillet et après les congés le gouvernement aura fait passer son projet !!!

    Il faut donc agir vite et avec vigueur, nous voulons qu’un appel soit lancé pour le 24 Juin au blocage de toutes les zones industrielles de France ou même blocage des poumons économiques, depuis des années nous perdons nos acquis et ce ne sont pas de grands discours qui changeront la politique du MEDEF et du gouvernement.

    A la vitesse actuelle et si les centrales confédérales se complaisent dans cette situation, le monde du travail va crever, la CGT doit être le syndicat qui enclenche le mouvement attendu par des millions de personnes, salariés, privés d’emplois, retraités, étudiants…

    Nous sommes en attente d’un signal fort il est vital que nous réagissions sans faire semblant ou en se donnant bonne conscience, la CGT Goodyear n’est pas le seul syndicat à demander et revendiquer depuis des mois un appel à la grève générale en France, mais hélas rien ne vient sauf des appels sporadiques qui mobilisent peu et ne font aucun mal au système financier et à ceux qui nous méprisent.

    La CGT doit revenir à ses bases, la frilosité actuelle, le manque de conviction et surtout de combativité, laisse une porte grande ouverte à la dictature patronale et au mépris du gouvernement, nous devons les stopper, les salariés du privés et du public saignent chaque jour un peu plus, nous devons nous unir pour être plus fort, la CGT nationale doit tout mettre en œuvre pour stopper la casse actuelle, faute de quoi elle sera coresponsable de l’avenir que nous dessinent les fossoyeurs qui nous gouvernent.

    Le 24 juin 2010 nous ne ferons pas de grève de complaisance, nous voulons une action plus dure et plus réaliste des attaques que nous subissons, espérant être entendu et avoir une réponse favorable, nous t’envoyons nos salutations fraternelles.

    Le bureau CGT Goodyear

  • ADRESSE A TOUS LES TRAVAILLEURS

    dimanche 10 octobre 2010

    C’est le dernier tract écrit à l’issue de l’AG interpro de la Gare de l’Est qui a eu lieu le 05 octobre.

    A l’initiative de cheminots de la Gare de l’Est et d’enseignants du 18ème, nous avons été une centaine de salariés (du rail, de l’éducation, de la poste, de pme de l’agro-alimentaire, de l’informatique…), de retraités, chômeurs, étudiants, travailleurs avec ou sans papiers, syndiqués ou non, à nous réunir le 28 septembre et le 05 octobre pour discuter des retraites et plus largement des attaques que nous subissons et des perspectives pour faire reculer ce gouvernement.
    Nous avons été des millions à manifester et faire grève lors des dernières journées d’action. Le gouvernement ne recule toujours pas. Seul un mouvement de masse sera en mesure de le faire. Cette idée fait son chemin au travers des discussions autour de la grève illimitée, générale, reconductible et du blocage de l’économie…

    La forme que le mouvement prendra est notre affaire. C’est à nous tous de le construire sur nos lieux de travail avec des comités de grève, dans nos quartiers au travers d’Assemblées Générales souveraines. Ils doivent réunir le plus largement possible la population travailleuse, coordonnés à l’échelon nationale avec des délégués élus et révocable. C’est à nous de décider des moyens d’actions, des revendications… Et à personne d’autre. Laisser les Chérèque (CFDT), Thibault (CGT) et Cie décider à notre place, c’est se préparer à de nouvelles défaites. Chérèque est pour les 42 annuités. On ne peut pas non plus avoir confiance en Thibault qui ne revendique pas le retrait de la loi, comme nous n’oublions pas qu’en 2009 il buvait le Champagne avec Sarkozy alors que des milliers d’entre nous étaient licenciés, nous laissant nous faire battre séparément. Nous n’avons pas plus confiance dans les prétendus « radicaux ». La radicalité de Mailly (FO) c’est de serrer la main d’Aubry en manif alors que le PS vote les 42 annuités. Quant à Sud-Solidaires, à la CNT ou l’extrême gauche (LO, NPA), ils ne nous offrent d’autres perspectives que l’unité syndicale. C’est à dire l’unité derrière ceux qui veulent négocier des reculs.
    Si aujourd’hui, ils enfourchent le cheval de la grève reconductible, c’est surtout pour éviter de se faire déborder. Le contrôle de nos luttes sert de monnaie d’échange pour être admis à la table des négociations…pourquoi ? Pour, comme il est écrit dans la lettre signée par sept organisations syndicales de la CFTC à Solidaire, « faire entendre le point de vue des organisations syndicales dans la perspective de définir un ensemble de mesures justes et efficaces pour assurer la pérennité du système de retraites par répartition. » Peux-t-on croire un instant qu’il peut y avoir une entente possible avec les casseurs de nos retraites depuis 1993, avec ceux qui ont entrepris la démolition méthodique de nos conditions de vie et de travail ?
    La seule unité capable de faire reculer ce gouvernement et les classes dirigeantes, c’est de s’unir public et privé, salariés et chômeurs, retraités et jeunes, travailleurs avec ou sans papiers, syndiqués ou non, à la base dans des AG communes et en contrôlant nous même nos luttes. Nous pensons que le retrait de la loi sur les retraites est l’exigence minimale. Cela ne saurait suffire. Des centaines de milliers de vieux travailleurs survivent déjà avec moins de 700 euros par mois, pendant que des centaines de milliers de jeunes vivotent avec le RSA, quand ils l’ont, faute de travail. Pour des millions d’entre nous, le problème cruciale c’est déjà de pouvoir manger, se loger et se soigner. De cela nous ne voulons pas.
    Oui, les attaques contre les retraites sont l’arbre qui cache la forêt. Depuis le début de la crise, les classes dirigeantes avec l’aide de l’Etat jettent à la rue des centaines de milliers de travailleurs, suppriment des milliers de postes dans les services publics. Et nous en sommes qu’au début. La crise continue et les attaques contre nous vont devenir de plus en plus violente.
    Pour faire face, nous ne devons surtout pas avoir confiance dans les partis de la gauche (PS, PCF, PG …). Ils ont toujours gérés loyalement les affaires de la bourgeoisie en ne remettant jamais en cause la propriété privée industrielle et financière ainsi que la grande propriété foncière. D’ailleurs en Espagne comme en Grèce, c’est la gauche au pouvoir qui organise l’offensive du capital contre les travailleurs. Pour nos retraites, la santé, l’éducation, les transports et pour ne pas crever de faim, les travailleurs devront accaparer les richesses produites pour subvenir à leur besoin.
    Dans cette lutte, nous ne devons pas apparaître comme défendant des intérêts catégoriels mais ceux de toute la population travailleuse y compris les petits paysans, marins-pêcheurs, petits artisans, petits boutiquiers, qui est jetée dans la misère avec la crise du capitalisme. Nous devons les entrainer et nous mettre à la tête de toutes les luttes pour mieux nous en prendre au Capital.
    Que nous soyons salariés, chômeurs, précaires, travailleurs sans papiers et cela quelque soit notre nationalité, c’est toute la population travailleuse qui est dans le même bateau.
    Rendez-vous pour en discuter en AG interpro

    Mardi 12 octobre à 18h et le Mercredi 13 octobre à 17h
    Bourse du travail, métro République

    Des travailleurs et précaires de l’AG interpro de la Gare de l’Est
    lecole_duraille_trenteseptcinq@yahoogroupes.fr

    Le 8 octobre 2010

  • Si tous les travailleurs pouvaient lire ça ...et pas seulement ceux de l’hexagone mais aussi ceux de toutes les contrées à qui on a fait croire aussi que la lutte en métropole était "exemplaire".

    Un édito sur 2 pages mais qui le vaut, et un titre peut être un peu trop lourd, qui reprend en partie la conclusion et donc que je changerai en "une défaite sans combat grace à l’unité de tout sauf des travailleurs".

    fraternellement à tous .

  • Les syndicats et les partis de "gauche" sont en train de trahir le mouvement contre les coupes de Sarkozy. Au moment précis où les secteurs stratégiques de la classe ouvrière, les cheminots et tout particulièrement les travailleurs des raffineries et des terminaux pétroliers de Fos et du Havre s’étaient emparés de l’économie, les syndicats conduits par la CGT se sont mis à voler au secours du gouvernement qui brisait les grèves et attaquait les blocages.

    Lorsque le gouvernement a réquisitionné des travailleurs pour la reprise du travail, sous la menace de peines de prison de cinq ans, et a envoyé les CRS le 27 octobre pour qu’ils débloquent les occupations et blocages des raffineries et des dépôts de carburants, les syndicats ont donné la consigne de disperser les blocages, les occupations et piquets de grève massifs. Ils n’ont pas organisé d’action de masse pour soutenir ces travailleurs et n’ont jamais essayé de constituer un fonds pour les grévistes touchés par la perte d’argent après presqu’un mois de grève.

    Ils ont refusé d’appeler à la grève générale pour briser l’isolement des grévistes car cela aurait signifié une confrontation politique avec le gouvernement, posant la question de son maintien au pouvoir. Ainsi les syndicats ont trahi la lutte contre la législation sur les retraites.

    L’âge légal de départ à la retraite sera à présent reporté de 60 à 62 ans et l’âge où on peut prétendre à une retraite sans décote de 65 à 67 ans. Ceci représente une perte de qualité de vie significative pour la classe ouvrière et les jeunes qui craignent une vie active plus longue et plus précaire, s’achevant par une vieillesse dans la pauvreté.

    Il faut à présent regarder en face le fait que ces pertes ne peuvent être regagnées par la pression de la rue, ou des négociations entre les syndicats et le gouvernement. Ce n’est qu’en renversant le gouvernement et en le remplaçant par un gouvernement ouvrier formé à partir de la mobilisation de masse des travailleurs en une grève générale politique, indépendante des syndicats et de leurs alliés politiques, que l’on y parviendra.

    La CFDT (Confédération française démocratique du travail) alignée sur le Parti socialiste (PS) exprime clairement sa volonté de mettre fin aux protestations et d’accepter qu’avec la loi à présent votée au parlement, les syndicats devraient passer à autre chose, à savoir des négociations sur les salaires et les prestations sociales avec les employeurs et le gouvernement sur la manière de conserver la profitabilité et la compétitivité du patronat français.

  • Seule une forme d’organisation englobant directement toute la masse en lutte (et non pas seulement les militants des différents partis) peut unifier l’action de la classe ouvrière. Cette forme d’organisation, ce sont les Comités. Dans les usines et dans les quartiers, les travailleurs, dans des Assemblées générales ou de masse, élisent des délégués, révocables à chaque instant, chargés d’exécuter les mesures votées par les assemblées. Ces comités exécutifs locaux envoient des délégués à la région, qui à leur tour délèguent des responsables nationaux. Ainsi se trouve créé un organisme groupant dans son sein les millions d’exploités en lutte sans nuire à l’unité d’action ; car ce sont les travailleurs eux-mêmes qui déterminent démocratiquement (à la majorité) la politique à suivre dans chaque question donnée. Chaque parti politique peut ainsi faire la preuve de ce que valent pratiquement ses méthodes d’action. Il ne s’agit plus d’étiquette ("réformiste" ou "révolutionnaire"), mais de l’attitude devant des faits que les masses touchent du doigt.

    Ce n’est pas à tort qu’on a appelé les Comités (ou Conseils) ouvriers des "Parlements ouvriers". Chaque parti garde son entière liberté d’agitation et de propagande parmi les masses, mais dans l’action pratique il doit faire approuver sa politique par les masses groupées dans les Comités. Mais les Comités ne sont pas un organisme seulement légiférant, ils sont à la fois délibératifs, législatifs et exécutifs.

    Les Comités n’ont pas de vertu en soi. C’est selon la politique qui triomphera en leur sein que se décidera le sort de la classe ouvrière.

    Barta le 19-09-1944

  • "Le mouvement social de cet automne a remis au centre du jeu politique et social des syndicats que l’on disait affaiblis. L’unité assurée par l’intersyndicale est la conséquence paradoxale de la réforme de la représentativité syndicale voulue par Sarkozy en 2008", analyse Sébastien Crosier, président CFE-CGC-UNSA à France Télécom.

    • Les trois pièges de l’unité

      Dans le dernier mouvement des retraites en France, bien des travailleurs ont pensé que la force du mouvement résidait dans l’unité : l’unité contre Sarkozy, l’unité syndicale et l’unité des Français encore appelée la "bataille de l’opinion". Ils se trompent ou plutôt on les trompe. Loin d’être une force, ce sont trois pièges qui ont été déterminants pour battre les travailleurs et permettre au gouvernement de casser la retraite à 60 ans, tout en sauvegardant le crédit des centrales syndicales et du PS, pourtant nullement décidés à mener véritablement le combat...
      L’unité syndicale

      Commençons par l’unité syndicale puisque la lutte a été menée (jusqu’à la défaite) par l’Intersyndicale, unissant de manière inattendue des centrales qui roulent pour des intérêts de boutique concurrents, qui n’ont aucune vision commune et encore moins d’accord sur la question des retraites... Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans jamais s’épuiser elles-mêmes (sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme) ni épuiser les classes dirigeantes ou le gouvernement, bien entendu. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", "se faire entendre", "toucher l’opinion", mais pas à engager la lutte contre nos vrais adversaires du patronat et du gouvernement. La direction des centrales risquait d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité par les classes dirigeantes et l’Etat qu’eux-mêmes percevaient très bien que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...

      Si ces directions, qui n’ont jamais été choisies démocratiquement ni par le mouvement ni par les travailleurs ni par les syndiqués, se sont intronisées direction du mouvement et lui ont imposé leurs limites, elles n’étaient cependant d’accord ni sur les revendications, ni sur les objectifs ni sur les moyens de lutte. Mais, au nom de l’unité, elles ont imposé au mouvement de ne pas discuter les objectifs et les perspectives et même pas les revendications. Et elles se sont contentées de cacher ces divergences au cours du mouvement. Et elles ont maintenant intérêt à les faire ressortir alors que le danger social est passé...

      Les premières fissures de l’unité syndicale nous ont permis, en effet, d’apprendre que les dirigeants de ces centrales savaient depuis le début que la méthode des journées d’action ne pouvait pas permettre au mouvement de prendre son ampleur et encore moins de faire reculer le gouvernement. Rappelons qu’en 1995, au contraire, le succès était provenu d’une grève s’étendant et menaçant de devenir générale... Et encore faut-il remarquer que cela avait été possible parce que les classes dirigeantes n’étaient pas, comme actuellement, engagées dans la plus grave crise systémique de l’Histoire...

      Alors, cette fois, c’est l’Intersyndicale qui n’a cessé de tirer contre son camp, contre la menace de généralisation de la grève au privé, en affirmant qu’il ne fallait pas que le mouvement soit trop couteux pour les salariés, que les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien que les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore qu’il suffisait de manifester les samedis sans faire grève. Sans oublier que ... la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou que le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans que l’on fasse jamais appel à l’ensemble de la classe ouvrière...

      Mais ce n’était pas aussi simple : il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation sans la pratiquer réellement...

      « Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, vendredi 10 septembre, dans « Le Monde ».

      Le 5 octobre, Bernard Thibaut déclare à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ».

      Bernard Thibaut le 7 octobre sur RTL : "Cela ( NDLR :la grève générale, précisons que cet amnésique pourrait se pencher sur l’histoire de la CGT du début du 20ème siècle pour s’apercevoir de l’énorme contre-vérité qu’il profère…) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces."

  • Des Goodyear, des CONTI il y en a partout, et partout les appels se multiplient pour que la CGT appelle à un mouvement national de grève reconductible. Il n’y a que comme ça que le gouvernement arrêtera de nous prendre pour des cons !!!

  • Dès la parution du projet de loi du gouvernement, toutes les directions syndicales y sont allé de leur indignation contre une réforme « injuste » et ont fait des contre-propositions pour que le gouvernement réécrive le texte. Bernard Thibault précise début juillet, dans divers interviews, qu’il « refuse qu’on s’inscrive dans un stratégie du tout ou rien », indiquant par là que l’objectif pouvait être d’obtenir quelques aménagements à la marge mais en aucun cas le retrait du projet et continuant à estimer qu’il faudrait des mesures pour assurer l’équilibre financier des régimes de retraites. Pendant toute la durée du conflit chacun a pu entendre que cette réforme n’avait pas été négociée, or elle l’a bel et bien été pendant plus de trois mois.

  • « Dans certains secteurs, les salariés sont disponibles pour des grèves qui ne se limiteront pas à vingt-quatre heures", a lancé M. Thibault, mais il déclarait aussi :

    "Nous entendons tous ceux qui nous disent qu’ils ne peuvent pas cumuler un grand nombre de jours de grèves »comme un bon spécialiste du double langage….

  • L’Etat policier français interdit aux salariés de se défendre contre des licenciements !!!

    Huit anciens salariés de l’usine Goodyear d’Amiens (Somme) ont été condamnés à neuf mois de prison ferme par le tribunal correctionnel d’Amiens. Ils étaient poursuivis pour la séquestration de deux cadres il y a deux ans. En janvier 2014, les salariés dénoncent la fermeture de l’usine d’Amiens et retiennent le directeur de production et le DRH de l’usine. 30 heures de bras de fer.

    Les deux cadres et la direction ont renoncé à porter plainte. C’est le parquet qui a maintenu les poursuites. "C’est clairement une attaque comme jamais le monde du travail ne l’a vécu depuis que le monde du travail existe. Jamais des salariés ou des syndicalistes n’ont été condamnés à de la prison ferme", explique Mickael Wamen, syndicaliste CGT. Dans l’usine Goodyear d’Amiens, 1 143 emplois ont été supprimés.

  • GE veut supprimer 6.500 postes dans l’ex-pôle énergie d’Alstom !!!

    On va encore se battre entreprise par entreprise, chacun dans son coin !!

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.