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Le seul gage de succès dans nos luttes : les diriger nous-mêmes

mardi 5 octobre 2010, par Robert Paris

Le seul gage de succès dans nos luttes : les diriger nous-mêmes

Sentant le vent, les centrales adaptent leur stratégie. Voyant que le mot d’ordre de journée d’action s’use, elles avancent, là où elles le sentent nécessaire pour garder la main, l’idée de la grève reconductible. Ailleurs, où la chaleur monte, elles bloquent ici un dépôt d’essence ou un terminal pétrolier, là un port ou une industrie chimique. Comme si on pouvait gagner les uns ans les autres. Nulle part, elles n’unissent dans des assemblées interprofessionnelles les infirmières aux enseignants et aux cheminots, aux dockers et aux métallurgistes. Et aucune centrale n’avance une stratégie nationale offensive. SUD peut être radical en paroles dans certains secteurs, la CGT ici, FO là, mais il n’y a pas de stratégie claire pour mener la lutte à l’échelle générale. Il ne sert à rien de s’en plaindre car, de toutes façons, c’est une illusion de penser que quelqu’un pourrait nous remplacer, nous travailleurs, pour décider de la manière de mener la lutte, des buts et des moyens. Même si les centrales étaient capables de diriger une vraie grève générale, ce ne serait nullement suffisant pour atteindre le succès dont les travailleurs ont besoin. Rien n’empêcherait ensuite les centrales de vendre chacune au prix qu’il lui plairait notre victoire, comme elles l’ont fait en 1936 et, à prix encore plus bas, en 1968.

Le nombre de travailleurs en lutte et même la radicalité des moyens et aussi la radicalité des revendications ne sont pas des garanties. Le seul moyen de garantir qu’une vraie lutte d’ampleur se développe, c’est de permettre que les travailleurs soient sûrs qu’ils ne tireront pas les marrons du feu pour des politiciens se préparant à gouverner à la place de Sarkozy mais toujours au service des capitalistes, ou pour des bureaucrates syndicaux prêts à tirer de la lutte des avantages pour leurs centrales comme en 1936, en 1945 ou en 1968.

Quels sont les moyens d’action justes, quelles sont les revendications justes, quels sont les limites que l’on compte donner au mouvement à venir, personne n’a à répondre à la place de la classe ouvrière organisée en comités, fédérée à l’échelon national, prenant elle-même ses décisions en se mobilisant dans les entreprises et les quartiers, en unissant les travailleurs du privé et du public, les travailleurs avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, jeunes et vieux, etc…

Il ne doit pas être question d’accepter les limites que mettent d’avance les dirigeants syndicaux et socialistes : un respect scandaleux devant les coffres-forts des banques, les intérêts des capitalistes appelés mensongèrement « intérêt du pays ». Il ne doit pas être question de craindre de s’en prendre aux profits des grands patrons.

Il n’est pas question de limiter la lutte aux seules retraites. Car accepter les pertes d’emplois, c’est aussi renoncer aux retraites. Accepter qu’un patron comme Alsthom supprime 4000 emplois, c’est s’incliner devant la chute des rentrées d’argent des caisses.

Il n’est pas question de rester silencieux devant le discours de Sarkozy qui prétend défendre l’industrie française en faisant croire que des travailleurs d’autres pays nous prennent notre travail. Alors que ce sont les patrons et l’Etat qui détruisent systématiquement les emplois.

Mener la lutte jusqu’au niveau où elle doit être menée exige qu’aucune organisation ne décide à la place des travailleurs organisés en comités de lutte et de grève dans tout le pays et s’unissent aux paysans ruinés, aux artisans menacés, aux chômeurs, aux jeunes futurs sans emploi, aux marisn-pêcheurs, à tous ceux que la société capitaliste rejette.

Il n’est pas question de limiter notre lutte à des revendications économiques. Nous devons affirmer que la classe ouvrière a une politique pour diriger la société et nous devons la construire, nous qui sommes dégoûtés de la politique du grand capital, des banques, des assurances, des trusts et des Etats à leur service.

Messages

  • Face au gouvernement pour lequel c’est le premier pas vers la retraite à 67 ans, préparons 68 !

    Les journées d’action ont montré leurs limites. les dirigeants syndicaux sont contraints de le reconnaitre implicitement. La journée très suivie et qui a bloqué l’économie en Espagne n’a rien donné, pas plus que les multiples journées d’action des travailleurs grecs ou que nos journées d’action en 2009 et 2010. Quant à la confiance que l’on peut faire aux dirigeants syndicaux, le lâchage récent de la grève générale d’Afrique du sud en dit long, d’autant qu’elle se place au moment même où les fonctionnaires en grève très massive et dynamique étaient suivis apr le secteur privé, notablement celui des mineurs... En France aussi, les grandes grèves géénrales ont toujours été trahies comme 36 et 68...

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