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"Grève générale, blocage de la production" est-il un slogan radical ? Qu’en pensent communistes, anarchistes et réformistes ?

mardi 5 octobre 2010, par Alex

« Grève générale, blocage de la production », c’est un des slogans que crient actuellement dans le mouvement contre la réforme des retraites ceux qui sont vus par beaucoup comme, et revendiquent ce qualificatif, d’« aile radicale du mouvement ». Parmi eux, des anarchistes, des anarcho-communistes et des communistes révolutionnaires. Ce slogan dans une manif est toujours bon à prendre, ces cortèges anars sont ceux avec qui des révolutionnaires un peu isolés ont de bonnes raison de défiler.

Mais faire de ce mot d’ordre LA différence entre les révolutionnaires et les réformistes est à mon avis une erreur.

Le mot d’ordre de « Grève générale, blocage de la production » parait certes très radical. Et si des petits noyaux de travailleurs, souhaitaient populariser ce mot d’ordre, pour aller à l’encontre de la dispersion des luttes, on ne pourrait que l’appuyer. Mais que des révolutionnaires fassent de ce mot d’ordre leur principal mot d’ordre, et le présentent comme « l’action décisive » qui fera la différence, amènera à la victoire, est à mon avis porteur d’illusion. Car il se place sur un terrain non politique, purement économique. Pour lancer le débat, trois textes sont utiles.

Le premier est de Lénine. Datant de 1901 il caractérise le courant anarchiste (un de ceux qui met en avant actuellement les mots d’ordres en question). L’ « Incompréhension du rôle de l’organisation et de l’éducation des ouvriers. » est soulignée. Or dans le mouvement actuel, dans des discussions avec des anars, dès qu’on parle de la nécessité de structurer, d’organiser le mouvement, certains bondissent à ce mot et insistent sur le fait qu’ils ne veulent pas distribuer de tracts et veulent bien parler contre l’intersyndicale, mais pas parler de comité de grève. Ils s’opposent ainsi à l’organisation d’un embryon contre-pouvoir ouvrier.

Le second texte est une des « Lettres de loin » de Lénine. Ecrit entre février et octobre 17, il montre que les différences théoriques entre communistes et anarchistes, listées dans le premier texte, se sont transformées en questions concrètes lors de la révolution. Renverser le pouvoir ne suffit pas, il faut en construire un autre, on n’échappe pas à une période intermédiaire où le prolétariat doit construire son Etat pour exercer sa « dictature » afin de détruire l’Etat de la bourgeoisie. Une vague de révoltes qui balayent le pouvoir à l’échelle d’un pays n’est qu’une première étape, la deuxième est l’organisation d’un pouvoir ouvrier. Un Février ne suffit pas, il faut préparer un Octobre. Certes le mouvement contre la réforme des retraites n’est pas le début d’une révolution, mais dans chaque grève cette question du pouvoir ouvrier, dont la cellule élémentaire est un comité auto-organisé, contrôlé par les travailleurs, dans une entreprise ou un quartier, se pose.

Ne pas structurer ce mouvement, se contenter de le faire grossir, n’est pas suffisant. Si on ne fait pas les deux en même temps (faire grossir et structurer) on ne fait que rassembler des troupes derrière le pouvoir de la bourgeoisie, même si son représentant est un dirigeant syndical.

Certains pensent que la grève générale posera par elle-même ces questions politiques car les leaders réformistes s’y opposeront forcément, donc les travailleurs prendront conscience que les directions syndicales, plus généralement les socio-démocrates sont leurs ennemis. Quelle illusion ! La CGT, le PS seraient incapables d’appeler à la grève générale ? A une prise d’arme ? C’est faux, ils en sont capables ! Ils l’ont fait à plusieurs reprises dans l’Histoire, à l’époque même où ils faisaient le lit du fascisme. Il est même probable que Thibault ou de grandes fédérations, des UD de la CGT appellent dans les semaines ou les mois prochains à une grève générale. Le but étant que les travailleurs rendus combattifs par la crise soient attirés dans le giron de la CGT.

Le troisième texte donne justement l’exemple d’une grève générale appelée et menée avec succès par les socio-démocrates en Allemagne, en 1920, alors qu’ils avaient encore le sang de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht sur les mains. Les textes en entier sont disponibles sur les sites internet marxists.org et Smolny

Premier texte : Anarchisme et Socialisme (Lénine, 1901)

Thèses :

1) en 35-40 ans (Bakounine et l’Internationale depuis 1866) d’existence (et depuis Stirner beaucoup plus longtemps) l’anarchisme n’a rien apporté sinon des généralités contre l’exploitation. Ces phrases sont en usage depuis plus de 2000 ans. Il manque :

a. la compréhension des causes de l’exploitation ;

b. la compréhension du développement de la société qui conduit au socialisme ;

c. la compréhension de la lutte des classes comme force créatrice de la réalisation du socialisme.

2) La compréhension des causes de l’exploitation. La propriété privée, base de l’économie marchande. La propriété sociale des moyens de production. Nil dans l’anarchisme. L’anarchisme, c’est un individualisme bourgeois à l’envers. L’individualisme, base de toute la philosophie de l’anarchisme. Défense de la petite propriété et de la petite exploitation rurales. Keine Majorität Négation de la force d’union et d’organisation du pouvoir.

3) Incompréhension du développement de la société — rôle de la grande production — du développement du capitalisme en socialisme. (L’anarchisme est la conséquence du désespoir. Mentalité de l’intellectuel à la dérive ou du va-nu-pieds, mais non du prolétaire.)

4) Incompréhension de la lutte de classe du prolétariat. Négation absurde de la politique dans la société bourgeoise. Incompréhension du rôle de l’organisation et de l’éducation des ouvriers.

Comme panacée, des moyens unilatéraux, détachés du contexte.

5) Dans l’histoire récente de l’Europe, quel résultat a donné l’anarchisme qui régnait auparavant dans les pays latins ? Aucune doctrine, aucun enseignement révolutionnaire, aucune théorie. Morcellement du mouvement ouvrier. Fiasco complet des expériences de mouvement révolutionnaire (proudhonisme 1871, bakouninisme 1873) . Soumission de la classe ouvrière à la politique bourgeoise sous couleur de rejeter toute politique.

Deuxième texte : Lénine Lettres de loin (n°3, 24 mars 1917)

(…) Camarades ouvriers ! Vous avez accompli hier, en renversant la monarchie tsariste, des prodiges d’héroïsme prolétarien. Vous aurez nécessairement, dans un avenir plus ou moins rapproché (peut-être même le faites-vous déjà au moment où j’écris ces lignes), à accomplir de nouveau les mêmes prodiges d’héroïsme pour renverser le pouvoir des grands propriétaires fonciers et des capitalistes qui mènent la guerre impérialiste. Vous ne pourrez remporter une victoire durable, dans cette seconde et « véritable » révolution, si vous n’accomplissez pas des prodiges d’organisation prolétarienne !

Le mot d’ordre de l’heure, c’est l’organisation. Mais s’en tenir là ne voudrait encore rien dire, car, d’une part, l’organisation est toujours nécessaire, et se borner à affirmer la nécessité d’« organiser les masses » n’explique donc encore absolument rien ; d’autre part, quiconque s’en tiendrait là ne serait qu’un sous-fifre des libéraux, car les libéraux, précisément, désirent pour asseoir leur domination que les ouvriers n’aillent pas au-delà des organisations habituelles, « légales » (du point de vue de la société bourgeoise « normale »), c’est-à-dire que les ouvriers s’inscrivent, sans plus, à leur parti, à leur syndicat, à leur coopérative, etc., etc. (…)

Les ouvriers ont compris, grâce à leur instinct de classe, qu’en période de révolution il leur faut une organisation toute différente, autre qu’une organisation ordinaire ; ils se sont engagés avec juste raison dans la voie indiquée par l’expérience de notre révolution de 1905 et de la Commune de Paris de 1871 ; ils ont créé le Soviet des députés ouvriers, ils se sont mis à le développer, à l’élargir, à l’affermir en y faisant participer des députés des soldats ainsi que, sans aucun doute, des députés des ouvriers salariés agricoles, et puis (sous telle ou telle autre forme) de tous les paysans pauvres.

La fondation de telles organisations dans toutes les localités de la Russie sans exception, pour toutes les professions et toutes les couches, sans exception, de la population prolétarienne et semi-prolétarienne, c’est-à-dire pour tous les travailleurs et tous les exploités, si l’on veut user d’une expression moins précise au point de vue économique, mais plus populaire, - telle est la tâche la plus importante et la plus urgente. J’indique par anticipation que notre Parti (j’espère pouvoir exposer dans une de mes prochaines lettres son rôle particulier dans les organisations prolétariennes de type nouveau) doit recommander instamment à toute la masse paysanne de former des Soviets d’ouvriers salariés, et ensuite de petits agriculteurs qui ne vendent pas leur blé, distincts de ceux des paysans aisés ; faute de quoi, il serait impossible de pratiquer d’une façon générale [3] une politique vraiment prolétarienne ni d’aborder correctement une question pratique d’importance capitale, une question de vie ou de mort pour des millions d’hommes : la répartition rationnelle du blé, l’accroissement de sa production, etc. Mais, demandera-t-on, que doivent faire les Soviets des députés ouvriers ? Ils « doivent être considérés comme les organes de l’insurrection, comme les organes du pouvoir révolutionnaire », écrivions-nous dans le n° 47 du Social-Démocrate de Genève, daté du 13 octobre 1915 [4].

Ce principe théorique, tiré de l’expérience de la Commune de 1871 et de la révolution russe de 1905, doit être expliqué et concrétisé à partir des indications pratiques fournies précisément par l’étape actuelle de la révolution actuelle de Russie.

Les ouvriers ont compris, grâce à leur instinct de classe, qu’en période de révolution il leur faut une organisation toute différente, autre qu’une organisation ordinaire ; ils se sont engagés avec juste raison dans la voie indiquée par l’expérience de notre révolution de 1905 et de la Commune de Paris de 1871 ; ils ont créé le Soviet des députés ouvriers, ils se sont mis à le développer, à l’élargir, à l’affermir en y faisant participer des députés des soldats ainsi que, sans aucun doute, des députés des ouvriers salariés agricoles, et puis (sous telle ou telle autre forme) de tous les paysans pauvres.

La fondation de telles organisations dans toutes les localités de la Russie sans exception, pour toutes les professions et toutes les couches, sans exception, de la population prolétarienne et semi-prolétarienne, c’est-à-dire pour tous les travailleurs et tous les exploités, si l’on veut user d’une expression moins précise au point de vue économique, mais plus populaire, - telle est la tâche la plus importante et la plus urgente. J’indique par anticipation que notre Parti (j’espère pouvoir exposer dans une de mes prochaines lettres son rôle particulier dans les organisations prolétariennes de type nouveau) doit recommander instamment à toute la masse paysanne de former des Soviets d’ouvriers salariés, et ensuite de petits agriculteurs qui ne vendent pas leur blé, distincts de ceux des paysans aisés ; faute de quoi, il serait impossible de pratiquer d’une façon générale [3] une politique vraiment prolétarienne ni d’aborder correctement une question pratique d’importance capitale, une question de vie ou de mort pour des millions d’hommes : la répartition rationnelle du blé, l’accroissement de sa production, etc. (…)

Nous avons besoin d’un pouvoir révolutionnaire, nous avons besoin (pour une certaine période de transition) d’un Etat. C’est ce qui nous distingue des anarchistes. La différence entre marxistes révolutionnaires et anarchistes ne tient pas seulement au fait que les premiers sont partisans de la grande production communiste centralisée, et les seconds de la petite production morcelée. Non, la différence porte précisément sur la question du pouvoir, de l’Etat : nous sommes pour l’utilisation révolutionnaire des formes révolutionnaires de l’Etat dans la lutte pour le socialisme ; les anarchistes sont contre.

Nous avons besoin d’un Etat. Mais non pas tel que l’a créé partout la bourgeoisie, depuis les monarchies constitutionnelles jusqu’aux républiques les plus démocratiques. Et c’est ce qui nous sépare des opportunistes et des kautskistes des vieux partis socialistes en voie de putréfaction, qui ont déformé ou bien oublié les enseignements de la Commune de Paris et l’analyse qu’en ont donnée Marx et Engels [5]. Nous avons besoin d’un Etat, mais pas de celui qu’il faut à la bourgeoisie et dans lequel les organes du pouvoir tels que la police, l’armée et la bureaucratie (le corps des fonctionnaires) sont séparés du peuple, opposés au peuple. Toutes les révolutions bourgeoises n’ont fait que perfectionner cette machine d’Etat et la faire passer des mains d’un parti dans celles d’un autre.

Le prolétariat, lui, s’il veut sauvegarder les conquêtes de la présente révolution et aller de l’avant, conquérir la paix, le pain et la liberté, doit « démolir », pour nous servir du mot de Marx, cette machine d’Etat « toute prête » et la remplacer par une autre, en fusionnant la police, l’armée et le corps des fonctionnaires avec l’ensemble du peuple en armes. En suivant la voie indiquée par l’expérience de la Commune de Paris de 1871 et de la révolution russe de 1905, le prolétariat doit organiser et armer tous les éléments pauvres et exploités de la population, afin qu’eux-mêmes prennent directement en main les organes du pouvoir d’Etat et forment eux-mêmes les institutions de ce pouvoir.

Or, les ouvriers de Russie sont entrés dans cette voie dès la première étape de la première révolution, en février-mars 1917. Le tout maintenant est de bien comprendre ce qu’est cette voie nouvelle et de continuer à la suivre avec hardiesse, fermeté et ténacité.

Troisième texte : grève générale appelée par les réformistes contre le putsch de Kapp en mars 1920 en Allemagne

Kapp : De 1906 à 1920, il occupe un poste de haut fonctionnaire en Prusse orientale. Ardent défenseur des valeurs impériales, il fonde (1916) un petit parti conservateur, le « Vaterlandspartei ». Lié au milieu Junker (noblesse terrienne, les féodaux de l’Est de la Prusse), il accepte d’être le civil qui conduira le gouvernement mis en place après le putsch du général von Lüttwitz (qui était sous les ordres de Noske en janvier 1919), qu’on appellera donc « putsch de Kapp ».

La partie la plus réactionnaire de l’armée occupe Berlin, du 12 au 13 mars 1920, le gouvernement ayant fui à Dresde. Ce coup d’Etat, s’appuyant sur des Corps francs qui craignent d’être “licenciés” par l’application du traité de Versailles, est une tentative pour brûler les étapes en reconstituant un régime conservateur fort.

Mais le vieux président des syndicats, l’ultraréformiste Legien lance le mot d’ordre de grève générale, ce même 13 mars. Toute l’Allemagne, à l’initiative des plus radicaux, se couvre à nouveau d’organes ouvriers, de conseils exécutifs, de milices qui attaquent les troupes pour s’emparer de leurs armes. Et, malgré la déclaration de Kapp : « Tous ceux qui ne se présenteront pas au travail seront fusillés », il n’y a jamais eu de grève générale plus absolue.

Le coup d’Etat est donc de courte durée en raison du manque de soutien de la bureaucratie ministérielle qui refuse d’appliquer les décrets des putschistes, mais surtout en raison de la grève générale.

Legien Carl ( 1861 - 1920 )

Leader syndicaliste allemand Né dans une famille pauvre, orphelin très jeune, il commence à 14 ans son apprentissage de tourneur sur bois. En 1885, il adhère au SPD, en pleine période de lois d’exception. Grâce à son talent d’organisateur, il réussit à regrouper des unions dispersées et à former une Association des tourneurs sur bois d’Allemagne. Après 1890 (fin des lois antisocialistes), le mouvement syndical se développe rapidement et, à moins de trente ans, Legien est nommé président de la Commission générale des syndicats.

Pour Legien, comme pour bon nombre de dirigeants syndicaux « pragmatiques », c’est par une politique « concrète » de réformes et non par la révolution que se fera l’émancipation du prolétariat. La Commission générale des syndicats se montra avec l’accroissement des effectifs (300 000 en 1892, un million deux cent mille syndiqués en 1905) de plus en plus légaliste. C’est ainsi que la direction des syndicats met brusquement fin à la grève qui avait éclaté spontanément dans les mines de la Rhur en janvier 1905. Et, au congrès du Parti (à Iéna), Legien se déclare hostile à la grève de masse, par souci de ne pas effrayer les classes dirigeantes et ainsi éviter un bain de sang. Les syndicats, au fur et à mesure de leur montée en puissance, sont de plus en plus enclins à faire valoir leur ligne réformiste contre certaines directives du SPD jugées « dangereusement marxistes ». Au congrès de Mannheim, même si le Parti gardait le droit théorique de définir la ligne politique, les syndicats obtenaient le droit de juger de l’opportunité ou non de l’usage de la grève de masse. Legien vit ici confirmer non seulement l’autonomie syndicale, mais aussi son rang comme partenaire à égalité de droits.

En 1914, il se montra partisan résolu de l’Union sacrée. Dans un livre qu’il publia en 1915 ( Die Arbeiterschaft im neuen Deutschland ), Legien écrit : « A aucun instant, la classe ouvrière n’a hésité à se mettre, dans ces temps difficiles, au service de la collectivité, au même titre qu’elle tendait jusqu’alors à servir les intérêts de la masse ouvrière. »

En avril 1917, les dirigeants syndicaux se déclarèrent prêts à soutenir le gouvernement dans sa lutte contre le mouvement de grève qui grandissait, en échange de concessions sur les salaires et des améliorations du rationnement alimentaire.

Le nom de Legien reste attaché à l’accord, connu sous le nom de Zentralarbeitsgemeinschaft, avec les associations patronales (15 novembre 1918). Cet accord instituait la journée de travail de huit heures, des comités paritaires réglants les différends patronat-salariat ... mais ne touchait pas la propriété privée des entreprises. C’était surtout un moyen de couper l’herbe sous les pieds de la radicalisation du prolétariat. En 1919, Legien combattit l’opposition syndicale qui s’amplifiait ; il fut aussi élu à la présidence de la nouvelle Ligue générale des syndicats allemands (ADGB) ainsi qu’à l’Assemblée constituante.

Il joue un rôle de premier plan lors du putsch de Kapp (13 mars 1920). Il prend alors l’initiative d’appeler à la grève générale, grève qui confirma de façon éclatante la force de la classe ouvrière, le putsch échouant au bout de quatre jours. L’homme qui incarne des décennies de collaboration de classes passe dans la clandestinité et se révèle alors plus proche des masses que les dirigeants communistes qui déclarent : « La classe ouvrière, hier encore chargée de fers par Ebert-Noske, désarmée, dans les pires conditions, est incapable d’agir. Nous croyons que notre devoir est de parler clair. La classe ouvrière entreprendra la lutte contre la dictature militaire dans les circonstances et avec les moyens qu’elle jugera propres. Ces circonstances ne sont pas encore réunies. » (Die Rote Fahne, 14 mars).

Legien réclama la mise à pied de Noske, le châtiment des rebelles et la formation d’un gouvernement comprenant majoritaires (SPD), indépendants (USPD) et syndicalistes chrétiens. Il obtint simplement le départ de Noske. .

La suite

Messages

  • Engels sur la grève générale

    « La grève générale est, dans le programme de Bakounine, le levier qui sert à déclencher la révolution sociale. Un beau matin tous les ouvriers de toutes les entreprises d’un pays ou même du monde entier abandonnent le travail, obligeant ainsi, en quatre semaines tout au plus, les classes possédantes soit à capituler, soit à attaquer les ouvriers, si bien que ceux-ci auraient le droit de se défendre, et par la même occasion d’abattre la vieille société tout entière. Cette suggestion est bien loin d’être une nouveauté : des socialistes français et à leur suite des socialistes belges, ont, depuis 1848, souvent enfourché ce cheval de bataille qui, à l’origine, est de race anglaise. Au cours du développement rapide et vigoureux du chartisme parmi les ouvriers anglais, à la suite de la crise de 1837, on prêchait dès 1839, le « saint mois », la suspension du travail à l’échelle de la nation [1], et cette idée avait trouvé un tel écho que les ouvriers du nord de l’Angleterre tentèrent en juillet 1842 de la mettre en pratique. Le Congrès des Alliancistes à Genève, le 1° septembre 1873, mit également à l’ordre du jour la grève générale. Simplement tout le monde admettait qu’il fallait pour la faire que la classe ouvrière soit entièrement organisée et qu’elle ait des fonds de réserve. C’est là précisément que le bât blesse. D’une part les gouvernements, surtout si on les encourage par l’abstention politique, ne laisseront jamais arriver à ce stade ni l’organisation ni la trésorerie des ouvriers ; et d’autre part les événements politiques et les interventions des classes dominantes amèneront l’affranchissement des travailleurs bien avant que le prolétariat ne parvienne à se donner cette organisation idéale et ce fonds de réserve gigantesque. Par ailleurs, s’il les possédait, il n’aurait pas besoin du détour de la grève générale pour parvenir à son but"

  • Léon Trotsky dans « Terrorisme et communisme » :

    « La grève générale ne peut avoir d’influence décisive que si elle est le prélude d’un conflit entre le prolétariat et la force armée de l’ennemi, c’est-à-dire d’une insurrection. Le prolétariat ne peut trancher le problème du pouvoir, problème fondamental de toute révolution, qu’en brisant la volonté de l’armée qu’on lui oppose. La grève générale entraîne des deux côtés la mobilisation et permet une première appréciation sérieuse des forces de résistance de la contre-révolution, mais seuls les développements ultérieurs de la lutte, après le passage à l’insurrection armée, déterminent le prix du sang que doit coûter au prolétariat la conquête du pouvoir. »

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