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Editorial 07-08-2010 - Non à l’insécurité !

dimanche 8 août 2010, par Robert Paris

Non à l’insécurité... sociale ! !

C’est le slogan favori du chef de l’Etat qui en parle à toutes les sauces et prétend l’assurer en s’attaquant aux banlieues, aux sans papiers ou encore aux gens du voyage.

Cela ne veut pas dire que l’insécurité recule en France… Car l’insécurité qui est la base de toutes les insécurités est l’insécurité sociale et d’abord celle de l’emploi. Non seulement une fraction grandissante de la population ne possède pas d’emploi et n’a même pas d’espoir d’en avoir un, mais une fraction grandissante n’a que des emplois précaires. Tous les salariés se sentent aujourd’hui sur des sièges éjectables, licenciables à tout moment, et cela devient vrai également pour les fonctionnaires avec la faillite de l’Etat, grevé de dettes par ses aides massives aux capitalistes qui n’ont pas cessé depuis 2008 et se poursuivent avec le "grand emprunt" qui ne sert encore qu’à faire des cadeaux aux trusts nucléaires, pharmaceutiques ou de la téléphonie et de la finance. Tous les jours des emplois sont supprimés, diminuant d’autant les possibilités des jeunes et les possibilités de réemploi des salariés licenciés. L’insécurité de l’emploi signifie aussi celle des revenus, du logement, de l’électricité, du gaz, de la santé... C’est également les suppressions d’emplois qui grèvent les rentrées des caisses de retraite. Et la remise en cause des retraites est encore un motif supplémentaire d’insécurité sociale pour l’avenir...

Le cas de la santé est lui aussi parlant. Ainsi, des accouchements ont eu lieu sur des routes du fait de la suppression d’hôpitaux de province, ou de leurs services maternité ou chirurgie. Cinquante quatre nouvelles fermetures de services chirurgicaux d’hôpitaux sont d’ailleurs programmées par le gouvernement. D’autres fermetures de services maternité sont prévues dans tout le pays, y compris à Paris. La rentabilisation de l’hôpital public est une destruction organisée systématiquement. Les risques pour les malades se multiplient. Tous ceux qui ont fait récemment un tour à l’hôpital le savent aussi bien que les professionnels de santé. Les suppressions d’emplois concernent aussi bien les personnels de santé que les postiers, les cheminots ou les enseignants. Les services des crèches sont également frappés par le non-remplacement des retraités par des personnels qualifiés.

Après les nouveaux-nés et les tout-petits, c’est toute la jeunesse scolarisée qui est menacée par la dégradation des conditions d’enseignement dont la réduction des effectifs d’enseignants n’est qu’un signe. Quant aux perspectives de cette jeunesse, elles sont du même acabit : les entreprises réduisent sans cesse les emplois et les embauches en fixe deviennent une denrée rare. Comment des jeunes non qualifiés et sans expérience pourraient-ils parvenir à trouver des emplois mieux que des salariés qui avaient déjà des emplois en fixe avec une vraie qualification et qui les perdent su fait des licenciements.
Au moment même où on prétend imposer aux salariés de partir en retraite de plus en plus tard, les travailleurs ne parviennent pas à rester en activité ou à retrouver un emploi après 50 ans. Les jeunes ont, tout au plus des emplois précaires et au rabais. La jeunesse universitaire n’est pas mieux traitée puisqu’elle vient de perdre une aide au logement. Même les plus qualifiés des étudiants, ceux qui ont réussi dans leurs études, sont condamnés à l’insécurité de l’emploi : les postulants enseignants-chercheurs n’ont que des emplois précaires et ne parviennent pas à trouver d’emploi fixe. La jeunesse est loin d’être la seule à ressentir la menace sociale. Tous les travailleurs, aujourd’hui se sentent menacés par le chômage et la misère, qu’ils travaillent dans le public ou dans le privé.

A l’insécurité de l’emploi s’ajoute toutes les autres insécurités sociales : celle de la santé, celle du logement, celle des retraites et on en passe… S’il y a de plus en plus de travailleurs, de précaires, de chômeurs qui se retrouvent dans des roulottes, c’est bien à cause la misère qui touche maintenant même ceux qui ont du travail. Bien entendu, ces insécurités ne sont pas celles dont parle le gouvernement et les responsables de ces situations souvent dramatiques, qui détruisent tous les jours des familles entières, ne sont certainement pas ni les Roms, ni les gens du voyage, ni les jeunes de banlieue, ni les Français d’origine étrangère.

Ces derniers ne sont pas ceux qui suppriment les emplois, ce n’est pas eux qui ponctionnent le budget de l’Etat pour en faire un véritable gruyère, qui piquent dans les caisses des banques et des assurances au point qu’elles peuvent s’écrouler demain à la moindre crise financière. Ce n’est pas eux qui sont dans les paradis fiscaux, qui se débrouillent pour détourner des milliards du paiement de l’impôt. Ce n’est encore pas eux qui ont reçu des dizaines et centaines de milliards depuis 2008, ni ceux qui vont bénéficier des aides prévues avec le nouvel emprunt national lancé par le gouvernement. Ces derniers sont au contraire les destructeurs des emplois, les responsables de la faillite de 2008, ceux qui ponctionnent de l’argent de l’Etat : les sociétés du CAC40, des grandes banques, des assurances, des grands trusts. Ce sont les classes dirigeantes et pas seulement les politiciens de droite qui détruisent non vie et notre sécurité.

Mais cela, les réformistes de la gauche ne veulent pas le dire. Ils dénoncent le gouvernement mais ne démasquent pas, derrière, les intérêts des grands capitalistes. Ils voudraient nous faire croire que l’objectif des gouvernants actuels est de développer une dérive sécuritaire par idéologie de droite et buts électoralistes. Seulement l’objectif du gouvernement va bien au-delà de la satisfaction de battre la gauche aux prochaines élections. L’objectif de la campagne de Sarkozy, bien au-delà de la lutte électorale contre la gauche, provient de la nécessité de détourner le mécontentement populaire lié à la crise qui ne pourra que monter avec les mesures de rigueur rendant la vie de plus en plus dure et sans sécurité. Opposer diverses fractions de la classe ouvrière pour les empêcher de s’unir et de se retourner contre les vrais responsables, voilà un objectif qui n’est pas seulement celui de la droite politicienne, mais surtout celui des classes dirigeantes. Ce n’est pas eux que la gauche dénonce.
Ce n’est pas eux que le gouvernement accuse, que la police matraque. Tous les Madoff qui sévissent en France ne connaissent pas la prison, ni même une enquête. Ils ne sont surtout pas accusés ni condamnés pour avoir fait plonger toute la société en 2008. Non, c’est nous qui sommes condamnés à payer pour eus. Le gouvernement aurait une dérive raciste ? Dire cela serait contribuer à faire croire que le gouvernement défendrait « les Français » contre une menace venue de l’étranger.

Pourquoi le gouvernement s’attaque-t-il aux Roms, aux sans papiers, aux gens du voyage, aux banlieues ou aux Musulmans ? Par racisme ? Pas seulement... Il s’agit de diviser la population travailleuse et d’opposer une fraction à une autre. il s’agit de faire passer les dérives policières, xénophobes et racistes pour une défense des "braves gens", des gens tranquilles qui n’ont rien à se reprocher et qui seraient menacés par de plus pauvres qu’eux, afin de camoufler qu’ils sont en fait menacés par les grands capitalistes et leurs système. Il s’agit ainsi de faire accepter, de banaliser, des opérations policières qui finiront par se retourner contre tous les travailleurs, ceux qui occupent leur usine contre des licenciements, ceux qui revendiquent et font grève. Avec la crise, les classes dirigeantes ont besoin que l’Etat reprenne l’habitude de matraquer, d’arrêter les travailleurs, les syndicalistes, les milieux populaires.

Cette attaque est politique. C’est une démarche en direction des milieux moyens, pour leur montrer que l’Etat ne rechigne pas à frapper les plus démunis. Et cette attaque politique, pour discréditer les travailleurs, ne connait aucune réponse. La seule réponse est celle de la gauche selon laquelle ... il faudra bien voter aux prochaines élections : le blabla habituel. Quant aux centrales syndicales, elles jouent le corporatisme comme si les travailleurs n’étaient concernés que par la défense d’intérêts boutiquiers et ne devaient pas donner une perspective sociale d’ensemble à la société.

Ce gouvernement n’est pas seulement raciste et xénophobe : ne déteste pas tous les étrangers… Il vient de se féliciter d’avoir fait de la France le meilleur refuge pour les capitaux étrangers. Ce n’est pas les étrangers qu’attaque le gouvernement, ce sont les travailleurs de toutes nationalités et de toutes origines… Quand il frappe les sans papiers, c’est une manière de frapper les travailleurs en espérant que la plupart des travailleurs avec papiers ne réaliseront pas que c’est eux qu’on frappe. Quand il provoque les banlieues, il espère que les travailleurs se sentiront menacés par la révolte des jeunes de banlieue. Non, les seuls que défend le gouvernement, comme les gouvernements de droite, c’est les profiteurs, les capitalistes, de toutes les origines. Et sa manière de le faire consiste à opposer jeunes et vieux, Français et étrangers, avec ou sans papiers, avec ou sans CDI, avec ou sans emploi, Français d’origine ou pas.
Derrière cette démagogie populiste et xénophobe, il y a une tentative de défendre les intérêts des capitalistes que la gauche réformiste prétend ne pas voir car elle-même veut défendre au gouvernement les intérêts de la même classe dirigeante. Or, pour défendre les retraites, les emplois et toute la vie sociale, il est impossible de ne pas s’y attaquer. Inversement, si les réformistes parviennent à nous convaincre de nous en tenir à des petites mobilisations comme ils sont en train de le faire pour les retraites, cela laissera la place à une politique des capitalistes pour dégrader toute la société et l’amener à la même barbarie qu’après la crise de 1929.
Nous avons d’autres solutions.

Contre les suppressions d’emplois, occupons les usines !
Contre la xénophobie, affirmons l’internationalisme prolétarien !
Interdisons les expulsions et les licenciements sous peine de réquisition !

Contre l’insécurité financière qui menace toute la société dans l’attente apeurée de la prochaine crise, décrétons la saisie des capitaux financiers !

Contre les menaces de dérives violentes de la société, travailleurs, prenons le pouvoir et ôtons-le aux puissances du capital !
Notre avenir est entre nos mains si nous sommes conscients des enjeux. Notre sécurité à nous, travailleurs, personne ne la défendra à notre place. Et pour cela ne craignons pas, contrairement à la gauche réformiste, de nous attaquer au capital qui nous attaque et s’apprête à nous tuer.

Messages

  • Contre les suppressions d’emplois, occupons les usines !

    Contre la xénophobie, affirmons l’internationalisme prolétarien !

    Interdisons les expulsions et les licenciements sous peine de réquisition !

    Contre l’insécurité financière qui menace toute la société dans l’attente apeurée de la prochaine crise, décrétons la saisie des capitaux financiers !

    Contre les menaces de dérives violentes de la société, travailleurs, prenons le pouvoir et ôtons-le aux puissances du capital !

  • Oui !

    Les responsables de l’insécurité du logement, de la santé, de l’emploi, du salaire, de la précarité grandissante de la vie sociale due à la casse des services publics et à la crise du capitalisme ne sont pas les Roms, ni les gens du voyage, ni les sans papiers, ni les Musulmans, mais les capitalistes et l’Etat à leur service.

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