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"L’effet de serre - Allons-nous changer de climat ?" de Le Treut et Jancovici

samedi 3 avril 2010, par Robert Paris

Les propos des partisans actifs de la thèse du réchauffement climatique ayant pour origine l’activité humaine montrent à quel point on est sorti du véritable débat scientifique. Il s’agit d’enjeux de pouvoir et d’argent au sein de la société capitaliste. Ce qui est en cause, c’est de présenter le nucléaire comme énergie propre car ne produisant pas du CO² et de faire croire que la décroissance de l’économie et les sacrifices qui en découlent serait causés par la défense de la planète nécessitée par le fameux réchauffement.

Même si certains scientifiques n’en ont honnêtement pas conscience, ce qui est probablement le cas des deux auteurs cités, ils sont actuellement instrumentalisés en vue de but très différents de ceux de leurs recherches et amenés à justifier une thèse qui n’a rien à voir avec de simples résultats de mesures et de modélisations....

L’exemple qui est pris ici est l’ouvrage commis par deux scientifiques et qui pourtant s’éloigne considérablement du "sérieux scientifique".... "L’effet de serre - Allons-nous changer de climat ?" de Le Treut et Jancovici.

La question que pose le titre suggère déjà la réponse. En effet, est-ce qu’un changement de climat est un changement du climat ? Il faudrait supposer qu’autrefois le climat ne changeait pas... naturellement et qu’il s’agit cette fois d’un changement artificiel...

Y avait-il eu autrefois un climat stable qui n’existerait plus aujourd’hui ? Non ! Le titre est déjà tout un programme.

La thèse centrale est exposée en avant-propos :

"Les travaux publiés depuis plusieurs années sont clairs : selon la très grande majorité des chercheurs, la croissance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère rend inéluctable un réchauffement global de la planète. Réchauffement qui est amené à se manifester notamment par des crises climatiques sporadiques d’abord, puis de plus en plus fréquentes."

On note déjà les ingrédients maintenant classiques : "la majorité" remplace les arguments. On ne se contente pas de mesurer mais on prédit. On ne donne pas les arguments adverses. On donne du poids aux arguments en affirmant que l’affaire est entendue. On sait déjà qu’il va se passer des catastrophes. Et... ce n’est pas vrai !!!! Il n’y a pas d’étude scientifique qui permette d’aller jusque là. C’est un effet de coup de force pour bouger l’opinion !!!

Le texte continue ainsi :

Si certains effets demeurent par nature imprévisibles, ou tout au moins difficilement prévisibles, d’autres sont déjà bien évalués."

Et voilà nos auteurs se lançant vers une évocation d’épisodes de chaleur excessive que nous avons connu qui n’ont absolument rien d’une évolution générale ni qui se situerait au niveau recherché, c’est-à-dire climatologique et non météorologique. Un peu comme si on disait que le dernier froid de l’hiver prouvait qu’on entrait dans une glaciation !!!

Ils écrivent :

"Diverses publications scientifiques ont mis en évidence le risque de surmortalité due à des épisodes caniculaires en Europe, la surmortalité étant l’une des conséquences les plus directes d’une brusque augmentation des températures."

Peuvent-ils se permettre de prétendre que cette canicule ait le moindre rapport avec un réchauffement global ? Absolument pas ! Alors, quel sens a cette évocation de la canicule dans un ouvrage sur le réchauffement. Donner une impression forte.

Les auteurs sont quand même contraints d’écrire ensuite :

"Ces vagues de chaleur successives relevaient bel et bien du possible, quelles que soient leurs causes - la notion même de cause est ambiguë s’agissant d’un événement météorologique ponctuel."

Qu’en concluez-vous ? Que cela a avoir avec le réchauffement global ? Mais qu’ils ne se permettent pas de le dire franchement. Et la phrase suivante annonce : "Pourquoi la parole des scientifiques et des experts n’a-t-elle pas été mieux portée jusqu’à présent."

Au fait, c’est quoi des experts qui en seraient pas des scientifiques ?

En tout cas, il s’agit de prendre à témoin l’opinion de faits qu’elle connait (la canicule) et de les attribuer sans le dire (et sans y croire) au réchauffement global. C’est malhonnête... Il n’y a aucun lien de cause à effet, le texte lui-même montre que ces auteurs le savent.

On arrive très rapidement à l’idée : il y a un phénomène essentiel c’est l’augmentation de la température globale.

On ne sait pas où elle est mesurées, depuis quand, est-ce au milieu des océans, est-ce dans les déserts, est-ce seulement dans les grandes villes et depuis quand ? Que signifie une moyenne des températures ? Est-ce dans l’eau, à quelle profondeur ? Est-ce dans la masse de la terre ? A quelle profondeur ? Pourquoi est-ce seulement aux différents niveaux de l’atmosphère ? Pourquoi ne pas comparer les deux ? Parce que l’on n’a pas ces données du tout !!! Mais ces auteurs se contentent de faire silence sur ces questions.

Est-ce que des dizaines d’années de climatologie ont considéré que la température moyenne globale était un paramètre pertinent ? La réponse est non mais ces auteurs n’en disent rien...

On commence seulement par écarter dans cet ouvrage d’un revers de main d’autres causes potentielles d’un réchauffement :

"La chaleur dégagée par le centre de la Terre, qui résulte de la radioactivité naturelle, est très largement négligeable dans ce processus."

Ah bon ! On en a la mesure ? C’est combien ? Qui a été dans les failles des fosses marines pour y faire les mesures ? De quand datent-elles ? Où sont les comparaisons ?

Négligeable pour la masse de la terre ou pour l’atmosphère ?

Demandez à des mineurs sud-africains qui descendent un tout petit peu au dessous du niveau zéro. Est-ce qu’ils connaissent une augmentation négligeable de la température ? Certainement pas !

Est-ce qu’il y a des éruptions volcaniques massives sous-marines plus ou moins importantes et fréquentes. Les auteurs ne le savent pas et s’en moquent...

Ils écrivent :

"A l’échelle de milliers, voire de millions d’années, la température de la Terre se révèle très stable, la variation n’excédant pas quelques degrés."

D’un côté une sous-estimation des variations passées et de l’autre ...

Pour aggraver l’impression de gravité de la situation due à l’activité humaine, Le Treut et Jancovici lancent une affirmation évidemment fausse

Et ils rajoutent :

"Certes, le climat de la planète n’a jamais varié suffisamment pour menacer le développement de la vie sur Terre, mais certaines fluctuations ont malgré tout marqué fortement l’histoire de nos paysages, de la faune et de la flore qui les habitent, ainsi que des premiers hommes."

Tout cela pour expliquer que cette fois, c’est l’homme qui menace la vie, ce que, prétendent-ils, la nature ne faisait pas...

C’est bien entendu faux, il y a eu, naturellement, avant que l’activité humaine existe, des aléas climatiques qui ont produit des extinctions massives du vivant (allant jusqu’à plus de 90% des espèces) et qui ont détruit une très grande partie des êtres vivants. La volonté de dramatisation de la situation actuelle amène a effacer les effets des aléas historiques du climat...

On le constate dans la suite du texte qui, analysant le passé climatique, conclue :

"En résumé, l’histoire climatique de la Terre ne doit pas nous faire espérer que les fluctuations naturelles du climat pourront un jour contrecarrer les conséquences d’une intensification de l’effet de serre : les chances sont faibles ou nulles"

Difficile de relever toute les absurdités de cette phrase tant il y en a.

Disons seulement que des chances n’ont rien à faire ici. La probabilité ne peut aider à résoudre de tels problèmes. Chaque scénario qui s’est produit sur terre (comme par exemple l’apparition de la vie) avait une probabilité nulle et pourtant cela s’est produit...

Absolument rien d’un vrai raisonnement.

Est-ce que les fluctuations naturelles ont permis de réduire une augmentation bien plus considérable que un degré d’augmentation ? Certes !

Que dit cet historique :

"Pendant plusieurs milliards d’années, la Terre a ainsi connu des successions d’âge glaciaires dont on sait peu de chose, et des phases plus chaudes."

Donc on ne sait pas expliquer les phases passées malgré tous les modèles du GIEC et on sait pas plus expliquer les phases récentes comme le reconnait cet ouvrage :

"Le "petit âge glaciaire" (...) désigne les conditions plus froides qui ont marqué le 17ème et le 18ème siècle. (...) Une des causes possibles est la fluctuation de l’intensité du rayonnement solaire."

Notez : une des causes possibles... On ne le sait pas.

Par contre, on lance de grandes affirmations sur la futur... du type de "Réchauffement qui est amené à se manifester notamment par des crises climatiques sporadiques d’abord, puis de plus en plus fréquentes.", sans en savoir davantage !

Après avoir affirmé que le réchauffement est l’élément déterminant de l’analyse actuelle de l’évolution climatique, ils écartent d’un revers de main toute autre possibilité que celle de la cause humaine :

"Une diminution de l’activité solaire constitue aussi une explication parmi d’autres du relatif refroidissement des années 1950 et 1960. (remarque de matière et révolution : donc on n’a aucune interprétation de la part de ces auteurs !) Un regain d’activité solaire na parait toutefois pas suffisant pour rendre compte du réchauffement rapide des dernières décennies." On remarquera que cette affirmation n’est étayée d’aucun argument puisqu’il n’y a pas un mot supplémentaire sur ce thème pourtant important vu que c’est l’essentielle thèse adverse...

La seule remarque rajoutée en fin de paragraphe dit : "Ces propositions restent pour l’instant de nature spéculative."

Si on appelle cela une discussion sérieuse ....

Bien des commentaires laissent entendre que l’effet de serre piégerait immanquablement l’énergie solaire, alors qu’il est évident que, si c’était le cas, la Terre aurait depuis belle lurette augmenté inéluctablement de température de façon irréversible. Et c’est loin d’être le cas. Cela signifie qu’il y a bel et bien des rétroactions qui augmentent inversement la perte d’énergie. L’effet de serre considéré comme une action à sens unique n’existe pas. Et les auteurs sont bien obligés d’admettre que le principal gaz à effet de serre, la vapeur d’eau, a aussi un effet inverse de l’action de « serre », de réchauffement :

« En moyenne, c’est l’action de refroidissement des nuages qui l’emporte sur celle du réchauffement (…) La complexité de leur rôle dans le bilan du rayonnement reçu ou émis par la Terre et la grande sensibilité de la machine climatique à des modifications apparemment modestes de ces nébulosités expliquent qu’ils constituent un facteur d’incertitude privilégié, une source de difficulté majeure pour la formulation des modèles climatiques, et donc l’appréciation d’une modification à venir de notre environnement. »

Si on les écoutait attentivement, on verrait que ces auteurs déduisent en fait qu’on ne peut pas prédire l’avenir du climat de la planète et, en particulier, que l’on ne peut pas assurer qu’il y a une tendance certaine vers le réchauffement, mais…. Mais ils savent bien qu’il ne peut pas être question actuellement d’affirmer une telle chose !

Il y a un mais : « Si les nuages renvoient une part importante ru rayonnement solaire vers l’espace, et donc refroidissent le système climatique, ils renforcent par ailleurs l’effet de serre en absorbant le rayonnement émis à la surface de la Terre (…) »

Or, ils admettent que « La vapeur d’eau : de tous les gaz, elle est celui qui a l’action la plus importante sur le bilan radiatif de la planète »

Ils doivent cependant rajouter : « Cette difficulté est encore renforcée par le fait que les nuages sont associés à des convections de petite échelle que les modèles ne sont pas encore capables de résoudre autrement que de manière statistique. »

La suite

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