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Septembre 2009 : l’économie mondiale en route vers la sortie de crise ou vers un nouveau krach ?

jeudi 24 septembre 2009, par Robert Paris

Il y a des signaux positifs, nous dit-on...

Les banques ont renoué avec les profits. Mais c’est seulement parce que les banques centrales leurs donnent des sommes colossales à taux très bas qu’elles prêtent à des taux élevés. Et elles ont augmenté les tarifs de leurs "produits financiers". N’ont-elles plus de "titres pourris" ? Pas du tout ! Ne sont-elles plus menacées de faillite ? Ont-elles cessé d’investir dans de nouveau titres pourris ? Ont-elles de nouvelles règles qui éviteraient des investissements très risqués ? Non à toutes ces questions !

La Chine a vu son activité industrielle repartir. Oui mais c’est uniquement dû aux injections massives de capitaux d’Etat. les exportations continuent de chuter. Le marché mondial n’a pas repris ses achats de produits chinois. Combien de temps l’économie chinoise peut-elle fonctionner à fonds d’Etat ? Quant à la bourse chinoise, elle est au bord du krach !

C’est surtout vers les USA que l’on doit se tourner pour mesurer la situation. Les banques continuent à subir des faillites. Il en va de même des Etats fédéraux qui vont avoir besoin d’une grande partie des sommes débloquées par Obama, somme qui vont encore accroitre l’endettement gigantesque de l’Etat central. Tout cela aura permis de sortir les USA de la crise ? Même pas ! Les bénéfices des capitaux aux USA continuent à s’investir essentiellement sur des investissements spéculatifs, et encore pour l’essentiel sur ceux à haut risque car c’est les seuls qui sont rentables à court terme. Les capitaux préparent donc dès aujourd’hui le prochain krach en produisant de nouveaux investissements du type subprime. Les capitalistes refusent toute mesure qui les empêcherait de procéder ainsi car ils n’ont pas d’autre moyen d’assurer des profits importants sur le court terme. Et ils ne sont pas assez confiants dans l’avenir du système pour s’investir massivement dans la production.

Si les investissements productifs ne sont pas tombés à zéro, c’est uniquement grâce à des aides massives de tous les Etats du monde, aide dépassant très largement les sommes dont ces Etats peuvent disposer réellement ou qu’ils pourraient rembourser dans un temps limité... Un an la production mondiale a chuté de 25% et la chute continue inexorablement à un rythme qui n’a même pas reculé ; le chômage s’accroit au même rythme. Les emplois s’effondrent partout dans le monde, même en Chine. C’est la première crise de l’histoire qui ait un caractère aussi international.

La prétendue reprise de cette rentrée de septembre 2009 n’est donc qu’un effet d’aubaine des capitalistes qui prennent ainsi leurs bénéfices de ce que les Etats leur distribuent. Cela ne durera qu’autant que ces Etats pourront déverser sur les marchés des sommes aussi colossales... c’est-à-dire pas éternellement ! Les USA en sont environ à 90% du PIB d’endettement... C’est déjà suffisant pour s’interroger sur la viabilité du dollar. Et même sur la crédibilité de l’Etat américain en tant qu’emprunteur.

Et même si cette crédibilité devait durer, le fait que les Etats soient les seuls à investir en dit long sur ce que pensent les capitalistes de la prétendue reprise. La classe capitaliste a toutes les raisons de ne pas faire confiance au système car elle sait que ses avoirs reposent sur des actifs pourris, qu’elle ne mise maintenant que sur de nouvelles spéculations et non sur des investissements productifs et qu’elle vit au jour le jour sur des fonds publics. Dans ces conditions, les déclarations rassurantes des Etats, des banques centrales et des institutions internationales ont presque un effet inverse de celui recherché : celui de rassurer ! Les capitalistes, eux-mêmes, n’en savent pas plus que le passant de la rue, qu’un simple travailleur, sur l’avenir du système. Et ils ont peut-être même moins confiance que les travailleurs et aussi beaucoup plus à perdre....

En fait, ils ne comprennent pas plus la crise actuelle, ou le mode de fonctionnement du système, que les travailleurs. On a présenté cette crise comme étant celle des subprimes, mais ces derniers représentaient tout au plus mille milliards de dollars et les actifs pourris environ 300 milliards de dollars. Comment comprendre que cette somme suffise à couler tout un système qui représenté des sommes bien plus colossales ?

Les subprimes n’ont fait qu’exprimer combien le système était en train de produire des produits nocifs pour sa propre viabilité, combien il était en train de s’auto-détruire. Et c’est effectivement ce qui caractérise l’état actuel du capitalisme : cette tendance a construire non du développement mais des produits nocifs, mortels même pour l’ensemble de l’édifice.

Cela signifie que l’on n’a pas affaire à une crise cyclique ou conjoncturelle mais à la fin d’un monde, même si aucune date précise ne peut être fixée pour cette fin. Le système est à bout de souffle et est sans cesse en train de s’apoptoser. Nul aujourd’hui ne peut dire comment le nouveau krach va se produire, sera-t-il fondé sur de nouveaux subprimes comme les LBO, sur la crise des dettes des Etats, sur une inflation massive, sur des faillites en chaîne des banques, sur l’explosion économique d’un pays, sur la crise du dollar ou sur autre chose. Justement les failles possibles sont multiples. Le bateau prend l’eau de toutes part. Le fait qu’il continue pour le moment à voguer n’est en rien rassurant. Ce qui est certain, c’est qu’un paquebot fissuré ne peut pas tenir dans les flots en comblant les fissures par du sparadrap. Le Titanic du capital ne le peut pas non plus seulement grâce aux fonds d’Etat.

Rien ne dit d’ailleurs que la classe capitaliste et ses gouvernants n’attendent que l’économie aille à de nouvelles catastrophes pour donner de nouvelles issues politiques et sociales. Car cela signifierait attendre des révolutions sociales et prolétariennes. Des réponses de la classe capitaliste ne seront pas seulement économiques. Elles auront un caractère politique et social. Les dictatures, les guerres, les fascismes peuvent sortir d’une crise sociale de grande ampleur, surtout que la petite bourgeoisie commence à plonger.

Ce qui est certain, c’est que le capitalisme est inréformable. Ce qui est aussi certain, c’est que rien ne peut remplacer l’intervention directe des masses ouvrières agissant sur le terrain politique et social et remettant en cause non la gestion du système mais le système lui-même c’est-à-dire le principe même de la propriété privée des moyens de production et des capitaux.

Robert Paris

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