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Mai 2009 : grèves au Burkina Faso

samedi 9 mai 2009, par Robert Paris

Grève à Total

Le personnel de TOTAL Burkina SA est déterminé à ne pas sacrifier le délégué dont le licenciement a déclenché une grève illimitée. La preuve, il rejette la proposition de la direction de la société de verser 36 mois de salaire à l’intéressé. Le personnel le fait savoir dans la déclaration ci-dessous.

Depuis le 24 avril 2009, TOTAL Burkina S.A connaît un malaise social sans précédent. Cette situation fait suite à une répression syndicale sans équivoque ayant abouti au licenciement du porte-parole des délégués du personnel le 23 avril 2009. Les autorités du pays, par l’intermédiaire de monsieur le Directeur général du Travail et de monsieur le ministre du Travail, se sont impliquées pour une sortie de crise. Aujourd’hui, force est de constater que malgré l’implication de ces autorités, TOTAL Burkina S.A reste intransigeante.

Le licenciement du porte-parole du personnel lié à ses activités en tant que délégué du personnel est, à n’en point douter, une atteinte grave à la démocratie et à la liberté des travailleurs. Le personnel qui ne demande que l’amélioration de ses conditions de vie et de travail, qui sont sans commune mesure avec celles des expatriés, ne comprend pas une telle décision de la Direction de TOTAL BURKINA. Elle refuse toute négociation sur la réintégration et propose en lieu et place d’un licenciement sans droits, le versement de 36 mois de salaire audit porte-parole. Quel respect pour le personnel de TOTAL Burkina ? Non à la braderie de la dignité humaine !

Le personnel de TOTAL Burkina, réuni en Assemblée générale le 5 mai 2009, rejette avec la dernière vigueur cette proposition immonde, inadéquate et inappropriée. Loin d’être des "sauvages" selon les propos du Directeur général par intérim, Monsieur Thibault Flichy, les employés de TOTAL Burkina sont des citoyens burkinabè qui méritent du respect de la part de leur direction générale. Il n’est pas question pour le personnel de sacrifier son délégué démocratiquement et librement élu. L’honneur et la dignité humaine n’ont pas de prix et le personnel de TOTAL Burkina compte le démontrer à sa direction générale.

La Direction générale actuelle de TOTAL Burkina a montré son incapacité et son incompétence dans le management de la société. Le personnel prend l’opinion nationale et internationale à témoin de la volonté manifeste de la direction de TOTAL Burkina de bafouer la liberté syndicale et la dignité humaine et de son peu de respect envers les autorités du pays. Le personnel exige la réintégration sans condition du délégué du personnel de TOTAL Burkina afin de mettre fin à cette scandaleuse situation digne d’un autre temps.

Non à la répression ! Oui au respect de la liberté et de la dignité humaine !

Ouagadougou, le 5 mai 2009

Burkina : les activités de Total ont repris, mais la grève est maintenue

OUAGADOUGOU - Toutes les activités de la filiale du groupe pétrolier français Total au Burkina ont repris jeudi après deux semaines de grève déclenchée par les agents pour exiger la réintégration d’un salarié licencié et la satisfaction de revendications salariales, selon la société.

"Total Burkina a pris des dispositions pour le fonctionnement normal de ses activités. Toutes les activités (...) fonctionnent actuellement", a déclaré jeudi dans trois quotidiens locaux Thibault Flichy, directeur commercial de la branche locale de Total au Burkina et directeur général par intérim.

Outre le réseau des stations-services, les branches "aviation", "mines" et lubrifiants "fonctionnent normalement", selon M. Flichy.

Une grève "illimitée" déclenchée le 24 avril par les salariés de Total Burkina SA avait provoqué de longues files d’attente dans les stations-services ouvertes de Ouagadougou.

Certaines villes de l’intérieur comme Dédougou et Banfora (Ouest) avaient même connu des pénuries de carburant, selon les médias locaux.

La reprise a été décidée par l’association des gérants des stations-services.

Mais les salariés de Total Burkina SA ont maintenu leur grève pour exiger de la direction "la réintégration sans condition" de leur porte-parole Yacouba Ouédraogo, licencié le 23 avril.

"Il n’est pas question pour le personnel (de Total Burkina SA) de sacrifier son délégué démocratiquement élu. L’honneur et la dignité humaine n’ont pas de prix et le personnel de Total Burkina compte le démontrer à sa direction générale", écrivent les salariés de l’entreprise dans une déclaration transmise à l’AFP.

La société, installée au Burkina depuis 50 ans, a publié des résultats nets de 1,6 milliard de francs CFA en 2008 (2,4 millions d’euros), contre 2,4 milliards en 2007 (3,6 millions d’euros), selon M. Flichy.

Grève à l’Université

Les enseignants de l’université de Ouagadougou, la plus grande du Burkina Faso, poursuivaient vendredi une grève "illimitée" entamée il y a un mois, suscitant chez les étudiants la crainte que l’année soit déclarée "blanche", a constaté un correspondant de l’AFP.

Cette nouvelle grève a été lancée le 8 avril par le Syndicat national autonome des enseignants-chercheurs (Synadec).

Fin janvier, après un premier mouvement de grève de trois mois, les enseignants avaient obtenu du gouvernement l’apurement de plus d’un milliard de francs CFA (1,5 million d’euros) de "dettes sociales" portant notamment sur un mois de prolongation de cours en 2007 et d’autres frais liés (correction de copies, soutenances...).

A présent, les grévistes exigent la "revalorisation" du statut des professeurs et la "convocation d’assises nationales pour un +aggiornamento+ de l’Université de Ouagadougou", qui compte 46.000 étudiants et 500 enseignants.

"Si le gouvernement parvient à signer un accord acceptable pour nous et soutenable pour lui, nous reprenons les cours le lendemain. Nous ne faisons pas de surenchère", a assuré à l’AFP l’historien Magloire Somé, responsable du Synadec, selon lequel 80% des professeurs de l’université sont en grève.

De son côté, le ministre de la Fonction publique, Soungalo Ouattara s’est dit "préoccupé par la situation", ajoutant souhaiter que "les cours reprennent au plus tôt".

L’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) a apporté son soutien aux professeurs, mais nombre d’étudiants interrogés par l’AFP exprimaient leurs inquiétudes.

"Il y a de vraies craintes que l’année soit déclarée blanche si l’on finit ce mois de mai sans cours", se lamentait une étudiante en première année de Lettres modernes, Justine Sangaré.

"Même si les profs reprennent, ils seront obligés de nous polycopier des cours qu’on n’aura pas eu le temps de travailler avant de composer. Notre formation sera donc au rabais", jugeait aussi un étudiant en licence de psychologie, François-Xavier Traoré.

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