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Face à la crise et à ses conséquences, qu’est-ce qu’il va falloir changer dans nos habitudes ?

samedi 21 mars 2009, par Robert Paris

Eh oui, c’est encore à nous, travailleurs, que l’on va demander de changer nos habitudes. Rien d’étonnant : les riches n’ont nullement l’intention de changer les leurs. Comment voulez-vous que ces gens-là arrêtent de spéculer ? Obama lui-même, avec tous ces bons discours, ne le leur demande même pas. Et même quand il demande aux sociétés qui ont été entièrement refinancées sur capitaux d’Etat (170 milliards de dollars pour l’assureur IAG) de cesser de se sucrer à coups de millions, ils en ont été incapables et se sont quand même distribués 165 millions de dollars. Et ce n’est que la partie immergée de l’iceberg puisque l’enquête officielle a prouvé que sur dix milliards de dollars donnés aux banques US, elles en ont distribué directement sept en personne aux patrons.

Faut pas rêver : ces gens-là, crise ou pas crise, ne vont pas changer leurs habitudes. Le patron Ghosn de Renault ne va pas s’estimer heureux avec un salaire de moins de 4000 euros. Sans parler de ses autres revenus, de ses jetons de présence aux conseils d’administration et de ses stocks-options. Ce qui fait en tout un revenu équivalent à des centaines de SMIC ! Et cela ne l’empêchera pas non plus de dire aux salariés qu’il faut se sacrifier, qu’il faut supprimer des emplois, qu’il faut regagner du « cash flow », c’est-à-dire renflouer l’entreprise ! Mais qui a noyé les fonds de cette entreprise prospère sinon le financier Ghosn qui y a joué aux subprimes tout l’argent de ses banques et tous ses fonds de caisse ? Si on lui donne de l’argent des impôts, notre argent, soyez sûrs qu’il recommencera. Et ses confrères vont coninuer à se sucrer à coups de stock-options, bonus et autres parachutes dorés....

Alors, les mauvaises habitudes que nous, travailleurs, ferions bien de changer c’est d’abord de continuer à accepter les discours de ces gens-là. A commencer par ceux de l’Etat. Ce dernier, dans la crise, montre son camp. Il donne de l’argent aux spéculateurs au lieu de leur demander de rembourser les caisses des sociétés qu’ils ont grugées sur leurs propres capitaux personnels. L’Etat est au service des riches. Il l’a toujours été mais, en période de crise, il va l’être encore plus. Quel salarié, quel chômeur, quel SDF n’a pas été ébahi par les sommes colossales distribuées par tous les Etats du monde à leur classe capitaliste, à commencer par les banquiers qui avaient fait flamber la caisse de leur société ? Et d’entendre en même temps les responsables de ces Etats, Obama y compris, affirmer qu’il va falloir réduire les dépenses d’Etat dans l’enseignement, dans la santé, dans les transports, dans l’aide sociale !

Pour nous, travailleurs, changer nos mauvaises habitudes, cela va d’abord consister à cesser d’attendre quoique ce soit de ces gens-là, de leurs gouvernements, de leurs parlements, de toutes leurs institutions, de leur justices et, plus encore, de leur police et de leur armée. Mais aussi il ne faut pas compter sur tous nos faux amis qui particpent au système : dirigeants de la gauche et des syndicats.

Cela suppose que les salariés cesent de se taire, qu’ils s’assemblent sur leurs lieux de travail et en fassent des lieux de débat sur l’avneir de la société. Sans de telles assemblées aucun changement n’est possible. Même une grève générale qui ne serait pas dirigée par des travailleurs organisés et prenant les décisions sur leur propre mouvement ne serait q’une nouvelle tromperie. Il faudra des comités de travailleurs, des coordinations et des comités de liaisons entre entreprises et entre secteurs. On écrase des travailleurs inorganisés. On respecte une classe qui s’est donnée à elle-même les moyens de s’exprimer et de décider.

Mais, si on ne peut plus compter sur les institutions de la société ni sur le système social qui a gouverné pendant de si longues années, beaucoup de travailleurs se disent : comment on va vivre ? Eh bien oui, on a tous vécus sous le capitalisme et il faut bien reconnaître la vérité : ce système s’effondre de lui-même. Il a atteint ses limites. Les investisseurs ne veulent plus investisseurs. Les banquiers prêteurs ne veulent plus prêter. Les industriels ferment leurs usines. Et les salariés se retrouvent au chômage alors qu’ils disposaient pleinement de leurs capacités de travailler. Si le Capital refuse de fournir un salaire au Travail, il serait temps que ce dernier décide que les travailleurs doivent se passer du Capital pour faire fonctionner la société. Certains sont sceptiques. Ce n’est pas possible. Ça n’a pas marché. A quelques jours de l’anniversaire de la Commune de Paris du 18 mars 1871, il convient de rappeler que la Commune, dirigée et gouvernée par de simples ouvriers avait tellement bien marché que la seule solution qu’a trouvé la bourgeoisie française, c’est de massacrer tous les ouvriers parisiens !

Aujourd’hui, 138 ans plus tard, la classe ouvrière est devenue une classe mondiale, qui joue un rôle central socialement dans toutes les villes du monde, sur tous les continents. Il lui reste à changer une très mauvaise habitude : laisser des membres des classes profiteuses gouverner. Il faut faire comme le faisaient les communards de 1871 : s’organiser en comités de travailleurs et d’habitants qui prennent les décisions et ne gouvernent jamais en fonction des intérêts d’une petite minorité de profiteurs. Alors oui, si on cesse de croire à la fatalité de l’exploitation, la crise aura eu quelque chose de bon !

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